Décembre 2017. Représentation du lac des cygnes sur la scène de l’Opéra de Sydney. Un ballet féérique qui avait de quoi plaire au public en cette période de fêtes de fin d’année. Qu’importe la scène où j’avais pu le danser, ce ballet emblématique faisait toujours son effet sur le public et le public australien n’y faisait pas exception. C’était d’ailleurs une date importante pour moi car c’était ma première représentation en tant que danseur principal pour la compagnie. Recruté tout récemment lors des auditions externes, j’avais eu la chance d’obtenir cette place au sein de la hiérarchie notamment par rapport à ma réputation qui m’avait précédé. J’avais déjà dansé sur la scène australienne lors que le Ballet de l’Opéra de Paris avait fait sa tournée mondiale mais là, c’était ma première représentation à domicile en tant que membre d’une compagnie australienne ; ce qui avait un côté très significatif pour moi. Pour la dernière représentation qui clôturait la saison du Ballet pour les fêtes estivales, j’incarnai le prince Siegfried. Ce n’était pas rare que le rôle soit distribué à deux danseurs différents afin d’assurer les matinées – soirées de l’Opéra et éviter la fatigue des danseurs. D’ailleurs, ce n’était pas tant moi qui étais en lumière sur l’affiche mais un compatriote australien qui avait été notamment nommé en tant que Principal Dancer lors de la première. Fait amusant d’ailleurs quand on sait que nous nous connaissions depuis que nous avions intégré la QBA.
Après une salutation sous l’ovation du public, je m’étais rendu dans la partie loge pour me dévêtir et prendre une douche bien méritée. Normalement, j’aimais bien m’éclipser pour aller boire un verre avec les membres de la compagnie, tout en arborant un jean sombre déchiré avec un sweat à capuche gris et une paire de baskets pour passer incognito. Mais pas cette fois-ci puisqu’un était organisé justement pour clôturer la fin d’année dans le grand hall de l’Opéra. J’avais donc misé sur une tenue de circonstance : un costume noir, faisant bon chic pour gen(d)re, un nœud papillon et me voilà partis en direction de la fameuse réception. Après tout rencontrer son public faisait partie du métier d’artiste.
Me faisant pour l’instant discret, je me contentais de rester en retrait légèrement, cherchant du regard un visage qui m’était plus familier que tout ce monde. Je n’étais pas gêné mais la fatigue accumulée me rendait moins enclin à aller vers les personnes présentes. Surtout que ce n’était pas dans ce genre de soirées que j’avais l’habitude me retrouver pour… m’amuser dirons-nous.
Dernière édition par Abel Greetham le Mar 7 Mar 2023 - 21:20, édité 1 fois
La standing ovation de laquelle le public de Sydney gratifie les danseurs du spectacles est amplement et totalement mérité. Si le Lac des Cygnes fait toujours son petit effet tant la féerie du spectacles est magique, je dois avouer que celle qui nous a été présenté des dernières deux heures était incroyable. Tout était parfait, tout était beau, les danseurs et les danseuses étaient talentueux et respectaient à la lettre le rôle pour lequel ils ont été choisi. Un danseur en particulier m'a le plus touché. D'après le prospectus fourni à l'entrée, il s'agirait d'Abel Greetham. Vu la courte biographie annotée à côté de sa photo, je dois avouer que le palmarès du danseur est époustouflant.
Cela aurait pu s'arrêter là, à un certain fantasme naissant, si je n'avais pas décidé, au dernier moment, d'aller à la réception dont l'invitation était incluse avec le prix du billet. Arrivé sur place, j'accepte volontiers la coupe de champagne qui nous est offerte à l'entrée et m'avance dans la salle. Observant les alentours et les personnes présentes, mon regard fini par s'attarder sur un blond en particulier et je m'immobilise lorsque je croise son regard cobalt : devant moi, à quelques mètre, se trouve le danseur dont la réputation n'est plus à refaire ! Sans trop savoir pourquoi, mon cœur s'accélère subitement. D'ordinaire j'ai le contact très facile et je n'ai aucun mal à aller vers les autres, mais là j'ai l'impression d'être une adolescente qui se trouve face à son crush et qui pense qu'il est absolument au courant de tout ce qui se passe dans sa tête.
Je détourne un instant le regard, juste le temps de finir ma coupe comme si l'alcool allait me donner du courage puis, dans un soupire, je reporte mon attention sur le danseur et m'avance vers lui. « Bonsoir » l'interpellais-je poliment en lui offrant un sourire « Loin de moi l'envie de vous déranger, mais je tenais à vous féliciter sincèrement pour votre performance sur scène tout à l'heure » dis-je en hochant la tête «Vous étiez ...mais incroyable ! Même si vous n'étiez pas le danseur principal, j'ai réellement été subjugué par votre prestance et votre beauté » intérieurement, je grimace un peu après mes paroles. Ne font-ils pas un peu trop ...gay ? En sois, un homme peut trouver un autre homme beau sans qu'il y ait une quelconque marque d'homosexualité, mais est-ce que ça se dit réellement ? J'avoue que, pour le coup, je me surprends moi-même à me poser autant de questions alors que le principal est qu'Abel a fait une performance de dingue. C'est tout ce qu'il faut retenir en vrai.
Si mon envie de quitter l’opéra pour prendre un verre avec les membres de la compagnie était présente ; Être présent lors des réceptions données par l’Opéra faisait néanmoins partie de mes engagements. Si cela constituait un très bon moyen de communication pour la compagnie et l’administration de l’Opéra, elle permettait aux danseurs de pouvoir échanger avec leur public, de faire un peu plus connaissance. C’est vrai que cela m’avait permis à bien des reprises de découvrir le public français ou celui de bien d’autres pays encore. Sachant que j’étais maintenant résident chez l’Australian Ballet, je devais de saisir de l’occasion pour apprendre à connaître ce public que je ne connaissais pas si bien en réalité même si j’avais pu faire quelques escales dans mon pays d’origine au cours de ma carrière.
Pour l’instant, je n’entrevoyais aucun autre danseur à l’horizon. Mon verre a la main, je me contentais de regarder toutes ces personnes venues pour l’occasion. Si j’avais croisé quelques regards, échangé quelque sourire, l’un d’eux me sembla plus insistant que les autres. Je fixai alors cet illustre inconnu, bien décidé à ne pas le lâcher du regard, et profitant pour le détailler davantage. Il devait approcher doucement de la quarantaine, les traits de son visage étaient finement ciselés, ses cheveux blonds légèrement châtain ramené vers l’arrière lui donnaient une attitude fière et assurée. La tenue dessinait parfaitement sa silhouette élancée et qui devait être en tout point agréable à toucher. Quoi ? Oh je n’allais pas censurer mes pensées quand j’avais un tel eye contact avec un homme. Si l’un de mes amis était là sans doute m’aurait-il demandé de ne pas dévisager quelqu’un avec autant d’instance – ou d’essuyer le début de bave que je pouvais avoir au coin de la bouche. Pourtant celui-ci détourna alors son regard, quelqu’un passa entre nous, ne me permettant pas de le voir davantage. Je détournai moi aussi ma tête de la direction où il se trouvait. Peut-être serait-il rejoint par sa femme ? Pourquoi avais-je soudainement une telle pensée ? Parce que c’était quelque chose de trop commun pour que cela ne soit pas le cas ; cela ne serait pas la première fois d’ailleurs.
Cependant une voix vint attirer de nouveau mon attention. Mes yeux cobalts viennent alors fixer la direction de cette interpellation. Tiens mais qui voilà ? A cette pensée, mes lèvres s’étirent alors, lui rendant par la même occasion ce sourire qu’il m’adressait. Ecoutant ses paroles, mon sourire s’étira alors encore dans une expression rieuse alors que je bougeai légèrement la tête, détournant un instant le regard avant de le fixer de nouveau. « Je vous remercie. Cela me touche particulièrement car il s’agit quand même de ma première représentation à domicile dans une compagnie australienne qui m’a fait rêver quand j’étais encore gamin. » Ce n’était pas la première fois qu’un admirateur (?) venait me faire part de ses impressions. C’était toujours un moment délicat, autant pour lui que pour moi. Mais cela provoquait en moi un sentiment puissant et intense car j’avais accompli mon but, de savoir qu’au moins une personne avait apprécié ce que j’avais proposé ce soir. « Et comme vous pouvez le voir, vous ne me dérangez en aucun cas. » ajoutai-je en écartant légèrement les bras, montrant que je n’étais en rien déjà engagé dans une conversation. « D’ailleurs comment vous appelez-vous ? C’est le moment un peu délicat pour moi car mon interlocuteur connait déjà mon prénom. » dis-je avec humour.
Le jeune danseur accepte sans retenue le fait que je l'aborde pour le féliciter de sa performance et le sourire qu'il m'offre me réchauffe de l'intérieur tant il me semble angélique. Il a une prestance de dingue, autant sur scène qu'ici, avec un verre en main. Ses cheveux encore un peu humide, montrant qu'il a pris une douche il n'y a pas si longtemps que ça, lui donne cet air abordable et adorable. J'arque un sourcil et hoche la tête, montrant bien à quel point je suis impressionné par sa performance et par ce qu'il me décrit, alors qu'il m'explique que cette représentation est une première à domicile et surtout avec une compagnie qui le fait rêver depuis de nombreuses années déjà « Eh bien… Félicitations !» Annonçais-je presque solennellement « Vous avez dansé où avant ? Parce que ça se voit que vous avez de l'expérience et que ce n'est clairement pas la première représentation de votre vie !» expliquais-je en laissant échapper un rire amusé.
Vu comment il était sur scène et combien il semblait être à l'aise, il est évident qu'il est un professionnel depuis plusieurs années. Ou alors il a juste un putain de talent et assurance naturelle. Ou peut-être est-ce un joli mélange des deux ? Dans tous les cas, ça force le respect surtout pour quelqu'un comme moi qui apprécie sincèrement les belles choses.
« Thomas» finissais-je par me présenter lorsqu'il me le demande, m'avançant pour lui tendre la main « Vous avec d'autres représentations de prévu ? Genre… Est-ce que vous pensez venir à Brisbane un jour ? Parce que c'est là que j'habite et j'aurais vraiment envie de vous revoir sur scène » je souris et hausse les épaules « Mais si vous restez seulement à Sydney, ma foi, je trouverais bien un moyen de revenir vous voir ici, dans l'opéra » je souffle avec amusement alors que je commence déjà a réfléchir au meilleur moyen de lui demander d'accepter un verre de ma part.
J’acquiesçais d’un mouvement de tête pour accepter ces félicitations. Félicitations de la part de cet homme qui avait décidé de m’aborder de front. Cela me plaisait beaucoup, non pas que je n’étais pas touché par des messages sur mes réseaux sociaux ou bien par les lettres que je pouvais avoir – cela arrivait fréquemment. Mais le fait de le vivre de façon physique apportait une tout autre dimension, un côté plus humain, moins distant, plus chaleureux. Quelque chose qui en somme me convenait bien mieux. « En effet, ce n’était pas ma première en soi. » indiquai-je avec un léger rire. « J’étais membre du ballet de l’Opéra de Paris. » Est-ce que j’allais rajouter le fait que j’étais Etoile là-bas ? Non. J’étais connu dans le milieu, ma réputation m’avait de nombreuses fois précédées. Pourtant, le succès ou ma notoriété n’avaient jamais réussi à me monter à la tête. J’étais resté étrangement ancré au sol – paradoxalement à mon attitude sur scène où je me retrouvai plus souvent à flotter dans les airs. J’étais en revanche très fier de ma carrière, de ce que j’avais accompli, de l’endroit d’où je venais et où je m’étais hissé. Néanmoins, ce n’était pas une interview d’une part et d’autre part, j’avais mes pensées davantage tourner vers ce visage aux traits anguleux que sur ma propre histoire.
Venant glisser ma main dans la sienne pour la serrer en guises de salutations officielles, j’acquiesçai de nouveau de la tête. Cependant, je ne m’attendais pas à ce que ce beau blond m’indique qu’il ferait le voyage de Brisbane à Sydney pour revenir me voir danser si je me produisais uniquement ici. Cette surprise naissante vint s’emparer de mes traits alors que je conservais pourtant mon sourire qui se fit alors plus en coin, non pas narquois mais qui pouvait avoir des tons de sous-entendus. « Ce n’est pas prévu que je passe à Brisbane pour l’instant, la compagnie n’a pas pensé faire une tournée d’après ce que je sais. Donc pour l’instant, je serai ici à Sydney. » commençai-je alors que mes yeux venaient de plonger dans les siens, se faisant étrangement fixes, comme si le lâcher des yeux était une option. Je fis alors un pas pour m’approcher davantage, ma tête glissait à côté de la sienne pour venir proche de son oreille. « Mais en tant qu’originaire de Brisbane, je serai certainement de passage là-bas… de façon plus personnelle. Je pense pouvoir dire que sans me tromper… ce n’est pas que sur scène que vous souhaitez me revoir. » Ma voix s’était faite plus grave, tel un souffle alors que je finissais par reprendre ma place pour le regarder de nouveau, sans perdre cette expression mutine. Est-ce que j’avais bien interprété ce que j’avais cru percevoir ? Au pire, il me repoussera – plus ou moins gentiment.
J'arque un sourcil, impressionné, lorsque le danseur m'avoue avoir été de passage à l'opéra de Paris. « C'était à quel moment ? On aurait presque pu se croiser plus tôt ! » Lançais-je, sourire éternel sur les lèvres « En tant que marin, j'ai été basé pendant quelques mois à Brest en 2007, en Bretagne. Mais j'ai passé plusieurs week-end à Paris et je suis à chaque fois allé voir un spectacle à l'opéra. Il est incroyable cet endroit et dégage quelque chose de magique» expliquais-je rapidement « Et tous les spectacles étaient merveilleux »
Apprendre tout cela du jeune homme renforce davantage encore ma curiosité et mon respect à son égard et me confirme qu'il doit avoir un sacré don pour avoir réussi à monter à un tel niveau de danse. Ainsi, n'ayant clairement pas envie que ce soit le seul spectacle que je vois avec lui, je lui demande clairement si sa compagnie et lui comptent passer par Brisbane un jour. Malheureusement, la réponse est non et j'avoue que je ne peux retenir une petite grimace de déception, avant que mon visage ne s'éclaircisse à nouveau lorsqu'il m'avoue être, lui-même, originaire de Brisbane et qu'il compte bien y passer de façon personnelle.
Puis, avant même que je ne puisse dire quoi que ce soit, il s'approche de moi, réduisant à néant la distance que nous nous étions imposé et murmure à mon oreille qu'il a bien l'impression que je n'ai pas envie de le revoir seulement sur scène. Un long frisson descend le long de mon échine alors que mon cœur s'emballe et que mon souffle se coupe. Est-ce que je suis tellement peu discret quand je parle ? Où est-il juste hyper réceptif aux signaux que je peux envoyer ?
Je déglutis un peu alors qu'un léger sourire vient étirer mes lèvres « Tu as absolument raison » soufflais-je observant, du coin de l’œil, les lèvres d'Abel qui sont très proches de ma joue « On n'irait pas boire un coup autre part ?» Reprenais-je en me reculant pour faire à nouveau face au danseur « Je connais un bar un peu plus… intimiste, que ce genre de grosse réception »
Je suis surpris par cette soudaine révélation. Thomas avait été de passage à Paris et de façon récurrente en plus. Peut-être m’avait-il aperçu déjà sur la scène du Palais Garnier ou de l’Opéra Bastille ? A moins que cela soit finalement un raté à chaque instant ? Ce n’était pas impossible, je n’étais pas en tête d’affiche tout le temps surtout qu’en 2007, c’était l’année où j’allais partir pour Paris et tenter le concours des externes. Un acte manqué ? « Alors peut-être m’as-tu déjà vu danser là-bas ? J’ai été dans le corps de ballet pendant les premières années jusqu’en 2011 où j’ai été nommé Etoile par l’ancienne directrice de la danse Brigitte Lefèvre. » Je n’avais pas prévu d’en parler initialement mais pour le coup, j’avais l’étrange envie d’en savoir plus sur cet homme dont je ne connaissais tout bonnement rien mais qui d’une certaine façon me rappelait Paris soudainement.
Pourtant, j’avais l’impression qu’il ne s’intéressait pas uniquement à mes talents artistiques. En effet, ses regards, sa façon de marquer des silences ou de m’écouter, cela était comme des signes pour moi. Est-ce que je lui plaisais ? peut-être. J’avais décidé de tenter ma chance, et à sentir qu’il est soudainement silencieux face à mes mots, me fait dire que j’avais peut-être bien raison. Ce sourire mutin qui avait gagné mes lèvres s’était fait encore plus marqué quand j’entendis sa réponse. « Pourquoi pas ? » dis-je alors penchant légèrement la tête vers le bas sans le quitter du regard, donnant à mes traits une expression presque effrontée voir insolente. Après tout, s’il avait envie de jouer à cela, je n’allais pas être le dernier à dire non. Finissant d’un trait mon verre de champagne, je décidais de glisser mon bras sous le sien et l’embarquer avec moi. Posant le verre sur le plateau du serveur qui passait devant moi, je gagnais rapidement l’extérieur pour éviter qu’on soit tout bonnement arrêté et nous retrouver dehors, l’air frais venant tout bonnement emplir mes narines, me faisant pousser un soupire d’aise. « Il n’y a pas à dire, tu es l’argument parfait pour quitter cette réception. » lui dis-je en me tournant vers lui. Je n’avais pas pris mes affaires que j’avais soigneusement laissé aux vestiaires. Cependant il me manquait quelques indispensables. « Tu m’accompagnes récupérer mes affaires ? »
Savoir que j’aurais pu croiser cet homme déjà bien des années avant, ne me laisse pas indifférent et me rappelle mes week-end parisiens que j’ai vraiment adoré. Lorsqu’il m’annonce avoir été nommé Etoile de l’opéra, j’arque un sourcil appréciateur et siffle entre mes lèvres « Ah ouais ! ça ne m’étonne pas, je dois avouer, vu ton niveau » souriais-je, n’ayant jamais été avare de compliments lorsqu’il s’agit de reconnaître le talent des uns et des autres à leur juste valeur. « J’ai quitté Paris en novembre 2007 » expliquais-je « Mais je ne crois pas t’avoir vu sur scène. Je m’en serais rappelé ! » car il a un visage et une prestance qui ne s’oublie clairement pas.
Le jeune danseur fini par réduire la distance qui nous sépare et, avançant son visage vers le mien, prononce des paroles qui me font frissonner. Est-ce que cela signifie qu’il n’est pas insensible à mes signes ? En tout cas, je ne suis clairement pas insensible à son charme et décide de jouer le tout pour le tout en lui avouant que, oui, j’aimerais bien le revoir en dehors d’un spectacle avant de lui proposer de quitter cette réception. Abel ne met pas longtemps avant d’accepter, expliquant que je suis l’excuse parfaite pour partir puis me propose de l’accompagner chercher ses affaires.
« Je te suis » dis-je en hochant la tête, souriant, avant que nous ne nous mettions en route. Nous traversons la salle de réception et sortons dans le couloir qui mène vers, ce que je suppose être les loges. « ça fait longtemps que tu es de retour en Australie ?» demandais-je, curieux alors que nous nous immobilisons devant une porte. Je laisse l’étoile de la danse ouvrir cette dernière et le suis à l’intérieur.
Tandis qu’il fouille un peu la pièce pour récupérer les quelques affaires, j’entre à mon tour et referme la porte derrière moi, m’y adossant, mon regard suivant les mouvements d’Abel. Encore une fois, je me surprends à penser qu’il est fortement élégant, même en dehors de la scène me demande, l’espace d’un instant quel serait le goût de ses lèvres. Décidant toutefois d’être raisonnable et de ne pas suivre les pulsions de mon cœur, ne sachant pas forcément comme réagira le jeune homme, je me redresse simplement lorsqu’il se retourne vers moi avec son sac sur son épaule. Réaffichant mon sourire, j’ouvre la porte et fait un pas sur le côté « Après vous » dis-je, solennelle en m’inclinant légèrement en avant, désignant le couloir « Est-ce que tu connais un peu Sydney ? Ou pas du tout ? »
Un léger rire appréciateur s’échappait de mes lèvres face à ses mots. J’appréciais le compliment, c’était toujours agréable quoi qu’on en dise. Et puis le fait d’avoir été nommé Etoile m’avait permis d’énormément progresser qui plus est. D’une certaine façon, être Etoile n’était pas juste une reconnaissance par ses pairs de ses capacités mais bien une façon de signifier qu’on était prêt à accéder à des rôles bien plus demandeurs, qu’on avait les épaules de supporter cela. « Je pense que c’est pour cela. J’ai début ma carrière à l’Opéra en 2007 après avoir été reçu au concours des externes. » Ah ce concours. J’en conservai des souvenirs intacts ; pour dire, j’avais fini les deux genoux dans le plancher pour la variation libre. Mais c’était sans doute ma volonté à prendre des risques qui avait payé.
Quoi qu’il en soit mes pensées avaient rapidement divergé sur quelque chose de plus intéressant – à mon avis – que mon parcours de danseur. En effet, Thomas ne semblait pas insensible à ma personne, du moins, c’était ce que je pouvais ressentir de mon côté : sa façon de me fixer, de sourire, de rire… Alors cela pouvait être aussi le fruit de mon imagination. Combien de fois m’étais-je trompé sur les intentions d’autrui ? trop de fois pour les compter. Mais j’avais décidé de tenter ma chance, voir si mes pensées étaient en accord avec les siennes. Et manifestement, la réponse fut on peut plus claire.
Me retrouvant dans les vestiaires afin de récupérer les quelques affaires dont j’avais besoin, j’entendis la question de Thomas derrière mon dos. « Pas si longtemps pour être honnête. Trois mois tout au plus. Cela ne me semble pas grand-chose après plus de dix années passées en France. » répondis-je en continuant de rassembler mes affaires dans mon sac. Jetant de temps à autre un coup d’œil derrière mon dos, je pouvais sentir sans mal ce regard qui se faisait un peu plus insistant au fur et à mesure que le temps s’écoulait. C’était assez drôle de mon côté de savoir que j’étais la cible de ses pensées pour le coup. Oh je n’avais pas décidé de me déhancher plus que d’habitude si je puis dire. D’ailleurs je venais de me retourner vers lui et me diriger dans sa direction pour sortir de la pièce. « Monsieur veut se la jouer grand prince ? » demandai-je avec une pointe d’humour alors que je venais poser ma main sur ses cheveux pour les ébouriffer. « J’y suis passé plusieurs fois mais je dirai que je m’en remets à toi pour me faire découvrir quelque chose de sympa pour cette soirée. » répondis-je alors en me décidant à marcher vers la sortie à ses côtés.
A quelques mois près Abel et Moi aurions pu nous avoir rencontré en 2007. Le rencontrer, donc, aujourd’hui est un sacré coup du destin et je dois avouer que je remercie ce dernier d’avoir fait croiser nos routes. Car même si nous venons de nous adresser la parole, j’ai comme la sensation que cette soirée ne pourra que magnifiquement bien se finir. C’est donc, sans aucune hésitation, que je le suis vers les loges afin que nous allions récupérer ses affaires. En chemin j’apprends que ça ne fais pas longtemps qu’il est à Sydney ce qui m’arrange un petit peu car je pourrais lui faire découvrir quelques endroits fort sympathiques.
Toutefois, dans la loge, je suis brusquement pris par une envie de ne pas attendre la fin de la soirée pour découvrir ce qui se cache sous les vêtements du danseur. Mais je me ravise à temps, ne sachant pas comment il pourrait réagir et, même s’il semble pas mal réceptif à mes avances, ça ne fait même pas 20 minutes que nous discutons, lui et moi. Autant laisser durer un peu plus le plaisir !
Ainsi donc, c’est avec un sourire que je lui ouvre la porte pour indiquer la sortie tel un gentleman, rigolant doucement à son commentaire en le suivant à l’extérieur « ça tombe bien car je suis né ici donc je connais très bien les endroits qui peuvent potentiellement être intéressant » répondais-je en souriant « Mais du coup … est-ce que tu as faim ? Il y a un incroyable restaurant coréen pas loin d’ici ! » expliquais-je « Ou alors un petit bar familier à la plage qui est très fréquenter par les marins » proposais-je « Celui-ci propose aussi quelques repas, mais c’est plutôt du fast food à base de burger et frites » j’hausse les épaules en sortant de l’opéra [colo=darkblue] « Mais l’ambiance est incroyable là-bas »[/color] je pince légèrement les lèvres « On risque de croiser mes collègue par contre, mais ça ne change rien » la plupart connaissent mon orientation sexuelle et n’ont aucun problème avec celui-ci. De toute manière ils étaient quasiment tous à mon dernier mariage.
« C’est bien ma chance alors de découvrir Sydney avec quelqu’un qui a grandi ici. » indiquai-je avec un sourire marqué et un hochement de tête. Il est vrai que c’était quand même bien plus pratique quand on y pense quoi que je n’étais pas contre le fait de me perdre un peu ; enfin la je divaguais. Face à la question de Thomas, je vins à rire légèrement. « Je viens de danser un quatre actes, crois-moi j’ai plus que faim. » Il faut dire que danser environs deux heures trente, ce n’était pas rien même si j’étais habitué. Et puis la pression retombait forcément, faisant que tous les aspects besoins de vie revenaient soudainement à la conscience. Ecoutant les propositions du beau blond, je fronçais néanmoins les sourcils face à ses derniers mots. « Des collègues marins… ? Ah mais oui, tu m’as dit que tu avais été stationné pendant un temps à Brest. Donc tu es un navigateur aguerri, c’est ça ? » C’est vrai que s’il connaissait mon statut de danseur et pouvait se figurer tout ce qui était associé, je ne savais encore rien de sa vie professionnelle – ni personnelle pour le coup. « Va pour le bar à la plage, pour l’ambiance incroyable évidemment, pas que les burgers et les frites ne sont pas des choses qui me parlent. » finis-je par répondre alors que nous sortions de l’enceinte de l’opéra par l’entrée des artistes évitant ainsi la foule.
Nous retrouvons à l’air libre, je décide de sortir mon paquet de cigarettes pour en prendre une et l’allumer rapidement. Ce n’était pas la meilleure habitude à avoir, mais c’était ainsi. Le plaisir que cela me procurait était toujours là, même si cela pouvait être routinier pour beaucoup. Je tendis le paquet à Thomas pour lui en proposer une au cas tout en tenant ma cigarette entre mes dents. « Sers-toi si tu en veux une. » indiquais-je alors que je sortais mon téléphone pour checker si j’avais des messages. C’était le cas mais j’y répondrai plus tard, j’avais bien plus intéressant sous les yeux pour le coup.
« Donc c’est par où ? » demandais-je alors que je me postais devant lui, comme si je lui barrais la route avec un petit air de défiance et ce sourire en coin qui ne m’avait pas quitté depuis qu’on discutait.
Une chance de découvrir la ville avec moi ? Je ne suis pas tout à fait sûr. Mais je ferais, dans tous les cas, du mieux que je peux pour lui montrer. Tout en sortant de l’opéra, je lui dis de la façon la plus naturelle du monde que le bar que je propose est très fréquenté par mes collègues marins, information que le danseur a tôt fait de soulever. « Oui, on peut dire ça comme ça » répondais-je en rigolant doucement lorsqu’il me demande si je suis un navigateur aguerrie «Je suis amiral de la royal navy et mais je ne suis plus embarqué depuis que j’ai décidé de reprendre le chemin de l’école militaire pour monter en grade » je souris « Si tout va bien, d’ici l’année prochaine je serais contre-amiral et j’aurais encore plus de responsabilité » expliquais-je « Mais pour l’instant, à quelque années de la quarantaine je me retrouve à nouveau sur les banc de l’école et c’est pas ce qu’il y a de plus évident » haussais-je les épaules « ça fait tellement longtemps que je n’ai plus dis ça mais … je suis en vacances actuellement » je rigole à nouveau en secouant la tête, tant cette idée de ‘vacances’ me semble presque absurde.
Une fois à l’extérieur, j’avoue être pas mal surpris lorsque le jeune homme sort un paquet de cigarette et encore plus lorsqu’il m’en propose une « Non, merci, mais je ne fume pas » secouais-je la tête. C’est assez surprenant de se dire qu’un danseur de son niveau ait une telle tare, mais chacun ses défauts ! ça ne l’a pas empêcher d’être hyper performant. « par ici, suis-moi » dis-je en prenant le chemin du port.
Il nous faut une petite dizaine de minutes de marche jusqu’à ce que nous passions la porte du bar. Je laisse Abel passer devant puis lui emboîte le pas et nous dirige vers une table, saluant au passage le barman qui m’offre un large sourire « Beauregard ! Incroyable de te revoir ici !» lance-t-il alors que plusieurs pairs d’yeux se tournent vers nous « salut Bernie » répondais-je en m’avançant vers le cinquantenaire « Y a moyen que nous trouve une table » demandais-je doucement « Tu veux dire … virer quelques recrues pour te libérer deux places ?» reprend-t-il en lançant un coup d’œil vers Abel. « C’est comme si c’était fait » annonce-t-il avec un clin d’œil complice avant de sortir du bar. Tandis qu’il s’en va vers le fond du bar, je me tourne vers Abel et lui lance un regard entendu « ça a parfois ses avantages d’être haut placé en vrai » dis-je en m’adossant contre le comptoir « T’as déjà une envie de boisson ? Ils ont des bières qu’ils importent de Belgique ici, c’est vraiment à tester !»
Pour le coup, c’est à mon tour d’être impressionné et cela peut se lire sur mon visage. En effet, je ne m’attendais pas à ce que mon vis-à-vis soit un militaire de carrière – et cela depuis plusieurs années – à en juger par son grade actuel. D’ailleurs j’eus une pensée pour mon cadet Paolo qui s’était retrouvé en école militaire. Enfin, Thomas ne semblait pas s’en plaindre au contraire. Il est vrai que l’armée n’évoquait pas grand-chose pour moi. Je ne me serais jamais vu militaire pour être honnête. Alors peut-être que dans d’autres circonstances, j’aurai peut-être choisi cette voie. Après tout, on ne sait jamais ce que la vie nous réserve. En tout cas, je lâchais un sifflement d’admiration. « Et bien, monsieur n’est pas n’importe qui ! » m’exclamais-je. « Est-ce que je dois t’appeler d’une façon spécifique ? » demandais-je pour le taquiner quelque peu. « Je ne savais pas que pour monter en grade, il fallait retourner sur les bancs de l’école. Enfin, j’imagine que tu vas te retrouver rapidement sur les flots une fois tes vacances terminées. » J’avais bien noté sa réaction. Il ne semblait pas être des plus ravis d’être en arrêt forcé mais si c’était une façon pour accéder à ce qu’il désirait, c’était un mal pour un bien, j’imagine.
Tirant sur ma cigarette tout en rangeant mon paquet face à sa réponse, je le suivais alors pour marcher en direction du port. Il est vrai que cela faisait tout au plus trois mois que j’étais ici mais je n’avais jamais vraiment pris le temps de me balader. Sans doute parce que je n’avais pas trouvé la compagnie parfaite pour cela et que je passais tout mon temps au studio. Mais je devais avouer que cela faisait du bien.
Ecrasant ma cigarette dans le cendrier à l’extérieur, je passais devant Thomas qui m’avait gentiment tenu la porte. Apparemment, il était connu à en juger par la réaction du barman et des pairs d’yeux qui se tournaient vers nous. Et manifestement, cela payait bien de jouir d’une réputation ici. « Je vois ça. Monsieur Beauregard a ses entrées partout. » soulignai-je avec un sourire amusé lors que je venais prendre place à ses côtés, m’appuyant contre le bar avant de lever les yeux vers les ardoises pour voir ce que l’établissement proposé. « Et bien va pour une bière belge. Quelque chose d’assez léger pour commencer. Tu me conseilles quoi ? » demandai-je en lui laissant un regard interrogateur.
Cependant, si je me comportais assez normalement, je devais bien avouer que l’idée de me retrouver plus proche de lui me plaisait bien quand même. Je fis un pas de côté pour appuyer mon bras contre le sien. Après tout, si j’étais là, c’était bien parce qu’on se plaisait.
C'est un rire franc qui s'échappe de mes lèvres lorsque mon compagnon de soirée me demande s'il doit m’appeler d'une certaine façon « On m'appelle Amiral Beauregard sur la base et sur les bâtiments de guerre, mais toi, je t'autorise à m’appeler Tom, tout simplement » haussais-je les épaules en lui adressant un clin d’œil complice « Et si je retourne à l'école, c'est juste exceptionnellement pour passer d'Amiral à contre-amiral… Mais bref, c'est surtout de l'administratif. Et je ne pense pas être à nouveau embarqué par la suite » haussais-je les épaules « Je ne suis même pas sûr de vouloir repartir en mer en vrai » depuis mon deuxième divorce et avec la garde partager des enfants, je n'ai plus autant de liberté que je le voudrais bien. Mais je ne suis pas sûr de vouloir l'avouer tout de suite à Abel
Nous entrons finalement dans le bar où je suis rapidement reconnu, tant je suis un habitué les lieux lorsque je suis à Sydney. Après un court échange avec Bernie, le gérant, celui-ci s'en va pour nous trouver une table et je me tourne vers le danseur en haussant les épaules « Si un jour t'as envie de tester le restaurant trois-étoiles pas loin de l'opéra, mais que tu as 3 mois d'attente, tu m'envoies un message et j'arrangerais la chose pour toi ! » Annonçais-je avec humour. Mais en vrai, ma notoriété est telle qu'elle me permet ce genre de folie. « Pour les bières, je te conseille la Chimey bleue» annonçais-je avec un accent français des plus pourris
« Si messieurs veulent bien me suivre » nous interrompt Bernie en désignant le fond de la salle. Je lance un coup d’œil vers Abel qui s'est vachement approché de moi et pose une main sur son épaule. Même si c'est un simple geste pour le pousser légèrement et lui signifier de se mettre en route, je dois avouer que ce contact a quelque chose d'électrisant. Sans plus attendre, nous suivant le cinquantenaire et nous nous installant, profitant en même temps de commander les bières avant qu'il ne s'en aille.
« J'ai trois questions pour toi, Abel» reprenais-je finalement relevant mon regard sur lui « Qu'est-ce que tu écoutes comme musique ? Quel est ton film préféré ? Et est-ce que tu as des obligations ce soir ? » traduction : est-ce que tu peux rester aussi longtemps que tu veux ou est-ce que tu es attendu à la maison ?
« C’est vrai que cela te va bien Amiral Beauregard. » commentai-je alors que je caressais doucement mon menton avec le dos de mon index sans cesser de le fixer, mes yeux braqués dans les siens. Il avait un regard expressif qui ne me laissait pas indifférent, de même que sa façon de se comporter. « Cela ne te manque pas ? » Il est vrai que je me questionnais quelque part sur son choix de carrière, sur ce mode de vie que je ne connaissais pas du tout en réalité. Je me disais qu’il devait quand même naviguer sur les flots pour avoir choisi la marine. Ou peut-être cela s’était fait par un jeu de circonstances ? si mes choix de vie avaient été clairement orientées depuis un long moment, je m’étais rendu compte que ce n’était pas le cas pour tout le monde.
« Je retiens cela pour la prochaine fois. » commentai-je alors avec un léger rire et un mouvement de tête appréciateur. « Enfin dois-je comprendre que c’est une nouvelle invitation ? » demandai-je en haussant le sourcil alors que je lui adressais un nouveau regard des plus mutins. Il est vrai que cela ressemblait de près – même de très près – à un rendez-vous quand on y pense. Enfin, j’aimais bien cette tournure des choses pour être honnête. « On fait une tentative de parler français ? » Ma question était teintée d’humour. J’avais toujours trouvé cela sexy d’entendre des anglophones tenter de parler français. Une langue que je maîtrisais de ma part mon long séjour en France. Je décidais quand même de ne pas l’embêter davantage. Me redressant à la suite de l’invitation du fameux Bernie, je notais quand même que ce léger geste pour me pousser légèrement ne m’avait pas laissé indifférent et j’espérais que cela était aussi le cas de Tom qui s’était presque empressé de suivre le barman. D’ailleurs, mes yeux furent attirés par le bassin du militaire qui était en train de se mouvoir devant moi. Hé ! Que voulez-vous ? Je n'allais pas faire comme si je ne voyais pas ce qu’il y avait devant moi.
Relevant finalement mon regard vers Thomas lorsque nous fûmes arrivés, je pris place à la table de façon à être face à lui. Levant le sourcil d’un air interrogateur, ne m’attendant pas à être soudainement questionné, ou du moins à ce qu’il m’indique qu’il avait des questions pour moi, je l’écoutais avec attention avant que mes yeux se fassent plus rieurs. « Tu aurais pu commencer par la dernière, surtout que tu n’as fait aucun effort pour tenter de la dissimuler. » commentai-je avec en secouant la tête, profondément amusé de voir les efforts qu’il faisait. « Pour la première, j’écoute de tout. Je pense qu’il n’y a pas un axe défini dans ma playliste. Pour la deuxième, je ne suis pas un grand cinéphile. Mais je dirais que je préfère les comédies ou les films d’actions. Pour la troisième… » Je marquais une courte pause, posant mes avant-bras sur la table en les croisant devant moi, fixant le mobilier avant de finalement remonter doucement mes yeux vers son visage, prenant le temps de détailler – et d’imaginer ce qu’il y avait sous – sa chemise, de parcourir les lignes de sa gorge, passant sur sa mâchoire carrée, sur ses lèvres pleines avant de plonger dans son regard. Faisant claquer doucement ma langue contre mon palais, je décidais de poursuivre. « Je ne serais pas en face de toi si j’avais quelques… obligations. » indiquai-je tout en humidifiant légèrement mes lèvres. Est-ce qu’il faisait chaud soudainement ?
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