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Un pas devant l’autre. Faire un pas devant l’autre, au sens propre, comme au figuré. C’est ce que Lucas s’évertue à faire, pour remonter la pente. Il essaie de s’occuper du mieux qu’il peut, de se sevrer tout seul. Il a l’impression qu’il n’a jamais été face à une situation aussi difficile. Revoir Greta au début de l’année et essayer de recoller les morceaux avec elle lui avait remonté le moral et redonné espoir. Mais tout ceci a été d’assez courte durée, et il avait replongé quelques semaines plus tard. Alex, sa cousine, était venue lui rendre visite à l’improviste, et il lui a été difficile de lui cacher à quel point il était mal en point. Il a vu à quel point elle était inquiète et peinée de le voir ainsi s’auto-détruire. Il lui avait promis d’aller mieux. Il le faut. Il faut qu’il sorte de cette chambre noire, qu’il trouve de quoi s’occuper. Il ne peut plus être pompier, mais rien ne l’empêche de continuer à aider son entourage. C’est ce qui l’a conduit à sonner à la porte de la grande villa de Mabel, sa plus ancienne amie. Malgré son retour à Brisbane, il y a deux ans, ils n’avaient pas eu beaucoup d’occasions de se voir. En effet, la jeune femme est maman depuis maintenant un an, ce qui a considérablement chamboulé sa vie. Elle avait néanmoins su trouver le temps d’être présente au début de sa convalescence, mais la vie les a rattrapé et, en dehors de quelques messages, Lucas n’avait pas vraiment pris de ses nouvelles. Il sait qu’elle est très occupée et a parfois peine à jongler entre son boulot et son rôle de maman. Il ne lui reste plus qu’à trouver quelque chose qu’il pourrait faire pour la soulager de son quotidien et lui changer les idées. Il a d’abord pensé à venir cuisiner chez elle, mais s’est rapidement ravisé. Il sait que Mabel a eu des troubles du comportement alimentaire par le passé, et n’aimerait pas la mettre mal à l’aise. Peut-être qu’une simple balade pourrait faire l’affaire ? Après tout, lui aussi avait besoin de prendre l’air. L’été allait bientôt toucher à sa fin, pour laisser place à l’automne, alors autant profiter des dernières belles après-midi ensoleillées qui leur restaient. Lucas prend son téléphone, et pianote rapidement un texto à destination de la jolie blonde.

Lucas a écrit:

hello, comment ça va ? dis, si je passe à l’improviste pour te proposer une balade en bord de mer loin du centre-ville, sans te laisser trop le choix, tu dirais oui ?

Lucas a écrit:

j’ai besoin de dégourdir ma patte folle (et mon chien serait trop content d’aller voir la mer)

Lucas a écrit:

dis oui, stp !

Il essaie d’avoir l’air léger par message, et force un peu auprès de Mabel, qui finit par accepter sa proposition. Ni une, ni deux, il se prépare, Jazz dans son chemin, tout excité à l’idée de partir en balade. En passant par la salle de bains, ses yeux se posent sur sa boîte de médicaments. Il n’y a pas touché depuis hier. Il hésite un instant ; sa jambe ne le fait pas trop souffrir pour l’instant, il pourrait s’en passer. Mais il ne sait pas combien sa balade avec Mabel va durer. Et il sait à quel point lorsque la douleur se réveille, celle-ci peut vite devenir insupportable et handicapante. Il tergiverse encore un instant puis mets la boîte dans sa poche. Il se promet de ne s’en servir qu’en cas d’urgence. Il doit décrocher, il l’a promis à Alex. Il doit décrocher, s’il veut pouvoir retrouver une relation saine avec Greta. Il le doit. Une bonne demie heure plus tard, le voici donc devant la porte d’entrée de la belle villa de son amie. Jazz est assis à ses pieds, la queue frétillante. Il sonne et attend patiemment que la jeune maman vienne lui ouvrir, ce qu’elle fait quelques instants plus tard. Il lui adresse un grand sourire, avant de lancer : « Bonjour, c’est pour le calendrier ! ». Mabel ne sait pas encore que Lucas ne sera plus jamais pompier, et il n’a pas forcément prévu de lui en parler aujourd’hui, alors il préfère faire comme si rien n’avait changé depuis leur dernière rencontre. Cette après-midi, il va la consacrer à faire du bien autour de lui, et notamment aider son amie à faire une pause dans sa vie à cent à l’heure, loin des tracas de son quotidien. La jeune femme l’invite à entrer, ce qu’il fait, Jazz toujours en laisse, à ses pieds. « Bon, t’es prête ? Je suis sûr que ça fait des mois que t’as pas vu la mer alors que t’habites à trente minutes. », dit-il, enthousiaste. Peut-être en fait-il un peu trop, mais peu importe. Un pas devant l’autre. C’est tout ce qu’il a à faire.

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Mabel ne tarde pas à ouvrir la porte après que Lucas a sonné. Et il se trouve bien surpris lorsqu'il découvre une petite Rosalie debout, qui marche après sa mère. Il réalise un peu plus à quel point il n’a pas pris le temps de prendre des nouvelles de son amie, et son coeur se serre légèrement. « Euh… elle marche depuis combien de temps comme ça ? », demande-t-il, stupéfait. Le regard que lui lance alors Mabel lui fait comprendre que visiblement, les premiers pas de sa fille sont tout aussi attendrissants que stressants et épuisants. Il ne peut empêcher un sourire lorsque la jeune maman lui répond qu’un calendrier serait parfait dans son entrée. « Des pompiers presque à poils ? Dans ton entrée, t’es sûre ? », dit-il en riant. « Certes je n’y vais pas souvent non plus, mais moi, j’ai une excuse. », lui répond-il, lorsqu’elle lui fait remarquer qu’il ne vas certainement pas plus à la plage que lui. Il fait évidemment référence à sa jambe. Il n’a jamais remis un pied dans l’eau de la mer depuis. Bien évidemment, il saurait certainement nager à nouveau, mais il a peur de se rendre compte un peu plus qu’il ne recouvrira jamais toute sa mobilité. Il peut marcher, se tenir debout, n’a plus besoin de béquille au quotidien, ce qui est déjà une chance en soit. Mais c’est pour toutes les autres choses de la vie ; courir, nager, faire du vélo, et tant d’autres que son accident se rappelle à lui. Quand Mabel lui demande s’il va bien, il élude la question comme il peut. « Oh, pas grand chose, tu sais. J’essaie de rester en forme et de pas me rouiller. », répond-il, avec un petit sourire. Il espère qu’elle n’insistera pas, ayant décidé qu’aujourd’hui serait une journée où il ne penserait pas au bordel qu’est devenu sa vie depuis quelques mois. « On y va, alors ? », ajoute-t-il, avec entrain. Lucas se permet de faire quelques pas dans la maison pour jeter sur son épaule le sac à langer prévu pour Rosalie. « J’imagine que t’as un siège auto ? », demande-t-il à son amie. Quelques minutes plus tard, le dit siège auto était installé à l’arrière de sa voiture, Rosalie bien attachée dedans. Jazz veille sur elle depuis le siège adjacent, et les voici tous les quatre en route pour la mer, où ils arrivent trente minutes plus tard. Une fois garés, Lucas sort la poussette soigneusement rangée dans le coffre de sa voiture, et aidé par Mabel, celle-ci est dépliée en un rien de temps. Ils commencent ensuite leur balade le long du bord de mer, Jazz courant devant eux à la poursuite des mouettes qui viennent se poser. L’ancien pompier inspire profondément l’air marin, ressentant un calme qu’il n’a pas connu depuis longtemps. Bien évidemment, la présence de son amie Mabel y est certainement pour quelque chose également. Il sait qu’avec elle, il peut être réellement lui-même, puisqu’ils se connaissent depuis tout petits. « Je suis désolé… », dit-il, un peu penaud pour briser le silence qui s’était installé. « J’ai pas trop donné de nouvelles dernièrement et là, je t’envoie un message comme ça alors que t’as la petite, et tout. J’espère que j’ai pas trop dérangé tes plans de la journée. », continue-t-il, avec un sourire en coin. Il sait qu’elle lui pardonnera et que si elle a répondu à son invitation, c’est certainement parce qu’elle avait du temps. « J’hallucine d’à quel point elle a grandi… J’ai l’impression que la dernière fois que je l’ai vue, elle avait que quelques jours. », dit-il, en parlant de Rosalie. Et c’était pas très loin de la vérité. « Tu t’en sors avec elle ? Entre tous tes jobs, ta vie perso ? T’arrives à trouver du temps pour toi ? », demande-t-il à Mabel, sincèrement préoccupé pour son amie. Petit à petit, il essaie de poser les bonnes questions, sans pour autant mettre les pieds dans le plat, ne sachant pas trop ce que la jeune maman a pu traverser ces derniers mois.

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Une période compliquée. C’est bien un euphémisme pour résumer les derniers mois qu’a traversé Lucas. Il met ses mains dans ses poches, tout en avançant aux côtés de son amie qui pousse la poussette. Même si Mabel fait preuve de compréhension, il ne peut s’empêcher de s’en vouloir de ne pas avoir pris davantage de nouvelles de son amie. « J’espère bien qu’on va pouvoir rattraper tout ça. J’ai du temps, en plus. », lui répond-il, avec un sourire. La jeune maman lui fait part de sa nostalgie concernant sa fille qui grandit vite. Mais il comprend également son impatience quand elle lui dit qu’elle a hâte que Rosalie devienne plus autonome. « T'es bien sûre de ça ? », lui demande-t-il, en riant. « Je crois que t’as oublié comment on était quand on était gosse. », finit-il par dire, en faisant évidemment référence aux bêtises qu’ils faisaient tous les deux étant petits. Ils en ont fait voir de toutes les couleurs à leurs propres parents et finissaient souvent par se faire disputer ensemble. Lucas demande alors comment Mabel arrive à gérer sa nouvelle vie en tant que jeune maman célibataire - il ne doute pas qu’elle s’en sort certainement bien mieux que leurs parents, à l’époque. Il l’écoute attentivement lui raconter les difficultés auxquelles elle fait face. « Tu sais, je suis sûre que tu t’en sors très bien. Je n’ose pas imaginer comment je ferais, à ta place. », lui dit-il, sincère. « Tu sais que si t’as besoin de souffler de temps en temps, je suis dispo, hein ? Comme je te disais, j'ai du temps libre, maintenant. Et franchement, tu pourrais pas rêver mieux qu’un pompier pour garder ta gosse, non ? », lui propose-t-il, avec un sourire. Ex-pompier, serait plus exact, mais il se retient de faire la remarque. Sa proposition tenait toujours dans tous les cas. Mabel semble reconnaissante que Lucas lui ait proposé de sortir cet après-midi, et c’était bien là tout l’objectif de sa démarche. Lorsque la jeune maman lui demande si Jazz ne le fait pas trop courir, il ne peut réprimer un rire. « C’est vrai que c’est un peu mon bébé à moi, ce chien… », commence-t-il, avec un sourire. « Heureusement qu’il est là, je te jure. Ça fait deux ans que je l'ai adopté, et je crois que c’est une des meilleurs décisions que j’ai prise depuis mon retour à Brisbane. », confesse-t-il, un brin nostalgique, à son tour. Mabel le questionne ensuite sur sa rééducation. Sujet sensible pour lui, mais elle ne le sait pas. Il choisit d’être à moitié honnête avec elle. « Oh, tu sais, j’aurai certainement des séances de rééducation tout le restant de ma vie… », lui répond-il avec un triste sourire. Il espère sans le savoir qu’elle comprendra d’elle-même ce que cela signifie pour lui et pour son travail. Le dire à voix haute à Greta et Alex a déjà été si douloureux, et il n’a pas envie d’être dans le mélodrame aujourd’hui avec son amie qu'il n’a pas vu depuis un moment déjà, et qui doit avoir déjà pas mal de soucis à penser. Pour autant, il ne peut s’empêcher de culpabiliser de ne pas réussir à être totalement honnête avec elle et d'attendre de sa part qu’elle devine ce qu’il se passe dans sa vie. « Et tes parents ? Ils t’aident un peu avec la petite ? », demande-t-il, pour changer de sujet. Certainement pas le meilleur à aborder, se dit-il après réflexion. Depuis son accident, il arrivait à Lucas de penser à ses parents de plus en plus souvent. Il n'avait pas eu de leurs nouvelles depuis plusieurs années. Son frère, Joshua, tentait avec peine de recoller les morceaux de leur famille brisés par la rancoeur, dès qu’il le pouvait. Mais lui étant à Londres et Lucas étant têtu comme une mule sur le sujet, la tâche était loin d’être aisée. « Tu sais, je n’ai pas dit à mes parents pour mon accident. », finit-il par avouer à son amie, un peu honteux. Il sait que cette dernière comprend bien ce qu’il ressent, étant donné que ses propres rapports familiaux n'ont jamais été des plus simples également. « Même Josh… », commence-t-il en faisant référence à son frère, « Je ne lui ai raconté que le gros de l’histoire, mais pas les détails. Je crois qu’il ne s’imagine pas à quel point ce qui m’est arrivé est… » Grave ? Irréversible ? Il n'arrive pas à finir sa phrase, et se tait, laissant planer un silence étrange dans leur conversation. Les deux trentenaires finissent par trouver un banc sur le chemin de leur balade et décident de s’y installer quelques instants - Lucas remercie silencieusement Mabel d’avoir proposé de faire une pause, sa jambe commençant à le titiller un peu. S’il ne voulait pas faire appel à la pilule coincée au fond de sa poche, il fallait qu’il se repose et ne tire pas trop la corde. Le bruit des vagues ponctue le silence qui s’est installé entre les deux amis qui observent Jazz au loin, qui se rue toujours à la poursuite des mouettes sur la plage. « Tu penses que t’en voudrais à Rosalie ? », finit-il par demander, un peu abrupte. « Si elle te cachait un truc si important, même si vous ne vous parliez plus depuis longtemps ? Tu lui en voudrais ? », la questionne-t-il. Bien évidement, la réponse de Mabel n’influencerait certainement pas un quelconque futur choix de Lucas de renouer avec ses parents. Mais il sait que c'est l’une des seules personnes avec laquelle il peut parler de ces choses là, lui faire part de ses questionnements. Et des questions, il en avait tellement ces temps-ci, qu’il ne savait plus où donner de la tête.

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Mabel semble assez surprise lorsque Lucas lui dit qu’il aura de la rééducation à vie. Il préfère faire comme s’il n’avait rien entendu, ne voulant pas épiloguer sur le sujet. Il préfère largement s’intéresser à elle, sa fille, comment elle réussit à mener sa nouvelle vie de maman. Il espère que ses parents l’aident, même s’il sait que leurs rapports ne sont pas des plus simples. Elle lui confirme que c’est toujours plus ou moins le cas, dans sa réponse. Il ne peut que compatir et comprendre que son amie n’ait jamais confié sa fille à ses parents. « Ça me rappelle quelqu’un… », commente-t-il, lorsque Mabel fait référence au fait que ses parents mettent en compétition Rosalie avec sa cousine. Lorsqu’il habitait encore chez lui, ses propres parents les comparaient souvent, lui et son frère. Malgré tout, il lui arrive souvent de culpabiliser de ne pas avoir gardé contact avec sa famille. De ne pas les tenir au courant de ce qu’il se passe dans sa vie. Même s’ils n’approuveraient certainement pas tous ses choix, il s’imagine qu’ils doivent s’inquiéter. C’est ce que Lucas ferait s’il avait des enfants. S’inquiéter, tout le temps. Enfin, il aime se dire qu’il s’inquiéterait, qu’il ferait tout pour eux. Il ne peut s’empêcher de poser la question à Mabel - après tout, c’était elle qui avait l’expérience pour répondre à ce genre de question. Mais sa réponse le laisse un peu perplexe. Il ne sait pas trop si ses parents se sentent coupables de ce qu’il s’est passé entre eux des années auparavant. Ils n’ont jamais cherché à le recontacter. Son frère, Joshua, devait certainement lui donner de ses nouvelles à l’époque. Mais petit à petit, le sujet est devenu de plus en plus tabou, entre eux deux. Lucas secoue la tête, comme pour chasser ses pensées. Si elle n’a pas tout à fait répondu à sa question, Mabel lui donne au moins un peu de baume au coeur et d’espoir. Même si leurs parents n’ont pas été tendres avec eux, même s’ils ont fait des erreurs, ils ne sont pas condamnés à les reproduire. Il regarde son ami, une lueur de fierté dans son regard. « T’es une mère super, tu sais ? N’en doute jamais. », finit-il par lui dire. « Rosalie a de la chance de t’avoir. », reprend-il doucement, en détournant son regard vers la petite fille confortablement installée dans sa poussette. « Et oui ! T’as de la chance d’avoir une super maman ! », dit-il, d’une voix un peu aigüe - et un peu idiote - à l’attention de Rosalie. Elle le regarde d’un air un peu perplexe. Il ne sait pas trop s’il lui fait peur ou si elle le toise simplement du regard. « Est-ce qu’on irait pas prendre une petite glace pour se féliciter d’être des gens super, élevés par des parents pas super super ? », demande-t-il à Mabel, le sourire aux lèvres. « Allez, dis oui, steuplé. C’est moi qui invite ! », la supplie-t-il, pour finir de la convaincre.

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Lucas écoute Mabel émettre des doutes sur sa maternité. Il ne préfère rien dire, se trouvant bien mal placé pour lui donner n’importe quel conseil sur le sujet. À la place, il lui propose d’aller manger une glace., ce qu’elle accepte avec un sourire. Ainsi, ils se remettent en marche, Jazz ouvrant la voie. Mabel pousse Rosalie dans sa poussette, et Lucas marche tranquillement à côté d’elle, les mains dans ses poches. Le bout de ses doigts bute sur la boîte de médicaments qu’il avait emportée en cas de besoin. Il l’avait oubliée, ce qui est une bonne chose. Il croise alors les doigts, espérant que cela dure un peu plus longtemps. Le glacier n'est pas loin, ils y arrivent rapidement. L’humeur de Lucas pourrait difficilement être meilleure, vu les circonstances. Il choisit une table un peu à l'écart, et Jazz vient immédiatement s’allonger entre ses jambes. Une jeune serveuse leur apporte deux cartes afin qu’ils choisissent ce qu’ils allaient déguster. Curieux, il se demande bien ce que son amie va choisir. Il l’observe tenir sa carte ouverte et réfléchir. Lucas repense à leur conversation sur le banc, et se retrouve perdu dans ses souvenirs, notamment ceux de son enfance dans lesquels Mabel et lui faisaient les quatre cent coups. Il se trouve alors nostalgique d’une certaine façon, mais se trouve aussi soulagé de savoir qu’ils ont réussi à rester amis, après tant d’années. La jeune maman referme la carte, et surprend Lucas qui l’observe depuis quelques secondes maintenant. « Euh, t’as choisi ? », demande-t-il avec un sourire gêné. « Attends, ne dis rien. Je vais essayer de deviner. », finit-il par dire avant qu’elle ne donne sa réponse. Lui-même n’a pas vraiment réfléchi à ce qu’il va commander, alors feuilleter la carte en essayant de deviner ce qu’avait choisi son amie lui permettrait certainement de faire son choix. « Alors… », réfléchit-il à voix haute. « La glace au yaourt, c’est ma préférée. Mais je ne crois pas que tu choisirais ça, c’est bien trop neutre en goût. », commence-t-il. Ses yeux tombent sur les parfums les plus répandus : vanille, chocolat, café. Bien trop classique. Mais Mabel adore le café… « Ça serait bien trop prévisible si tu prenais café… », marmonne-t-il, concentré. « Un sorbet, peut-être ? Orange est à proscrire, bien sûr. », dit-il, ayant en tête un souvenir de leur enfance où Mabel avait confondu son verre avec celui d’un autre enfant qui contenait du jus d’orange. Mais un sorbet semble être un bon choix pour son amie, il en est presque certain. Après quelques instants supplémentaires de réflexion, il finit par donner son verdict : « Un sorbet au melon ? C’est assez original, sans en faire trop. » Il la regarde un instant, amusé. « Si je me trompe, je t’invite. », propose-t-il. La serveuse arrive à pique pour prendre leurs commandes. « Vous avez choisi ? », demande-t-elle. « Un thé glacé et une boule de glace au yaourt, pour moi. », répond-t-il, en tendant à la serveuse la carte qu’il avait dans les mains. « Et pour mon amie... », commence-t-il, attendant que Mabel finisse sa phrase. Il était pressé de savoir s’il avait vu juste, confirmant ainsi que les quelques mois sans se voir n'avaient pas trop altéré leur amitié.

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Lucas savoure sa glace au yaourt, appréciant sa fraîcheur et sa douceur qui lui rappelait les journées de fin d’été lorsqu’ils étaient enfants. Être ici, assis à cette table ensoleillée avec Mabel et Rosie, lui faisait revivre des souvenirs de leur enfance. Il observe la jeune maman tandis qu'elle prépare un bavoir improvisé pour Rosie avec des serviettes en papier. Il admirait sa dévotion envers sa fille, tout en se rappelant combien les parents de Mabel n’avaient pas toujours été tendres à son égard, même lorsqu'ils étaient enfants. Elle est une amie précieuse, et il est reconnaissant de partager ce moment avec elle et Rosie. Lucas tourne son regard vers Rosie, qui s'amusait avec les gâteaux secs. Ses petites mains maladroites saisissent les biscuits avec enthousiasme, créant un spectacle adorable. Il ne pouvait s'empêcher de sourire devant sa curiosité et son énergie débordante. « Je suis ravi de t'avoir amenée à la plage, Mabel. », répond Lucas, ses yeux plongés dans les siens. « Je suis sûr que Rosie adorera y retourner aussi. » Il se remémore les aventures qu'ils avaient vécues plus jeunes, les rires partagés, les secrets confiés et les moments de complicité. Ils ont été séparés pendant un certain temps, mais retrouver cette connexion avec elle lui rappelle que certaines amitiés sont destinées à durer. Lucas sourit, laissant les souvenirs réchauffer son cœur. Il prend doucement la main de Mabel dans la sienne, un geste qui symbolisait leur amitié solide et le lien qui les unissait depuis si longtemps. Il était reconnaissant d'avoir une amie comme Mabel à ses côtés, prête à partager les hauts et les bas de la vie. Lucas lève sa glace au yaourt en toast, souriant à la jeune femme. « À notre amitié, à Rosie et à tous les souvenirs que vous allez créer ensemble. » dit-il, rempli d'optimisme pour l'avenir. De l’optimisme : c’est ce dont il avait réellement besoin en ce moment. Après avoir savouré leurs desserts et échangé des rires et des histoires d'enfance, Lucas et Mabel décident de profiter encore un peu de l'atmosphère de la plage avant de rentrer. Ils reprennent la petite promenade le long du rivage, Rosie dans sa poussette, et Jazz marchant au pied à côté d’eux. Pendant leur promenade, ils croisent un groupe de musiciens de rue qui jouent une mélodie entraînante. Lucas et Mabel s’arrête un instant pour les observer. Puis, le trentenaire tend sa main vers son amie, un sourire aux lèvres. « M’accorderiez-vous cette danse, très chère ? »

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Lucas regarde Mabel avec un sourire tendre alors qu'ils dansent sur la promenade du bord de mer. Les lumières scintillantes de la ville se reflètent dans ses yeux, et il est évident qu'elle était heureuse en ce moment. L’idée qu’il n’y soit pas pour rien lui met du baume au coeur. Il se sent utile, sentiment qu’il n’a pas ressenti depuis un moment. Il est heureux pour elle et admiratif de la femme qu'elle était devenue. « Tu sais, Mabel, moi non plus je n'aurais jamais imaginé la vie que j'ai maintenant. », commence-t-il. Cette phrase a un goût un peu amer dans sa bouche. Il a envie de lui parler de l’arrêt de sa carrière, de ses problèmes d’addiction. Mais la quiétude du moment qu’ils partagent l’en empêche et Lucas décide de remettre cela à plus tard. À la place, il préfère se souvenir des moments complices qu'ils ont partagés dans leur jeunesse, des fous rires et des confidences. Ils étaient devenus un peu comme frère et sœur, et il avait toujours apprécié leur amitié. Puis, la vie les avait éloignés, chacun prenant des chemins différents, mais leur lien n'avait jamais disparu complètement. « Ton amitié m'a manqué aussi. » avoue-t-il sincèrement. « Mais tu sais, peu importe le temps qui passe, nous sommes toujours là l'un pour l'autre, n'est-ce pas ? » Même si la vie adulte a apporté son lot de défis et de responsabilités, Lucas a toujours gardé une place spéciale dans son cœur pour Mabel. Alors qu'ils continuent à danser, Lucas sent la brise marine caresser son visage. Il était heureux de partager ce moment avec Mabel, de voir à quel point elle est épanouie avec sa fille, même si elle est sans doute parfois être dépassée par les responsabilités. « Et ne t'inquiète pas pour les souvenirs avec Rosie. » dit-il avec un sourire, faisant référence à la remarque faite par Mabel plus tôt. « Je serai là pour lui faire découvrir tout un tas de choses cools, et je serai son oncle préféré, tu peux me croire. » Il lui offre un sourire malicieux avant de se rapprocher de la poussette pour jeter un coup d'œil à la petite endormie. Bien qu’il a rarement tissé de liens avec les enfants, Il se voyait déjà en train de l'emmener à des aventures incroyables, comme ils l'avaient fait autrefois avec Mabel. « Je crois qu'elle est en train de rêver de la plage et de tous les bons moments que vous avez passés aujourd’hui. » dit Lucas doucement, revenant vers Mabel. « Et ne t'inquiète pas pour la sieste tardive, on gérera le coucher du soir ensemble, si tu veux. » Lucas sait que l'équilibre entre le rôle de parent et celui d'ami n'est pas toujours facile, mais il est déterminé à être présent pour Mabel et Rosie chaque fois qu'elles en auraient besoin. Alors qu'ils continuent à profiter de leur soirée, la musique enivrante les enveloppant, Lucas réalise à quel point il est heureux d'être là, avec Mabel et Rosie, à créer de nouveaux souvenirs ensemble. Peu importe le temps qui avait passé, leur amitié reste forte, et il compte bien en profiter pleinement.


Quelques heures plus tard, Mabel et Lucas sont de retour chez elle. Il attend patiemment dans le salon que son amie couche sa fille, Jazz ronflant doucement dans un coin, lui aussi épuisé par cette journée. Au bout de quelques minutes, la jeune femme réapparaît. « Ça été ? », demande-t-il avec un sourire.

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Lucas écoute attentivement les paroles de Mabel, les sentiments ambivalents qu'elle exprimait à propos de son retour et de leur amitié. Il se sent touché par sa sincérité et ses excuses implicites pour l'avoir laissé derrière elle en partant pour Londres. Bien sûr, il avait compris sa décision à l’époque, étant lui-même parti du cocon familial, mais cela ne signifiait pas qu'il n'avait pas ressenti sa absence. « Je comprends, Mabel. » dit-il, son expression s'adoucissant. « La vie peut devenir étouffante ici. Je suis content que tu aies pu t'évader et trouver ce que tu cherchais à Londres. Et ne t'excuse pas pour ça. Parfois, il faut prendre du recul pour mieux avancer. »
Il se rend compte qu'elle a raison à propos de leur complicité. Malgré le temps passé, ils semblent néanmoins pouvoir retrouver leur amitié là où ils l'avaient laissée. Cela lui fait chaud au cœur, car il a souvent craint que les choses aient changé de façon irrémédiable entre eux.
« Oui, je pense que nous retrouverons notre complicité rapidement. » acquiesce-t-il avec un sourire. « Et je suis ravi de revoir Rosie, vraiment. J'ai hâte de lui faire découvrir toutes sortes de choses. »
La mention de Rosie le ramène à la réalité de la situation. Il comprend les inquiétudes de Mabel en tant que mère. Son bonheur et sa sécurité lui sont plus que tout importants, et elle n’a sans doute pas envie de reproduire les erreurs qu’ont fait ses propres parents. « Je serai toujours là pour aider avec Rosie. » dit-il avec un petit rire. « On lui fera vivre des aventures mémorables, ne t'en fais pas. Je ne serai en revanche peut-être pas du meilleur conseil pour ce qui est de la parentalité, mais je te promets d’être une oreille attentive et un épaule sur laquelle t’appuyer si besoin. »
Une fois rentrés chez Mabel, celle-ci couche rapidement sa fille, qui s’endorme rapidement. « Tu m’étonnes, elle s’est bien dépensée, mine de rien. », dit-il avec un sourire. Il ne sait pas trop s’il doit partir tout de suite, ou si la jeune maman souhaite encore rester un peu en sa compagnie. La présence de Rosalie toute l’après-midi était vraiment chouette, mais il est vrai qu’elle n’était pas forcément propice à ce que Lucas et Mabel discutent de choses plus importantes. Lorsqu’elle mentionne la possibilité de commander à manger, Lucas se détend un peu, même si sa jambe commence à le faire grimacer légèrement. Il a passé une journée agréable, mais il n’avait pas marché si longtemps sans se reposer depuis un moment, et surtout, sans médicament. Il se souvient qu’une pilule est encore logée au fond de la poche de son pantalon. Mais il se résout à la laisser pour l’instant. Il aimerait bien avoir les idées claires, si lui et Mabel étaient amenés à se confier l’un à l’autre.
« Oh, je suis tellement chaud pour une pizza. »  répondit-il, enthousiaste. « Un truc végé, si ça te va. Je suis même prêt à accepter de l’ananas dessus, si c’est ton truc. », dit-il, avec un sourire espiègle. Mabel commande ensuite de quoi ravir leurs estomacs, tandis que Lucas attend patiemment. Son cerveau commence à lui faire comprendre que ses médicaments lui manque, mais il résiste. À la place, il se dit que fumer une cigarette lui ferait passer l'envie, surtout qu'il n'avait pas fumé depuis plusieurs heures. Il n'avait pas osé le faire devant la petite Rosie, mais maintenant qu'elle dormait, il se sentait plus à l'aise. Il sort son paquet de sa poche, le secouant légèrement. « Y a un endroit où je peux fumer ? », demande-t-il à son amie, doucement. « On peut s’en griller une en attendant les pizzas. Je t’en fille une, si tu veux. Promis, je dirai rien à ta fille. », lui propose-t-il, avec un petit clin d'oeil.