Cola and candy
@Raphael Elly

Journée de boulot interminable. Andrea était restée un peu plus tard pour terminer une commission pour le lendemain. Ordinateur portable dans son sac, téléphone dans sa poche, elle avait pressé le pas pour rentrer chez elle et lâchait un soupire de soulagement en poussant la porte d’entrée de son appartement. Elle retirait ses converse, tendant l’oreille, notant le calme ambiant. C’est vrai que depuis que Ade était partie, il y avait moins de bavardage dans l’appartement. Toute fois Andrea entendait de la musique. Elle s’avançait dans le salon où Raphael était, avachit dans le canapé, le regard fixé sur la télévision sur laquelle une énième comédie musicale se jouait. « Hey » Lâchait-elle machinalement, en s’approchant, avant que son attention ne soit prise en otage par la télévision. Elle restait silencieusement, debout à côté du canapé, ses yeux se perdant sur l’écran et sur Meryl Streep qui poussait la chansonnette. C’était étrangement captivant. Elle laissait tomber son sac à dos au pied du sofa avant de se laisser tomber dans ce dernier, juste à côté de son colocataire. Elle savait pertinemment que se poser là n’était pas une bonne idée, qu’une fois ses fesses au fond du canapé, elle n’allait pas se relever pour faire à manger, se doucher, se mettre en pyjama…. Mais pfff, tant pis, Meryl avait eu raison de sa volonté. « T’as passé une bonne journée ? » demandait-elle enfin à l’attention de Raphael, sans pour autant détaché ses yeux de l’écran. Demander ce genre de chose à son colocataire était devenu un automatisme, et même si actuellement son attention était sur la télévision, la réponse de Raphael ne l’intéressait pas moins. « En fait… elle chante vachement bien Meryl, j'savais pas. » notait-elle, bouche bée. Oui elle ne regardait pas trop de comédie musicale, faute de temps, faute d’envie, mais Raphael lui ferait sa culture de Theater kid, elle n’en doutait pas.

Quand il pense trop, Raphael occupe ses pensées en se posant devant une comédie musicale. Il divertit son cerveau comme le fait un parent qui n’en peut plus d’entendre son enfant hurler et courir dans la maison. Il lui suffit reconnaître une mélodie pour que son regard se fixe sur la source, et le voilà parti pour deux heures à chantonner les airs de Mamma Mia! aux côtés de tous ces acteurs qui ont bercé son enfance. Il laisse de côté son téléphone, sur lequel il épiait les chiffres minuscules dans son compte en banque, puis la première demi-heure passe en un claquement de doigt. Il néglige sa position de danseur, courbe son dos en s’allongeant de la mauvaise façon sur le canapé mais, ainsi, il est confortable. Du bout des dents, il mâchouille des bâtonnets de carotte sans les goûter : il semble avoir sombré dans une transe. C’est seulement lorsqu’une voix s’élève dans le salon qu’il retombe sur Terre. « Hey. » Il répond comme un robot, jetant un regard rapide vers sa dernière colocataire qui rentre probablement du travail. C’est déjà bientôt l’heure de dîner ? « T’as passé une bonne journée ? » Esquissant une moue, il hoche de la tête et s’abstient de parler de sa journée parce que ça n’intéresse personne. Et, pourtant, il a rencontré une enseignante qui l’a introduit à un projet de cours de danse qu’elle souhaite mettre en place à son école et la connexion avait passé entre eux. C’est une bonne nouvelle qu’il ne partagera qu’avec ses bâtonnets de carotte. « Yep ! Et toi ? T’as l’air crevée. » Il bredouille en n’attardant cependant pas son regard sur les cheveux en bataille d’Andrea ainsi que les discrète cernes sous ses paupières. Un bon cache cernes pourrait régler ce problème, il pense, avant de reporter son attention sur son téléphone afin de jeter un coup d’œil à l’heure. « Oh merde, il est déjà dix-huit heures ! Désolé, j’ai rien préparé pour dîner, j’ai pas vu le temps passer. » Il se pince les lèvres, l’air désolé, avant de se moquer gentiment : « Quoique, rien du tout ce sera toujours mieux que ce que nous cuisinait Ade. » Son ton est blagueur, ironique, évidemment, parce qu’il ne se permettrait jamais de l’insulter au premier degré (même s’il a complètement raison au sujet de sa cuisine maladroite).  

« En fait… elle chante vachement bien Meryl, j'savais pas. » Il pousse un gloussement. « Mamma Mia ! c’est une collection d’acteurs et actrices qui nous surprennent quand on les entend chanter pour la première fois. » Il sait que la jeune femme ne partage pas son intérêt pour les comédies musicales alors il se retient de préciser que Meryl Streep avait poussé la chansonnette à deux reprises avant qu’elle ne le fasse dans ce long métrage-là. Le genre d’anecdote qu’il regroupe dans sa boîte crânienne sans jamais les partager. Son petit trésor à lui, faute de s’y connaître en politique, géographie ou mathématiques. « Bientôt, tu auras entendu toutes les chansons de comédies musicales qui existent, ça pourra t’aider dans les soirées Blind test au bar. »            

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 « Yep ! Et toi ? T’as l’air crevée. » Andrea répondait par un petit : « Yep » presque inaudible, bien trop captivée par la télévision pour élaborer davantage sur le sujet.  « Oh merde, il est déjà dix-huit heures ! Désolé, j’ai rien préparé pour dîner, j’ai pas vu le temps passer. » notait soudainement Raph après avoir regarder l’heure sur son téléphone. Andy faisait machinalement de même, tirant son smartphone de sa poche pour noter qu’en effet : il était déjà six heures passé d’une grosse dizaine de minutes. Rien de dramatique selon elle, même si c’est vrai qu’elle avait le ventre vide. « Quoique, rien du tout ce sera toujours mieux que ce que nous cuisinait Ade. » Andrea échappait un petit rire. « C’est pas faux. » A croire que jamais Ade n’avait réussie a apprivoiser le four de l’appartement…. Ni même les plaques chauffantes, où le sel … enfin ça ne venait pas de la cuisine, mais clairement de la cuisinière. Bref Andrea reportait son attention sur la télévision, Meryl Streep lui faisant presque oublié qu’elle avait faim. « Mamma Mia ! c’est une collection d’acteurs et actrices qui nous surprennent quand on les entend chanter pour la première fois. » « J’avoue qu’en dehors de Marvel et compagnie, je regarde pas beaucoup de film, donc je savais pas du tout que Meryl savait chanter. » Sa culture cinématographique était très limité en fait : super-héros, starwars puis quelques films avec des personnages queer plus ou moins emblématique, mais elle n’avait jamais vraiment regardé de comédie musicale…. Enfin mise à part High School Musical, mais est ce que ça comptait vraiment ? « Bientôt, tu auras entendu toutes les chansons de comédies musicales qui existent, ça pourra t’aider dans les soirées Blind test au bar. »   « Si le thème de la soirée c’est ‘comédie musicale’, je te traine avec moi, je prend pas de risque. » assurait-elle en pouffant de rire, reportant son attention sur Raph. « Je répondrais au question de Nerd et tu répondras à celle de Theater kid. Une belle équipe. » Oui, clairement, Raph pouvait être un très bon partenaire de pub quizz. « Bon je vais voir ce qu’il y a dans le frigo, histoire de dire, mais je pense qu’on va commander un truc parce que j’ai pas le courage de cuisiner ce soir. » notait-elle, se tirant du canapé pour faire l’effort de checker le frigo. Elle plissait un peu les yeux face à la lumière du réfrigérateur, notant l’absence de Tupperware contenant des restes. Il y avait bien d’autres produits mais qui nécessitaient transformation et elle n’avait pas la force de se mettre derrière les fourneaux après sa journée de boulot. « Sushi ça te va ? » demandait-elle une fois le frigo refermé. Elle ouvrait machinalement un placard pour en sortir un paquet de bonbon, récupérait deux canette de coca zéro et trainait des pieds jusqu’au canapé. « Tiens. » lâchait-elle, tendant l’une des canettes à son colocataire avant de s’assoir a côté de lui, posant sa canette sur la table basse pour pouvoir ouvrir le paquet de bonbon. Elle piochait déjà dedans avant de tendre, par réflexe le paquet à Raph pour qu’il puisse à son tour y plonger la main. « Ou alors on commande rien et on mange que des bonbons en guise de repas. » notait-elle en haussant les épaules, récupérant sa canette pour l’ouvrir, esquissant un petit sourire en attendant le bruit si familier du soda, avant d’en prendre quelques gorgées.

« J’avoue qu’en dehors de Marvel et compagnie, je regarde pas beaucoup de film, donc je savais pas du tout que Meryl savait chanter. » C’est ironique parce qu’il n’a vu aucun Marvel. Il n’a jamais été un fan des histoires de super héros. Ceci dit, ses connaissances générales en cinéma sont bien maigre, peu importe le genre évoqué. Il ne connait que les comédies musicales comme le font de sa poche, ainsi que quelques histoires de romance trop connues tel que Titanic. « Tu serais surpris. Il y a beaucoup d’acteurs qui savent bien chanter avec un peu d’autotune. » Il bredouille en ricanant sans détacher ses yeux de son addiction télévisuelle. « Si le thème de la soirée c’est ‘comédie musicale’, je te traine avec moi, je prend pas de risque. » Il n’est pas bien utile pour beaucoup de choses, Raphael, mais il vrai que dans ce domaine-là il briserait tous les records. « Nerd et Theater Kid… » Il répète en plissant les paupières, réfléchissant à ces étiquettes qu’elle vient de leur coller. Il ne pourra pas s’en vexer car c’est exactement ce qu’ils sont. Ça les décrit bien. En attendant cette prochaine soirée quizz, ils n’ont rien à manger pour ce soir. Ade maintenant partie, c’est une tête pensante de moins. Si elle cuisinait mal, elle avait au moins le mérite de mettre la main aux plats. Encore une fois, ils devront certainement commander, mais cette éventualité fait plisser le nez de Raphael. Son budget est déjà bien assez serré ; il ne se plaindra toutefois pas à voix haute. Il aurait dû y penser avant de s’ajouter à une collocation aussi dispendieuse. L’endroit est bien trop grand et beau pour un mec qui gratte un aussi petit salaire. « Ouais, ça me va. » Qu’il affirme lorsque la proposition des sushis est soulevée. Il faut dire qu’elle n’a pas choisi le plat le moins cher non plus. Il la remercie d’un signe de la tête lorsqu’elle lui offre une canette de soda dont il ne boira que le quart avant de jeter le reste dans l’évier. Les bonbons, eux, il en mangera un peu plus. « Le petit ange dans ma tête me dit que c’est une très mauvaise idée. » Ce n’est pas avec des bonbons qu’il préservera son corps de danseur. Il doit faire des efforts tous les jours pour maintenir sa forme et prendre soin de ses efforts passés. Ceci dit, il ne mourra pas s’il se goinfre de vers de terre gélifié juste une fois. « Mais je vais écouter le petit diable, je crois. Ça nous fera économiser un peu pour la fin du mois. » Détachant ses yeux de son film, seulement parce que la scène est un peu moins énergique que les autres, il interroge Andrea du regard : « Ça va, toi, ton budget, avec une coloc en moins ? » Il aimerait l’entendre dire avant lui. « C’est pas que j’suis sur le point de me retrouver à la rue mais… Disons que c’est un peu cher, sans Ade. »  

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 « Tu serais surpris. Il y a beaucoup d’acteurs qui savent bien chanter avec un peu d’autotune. » Right, l’autotune pouvait faire des miracles, elle avait tendance à l’oublier. Elle s’éclipsait un instant vers la cuisine, revenant avec deux sodas et quelques bonbons avant de proposer de commander des sushi en guise de repas du soir. « Ouais, ça me va. » parfait, elle sortait déjà son téléphone pour ouvrir une application afin de commander une boite ou deux de sushi. « Le petit ange dans ma tête me dit que c’est une très mauvaise idée. » Elle reportait son attention sur Raph, qui se laissait tenté par un bonbon malgré tout. « Mais je vais écouter le petit diable, je crois. Ça nous fera économiser un peu pour la fin du mois. » « C’est pas quelques bonbons qui vont te tuer, t’en fait pas. » assurait-elle, reportant ses yeux sur son téléphone pour terminé la commande. « Ça va, toi, ton budget, avec une coloc en moins ?  » Elle reposait son téléphone sur la table basse, récupérant sa canette pour en prendre quelques gorgées. « Oui, ça va. C’est moins confortable qu’avant, mais bon, je dépense pas des tonnes en général, donc ça va. » assurait-elle. C’est vrai qu’elle gagnait plutôt confortablement sa vie et était loin d’être dépensière. Elle sortait pas si souvent que ça, n’avait pas des gouts de luxe et ne voyageait pas. Puis elle mettait toujours des sous de côté, pour un jour s’offrir un appartement rien que pour elle, voir même une petite maison dans la banlieue de Brisbane. Donc, elle était loin d’être à la rue. « C’est pas que j’suis sur le point de me retrouver à la rue mais… Disons que c’est un peu cher, sans Ade. » Andrea hochait lentement la tête, réalisant tout ça. C’est vrai que, égoïstement, elle ne c’était pas demandée si ça allait pour Raphael, qui avait un budget plus serré que le sien, et qui louait la plus petite chambre de l’appartement pour cette même raison. « Je comprend. On peut mettre une annonce pour trouver une troisième personne si tu veux. » proposait-elle aussitôt. Elle avait pensé le faire, en parler au proprio, mais avait procrastiné pendant un peu trop longtemps visiblement. « En attendant, je peux payer la par de Ade pour ce mois ci, comme ça tu récupères ton ancien loyer. » En soit ça ne la dérangeait pas. Elle ne roulait pas non plus sur l’or, mais elle pouvait se le permettre, ne serait-ce qu’un mois ou deux, histoire de soulager Raphael. En plus, c’était un peu de sa faute si la chambre de Ade était toujours vacante. Enfin… sa faute à elle et surtout celle du proprio. Mais avec le temps, elle aurait du savoir qu’il fallait lui rappeler ce genre de chose, sans quoi il ne s’en souciait pas plus que ça. « Je vais envoyer un message au proprio tout de suite d’ailleurs, pour lui rappeler de remettre l’annonce en ligne. » Et sans plus attendre elle récupérait son téléphone pour envoyer un sms au proprio, pianotant rapidement sur son smartphone. « Désolée d’avoir zappé ça, j’y pensais plus. » lâchait-elle. « Enfin, normalement c’est à lui d’y penser, mais j’aurais du le lui rappeler le mois dernier. » Au même moment elle recevait une notification de l’app de livraison, indiquant que le livreur était entrain de récupérer leur commande. « Oh et t’embête pas pour le repas de ce soir, je te l’offre. » en temps normal ce genre de dépense était mise en commun, en grande partie, Andrea payait tout de même pour ses bonbons et soda, histoire de ne pas faire payer ses colocataires pour son addiction au sucre. Mais pour ce soir, elle préférait payer, histoire de se faire pardonner d’avoir mis, par son manque de mémoire, Raph dans la merde financièrement.

« C’est pas quelques bonbons qui vont te tuer, t’en fait pas. » Oh, si elle savait toute la pression qu’il s’était mis sur les épaules lorsque la danse était toute sa vie ! Pas le moindre gras ou sucre traversait sa bouche ; que des aliments frais qui ne sont pas passés par soixante étapes de transformation à l’usine. Il voulait être le meilleur. Conclusion ; il n’a pas été le meilleur, alors il peut se permettre de choper une petite poignée de bonbons dans le sac que lui tend Andrea. « Je te redirai ça cette nuit quand je condamnerai la toilette. » Après tout, il ne sait pas comment son corps réagirait s’il se mettait à manger trop de sucre. Plutôt en rire pour le moment. Après avoir mâché trop longtemps une première framboise gélifiée (c’est chiant à mâcher ce truc !!), il avale enfin et relève un regard de la télévision pour le reposer sur sa colocataire. Pendant qu’elle est là et forcée à regarder Mamamia, autant en profiter pour aborder le sujet des finances. « Oui, ça va. C’est moins confortable qu’avant, mais bon, je dépense pas des tonnes en général, donc ça va. » Il aurait préféré qu’elle se trouve dans la même situation que lui parce qu’il serait moins gêné d’admettre que, pour lui, le départ d’Ade signifie aussi un énorme trou dans son portefeuille qui ressemble déjà à un fromage suisse. « Je comprends. On peut mettre une annonce pour trouver une troisième personne si tu veux. » Il opine du chef, rassuré qu’elle propose l’idée elle-même. Elle n’est donc pas contre accueillir une autre personne même s’ils ont des chances de tomber sur une personne avec laquelle ils ne s’entendront pas. Quoique, elle a déjà dû s’habituer à Raphael et sa personnalité de chaussette alors elle peut certainement accepter un autre cas. « En attendant, je peux payer la par de Ade pour ce mois ci, comme ça tu récupères ton ancien loyer. » Il se redresse aussitôt, comme paniqué à l’idée de lui faire payer sa part ; il ne veut pas autant en imposer. « Non non, je t’interdis de faire ça. Dans le pire des cas, je peux avoir de l’aide de mes parents alors je ne te laisserai pas payer ma part. » S’il paraît parfois timide, cette fois, sa voix est franche, voire austère. Il ne faut surtout pas remettre sa décision en question. Le flamand rose il va sortir les crocs… euh, les griffes… ou… ses jolies plumes. « Je vais envoyer un message au proprio tout de suite d’ailleurs, pour lui rappeler de remettre l’annonce en ligne. » Proposition qu’il gratifie d’un thumbs up en gobant un autre bonbon, à l’ananas cette fois. Cette fois, c’est la mélodieuse voix d’Amanda Seyfried qui accompagne la suite de la discussion, tandis qu’Andrea se confond en excuses : « Non t’inquiète, comme je t’ai dit, je ne vais pas me retrouver à la rue. L’appartement est trop bien en plus, alors c’est worth it de payer un peu plus cher pour quelques temps. » Disons qu’il ne retournerait pas dans son ancien, et pas seulement à cause du cactus posé juste à la base du canapé dans lequel il passait ses nuits. Au moins, il n’est pas amoureux d’Andrea et ça règle bien des problèmes. « Oh et t’embête pas pour le repas de ce soir, je te l’offre. » Serrant les dents, il se contente de lui jeter un regard faussement agacé. Bon, elle peut bien lui offrir quelques sushis. Il ne perdra pas toute sa dignité pour des rouleaux d’algue et de riz.

« Tu connaitrais pas quelqu’un qui pourrait nous rejoindre ? C’est toujours plus facile si c’est un ami ou, je sais pas, une personne en qui on a confiance. Ça nous évite de passer par l’étape la plus stressante. » Puis, seulement maintenant, il réalise qu’il n’a jamais interrogé la jeune femme quant à ses fréquentations ou, même son entourage : « Je me rends compte que je ne sais même pas si tu as quelqu’un dans ta vie, tiens. » Message envoyé en l’air ; elle peut répondre si ça lui chante ou pas.          

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« Je te redirai ça cette nuit quand je condamnerai la toilette. » Ah, bon… Andrea n’était pas du genre à faire des pauses pipi au milieu de la nuit, donc de ce côté là pas d’inquiétude, elle avait juste un peu peur de l’état dans lequel elle allait retrouver les wc le matin venu. Le sujet de l’argent venait alors sur la table. Sujet parfois sensible, selon les personnes. Andrea ne roulait pas sur l’or, mais elle économisait pour son projet de vie : s’offrir une petite maison dans la banlieue, avec un jardin. Alors elle avait des sous de côté si besoin, et pouvait pioché dedans en cas d’urgence. Donc payer la part de la colocataire partie pour soulager Raphael était faisable. Ça ne la dérangeait pas, sachant que ce ne serait que provisoire. « Non non, je t’interdis de faire ça. Dans le pire des cas, je peux avoir de l’aide de mes parents alors je ne te laisserai pas payer ma part. » Andrea haussait les épaules. « Comme tu veux. Mais si t’as besoin d’aide et que tu ne veux pas demander a tes parents : je suis là. » concluait-elle. « Non t’inquiète, comme je t’ai dit, je ne vais pas me retrouver à la rue. L’appartement est trop bien en plus, alors c’est worth it de payer un peu plus cher pour quelques temps. » Elle hochait la tête, se permettant tout de même de payer pour le repas du soir. Ce n’était pas grand chose, mais à défaut qu’il accepte de l’aide avec le loyer, elle pouvait tout de même lui payer à manger.

« Tu connaitrais pas quelqu’un qui pourrait nous rejoindre ? C’est toujours plus facile si c’est un ami ou, je sais pas, une personne en qui on a confiance. Ça nous évite de passer par l’étape la plus stressante. » Andrea réfléchissait un instant. Ses amis avaient tous un logement, une situation plutôt stable, personne ne voudrait aménager avec elle. « Non, je suis la seule de mes amis à être encore en colocation à trente ans. » avouait-elle, un brin honteuse par cette constatation. « Mais je demanderais au proprio de poster une annonce. On va trouver. » assurait-elle sans hésitation. « Je me rends compte que je ne sais même pas si tu as quelqu’un dans ta vie, tiens. » « Je sais pas non plus si t’as quelqu’un… » avouait elle en pouffant de rire. « j’ai personne. Je suis pas très douée en amoure, je me fait toujours larguer. » elle grimaçait un peu, une autre constatation qui ne l’enchantait pas vraiment, mais c’était la vérité, pour le moment en tout cas. « Je suis abonnée à la friendzone. » annonçait-elle, d’un air faussement victorieux, comme si elle avait la première place sur le podium de la friendzone. « Et toi du coup ? » Elle checkait rapidement son téléphone pour voir où en était leur commande de sushi.

Il y a un moment où un adulte doit savoir prendre à cœur ses responsabilités : ce jour-là est arrivé et, pour cette raison, Raphael refuse de laisser Andrea payer sa part du loyer. Il trouvera un moyen pour s’en sortir, il y arrive toujours. Il a survécu le passage de ses trente ans alors il affronter toutes les montagnes et tous les monstres qui se poseront sur son chemin. C’est aussi une question de fierté - et il se sentirait moins gêné de demander un peu d’argent à ses parents qu’à une personne qui se trouve dans la même situation que lui.  

Dans tous les cas, si Raphael peut arranger son budget pour ce mois-ci, ce ne sera pas la même pour le reste de l’année. Deux personnes, ce n’est pas assez pour payer le loyer d’un appartement aussi spacieux, et il ne pourra pas se permettre de rester ici plus longtemps s’il doit creuser dans ses économies. Ils devront trouver une troisième tête à couvrir. « Non, je suis la seule de mes amis à être encore en colocation à trente ans. » Il pouffe d’un ricanement autodérisoire. Ouais, ils sont deux dans cette situation alors. « On est en retard pour le train de la vie. » Il pense à voix haute en faisant une moue. Et ils sont encore en train de bouffer des bonbons comme des enfants le soir d’Halloween. Enfin, il acquiesce d’un signe de la tête lorsque la jeune femme propose de demander au propriétaire de poster une annonce. Même s’il est toujours réticent à l’idée de rencontrer de nouvelles personnes et de partager sa bulle avec des étrangers, il n’aura pas le choix de faire des efforts. Il aurait aimé proposer à un ami d’emménager, mais, tout comme Andrea, il est bien l’un des seuls aussi paumé à cet âge. « Je sais pas non plus si t’as quelqu’un… » Son rire surpris se joint au sien. Ils n’ont jamais pris le temps de parler, en effet. La plupart du temps, Raphael s’enferme dans sa chambre tel l’ermite qu’il est. « j’ai personne. Je suis pas très douée en amoure, je me fait toujours larguer. » Basculant la tête sur le côté, il hausse un sourcil. « Pourquoi ça ? On t’a déjà donné des raisons ? » Qu’il s’interroge, mordillant un verre de terre gélifié du bout des lèvres, son regard aillant définitivement délaissé Mamma Mia. Un exploit. Il pourrait peut-être prendre des notes.  

« Et toi du coup ? » C’est con, mais ça lui fait un petit quelque chose de la voir jeter un coup d’œil à son téléphone. C’est comme s’il ne l’intéressait pas assez. Elle n’a peut-être pas vraiment envie de savoir. Et, de toute façon, Raphael n’aurait pas envie de savoir s’il se rencontrait. Il n’a jamais eu une très bonne estime de lui et il assume qu’il n’a rien d’important à dire. Il ne changera pas le monde, ça c’est certain. « Eum, non, je ne crois pas. Pas vraiment. » Il le dit en se fermant un peu, détournant les yeux, enfonçant sa tête entre ses épaules comme un chien effrayé. Pourquoi parlerait-il de Kai à une personne qui préfère regarder son téléphone plutôt que ses yeux quand ils abordent un sujet aussi sensible (pour Raphael) ? De toute façon, lui et le brésilien ne sont rien pour le moment. Et ça restera probablement ainsi parce qu’il a un point en commun avec Andrea : il n’est pas très doué avec l’amour.

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« On est en retard pour le train de la vie. » Andrea échappait un petit soupire à cette remarque. Oui, elle avait bien souvent cette impression là. Pourtant elle se répétait que chacun avait son rythme, qu’on était en aucun cas obligé d’être marié avec des enfants passé un certain âge… mais la société lui renvoyait tout le temps dans la tronche le fait que, en effet, être encore en colocation comme une étudiante à un peu plus de trente an était étrange. Mais Andy aimait sincèrement être en colocation. La solitude ne lui réussissait pas, elle avait grandit dans une famille nombreuse, n’avait jamais réellement vécue seule, et dès qu’elle se retrouvait seule chez elle durant l’absence d’un colocataire, elle angoissait. Raph et elle se mirent d’accord sur le fait de secouer un peu le proprio, afin qu’il trouve un locataire en plus et voilà que la conversation prenait une autre tournure, un brin plus personnel. Il fallait bien avoué que ces deux idiots introvertis n’avait jamais vraiment pris la peine d’apprendre à se connaitre. « Pourquoi ça ? On t’a déjà donné des raisons ? » Andrea attrapait un énième gummy bear, venant le mâchouiller presque nerveusement en réfléchissant à cette question. « Bah… » Oui on lui avait donné tout un tas de raison, évidemment, mais par où devait-elle commencer. « Certain trouve que je m’attache trop vite, que je suis trop cul-cul, pas assez tournée vers le sexe, que je m’investie trop … Bref. J’dois pas être dans la norme, une fois de plus. » déclarait-elle, un brin pessimiste. Visiblement pour plaire aux autres il fallait ne pas s’emballer trop vite côté amour, mais être très à l’aise côté sexe. Et c’était simplement l’opposer de Andrea, elle qui était plus porter sur les sentiments que sur l’aspect charnelle d’une relation amoureuse. Elle haussait les épaules, récupérant sa canette de soda qui était sur la table basse avant de retourner la question à Raphael. « Eum, non, je ne crois pas. Pas vraiment. » Andrea détaillait le jeune homme du regard. Sa gestuel en disant long sur son envie d’aborder ce sujet. Tout du moins c’est comme ça que l’interprétait Andy qui avait regarder son téléphone uniquement par ce que son ventre lui avait rappeler qu’elle avait faim et non pas par désintérêt pour Raphael. Elle grimaçait un peu, se figurant qu’elle avait du dire quelques choses qu’il ne fallait pas, que cette question était peut-être trop intrusive pour Raphael. Après tout, elle le connaissait peu, elle ne pouvait pas deviner s’il avait un passif côté coeur qui le poussait à se renfermer après cette simple question. « J’ai l’impression que j’ai dis un truc qu’il fallait pas. » avouait-elle après un silence pesant. « Je m’en excuse si cette question était trop indiscrète. » ajoutait-elle, le plus sincèrement du monde. Mettre quelqu’un mal à l’aise était la pire des chose selon elle, elle détestait être mise dans ce genre de situation, donc elle faisait naturellement tout pour ne pas y mettre les autres. Malheureusement parfois elle laissait la spontanéité prendre le dessus et ça ne lui réussissait, visiblement, pas. Elle devait vraiment être ‘too much’, même dans une simple conversation. Son esprit commençait à partir en spiral alors qu’elle tentait de noyer tout ça sous quelques gorgées de soda, atteignant le fond de sa cannette.

« Certain trouve que je m’attache trop vite, que je suis trop cul-cul, pas assez tournée vers le sexe, que je m’investie trop … Bref. J’dois pas être dans la norme, une fois de plus. » La vérité, c’est que Raphael a envie de bondir sur ses pieds et de s’exclamer ON EST PAREILS !!!!! mais il ne se sent pas encore assez à l’aise pour libérer son naturel devant sa colocataire dont il connait trop peu la personnalité. Il se contente de mordre sa lèvre inférieure pour contenir sa surprise, tandis qu’il hoche de la tête d’un air compréhensif, les deux sourcils bien levés vers le plafond. Il y a peut-être bien plus de gens qui ne rentrent pas dans le moule, au fond. Il n’y a peut-être pas de moule, tout compte fait. C’est la chose qu’il arrive à dire, parce que ça ne le concerne pas, lui, et il ne se sent pas prêt à parler de son ressenti : « Je ne crois pas qu’il y a une norme. » Comment peut-il être certain qu’Andrea n’est pas une personne qui pourrait le juger, comme tant d’autres l’ont fait dans le passé ? Il porte encore les séquelles de toute cette intimidation qu’il a subie. Les faux visages, les coups bas, les rires quand il avait le dos tourné. Raphael a été construit dans un environnement qui ne l’a jamais accueilli alors il lui faudra encore un peu de temps pour se présenter tel qu’il est au grand jour. Il peut bien laisser les gens l’associer aux comédies musicales et à la danse ; ce sont deux de ses passions derrière lesquelles il peut se cacher. Le mec qui danse. Rien de plus, rien de moins, et les préjugés sont évités.  

Puis Andrea lui renvoie la question. Au départ, il avait envie de lui répondre qu’il y a effectivement quelqu’un qui occupe ses pensées en cet instant, mais il se referme aussitôt que la jeune femme détourne les yeux vers son téléphone, comme s’il s’y passait quelque chose de plus intéressant. Elle a bien raison, de fixer son écran, de toute façon - il n’a rien à dire, ce Raphael à l’histoire ennuyante. Lui, il peut retourner à Mama Mia et redevenir ce mec qui n’a pas de personnalité. Contre toute-attente, Andrea relève le souci. « J’ai l’impression que j’ai dis un truc qu’il fallait pas. » Oh non. Pas de confrontation, surtout pas.  Il n’a pas l’habitude. Avec son ancien colocataire, les silences demeuraient des silences. La discussion restait taboue, et pas question de laisser parler sa déception. Aussi, Raphael ne s’était pas pensé si démonstratif en répondant à la négative au sujet de ses amours. C’est peut-être sa gestuelle qui l’a trahis – et ce soupir qu’il a lâché inconsciemment. « Je m’en excuse si cette question était trop indiscrète. »  Oh, mais ce n’est pas ça. Ça le rend inconfortable de savoir qu’elle pense que c’est le souci. Il n’a pas envie de passer pour le mec trop pudique et à la vie privée sacrée. Ce n’est pas du tout le cas. Même, de temps en temps, il se dit qu’il devrait s’ouvrir un peu plus au sujet de Kai pour récolter des avis extérieurs, lui qui n’y connait rien en relations amoureuses. Ça l’aiderait, d’avoir un petit coup de pouce. Même si Andrea s’est confiée ne pas être la meilleure dans le domaine, il se dit qu’elle doit avoir plus d’expérience que lui. « Non, eum, ce n’est pas ça. Ce n’était pas indiscret, je t’avais posé la question le premier, alors ce serait hypocrite de ma part de me vexer pour ça. » Ses joues sont à nouveau rouges comme des cerises. Doit-il être honnête ? Peut-être que ça les aidera, tous les deux. L’honnêteté est quelque chose qui aurait réparé bien des maux du passé. « C’est que j’ai eu l’impression que... » Mais c’est tout de même gênant de l’admettre, parce qu’il ne considère pas qu’il mérite autant d’attention qu’il le souhaiterait. « C’est ta gestuelle et... Je ne t’accuse pas, ce n’est pas ça, et eum, en fait tu as regardé ton téléphone, et j’ai eu l’impression que tu me renvoyais la question par politesse... » Il redresse son dos. « Ce qui serait tout en ton honneur ! » Quel grand enfant. « Car c’est cool la politesse, mais... Comment dire... Je ne suis pas très bon avec... Les codes de... Discussion. » Oula, effectivement, il a du mal à s’exprimer. Il préfère balayer l’air de la main. « Oublie ça, je ne sais pas ce que je dis ! Je dois avoir faim, j’ai pas toute ma tête ! » Hahaha... Gênant.  

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@Raphael Elly

« Non, eum, ce n’est pas ça. Ce n’était pas indiscret, je t’avais posé la question le premier, alors ce serait hypocrite de ma part de me vexer pour ça.  » Andrea se mordait la lèvre inférieure, embêtée par cette situation. Elle avait vraiment l’impression d’avoir dit ou fait quelques choses qui avait mis Raphael mal à l’aise. Et mettre le jeune homme mal à l’aise chez lui, était bien la dernière des choses qu’elle voulait faire. « C’est que j’ai eu l’impression que... » Elle jouait nerveusement avec sa canette de soda mais Raphael paraissait tout aussi nerveux qu’elle. Un sacré duo. « C’est ta gestuelle et... Je ne t’accuse pas, ce n’est pas ça, et eum, en fait tu as regardé ton téléphone, et j’ai eu l’impression que tu me renvoyais la question par politesse...  » La bouche d’Andrea s’ouvrît déjà, surprise par cette aveux. Elle avait regardé son téléphone machinalement, n’écoutant que son ventre et son anxiété qui redoutait le moment où son téléphone allait sonner et où elle allait devoir se précipiter dehors pour ne pas faire attendre le livreur trop longtemps. Jamais elle n’aurait pensé que ce simple geste, si banale, puisse être interprété comme un désintérêt total de sa part. Bien que, maintenant que Raphael le relevait, elle voyait bien le problème et comprenait la réaction du jeune homme. « Ce qui serait tout en ton honneur ! Car c’est cool la politesse, mais... Comment dire... Je ne suis pas très bon avec... Les codes de... Discussion.  » Andrea reposait sa canette sur le table basse, à la hâte, comme pour libérer ses mains de toute distraction et enclencher le mode 'écoute active'. Elle ramenait ses jambes sur le sofa avant de se tourner légèrement vers Raphael, qui balayait déjà le sujet d’un revers de main. « Oublie ça, je ne sais pas ce que je dis ! Je dois avoir faim, j’ai pas toute ma tête ! » « Non, non, non. » S’empressait t’elle de lâcher. « C’est important que tu dises ce que tu ressens. Et je comprend qu’en effet mon coup d’oeil vers mon téléphone ai pu te donner cette impression. » Elle venait se gratter la tête en grimaçant. « C’était pas du tout mon intention. Je suis juste une people pleaser, donc j’ai peur que le livreur attende trop longtemps en bas à cause de moi. Donc je vérifiais où il en était. » assurait-elle en tout honnêteté. « Mais j’ai pas retourner la question que par politesse. Je l'ai retourné surtout parce que ça m’intéresse. Je veux apprendre à te connaitre. On partage le même toit, les même wc aussi, donc j’ai envie de s’avoir un peu ce qui se passe dans ta vie. Sans être indiscrète évidemment. » Elle parlait trop vite, elle voulait être sur que Raphael comprenne que ses intentions n’étaient pas mauvaises, qu’elle s’intéressait sincèrement à lui, mais not in a creepy way, et elle avait l’impression que plus elle parlait, plus elle passait pour une cinglée. Mais c'était plus fort qu'elle, il fallait qu'elle se justifie et qu'elle s'assure que Raphael se sente bien en sa présence. « J’veux savoir si t’as quelqu’un dans ta vie. Enfin seulement si tu veux partager ce genre d’information avec moi. Parce que j’veux pas te mettre mal à l’aise ou te tirer les vers du nez. J’voudrais que tu te sentes bien ici, au point de pouvoir parler de tout ce que tu veux avec moi. C’est a safe place ici. Je suis pas psy ceci dit donc j'imagine qu'on peut pas vraiment parler de tout, [i]tout[/i, mais je suis à l'écoute et … Bref, je parle trop. Mais… bref. Voilà. » elle agitait les mains avant de lâcher un soupire, agacée par elle même. Elle débitait tout ça, un peu paniquée, et elle avait l’impression de rendre ce moment, qui jusqu’à présent était plutôt agréable, en un moment gênant. Aussi gênant que de parler sexe avec ses parents. « Désolée. » concluait-elle.

C’est gênant pour Raphael de raconter à voix haute le fil de ses pensées. Ce n’est pas dans ses habitudes de formuler clairement ce qu’il a sur le cœur, lui qui préfère se taire pour ne pas déranger. Seulement, sa gestuelle et ses mimiques ont trahi le sensation de malaise qui s’était formé dans son ventre dès le moment où Andrea a jeté un coup d’œil sur son téléphone au moment où elle l’interrogeait à son tour, lui qui faisait des efforts surhumains pour préserver le eye contact alors qu’il s’agit de l’une de ses plus grandes hantises. Malgré tout, malgré les efforts pour s’expliquer et malgré le long monologue qu’il s’attèle à dérouler, il regrette d’avoir trop parlé. Il s’excuse, parce que c’est aussi dans sa nature de le faire, mais Andrea le rattrape au lasso pour ne pas le laisser s’échapper de cette discussion qu’elle considère importante. « C’était pas du tout mon intention. Je suis juste une people pleaser, donc j’ai peur que le livreur attende trop longtemps en bas à cause de moi. Donc je vérifiais où il en était. » La bouche entrouverte en O, Raphael se sent un peu con de l’avoir accusée alors qu’elle voulait seulement bien faire pour ce livreur qui ne mérite effectivement pas de patienter pour rien. Il se sent rougir davantage, si c’est vraiment possible pour le flamant rose timide qu’il représente. Elle tente de le rassurer en affirmant que sa vie l’intéresse parce qu’ils habitent ensemble, mais les cicatrices mentales de Raphael l’empêchent de croire à l’entièreté de ces propos ; on lui a longtemps fait savoir qu’il n’avait aucun intérêt et qu’il méritait même de se faire moquer pour la personne qu’il était. Il a conscience que les gens qui l’entourent n’ont plus quinze ans, et qu’Andrea est beaucoup plus mature que ces élèves qui l’ont pris pour bouc émissaire quand il avait encore le visage rempli de boutons, mais ça lui prendra encore du temps avant de lui faire confiance. Il a encore tendance à penser qu’il est moins important que les autres – qu’Andrea, que Molly, aussi, et que ce livreur de sushis en route jusqu’à la coloc. Puis elle se perd dans ses mots, la jeune femme, trébuche aussi, se noie, et cette particularité dans son discours maladroit a le mérite de voler un petit rictus amusé à Raphael, qui se reconnait en elle à ce niveau-là. « Non, tu ne parles pas trop. » Il la rassure pour commencer, comme il rassure toujours Kai, d’ailleurs. N’ayant j’avais été un grand bavard, le garçon a toujours préféré parler avec des gens qui peuvent conduire une discussion à eux seuls. Il préfère écouter. C’est plus reposant et il regrette moins d’avoir dit des choses qu’il interprète comme des conneries à la fin de la journée, lorsqu’il se met à overthink à minuit dans le noir total de sa chambre. « Ce n’est pas grave. J’avais oublié qu’on attendait un livreur. » Ça, c’est la vérité. Quand il socialise, Raphael n’arrive plus à concentrer son attention sur autre chose. Il ne voit plus la pièce qui l’entoure et oublie l’heure tant il cherche à bien paraître. Il devient la Terre autour de laquelle la lune tourne, mais aussi celle qui peut se faire percuter par un tas de météores à tout moment. Un peu honteux de s’être imaginé des choses qui étaient fausses, il se passe la main dans les cheveux et s’excuse. Puis, il reprend, pour ne pas laisser de malaise s’installer trop longtemps. Il y en a déjà assez, dans cette colocation rocambolesque. « Je suis… Un peu comme toi. » C’est étrange d’en parler mais elle lui a tendu une perche. Elle a prononcé les mots avant lui, donc ça doit être permis ? « Je ne suis pas du tout tourné vers le sexe et je m’investie trop moi aussi. » Il se mord la lèvre inférieure. « J’ai l’impression que c’est une malédiction de tomber en amour lorsque ce n’est jamais réciproque. » Il hausse les épaules, feignant d’être détaché de cette affaire même si les plaies sont encore saillantes dans son cœur amoché par deux années d’amour à sens unique. « Mais ne soyez pas surprises si un jour vous voyez un grand brun à l’appartement… » Autant les prévenir, c’est plus poli. « J’ai commencé à voir un garçon, mais ce n’est pas encore une fréquentation, on est en train d’apprendre à se connaître. » Comme si c’était un secret des plus frauduleux, il murmure : « Il est déjà venu deux fois, vous aviez remarqué ou pas du tout ? » Il aurait pu y avoir un parfum inconnu dans l’air, ou des cheveux courts et bruns dans le lavabo de la salle de bains. Ça n’aurait pas été ceux de Raphael, plutôt clairs contrairement à ceux de Kai.

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 « Non, tu ne parles pas trop.  » c’était rassurant, même si Andy n’y croyait pas trop. Elle savait bien que quand elle tentait de se justifier elle parlait toujours trop. Elle voulait presque toujours être sûr qu’il n’y ai pas de méprise, que ce soit dans son comportement que dans ses mots, alors elle prenait soin d’expliquer le pourquoi du comment. Et par peur de paraitre ennuyeuse à mourir, elle le faisait vite, débitant tout son blabla dans une voix aiguë et un brin paniqué. « Ce n’est pas grave. J’avais oublié qu’on attendait un livreur.  » Admettait Raphael, et immédiatement Andy se demandait s’il avait faim, et si elle n’était pas entrain de le forcer à manger avec elle. « Je suis… Un peu comme toi.  » elle reportait toute son attention sur son colocataire, sentant bien que la conversation redevenait importante et qu’il ne s’agissait plus de parler du livreur de sushi.  « Je ne suis pas du tout tourné vers le sexe et je m’investie trop moi aussi. » Andrea esquissait un sourire voulu empathique. Elle savait trop bien ce que c’était, même si elle ne pouvait pas prétendre avoir été dans les baskets de Raphael, chaque expérience était différente au bout du compte, elle comprenait tout de même. « J’ai l’impression que c’est une malédiction de tomber en amour lorsque ce n’est jamais réciproque.  » Elle hochait lentement la tête. « Je trouve que ça demande beaucoup d’énergie, d’aimer trop fort, parfois j’aimerais bien être moins… investie, moins intense en amour. » avouait-elle dans un léger soupire. Elle donnait toujours trop de sa personne et si elle insistait qu’elle n’attendait rien en retour, c’était presque un demi-mensonge, puisqu’elle attendait au moins un peu d’amour en retour. Amour qui malheureusement n’arrivait pas toujours.  « Mais ne soyez pas surprises si un jour vous voyez un grand brun à l’appartement…  » Le regard d’Andrea se mettait aussitôt a pétillait alors que Raphael continuait, dans un murmure timide : « J’ai commencé à voir un garçon, mais ce n’est pas encore une fréquentation, on est en train d’apprendre à se connaître. » la jeune femme se retenait de ne pas applaudir de joie. Non pas parce qu’elle estimait que c’était rare que Raphael voit quelqu’un, elle le connaissait trop peu pour ça, mais simplement parce qu’elle était contente pour lui, contente qu’il tente sa chance avec quelqu’un. Elle se redressait dans le canapé, quasiment à genoux, voir assise sur ses pieds. « Il est déjà venu deux fois, vous aviez remarqué ou pas du tout ?  » « Euh… » son regard se perdait un instant sur la table basse alors qu’elle réfléchissait. « J’ai croisé un gars que j’avais jamais vu dans l’ascenseur l’autre jour. Mais je me suis dis que peut-être c’était un gars de la famille qui a aménagé au cinquième. Mais du coup… ça se trouve c’était lui. » remarquait-elle, tentant de se souvenir de la tête du jeune homme. Elle avait une mauvaise mémoire pour les prénoms et n’était pas du genre à observer les gens de trop près, simplement parce qu’elle ne faisait pas au autre ce qu’elle n’aimait pas qu’on lui fasse. Mais elle se souvient qu’il était grand, brun et qu’elle avait manqué de lui rentrer dedans en montant dans l’ascenseur alors que lui tentait d’en sortir. « J’espère que ça se passera bien entre vous en tout cas ! » concluait-elle  en reprenant sa cannette de coca vide pour faire mine de trinquer à cette nouvelle. Bon il avait pris des pincettes, indiquant qu’ils ne se fréquentaient pas, mais pour Andrea c’était quand même tout comme. « Hâte de le rencontrer pour de vrai du coup. » notait-elle alors que son téléphone sonnait. « Hm, ça doit être le livreur. » elle récupérait son smartphone pour décrocher, hochant la tête en direction de Raphael comme pour lui signifier que c’était bien le livreur avant de raccrocher le téléphone tout en se tirant du canapé. « Je fais vite, je reviens. » Elle pressait le pas, glissant ses pieds dans ses converses sans refaire les lacets, avant de manquer de trébucher en sortant de l’appartement pour rejoindre les escaliers. Elle courait jusqu’en bas, ouvrant les portes du halls d’entrée pour tomber nez à nez avec le fameux livreur. Elle le remerciait, lui souhaitant bon courage pour le reste de sa soirée, récupérant son sac en papier avant de presser de nouveau le pas pour faire le chemin inverse et retrouver la chaleur de son appartement. Elle abandonnait ses chaussures dans l’entrée avant de venir poser le sac au pied de la table basse et de l’ouvrir pour en sortir son contenu. Trois boites en plastiques, remplis de rouleau maki, tous plus appétissant que les autres, et de quelques sushi plus classique. « J’espère que t’as faim. » notait-elle en lui tendant une paire de baguette et une serviette en papier. Elle déballait ses baguettes, les détachant l'une de l'autre avant d'attraper un premier sushi. « Et du coup, ça fait combien de temps que vous "apprenez à vous connaitre" ? » demandait-elle enfin, curieuse, avant de mettre une première boule de riz dans sa bouche.

« Je trouve que ça demande beaucoup d’énergie, d’aimer trop fort, parfois j’aimerais bien être moins… investie, moins intense en amour. » Ils étaient faits pour s’entendre. Le Dieu des colocations avait bien effectué son travail en faisant se croiser leurs chemins. « C’est exactement ça. » Que Raphael approuve timidement, toujours recroquevillé en boule, ses bras enroulant ses genoux pour se faire minuscule malgré son mètre quatre-vingt-trois de trop. Aussi, il a remarqué qu’il arrivait à mieux réfléchir lorsque ses entrailles étaient protégées par ses jambes. Moins visible il est, plus il arrive à agir comme un être humain normal. Dans tous les cas, minuscule ou géant, il ne sait pas comment apprivoiser l’amour et pour l’instant cette intensité en amour, comme l’a nommé Andrea, lui a apporté plus de malheurs qu’autre chose. Il y a tellement de films romantiques mais aucun d’entre eux n’a réussi à traduire la véritable expérience, celle qui ne commence pas par un coup de foudre dans l’allée des céréales à l’épicerie, mais qui se termine en une porte qui claque, des tremblements et des joues brûlantes de larmes noires. Esquissant un sourire à sa colocataire – sa manière de compatir –, il songe à apporter une nouvelle information pour combler le silence qu’il vient d’imposer avec son absence de relance. Il ne se sent pas légitime pour creuser la vie sentimentale de la jeune femme, mais il a peut-être envie de s’ouvrir, lui, pour faire changement. Alors il parle de ce garçon qu’il a rencontré, sans prétendre au grand amour mais plutôt à la fréquentation, et le scintillement dans les yeux d’Andrea le prend par surprise. Son sourire aussi. Il rougit encore plus, se cache presque le visage dans ses mains désormais, tandis qu’il ajoute une information cruciale : Kai est déjà venu à l’appartement à quelques reprises sans que son passage ne soit annoncé par un magnétophone. « J’ai croisé un gars que j’avais jamais vu dans l’ascenseur l’autre jour. Mais je me suis dis que peut-être c’était un gars de la famille qui a aménagé au cinquième. Mais du coup… ça se trouve c’était lui. » Scrutant son visage, il hausse les épaules. En effet, c’était peut-être Kai, mais il ne saurait dire. Ils se sont vus mercredi dernier en après-midi, quand l’appartement était vide. La seule trace qu’il a laissé à son passage était un sac de popcorn au beurre picoré jusqu’au dernier grain. « J’espère que ça se passera bien entre vous en tout cas ! » « Merci… » Il couine derrière ses pommettes rouges et joufflues, soulevant aussi sa cannette qu’il n’a presque pas consommée contrairement à Andrea. « Hâte de le rencontrer pour de vrai du coup. » Il vient pour préciser qu’il ne sait pas exactement quand il sera prêt à rendre cette relation officielle – même qu’il ne sait pas si elle s’officialisera mais le téléphone l’interrompt. Stupide technologie ! Le livreur est arrivé et c’est le moment pour Raphael de reposer ses yeux sur la télévision alors que son amie va récupérer les sushis. Il n’a pas remarqué qu’il a reporté ses ongles à ses dents pour les gruger, les enlaidir, malgré le vernis vert néon. Le retour d’Andrea fait enfin gronder l’estomac du danseur. L’odeur des sushis n’a pas tardé avant de se frayer un chemin jusqu’à ses narines. Il opine du chef avec intérêt. « Yep, très faim ! » La conversation avait visiblement fait retomber sa nervosité. S’ouvrir ne lui faisait pas trop de mal, tout compte fait… S’emparant de la paire de baguette, il s’assure de bien frotter chaque bâton ensemble pour détacher le moins filet de bois qui pourrait se poser sur sa nourriture. Il le fait un peu trop longtemps, d’ailleurs, parce que la nouvelle question d’Andrea le fait se replonger dans la contemplation. Son geste de frottement devient machinal et irréfléchi, ses yeux sont perdus vers le plafond alors qu’il tente de compter précisément les jours qui séparent sa rencontre avec Kai et le moment présent. « Quelques… Semaines… » Visiblement, ses mathématiques mentales n’ont mené à rien de bien précis. Depuis qu’il a trente ans, il a perdu la notion du temps. Le moment qui s’écoule est surréel. « On prend notre temps. » Raphael n’a pas encore guéri de ses traumatismes. Il se déteste quand il repense à Kieran en regardant Kai, mais il ne réussit pas à détacher l’un de l’autre. C’est leur faute, aussi. Quelle idée d’avoir un prénom qui commence par la première lettre ? C’était quoi les chances, en plus ? Le K. La lettre la moins utilisée du dictionnaire. « Pas une fois il ne m’a demandé si je voulais aller dans un lit avec lui alors c’est une bonne cho… » Il s’arrête net, cessant enfin de frotter ses baguettes. « Détail de trop, peut-être. » Elle n’a sûrement pas envie de l’entendre détailler cette partie-là de la relation. Elle n’a rien demandé. Alors, pour se taire, il gobe un maki entier sans prendre la peine de le couvrir de wasabi ou de sauce soja. Lunatique qu’il est, il reprend la bouche pleine : « Au moins, il est pas toujours amoureux de chon ex toxique, alors ch’aurai pas à faire du babysitting. » Balle perdue. Mérité ! C’est la première fois qu’il parle de son ancien ami de cette façon. Oh, il y a beaucoup pensé, dans sa tête, mais il n’a jamais partagé l’information pour protéger cette personne qu’il souhaite désormais oublier. Balayer. Jeter à la poubelle. Oh, il l’a aimé autant qu’il le déteste aujourd’hui. Ce serait thérapeutique, de parler dans son dos. Il ne le saura jamais de toute façon.      

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 Andrea n’avait pas pu attendre, enfournant déjà un rouleau de riz au poisson dans sa bouche, alors qu’elle voyait Raphael frotter lentement ses baguettes l’une contre l’autre. « Faut fai- cha avant ? » lâchait-elle la bouche encore à moitié pleine. Elle ne savait pas qu’il fallait frotter ses baguettes avant de manger, tout du moins ce genre de baguette, elle avait déjà pris longtemps avant de maitriser la technique pour manger avec, alors elle ne c’était jamais attardé sur ce genre de coutume. Elle mastiquait sa nourriture, sans quitter des yeux Raphael qui semblait terriblement pensif depuis la dernière question de sa colocataire. A croire qu’il avait oublié quand il avait rencontrer le jeune homme qu’il fréquentait. « Quelques… Semaines… » Andrea hochait lentement la tête, prenant une second sushi. « On prend notre temps. » Elle hochait la tête de plus belle, comprenant sans mal le besoin de prendre son temps. Elle c’était trop souvent précipité en amour, alors elle voulait faire de même à l’avenir, quitte à se faire violence en donnant plus d’espace à sa moitié. « Pas une fois il ne m’a demandé si je voulais aller dans un lit avec lui alors c’est une bonne cho… » Andrea manquait de s’étouffer en pouffant de rire. « Détail de trop, peut-être. » Elle secouait la tête, reposant ses baguettes pour attraper sa canette afin de faire glisser tout ça avec une gorgée de coca, mais elle l’avait déjà fini et secouait la canette d’un air déçue, avant de tout de même tenter d’en tirer une goute ou deux de soda. « Je m’y attendais pas. » admettait-elle enfin. « Mais c’est bien qu’il ne te mette pas la pression à ce sujet. Je sais que, perso, ça me met toujours mal à l’aise quand l’autre personne semble pressée. Je culpabilise après et j’en viens à me forcer alors que clairement ce n’est pas la solution. » avouait-elle, se raclant un peu la gorge avant d’attraper un maki pour le noyer dans le soja. « Au moins, il est pas toujours amoureux de chon ex toxique, alors ch’aurai pas à faire du babysitting.  » ajoutait Raph, la bouche pleine. « ouah, ça sent le vécu ça. » notait-elle, ne sachant si elle avait le droit d’échapper un petit rire ou non, tentant de garder son sérieux. « T’étais en couple avec quelqu’un d’émotionnellement indisponible ? » demandait-elle alors avant de manger son maki gout sauce soja, perdant des grains de riz dans la sauce tant elle avait abusé sur cette dernière. « ça doit pas être facile. » ajoutait-elle, réalisant qu’elle avait eu beaucoup de chance de ce côté. Elle avait fait du babysitting, mais simplement parce qu’elle était sortie avec un jeune homme qui était déjà père, mais elle avait eu la chance de toujours tomber amoureuse de personne disponible. Bon, ça ne les avaient pas empêcher de la larguer quand même au bout d’un moment, mais ça c’était une autre histoire.