Je vins à lever ma main pour la poser sur le sommet de mon crâne, le grattant légèrement alors que je soupirais de nouveau. « Façon tant que nous en savons rien, ne tirons pas de conclusions hâtives. » finis-je par dire face à cet aveu de cécité passagère. Oui, autant ne pas jouer les médecins Abel alors que tu n’y connais absolument rien. Je n’avais même pas envie d’ouvrir une page Internet et pour chercher quoi que ce soit. C’était la meilleure façon de paniquer et il était hors de question que je panique devant Ollie. Alors même si je rongeais mon frein dans cette affaire, je préférai orienter la conversation vers quelque chose d’autre : la fameuse Nephthys. Hé j’avais dit quelque chose d’autre pas de moins problématique. Je voyais bien que mon cadet était bien embêté avec tout cela – ou perdu plutôt. Alors autant régler problème après problème ; même si le plus urgent était son hospitalisation, tant que nous n’aurions pas de diagnostic autant passer au suivant à savoir son père biologique et la vie qu’il avait mené.
Soutenant mon cadet de mes yeux cobalts face à ce regard interrogateur qu’il me lançait, je hochais de la tête pour lui signifier que j’étais très sérieux dans mes propos. « Bien sûr. Ollie, on ne va pas se leurrer, tu as envie de connaître quand même cette part de ton histoire. Ce n’est pas en retournant cela dans tous les sens sans avoir quelque chose de concret à te mettre sous la dent que tu y verras plus clair – pardonne-moi l’allusion. » Je finissais sur une note d’humour. Ce n’était pas fait exprès, encore moins voulu, c’était sorti tout seul pour le coup.
Croisant mes bras contre ma poitrine, je lui accordai un petit sourire mutin. « Je pense que tu me connais assez pour savoir que j’aurai déjà mon téléphone dans les mains pour tenter de la joindre. Et puis tu as quoi à y perdre ? Personnellement, je lui demanderai de venir afin de discuter un peu. » Je connaissais suffisamment mon cadet pour savoir ce qui pouvait se dessiner dans sa tête, le cheminement de pensées qu’il pouvait avoir. Nous n’étions pas si différents sur certains aspects de nos personnalités – au contraire. Mais le fait qu’il me demande mon avis sur la question me ramenait à cette place de grand frère que j’appréciais tant ; et de toute façon, je m’étais toujours assuré d’être honnête avec lui.
Il a raison Abel, sur toute la ligne. Autant sur le fait qu'on ne doive pas tirer de conclusions hâtives sur ma situation actuelle mais aussi sur le fait que contacter Nephtys n'est pas une mauvaise idée. Lorsqu'il me répond avec sincérité et sans aucune hésitation qu'à ma place, il le ferait, je hoche doucement la tête et pince les lèvres en une grimace de réflexion. C'est qu'il me connaît vraiment bien quand il dit que j'ai vraiment envie de connaître cette partie de mon histoire. Qu'elle soit horrible ou non, elle fait partie de moi et ça ne peux pas le changer. « Tu as raison » dis-je doucement « Je n'y avais jamais vraiment pensé mais je crois que j'ai vraiment besoin de connaître le point de vue de Nephtys » je lance un coup d'oeil vers mon grand frère « Elle ne peut pas être pire que toi, hein » ajoutais-je, demi sourire moqueur et ironique sur le visage.
Je ne le pense pas sérieusement. En vrai, je ne sais pas comment j'ai réussi à passer plus de six ans sans parler avec mon frère tant il est compréhensif et que sa présence a quelque chose de magique et rassurant. Il me le prouve encore aujourd'hui à quel point il tient à moi et combien ces six années de silence n'ont en rien entaché cette relation qui a longtemps été fusionnelle. J'ai toujours gardé contact avec Paolo et Liam avec qui je me suis toujours bien entendu, mais ce n'était clairement pas la même chose. Car au final, j'ai beaucoup plus de points communs avec le plus grand que les plus jeunes.
« merci en tout cas » reprenais-je finalement, m'humectant les lèvres «d'être venu et d'être là » je sais maintenant que, tant qu'Abel sera à mes côtés, je garderais et trouverais la force et l'énergie nécessaire pour affronter ce qui m'attend. Même si je sais que ce ne sera pas facile pour aucun de nous, je sais que ce n'est pas mon frère qui va abandonner face à la difficulté de la chose. Pour Madison je ne sais pas, mais Abel, lui, il sera toujours à mes côtés. C'est la dernière chose à laquelle je pense lorsque je sombre dans un sommeil qui sera plus reposant que ceux des dernières nuits.
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