« Je ne ressens pas le manque ou l'envie, ou le besoin de reprendre ça. C'est pas comme le reste. » Comme le reste c’est-à-dire l’alcool et la drogue qu’elle a consommé à outrance pendant des années. C’est finalement elle la mieux placée pour m’affirmer une telle chose mais pourtant le doute est toujours présent. Si elle me dit penser être capable de faire face à cette addiction, je la crois mais la culpabilité de la mettre face à ce problème m’empêche d’accepter à me résoudre à prendre ce traitement. « Fais moi confiance, je peux gérer. » Je relève les yeux vers elle. « Il n’est pas vraiment question de confiance, Alex. » je précise, parce que c’est le cas à me yeux. Je lui fais confiance. J’ai confiance en elle mais je sais aussi qu’une addiction ne se contrôle pas ou bien qu’elle soit très difficile à contrôler et que parfois, même avec toute la bonne volonté du monde y résister peut s’avérer très compliqué voire même impossible. « Et je ne suis pas à l'aise à l'idée de savoir que tu as besoin d'un traitement que tu ne prends pas à cause de moi. » Ce que je peux tout à fait comprendre, raison pour laquelle je ne rebondis pas là-dessus. Bien que je pourrais lui dire que ce n’est pas à cause d’elle que je me refuse ces médicaments mais plutôt pour elle. Pour son bien-être. Pour qu’elle puisse vivre sereinement sans qu’il n’y ait cette possible tentation à disposition. Elle m’assure être capable de gérer et j’essaie de la croire, mais je sais aussi que tout cela peut aller bien au-delà de sa volonté et c’est une information qu’elle semble avoir totalement occultée. Ce n’est pourtant pas un détail, une petite chose peu importante que l’on peut mettre de côté. Mais c’est pourtant ce qu’Alex a décidé de faire et aujourd’hui elle ne parle que de confiance, elle doit pourtant savoir que je n’ai aucun problème à lui donner mon entière confiance. Elle me pose une question qui semblait importante pour elle mais finalement ma réponse ne semble pas l’intéresser beaucoup puisqu’elle ne me répond même pas. Elle semble absente comme si elle ne m’avait même pas écouté ce qui me laisse très clairement un sentiment amer. Ce qui est agaçant pour moi et j’essaie de lui cacher comme je le peux mais tout naturellement un long soupir s’échappe de la barrière de mes lèvres alors que je trouve du réconfort avec ma cigarette électronique bien plus que par ses mots complètement inexistants. Son silence m’agace et me touche aussi, je suis à deux doigts de la laisser se terrer dans son silence afin de partir rejoindre les filles qui m’ont demandé de leur accorder un peu de min temps en jouant avec elles. « Et aujourd'hui, tu ne vas pas bien ? » Toutes ces minutes de silence pour ça ? Pour me poser une question à laquelle elle a déjà la réponse ? Me prouvant ainsi qu’elle ne portait finalement que peu d’importance à mes mots et mes explications. Je ne lui réponds pas, bien évidemment, si elle m’avait écouté elle saurait déjà que non je ne vais pas très bien. « Je vais aller à la pharmacie avant ce soir chercher tes traitements.» « Quoi ? » je lui demande, presque ahuri par ce qu’elle vient de me dire. Énervé aussi. Clairement énervé. « A défaut de pouvoir t'aider à comprendre pourquoi tu ne vas pas bien, ça pourra au moins te soulager et t'apaiser un peu. » « Il est absolument hors de question que tu fasses ça. Ce n’est pas à toi de le faire. » Mon ton est catégorique et j’ai même du mal à croire qu’elle essaie de m’imposer cela. Ce n’est pas une proposition, elle ne m’a pas demandé s’il était compliqué pour moi de faire la démarche d’aller chercher moi-même ce traitement. C’est presque comme si elle m’imposait cela, et je refuse catégoriquement qu’elle aille chercher ces médicaments pour toi. Je ne suis pas un enfant, et aller récupérer un traitement n’est absolument pas le problème. Je pourrais presque regretter de lui avoir donné ma cigarette électronique mais je sais qu’elle en avait besoin, son attitude le trahissait clairement. Sauf que moi aussi j’ai besoin de ce réconfort, car cette discussion me met mal à l’aise et j’ai la désagréable impression qu’elle va à sens unique. Elle ne me regarde pas se contentant de s’acharner sur la vapoteuse. Une image qui ne me plait pas vraiment et sans aucune volonté, je cède à l’appel de la nicotine. Au tabac qui semble m’appeler plus fort que tout, à défaut de l’entendre me parler je me tourne vers la cigarette qui me fait un bien fou. Sa réaction ne fait que me montrer que j’ai eu raison de ne pas lui en parler avant, c’est une information qu’elle n’arrive pas à digérer et surtout qu’elle ne parvient absolument pas à gérer. Le cylindre entre les lèvres je réfléchis à une manière de me sortir de cette situation et de cette conversation qui me déplait au plus haut point mais à part continuer à en discuter jusqu’à ce qu’elle te détende je ne vois malheureusement pas d’autres solutions. J’aurais aimé passe à autre chose. Continuer encore et encore cette discussion ne faisant que prouver l’extrême faiblesse de mon esprit n’a rien de très agréable pour moi mais je comprends que je n’ai pas d’autre choix si je veux réussir à la détendre. J’essaie de mettre tout ça de côté pour tenter de la rassurer, même si le regard qu’elle a actuellement me prouve que mes mots ne seront sans aucun doute pas suffisants. « C'est vrai ? » J’acquiesce d’un signe de tête tout en tapotant sur la cigarette au-dessus du cendrier. « T'es sur que c'est différent ? Si tu prends les mêmes choses, c'est pas si différent non ? » À nouveau, j’acquiesce avant de réellement lui répondre. « J’ai pas d’antidépresseur, c’est quand même bien la preuve que cette fois c’est différent, non ? » Question rhétorique car la réponse coule de source et c’est tout en prolongeant avec douceur le baiser initié par ses soins que je ne vais finalement pas si mal que ça ou du moins, c’est ce que j’essaie de faire. « Je voudrais tellement faire plus pour t'aider. » Pourtant sa présence à mes côtés m’a beaucoup aidé ces derniers jours et j’aimerais qu’elle s’en rende compte et qu’elle l’accepte. Je tire une dernière fois que ma cigarette avant qu’Alex ne vienne s’asseoir sur mes genoux, écrasant le mégot dans le cendrier. « Tes angoisses, elles arrivent que la nuit ou aussi la journée ? Tu ressens quoi dans ces moments ? Tu penses à quoi ? » Voilà des questions auxquelles je ne m’attendais pas et qui me déstabilisent un peu. « Tout le temps, mais la nuit c’est encore pire parce que mon esprit n’arrive pas à se mettre en pause pour me laisser dormir. » Qu’est-ce que je ressens ? Quelles sont les idées qui fusent si vite dans ma tête que je n’arrive plus à trouver le sommeil ? Ce sont des questions bien trop difficiles à répondre pour que je puisse le faire ainsi sans y être préparé. « Je veux pas que tu meurs, jamais, je veux que tu sois heureux pour le reste de ta vie. » Comme je lui ai pourtant dit il y a quelques minutes, je ne suis pas triste, je ne suis pas malheureux et elle sait très bien que je vais bien finir par mourir un jour. Mais cette pensée me coupe le souffle et m’angoisse tellement que je préfère complètement laisser de côté cette prise de parole. Elle sait à quel point la mort m’effraie et je ne comprends vraiment pas pourquoi elle m’en parle aujourd’hui. « Tu as des idées des évènements ou vécus des choses qui pourraient expliquer le retour de tout ça ? » Un simple mouvement de tête allant de la gauche vers la droite pour lui répondre. Encore une question que je ne comprends mais et qui me laisse l’impression d’avoir eu droit à une Alex assez peu attentive. Alors qu’elle se retourne afin de me faire face mes mains glisse sur le bas de son dos et mon regard attrape le sien. « Promets moi que tu vas prendre les médicaments ? S'il te plaît, j'ai besoin de savoir que tu vas les prendre. » Longuement, je la regarde sans un mot. Je sais que je n’ai plus le choix maintenant et qu’elle risque de surveiller mes prises de médicaments de la même façon qu’elle a déjà pu le faire à l’instauration de mon traitement pour mon cœur. Je souffle doucement. « Je te le promets. J’irai les chercher demain. » Je sais aussi qu’elle va s’en assurer dès la première heure demain matin et que maintenant je ne peux plus faire machine arrière. « Et Anderson. Je te préviens, tu as pas intérêt à me cacher quelque chose d'aussi important à l'avenir, sinon tu pourras dire adieu à ton activité préféré au lit à deux. » La douceur et le romantisme est bien loin avec ce surnom mais je me contente de me pincer les lèvres tout en hochant la tête. « Excuse-moi mon amour, je ne voulais pas vraiment te le cacher je cherchais juste comment t’en parler. » je lui assure. « Tu m’en veux ? » Elle a toutes les raisons de m’en vouloir et je comprendrais totalement si c’était le cas. Mes yeux se perdent dans les siens de longues secondes sans que je ne dise quoi que ce soit de plus. « Et tu ne pourrais pas faire la grève du sexe, tu aimes beaucoup trop ça. » j’ajoute sur une note bien plus légère un fin sourire aux lèvres.
you can talk to me But lately, I can't see You wanted me sadder Baby, can't you see it?
TW: évocation de suicide « Il n’est pas vraiment question de confiance, Alex. » Pas vraiment mais un peu quand même non ? Je lève les épaules légèrement comme pour montrer que même si c'était le cas je ne lui en tiendrais pas rigueur, parce que je lui ai montré à bien des reprises mes faiblesses et je comprendrais qu'il puisse douter ou s'inquiéter pour moi. Je suis faible, je le sais et pour une fois ce n'est pas quelque chose que je dis (ou que je pense) pour me rabaisser mais j'ai une capacité à être attirée par ce genre de chose et une faible résistance face aux addictions. Je le sais, j'en ai conscience désormais et je tente de vivre une vie bien plus mesurée et de gérer mes addictions, le manque, l'envie, la dépendance, et tout le reste. C'est d'ailleurs à cause de ça que cette journée a commencé à être horrible, à cause de ce groupe de parole auquel je n'ai même pas assisté finalement, et quelques heures après je me retrouve face à Caleb, à évoquer un traitement qu'il ne prends pas à cause de moi. Putain d'addictions de merde. Il est hors de question qu'il ne prenne pas un traitement à cause de moi, ça c'est une certitude, je ne laisserai pas ça arriver. Il a besoin de ces médicaments, ça me fait peur, mais il le dit lui même que ça l'a aidé, que ça pourrait l'aider, alors en toute logique il devrait les prendre non ? Peu importe ce que je ressens ou ce qu'ils m'évoquent comme souvenir ou comme peur ou comme tentation, il en a besoin, il me l'avoue aujourd'hui, alors que ça fait plusieurs semaines que son psychiatre lui en a parlé, et je me sens coupable d'être la raison qui l'empêche de se soigner.
Il me parle, il m'explique ce qu'il vit, les raisons qui expliquent qu'il n'a pas prit ce traitement malgré les recommandations de son médecin et tout ce qu'il me dit, fait naître en moi tout un tas de questions, de peurs, de craintes, d'incompréhensions et réveille certaines blessures du passé. Je ne sais pas gérer tout ça. Pas aujourd'hui, pas après cette journée. Si je suis honnête avec moi même, même un autre jour, même dans un meilleur état émotionnel je n'aurais sans doute rien gérer. Parce que je ne gère pas ce genre de chose. Parce que je suis nulle pour ça. Et parce que j'ai bien trop de peurs liées à ce sujet pour gérer correctement, et pourtant j'essaye. Je mets toute mon énergie pour ne pas craquer, pour ne pas le bombarder de questions, pour ne pas l'envahir avec mes incertitudes et mes peurs, pour ne pas me reposer sur lui comme je l'ai toujours fais. J'essaye vraiment de rester calme mais je doute que ça fonctionne vraiment. Il ne me réponds pas, je déteste ça. Je connais déjà la réponse, il l'a déjà dit, et c'est bien parce qu'il l'a dit que j'ai eu besoin de lui poser cette question. Il ne va pas bien et cette pensée me terrifie. Parce que je sais ce que Caleb peut faire quand il ne va pas bien. Parce que je sais ce que les gens peuvent faire quand ils ne vont pas bien. Et aussi parce qu'accepter l'idée que Caleb ne va pas bien, signifie que je n'arrive pas à le combler de bonheur comme je le voudrais. Caleb ne va pas bien et il n'y a rien que je puisse faire pour l'aider et si vous saviez comme cette pensée reste toujours aussi insupportable pour moi. Je me sens tellement impuissante, dépassée par des peurs irrationnelles, par une fébrilité qui m'empêche de m'exprimer alors que j'aurais tant à lui dire. Mais je n'y arrive pas et croyez le ou non, c'est très très rare pour moi de ne pas réussir à m'exprimer. Généralement je le fais. Beaucoup trop. De façon très maladroite, mais je le fais. Mais aujourd'hui, je n'y arrive pas. Je suis démunie face à tout ce qu'il me dit et surtout face à toutes mes émotions. Je n'y arrive tout simplement pas. C'est trop pour moi, trop pour une seule journée, trop de choses à digérer, trop de souvenirs à gérer, trop de pensées à traiter, trop de fragilité à cacher. Je ne veux pas l'inquiéter, enfin pas plus. Je lui ai dis plus tôt, pour cette blessure sur mon bras, pour mon addiction, je ne veux pas qu'il s'inquiète pour moi, je peux gérer. Alors, je dois gérer parce que c'est lui qui va mal, lui qui vit tout ça et à défaut de réussir à le soutenir, à défaut de réussir à l'aider à gérer ça, je ne veux pas l'angoisser davantage. Je me sens inutile, impuissante, incapable d'être un soutien pour lui, et c'est peut-être parce qu'il savait tout ça, qu'il m'en a pas parlé plus tôt ? La seule chose que je puisse faire, concrètement faire, c'est d'aller lui chercher ses traitements. « Quoi ? » Visiblement c'est raté si j'en crois sa réaction. « Il est absolument hors de question que tu fasses ça. Ce n’est pas à toi de le faire. » Je baisse les yeux, comme une enfance qu'on serait en train de gronder, sauf qu'il ne me gronde pas, il est énervé par mes mots. Voilà bien la preuve que je dois me taire non ? Je veux juste que tu ailles mieux. Je pourrais lui dire ça, mais je ne le fais pas. Il est clair et net, il est absolument hors de question que je fasse ça, et plus catégorique, ferme et définitive comme réponse je pense qu'il ne pouvait pas faire mieux. « Désolée je voulais juste être utile et t'aider. » Je suis incapable de l'aider, incapable d'être utile pour lui, ni un soutien, ni même une source de réconfort et tellement nulle qu'il a préféré garder tout ça pour lui, et ne pas prendre son traitement. Enfin il m'a expliqué pourquoi il n'a pas voulu le prendre, les raisons qui l'ont poussé à ne pas prendre ses cachets, mais maintenant qu'il m'en a parlé, je ne peux pas rester là et me dire qu'il ne va pas bien et qu'il ne fait rien pour aller mieux. Et alors que je tente de me calmer en passant mes nerfs sur la cigarette électronique, c'est une vraie cigarette qu'il allume à quelques centimètres de moi. J'ai besoin de nicotine, mais c'est avec la cigarette électronique que j'essaye de compenser cette envie et de gérer mes questionnements toujours plus nombreux. J'ai le regard perdu dans le vide, j'ai trop peur de croiser son regard et qu'il puisse y voir tout ce que je tente de cacher, de gérer à ma manière. Je ne veux pas qu'il voit ma peur, qu'il ressent mon angoisse, il en a déjà bien assez à gérer. J'ai tellement peur de craquer devant lui que j'évite son regard, jusqu'au moment ou il m'apporte des précisions. Des réponses à certaines questions que je n'aurais pas osé poser sur des sujets dont rien que de penser aux mots, je sens mon esprit faiblir et ma fragilité revenir. Ce n'est pas comme avant, pas la même situation, il n'a pas envie de mourir, il n'est pas dépressif. Voilà ce sur quoi je devrais me concentrer et si j'ai bien entendu ses mots, je ressens le besoin de lui redemander. De savoir si tout ce qu'il me dit est vrai. Il acquiesce, sans parole mais avec un signe de tête. Il ne me ment pas pour me rassurer, tout ce qu'il me dit est vrai et je devrais me sentir soulagée non ? « J’ai pas d’antidépresseur, c’est quand même bien la preuve que cette fois c’est différent, non ? » C'est lui qui a dit qu'il avait l'impression de faire un retour en arrière, alors s'il me dit désormais que cette fois c'est différent, je dois le croire non ? En tout cas, j'en ai besoin. Besoin de le croire, de me dire que tout est différent, que l'issue sera différente aussi, et pas différente en pire avec une tentative de suicide réussie, différente parce qu'il va aller mieux sans toucher le fond ? Parce qu'il va bien, enfin pas bien, mais il est pas triste. La nuance est difficile pour moi, mais il n'a pas besoin d'antidépresseur, c'est donc qu'il n'est pas dépressif non ? Et ça confirme ce qu'il m'a déjà dit. J'essaye de faire abstraction de tout ça quand mes lèvres sont sur les siennes. De faire le vide, d'oublier tout ce que je ressens au profil des sentiments que j'ai pour lui qui sont forts, qui sont doux. « Je sais que je ne suis pas un soutien pour toi, mais je t'aime et quoiqu'il arrive je serai toujours là pour toi. » Même si son état s'empire, même s'il en plus d'être mal, il devient triste aussi. Même si les antidépresseurs redeviennent son quotidien, je serai toujours là pour lui, parce qu'il ne fait pas partie de ma vie, il est ma vie. Et c'est sans doute pour ça que je suis aussi terrifiée et incapable de gérer quand je le sais mal, blessé , en colère ou triste parce que l'idée de le perdre est insupportable. Je viens réduire la distance entre nous, prenant place sur ses genoux. « Tout le temps, mais la nuit c’est encore pire parce que mon esprit n’arrive pas à se mettre en pause pour me laisser dormir. » Tout le temps. Encore une réponse que je n'aime pas. Mais, je dois me rendre à l'évidence, je n'aime rien dans ce genre de sujet. Je n'aime pas savoir Caleb mal, et là il m'avoue qu'il l'est tout le temps alors oui c'est désagréable comme pensée, parce que j'essaye vraiment de lui donner tout l'amour et le bonheur que je puisse. Je tente de ne pas y penser, de me concentrer sur ses bras autour de moi et de son torse que je sens sous mon dos, ça me calme un peu, ça m'apaise un peu, ça adoucit mes craintes aussi mais elles sont toujours là malgré tout. « Il y a quelque chose qui t’apaise un peu ? Quelque chose que je pourrais faire pour calmer tes angoisses ? Tu as essayé le sport, la méditation, ou ce genre de truc ? » Le laisser se débrouiller avec ses angoisses, je ne peux pas, mais je suis toujours aussi impuissante, inutile, sans solutions alors je propose ce qui me passe par la tête. C'est bête sans doute, mais rester les bras croisés sans rien faire, ce n'est pas une option que j'envisage. Je parle encore un peu, je lui pose des questions, mais je n'ai pas de réponses. Je n'aurais donc pas plus d'explications, mais je devine que s'il ne m'en donne pas c'est qu'il n'en a pas lui même. Je me retourne pour lui faire face, pour lui demander quelque chose d'important pour moi. « Je te le promets. J’irai les chercher demain. » Les traits de mon visage se détendent un peu, et un tout petit sourire vient prendre place sur mon visage. Pourquoi pas ce soir? Je ne dis rien, je me contente de le regarder, avec un regard qui lui prouve à quel point ses mots sont importants pour moi. Je ne sais pas s'il est prêt à reprendre son traitement, je ne sais pas comment il va vivre ça, je ne sais pas si psychologiquement c'est le moment pour lui, et je m'en veux de lui imposer ça. « Je sais que j'ai pas vraiment mon mot à dire la dessus et que je ne devrais pas t'obliger, je suis désolée de le faire, mais merci. » Merci d'accepter de prendre soin de toi, parce que je t'aime bien trop pour rester à tes côtés et ne rien pouvoir faire pour t'aider. Les médicaments eux au moins pourront l'aider, chose que moi je ne peux pas. La preuve ce soir, la preuve depuis plusieurs semaines puisque si j'ai bien vu ses angoisses, je n'ai pas su l'aider et je n'ai pas su être assez là pour lui pour qu'il puisse partager tout ça avec moi. Et pourtant, je n'ai que ça à faire, prendre soin de nos enfants et de mon mari. Voilà que même dans ça, j'échoue. C'est triste non ? Pathétique même je dirais. « Excuse-moi mon amour, je ne voulais pas vraiment te le cacher je cherchais juste comment t’en parler. » Tu as eu plusieurs semaines pour m'en parler, pas quelques jours, plusieurs semaines et tu n'as pas trouver avant ce soir?Ou tu n'avais pas confiance en moi peut-être ? « Tu m’en veux ? » Est-ce que je lui en veux ? Oui peut-être un peu. Je ne suis pas en colère contre lui, mais le fait qu'il m'ait caché une telle information aussi importante sur sa santé me préoccupe et me questionne quand même. Je secoue la tête de gauche à droite pour le rassurer. « Non, non je t'en veux pas, j'aurais aimé pouvoir te soutenir quand il t'a prescrit ça mais je t'en veux pas. » C'est à la fois vraie, mais pas toute la vérité. Mais, maintenant je sais, c'est tout ce qui compte et puis il est trop tard pour revenir en arrière non ? J'espère juste que c'est la seule chose qu'il m'ait caché. Comme son cœur quelques années plus tôt, comme les médicaments aujourd'hui, je commence à me demander s'il y a encore beaucoup de chose importante sur sa santé qu'il me cache et c'est pas une pensée très agréable mais il m'a expliqué pourquoi il m'a tenu à l'écart et finalement, mon comportement lui donne peut-être raison. Il ne l'a pas dit, mais je suis certaine que s'il m'en a pas parlé avant c'était parce qu'il avait peur de ma réaction, et pour ça je ne peux pas lui en vouloir, puisque je lui prouve que je suis incapable de gérer. « Et tu ne pourrais pas faire la grève du sexe, tu aimes beaucoup trop ça. » Une remarque de sa part qui a le mérite de me faire lâcher un petit rire, le premier depuis bien longtemps. « Tu sais que je peux être têtue quand je suis fâchée. » Plutôt méchante, dure, froide, horrible, mais têtue aussi. « Et j'ai un mari très attentionné qui m'a déjà offert des petits cadeaux donc j'aurais toujours de quoi me dépanner en cas de besoin pour un petit plaisir en solo. » Rien ne peut remplacer des moments intimes avec lui, rien ne vaut le plaisir que je prends avec lui, mais cette discussion a au moins le mérite d'être bien plus légère. « Mais oui, tu as raison, j'aime beaucoup trop ça avec toi, alors s'il te plaît, fais en sorte que je n'ai jamais à mettre ces menaces à exécution, pour notre bien à tout les deux. » En d'autres termes, ne me cache plus jamais de telles informations, pour le bien de notre couple, mais aussi de notre plaisir.
« Désolée je voulais juste être utile et t'aider. » Je sais qu’Alex avait sans aucun doute de bonnes intentions en me proposant – m’imposer serait plus juste – d’aller à ma place récupérer les médicaments mais je refuse pourtant, et même avec ses explications. C’est à moi de faire ça. C’est à moi de me confronter à ma santé mentale et ses problèmes en acceptant d’aller chercher mon nouveau traitement. Je ne lui réponds pas, ayant rien de plus à ajouter là-dessus. Même si ce n’est pas une démarche des plus simples pour moi j’essaie tout de même de me dire qu’une fois la difficulté de reprendre des médicaments que je connais déjà passée, je ne pourrais que me sentir mieux. Du moins je pense. Je l’espère. « Je sais que je ne suis pas un soutien pour toi, mais je t'aime et quoiqu'il arrive je serai toujours là pour toi. » Encore une réflexion que je ne comprends pas. Est-ce qu’elle pense sincèrement ce qu’elle vient de me dire ? Alors qu’il me semble lui avoir dit à de très nombreuses reprises l’inverse total. Alex a toujours été un soutien pour moi et elle le sera toujours, mais je suppose que cette remarque me montre simplement sa pensée : elle doit croire que mon état anxieux est la preuve ultime qu’elle n’est pas suffisante pour que ma santé mentale soit constamment au beau fixe. Mais comme je lui ai déjà dit à de nombreuses reprises ; tout n’est pas toujours question d’elle. C’est même tout le contraire. Il y a des choses qui nous échappent qui font que malgré à quel point on aime une personne et peu importe tout le soutien positif que celle-ci peut nous apporter le mental prend parfois le dessus. Je sais qu’elle a du mal à l’entendre puisque c’est une conversation que l’on a eu plusieurs fois. « Arrête de toujours répéter ça, Alex, je ne sais pas combien de fois je dois te répéter que ma santé mentale actuelle n’a rien à voir avec toi. » c’est d’un ton légèrement agacé que je lui réponds cela. Je comprends ses inquiétudes, je vous assure que je n’ai aucun mal à les comprendre mais j’aimerais aussi qu’elle m’écoute et qu’elle apprenne à me croire que je me livre à elle en lui disant à quel point sa présence et son soutien parviennent à m’apaiser. Sauf qu’elle semble avoir la pensée magique que tous les maux peuvent se soigner par l’amour et le soutien de son conjoint, mais je sais que ce n’est clairement pas le cas. Malheureusement. « Il y a quelque chose qui t’apaise un peu ? Quelque chose que je pourrais faire pour calmer tes angoisses ? Tu as essayé le sport, la méditation, ou ce genre de truc ? » Sans que je ne le contrôle je ne peux m’empêcher de rire à sa question. Pas méchamment, loin de moi cette idée et je m’explique rapidement afin d’éviter tout malentendu. « Est-ce que tu viens sérieusement de me demander si le sport peut calmer mes angoisses ? Bébé, sérieusement… » c’est toujours en riant un peu que j’apporte des précisions bien que la deuxième phrase de ma phrase se montre bien plus tendre. Je déteste le sport et elle le sait mieux que personne alors je doute fortement qu’une activité qui ne me plait pas puisse m’apaiser.
Je vois qu’elle a besoin d’être rassurée, alors je le fais sans plus attendre. Je ne veux surtout pas que mon anxiété puisse avoir un impact négatif sur elle, et l’angoisser en retour. « Je sais que j'ai pas vraiment mon mot à dire la dessus et que je ne devrais pas t'obliger, je suis désolée de le faire, mais merci. » Je lui souris doucement sans un mot de plus, surtout dans le but de continuer à la rassurer plus qu’autre chose. Elle a pourtant bien son mot à dire là-dessus, comme elle le dit si bien. Elle est ma femme et son avis compte énormément pour moi. Je sais que j’aurais dû lui en parler avant mais la honte et la peur d’aborder une de ses addictions étaient tellement présente que j’ai bêtement décidé de garder cette information pourtant extrêmement importante pour moi. « Non, non je t'en veux pas, j'aurais aimé pouvoir te soutenir quand il t'a prescrit ça mais je t'en veux pas. » J’ai surtout été dans l’incompréhension totale quand le psychiatre m’a prescrit ces médicaments. Je me savais pas forcément a plus haut de ma forme mais je ne pensais pas être un cas aussi catastrophique que cela. « Tu sais que je peux être têtue quand je suis fâchée. Et j'ai un mari très attentionné qui m'a déjà offert des petits cadeaux donc j'aurais toujours de quoi me dépanner en cas de besoin pour un petit plaisir en solo. » Elle me fait doucement rire, à nouveau. Ce qui peut au moins lui montrer que je ne vais pas si mal que ça. Parce que la dernière fois que j’ai dû prendre ces comprimés m’entendre rire était clairement impossible. « Mais oui, tu as raison, j'aime beaucoup trop ça avec toi, alors s'il te plaît, fais en sorte que je n'ai jamais à mettre ces menaces à exécution, pour notre bien à tout les deux. » Cette fois ce n’est pas un rire qui se fait entendre mais c’est simplement un sourire qui s’étire sur mes lippes. « Tu sais, ça ne serait pas forcément très bénéfique pour moi. Le sexe avec toi a vraiment tendance à m’apaiser. » Si le sport n’a pas ce pouvoir, les moments d’intimité avec ma femme l’ont clairement. « Mais je suis désolé, j’aurais dû t’en parler avant je le sais. » Peut-être aussi parce que je ne veux pas être vu comme le pauvre mari ayant besoin de prendre des cachets pour ne pas se laisser submerger par ses angoisses. C’est con mais c’est pourtant la vérité et je pense qu’on pourrait me caractériser ainsi. « Je vais tout faire pour me faire pardonner. » Mais on dit faute avouée à moitié pardonnée, non ?
you can talk to me But lately, I can't see You wanted me sadder Baby, can't you see it?
J'essaye de lui faire comprendre que même si je ne gère pas grand chose ce soir, et que je ne sais pas comment être un soutien pour lui, je l'aime. Je l'aime tellement et je serai là pour lui. Quoiqu'il arrive, quoiqu'il se passe, quelque soit ses problèmes, je serai là pour lui. « Arrête de toujours répéter ça, Alex, je ne sais pas combien de fois je dois te répéter que ma santé mentale actuelle n’a rien à voir avec toi. » Je sens son agacement et ça m'agace aussi alors je lève les épaules, et je baisse les yeux. Parce que ce sont des mots qu'il m'a déjà dit et je m'efforce d'y penser encore et encore. Je sais que tout ne tourne pas autour de moi, tu me l'as déjà dis. Mais comme il me l'a déjà dit aussi, je suis égoïste et penser à moi, à ce que je ressens, c'est ce que je fais de mieux faut croire. Mais, même si je comprends ses mots, même si je comprends que je ne puisse rien faire, que peut-être qu'il ne sera jamais aussi bien que je le voudrais, qu'il ne sera jamais aussi serein que j'aimerais qu'il soit et que notre vie à deux ne sera jamais aussi parfaite que je le voudrais pour lui, que je ne puisse rien faire, j'ai du mal à l'accepter. J'ai du mal à me dire que quoique je fasse ça ne sera peut-être jamais assez. C'est pas tant lui ou sa santé mentale le problème dans cette façon de penser que j'ai, mais je sais que ça vient de quelque chose de plus ancien, d'une blessure qu'il serait grand temps que j'arrête de renier, que j'arrête d’enfouir en moi et que j'accepte que je n'ai toujours pas digéré le suicide de ma mère. Que je n'ai toujours pas compris son geste, que je n'ai toujours pas accepté le fait qu'elle ait décidé de mourir, que ce n'est pas ma faute et que je n'aurais rien pu faire, que juste c'est ainsi et surtout, me mettre dans le crâne que Caleb n'est pas ma mère. Que leur situations sont différentes, que si je n'ai pas été assez pour permettre à ma mère de ne pas faire ce geste définitif, ça n'en sera pas de même pour Caleb. Je parle encore de moi, je le sais, j'y peux rien, c'est plus fort que moi, parce que j'aurais du l'aider, j'aurais du la sauver, j'aurais du être là, j'aurais du voir qu'elle était dépressive, j'aurais du la sortir de l'emprise de mon père, j'aurais du faire plus mais elle m'avait pas appris à prendre soin des autres alors je n'ai pas su prendre soin d'elle et j'ai juste peur que je n'y arrive pas non plus avec Caleb. Il le dit, ça n'a rien à voir avec moi. Et l'agacement que je ressens, couplé à la nervosité, à la peur, à cette tension qui ne me quitte plus depuis un moment, me pousserait presque à lui dire que finalement il peut pas me le promettre que ça n'a rien à voir avec moi, puisqu'il ne sait pas pourquoi il ne va pas bien. Mais, je sais que ce n'est pas quelque chose à dire, alors je ne dis rien. Enfin, je ne dis pas ça du moins. L'envie de m'excuser est encore présente, parce que si sa santé mentale n'a rien à voir avec moi, son agacement lui en revanche il est lié à moi et à mon attitude. Mais je ne fais rien, de peur de l'énerver davantage, alors que je suis sur les nerfs et que je sais que ce sujet est pas simple pour lui.
Il rit et finalement même si c'est suite à ma question, qui est sans doute ridicule, ça a au moins le mérite de le faire rire et c'était pas gagné vu cette discussion. Même si ce n'était clairement pas le but de ma question, mais il rit et c'est finalement pas si mal. Même si étrangement au vue du sujet, il semble moins tendu que moi et c'est bien la preuve que je ne suis pas capable de gérer ça convenablement malgré tout mes efforts. « Est-ce que tu viens sérieusement de me demander si le sport peut calmer mes angoisses ? Bébé, sérieusement… » Je souris, brièvement, un rictus au coin des lèvres en réalisant la connerie que je viens de dire. Pourtant ça semblait être une bonne idée, parce que ça l'est pour moi. Le sport comme moyen pour décompresser, pour évacuer toutes les tensions, et j'en ai sûrement besoin ce soir. Mais pas Caleb, sauf que je sais toujours pas ce dont il a besoin finalement. « Désolée, moi ça m'aide, mais j'ai oublié le temps d'un instant comme tu détestes ça. » Encore une preuve que je pense à moi avant tout non? Pourtant le sport a un vrai bénéfice pour la santé mentale, mais pour Caleb, voilà encore une chose qui ne fonctionnera pas. Et puis qu'il n'a pas répondu pour les autres activités ou pour quelque chose qui pourrait calmer ses angoisses, que ce soit quelque chose que je pourrais faire ou que lui pourrais faire, je ne sais pas vraiment plus sur la manière d'agir au quotidien. Je ne sais pas comment l'apaiser, je ne sais pas comment le soutenir, je ne sais pas ce qu'il attends de moi, et dans tout ça, il reste cette réalité ; son silence à ce sujet pendant plusieurs semaines. Il va prendre ses médicaments désormais, il me l'a promit, c'est déjà une bonne chose, c'est sans doute la chose positive à retenir de cette discussion, mais je n'arrive pas à être totalement rassurée. Je ne pourrais pas l'être de toute façon, parce que ce soir je découvre qu'il va plus mal que je ne l'avais imaginé, qu'il ne sait pas pourquoi, qu'il me l'a caché et qu'il n'y a pas grand chose à faire. Trop d'éléments qui ne vont pas dans le sens du positivisme et qui ne m'aide pas à m'apaiser. Pourtant quand je suis dans ses bras, je me détends un peu, mon corps réagit à ses bras autour de moi, à ses sourires même légers qui tendent à me montrer qu'il est en mesure de sourire et c'est important. Peut-être qu'il va mal, mais il est pas triste, enfin pas totalement puisqu'il me sourit. Je voudrais rester contre lui toute la soirée, me poser contre son torse, et laisser sa présence venir apaiser toutes mes tensions, je voudrais oublier cette journée. Je voudrais me détendre et arrêter d'être aussi tendue et nerveuse. Arrêter de me poser toutes ces questions auxquelles je n'ai pas de réponses, auxquelles il n'a sans doute même pas de réponses non plus. Alors, je souffle un peu, et je réagis à ses mots, pensant à autre chose, occupant mon esprit sur une autre chose que ce silence de plusieurs semaines et sur ces médicaments qu'il va devoir reprendre. Ne pas lui en vouloir, ne pas lui reprocher, ne pas lui faire porter le poids de toutes les tensions accumulées en moi. Et c'est avec des menaces non sérieuses que je le fais. Des menaces à base de privation de sexe s'il me cache encore de telles choses et si les mots ne sont pas aussi francs, si la discussion n'est pas aussi légère qu'elle devrait l'être en évoquant ce sujet, ça a le mérite de me détendre un peu et j'entends son rire à nouveau quand j'évoque les cadeaux qu'il m'a offert pour mon plaisir personnel. « J'aime t'entendre rire. » Je lui avoue avec une douceur dans la voix qui est totalement différente de ces dernières minutes. Ca me fait énormément de bien de voir que malgré tout ce qu'il m'a avoué ce soir sur son état, il rit encore avec moi sur ce genre de chose. Je ne suis pas forcément d'humeur à rire, mais l'entendre le faire m'apporte un vrai soulagement. « Tu sais, ça ne serait pas forcément très bénéfique pour moi. Le sexe avec toi a vraiment tendance à m’apaiser. » Je lui ai demandé ce que je pouvais faire pour l'aider à s'apaiser sans réponse et là, voilà qu'il m'amène une réponse. « Si pour ta santé, il faut que je couche avec toi à chaque fois que tu es anxieux, je suis prête à me dévouer. » En temps normal un rire franc aurait sans doute accompagner cette remarque, ce soir je n'en suis pas vraiment capable, mais je lui souris malgré tout. « Tu vois à quel point je t'aime, je t'offre mon corps comme déstressant dès que tu en as besoin. » Un peu plus de légèreté dans la voix même si ce n'est pas aussi assumée que d'habitude, mais j'essaye de faire au mieux pour faire abstraction de tout ce que je ressens. « Mais je suis désolé, j’aurais dû t’en parler avant je le sais. » Bien sur que tu aurais du m'en parler avant, c'est pas un truc anodin. C'est lui qui reparle de son silence, c'est lui qui ramène cet élément dans la discussion, c'est lui qui me rappelle que pendant des semaines, je ne sais même pas combien exactement, il n'a rien dit et il m'a caché un élément important pour sa santé. Je pose une main sur ses lèvres. « Arrête de t'excuser, c'est pas grave, j'ai compris pourquoi tu as fais ça. » Est-ce que c'est vrai ça ? En partie oui. Enfin je crois. Bien sur que je ne considère pas que ce n'est pas grave. Mais, j'ai compris ce que j'avais à comprendre pour ne pas lui en vouloir et lui en tenir rigueur c'est le plus important non ? « Je vais tout faire pour me faire pardonner. » Je secoue la tête de gauche à droite. « Tu n'as rien à te faire pardonner. » Il n'a pas à se coucher avec l'idée qu'il a fait quelque chose de mal, ou que je lui en veux, ou qu'il doit en faire plus pour se faire pardonner. « Prends soin de toi c'est tout ce que je te demande. » Et si Caleb est sans doute le meilleur pour prendre soin des autres et de loin, c'est loin d'être le cas pour prendre soin de lui même. Je l'embrasse brièvement et je viens m’asseoir contre lui à nouveau, mon dos contre son torse et je ferme les yeux quelques secondes. Ma main qui masse mon bras qui me lance, je sens mes épaules et ma nuque me tirailler à nouveau. Je souffle doucement. Quelques secondes de silences, ou je laisse ma tête venir se poser en arrière sur son épaule et ou je tente de détendre mon corps et d'oublier toutes les pensées négatives que j'ai eu tout au long de cette interminable journée. « Chéri ? Il y a des effets secondaires à tes traitements sur ta libido ? » Je ne sais même pas pourquoi je pense à ça mais j'ajoute une explication qui me semble on ne peut plus logique à cet instant. « Non parce que si la seule chose qui te détends c'est le sexe mais que ton traitement t'empêche de bander, on va avoir un problème. » Les enfants sont assez loin pour que je n'ai pas à filtrer mes paroles et je pense que j'ai déjà assez réfléchis à chacun de mes mots pour laisser les mots sortir librement sur un tel sujet. « Désolée c'est peut-être pas le bon sujet non plus. » Lui faire peser le poids de notre avenir sexuel sur les épaules, lui ajouter une nouvelle pression non c'est sans doute pas une bonne idée, même si c'est absolument pas mon attention, je ne sais pas comment il peut le prendre. « Je veux pas que tu penses que je te mets la pression ou quoi, j'avais juste besoin de penser à autre chose. » Parce que cette journée est définitivement interminable et je crois que j'ai trop donné en terme d'émotions et j'ai besoin d'un peu de répit.
« Désolée, moi ça m'aide, mais j'ai oublié le temps d'un instant comme tu détestes ça. » J’en viens presque à me demander comment est-ce qu’elle a pu oublier cela. Mais elle me fait rire en tout cas et sa remarque a le mérite de me détendre un peu. « Par contre je n’ai jamais essayé la méditation. » je lui précise, parce que c’est bien l’une des options qu’elle m’a proposées et si je n’ai retenu dans un premier temps que le sport je garde cette idée dans un coin de ma tête. Bien que j’avoue être assez dubitatif à ce sujet je ne ferme pas complètement la porte à essayer cette pratique. Je n’ai rien à perdre après tout et si cette méthode fonctionne elle sera clairement plus naturelle qu’un traitement ou bien la cigarette qui peut également m’aider à me détendre quand l’angoisse devient trop importante. Mais j’en connais une autre, de méthode qui suffit à m’apaiser et c’est clairement celle que je préfère. Le sexe. J’aurais même envie de lui dire que c’est cette méthode que je préfère privilégier plutôt que celle des médicaments mais je doute qu’elle puisse en rire. Pas maintenant en tout cas. Pas ce soir. « J'aime t'entendre rire. » Si sa voix est remplie de douceur en me prononçant ces mots, de mon côté c’est le sourire qui s’étire sur mes lippes qui déborde de tendresse. C’est pourtant un compliment assez simple voire même banal mais je pense qu’avec la douceur de sa voix et l’ambiance de la soirée qui commence à tomber sur la ville, ses mots me touchent bien plus que d’habitude. Je la vois également se détendre ce qui me soulage et m’aide moi aussi à faire redescendre l’anxiété. « Si pour ta santé, il faut que je couche avec toi à chaque fois que tu es anxieux, je suis prête à me dévouer. Tu vois à quel point je t'aime, je t'offre mon corps comme déstressant dès que tu en as besoin. » Si je la sens bien moins enjouée et joueuse qu’à l’accoutumée ce n’est pas forcément mon cas et c’est en me mordant la lèvre inférieure que je détaille son corps du regard. Mes yeux s’attardant toujours sur cette même partie qui parvient toujours à me captiver et me perdre en quelques secondes ; sa poitrine. « Et quel corps en plus… » que je réponds en relevant les yeux vers les yeux. « Je suis vraiment l’homme le plus chanceux du monde. » phrase prononcée avec bien moins de légèreté parce que je le pense sincèrement. Il n’y a qu’à la regarder pour comprendre que je suis réellement sérieux. Ma femme est de loin la plus belle du monde, il n’y a aucun doute là-dessus. Des yeux hypnotisant et une plastique naturelle plus qu’avantageuse. « Arrête de t'excuser, c'est pas grave, j'ai compris pourquoi tu as fais ça. » J’ai pourtant l’impression de lui devoir des excuses car je suis presque sûr qu’elle doit m’en vouloir un peu. Ce qui est totalement normal à mon sens. « Tu n'as rien à te faire pardonner. Prends soin de toi c'est tout ce que je te demande. » Prendre soin de moi, je sais que je ne suis pas le plus doué pour ça et je pense qu’elle en a elle aussi conscience. Je termine cette conversation en venant l’embrasser sur la joue avec douceur avant qu’elle ne se tourne pour à nouveau se retrouver assise sur mes genoux, le dos contre mon torse.
Je remarque sa main qui vient masser son bras sur lequel se trouve toujours cet hématome et comme dans un mouvement naturel ma main vient remplacer la sienne sans y exercer la moindre pression afin de ne pas lui faire encore plus mal qu’elle ne souffre visiblement déjà. « Chéri ? Il y a des effets secondaires à tes traitements sur ta libido ? » Voilà une question à laquelle je ne m’attendais pas mais quand on connait notre couple c’est finalement une interrogation assez peu étonnante. Mes doigts qui caressent avec douceur son bras et les yeux vers les filles je fronce légèrement les sourcils. « Je ne sais pas… pour tout te dire quand je prenais ces médicaments je n’avais pas franchement beaucoup de libido à la base. » je lui avoue dans un léger rire qui n’a absolument rien de joyeux. Mais c'était la dépression qui a eue une incidence négative sur ma libido plus qu'autre chose. « Mais je ne pense pas non, je peux regarder sur internet si tu veux. » parce que blague à part, le sexe a une place très importante dans notre couple et si nous sommes ensemble depuis bientôt quatre ans la phase plus communément appelée lune de miel ne s’est toujours pas terminée pour nous. « Non parce que si la seule chose qui te détends c'est le sexe mais que ton traitement t'empêche de bander, on va avoir un problème. » Les mots choisis par ses soins ainsi que sa façon d’exprimer les choses ne manquent pas de me faire rire encore une fois tandis que je viens frotter mes paupières de ma main libre. « Avec un corps comme le tien sous les yeux ça ne risque pas d’arriver un jour. » Même si je sais bien que s’il s’agit d’un effet secondaire du traitement aussi sexy soit-elle ça ne sera pas de ma faute ni de la sienne. « Désolée c'est peut-être pas le bon sujet non plus. Je veux pas que tu penses que je te mets la pression ou quoi, j'avais juste besoin de penser à autre chose. » Doucement, je secoue la tête même si elle ne peut pas le voir. « Non non, t’inquiètes pas je ne l’ai pas mal pris. Au contraire. Ça me fait rire. » je la rassure essayant moi aussi de me montrer le plus doux possible. « Mais j’espère moi aussi que ça n’aura pas d’incidence sur ma libido, je n’ai pas envie que tu prennes plus l’habitude de tes petits jouets plutôt que de moi.» Et je serais clairement capable d’arrêter mon traitement pour que ça ne puisse pas se produire.
you can talk to me But lately, I can't see You wanted me sadder Baby, can't you see it?
« Par contre je n’ai jamais essayé la méditation. » Si les méthodes douces ne fonctionnent pas vraiment sur moi, je pense que pour lui ça pourrait marcher, quoique j'en sais rien finalement, mais je suis même prête à l'essayer avec lui, à l'accompagner, à tenter des trucs pour l'aider si besoin. « C'est pas très efficace sur moi, je crois que ça bouge pas assez, mais si tu veux, je pourrais réessayer avec toi. » Ou même le laisser essayer tout seul si jamais il le désire, ça peut être son truc, moi c'est plutôt aller courir, faire du sport, et même de la boxe à une époque. Enfin on est différent et on aura sûrement une façon bien différente de gérer, mais on en a une en commun, et c'est le sexe. Rien d'étonnant en soit pour nous, ça a toujours fait partie de notre vie de couple. A la vingtaine comme maintenant, même avec quatre enfants chez nous, même après trois ans de vie commune, le sexe reste un élément très important de notre vie de couple. Et si ça l'aide à se détendre de coucher avec moi, parler de sexe avec lui m'aide aussi à me détendre à ce moment précis. « Et quel corps en plus… » Je secoue un peu la tête alors qu'un sourire naît sur mon visage en le voyant s'attarder sur ma poitrine. Pourtant je n'ai pas de décolleté, pas de vêtements sexy, mais malgré tout il est toujours aussi attiré par ma poitrine et ça aussi ça m'aide à me détendre un peu. Ca me prouve que malgré le traitement, malgré son silence, malgré ses angoisses, il y a des choses qui ne changent pas et ça me rassure. « Je suis vraiment l’homme le plus chanceux du monde. » Je n'y crois pas une seconde à ses mots. Il n'est pas chanceux loin de là, j'ai un corps agréable, ça je le sais, mais à côté de ça, la liste de mes défauts est plus grosse que ma poitrine et ça relativise vraiment le reste. Mais cette discussion a au moins le mérite d'être un peu moins sérieuse que toute celle que l'on a pu avoir ces dernières minutes et ça permet de souffler un peu parce qu'entre cet événement au centre et cette révélation de Caleb sur son besoin de médicaments qu'il me cachait, ça faisait beaucoup trop à gérer d'un coup même si je tiens le coup et que je ne craque pas. Il m'embrasse sur la joue et après lui avoir fait un petit sourire pour le rassurer, je me réinstalle sur ses genoux, contre lui.
Les yeux fermés je sursaute légèrement quand je sens sa main se poser sur mon bras et venir masser doucement cette partie douloureuse de mon corps. Je ne dis rien, je le laisse faire et cette tendresse de sa part m'apaise, me détends aussi un peu. Je ne veux pas bouger, je ne veux plus quitter cette position dans laquelle je me suis installée et qui me permet de le sentir que ce soit physiquement mais aussi son odeur qui me rappelle que tout va bien, que tout est normal, qu'on est ensemble et que tout va bien se passer. C'est ce que j'ai besoin de croire à cet instant. « Je ne sais pas… pour tout te dire quand je prenais ces médicaments je n’avais pas franchement beaucoup de libido à la base. » Je me sens conne d'avoir posée cette question, et de lui rappeler encore cette partie de sa vie. Bien sur qu'il n'avait pas de libido, sa femme venait de mourir. « Mais je ne pense pas non, je peux regarder sur internet si tu veux. » Je secoue la tête de gauche à droite et il doit le sentir contre lui puisque ma tête est posée sur son épaule blottie dans son cou. « Non bouge pas. » Je lui dis ces mots avec un peu trop d'entrain, témoignant de mon besoin d'être contre lui à cet instant précis. « On vérifiera plus tard, je veux rester encore un peu contre toi. » C'est plus doucement, avec plus de calme que je lui dis ces mots. Que je lui dis vouloir rester contre lui, à parler de sexe, ou d'autres sujets peu importants mais contre lui avec son bras qui caresse mon bras, je ne veux pas bouger, pas penser, juste rester contre lui comme ça encore quelques minutes, le temps pour mon esprit de sa calmer et pour mon corps de se détendre vraiment. Parler de tout, de rien, ou même juste se taire, mais être avec lui voilà ce dont j'ai envie à cet instant précis. Je parle encore un peu, sans filtre, sans réfléchir, je parle de nous, du sexe, parce que c'est un sujet finalement courant et j'ai besoin de normalité. Il rit à nouveau, je lui ai déjà dis, mais son rire est sans doute ce dont j'ai besoin ce soir. L'entendre rire, entendre sa joie, entendre sa bonne humeur, l'entendre être heureux tout simplement. « Avec un corps comme le tien sous les yeux ça ne risque pas d’arriver un jour. » Je sais qu'il est à moité sérieux, qu'il le pense sans doute mais le corps est une machine qui peut se dérégler et échapper à notre contrôle, je le sais, je l'ai vécu plus d'une fois. Perdre le contrôle de mon corps, de mon désir, de ma vie. Voilà que je repense à des trucs auquel je ne veux pas penser. Je suis fatiguée et contrôler mes pensées semblent de plus en plus difficiles, mais je me concentre sur notre discussion. « Tu sais que ça fonctionne pas comme ça, mais même si ton corps est en panne à cause des médicaments, je trouverai des moyens de te faire du bien. » Et accessoirement, je me vexerais pas, je me sentirais pas nulle ou je ne douterais pas de son amour pour moi si ça venait à arriver parce que je pourrais le comprendre. Mais ça je ne le dis pas, j'ai pas envie qu'il s'angoisse à ce sujet ou qu'il pense que je lui mets une quelconque pression. « Non non, t’inquiètes pas je ne l’ai pas mal pris. Au contraire. Ça me fait rire. » Tant mieux alors, je réussis au moins un truc ce soir avec lui, je réussis à le faire rire c'est déjà pas si mal non ? « Mais j’espère moi aussi que ça n’aura pas d’incidence sur ma libido, je n’ai pas envie que tu prennes plus l’habitude de tes petits jouets plutôt que de moi. » Je relève ma tête vers lui et avant de lui répondre je dépose un baiser sur sa joue. « Jamais je ne pourrais prendre plus l'habitude de mes petits jouets comme tu le dis, ils sont trop petits pour que ça me comble, et rien ne pourra jamais remplacer tout l'amour, le désir, la passion et la tendresse que tu me donnes dans ces moments. » C'est sans doute un cliché pour beaucoup, mais malheureusement, j'ai couché avec beaucoup d'hommes, beaucoup, beaucoup, beaucoup trop, mais je peux le dire. Coucher avec Caleb est spécial, être avec lui est spécial, c'est différent de tout les autres parce que je l'aime, parce que je veux partager avec lui, parce que je veux lui donner du plaisir, parce que je suis dingue de lui tout simplement et ça se ressent dans ces moments passés à deux. C'est avec un petit sourire, plus doux et plus sincère que les précédents, plus vrai que je lui dis ces mots. Et je me tourne vers lui pour l'embrasser, tendrement, avec amour mais aussi avec besoin. Ce besoin si fort aujourd'hui que je ressens d'être connectée à lui, d'être avec lui, de le sentir me toucher, m'embrasser, m'aimer tout simplement. Des choses dont j'ai besoin tout le temps mais encore plus aujourd'hui, sans doute du aux événements de la journée et à ce qu'il m'a annoncé. Je me détends un peu contre lui, quand ses lèvres sont sur les miennes, c'est dans ces moments que je m'apaise vraiment, mais une fois nos lèvres qui se séparent, je ressens à nouveau cette sensation étrange que je ne peux expliquer. Alors mes lèvres retrouvent leurs places sur les siennes encore, mais c'est la voix de Lucy qui tire sur mon bras qui me rappelle que si j'ai besoin de Caleb, je suis loin d'être la seule. « Papa câlin. » Elle regarde Caleb avec ses petits yeux verts et au même moment c'est Mael qui se met à pleurer dans le babyphone et Nathan qui apparaît sur la terrasse pour demander à Caleb s'il a besoin d'aide pour préparer le dîner. « Retour à la réalité papa. » Que je glisse dans l'oreille à Caleb tout en soupirant un peu et je me lève pour aller chercher Mael, non sans avoir déposé un dernier baiser sur la joue de Caleb puis sur le front de ma fille que je pose sur les genoux de son père.
J'ai voulu aller courir un peu, mais au moment de me préparer j'ai ressenti une angoisse à l'idée de quitter notre maison alors j'ai laissé tomber l'idée de courir malgré mon envie et surtout le besoin que j'avais de me défouler et j'ai passé tout mon temps avec ma famille. Pas une minute loin d'eux. Je n'ai jamais été une grande fan du silence, mais ce soir, même Nathan a fait une remarque sur le fait que je ne parle pas beaucoup pourtant on ne peut pas dire qu'il me parle beaucoup ou qu'il fait beaucoup attention à moi. C'est pas très grave, les jumelles ont compensé ce soir, elles ne parlent pas encore très bien mais elles se font parfaitement comprendre, enfin nous on les comprends bien et elles aiment parler, surtout Lena qui malgré une journée à jouer dehors, ne semble pas avoir épuisé son énergie. Mael a été relativement calme ce soir lui aussi, dans mes bras une partie de la soirée, c'est autant pour l'apaiser que pour m'apaiser moi que je l'ai gardé contre moi aussi longtemps et les moments ou il était posé à jouer ou dans les bras de Nathan pour son biberon, c'est en cherchant le contact avec Caleb que j'ai cherché à me rassurer. Plus tactile encore que d'habitude ce soir, je souris pourtant à nos enfants, je souris à Caleb, je ris même avec les filles, je chante une berceuse à Mael, la même routine que tout les soirs et pourtant en me couchant je ne me sens toujours pas détendue et apaisée alors quand Caleb se glisse dans les draps après avoir été fumer, je viens me blottir contre lui, au plus près de lui, mon dos contre son torse, mes fesses contre son bas ventre, ma tête contre lui, frissonnant en sentant le froid de son corps, mais cette proximité me rassure. Les jumelles dorment, Nathan dort aussi, et même Mael s'est endormi sans pleurer ce soir, si seulement Caleb pouvait s'endormir sans difficulté lui aussi. Je sais que ce moment est particulièrement compliqué pour lui, et je voudrais faire quelque chose pour l'aider à trouver le sommeil, mais si j'avais la solution, ça ne ferait pas plusieurs semaines qu'il dort mal non ? « Tu as besoin de quelque chose pour t'aider à dormir ? » Il va sûrement faire non de la tête ou me dire qu'il veut que je dorme, ou me dire qu'il n'a besoin de rien, mais après cette journée je sens que son sommeil risque d'être encore plus agité que d'habitude, parce que cette journée a remué beaucoup de souvenirs et d'angoisses non ? Pourtant je ne peux pas en parler, pas maintenant parce que si moi j'y pense, et qu'il y pense aussi sans doute, le dire ne serait pas productif non ? Pas avant de se coucher. « J'espère que ça te dérange pas si je reste contre toi ce soir. » Je sais que normalement ça ne le dérange pas au contraire, mais ce soir j'en ai besoin peut-être encore plus que lui et j'espère juste qu'il se sent pas trop mis à mal par toutes ces recherches de contacts physiques permanentes ce soir. Ca présence me rassure, mais les tensions de la journée se font ressentir et je n'arrive pas à me détendre pleinement ce soir et pourtant contre lui je devrais réussir non ? Il a ce pouvoir sur moi, et dans une dernière tentative pour vraiment retrouver cette sécurité physique et affective qu'il est capable de m'apporter, je prends sa main et je la glisse sous ma nuisette, pour lui demander, l'inciter, à caresser ma peau avec toute la tendresse dont il peut faire preuve. Je ne lui dis pas à quel point j'en ai besoin, à quel point mon corps me fait mal à certains endroits, je ne veux pas l'inquiéter, mais je lui fais comprendre que j'ai besoin de sentir sa main sur moi, de sentir sa tendresse et son amour toucher mon corps. Je frisonne dès l'instant ou sa peau frôle la mienne, je frisonne et les yeux fermés, sa main sur son corps, je commence à me détendre vraiment. Je sens mes muscles se relâcher peu à peu, je sens mes nerfs se détendent, je sens les tensions dans ma nuque et mes épaules devenir moins douloureux, et je me sens enfin apaisée grâce à lui. Voilà ce que j'aimerais pouvoir réussir à lui faire ressentir, voilà l'impact que j'aimerais avoir sur lui, mais si je n'arrive pas à apaiser ses angoisses qui sont bien plus fortes et ancrées que les miennes, lui il y arrive et ce soir, je n'ai besoin que de ça. Sentir son amour pour moi, sentir sa tendresse aussi alors que la violence de la journée a eu plus d'impact que je ne le pensais, sentir que malgré la nuit tombée et les angoisses à venir, c'est avec moi qu'il est et qu'il a envie d'être. « Tu m'apaise tellement, je t'aime bébé. » Ma main qui guide sa main vers ma poitrine, c'est avec toujours beaucoup de tendresses que je lui donne l'accès à cette partie de mon corps, que je lui montre que j'ai envie de lui. Malgré la journée horrible, malgré la fatigue, malgré son mensonge, malgré mes inquiétudes, malgré les douleurs, malgré cette boule au ventre, malgré ce silence qui montre que cette journée a eu un impact sur moi, la soirée je veux la terminer avec lui. La nuit je veux la commencer avec lui.