I'll broke you

   @Sergio Gutiérrez  ft. Marley Lynch

La période des vendanges avait commencé depuis quelques semaines déjà mais certains coteaux n'avaient pas encore été récoltés. Marley avait toujours apprécié la couleur des vignes à cette période de l'année : Là où les feuilles vertes laissaient apercevoir les grappes de raisins blanches et rouges. L'odeur qui s'élevait des fruits pas encore récoltés mais prêts à l'être l'enveloppait avec allégresse. C'était donc sur les chemins de terre qui séparaient les différents hectares de vignes que la maquilleuse avait décidé de courir. Depuis qu'elle s'était faite agresser, il y avait de cela un peu plus d'un mois, la jeune femme se forçait à entretenir sa condition physique. Elle avait demandé de l'aide à Jackson qui – sans grande surprise – avait accepté de lui apprendre quelques techniques de self-defense. Dans un premier temps, elle avait cru naïvement qu'en un ou deux entraînements elle aurait acquis assez de savoirs pour pouvoir se défendre mais cela n'avait pas été le cas. Les entraînements s'étaient enchaînés et la brune s'était montrée appliquée et impliquée. Très vite elle s'était aperçue qu'elle n'avait pas assez de cardio, que sa condition physique ne lui permettait pas de tenir la cadence. Alors elle avait choisi de courir. Jamais par le passé elle ne s'était imaginée faire cela. Elle détestait le sport, ne comprenait pas le but de se faire du mal ainsi. Jackson avait par le passé tenté de la convaincre des bienfaits de la course mais elle n'avait jamais écouté. Aujourd'hui, tout était différent. Ainsi, tous les deux jours, la demoiselle allait faire son footing. Elle devait admettre qu'elle y prenait de plus en plus de plaisir.

Cela faisait donc un peu plus de quarante minutes qu'elle courait au milieu des vignes, appréciant l'air frais qui venait balayer son visage. Ses écouteurs enfoncés dans les oreilles, la métisse profitait de la vue ainsi que des musiques qui la motivaient. Il n'y avait personne à l'horizon et cette solitude qui l'effrayait tant quelques semaines plus tôt l'apaisait désormais. Le soleil commençait un peu à baisser à l'horizon et la brune se fit la réflexion qu'elle était sortie trop tard. Elle aurait dû aller courir plus tôt mais le travail qu'elle avait eu à faire en début d'après-midi avait duré plus longtemps que prévu. Tant pis, elle courrait moins aujourd'hui. Alors qu'elle était dans un bon rythme, elle eut l'impression de voir une ombre au loin. Elle fronça les sourcils et s'arrêta. Un soupir de soulagement la gagna lorsqu'elle se rendit compte qu'il ne s'agissait que d'un kangourou. Un sourire attendri glissa sur son visage lorsqu'elle vit que l'animal s'éloignait et prenait un autre chemin que le sien. Après avoir remis convenablement ses écouteurs, elle reprit sa course, se disant qu'elle allait retourner en ville et rentrer chez elle. Elle n'avait pas d'entraînement prévu avec Jackson ce soir-là, mais dormir tôt lui ferait le plus grand bien. C'était donc à petites foulées qu'elle continua sa route, satisfaite du chemin qu'elle avait parcouru depuis cette fameuse nuit où on avait failli la violer. Finalement, elle avait réussi à se relever, et si tout n'était pas encore réglé, la jeune femme semblait en bonne voie pour guérir.  

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   @Sergio Gutiérrez  ft. Marley Lynch

Ses jambes étaient moins lourdes qu'à l'accoutumée. Marley courait avec plus d'aisance désormais. Son corps semblait s'être peu à peu habitué à l'effort physique et souffrait moins qu'avant. Evidemment si elle oubliait malencontreusement la séance d'étirements, le lendemain elle s'en mordait les doigts à cause des courbatures qu'elle ressentait, mais lorsqu'elle faisait les choses correctement, qu'elle suivait le protocole dicté par Jackson, tout se passait plutôt bien. Elle jeta un coup d'oeil à sa montre se disant qu'il était temps pour elle de rentrer. Sa course était plutôt soutenue et elle sentait déjà les bienfaits de l'air pur dans ses poumons. Alors venait de bifurquer dans un autre chemin entouré de vignes mais aussi d'arbres lorsqu'elle crut entendre un bruit. Elle fronça les sourcils et finit par se raisonner : Elle ne devait pas tomber dans la paranoïa. Elle était seule, et les bruits qu'elle entendait n'étaient autres que la nature qui vivait tout autour d'elle. Elle continua ses petites foulées quand soudain elle sentit un main se poser sur son épaule.

Son sang ne fit qu'un tour tandis que sa pression cardiaque augmenta drastiquement. Les flashs de son agression la frappèrent de plein fouet tandis qu'elle se retournait vivement. Devant elle se dressait un homme qui devait avoir au moins deux têtes de plus qu'elle. Sans réfléchir, les gestes montrés par Jackson lui revinrent en tête comme une évidence. Au lieu de se reculer, elle se décala légèrement et de toutes ses forces donna un coup de genou dans les parties génitales de l'inconnu. Lorsqu'il se plia de douleur, elle se souvint des points stratégiques que Jackson lui avait montré : Les genoux, les couilles, les yeux, la gorge. Si planter ses doigts dans les yeux de cet homme la rebutait, elle n'eut aucun remord à lui donner un violent coup au niveau de la gorge. Sans doute que cela fut trop pour l'agresseur puisqu'il s'effondra sur le sol. Marley savait que c'était le moment pour elle de prendre ses jambes à son cou mais elle ne bougea pas. Une rage incommensurable grondait en elle. Elle avait besoin de prendre le dessus sur cette situation. Il n'était pas question qu'elle se fasse une nouvelle fois agresser sans pouvoir riposter. Les dommages psychologiques étaient bien trop importants. Si elle le laissait là et prenait la fuite, elle risquait de se retrouver à nouveau dans une spirale infernale de stress et d'angoisse. Sans hésiter plus longtemps, elle arracha ses écouteurs de ses oreilles et cracha au visage de l'homme : « Je ne suis pas une pauvre fille sans défense ! » Ses propos semblaient incohérents et sortis de tout contexte logique. C'était plus pour elle-même qu'elle se mettait à hurler de telles choses. Finalement, elle souleva son pied et celui-ci s'écrasa sur le nez de l'homme. Le « crac » qu'elle entendit lui procura un bien fou tandis qu'elle vit le sang commencer à s'écouler du nez de l'inconnu. Un sourire satisfait, presque victorieux glissa sur son visage tandis qu'elle le voyait se tordre de douleur.

Elle s'accroupit à ses côtés et ses yeux plantés dans les siens murmura sournoisement : « Plus jamais tu ne toucheras une femme qui n'a rien demandé. » Elle observa les traits de son visage se décomposer, sortit son téléphone et photographia le visage ensanglanté de son agresseur. « C'est fini tes petites agressions. Je vais direct aller voir la police. » Elle finit par se redresser, le laissant en plan au milieu du chemin. Elle rangea son téléphone dans sa poche et après un dernier regard pour celui qui venait d'être puni se retourna dans l'optique de déguerpir au plus vite. Si elle avait réussi à le mettre à terre, il ne fallait pas qu'elle prenne trop la confiance. Après tout, peut-être serait-il capable de se relever pour retenter à nouveau sa chance.  

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Entendre l'inconnu crier de douleur et le voir se recroqueviller sur lui-même procuraient un bien fou à la métisse. Jamais elle n'avait pensé qu'elle pourrait faire du mal physiquement à quelqu'un pourtant force était de constaté que c'était le cas. Marley observait avec dégoût l'agresseur qui peinait à se redresser. Son visage était couvert de sang et le liquide rouge n'avait de cesse de s'évacuer de son nez qui était désormais bien tordu. La métisse sentait une force incroyable grandir en elle. La satisfaction d'être parvenue à se défendre seule, d'avoir pris son destin et littéralement sa vie entre ses mains lui conférait une douce sensation de victoire. Les entraînements avec Jackson n'avaient pas été vains. L'agent serait sans doute fier d'elle, fier de ce qu'elle avait accompli et rassuré de voir qu'elle était désormais capable de se défendre seule. Alors que l'individu tentait de se redresser, Marley recula d'un pas, préférant se méfier et ne pas lui tourner le dos définitivement. Qu'il ne s'avise pas de vouloir se relever ou elle l'achèverait. Il marmonna des mots dans une autre langue qu'elle ne comprit pas, puis elle le vit chercher quelque chose à côté de lui. Elle fronça les sourcils lorsqu'il saisit un objet, et l'espace d'une seconde, crut qu'il allait tenter de l'assommer avec une pierre. « Vous aviez perdu… vos putains… de clés… ».

La connexion ne se fit pas immédiatement. Le bruit sourd du trousseau qui tomba à ses pieds ainsi que les mots du garçon ne parvenaient pas à atteindre Marley qui regardait sans comprendre ce qui se trouvait à ses pieds. Soudainement, une lumière s'alluma dans son esprit quand elle parvint à assimiler les informations données. Elle écarquilla les yeux et faillit défaillir. Instinctivement elle commença à taper sur ses poches à la recherche de ses clés, priant pour qu'il mente et qu'il ne s'agisse que d'un stratagème pervers pour pouvoir l'agresser. Sa recherche fut longue, et comme elle le craignait, infructueuse. La salive avait quitté sa cavité buccale tandis que sa tête commençait à tourner. Il n'y avait plus aucune fierté ni satisfaction dans son regard, seulement de la peur et une angoisse soudaine. Qu'avait-elle fait ? « Avec plaisir pour la police. Mon avocat… se chargera du reste… Sale tarée… ». La brune retrouva ses esprits, l'usage de son corps ainsi que celui de la parole. « Putain... » souffla-t-elle, prenant conscience du massacre et de la grossière erreur qu'elle venait de commettre. Elle glissa frénétiquement une main dans l'une de ses poches et en sortit un paquet de mouchoirs. Deux. Il lui restait seulement deux morceaux de papier. Tremblante elle les sortit du paquet et se fit la réflexion que cela ne serait pas suffisant pour arrêter l'hémorragie. Tant pis, c'était déjà un début. Elle se mit accroupie à ses côtés et tenta d'approcher son visage avec l'une de ses mains. Comme c'était prévisible, l'homme eut un mouvement de recul. « Je... Laissez-moi vous aider. » En entendant ses propres mots, la maquilleuse ferma les yeux. Comme s'il allait accepter qu'elle le touche. Elle se mit alors à balbutier : « Je suis désolée... Je croyais... Je pensais... J'avais l'impression que... » Incapable de terminer la moindre phrase, Lynch perdait littéralement ses moyens. Sa paranoïa et sa peur profonde de se faire agresser une seconde fois avaient pris le dessus. Elle tendit maladroitement les mouchoirs à l'homme et sortit son téléphone afin d'appeler des secours. Lorsqu'elle regarda l'écran, elle se figea. « Y a pas de réseau » se lamenta-t-elle. Son regard paniqué croisa celui de l'inconnu tandis qu'elle mimait une pression sur son propre nez : « Il faut que vous appuyiez dessus sinon ça va continuer à couler. » Vu l'état du nez de l'homme, il y avait peu de chance que cela fonctionne. Marley n'osait imaginer la douleur qu'il ressentait à cet instant présent. La fierté qui l'habitait quelques minutes plus tôt venait de laisser place à la culpabilité. Sans surprise, ce n'était définitivement pas le sentiment qu'elle préférait.   

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Il n'eut pas besoin de lui demander deux fois de garder ses distances. A quelques mètres du blessé, Marley se triturait les mains tout en cherchant comment elle pouvait arranger cette situation catastrophique. Le sifflement du nez du jeune homme lui indiquait qu'elle l'avait définitivement cassé. Sa cloison nasale devait être décalée et elle n'osait même pas imaginer la douleur qu'il devait ressentir. Des sueurs froides lui coulaient désormais le long de la colonne vertébrale tandis qu'elle l'observait se tordre de douleur. Elle se maudissait d'avoir été aussi efficace pour se défendre. N'aurait-elle pas pu prendre le temps d'analyser la situation ? Au moins l'espace de quelques secondes ? Jackson lui avait dit qu'elle ne devait pas hésiter, qu'elle devait foncer et ne pas retenir ses coups. Oh pour l'avoir écouté, elle l'avait écouté ! Jamais elle n'avait été aussi douée pour respecter des consignes. « Je sais parfaitement à quoi vous pensiez. » admit-il tout en prenant les mouchoirs. La brune pensa naïvement que cela allait le détendre quelque peu et qu'il allait se montrer un peu plus compréhensif vis-à-vis de la situation mais force était de constater que cela n'était pas le cas. Il continuait à ruminer et à s'énerver. Elle était à deux doigts de lui dire que cela ne servait à rien. Après tout, ce qui était fait, était fait. Il était impossible de revenir en arrière et agir ainsi ne l'aidait pas. Il fallait qu'il prenne sur lui sinon la situation risquait d'empirer. Elle tint néanmoins sa langue, lui laissant le temps de se calmer et de peut-être retrouver ses esprits.

Elle soupira d'agacement lorsqu'il ordonna : « Rangez-moi ce téléphone. ». Elle savait qu'elle était en tort dans cette histoire mais elle commençait à être sérieusement fatiguée et contrariée par son comportement. Elle avait fait une connerie mais elle essayait tout de même de la réparer. Elle aurait très bien pu prendre ses jambes à son cou et se barrer de là mais au contraire elle avait choisi de rester à ses côtés pour l'aider autant qu'elle le pouvait. Elle mit le portable dans sa poche et croisa les bras, gardant le silence et attendant de voir la suite des événements. Constatant que le sang coulait toujours, elle se permit un petit conseil qui – comme elle s'en était doutée – ne plut pas au garçon qui répondit sèchement : « Comment vous le savez ? Vous n’en êtes pas à votre coup d’essai pour les agressions et les nez cassés ? » Elle leva les yeux au ciel et entre ses dents serrés lâcha : « Ca s'appelle du bon sens. ». Elle fronça le nez lorsqu'elle le vit cracher du sang mais ne fit pas d'autres commentaires. Rien qu'en l'observant elle avait l'impression d'avoir un goût métallique dans la bouche. Avec difficulté il se releva et par pur réflexe Marley tendit les bras, prête à le réceptionner s'il tombait ou titubait. Contre toute attente il parvint à garder l'équilibre et lorsqu'il lui indiqua qu'il aurait besoin d'un sac de glace, Marley ouvrit la bouche mais se ravisa à la dernière minute. Faire une plaisanterie à ce moment-là n'était sans doute pas la chose appropriée à faire. « Quand on est parano à ce point, on ne se balade pas seule au milieu de nulle part. » Le corps tout entier de la métisse se tendit tandis qu'elle avançait d'un pas vers lui. Elle s'arrêta néanmoins, les poings crispés le long de son corps. Elle sentait en elle bouillir une rage nouvelle. Le fait qu'il ait appuyé sur sa paranoïa ne faisait que la blesser alors qu'elle essayait désespérément de se reconstruire. Avec colère elle répliqua alors : « Quand on a un peu de jugeote on ne pose pas la main sur une femme sans son autorisation et encore moins quand elle vous tourne le dos. ». Son regard lançait des éclairs à l'homme qu'elle trouvait de plus en plus agaçant et envers qui elle avait de moins en moins de compassion.

Après quelques secondes elle soupira et enleva sa veste de survêtement. Le fait de se retrouver en tee-shirt la gênait quelque peu – elle qui désormais couvrait autant qu'elle le pouvait son corps – mais elle n'avait pas vraiment le choix. Elle tendit le vêtement à l'homme et marmonna : « Les mouchoirs ne suffisent clairement pas. ». Elle finit par lui tourner le dos, tendant tout de même l'oreille pour s'assurer qu'il ne l'attaquerait pas par surprise et après quelques instants à observer l'horizon elle lui dit : « Deux solutions : Vous vous appuyez sur moi et je vous raccompagne jusqu'à votre voiture ou je vais chercher la mienne et je viens vous récupérer. » Devant l'air dubitatif et presque ahuri du brun, elle mit ses poings sur ses hanches et désabusée lui dit : « Ecoutez, je suis comme vous. Passer plus de temps en votre compagnie ne m'enchante pas mais on n'a pas vraiment le choix. » Elle pourrait très bien le laisser moisir ici mais sa culpabilité l'empêchait de partir. Elle espérait maintenant que l'autre ne montrerait pas trop d'opposition et ne leur ferait pas perdre davantage de temps. 

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   @Sergio Gutiérrez  ft. Marley Lynch

« Quand on a un peu de jugeote, on sait faire la différence entre une agression et juste une tentative d’attirer votre attention. » Les yeux de la métisse s'écarquillèrent face à la violence des propos. Elle sentit son cœur battre plus vite tandis que toute son échine était parcourue de frissons. La salive lui manqua soudainement alors qu'elle détournait la tête pour qu'il ne puisse pas percevoir sa détresse. Ses mains se mirent à trembler légèrement tandis qu'elle puisait dans ses forces pour ne pas pleurer. « Quand on a de la jugeote, on ne se fait pas agresser. » voilà à quoi elle pensait. Sans le savoir l'homme l'avait ramenée dans cette ruelle sombre où elle se maudissait d'un jour avoir mis les pieds. Du discernement, elle en avait grandement manqué ce soir-là. Elle n'avait pas besoin qu'il remue le couteau dans la plaie en lui faisant remarquer qu'une fois de plus elle s'était attirée des ennuis. Une fois calmée et certaine d'afficher un visage impassible, Marley posa à nouveau son regard sur l'inconnu qui continuait de se plaindre et de se tordre de douleur. Alors qu'elle était prête à sacrifier sa veste de survêtement, elle leva les yeux au ciel lorsqu'il lui dit : « Quoi maintenant ? Vous allez prétendre que je vous ai déshabillée ? » Elle poussa un long soupir et marmonna :  « Et après c'est moi la cinglée... » Qui irait inventer une telle chose ? N'ayant pas envie de se battre davantage avec lui, elle abandonna l'idée de lui donner son gilet et ne se fit pas prier pour l'enfiler à nouveau. Elle sentit une vague de soulagement la gagner lorsque son corps fut à nouveau entièrement couvert.

Une nouvelle fois sa proposition d'aide concernant la voiture fut un échec puisqu'il s'y opposa fortement : « Pour des raisons évidentes, je serais particulièrement con de vous faire confiance. Donc ma voiture ce sera. » Un rictus moqueur glissa sur le visage de la maquilleuse tandis que lassée par les interventions désagréables de l'inconnu elle répondit : « Comme si vous aviez besoin de ça pour l'être... » Elle le vit s'éloigner un peu d'elle, refusant tout contact physique. Si ça agaçait prodigieusement la jeune femme – ils allaient mettre un temps fou pour retourner jusqu'à leur voiture – elle comprenait qu'il ne désire pas qu'elle le touche. Evidemment, elle se gardait bien de l'admettre. Les poings enfoncés sur ses hanches, elle attendait avec une impatience non dissimulée qu'il se mette en marche. Il ne voulait pas qu'elle l'aide ? Très bien, elle ne le toucherait pas. Il n'était néanmoins pas question qu'elle le laisse tout seul. Un malaise était si vite arrivé. Et si elle lui avait fait une commotion cérébrale et qu'il venait à s'effondrer et à mourir au beau milieu des vignes ? Non pas question qu'elle le laisse en plan pour qu'un flic finisse par débarquer chez elle pour meurtre. Elle ne répondit rien lorsqu'il lui soumit l'idée de courir. Elle choisit au contraire d'ignorer volontairement ses petites provocations. Si verbalement l'homme possédait encore toutes ses capacités, physiquement il était loin de pouvoir faire le malin.

Il se mit enfin en marche et la brune le suivit à quelques pas de distance. Que le chemin allait être long... Finalement il brisa le silence en lui demandant : « Pendant qu’on marche, n’hésitez pas à me dire quelle excuse je devrai présenter pour les dégâts. ». Elle se retint de soupirer ou de l'envoyer chier, et alors qu'elle se trouvait dans son dos, elle lui répondit avec un grand sourire : « Je suppose que votre dignité en a pris un coup... Vous n'aurez qu'à dire que vous êtes venu au secours d'une femme qui se faisait agresser. ». Elle se foutait ouvertement de sa gueule mais dans un coin de sa tête la maquilleuse se fit la réflexion qu'il était bien capable de sortir un tel mensonge pour noyer le poisson. Elle avait du mal à l'imaginer en train d'admettre qu'il s'était fait fracasser par une jeune femme deux fois plus petite que lui. « Mon bébé et sa mère vont particulièrement apprécier. » Ces derniers mots stoppèrent la progression de Marley qui avait soudainement arrêté de marcher. Les sourcils froncés, elle analysait les propos qu'il venait de tenir. Sans prévenir, elle se mit à rire aux éclats. Ses nerfs lâchaient tandis qu'elle parvenait difficilement à garder son calme. Elle finit par balbutier : « Sa mère... Je vois que la mère n'a pas été assez folle pour rester avec vous. » Elle en était sûre, le type était un véritable connard et elle venait d'en avoir la preuve formelle. Bien décidée à ne plus se laisser faire par ce type qu'elle trouvait bien désagréable, elle poursuivit sur un ton désinvolte : « J'y pense... Votre bébé ? Parce que vous êtes encore en âge de procréer ? » Bien sûr elle savait que les hommes produisaient du sperme toute leur vie, mais elle aimait appuyer là où cela faisait mal. En observant l'inconnu, elle était presque sûre que son âge et son apparence étaient des choses qui lui importaient énormément. Elle finit par avancer pour se retrouver à ses côtés et alors qu'ils marchaient à la même allure elle acheva : « Je sais pas qui je dois plaindre : l'enfant ou la mère ? ». Et elle lui fit un large sourire, lui dévoilant entièrement ses dents blanches. Finie la compassion. Elle avait essayé de se rattraper, il n'avait pas voulu, désormais il aurait droit à la garce qu'elle savait être.

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   @Sergio Gutiérrez  ft. Marley Lynch

Consciente qu'il n'arrêterait jamais de bavasser, de se plaindre, de riposter, de provoquer, Marley prit sur elle pour ne rien répondre lorsqu'il continua à lui dire qu'elle était stupide. Les remarques de l'homme glissaient désormais sur sa peau. Elle se concentrait simplement sur le chemin qui serpentait en priant pour qu'il finisse par avancer plus vite. Il n'y avait toujours aucune voiture à l'horizon et la maquilleuse désespérait d'arriver jusqu'aux véhicules avant que le soleil ne se couche. Alors qu'elle venait de lui trouver la parfaite excuse, le parfait mensonge pour son ego surdimensionné il répliqua :  « Je n’ai pas le syndrôme du héros. A ce que j’ai vu aujourd’hui, ne pas intervenir est aussi une bonne option. » Elle leva les yeux au ciel, et dans un soupir corrigea :  « Vous n'en avez surtout pas les capacités. » Lui ? Un Héros ? Laissez la rire. Elle en connaissait des héros, et Sergio était loin de leur arriver à la cheville. Jackson était un héros, une véritable machine de guerre qui se battait pour les autres et pour son pays. Swann était un héros. Toujours là lorsqu'on avait besoin de lui, l'épaule parfaite pour pleurer, l'oreille parfaite pour écouter, les mots parfaits pour conseiller et remettre dans le droit chemin. Ce type-là, qui se tenait à ses côtés n'avait rien d'un héros, il n'en avait même pas le physique.

L'ambiance changea à nouveau lorsqu'elle se mit à rire aux éclats. Elle savait que cette réaction n'allait pas lui plaire mais elle s'en fichait royalement. Lorsqu'elle vit un rictus glisser sur son visage, elle comprit qu'il allait attaquer à son tour. Parée à toute éventualité, la demoiselle ne sourcilla même pas lorsqu'il répondit : « Les plaindre de quoi ? Notre vie est idéale. ». Elle hocha affirmativement de la tête. Pour une fois, elle était d'accord avec lui.  « Oh je veux bien vous croire. Elle a un enfant, vous n'êtes plus dans ses pattes et en plus elle doit avoir une pension. Que demander de plus ? » . Elle était persuadée que l'homme était plein aux as, en tout cas s'il ne l'était pas, il mettait tout en œuvre pour donner cette impression. Elle continua à avancer et comme elle s'y était attendue, la référence à son sperme frelaté ne lui plu absolument pas puisqu'il riposta : « J’en conclus que vous n’avez pas d’enfants. C’est compréhensible. Personne ne veut rentrer auprès d’une hystérique. Encore moins en avoir un exemplaire miniature. » . Les poings de la brune se contractèrent sans qu'elle n'en prenne réellement conscience. Si elle avait choisi de l'ignorer et qu'elle pensait qu'aucune de ses paroles ne pourraient désormais l'atteindre, elle s'était bien trompée. « La ferme » siffla-t-elle entre ses dents. Pour la première fois elle montrait réellement l'une de ses faiblesses. Si elle avait réussi à se contenir, c'était désormais trop pour elle.  « Inquiétez-vous plutôt de votre âge pour procréer. Vous n’êtes pas loin d’un utérus atrophié, à ce stade. »  Le regard de la métisse changea du tout au tout. La rage se lisait en elle, elle n'avait plus envie de jouer, plus envie de plaisanter. Elle se posta devant lui, l'empêchant d'avancer. Elle planta son doigt au niveau de son torse et mauvaise siffla :  « On va arrêter là ou je risquerais de vous casser autre chose que votre nez ou vos bijoux de famille. »  Sa poitrine se soulevait sous le coup de l'émotion et ses mains tremblaient.  « J'ai pris peur quand vous m'avez touchée. J'ai réagi par réflexes. J'ai regretté dès que j'ai compris mon erreur... »  Des larmes de colère se mirent à briller aux coins de ses yeux tandis qu'elle poursuivait:  « Mais je me dis que c'est le destin, un coup du karma. Vous êtes un véritable connard. C'est tout ce que vous êtes. »  Elle finit par reculer d'un pas, son regard planté dans le sien. Finalement elle acheva : « Démerdez-vous, vous pouvez bien crever sur le bord de la route, j'en ai plus rien à foutre. » Elle lui tourna le dos et pressa le pas sur le chemin, bien décidée à mettre autant de distance possible entre eux deux. Il avait suffi qu'il évoque cette histoire d'enfant pour qu'elle vrille totalement. Elle n'était pas sûre de vouloir des enfants, là n'était pas le problème. Le problème était que Jackson risquait de devenir père avec une autre, et ça, ça la rendait littéralement malade.

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Les pas de Marley étaient précipités tandis qu'elle tentait de mettre le plus rapidement possible une distance entre l'homme et elle. A peine avait-elle commencé à s'éloigner que les larmes s'étaient mises à couler le long de ses joues. La rage et la peine se mêlaient dans les gouttes salées qui inondaient désormais son visage gonflé par l'émotion. Lorsqu'elle s'assura qu'il ne pouvait plus la voir, elle reprit son footing pour pouvoir retourner plus vite jusqu'à sa voiture. La nuit commençait à tomber et le soleil était de plus en plus bas. Il fallait qu'elle se dépêche si elle ne voulait pas rester coincée au milieu des vignes. Pendant sa course, les mots du cinquantenaire revenaient sans cesse dans sa tête. Oui le karma s'était bien chargé d'elle. Elle avait eu bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle avait perdu Jackson qui allait faire un enfant à une autre femme, sa famille ne lui parlait plus et on avait failli la violer dans une ruelle. Non vraiment, c'était bien trop généreux de la part de ce fichu karma.

Au bout de quelques minutes elle vit au loin sa voiture. Elle ralentit le pas et glissa la main dans sa poche afin de récupérer ses clés qu'elle avait perdues quelques instants plus tôt. Elle se mordilla la lèvre en constatant que toute cette histoire avait commencé à cause de ce fichu trousseau qu'elle n'avait pas su garder sur elle. Elle appuya sur la clé et la voiture se déverrouilla. Elle ne perdit pas une minute pour grimper et s'installer derrière le volant. Alors qu'elle allait mettre le contact en route, elle se raisonna et prit le temps de se calmer. Il fallait qu'elle retrouve une respiration normale et constante, il n'était pas question qu'elle provoque un accident à cause du stress et de la panique qu'elle ressentait. Renverser quelqu'un n'était clairement pas une action qu'elle voulait ajouter à son palmarès.

Elle ferma les yeux quelques instants et inspira profondément. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle regarda autour d'elle et ce ne fut qu'à cet instant qu'elle remarqua la grosse voiture garée à côté d'elle. C'était certainement celle de l'inconnu qu'elle avait laissé en plan plus loin. Elle soupira longuement et après avoir hésité, Marley choisit d'attendre qu'il arrive. Elle n'avait aucune envie de recroiser ce salopard qui ne méritait que ce qui lui arrivait mais sa conscience l'empêchait de déguerpir. Elle savait qu'elle allait se faire des films toute la soirée et il n'était pas question qu'elle s'imagine le pire. La maquilleuse préférait s'assurer qu'il montrait bien dans son bolide avant de pouvoir elle-même partir.

Les minutes s'écoulèrent avec une lenteur infinie, à tel point que Marley hésitait quant à la marche à suivre.

Le destin a écrit:

WIN : A cet instant, elle vit l'homme à moitié cabossé arriver au bout du chemin. Lorsqu'elle se rendit compte qu'il arrivait près du but, elle alluma le contact de sa voiture et quitta les lieux sans plus se retourner.

SO CLOSE : Marley commençait sincèrement à s'inquiéter, elle descendit de sa voiture et rebroussa chemin à pieds, la lampe torche de son téléphone allumée puisqu'il commençait à faire beaucoup trop sombre. Ruminant intérieurement, elle se demandait où cet idiot pouvait se trouver.

LOSE : Marley sortit de sa voiture afin de voir où l'homme se trouvait. Alors qu'elle rebroussait chemin, elle l'aperçut un peu plus loin. Peu désireuse de devoir à nouveau se confronter à lui, elle retourna jusqu'à sa voiture. Elle essaya d'allumer le contact mais rien. Impossible. Après de nombreuses tentatives infructueuses, la brune devait se rendre à l'évidence : Sa voiture ne démarrait plus. Elle était en panne.

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