You turn wrong when you turn right
Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/hollyweirdgifs

Les événements se sont succédés sans me laisser le temps de toucher terre. La dispute avec Jo concernant les ragots la concernant elle et Micah Tomlinson, cette trève pendant laquelle aucun de nous deux n’a osé revenir sur les paroles dures que nous nous sommes dites, la visite d’Olive et le regard que j’ai surpris lorsque Jo a posé ses yeux sur Posy puis, l’esclandre qui a eu lieu hier après-midi.

J’attendais le départ d’Olive et de ma fille pour avoir une discussion à ce sujet avec la chanteuse et chercher à déterminer ce qu’elle a compris ou pense avoir compris. Je ne sais pas encore ce que je veux lui dire et ce que je veux garder secret, je ne sais pas si je serais plus soulagée à l’idée qu’elle ait compris ou son contraire, mais je sais que j’ai besoin de mettre les choses à plat. Sauf que je n’en ai pas eu l’occasion : ma sœur et ma princesse ont quitté la ville le mercredi et, le lendemain, la production est venue tirer Jo de la répétition. Je n’arrive pas à m’ôter de la tête l’idée qu’elle a été traînée hors de la pièce comme une malpropre. Certes, personne n’a été brusque avec elle, mais ils ne l’ont pas couverte de la sollicitude propre à celle que l’on adopte lorsqu’on a une mauvaise nouvelle à annoncer à quelqu’un. Toute l’après-midi j’ai guetté son retour mais en vain. A la fin de la répétition, on est venu nous annoncer que Jo serait absente au moins une semaine, qu’elle était en route pour Brisbane pour accourir au chevet de sa grand-mère et qu’elle ne participerait au prime. Je suis rarement le cerveau de l’équipe mais je ne suis pas un idiot. J’ai du mal à croire que Jo ne m’aurait pas écrit et j’ai beau fixer mon portable depuis son départ, rien, silence radio. Je connais l’état de santé d’Ava Carter. Je crois aussi pouvoir me targuer de partager une relation privilégiée avec sa petite-fille. Alors j’ai été surpris. Si Jo était en route pour Brisbane, elle aurait eu le temps de me prévenir, que ce soit sur le trajet de l’aéroport ou en attendant le décollage. Pour toutes ces raisons, j’étais perplexe, mais j’ai laissé le bénéfice du doute à l’équipe de tournage. J’ai même envoyé à la brune un message pour lui prêter une partie de ma force et de mon courage, et lui dire que j’étais de tout cœur avec elle. Le soir, l’attente de sa réponse – elle n’est jamais venue – m’a bouffée.

Le lendemain, j’ai laissé passer la matinée avant d’acter que la situation n’était pas normale. Il se passe quelque chose. J’ai appelé tous mes contacts au sein de la production jusqu’à ce que l’un d’eux accouche de la vérité : Jo n’est pas à Brisbane, mais toujours en ville. Elle a été "bannie" dans un autre hôtel dans le but de l’éloigner des autres candidats, certainement pour étouffer je ne sais quel scandale. Moi, cela me rend nerveux. Je me demande ce qu’on lui reproche, et si je suis coupable de quelque chose dans cette histoire. Je prie pour que le problème – quel qu’il soit – ne soit pas retenu contre elle et ne gâche pas ses chances d’emporter le trophée. Personne ne m’a donné les détails, mais j’ai tout de même réussi à décrocher le nom de l’hôtel dans lequel la chanteuse a été placée. Sans attendre plus longtemps, j’ai exigé de mon chauffeur, celui qui m’a été alloué dans le cadre du tournage de l’émission, qu’il m’y dépose. Obtenir le numéro de sa chambre n’a pas été bien compliqué : lorsqu’on s’appelle Midas Sterling, on obtient ce que l’on veut d’une jeune réceptionniste. Il m’a suffi de battre des cils, de signer un autographe et de prendre un selfie avec la jeune femme pour qu’elle me conduise jusqu’à l’étage où réside temporairement Jo. « J’ai pas le droit de la déranger. Mais elle est dans celle-là. » Elle désigne la porte au bout du couloir, et je la gratifie d’un sourire chaleureux avant de m’armer de mon courage.

Et si Jo n’avait pas la moindre envie de me voir ? J’ignore si je vais la trouver meurtrie, couverte de honte ou en furie. Ce que je sais, c’est qu’il m’est impossible de la laisser seule alors qu’il se passe visiblement quelque chose. Alors, je frappe doucement à la porte. « Jo, c’est moi. » Lorsque la porte s’ouvre et révèle la silhouette menue de la brune, je suis soulagé l’espace d’un instant. Sauf que ses traits sont tirés, signe qu’elle traverse de toute évidence une épreuve compliquée. « Personne n’a voulu me dire ce qu’il s’était passé… » Et elle n’a aucun compte à me rendre : j’étais simplement fou à l’idée de l’imaginer affronter ça seule. « Et on m’a donné l’adresse de l’hôtel qu’aujourd’hui. Je serais venu dès hier soir, sinon. » Je ne veux pas qu’elle pense que, moi aussi, je la laisse tomber.

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@Midas Sterling ☆ crédit/harley

Elle avait eu un moment prolongé d’apathie, Jo. Juste après sa discussion avec Laurie, quand on l’avait amenée ici, dans cet hôtel bien moins agréable que celui qu’on lui avait fait quitter de force. Elle s’était allongée sur son lit, et elle l’était toujours à ce moment-là. Étendue dans ses fringues de la veille, la totalité de ses faux-ongles de sa main droite dépiautés avec ses dents pour s’empêcher de faire quelque chose de pire que ça, à savoir retourner de rage la chambre dans laquelle elle était recluse depuis plusieurs heures maintenant. On lui avait dit de réfléchir aux excuses qu’elle devrait présenter et qu’on lui ferait tourner face-caméra incessamment sous peu pour les diffuser sur les réseaux sociaux de la chaîne et de l’émission — réfléchir à quoi, qu’est-ce qu’elle avait fait de si mal au juste si ce n’était réagir à une attaque qu’on avait lancé dans sa direction ? Elle n’était pas la dernière à admettre qu’elle suréagissait plus souvent qu’à son tour, sauf que là en l’occurence, elle estimait ne pas avoir eu tort de le faire. Alors sans doute aurait-elle dû être moins virulente, mais sa répartie se calait sur l’intensité des reproches qui lui étaient faits, et ceux de Laurie avaient été assez corsés pour qu’elle joigne le geste à la parole. Si elle n’avait pas mêlé Midas à la conversation, si elle ne l’avait pas utilisé exprès pour obtenir exactement ce qu’elle avait voulu d’elle, cette réaction qui la mettait dans le pétrin aujourd’hui, elle aurait passé son chemin sans lui accorder plus d’attention que ça.
Réfléchir, tu parles. Elle n’avait pas réussi à le faire sans se dire que c’était injuste, que dans la liste de sa fâcheuse tendance à exagérer à peu près tout et n’importe quoi, cette histoire surpassait largement toutes ses velléités d’être la plus drama queen de la pièce. Et cette pute de Laurie qui avait profité de l’occasion pour grappiller du boulot, alors qu’elle on la mettait sur la touche, et qui s’était répandue en excuse juste après en la regardant droit dans les yeux comme si elle savait que ça suffirait, comme si elle était sincère aussi. Ça lui avait serré la gorge, ça lui avait brisé le coeur plus exactement, de se rendre compte que son opportunisme n’avait en vérité aucune limite et qu’elle était même prête à lui nuire pour obtenir de l’attention de gens qui l’oublieraient en un battement de cils.
Si elle n’avait pas pleuré, c’était parce qu’elle était trop en colère pour songer à le faire, et que sa seule vraie marche de manoeuvre dans toute cette histoire, c’était d’obéir comme la bonne fille qu’elle n’avait jamais été. Elle l’avait été douze bonnes heures, mais ne pas avoir trouvé le sommeil lui avait laissé le temps de camper sur une stratégie dès les premières heures de la matinée. Brusquement, elle se leva de son lit en bondissant sur son matelas et se dirigea vers la porte communicante avec la chambre de sa nounou qui avait été ordonnée de la chaperonner pour qu’elle n’en fasse pas qu’à cette tête — ou qu’elle ne saute pas du balcon, allez savoir. Catherine lui avait pris son téléphone rapidement, et elle entendait bien le récupérer maintenant Jo. Alors elle frappa contre le battant, d’abord avec le plat de sa main, puis avec le poing et ensuite avec le second — sans s’arrêter, avec un rythme assez régulier pour que tout l’étage sache qu’il y avait une musicienne dans la 404 et que sa volonté de se faire entendre ne faiblirait pas jusqu’à qu’elle obtienne ce qu’elle voulait : le droit de contacter Midas en premier lieu "Jo, arrête." La porte s’ouvrit sous cette demande dont elle ne prit pas compte Jo, occupée à fixer la blonde en face d’elle avec une volonté assez nette pour qu’elle fasse briller ses yeux "Donne-moi mon téléphone." Elle savait l’air qu’elle devait avoir, avec son maquillage de la veille sur la tronche, sa queue de cheval descendue d'un cran, et sa hauteur de talons en moins. Mais si elle mettait un point d’honneur à être toujours à son avantage Jo, elle devait bien admettre que là, elle en avait autant quelque chose à foutre que de connaître la date de la fin du monde.
Elle la fixa sans ciller et expulsa une colonne d’air par son nez lorsque ses paroles lui vinrent au visage "J’ai des consignes. Je peux pas me permettre de perdre mon job, et c’est ce qui se passera s’ils apprennent que je réponds à tes quatre volontés." "Je croyais que t’étais de mon côté ? T’as pas le droit de me faire ça, c’est de la séquestration." Elle tirait rarement sur la corde prendre les gens par les sentiments Jo, seulement là elle devait se rendre à l’évidence : c’était peut-être son seul vrai moyen d’obtenir gain de cause. Cathy avait toujours soupçonné qu’il y avait quelque chose entre Midas et Jo, et elle avait assez d’affection pour cette dernière pour vouloir lui rendre un service quand elle lui en demandait un, ce qui n’était pas souvent le cas, ça non plus "Il va s’inquiéter. Allez. S’il te plaît." S’il te plaît, ça sonnait bizarre dans la bouche de Jo ; ça sonnait d’autant plus bizarre que le tremblement du menton qu’elle lui offrit, il fût convaincant parce qu’il était authentique. Doucement, elle déporta son regard de quelques millimètres pour se rendre compte que Catherine avait déjà la main plongée dans sa poche "T’as une heure. Si t’en parles à qui que ce soit, ce sera le dernier service que t’obtiendras de m —"

Elles tournèrent en même temps la tête vers la source du coup qu’on abattit doucement contre la porte et soudainement, mise au courant de l’identité de celui qui frappait, récupérer son téléphone fût le cadet des soucis de la jeune femme qui se précipita jusqu’à la porte pour l’ouvrir et tomber sur la silhouette de Midas à qui elle dit sans délai, une certaine urgence venant accentuer le ton qu’elle employa, comme si elle s’attendait à ce qu’on lui fasse déjà d’autres reproches  et qu’on la punisse tout à la fois "Ils m’ont pris mon téléphone. J’ai pas pu t’appeler, j’allais le faire là." "Jo." "Putain, mais quoi ?" Et sa frustration à être surveillée de cette façon en particulier lui fit lâcher la porte et taper du pied comme l’illustration parfaite de ce qu’on l’accusait d’être au moins une fois sur deux : une gamine capricieuse, et à qui les yeux se remplirent de larmes quand elle se tourna vers Cathy qui se flanqua dans l’angle du vestibule de la chambre pour, la tête penchée, les bras croisés sur sa poitrine, accorder un regard à Midas et Jo pendant que cette dernière ajoutait, tendant la main vers le jeune homme pour qu’il entre, ses doigts s’entrelaçant déjà aux siens "J’ai tué personne, c’est bon." "Vous avez une heure. Une heure, Midas." Et si elle s’adressa soudain à lui, Catherine, c’était parce qu’elle savait qu'il était le plus à même de faire ce qu’on lui demandait sans discuter, et qu’à partir du moment où elle s’éclipserait pour les laisser tous les deux, elle aurait la certitude que Jo consentirait à faire ce qu’on lui demande sans discuter davantage.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/hollyweirdgifs

La porte s’ouvre sur le minois de Joséphine, et je suis tout sauf soulagé. Certes, elle est là, face à moi et paraît indemne. Sauf que sans être une influenceuse beauté, je n’ai guère de mal à reconnaître un maquillage qui date visiblement de la veille, des cheveux négligés et une tenue bien loin de celles que l’on voit sur les podiums. Bien sûr, je ne suis pas attiré par Jo grâce à ces choses superficielles. Mon cœur bat autant pour elle que la veille, qu’elle soit à son avantage ou pas, je la trouve toujours magnifique. Sauf que je la connais assez pour savoir que c’est exceptionnel. Je la connais assez pour que la trouver comme ça m’inquiète. Que diable s’est-il passé pour que Jo Carter, la femme qui sort ses poubelles sur son 31, m’accueille dans un si triste état ? « Ils m’ont pris mon téléphone. J’ai pas pu t’appeler, j’allais le faire là. » Sans réfléchir, sans même envisager que la brune puisse ne pas être seule, je vais un pas vers elle dans l’idée de l’enlacer. Sauf qu’une voix inconnue l’interpelle et, avant que je n’ai le temps de comprendre, Jo rabroue la personne à qui elle appartient. « Putain, mais quoi ? » S’il s’agissait d’une voix masculine, j’aurais pu tirer des conclusions hâtives et prendre peur. Sauf qu’il s’agit d’une femme, une femme dont la chanteuse semble peu apprécier l’intervention et, sans attendre que quiconque me donne l’autorisation - c’est avec moi que Jo est et, dans mon esprit, elle a encore le droit de faire ce qu’elle veut - j’entre à l’intérieur de l’appartement pour voir à qui j’ai affaire. C’est sa ”nounou” qui semble être postée en ”surveillance” et je fronce les sourcils. Pourquoi semble-t-elle loger dans la chambre communicante à celle de Jo ? De quel droit semble-t-elle lui donner des ordres ? J’ai joué le jeu lors de la première édition de X-Factor, notre première. Aujourd’hui, je suis un artiste accompli et reconnu : il est bien plus compliqué de me faire suivre les règles. Je ne suis pas un mauvais bougre, mais j’ai simplement pris l’habitude de pouvoir faire tout ce que j’ai envie de faire et quand j’ai envie de le faire. « J’ai tué personne, c’est bon. » Mais que lui reproche-t-on au juste ? Sans me permettre d’intervenir, pas tant que la vieille peau n’aura pas déguerpi, je laisse mon regard passer d’une femme à l’autre en tentant de déchiffrer la situation que j’ai sous les yeux. « Vous avez une heure. Une heure, Midas. » Cette fois, c’en est trop. Personne ne peut me dire combien de temps je resterai ici et, si je ne m’emporte pas souvent, je fais comprendre à la “gardienne” de Jo comment j’entends gérer les choses. Elle fait bien de reculer elle-même : je l’aurais reconduite à la porte sans être brusque, mais sans douceur non plus. C’est d’ailleurs moi qui la referme, non sans lui avoir fait part de mon agacement. « Je resterai exactement autant de temps que j’aurais envie de rester. » Soit plus d’une heure. « Si vous n’êtes pas contente, appelez la production. » Je lui ferme la porte au nez, avant de jurer en m’apercevant qu’il n’y a pas de clé de ce côté-ci. Jo ne mérite-t-elle pas un minimum d’intimité, comme tout être humain ? Mais comment est-elle traitée par la chaîne ? « C’est quoi cette blague, t’es en prison ? » C’est à Jo que je m’adresse et, si je suis virulent, ma colère et mon envie de sauter à la gorge de quelqu’un ne la concernent pas elle. Jamais elle.

Alors, pour la débarrasser de cette impression, je parcours la distance qui nous sépare et je l’attire contre moi pour passer mes bras autour de ses épaules et la garder contre moi. Au terme de cette étreinte, je ne recule que pour pouvoir flatter ses lèvres d’un baiser. « Je comprends rien à ce qu’il se passe. Mais si tu as besoin que j’intervienne, que j’aille dire à la production ce que je pense de la façon dont tu es traitée, t’as qu’un mot à dire. » Je me moque de ce qu’elle a pu faire. Cela ne peut pas être pire que le mien, de secret. Et si elle veut tout lâcher, abandonner à cause du traitement auquel elle a droit, je serai également le premier à la soutenir - et à la suivre - dans sa décision. Doucement, je glisse ma main sur sa joue, que je caresse du bout de mes doigts. Ses traits sont tirés, comme si elle avait à peine dormi et, peut-être, un peu pleuré. « Hey, ça va ? » Qu’est-ce qu’il s’est passé au juste ?

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@Midas Sterling ☆ crédit/harley

Elle pourrait dire à Midas de ne se mêler de rien, de rester le gentil jeune homme qu’il avait toujours été pour ne pas s’attirer les foudres de la production, mais jusqu’à preuve du contraire, il était assez grand pour savoir ce qu'il avait à faire, alors elle ne releva rien lorsqu’il fit entendre à Catherine qu'il resterait le temps qu’il voudrait. Ce n’était qu’un éclat de rébellion, pourtant ça la soulagea de l’avoir de son côté même sans qu’il ne sache rien de ce qui se passait exactement. Peut être que ça changerait quand elle prendrait le temps de lui raconter. En attendant, ça faisait au moins quelqu’un à qui elle pouvait s’en remettre, et puisque c’était lui, c’était pratiquement tout ce dont elle avait besoin pour se sentir un peu mieux.
Avant qu’il ne s’approche d’elle, Jo posa ses deux paumes sur ses propres yeux en donnant l’impression brusque que ce qu’elle essayait de faire, c’était de se les enfoncer le plus profondément dans la tête pour éviter qu’ils ne se mouillent de larmes, ou dans l’espoir vain que ça lui fasse assez mal pour qu’elle oublie pourquoi elle se sentait si humiliée depuis la veille "C’est ridicule putain, j’ai l’impression d’être une gamine qu’on puni pour une connerie faite à la récré." La sensation de déjà-vu avait été cuisante lorsqu’elle s’était retrouvée en face de Joshua et de son équipe, assise à côté de Laurie qui essayait d’arguer comme une adulte quand elle n’était même pas foutue de faire ses lacets correctement, cette salope. Les paumes toujours sur ses yeux, Jo prit soudain une très profonde inspiration pour calmer les prémices d’un chagrin réel qu’elle ne voulait pas laisser éclater par fierté mal placée, mal à l’aise à l’idée de chialer pour quelqu’un comme Laurie, mal à l’aise de le faire face à Midas qui avait déjà eu le privilège de la voir dans un sale état une fois, lui faisant passer l’envie de recommencer de sitôt.

Elle se laissa prendre dans ses bras sans aucune résistance, voyant des étincelles à cause de la pression de ses mains contre ses yeux cernés d’eye-liner éventé, l’entourant avec les siens qu’elle passa autour de sa taille, la bouche écrasée contre le tissu de son t-shirt. Elle aurait voulu lui demander quel genre d’excuse la production avait fourni au reste de l’équipe pour expliquer sa soudaine absence, sauf que dans le fond d’elle-même, elle savait que c’était tout trouvé. Ça rajouta à sa colère mêlée au reste de s’imaginer qu’ils puissent utiliser sa grand-mère pour couvrir leur besoin viscéral de faire un spectacle de tout. Elle sentit sa gorge se rétracter, elle sentit son coeur s’apaiser toutefois, l’étreinte de Midas étant assez serrée pour la recentrer, et ses lèvres trouvèrent les siennes sans, là encore, aucune résistance. Elle laissa juste une moue un peu boudeuse qui la rendait plus abordable lui échapper alors qu’elle était capable de tout et son contraire quand elle se sentait comme maintenant : injustement mise au pied du mur, du moins c’est comme ça qu’elle l’expliquerait.
"Pour qu’ils me crachent encore à la figure que je suis là uniquement grâce à toi, c’est pas la peine." Elle n’était pas n’était pas agressive malgré la portée de son discours, celui qu’elle ne faisait que répéter et qu’elle avait entendu de la bouche de ses oppresseurs — exagération, bonjour — quand il avait été question de remettre en cause son putain de caractère et qu’ils lui avaient dit que c’était grâce à Midas qu’on la comptait parmi les candidats de cette édition spéciale. Sans blague, aurait-elle dû leur dire si elle n’avait pas été prise de court par les événements, le défendant encore une fois parce qu’elle ne savait faire que ça quand il était concerné, se réservant le privilège des reproches à son intention, refusant que les autres lui en fasse. Elle se recula juste un peu du jeune homme simplement pour faire le point sur sa propre respiration qu’elle prit profondément de nouveau, et tint à lui dire pour qu’il ne se méprenne pas, les émotions de Jo étant parfois — souvent — difficiles à déchiffrer lorsqu’elles étaient relâchées sous le prisme de l’énervement "C’est pas contre toi que je suis en colère."

C’était contre Laurie qui, même si elle n’était pas présente dans la pièce, l’empêchait d’avouer que non, ça n’allait pas ; qu’elle se sentait utilisée plus qu’elle ne l’avait jamais été, et quand on connaissait d’où elle venait, ce n’était pas quelque chose d’anodin. Pour de bon, et sans lui répondre donc, elle se détacha de Midas dont elle ne repoussa pas la main qu'il avait posé sur son visage, la laissant juste glisser doucement pour qu’elle puisse s’en échapper avec un peu plus de brusquerie qu’escomptée, transie d’une énergie malsaine qui faisait trembler tout son intérieur tant elle bouillait. Tirant férocement sur sa queue de cheval déjà partiellement défaite en s’enfonçant un peu plus loin dans la pièce, elle commença "C’est à cause de Laurie que je suis là. Et d’accord, j’ai peut-être pas tout à fait raison dans cette histoire, mais c’est pas assez pour être traitée comme si j’avais assassiné qui que ce soit." Ça devait être du chinois pour Midas, Jo s’en rendit compte à l’instant où, au lieu de s’asseoir sur le bord de son lit, elle choisit de s’installer au pied. S’asseyant sur la moquette mouchetée de la chambre qu’elle sentit râpeuse sur la peau dénudée de ses mollets, elle reprit pour lui expliquer "Y a quelques semaines de ça, je suis allée au lancement de la nouvelle collection d’une marque de cosmétiques pour laquelle elle bosse. C’était pendant la promo, avant le premier prime ; elle m’a chauffée, j’ai rétorqué et je l’ai plaquée au mur. Elle l’avait mérité, je changerai même pas d’avis sur le sujet et pour ce que ça vaut, elle m’a giflée en retour." se défendit-elle encore une fois avec urgence, passant sa main dépourvue de faux-ongles, vestiges de sa nuit à calmer ses nerfs, dans ses cheveux détachés pour annoncer la suite "La scène a été filmée. La vidéo tourne depuis quelques heures sur les réseaux sociaux, et c’est pas moi qu’on salue d’avoir été habile pour lui faire fermer sa grande gueule. C’est une minorité, et tout le monde sait que j’ai un caractère pourri. Je suis persuadée qu’à l’heure qu’il est, je suis taxée d’être la pire transphobe après J.K. Rowling." Elle ricana, mais pas de joie, c’était évident.
Ça eut le dont de la faire marquer une pause toutefois, qu’elle rompit pour tourner la tête vers Midas et reprendre en affrontant ses yeux "Ils veulent que je m’excuse à propos de tout ça pour assurer leurs arrières et me faire rester dans la compétition sans qu’on les taxe d’adhérer à ce que j’ai dit et à ce que j’ai fait. Ils ont même pas voulu écouter ce que j’avais dire." Elle secoua la tête avec un sourire rageur, passant enfin son élastique à son poignet pour mieux en venir rapidement à la sentence qui avait été la sienne lors de son entretien d’hier avec les gros bonnets de l’émission "Je chanterai pas cette semaine. Je dois préparer des excuses qui seront filmées quand je serai prête, autant dire jamais parce que j’ai pas l’intention de me mettre à plat ventre pour cette garce." Et elle l’entendit flancher, sa voix si sûre et si mélodieuse d’ordinaire, lui faisant ravaler le reste de sa phrase en même temps qu’elle détournait la tête pour reprendre une profonde inspiration et sa contenance en même temps.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/hollyweirdgifs

Jo se prend le visage dans les mains, et je voudrais pouvoir faire en sorte de tout arranger pour elle sans qu’elle n’ait à parler, expliquer, ou subir une seconde de plus la dernière connerie inventée par la production. De quel droit la traitent-ils comme ça ? Elle est libre de ses mouvements, elle n’a jamais signé pour céder son droit au libre arbitre. « C’est ridicule putain, j’ai l’impression d’être une gamine qu’on puni pour une connerie faite à la récré. » - « Ça l’est, ridicule. » Alors pourquoi est-ce que tu endure ça, Jo ? Parce qu’elle pense ne pas avoir le choix ? Y a-t-il autre chose ? Bon sang, qu’a-t-elle fait pour être traitée comme la dernière des malpropres ? « Ils se font du fric sur ton nom et ton image depuis le début de l’émission. » Comme ils se font du fric sur nous tous. Alors pourquoi estiment-ils qu’il vaut mieux l’éloigner ? « Pour qu’ils me crachent encore à la figure que je suis là uniquement grâce à toi, c’est pas la peine. » Mes yeux s’écarquillent, mon visage se décompose. « C’est ce qu’ils t’ont dit ? » Je suis rouge de colère. Au fond, j’ai également peur qu’ils lui en aient dévoilé plus. Lui a-t-on dit ou sous-entendu que je manœuvrais pour la faire gagner ? Que j’avais fait de sa participation une condition à la mienne ? Finira-t-elle par me le reprocher à moi aussi, d’être intervenu alors que ce n’était ni ma place ni mon rôle ? Prendra-t-elle comme une preuve de mon manque de confiance en son talent, que j’ai tenté de truquer l’émission en sa faveur ? Ce n’est pas le cas. Cela ne témoigne que de mon manque de confiance en l’intégrité de la production et leur objectivité. « C’est pas contre toi que je suis en colère. » Ce n’est pas contre moi qu’elle est en colère. Alors elle ne sait pas tout. Je devine qu’ils se sont contentés de piques mesquines, tout au plus et je m’en veux de me sentir rassuré. « T’as le droit de casser des meubles ou de jeter des objets à travers la pièce malgré tout. » Je payerai pour tous les dégâts que sa colère légitime pourra occasionner. Je me moque qu’elle pense que j’interviens trop en sa faveur, dans le cas présent.

« C’est à cause de Laurie que je suis là. Et d’accord, j’ai peut-être pas tout à fait raison dans cette histoire, mais c’est pas assez pour être traitée comme si j’avais assassiné qui que ce soit. » Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit question de Laurie Wright. Je n’ai pas grand-chose à dire de positif sur la maquilleuse. Lors de notre première saison, elle gravitait autour de Jo en marquant son territoire aussi subtilement qu’un chien qui pisse contre un lampadaire. Elle n’a jamais caché son animosité à mon égard, et je me suis toujours demandé si cela cachait plus que des sentiments amicaux envers la petite brune. Laurie parle fort, est vulgaire et voyante : tout ce que je déteste chez une femme lorsqu’il ne s’agit pas de Jo. La chanteuse, elle pourrait avoir tous les défauts du monde que je ne m’en apercevrais même pas. « Laurie ? Comme ta maquilleuse ? Me dit pas qu’elle traîne encore dans tes pattes ? » J’aurais préféré qu’elle ne gravite pas autour du tournage du Revival. La différence entre cette fois et 2016, c’est que je peux faire pression auprès de la production si quelque chose me dérange. Et la présence de la grande blonde, elle me dérange. « Y a quelques semaines de ça, je suis allée au lancement de la nouvelle collection d’une marque de cosmétiques pour laquelle elle bosse. C’était pendant la promo, avant le premier prime ; elle m’a chauffée, j’ai rétorqué et je l’ai plaquée au mur. Elle l’avait mérité, je changerai même pas d’avis sur le sujet et pour ce que ça vaut, elle m’a giflée en retour. » - « Et pourquoi la chaîne s’intéresse à un crêpage de chignon ? » Mon but n’est pas d’être condescendant envers Jo, ni de lui sembler mysogine en employant un terme souvent associé à la gente féminine. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi la chose prend une telle ampleur quand, visiblement, elles en sont toutes les deux venues aux mains. « La scène a été filmée. La vidéo tourne depuis quelques heures sur les réseaux sociaux, et c’est pas moi qu’on salue d’avoir été habile pour lui faire fermer sa grande gueule. C’est une minorité, et tout le monde sait que j’ai un caractère pourri. Je suis persuadée qu’à l’heure qu’il est, je suis taxée d’être la pire transphobe après J.K. Rowling. » Je pousse un soupir, avant de me laisser tomber sur le bord du lit, en proie à une profonde réflexion. « Je vois. Qu’est-ce que tu as dit exactement ? » Je ne la jugerai pas : je ne suis pas une justicier, ou un chevalier de l’égalité et de la cause des différentes minorités. Je sais que Jo n’a rien d’une intolérante et que, quoi qu’elle ait dit, elle l’a fait parce que Laurie l’a piquée. A moi aussi, elle m’a balancé des horreurs dans ces conditions. Le problème réside dans le fait que cela ait été filmé, si j’en crois le discours de la demoiselle. « C’est elle qui a publié la vidéo ? » Si c’est le cas, minorité ou pas, j’irais le lui faire regretter. C’est mesquin : elle connaît assez Jo pour savoir que quelle que soit l’attaque dont elle a été victime, c’était moins lié à son intolérance qu’à son mauvais caractère. N’étaient-elles pas amies ? « Vous étiez pas copines toutes les deux ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »

« Ils veulent que je m’excuse à propos de tout ça pour assurer leurs arrières et me faire rester dans la compétition sans qu’on les taxe d’adhérer à ce que j’ai dit et à ce que j’ai fait. Ils ont même pas voulu écouter ce que j’avais dire. » C’est logique. Prévisible. Des excuses publiques sont la seule façon pour elle de redorer son image, et ce n’est pas une méthode miracle non plus. Je suis conscient que cela change la donne, qu’il sera compliqué de lui faire retrouver les faveurs du public après ça. Compliqué aussi de forcer la main à la production concernant sa potentielle victoire : je doute qu’il veuille être associés à ce genre de propos. Toutefois, je suis surpris qu’elle n’ait pas simplement été remerciée. C’est lié à moi, peut-être. « Il n’ont pas fait de toi un exemple, je suppose que c’est déjà ça. » Elle n’a pas été renvoyée chez elle. Elle me semble dans une sorte de période de probation. Est-ce une façon de rompre tout contact avec elle plus délicatement ? Veulent-ils vraiment lui redonner une chance ? « Je chanterai pas cette semaine. Je dois préparer des excuses qui seront filmées quand je serai prête, autant dire jamais parce que j’ai pas l’intention de me mettre à plat ventre pour cette garce. » Mon regard triste sonde le sien et, finalement, je tends une main dans sa direction. « Viens là. » Je rêve qu’elle y glisse la sienne, que je puisse l’attirer vers moi. Si elle s’installe sur mes genoux, je passerai mes bras autour de sa taille et je respirerais son parfum, en caressant sa peau, pour tenter de l’aider de la seule façon que je le peux pour l’instant. « La question c’est pas de savoir ce que t’es prête à faire pour elle. » Je me moque de Laurie Wright et de ses sentiments. « La question, c’est ce que t’es prête à faire pour toi, pour rester dans l’émission. Si tu me dis que c’est trop, que c’est la ligne que tu franchiras pas, je te soutiendrai à cent pour cent. » Je respecterai sa volonté de quitter l’émission plutôt que d’adresser des excuses à celle qui l’a piétinée. « Si tu veux que j’aille voir la production, ou que j’aille la voir elle - » Je doute que cela serve à quelque chose : toute cette situation doit dépasser la maquilleuse à présent. « - alors je le ferai aussi. » Je m’exprime avec douceur et sincérité et pour cause : je connais déjà les défauts de Jo. Ce scandale ne m’apprend rien. « Je m’en fous de cette fille. S’il faut prendre ton parti publiquement, je le ferai. » Cassie me hurlera dessus et fera certes tout pour m’en empêcher. Mais si mon image lui importe plus que mon couple, ce n’est pas mon cas, même si la situation est récente et que je découvre encore les règles du jeu. « En attendant, personne m’empêchera de venir ici autant que je veux. Là-dessus, t’as ma parole. »

You turn wrong when you turn right
@Midas Sterling ☆ crédit/harley

"T’aurais dû les voir. J’ai eu l’impression qu’ils crevaient d’envie de me dire autre chose pour que j’enregistre pour de bon qu’ils me font confiance uniquement parce que t’es là pour réceptionner le moindre de mes faux pas." C’était le sentiment qu’elle avait eu rapidement, son regard rencontrant celui de Joshua lorsqu’il avait mis Midas sur le tapis, qu’il gardait une carte dans sa manche pour l’atteindre au moment le plus opportun selon sa stratégie. C’était ça aussi qui la frustrait, son instinct n’était pas mauvais au point de ne pas savoir interpréter certains signaux. Seulement, elle n’était pas assez maline pour raccorder les fils lorsqu’il lui manquait autant de données Jo, et parce qu’elle avait été acculé par leur décision de la mettre au ban du reste de l’équipe le temps de quelques jours, elle n’avait pas eu le temps de prêcher quoi que ce soit pour se retirer rapidement cette mauvaise sensation qu’elle sentait gonfler à côté de l’humiliation qu’elle ressentait et de la tristesse qui l’animait.

Elle eut un léger rire expulsé par les narines lorsque Midas l’encouragea à casser des meubles ou à jeter des objets à travers la pièce, se sentant suffisamment minable comme ça pour répondre aux attentes de ceux qui la pensaient capables de ce genre de choses et qui la taxaient d’être prévisible quand elle cédait à ses travers. Elle était capable de ce genre de choses, elle était prévisible, mais elle était aussi persuadée qu’un écart comme celui-ci lui vaudrait bien plus qu’un exil dans une chambre d’hôtel qui, si elle était rudimentaire comparée à l’autre qu’elle avait occupé durant des semaines, était tout de même assez honnête pour paraître confortable. Elle secoua la tête, s’éloignant de lui pour s’asseoir sur la moquette, juste au pied du lit, et continua à opiner en l’entendant la questionner. Elle ne lui répondit qu’une fois qu’il se demanda pourquoi ça intéressait tant la chaîne de temporiser une histoire qui avait tout de personnelle "Elle a 100K d’abonnés sur Insta, ça dû doubler depuis que la vidéo tourne. Tu te rends pas compte parce que c’est Cassie qui gère tes réseaux, mais tout se joue là-bas maintenant, et que la mauvaise presse qui leur sera faite sur leur compte aura des répercussions sur les audiences s’ils réussissent pas à étouffer l’affaire. Ils ont parlé de fric, c’est tout ce qui les intéresse." À croire que son père lui avait laissé assez de notions de management pour comprendre ce genre de choses sans avoir besoin d’y réfléchir plus longtemps.
Elle ravala sa salive, pinçant les lèvres en cessant enfin de dodeliner de la tête, et la leva lorsque Midas s’installa sur le bord du lit. Et là, elle qui avait tant l’habitude d’assumer toutes les horreurs qu’elle disait, elle aurait aimé qu’il ne lui demande pas ce qu’elle avait laissé échappé, et pas uniquement parce que ça partait d’une envie profonde de le défendre, lui, et qu’elle ne voulait pas qu’il se rende compte qu’elle endossait sans rechigner le rôle de son avocate. Mais parce qu’à défaut d’être apte à se temporiser, elle s’était toujours cru assez ouverte d’esprit pour ne jamais avoir à pencher vers ce genre de propos qui, rétrospectivement, lui soulevait l’estomac "Elle a parlé de toi, et je lui ai demandé si elle avait toujours été jalouse parce que t’as jamais eu de problème à accepter d’être un homme. Je sais, c’est dégueulasse." Et elle n’essayerait pas de se défendre de ça, quand bien même ça la faisait passer pour quelqu’un qu’elle n’était pas. Elle ajouta "C’était ma meilleure amie, elle sait très bien sur quel bouton appuyer pour me faire péter un plomb. Elle savait qu’en parlant de toi, j’allais vriller." Même si elle n’avait jamais parlé de Midas autrement que comme un concurrent à l’époque, trop pudique au sujet de ce qu’elle avait toujours ressenti pour lui pour en discuter même avec sa plus vieille amie, Jo restait persuadée que Laurie savait qu’il se tramait quelque chose. Ce soir-là, elle s’en était servi pour l’atteindre, c’était aussi simple que ça.

Elle laissa un nouveau soupir lui échapper, sa tête marquant une bascule sur le bord du matelas le temps d’un instant "Non, je crois qu’on lui a envoyé par DM et qu’elle a refusé d’en faire quoi que ce soit. Je l’accuse pas d’être à l’origine de ça, je l’accuse juste d’en profiter." lui répondit-elle en se levant finalement, ayant besoin de se remettre debout pour cesser de sentir son coeur battre dans chaque recoin de son corps. Son regard tomba sur Midas quand il lui demanda ce qu’il s’était passé entre elles ; ce serait peut-être le moment le plus difficile pour elle. Jo n’était même pas sûre d’avoir envie de lui expliquer les tenants et les aboutissants de ce qui semblait être une fracture de l’amitié qui les avait unies à une époque, mais pendant qu’elle détournait la tête en levant la main devant elle pour anticiper le début de son récit, sa bouche s’ouvrant sans qu’aucun son n’en sorte d’abord, elle se dit que ça lui ferait peut-être du bien d’extérioriser pour de bon ce qu’elle avait sur le coeur à ce sujet.
Midas était plus tempéré qu’elle ne l’était, il avait le mérite d’avoir quelques années de plus au compteur, c’était sans doute un avantage. Jo ne doutait pas qu’il l’aiderait à y voir plus clair. Coinçant ses cheveux détachés derrière ses oreilles, elle commença enfin "Quand elle s'est rendu compte que ma carrière menait pas bien loin, elle m’a laissée repartir à Dalby sans qu’on soit plus en contact que de temps en temps. Elle m’a pas donnée plus d’explications que ça, c’est que quand elle est venue frapper à ma porte après que mon nom a commencé à circuler pour le Revival que j’ai compris que si elle avait préféré faire son chemin toute seule, c’était parce qu’elle avait plus grand-chose à tirer de ma notoriété puisque rien marchait, que mon EP était sorti dans l’indifférence générale. Avec le retour de l’émission, elle a vu une opportunité de faire un come-back… je suppose que sa carrière était au point mort à ce moment-là." Elle les sentit, les larmes lui gonfler la voix et lui monter aux yeux, et si elle maintint la digue durant un moment, c’était juste pour reprendre, ses yeux trouvant de nouveau ceux de Midas juste pour qu’il prenne la mesure du sérieux de ses paroles "J’exagère pas. Elle m’a textuellement dit j’ai entendu des rumeurs, je suis venue pour que tu confirmes parce que j’ai besoin de stabilité et que je veux faire partie de tout ça, et tout un tas de conneries pour m’attendrir." Elle eut un petit rire à peine narquois, ses sourcils se haussant quand elle ajouta, sa main se baissant pour illustrer sa lassitude face à l’opportunisme de Laurie "Même hier pendant que je me faisais mettre sur la touche, elle a essayé de grappiller du taff en proposant à Joshua de monter un partenariat avec la marque pour laquelle elle bosse. Vous direz bien à ma patronne que c’était mon idée, c’est ce qu’elle a dit avant qu’il quitte la pièce, et ça m’a brisé le coeur." Rien de moins. Là non plus, elle n’exagérait pas "Si les rôles avaient été inversés, j’aurais tout fait pour qu’on soit logée à la même enseigne. J’aurais pas attendu qu’elle soit à terre pour l’achever." Elle aurait encore moins présenté des excuses juste après comme pour s’amender de ses affronts cumulés en l’espace d’une poignée de secondes seulement. Pleure pas, pleure pas, pleure pas, elle se le répéta en boucle Jo, finissant par fermer très fort les yeux pour mieux réussir à tenir. Mais la succession d’images datant de plusieurs époques de leur vie d’amies, et le fait qu’elle s'était retenu de pleurer depuis la veille, ça lui serra définitivement la gorge et la força à prendre une inspiration si grande qu’elle sentit ses larmes couler d’elles-mêmes.

Très rapidement, elle les essuya avec ses deux mains sans leur laisser le temps de s'échouer sur son menton, disant dans un nouveau rire de façade, ses sourcils froncés si fort que ça en devenait douloureux "Je me sens conne d'être autant touchée par ça." Et parce qu’il lui offrait la possibilité de le faire, elle attrapa la main qu’il tendit vers elle et s’approcha de lui pour s'asseoir sur ses genoux en ne se sentant pas tellement la force de faire autre chose que de passer un bras sur ses épaules, sa tête reposant dans l’espace vide de sa clavicule durant un court laps de temps, le bout de son nez frôlant la ligne de sa mâchoire, et le son de sa voix lui parvenant directement à l’oreille comme il remettait les choses à l’endroit bien mieux qu’elle ne serait capable de le faire. Elle lui avoua, après avoir ravalé sa tristesse et redressée la tête pour le regarder, son autre bras venant se joindre à celui qui reposait sur son épaule du côté opposé "Je sais pas ce que je suis prête à faire ou pas. J’ai pas dormi la nuit dernière, je suis pas en état de prendre des décisions tout de suite." De la part de Jo, autant de tempérance, ça ne pouvait qu’être effectivement l’illustration d’une fatigue réelle ; elle avait surtout besoin de quelques heures pour soigner son ego blessé et affronter l’éventualité de passer aux excuses tout en gardant la sensation qu’elle n’avait pas tout à fait tort. Dans le fond, elle se disait que ce serait dommage de camper sur sa fierté alors qu’elle avait fait le moitié du parcours, et si elle admettait avoir besoin d’y réfléchir, c’était parce qu’elle avait passé les six dernières années à regretter de ne pas avoir eu le courage de persister et de changer — peut-être que c’était son signal pour le faire.
Elle ne pouvait pas faire marche-arrière, tout gâcher sous le prétexte que ça tuait ses principes de faire amende honorable, et si c’était facile à accepter, c’était pourtant ce qui lui semblait le plus adulte à faire sur l'instant quand bien même elle n’était en effet pas capable de réfléchir correctement. Elle échangea un bref baiser avec Midas, la gratitude qu’elle lui réservait à ce moment-là transparaissant dans la façon qu’elle eu de sceller sa bouche à la sienne et de poser sa main sur la base de son cou avant de lui dire "Je veux pas que tu te mêles de ça. Je suis déjà assez chiante à gérer au quotidien pour que tu veuilles pas agir comme si t’étais mon manager. J’ai pas envie d’être un caillou dans ta chaussure, je suis sérieuse." Je suis pas ta responsabilité, elle le lui avait déjà dit dans le passé, et ce n’était pas parce que leur relation avait évolué que ça changerait, même si elle était touchée qu’il puisse ne pas avoir besoin d’hésiter pour la soutenir. Ce qu’elle lui dit là, ce n’était pas brutal comme paroles, mais ça avait le mérite d’être clair, et ce pour une seule raison qu’elle explicita juste ensuite, un peu plus bas  simplement parce que leur proximité appelait la confidence "Je veux pas te causer de problèmes ni ruiner ta réputation." En d’autres termes : je gère, c’était ça qu’elle lui disait.

You turn wrong when you turn right
Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/hollyweirdgifs

Jo le confirme : la production m’a utilisé pour justifier d’une façon ou d’une autre la manière dont elle est traitée et cela ne passe pas. Il y a fort à parier que, dès que je sortirai d’ici, je réclamerai une audience pour leur faire comprendre ma façon de penser, clamer que Jo a du talent et qu’elle mérite sa place et, surtout, que nos arrangements doivent rester secrets. Comme moi, il n’ont pas intérêt à ce que toute la vérité soit révélée au grand jour. Nous sommes dans une situation où nous pouvons nous auto-détruire, et il serait bon qu’ils s’en souviennent.

La question qui reste c’est pourquoi accorder tant d’importance à cette histoire ? Pourquoi l’utiliser contre Jo ? Attendaient-il le premier prétexte pour la chasser comme une malpropre ? Pour renverser la tendance, parce qu’ils n’ont pas apprécié que, pour la première fois, je pose des conditions à notre ”collaboration” ? Pour me rappeler qui mène la partie ? Non, j’ai le sentiment que tout ça me dépasse et que je ne suis que l’instrument pour tenir Jo à carreaux. Je déteste cette foutue certitude que mon nom est utilisé contre elle par tous ses détracteurs. Je n’ai pas envie de devenir un bouton sur lequel appuyer pour quiconque qui souhaiterait la blesser. « Elle a 100K d’abonnés sur Insta, ça dû doubler depuis que la vidéo tourne. Tu te rends pas compte parce que c’est Cassie qui gère tes réseaux, mais tout se joue là-bas maintenant, et que la mauvaise presse qui leur sera faite sur leur compte aura des répercussions sur les audiences s’ils réussissent pas à étouffer l’affaire. Ils ont parlé de fric, c’est tout ce qui les intéresse. » Si on me posait la question j'affirmais que c’est la meilleure idée que je n’ai jamais eue, de laisser la petite blonde gérer tout ce qui se passe sur internet. J’aime croire que j’ai une “vieille âme” et que ce genre de connerie, ce n’est pas fait pour moi. J’aimerais pouvoir penser que cela ne peut pas avoir d’importance dans la “vraie vie”, pas face au talent, au succès et la musique. Il n’y a qu’elle qui compte. Les rockstars des années soixante dix vivaient une vie décadente et tenaient des propos problématiques dont tout le monde se foutait parce que leur talent en faisait des demi-dieux. J’idéalise sans doute trop cette période. Mais je crois que des gens comme Jo et moi, nous ne sommes pas fait pour le siècle dans lequel nous vivons. Cette garce de Laurie Wright en revanche se fond parfaitement dans cet univers fait de paraître et d’arrivisme. Elle, je la laisse au vingt et unième siècle avec le plus grand des plaisirs. « Elle a parlé de toi, et je lui ai demandé si elle avait toujours été jalouse parce que t’as jamais eu de problème à accepter d’être un homme. Je sais, c’est dégueulasse. » Je lève un sourcil, puis les deux, et je manque de m’étrangler. Certes, la remarque de Joséphine n’a rien de correct. Mais je méprise trop sa “victime” pour être capable de lui remonter les bretelles, et cela n’a rien à voir avec son genre. Elle n’aurait pas dû glisser sur ce terrain là, Jo, mais je suis incapable de lui jeter la pierre : j’ai cessé d’être objectif depuis longtemps avec elle. « C’était ma meilleure amie, elle sait très bien sur quel bouton appuyer pour me faire péter un plomb. Elle savait qu’en parlant de toi, j’allais vriller. » - « Je vois. » Je ne commente pas sa propre remarque : elle doit avoir assez honte comme ça d’avoir cédé à la facilité pour blesser. « Ça te blesse, quand les gens parlent de moi ? » Si Laurie savait, alors cette “faiblesse” ne date pas d’hier. « Rien ne t'oblige à prendre les armes pour me défendre, même si ça me touche. » Prétendre que je ne suis pas flatté serait mentir. « Mais faut plus que tu lui fasse ce plaisir. Nous, on sait ce qu’on vaut. » A défaut de savoir exactement ce qu’on représente l’un pour l’autre. « Et on sait mieux que tout le monde ce qu’on peut penser l’un de l’autre. » Autrement dit : ne laisse pas ce que peuvent dire les gens t’influencer. « T’as fait fort, je vais pas te dire le contraire. » Ce serait insulter son intelligence. « Mais… Je manque peut-être d’objectivité mais je m’en fous. Je trouve pas que y’ai de quoi en faire une montagne, ou qu’il faille te brûler vive alors qu’elle t’as provoquée. » Et de toute façon, je la défendrai quoi qu’elle ait pu dire sur n’importe quelle minorité.

« Non, je crois qu’on lui a envoyé par DM et qu’elle a refusé d’en faire quoi que ce soit. Je l’accuse pas d’être à l’origine de ça, je l’accuse juste d’en profiter. » Je hoche la tête, comprenant parfaitement ce qu’elle ressent. De mon côté, je suis moins modéré : je suis convaincu que ça l’arrange, Laurie, que quelqu’un d’autre ait fait fuité la vidéo plutôt qu’elle. Elle m’a toujours donné l’impression d’être une sale arriviste, gravitant autour de Jo pour s’attirer un peu de sa lumière. « Quand elle s'est rendu compte que ma carrière menait pas bien loin, elle m’a laissée repartir à Dalby sans qu’on soit plus en contact que de temps en temps. Elle m’a pas donnée plus d’explications que ça, c’est que quand elle est venue frapper à ma porte après que mon nom a commencé à circuler pour le Revival que j’ai compris que si elle avait préféré faire son chemin toute seule, c’était parce qu’elle avait plus grand-chose à tirer de ma notoriété puisque rien marchait, que mon EP était sorti dans l’indifférence générale. Avec le retour de l’émission, elle a vu une opportunité de faire un come-back… je suppose que sa carrière était au point mort à ce moment-là. » Et de toute évidence, Jo a fini par tirer les mêmes conclusions que moi. Toutefois, ce serait mentir de dire que je suis soulagé : j’aurais préféré qu’elle ouvre les yeux sur son ”amie” d’une façon moins douloureuse et destructrice. « J’exagère pas. Elle m’a textuellement dit j’ai entendu des rumeurs, je suis venue pour que tu confirmes parce que j’ai besoin de stabilité et que je veux faire partie de tout ça, et tout un tas de conneries pour m’attendrir. » Au moins, un bon point pour l’honnêteté. Ne recule-t-elle donc devant rien, cette garce ? « Même hier pendant que je me faisais mettre sur la touche, elle a essayé de grappiller du taff en proposant à Joshua de monter un partenariat avec la marque pour laquelle elle bosse. Vous direz bien à ma patronne que c’était mon idée, c’est ce qu’elle a dit avant qu’il quitte la pièce, et ça m’a brisé le cœur. Si les rôles avaient été inversés, j’aurais tout fait pour qu’on soit logées à la même enseigne. J’aurais pas attendu qu’elle soit à terre pour l’achever. » - « Parce que t’es droite, Jo. T’as pleins de défauts, mais tu sais qui t’es, tu sais ce que tu vaux mais tu connais les limites entre ce qui est bien et ce qui est déloyal. Je t’ai toujours admirée pour ça. » Moi-même, je suis incapable d’avancer que j’ai toujours su faire preuve d’une telle droiture. « Je me sens conne d'être autant touchée par ça. » - « Bien sûr que non. » Je lui tends la main, et je suis soulagée qu’elle la prenne, et qu’elle se fasse une place contre moi.

« Je suis désolé pour toi que ça se soit passé comme ça, tu mérites pas ça. » Mais, mais arrive. « Mais au moins maintenant, tu la vois telle qu’elle est. Y’a six ans, je pensais déjà que c’était une arriviste, une profiteuse qui tournait autour de toi que pour ce que tu pouvais lui apporter. » Mais cela ne change rien au fait que j’ai mal au cœur d’apprendre que mes doutes se sont confirmés : quand Jo avait besoin de soutien, Laurie n’était plus là. Moi aussi, et apprendre qu’elle s’est retrouvée seule ne fait que faire monter d’un cran ma propre culpabilité. « J’aurais préféré avoir tort, celà dit. » J’aurais sincèrement préféré me tromper et que Laurie soit l’épaule sur laquelle Jo ait pu s’appuyer pendant toutes ces années. « Elle mérite pas que tu lui donnes l’heure. » Et si je la vois dans les parages ne serait-ce qu’une seule fois, je la chasserai comme une malpropre. Je ne suis pas souvent agressif ou virulent. Mais puisque cette girafe a blessé la petite brune, je me sens capable de lui hurler ses quatres vérités.

« Je sais pas ce que je suis prête à faire ou pas. J’ai pas dormi la nuit dernière, je suis pas en état de prendre des décisions tout de suite. » - « Rien t’y oblige. Mais si tu décides qu’elle mérite pas tes excuses et que l’émission vaut pas le coup… » Qu’elle ne vaut pas assez pour qu’elle se traîne devant cette garce en tout cas. « Je te soutiendrai, quoi qu’il arrive, c’est ça que je veux dire. » Et si Jo quitte Sydney pour rentrer à Brisbane, je me moquerai de mes engagements envers la chaîne. Ses mains se posent à la base de ma nuque, ses lèvres trouvent les miennes et, de mon côté, je glisse ma main dans ses cheveux pour l’enrouler à l’arrière de son cou et la serrer contre moi. « Je veux pas que tu te mêles de ça. Je suis déjà assez chiante à gérer au quotidien pour que tu veuilles pas agir comme si t’étais mon manager. J’ai pas envie d’être un caillou dans ta chaussure, je suis sérieuse. » Je secoue la tête, puis finit par laisser échapper un soupir. « Je veux pas te causer de problèmes ni ruiner ta réputation. » - « Ne t’occupes pas de moi. » Je suis peut-être trop naïf, mais j’ai du mal à croire que ma réputation puisse souffrir des allégations d’une fille comme Laurie, même avec ses cent mille followers. La bonne nouvelle d’être l’idole d’une génération jeune, c’est que j’ai autant de jeunes femmes et hommes prêts à me défendre bec et ongle. « T’es pas un caillou dans ma chaussure. J’aide parce que j’ai envie d’aider, pas parce que je me sens obligé. » Je pousse un soupir, avant de me résigner. « Si tu veux pas que j’intervienne, j’interviendrai pas. » Même si j’en crève d’envie. « Si je la vois dans les parages par contre, me demande pas d’être sympa avec elle. » J’ai fait des efforts, autrefois, malgré la verve de la blonde. Je l’ai fait pour Jo et, aujourd’hui, ça n’a plus de raison d’être.

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@Midas Sterling ☆ crédit/harley

"Quand c’est fait pour me blesser, bien sûr." Elle ne voulait pas jouer sur les clichés de la jeune femme trop énamourée pour penser droit et faire preuve d’un tant soit peu d’objectivité, seulement c’était la vérité : ce n’était pas la première fois que quelqu’un utilisait Midas pour atteindre Jo. Si elle était capable de s’en rendre compte, elle n’était en revanche pas capable d’y faire quoi que ce soit parce qu’elle était comme ça, à ne pas savoir ne pas réagir quand on se servait de ses proches contre elle. Quiconque d’assez téméraire pour se frotter à la réthorique de Jo lui ferait remarquer que jusqu’à récemment, elle n’avait jamais été vraiment proche de Midas, mais était-ce vraiment utile d’aller sur ce terrain-ci maintenant ?
Accusez-là d’être volcanique, elle se justifierait en disant qu’elle était juste un tantinet trop loyale — ou atrocement partiale selon le point de vue engagé "J’ai jamais été très subtile dans ma façon de voir les choses quand t’es concerné, t’es le seul à t’en être jamais rendu compte tu sais." ajouta-t-elle sans que ce ne soit un reproche, mais là encore, il fallait être honnête à ce sujet, et elle se mettait dans la même barque que le jeune homme sans aucun problème. Ça avait été commode pour chacun de penser qu’ils fabulaient chacun de leur côté la tension qu’il y avait entre eux juste parce que trop de choses entraient en collision pour que ça ne leur fasse pas peur. Mais une majorité de leur entourage n’était pas dupe, quand de son côté Jo était encore terrifiée aujourd’hui à propos de tout ça puisque tout ça allait trop vite, puisque tout ça allait trop fort aussi.  Là n’était pas le sujet. Elle haussa les épaules "Cela dit c’est pas la première à le faire et ce sera pas la dernière. Mais j’ai pas envie d’apprendre à supporter qu’on se serve de toi contre moi, je veux juste qu’on arrête de le faire, et je crois que c’est pas autant en demander que ça." Par rapport à tous les caprices qu’elle pouvait avoir en effet, ce n’était pas le pire qu’elle pouvait exiger pour la suite.
L’entendre dire qu’elle avait plein de défauts ça lui arracha un sourire qui n’illustrait en rien l’idée qu’elle puisse être vexée qu’il ose le lui dire sans ciller, plutôt consciente d’en avoir à la pelle pour s’offusquer qu’on le souligne sur le ton usuel de la conversation. En revanche, qu’il puisse émettre un compliment sur sa droiture, ça la surprit assez pour qu’elle s’entende lui demander avec incrédulité "Tu le penses pour de vrai ?" Et peut-être que c’était trop candide de sa part d’être sincèrement étonnée par l’idée qu’il puisse l’admirer pour autre chose que sa plastique, son talent et sa capacité à envoyer bouler la terre entière, mais ça lui donna l’impression d’un nouveau crédit qu’elle ne s’était pas attendue à recevoir parce qu’en effet, elle se savait pleine de défauts qui la faisaient souvent se placer dans le camp des gens infréquentables plutôt qu’autre chose sans qu’elle ne trouve ça particulièrement insultant au demeurant., c’était juste comme ça. D’ailleurs, ça l’étonnait même que personne ne lui soit encore tombée dessus pour lui faire entendre qu’elle aurait tout intérêt à laisser Midas respirer parce qu’elle finirait par le contaminer avec sa nature de mauvaise graine. Alors d’accord, il n’était pas le plus objectif, et elle accordait sans doute trop d’importance à sa parole, mais après s’être fait traitée comme elle avait été traité la veille, recevoir une démonstration aussi spontanée de considération, ça la toucha plus agréablement que l’attitude de Laurie qu’elle lui dépeignit pour qu’il prenne toute la mesure de la peine qu’elle ressentait à ce moment-là.

"Je me suis laissée charmer par l’idée d’avoir quelqu'un qui pouvait comprendre ce que je vivais quand j’étais plus jeune." Elles venaient du même genre de foyer, il ne fallait pas avoir étudié la psychologie pour savoir pourquoi elles s’étaient attachées l’une à l’autre à l’époque, et quand bien même elle ne rentrerait pas dans les détails, jamais, Midas savait que ça n’avait pas toujours été la fête à la maison du côté des Carter. Elle eut un léger rire, se disant qu’à défaut d’en donner l’air, il avait sûrement une meilleure capacité d’analyse qu’elle, ce qui la rendait coupable de son erreur finalement et elle l’assumerait "Je me suis pas rendue compte que ça se retournerait contre moi à un moment donné. C’est ma faute en vrai, mais c’est pas grave." Elle s’en remettrait, c’était une certitude qu’elle avait pour elle. Elle avait beau être très touchée sur l’instant, la force de Jo était de savoir se relever quand elle tombait aussi fort ; elle l’avait fait plein de fois, ce n’en était qu’une de plus après tout. Elle avait fait une erreur de jugement, mais elle ferait en sorte de se corriger pour ne plus jamais être prise au piège. En d’autres termes, c’était terminé pour Laurie "Je compte même pas lui accorder le moindre regard si on vient à se croiser un jour. Y a rancunière dans la liste de mes défauts, elle est pas dans le savoir." fit-elle en se laissant étreindre par Midas qui l’aida à retrouver un peu de coeur à être qui elle était d’ordinaire.

"Ce serait idiot de tout arrêter maintenant juste parce que je veux pas m’excuser." Elle le savait alors autant le lui dire même si rien n’était acté, même si sa décision n’était pas encore prise et qu’il lui faudrait encore quelques heures de plus pour redescendre en pression. Il l’aiderait, c’était une assurance particulièrement engageante pour contrebalancer la fâcheuse tendance qu’elle avait à agir sur le coup de l’impulsivité. Pas étonnant au fond que tout le monde comptait sur lui pour le tempérer quand elle même savait qu'il était probablement le seul à pouvoir le faire "Merci. D’être venu me demander ma version et de pas avoir écouté ce qui doit circuler dans les couloirs." Après leur discussion — dispute, d’accord — à propos de sa relation avec Micah, c’était quelque chose qu’elle lui devait, cette gratitude d’avoir préféré se référer à sa parole plutôt qu’à celle des autres, alors peut-être qu’au fond, de ne pas vouloir l’impliquer dans tout ça, ça partait aussi de la reconnaissance qu’elle avait pour lui à ce moment-là "Laisse-moi gérer d’abord, on verra ensuite." verbalisa-t-elle enfin, se redressant juste un peu pour se lever des genoux de Midas finalement et secouer la tête à ce qu'il ajouta, un sourire fugace passant sur son visage sur lequel elle glissa les mains pour en chasser traces de larmes et de maquillage "Je vais pas te demander d’être sympa avec elle. T’es un grand garçon, et c’est plus mon amie. J’aurais pas de scrupules à la descendre si on me demande un avis à son sujet." Intransigeante, c’était un défaut à ajouter à la liste de ses défauts "Après ce qui s’est passé hier, j’en ai plus rien à foutre de ce qui peut lui arriver." conclut-elle pour toupiller sur elle-même histoire de jeter un coup d’oeil à la porte qui, elle le savait, ne tarderait pas à s’ouvrir étant donné que leur heure de latence arrivait peu à peu à son échéance. Elle marqua une pause contemplative, et puis après quelques secondes à froncer les sourcils, elle reprit vie "Hey." murmura-t-elle en changeant de trajectoire pour se rediriger vers Midas dont elle prit le visage dans ses mains lorsqu’elle arriva jusqu’à lui pour attirer son attention et lui demander sur le même ton chuchoté "T’es venu comment ? Avec un chauffeur ?" Elle n’était certes pas en mesure de faire plus de bêtises que celles qu’elle avait déjà faites, mais Jo était profondément une sale gosse qui n’en avait jamais assez alors. Elle serait sage demain, promis "Tu crois qu’on aura de gros problèmes si on se tire d’ici ? Pour une heure ou deux, je m’en fous d’où… juste nous deux, et pas ici, j’en ai ras-le-bol des chambres d’hôtel." Et après une douche idéalement. Elle ne sortirait pas dans l’état qu’elle était maintenant et sûrement pas dans ses fringues de la veille.

You turn wrong when you turn right
Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/hollyweirdgifs

« J’ai jamais été très subtile dans ma façon de voir les choses quand t’es concerné, t’es le seul à t’en être jamais rendu compte tu sais. » J’esquisse un sourire et, évidemment, mes joues rosissent légèrement. Moi, j’ai toujours évité de parler d’elle avec qui que ce soit. Mes rares proches ont vite compris qu’elle était un sujet tabou - je ne suis pas colérique comme l’est la brune, mais j’ai fait ma spécialité de devenir taciturne et renfermé à chaque fois qu’il était fait mention de la chanteuse - les quelques journalistes où fan qui ont eu l’audace de m’interroger sur Jo ou sur notre relation à l’époque de la huitième édition de X-Factor ont bien vite compris que ce c’était la meilleure manière de ma braquer et que je mette fin à l’échange et, petit à petit, elle est officiellement devenue celle-dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le-nom. Alors oui, je comprends, mais j’ignorais que de son côté, elle avait continué à farouchement prendre mon parti quelle que soit la situation. L’a-t-elle fait pendant toutes ces années ? Est-ce récent et lié au fait que nous ayons renoué le contact ? A notre relation ? « Est-ce que j’ai le droit de dire que, le context actuel mis de côté, je suis content que ce soit le cas ? » Heureux d’avoir toujours eu une place particulière, une qui lui donne envie d’arracher les yeux à quiconque ayant le malheur de parler en mal de ma personne. « Je veux dire… C’est flatteur. J’ai pas envie de faire semblant que ça me touche pas. » Alors qu’elle est assise sur mes genoux, mon bras se resserre autour de sa taille. « Cela dit c’est pas la première à le faire et ce sera pas la dernière. Mais j’ai pas envie d’apprendre à supporter qu’on se serve de toi contre moi, je veux juste qu’on arrête de le faire, et je crois que c’est pas autant en demander que ça. » Je pousse un soupir désolé, avant de secouer la tête. « Tu choisis pas la bonne voie pour ça. Je sais pas si c’est prétentieux ou pas de dire que je suis sur le devant de la scène depuis six ans, mais ce que ça m’a appris, c’est que plus ton nom devient connu, plus les gens ont l’impression que tu leur appartiens. » Pour la majorité des individus, je ne suis plus une personne “normale” avec des combats, des sentiments, des peines et des joies. Je suis un concept et, plus largement, une machine à autographes et selfies. « Ce que je veux dire, c’est que Laurie sera pas la dernière à tenter de te manipuler en appuyant sur les bons boutons pour obtenir une réaction disproportionnée de ta part. C’est le genre de truc dont rafolent tous ces magazines de merde qui vendent du potin et du sensationnalisme. » Et si un jour nous nous affichons réellement en public, la vague médiatique sera aussi impressionnante que violente, j’en suis persuadé. De mon côté, je préfère maîtriser la façon dont l’information sort, et plus nous attendons, plus nous risquons de devenir la cible préférée de ce genre de rumeurs.

« Tu le penses pour de vrai ? »
« Bien sûr que je le pense. »

Je ne lui fais jamais de compliments dans le vent. Je ne cherche jamais à la flatter pour la caresser dans le sens du poil. Jo est d’une droiture extrême qui parfois lui fait du tort, mais que j’admire. « Je me suis laissée charmer par l’idée d’avoir quelqu'un qui pouvait comprendre ce que je vivais quand j’étais plus jeune. Je me suis pas rendue compte que ça se retournerait contre moi à un moment donné. C’est ma faute en vrai, mais c’est pas grave. » - « Je vois. » C’est terriblement humain, le besoin d’être compris ou comprise. « Tu sais à quoi t’en tenir avec elle, au moins. » C’était douloureux, c’était d’une violence qui n’était à mon sens pas nécessaire, mais elle risque d’être vaccinée contre l’arrivisme de la blonde, au moins. « Et si elle tente de se servir de tout ça pour obtenir du boulot avec la chaîne, je la ferai virer. » Je l’affirme avec l’aplomb de ceux qui ont l’habitude de faire la pluie et le beau temps, d’être l’enfant chéri à qui personne ne refuse jamais rien. J’ai le bras assez long pour déloger ce cafard de notre quotidien.

« Ce serait idiot de tout arrêter maintenant juste parce que je veux pas m’excuser. » - « Ouais, peut-être. » Je hausse les épaules. « Mais ce serait ton choix. Je voulais que tu saches que je te le repprocherais pas. » Si toutefois elle choisit de se diriger dans cette voie-là. « Merci. D’être venu me demander ma version et de pas avoir écouté ce qui doit circuler dans les couloirs. » Je fais la grimace : j’ignore si elle aimera l’excuse trouvée par la production. « Ils nous ont dit que tu avais dû rentrer à Brisbane, que l’état de santé de ta grand-mère était préoccupant. » De mon côté, cela me révolte que la maladie d’Ava soit utilisée pour mentir et punir sa petite fille. Mais je doute que dire la vérité soit une alternative qui rendrait service à Jo. « Mais je me suis dit que tu m’aurais envoyé un message, si c’était le cas. » Quant à choisir entre écouter ce qu’elle a à dire et me tourner vers Wright pour connaître la vérité sur leur altercation… « Et je suis de ton côté. J’ai besoin de te le préciser ? » Alors, dans ces conditions, elle n’a pas à me remercier. Mais je comprends qu’elle ait douté. J’aurais préféré que ce ne soit pas le cas, mais nos relations sont délicates, depuis l’arrivée d’Olive. Et puisqu’elle a quitté Sydney, puisqu’elle est repartie avec Posy juste avant que le scandale autour de Jo n’éclate, nous n’avons pas eu l’occasion de parler de tout ça à cœur ouvert.

« Laisse-moi gérer d’abord, on verra ensuite. » - « C’est d’accord. » Je n’aimerais pas que l’on agisse en mon nom, à sa place. La seule chose dont je doute, c’est d’être capable de me retenir de dévoiler le fond de ma pensée à la perche blonde si toutefois je venais à la croiser. « Je vais pas te demander d’être sympa avec elle. T’es un grand garçon, et c’est plus mon amie. J’aurais pas de scrupules à la descendre si on me demande un avis à son sujet. Après ce qui s’est passé hier, j’en ai plus rien à foutre de ce qui peut lui arriver.  » J’esquisse un sourire timide, discret, avant de tenter d’alléger la conversation. « Tu sais que si tu veux l’enterrer, tu peux toujours te tourner vers Cassie. C’est une pro dans ce domaine. » Je ne plaisante qu’à moitié : les compétences de mon assistante, lorsqu’il est question de relations publiques, sont presque effrayantes. Le mieux que Jo puisse faire, c’est oublier jusqu’à l’existence de cette garce, prétendre qu’elles ne se sont jamais connues. L’inverse, ce serait lui donner du crédit et de la visiblité.

« Hey. T’es venu comment ? Avec un chauffeur ? » Elle prend mon visage dans ses doigts, et je recouvre sa main de la mienne avant de hocher doucement la tête. « Dès qu’on a bien voulu me donner l’adresse. » Et si je ne me bats que rarement pour ce que je veux ou mérite, pour elle, je n’ai pas eu de scrupule à interrompre une réunion de la production pour leur faire cracher le morceau. « Tu crois qu’on aura de gros problèmes si on se tire d’ici ? Pour une heure ou deux, je m’en fous d’où… juste nous deux, et pas ici, j’en ai ras-le-bol des chambres d’hôtel. » J’attrape ses doigts dans les miens, et je me redresse. « On aura pas de problèmes. Ou je dirai que c’est ma faute, que je t’ai pratiquement obligée à me suivre. » Je lui adresse un clin d’oeil, avant de ramener une mèche de ses cheveux derrière son oreille, et de caresser son épaule. « Un endroit calme. J’ai pas oublié que je te dois des explications. Si tu les veux maintenant, je te les donnerai. » Parce qu’elle doit comprendre que lui mentir - à elle en particulier - n’a jamais été une partie de plaisir, ni ce que je voulais réellement. « Je te suivrai bien sous la douche… » Elle est trop vaniteuse pour sortir comme ça, je la connais un petit peu. « Mais je pense qu’il vaut mieux faire vite. Je suis pas certain que la harpie n’écoute pas aux portes. »

You turn wrong when you turn right
@Midas Sterling ☆ crédit/harley

Midas était un artiste, il avait de l’ego, ce n’était donc pas une surprise de l’entendre émettre du contentement à l’idée que Jo se place en souteneur de sa cause, encore qu’elle avait passé pas mal de temps à refuser de parler de lui, elle aussi. Elle était juste virulente quand on manifestait de l’entrain à le calomnier, jugeant puérilement que c’était son petit privilège et pas celui des autres — territoriale jusque dans les reproches, ça aussi c’était puéril.
"Sauf que c’est la seule voie que je pourrais jamais envisager." Après six ans de vache maigre niveau jobs, elle savait que retourner dans un club ou dans un bar ne faisait même pas partie de ses plans de secours si elle devait à nouveau tomber de son piédestal. Elle pourrait accepter n’importe quoi après cette émission, elle le savait d’autant plus qu’elle avait déjà reçu des propositions, pas toujours flatteuses au demeurant. Mais elle se savait seule détentrice de sa valeur qu’elle jugeait assez haute pour valoir le meilleur, elle saurait donc négocier "Donc je suppose que c’est encore une fois une façon de me faire enregistrer que je dois travailler sur moi et apprendre à gérer ça." Ça, sa colère, qui prenait des allures de monstre fantastique qu’on ne nommait pas devant un miroir par peur de voir débouler une entité moulée dans du strass, juchée sur des talons de douze centimètres.
N’étant pas née de la dernière pluie pour savoir que ce que Midas disait n’était pas faux, et qu’au plus le temps passerait, au plus il serait facile pour quiconque de l’attaquer en le plaçant au milieu d’à près tout ce qui pourrait potentiellement l’atteindre et la faire flancher, Jo trouva ça ironique ; d’être obligée de faire des efforts alors que dans la présente, l’histoire avec Laurie mise à part, elle n’avait pas l’impression de faire quoi que ce soit de mal. Elle était chiante, elle était arrogante, elle était mal élevée, elle était grande gueule, elle était tant de choses pas toujours agréables, d’accord, mais ça ne voulait pas nécessairement dire qu’elle était mauvaise non plus, quand bien même elle se jugeait parfois — souvent — dotée d’une morale on ne peut plus vacillante qui lui faisait admettre qu’elle n’était pas forcément quelqu’un de bien. Sauf que c’était la presse qu’on définissait comme de la pourriture, pas elle, jusqu’à preuve du contraire, de fait pourquoi c’était à elle d’envisager le changement ? C’était typiquement ce qui lui faisait redouter l’exposition à Jo, mais sans doute était-ce déjà trop tard pour s’en désoler puisque tous ses choix récents l’amenaient sur le chemin dépeint par le jeune homme.

Ça aurait été le bon moment finalement, pour décider de mettre des mots concis sur ce qu’ils vivaient tous les deux, et décider de la meilleure façon de garder le contrôle sur l’information concernant les dernières semaines qu’ils avaient passé à lambiner dans le lit de l’un et de l’autre. Mais elle était à fleur de peau, ça la ferait pencher vers la facilité seulement parce qu’elle ne saurait pas dire non à Midas, surtout parce qu’elle ne saurait pas lui dire qu’elle préférait la jouer profil bas à propos d’eux uniquement parce qu’elle ne voulait pas qu’on lui impute un quelconque opportunisme, et pas parce qu’elle n’assumait rien. Elle se leva de ses genoux, plus surprise cette fois par sa démonstration d’intransigeance à propos de Laurie que par l’aveu qu’il lui avait fait concernant sa satisfaction de l’avoir comme alliée "Tu sais ce qu’ils vont dire si tu le fais ? Que j’ai une mauvaise influence sur toi. Ça te ressemble pas ce genre de coup bas." Mais elle ne l’empêcherait pas de se servir de ses passes-droits pour autant. Elle appréciait trop qu’il puise la défendre autant qu’elle le défendait. Inutile de dire qu’elle aussi, elle avait de l’ego, et pas uniquement parce qu’elle était une artiste.
"J’en étais sûre." fit-elle en serrant les dents lorsqu’il lui apprit que la production s’était servie de sa grand-mère pour expliquer son absence inopinée "Ils le paieront un jour où l’autre, je me fais pas de soucis sur ma capacité à leur rappeler ce qu’ils m’ont fait quand j’aurais les moyens de me venger sans craindre les retombées." Elle ne trichait pas sur son caractère. Elle n’était pas assez tolérante pour faire l’impasse sur ce genre de choses et prétendre être une gentille fille quand elle était pétrie de ressentiments et d’amertume. Elle n’oublierait pas, elle était vengeresse, et la vérité, c’était que craindre de la voir agir, c’était pire qu’espérer qu’elle ne la fasse pas : c’était quand elle savait se contrôler qu’il fallait avoir peur, pas l’invers. Quand elle était calme, c’était qu’elle préparait un coup, c’était aussi simple que ça "Non, t’as pas besoin de me le préciser. Je sais que tu l’es." Il ne lui avait jamais démontré qu’il n’était pas de son côté, même dans le passé, et c’était valable pour elle. Néanmoins, le remercier pour avoir préféré ne pas écouter les bruits de couloirs, quand il l’avait clairement déjà fait pour autre chose, c’était un geste qu’elle se sentait capable de faire pour qu’il sache qu’elle l'appréciait, que ça lui donnait aussi la force de ne pas trop se laisser affliger par l’idée que, prochainement, elle serait surveillée de près, traitée comme la bombe à retardement qu’on l’accusait d’être, qu’elle était sans doute. Au moins elle l’avait lui à proximité, ça lui donnerait sûrement moins l’opportunité d’exploser.

"Maintenant c’est toi qu’on va accuser d’avoir une mauvaise influence sur moi." Comme si c’était possible, mais c’était drôle de l’envisager, et puisqu’il ne semblait pas effrayé par l’idée de contourner les règles imposées à Jo, cette dernière respira un peu mieux quand celle de s’en aller d’ici fût statuée. Pour qu’elle se mette à le redouter l’instant d’après, quand il lui rappela qu’en effet, il lui devait des explications. Non, elle n’avait pas oublié, pour qui vous la prenez ? Elle avait passé plusieurs nuits à écumer les sites à potins pour essayer de trouver qui pouvait bien être la mère de Posy en attendant de trouver un moment pour pouvoir se poser et en discuter avec le principal concerné, occupé avec sa soeur et sa fille.
Putain, c’était trop bizarre de contempler cette vérité, celle qu'il était papa. Elle n’avait pas de théorie, elle avait même compris que ça la rendait malade dans le fond de se faire des scénarios, alors elle avait étonnamment pris sur elle. Pour combien de temps, ça restait à déterminer, si bien qu’en passant brièvement ses deux bras sur les épaules de Midas, elle lui répondit en murmurant exagérément, sa silhouette s’allongeant pour affronter ses yeux quand elle se jucha sur la pointe des pieds "Tu profites que je sois épuisée pour qu’on en parle et que je trouve pas la force de me mettre à crier trop fort ? Je savais que t’étais plutôt malin." Ou vicieux, l’un ou l’autre se valait en définitive et elle n’avait pas de mal à saisir pourquoi ça paraissait plus engageant de la prendre avec une dette de sommeil de plus de vingt-quatre heures, que quand elle était montée sur haut voltage. Elle se dégagea de lui, opinant du chef à ce qu’il avança à propos du temps qui leur était compté. Elle ne formula pas tous les bienfaits d’un coup petit coup rapide sur ses propres batteries qui étaient définitivement à plat, ni sur le fait qu’elle pouvait être silencieuse si ce n'était que ça qui l’inquiétait, se calant sur le côté responsable de Midas pour maximiser leurs chances de ne pas se faire prendre en train de se faire la malle, et alla fouiller dans ce que Cathy lui avait ramené la veille pour choisir rien d’autre qu’un sweat trop large pour elle qu’elle enfilerait comme une robe. À ce stade, tout le monde ne se formalisait plus du fait qu’elle ne portait pas de pantalon, et quand bien même : elle n’en avait plus rien à foutre depuis longtemps "Je me dépêche." C’est sur cette promesse qu’elle quitta la pièce pour la salle de bain — pour en ressortir une dizaine de minutes à peine plus tard, les cheveux humides, rassemblées dans un chignon serré, démaquillée, définitivement plus fraîche quand bien même elle se sentait toujours plus vulnérable sans eye-liner, comme quand elle ne portait pas de talons d’ailleurs, ce qui fût le cas là aussi, chaussant rapidement sa paire de sneakers dans la foulée. Peu importait, si c’était le prix à payer pour pouvoir se tirer d’ici, elle pouvait bien laisser à sa peau un jour de répit, et assumer d’avoir manqué le coche de sa croissance.

***

"T’as une idée de où aller ?" demanda-t-elle à Midas en glissant ses doigts entre les siens quand ils prirent l’ascenseur rapidement après avoir quitté la chambre, se rendant compte que finalement Cathy n’était pas derrière à épier ce qu’ils étaient en train de faire. C’était une bonne chose, Jo n’avait pas envie de négocier quoi que ce soit maintenant. Dire qu’elle avait hâte de sortir était un euphémisme, même si elle savait qu’une partie de la conversation qu’ils auraient bientôt ne serait pas agréable. Ce ne serait pas la première fois, c’était presque réconfortant de le penser comme ça.

You turn wrong when you turn right
Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/hollyweirdgifs

« Donc je suppose que c’est encore une fois une façon de me faire enregistrer que je dois travailler sur moi et apprendre à gérer ça. » Je secoue la tête, pas surpris que Jo soit sur la défensive - elle l’est toujours - mais attristé qu’elle ressente le besoin de l’être en ma présence alors que j’ai traversé la ville à la minute où j’ai appris la vérité pour la bonne raison que je suis de son côté, pas de cellui de qui que ce soit d’autre. « Non. Je suis juste en train de te dire que c’est un problème qui va au delà de toi, que ça devrait pas remettre en cause qui tu es, mais que tu pourras pas changer les choses, surtout si tu gagnes en notoriété… » Je pousse un soupir, espérant qu’elle se souviendra de ce que je suis en train de lui dire lorsqu’il sera question de ma fille et de pourquoi j’ai gardé le secret. Qu’elle comprendra qu’il n’est pas question d’elle, qu’il n’a jamais été question d’elle et que la chanteuse a beau tenir une place beaucoup plus grande que beaucoup le soupçonnent dans mon coeur, les intérêt de Posy doivent passer avant tout le reste. Je suis simplement câblé pour ça. « Je suis pas en train de dire que c’est toi qui débloques et que tu dois changer ta façon de voir les choses. Je te dis juste que faut que tu sois préparée à l’encaisser de plus en plus souvent si tu veux pas que ça te bouffe en permanence. » Les gens vont vouloir graviter autour d’elle par intérêt. Certains seront sincères, la majorité motivés par d’autres desseins. Tous la laisseront tomber si d’aventure son aura venait à faiblir ou sa réputation à s’écrouler. Tous, mais pas moi.

« Tu sais ce qu’ils vont dire si tu le fais ? Que j’ai une mauvaise influence sur toi. Ça te ressemble pas ce genre de coup bas. » Je hausse les épaules, peut inquiet. « Faudra qu’il se fassent à l’idée que je suis habitué à avoir ce que je veux et que moi aussi, je peux faire des caprices. » Quand ils la concernent elle, je ne rougis pas de ces derniers. C’est décidé : si ma route croise celle de la blonde et si j’apprends qu’elle s’est débrouillée d’une façon ou d’une autre pour obtenir un boulot sur le dos de Jo, si j’apprends qu’elle a profité de la situation alors que la brune est enfermée ici, surveillée et coupée de tout contact, j’interviendrai pour elle et parce que l’injustice me révolte, surtout quand elle touche ceux que j’aime. Et bien que je ne l’ai pas encore dit à voix haute, Jo fait résolument partie de ce lot-là. « J’en étais sûre. Ils le paieront un jour où l’autre, je me fais pas de soucis sur ma capacité à leur rappeler ce qu’ils m’ont fait quand j’aurais les moyens de me venger sans craindre les retombées. » J’aurais aussi préféré qu’ils ne mêlent pas Ava Carter à leur mascarade. En revanche, il y a un point positif dans tout ça et je tente de le rappeler à Jo, avançant à tatons pour ne pas subir ses foudres. « Le bond côté de ça, c’est que ça veut dire qu’ils veulent malgré tout te garder… Ils se donneraient pas cette peine s’ils envisageait de te sortir du programme à cause de ce qu’il s’est passé. » J’ignore s’ils voient enfin son talent et son potentiel ou si je suis le caillou dans leur chaussure, mais je m’en moque : tant que Jo peux garder sa place, je me moque de ce qui justifie la position de la production. « Non, t’as pas besoin de me le préciser. Je sais que tu l’es. » Soulagé de l’entendre, je resserre un peu ma prise autour de la taille de la brune et j’utilise mon autre main pour ramener derrière son oreille une mèche de cheveux.

« Maintenant c’est toi qu’on va accuser d’avoir une mauvaise influence sur moi. » Un sourire espiègle étire mes lèvres et je hausse les épaules, signe que je me moque bien de ce que quiconque pourrait avoir à dire à ce sujet. « Au moins, ce serait original pour une fois. » Mais c’est pour elle que j’agis comme ça, pour elle que je suis prêt à briser les règles du jeu, pour elle et parce qu’après des années à être porté aux nues, je n’aime pas que l’on me dise ce que je suis en droit de faire. Je suis un adulte, un adulte qui a rapporté des millions et qui rayonne à l’internationnal. Alors c’est décidé : si je veux me rebelle un peu de temps en temps, personne ne me l’interdira. « Tu profites que je sois épuisée pour qu’on en parle et que je trouve pas la force de me mettre à crier trop fort ? Je savais que t’étais plutôt malin. » Mon sourire se transforme en grimace. Ce n’était pas mon intention : nous nous sommes à peine vus pendant la visite d’Olive, au point que je me demande si la brune ne m’a pas tout simplement évité. Ce que je veux, c’est arracher le pansement le plus vite possible. Ce que je veux, c’est m’assurer qu’elle comprenne et que Posy et mes mensonges à son sujet ne deviennent pas un non-dit susceptible de s’infecter. « Bien sûr que non. » Avant qu’elle ne s’échappe, j’attrape ses mains dans les miennes et je les garde prisonnières quelques secondes. « Je veux juste pas que ça devienne un problème. Je veux te dire la vérité, mais quand tu en auras envie. » Autrement dit : pas aujourd’hui si elle considère qu’elle est trop faible et fatiguée pour avoir ce genre de conversation. Finalement, je libère ses mains, et elle disparaît dans la salle de bain.

***

Sa main retrouve la mienne et, malgré toutes les choses que nous n’avons pas réglées, je suis soulagé qu’elle de constater qu’elle n’a pas l’intention de me repousser parce qu’elle a compris qui était Posy. « Viens, on prend les escaliers. On a moins de chance de croiser quelqu’un. » Finalement, l’impression d’être en train de faire quelque chose d’interdit n’est pas totalement désagréable. J’ai l’impression que nous sommes des repris de justice en train de fuir les autorités, et la chose a quelque chose d’excitant. « T’as une idée de où aller ? » Ca en revanche, je ne l’avais pas anticipé. L’endroit ne doit pas être public, nous serions harcelés par les foules sans l’ombre d’un doute. Je ne veux pas que des photos d’elle en public alors qu’elle est supposée rester à l’hôtel sortent, et encore moins des photos de nous : ce ne serait pas lui rendre service. S’il y a un point avec lequel je suis d’accord avec la chaîne, c’est que pour que le scandale passe, elle doit se faire oublier. « J’ai une connaissance qui tiens un club lounge dans le coin. Je peux l’amener et lui demander de nous faire entrer par l’arrière du bâtiment. Il nous mettras dans un carré privé. » Je fais la grimace, avant d’ajouter. « Je voudrais pouvoir te proposer d’aller prendre l’air, tu dois pas avoir envie de t’enfermer. Mais là, dans l’immédiat, je vois pas où on pourrait faire ça tranquillement. » Et elle doit avant tout avoir besoin de ne pas être harcelée par des personnes lui posant des questions sur son point de vue sur les personnes transgenres et sur le combat de chiffonnières qui l’a opposée à Laurie.

You turn wrong when you turn right
@Midas Sterling ☆ crédit/harley

Ça c'est des conneries, Midas que Jo pensa, son roulement d’yeux, presque ostentatoire, la dispensant de partager le fond de sa pensée avec lui. Puisque sa carrière s’était en partie éteinte parce qu’elle n’était pas capable de se plier aux règles, ayant trop besoin de prouver tout et son contraire pour s’embarrasser d’obéir, il valait sans doute mieux qu’elle la boucle, et c’est ce qu’elle fit d’ailleurs, ne pouvant s’en remettre qu’à la maturité du chanteur de renommée internationale sur lequel elle était encore pelotonnée à ce moment-là. Si Jo était capable d’encaisser quoi que ce soit sereinement, ça se saurait au demeurant, mais il y avait fort à parier qu’après le chapitre Laurie, elle serait astreinte à quelques leçons de gestion de son tempérament, entre séance de sophrologie et autre connerie du genre pour lui apprendre à mieux canaliser sa mauvaise énergie et la faire ressortir enrubannée dans de bonnes vibes et des putains de chants d’oiseaux. Chaque chose en son temps, c’était un délai abstrait sur lequel elle était prête à se reposer pour une fois étant donné que subitement, ça allait trop vite, et que tant de choses lui tombaient dessus à la seconde. Elle savait qu’elle devrait faire des efforts, elle savait qu’il fallait qu’elle apprenne. À défaut de faire tout ça de gaieté de coeur, elle le ferait pour que ça ne devienne pas pire.
Elle avait du mal à trouver un bon côté à tout ça. Même si quelque part, ça avait quelque chose de flatteur d’être mise face à ses démons pour mieux les dompter dans le but de prouver de quoi elle était réellement faite, il y avait tout de même un goût étrange à la cuillère de sucre que Midas lui donna pour adoucir le fait que la production se soit servie de sa grand-mère pour expliquer son absence. Elle aurait pu arguer qu’elle leur faisait gagner de l’argent et que c’était pour cette raison qu’ils tenaient tant à la faire adhérer aux plans des excuses présentées face caméra, cependant le cynisme de sa propre pensée la vexa lorsqu’elle songea de nouveau au fait qu’il y avait sans doute possible quelque chose de sous-jacent à son talent qui les faisaient camper sur leur envie de la faire participer jusqu’à la fin. Elle se tut encore une fois, se contentant d’opiner du chef en se préparant à se souvenir qu’au travers de toute cette histoire, il y en avait une autre à régler qui lui demanderait plus d’efforts encore.

Dire à Midas qu’elle avait envie d’avoir la discussion qu’ils se devaient, ce serait lui enfoncer un mensonge éhonté dans le gosier. Jo n’avait pas envie d’avoir cette discussion, non. Cependant elle n’avait pas non plus envie de s’imaginer plus longtemps qu’il lui avait menti sciemment en espérant qu’elle soit assez idiote pour ne pas raccorder les points d’une vérité difficilement inacceptable tant elle lui était imposée. Alors c’était vrai qu’elle était fatiguée et à fleur de peau, mais c’était le seul moment où elle serait encline à entendre ce qu’il avait à lui dire sans directement monter au créneau. Même si dans le fond d’elle, elle se sentait atrocement blessée, stupide encore plus — pour ne pas dire trahie, seulement ça elle le tairait par peur d’être moquée, trop consciente qu’ils ne s’étaient jamais fait de promesse, qu’elle avait été la seule à considérer que l’attendre indéfiniment, c’était bien sûr complètement con, bien plus délicat et fleur bleue que tout ce qu’elle ne ferait ni serait jamais pour quelqu’un d’autre, mais c’était surtout une preuve irréfutable de quelque chose qu’elle ne comprenait même pas aujourd’hui. Il fallait tout de même qu’elle apprenne à affronter certaines choses sans se comporter comme une enfant capricieuse et visiblement, le temps était venu. Le laissant garder ses mains dans les siennes un instant, c’est avant de se retirer pour aller se rafraîchir qu’elle lui dit sérieusement "J’en ai pas vraiment envie." On ne pourrait jamais lui reprocher son manque d’honnêteté à Josephine "Mais je crois que c’est le moment de faire les choses à ta manière. Je vais prendre sur moi." Et peut-être que ça la soulagerait qu’il lui explique tout ça.

***

Elle s’entendit rire doucement. Jo l’expliqua par une oeillade en direction de Midas qui se trouvait sur la même marche qu’elle "J’oublie parfois que t’es quelqu’un d’important." Qu’il lui suffisait d’appeler une connaissance pour qu’on lui ouvre des portes et offre des passe-droits sans remettre en cause son besoin soudain d’avoir accès à certaines choses. Lui qui lui avait déjà demandé de ne pas le voir autrement que la personne qu’elle avait rencontré il y a six ans avait la preuve que parfois, elle ne le jugeait pas différent de cette époque-là — avant de se souvenir qu’il avait une assistante, un manager, une styliste, sans doute une pièce réservée où il rangeait ses trophées et ses disques de certification. Si elle n’était pas aussi difficilement impressionnable, si elle ne faisait pas mine de l’être en tout cas, ça lui aurait donné le tournis tant elle prendrait conscience de ce que ça voulait dire au fond d’être avec lui ; sans vraiment savoir ce qu’être avec lui voulait dire, putain que ça devenait casse-tête cette affaire. Elle resserra ses doigts avec les siens, sautant la dernière marche de l’escalier sans y penser, et puis elle fit un semblant de demi-tour sur elle-même pour mieux le voir. La tête levée vers lui, c’est d’une poussée de ses reins qu’elle ouvrit la porte qui les séparait de l’arrière de l’hôtel qu’elle choisit d’emprunter plutôt que d’avoir à affronter le lobby qui, en plus d’être bondé, pouvait être traversé par des membres de l’équipe de sécurité de la production "Appelle-la, ta connaissance. On prendra l’air une autre fois." Elle n’avait pas oublié qu’il lui devait un date.

Si elle lui lâcha la main, c’était par pure précaution, ayant déjà tous les bons réflexes d’une jeune femme dont la notoriété n’irait qu’en grandissant, qui fréquentait quelqu’un qui en avait déjà une bien établie. Puisque la voiture avec laquelle Midas était venu les attendait par anticipation, Jo ne se fit pas prier pour y grimper et resta très curieusement silencieuse le temps du trajet qui ne dura qu’une poignée de minutes durant lesquelles elle lui reprit la main pour la poser sur ses cuisses et se rassurer en effleurant les cicatrices laissées par les cordes de sa guitare avec ses propres doigts tout en se demandant si elle avait vraiment besoin d’une explication. Si finalement elle n’avait simplement qu’à le prendre avec tout ce que ça impliquait — son passé, ses histoires, en bref : avec sa vie sans elle, aussi dur que c’était à envisager pour elle —, qu’elle n’aurait qu’à s’y faire. Ce serait très bien comme ça, non ? Sûrement pas, le prouva la manière qu’elle eut de rentrer dans le vif du sujet quand ils furent installés dans le carré-privé du club lounge de la connaissance de Midas qui les accueillit royalement et avec discrétion.
Elle se glissa le long de la banquette en refusant qu’on lui serve quelque chose, l’estomac trop noué pour ne serait-ce que boire un verre d’eau, et d’une voix basse, ayant enregistré que même s’ils étaient seuls, faire dans la discrétion serait apprécié de la part du jeune homme, elle lui demanda enfin "Alors t’es papa ?" Dans d’autres circonstances ça l’aurait fait ricaner de l’appeler comme ça — on ne la referait jamais, et ça faisait partie de ses mécanismes de défense de rire de ce genre de choses tout en grimaçant intérieurement. Mais à cet instant, ses yeux se verrouillant aux siens dans le même temps, elle se rendit compte à quel point elle avait besoin de le dire à voix haute, un peu comme pour exorciser ce qu’elle sentait peser sur son cœur depuis qu’elle avait osé affronter le regard de la petite Posy et qu’elle avait compris.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/hollyweirdgifs

Avoir cette discussion est pour moi comparable au fait d’arracher un pansement. Aucun de nous deux n’a envie de le faire tant la perspective est douloureuse ou, à minima désagréable, mais la situation nous pèse. En tout cas, à moi elle me pèse. Je n’arrive plus à regarder Jo dans les yeux depuis qu’elle a quitté le restaurant de l’hôtel en affirmant que Posy avait mes yeux. Je lis dans ceux de la brune une accusation douloureuse qui dit : tu m’as menti. Je lis de la déception - peut-être que je l’imagine - et je veux me laver de cette horrible sensation. Ne rien lui dire m’a tordu le ventre pendant tout ce temps. La seule chose que j’ai jamais voulu c’est d’être totalement honnête avec elle. Mais Posy n’est que la première étape, et si d’aventure elle devait être mise au parfum de la totalité de mes mensonges, j’ai peur que nous ne puissions pas y survivre. J’ai peur de la perdre alors qu’elle n’est même pas encore totalement à moi, puisque concernant la nature de notre relation le secret est de mise.

Mais Posy n’est pas un défaut. Elle n’est pas un vilain secret, et elle n’est pas une honte cuisante. J’aime ma fille de tout mon cœur et avec toutes mes failles de père imparfait. Toutes mes décisions la concernant, je les prends pour la protéger de la violence d’un univers qui ne fait que donner l’impression d’être composé de paillettes et de soirées mondaines. Je ne veux pas faire d’elle ce genre d’enfant star qui devient un adulte bien trop tôt et goutte aux excès à l’âge où son corps et son cerveau se forment encore. Je veux qu’elle grandisse en étant équilibrée et qu’elle puisse décider quand elle le souhaite de révéler la vérité concernant sa filiation. Est-ce un crime, dans ces conditions, de ne pas avoir dit la vérité à la femme qui habite mes rêves et mes nuits ? Est-ce condamnable d’avoir privilégié ma fille à l’honnêteté ?

« J’oublie parfois que t’es quelqu’un d’important. » Et pour cause : je fais tout pour qu’elle le fasse, qu’elle ne me traite pas différemment. « J’ai surtout des relations. » Je ne suis, à mon sens, pas quelqu’un d’important. Les médecins le sont, les hommes politiques et les hommes d’affaires qui gouvernent le monde également. Moi, j’ai gardé toute l’humilité possible au regard de ma célébrité et du pied d’estale sur lequel l’univers me place. « Et ça a ses avantages. » Je lui souris, mon téléphone dans ma main. J’ai à cœur de l’éloigner le plus possible d’ici, mais de respecter son besoin de discrétion. Je ne suis pas encore certain de savoir où il prend sa source, mais cela ne m’empêche pas d’être prêt à avancer à son rythme. « Appelle-la, ta connaissance. On prendra l’air une autre fois. » - « C’est comme si c’était fait. » A cette heure là de la journée, le club lounge de mon ami - si tant est qu’il soit possible d’avoir de réels amis dans ce business - doit de toute façon être encore vide. Il ne me faut que quelques secondes pour chercher le numéro dans mon répertoire et expliquer la situation à l’homme d’affaires qui promets de m’accueillir dans le confort et avec la plus grande discrétion possible. Lorsque je grimpe dans la voiture à la suite de Jo, c’est donc l’adresse du club situé en centre-ville que je donne à mon chauffeur. Pendant le trajet, je résiste à l’envie d’embrasser Jo à nouveau, mais pas à celle de poser une main sur son genoux comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Elle, elle l’attrape pour la remonter et la laisser choir à plat sur sa cuisse, et je prends la chose comme une autorisation à caresser sa peau du bout des doigts.

Notre entrée est aussi discrète que promis et, arrivés à l’intérieur et conduits dans un carré VIP, je retire ma casquette - accessoire indispensable à toute personne avec un minimum de notoriété pour être tranquille - avant de m’installer près de la brune. Assez pour sentir le parfum de son shampoing, pas assez pour l’étouffer : je veux lui laisser le luxe d’aborder le sujet qu’elle veut et comme elle le veut. Fidèle à elle-même, elle n’y va pas par quatre chemins. « Alors t’es papa ? » Je ne m’y attendais pas, et je souris autant parce que je suis surpris que parce qu’au fond, c’est agréable d’entendre ce terme dans la bouche d’une femme dont je suis si proche, et à laquelle j’ai rêvé de dire la vérité pendant des mois. « Oui. » A ce sujet au moins, j’ai promis de dire toute la vérité. « Posy est ma fille. » Et il n’y a qu’elle : j’apporte la précision pour éviter qu’elle ne m’imagine à la tête d’une petite famille. « Et tu dois te demander pourquoi je t’ai menti. » A sa place, c’est ce que je ferais. Je serais certainement moins remonté qu’elle, moins vindicatif par nature, mais je ne pourrais pas m'empêcher de ne pas comprendre pourquoi je n’ai pas eu le droit à la vérité. « Y’a pas grand monde qui sait qu’elle existe. Ma famille, évidemment, Cassie, et un petit groupe de personnes triées sur le volet au sein du label. » Parce qu’il était évident que tous ceux qui m’accompagnent en tournée seraient amenés à connaître la vérité un jour où l’autre puisqu’il n’est pas rare que ma fille et sa mère me rejoignent pour quelques jours. « Je veux pas que les choses changent. Enfin, en tout cas, je veux pas que les choses changent à l’initiative de qui que ce soit d’autre qu’elle, quand elle sera en âge de se demander ce qu’elle veut faire avec cette situation. » Et j’espère qu’elle comprend, Jo. N’a-t-elle pas subi les conséquences du harcèlement médiatique à plusieurs reprises ?

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@Midas Sterling ☆ crédit/harley

La toute première chose que Jo remarqua, c’est le sourire de Midas à l’instant où elle posa à voix haute le terme exact de son rôle dans la vie de la petite Posy. C’était un peu douloureux, pas parce que sa jalousie la rattrapait, même s’il devait y avoir un peu de ça dans le fond, mais parce qu’elle restait une jeune femme qui avait entretenu — qui entretenait, qu’elle le veuille ou pas — une relation compliquée avec son propre père, et qui n’était pas apte à comprendre qu’on puisse rayonner de cette manière à la seule mention de sa progéniture. Ça la fit détourner brièvement le regard, par pudeur ou par affliction, difficile à dire, et puis se mettre à remuer sa jambe gauche sous la table pour tenter de contenir l’entremêlement de ses sentiments ambivalents à propos de tout ça, mal à l’aise de ne pas être totalement en pleine capacité de ses moyens pour prendre les choses de façon plus sereine. Comme si c’était possible de toute façon, surtout quand elle avait la confirmation qu’il lui avait menti et que ça avait été fait sciemment tout du long.
Ça aurait peut-être dû la rassurer, de savoir qu’une poignée de personnes seulement étaient au courant pour la gamine, mais ça lui laissa un sentiment doux-amer dans le fond de la gorge d’avoir été sous-estimée, et alors qu’il lui expliquait les choses, elle entrecoupa son explication d’un presque murmuré "Des personnes de confiance." Il fallait dire les choses telles qu’elles étaient, et puisqu’elle n’était pas à un affront près, il valait sans doute mieux qu’elle soit celle qui éclaire le sens subjacent à la justification qu’il lui donnait maintenant ; c’était un peu moins vexant, même si ça l’était toujours, c’était évident "Si Olive n’était pas venue avec elle l’autre fois, t’aurais continué à me mentir jusqu’à quand ?" Elle ne s’en voulait pas de lui poser la question de cette façon, même si c’était palabrer sur des suppositions qui n’avaient plus lieux d’être puisque ça s’était passé différemment. Mais elle avait besoin de savoir juste pour connaître l’entendue du manque de confiance qu’il semblait lui réserver et colmater toute seule les dégâts que ça causerait indéniablement parce qu’il n’y avait aucun équilibre entre eux à ce sujet-là — d’abord ses doutes à propos de Micah, maintenant son mensonge à propos de sa fille. Elle pouvait anticiper à la virgule près ce qu’il oserait lui répondre si elle mettait en avant le fait que ça donnait une mauvaise image du crédit qu’il lui accordait ; le monde ne tourne pas autour de toi Jo, c’est plus compliqué que ça, et c’est pour ça qu’elle ne lui dit rien maintenant, déjà lasse d’être taxée de gamine immature quand elle lui ferait remarquer qu’il avait tendance à remettre en doute ses intentions à son égard comme tout le monde le faisait déjà, le ferait davantage plus tard s’ils décidaient quoi que ce soit au sujet de ce qui se passait entre eux.

Sa jambe continuant de battre la mesure sous la table, Jo laissa un temps de silence s’installer lorsqu’il termina de lui expliquer ce qu’il poussait à ne pas parler de Posy. Quand on savait à quel point le silence pouvait la déranger, qu’elle prenne le temps de marquer une pause aussi significative et de laisser le dialogue s’éteindre, ça voulait dire quelque chose qu’elle rompit quand, ayant tendu la main pour harponner la casquette qu'il avait retiré et la faire tourner entre ses mains pour les occuper, elle lui demanda sans le regarder "Tu te montres jamais en public avec elle ?" Elle retourna la tête dans sa direction qu’après quelques secondes de plus, ne le regardant pas vraiment non plus, un sourire de façade effilant ses lèvres qu’elle laissa ouvertes un instant sans rien dire sur le moment, pas sûre d’avoir mis assez d’ordre dans sa tonne de questions pour savoir vraiment par quoi commencer "Je sais pas quoi te dire." avoua-t-elle finalement, laissant de côté la casquette du jeune homme pour renoncer à se tenir droite, s’enfonçant davantage dans la banquette qu’ils avaient rejoint en arrivant. Elle posa ses deux mains entre ses jambes, dans l’espace qui n’était pas recouvert par le sweat qu’elle portait sur le dos "Je croyais que j’aurais des tas de choses à te demander quand tu me laisserais le temps de le faire." Brièvement, elle pinça les lèvres, et puis elle imposa soudainement le sens inverse à son corps qui s’inclina sur la table pour qu’elle puisse s’accouder à son bord.
Son visage maintenant encadré par ses mains, elle laissa un très léger rire s’échapper en poursuivant sans se sentir trop honteuse de lui faire la révélation qu’elle s’apprêtait à lui faire "J’ai passé trop de temps à chercher des infos sur le net ces derniers jours. Je crois que j’ai voulu me convaincre que j’étais pas aussi débile d’être passée à côté de l’info, mais ton équipe a fait un sacré boulot de dissimulation : j’ai rien trouvé." A part deux-trois rumeurs concernant des idylles avec Ariana, Miley et toutes les autres greluches de l’écurie Disney. Rien de neuf en somme, elle connaissait ces ragots-là, et elle ne croyait pas en l’idée que deux gros bonnets de la scène musicale comme lui et ces femmes-là puissent cacher un secret aussi gros sans se faire griller, alors elle n’y croyait pas, c’était aussi simple que ça. Regardant droit devant elle, ses mains posées sur ses propres joues, jouant le rôle de rempart le temps qu’elle décide si elle réussirait à lui accorder de nouveau un regard ou pas, ses dents vinrent user la couche de baume qu’elle avait sur les lèvres pendant qu’elle reprenait "Hier encore, j’avais une liste de questions dans la tête", et enfin elle finit par sortir de sa rêverie, se sommant de tourner la tête vers lui pour répéter et terminer, son regard retrouvant le sien un peu plus longtemps "mais là je sais juste pas quoi te dire." À part peut-être défendre le fait qu’elle était une personne de confiance, qu’elle n’aurait jamais rien dit, qu’elle ne dirait jamais rien ? Sur le moment, même lever l’identité de la mère de la petite ne serait pas satisfaisant, alors qu’elle avait le sentiment d’être si peu digne de sa confiance, que ça en devenait affreusement blessant. Mais bien sûr : le monde ne tourne pas autour de toi Jo, c’est plus compliqué que ça.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/hollyweirdgifs

« Des personnes de confiance. » Si mon nom est rarement synonyme de subtilité, je ne suis pas assez idiot pour ne pas comprendre le sous-entendu amer qui se cache derrière cette affirmation de la brune. Elle se demande certainement pourquoi elle, elle n’a pas eu le droit d’être dans la confession. « Non… Enfin, si - » Puisque je ne peux pas nier que seuls ceux que je pensais capables de garder le secret ont été mis dans la confidence, mais ce n’est pas la seule raison. « Les gens qui la côtoient, surtout. Sa mère me l’amène parfois quelques jours pendant mes tournées. » Pas une seule seconde, je ne réalise que Jo a peut-être besoin d’être rassurée ou en tout cas informée de l’identité de cette dernière. La place que Marley occupe dans ma vie est si claire pour moi - elle fait partie de ma famille, mais mon coeur n’est plus épris d’elle - que je n’envisage pas une seconde que la chanteuse a certainement des questions à son sujet. Posy est ma fille et cela ne changera jamais, mais sa mère n’occupe pas le moindre rôle voué à menacer Jo. Elle est importante, mais comme le sont ceux que l’on considère comme étant notre responsabilité, pas comme une amante, une confidente ou même une meilleure amie. Elle est importante parce qu’elle est la mère de Posy et qu'à ce titre, nous avons dû apprendre à former une équipe. Une équipe parentale, rien de plus. « Alors il valait mieux qu’ils connaissent la vérité. Et qu’ils signent des papiers disant qu’ils s’engageaient à ne jamais révéler son existence à qui que ce soit. » J’ai pris toutes les précautions qu’il convenait de prendre en tentant de donner à ma fille la place qui lui est due.

« Si Olive n’était pas venue avec elle l’autre fois, t’aurais continué à me mentir jusqu’à quand ? » Je pousse un long soupir qui, à ma place, avoue que je n’en sais rien, au fond. Je voudrais pouvoir lui dire que je n’aurais guère tardé à lui dire la vérité, mais ce serait un mensonge et, à ce sujet là au moins, je peux éviter de manquer d’honnêteté avec elle. « Je sais pas, Jo. » Parce que ce n’est pas une question de mensonge. « Et dans les faits, la décision n’appartenait pas qu’à moi. » Posy n’est pas encore en âge d’en prendre d’aussi importantes, mais sa mère si. « J’avais envie de te le dire. » Et ce dès qu’elle a aperçu la petite tête blonde dans mon studio d’enregistrement. « Et pas uniquement parce que j’adore parler d’elle. » Mais parce qu’il s’agissait de quelque chose que je voulais partager avec la brune. « Mais c’est un secret que je garde depuis si longtemps que c’est de mentir qui est devenu naturel. » Ou en tout cas, de cacher la vérité.

« Tu te montres jamais en public avec elle ? » Cette fois, je secoue la tête. « Jamais. » Ce n’est pas l’envie qui m’en manque, pourtant. « J’ai pas besoin de t’expliquer pourquoi, si ? » Elle sait ce que cela implique que d’être en permanence sous l'œil des médias, elle sait aussi ce que c’est que de grandir avec une pression bien trop lourde sur les épaules. « J’ai pas honte d’elle, au contraire. » Il ne s’agit pas de cacher que je suis père pour ne pas risquer d’endommager mon image de star séduisante et célibataire. C’est la raison pour laquelle ma relation avec Marley est restée secrète, à l’époque, mais il n’est plus question de ça à présent. Je me moque de rester disponible aux yeux de mes fans, même si Cassie a certainement une autre opinion sur la question. Je ne veux que protéger Posy.

« Je sais pas quoi te dire. Je croyais que j’aurais des tas de choses à te demander quand tu me laisserais le temps de le faire. » Je hoche doucement la tête, fixant à présent ma casquette qu’elle a maltraitée avant de l’abandonner. C’est plus facile que de la regarder dans les yeux et d’y lire sa déception. « J’ai passé trop de temps à chercher des infos sur le net ces derniers jours. Je crois que j’ai voulu me convaincre que j’étais pas aussi débile d’être passée à côté de l’info, mais ton équipe a fait un sacré boulot de dissimulation : j’ai rien trouvé. » - « Ça a jamais fuité. » Suis-je la seule célébrité à dissimuler l’existence d’un rejeton ? Certainement pas. Le droit à un semblant de vie privée est souvent difficile à obtenir, dans ma condition. « Je te demanderai pas de garder le secret. Je sais que j’ai pas besoin de le faire. » Je te fais confiance, Jo. « Hier encore, j’avais une liste de questions dans la tête, mais là je sais juste pas quoi te dire. » - « Je suis désolé que tu te sentes comme ça. » Puis-je réellement affirmer que je suis désolé de ne pas lui avoir parlé de ma fille plus tôt ? C’est plus difficile de l’affirmer avec certitude : Posy est ma priorité, et je n’ai pas envie de m’excuser pour ça. « T’as pas besoin de faire des recherches. Je répondrai à toutes tes questions. » Quand elle aura trouvé lesquelles elle a besoin de poser. Ne sachant pas trop si je m’aventure sur un terrain glissant, j’ajoute. « Sa mère ne fait plus partie de ma vie depuis longtemps. » Après une seconde de réflexion, je rectifie ma déclaration. « Enfin, plus comme ça. Ce sera toujours la mère de ma fille, mais c’est tout ce qu’elle est. » Et une amie, la moitié du temps en tout cas.