Depuis combien de temps tu es là ? Assise derrière ta machine à coudre ? A faire glisse tes doigts sur le tissu ? Deux heures d’après ton téléphone. Une éternité d’après ton cerveau. Il en a marre de passer ses journées à travailler. Tu comprends son agacement. Depuis une semaine, tu es à fond dans la réalisation des tenues commandées pour une troupe de danse. Il faut dire que créer des déguisements de princesse a de quoi te motiver. Sans oublier que le délai est serré. Le groupe en a besoin pour la fin du mois et leur représentation. Et comme tu as – une nouvelle fois – procrastiné, tu te retrouves en retard. Tu y es habituée. Étrangement, tu travailles mieux sous la pression. Ça t’oblige à te concentrer et à ne pas te disperser. Ta capacité de concentration reste limitée. Après ces deux heures d’effort, ton esprit ludique te réclame une pause. Tu sais qu’il est inutile de lutter contre. Tu as déjà essayé. Ta productivité a été des plus nulles. Puis pour ta défense, faire une pause te permettra d’apercevoir ta princesse. En vérité, elle se trouve ici ta principale motivation. Tu te lèves et quittes ton atelier. La porte à peine ouverte que les notes entrainantes parviennent à tes oreilles. Tu reconnais bien là ta princesse et sa manie de vivre en musique. Tu dandines au rythme de la mélodie en avançant dans le couloir. Arrivée à l’entrée de votre salon, tu l’aperçois attablée, le nez plongé sur une feuille, un crayon en main. Sa mine est sérieuse comme elle l’est rarement. Elle te fait presque peur. L’heure est grave. Tu te dois de la faire rire pour vérifier qu’elle ne soit pas devenue totalement une adulte. Tu te décales discrètement le long du mur. Désormais dans son dos, tu t’approches de sa position à pas feutrés. A sa hauteur, tu viens poser tes mains sur ses yeux. « Devine qui c’est. » Tu te retiens de rire alors qu’un un franc sourire étire tes lèvres et ne demande qu’à laisser échapper ta joie. Il n’y a que vous à l’appartement, ta question est ridicule. Lui redonnant accès à la vue, tu te penches en avant. Après avoir déposé un tendre baiser dans son cou, tu poses ton menton sur son épaule tandis que tes paumes glissent autour de sa taille. « Tu fais quoi ? Tu m’écris un poème ? » Tu glousses légèrement. Malgré tout l’amour qui berce votre couple, l’espagnole n’est pas du genre à faire cela. Elle est davantage dans l’action que dans les déclarations ouvertes. Évidemment, elle te souffle des Je t’aime régulièrement. Cependant, étant pleine de surprise, elle est également capable de tout. Avant qu’elle ne réponde, tu tentes de lire ce qui est inscrit sur son morceau de papier. Malheureusement, l’angle des rayons du soleil frappant la fenêtre de la pièce t’empêche de distinguer le moindre mot. Tu pourrais bouger un peu pour régler ce souci. Tu es trop captivée par l’odeur fruitée que dégage la blonde pour esquisser le moindre mouvement. « Je fais une pause et je me disais que j’irai bien prendre l’air, tu m’accompagnes ? » A la base, tu envisageais de prendre un simple goûter avant de retourner au travail. C’était une histoire de quinze minutes. La brillance de l’astre solaire a changé tes plans. Ton enfant interne y a vu une magnifique occasion d’aller au parc faire du tourniquet. Tant pis si tu accumules le retard sur tes créations. Tu le rattraperas en soirée, quand ta princesse sera partie au Paradise City et que tu seras seule.
Elle avait cette idée en tête depuis un moment, mais elle n'avait pas eu le temps de réellement se poser pour lui donner vie. Entre les un an de Paradise City et les trois semaines qu'elle avait passées à Madrid, elle n'avait pas réellement eu le temps de coucher sur papier les idées qu'elle avait en tête. Elle voulait créer un nouveau cocktail pour ajouter à la carte du club, histoire de diversifier un peu les boissons proposées aux clients. Elle ne rajouterait pas forcément un cocktail de sa création par an et elle ne comptait pas non plus en faire une tradition, mais elle avait eu l'idée de quelques mélanges qu'elle avait voulu tester. Si les tests s'avéraient concluants, alors, elle pourrait ajouter les nouvelles boissons à la carte. Dans l'idée, elle voulait créer un cocktail sans alcool dans lequel elle pourrait simplement rajouter un alcool pour en proposer deux versions différentes. C'était ce qu'elle avait fait avec le Blondie, qu'elle avait créé à l'ouverture du club. Elle en avait imaginé une version sans alcool et avait ensuite ajouté le spiritueux une fois qu'elle avait trouvé le mélange parfait. Cette fois-ci, elle avait décidé de fonctionner de la même manière. Elle avait plusieurs idées. Elle voulait partir sur un cocktail fruité sans pour autant qu'il soit trop sucré. Elle avait donc d'abord fait le tour de la cuisine et des placards pour voir ce qu'elle avait en stock, puis elle s'était installée sur le canapé du salon avec une feuille de papier, avait allumé la musique et avait commencé à gribouiller sur sa feuille. Elle commence par y noter les différentes boissons qu'elle a vu dans les placards ainsi que dans le frigo, puis, elle dessine grossièrement un verre avec plusieurs couches pour représenter les divers ingrédients. Vient ensuite le moment où elle doit décider comment combiner les goûts et c'est sans doute là toute la difficulté. Il y a autant de possibilités que d'ingrédients et sur sa feuille se succèdent listes après listes. Elle en rature quelques-unes qui ne lui conviennent pas et s'apprête à en rajouter d'autres quand des mains viennent lui cacher la vue. “Hum … Le grand méchant loup ?” répond-elle à la question de Rose. Parce que oui, elle sait très bien qu'il s'agit de Rose. Elle reconnaît sa voix, son parfum et même la douceur de ses mains sur sa peau, mais surtout, il n'y a qu'elles deux à l'appartement, ce qui rend la devinette bien plus facile.
A en juger le baiser déposé dans son cou, elle ne s'est pas trompée et c'est un large sourire qui se dessine sur ses lèvres quand l'australienne vient poser son menton sur son épaule. La question qui suit la fait d'autant plus sourire. “Tout à fait. Mais on va dire que c'est dans un style plutôt abstrait, il faut vraiment interpréter les mots.” Déclare-t-elle en riant, levant la feuille pour que Rose puisse y jeter un œil. “Ca ressemble pas à grand-chose, mais c'est des idées pour un nouveau cocktail pour le club.” Déclare-t-elle, au cas où ça ne serait pas assez clair avec le verre dessiné et les listes d'ingrédients. Elle est indécise pour le coup et il y a bien deux recettes qui semblent se démarquer selon elle, mais elle n'arrive pas à se décider. “Ça te dérange si on y va un peu plus tard ? J'aimerai bien finir ça.” répond-elle avant d'ajouter “d'ailleurs tu pourrais m'aider à me décider, vient !” Elle tapote le canapé à côté d'elle pour que la styliste vienne s'asseoir avant de lui expliquer la situation. “Donc, la situation actuelle : j'arrive pas à choisir entre deux idées, à toi de me dire ce qui te semble le mieux. Idée numéro un : eau pétillante, menthe, fraise, sucre de canne, citron et bitter sans alcool ou idée numéro deux : citron vert, pêche, verveine, concombre, eau pétillante et sirop d'agave.” Énonce-t-elle, laissant à Rose le temps de réfléchir. Elle entoure les deux propositions sur sa feuille avant de la tendre à la jeune femme si cela peut l'aider à choisir. “Sinon, je peux en faire un de chaque, tu goûtes et tu me dis ? Je pense avoir vu tout ça dans le frigo et les placards.” Propose-t-elle, car le goût serait sans doute plus parlant qu'une liste d'ingrédients.
Une des raisons de pourquoi tu l’aimes réside dans sa capacité à s’amuser. Peu de personne possède un tel esprit ludique. Évidemment, le tien est plus grand que le sien, mais elle se défend. Sa réponse en témoigne. « Tu dis ça car je suis capable de te manger ? » La malice étire tes lèvres. Pour illustrer tes propos, tu viens mordiller le lobe de son oreille avant de rire. Tu n’as pas pu t’empêcher de saisir la perche tendue involontairement. Si elle était concentrée sur quelque chose de sérieux, nul doute que sa concentration est désormais mise à rude épreuve avec ton arrivée. Tu ne comptes pas la laisser sagement tranquille. A l’entendre, ce qu’elle fait n’est pas très important étant donné qu’elle rentre dans ton jeu du poème. Du moins jusqu’à ce qu’elle évoque le club. Elle ne rigole jamais avec ce sujet, avec son travail. « Ça ressemble pas à grand-chose en effet. On dirait que tu as piqué les dessins de ma nièce. » Tu glousses. Ce que tu te plais à la taquiner. Maintenant, si elle est bourrée de talents, dessiner n’est clairement pas celui qu’elle a plus développé. Cependant, les verres se distinguent sur la feuille et il est facile de comprendre ce qu’elle fait quand on connait son métier. En plein boulot, son refus de sortir est logique. Même si du repos lui ferait du bien, tu la sais trop déterminée pour délaisser sa tâche avant de l’avoir terminée. En ce sens, tu sais que pour l’entrainer dehors, il est obligatoire qu’elle résolve son problème. Et l’aider ne peut qu’accélérer votre promenade. Sous réserve que tu ne sois pas dissipée bien sûr et que ton aide ne lui fasse pas perdre plus de temps. Ce qui est loin d’être certain, néanmoins ça vaut le coup d’essayer. Tu peux troquer ta balade contre de l’amusement avec ta princesse. Tant que vous partagez un moment ensemble tu es ravie. « Oki. » Tu la libères de tes bras pour la rejoindre sur le canapé. Tu écoutes ses deux idées. Enfin, tu reconnais que tu ne le fais que d’une oreille, tes opales sont trop occupées à détailler ses croquis. Ton cerveau capte les éléments qui l’intéressent comme fraise ou pêche. Il projette les saveurs sucrées sur tes papilles. Autant dire qu’à la fin de son énoncé, tu ne peux guère la guider. Heureusement, elle te propose une alternative au choix purement à faire sur la description. « T’aurais dû commencer par ça tout de suite. » Tu n’envisages pas immédiatement au fait de goûter les cocktails. Tu es très visuelle. Ton choix sera influencé par l’harmonie des couleurs dans le verre dans un premier temps. Tu bois d’abord avec tes yeux. « Pendant que tu prépares les boissons, moi je vais préparer de quoi manger avec. » Tu n’as oublié ton envie initiale de prendre un goûter. Tu te lèves du sofa afin de filer dans la cuisine. Tu sors la plaque de ton four avant de le préchauffer. Tu récupères dans ton frigo et tes placards le nécessaire pour réaliser des cookies au chocolat. Tu connais la recette par cœur pour en faire régulièrement. Te dandinant au rythme de la musique, tu malaxes la pâte dans un saladier. Prête, tu formes des noix avec tes mains que tu poses sur ta plaque reposant sur le plan de travail. Tu l’enfournes dans la foulée. « Dans dix minutes on va pouvoir se régaler. » Le temps que les gâteaux cuisent. Dans un peu plus de temps en vérité, ils vont avoir besoin de refroidir un peu avant d’être dégustés. « Tu t’en sors de ton côté ? » Tu t’approches d’elle, balayant l’espace pour découvrir ce qu’elle fait. Tu conserves une certaine distance malgré tout. Tu ne veux pas la déranger. Et si tu t’approches de trop, tu sais parfaitement que tu ne pourras résister à l’envie de la câliner.
A la remarque de Rose, Itziar ne peut s'empêcher de rire. Elle dit vrai, son dessin ne ressemble à rien. Le verre pourrait être toute autre chose et le côté monochrome des coups de crayons ne permettent même pas de distinguer les liquides qu'elle avait voulus représenter à l'intérieur. Elle n'était pas une artiste à ce niveau-là. D'ailleurs, elle n'avait jamais réellement aimé dessiner. Quand elle était plus jeune, cela n'avait jamais été l'un de ses passe-temps et même si elle se retrouvait quelques fois avec des crayons de couleurs à la main, cela ne durait jamais longtemps. “Non, les dessins de ta nièce sont bien plus beaux que ça.” Répond-elle en riant. Elle ne savait même pas pourquoi elle avait décidé de dessiner. Peut-être s'était-elle dit, l'espace de quelques secondes, que cela lui permettrait de s'inspirer. De visualiser un peu plus les mélanges dans sa tête ainsi que le rendu final. Finalement, vue la qualité du dessin et ses compétences, il y avait un monde entre ce qu'elle imaginait et ce qu'elle avait sous les yeux. Cela ne l'avait heureusement pas empêché de trouver quelques idées. Maintenant, il fallait faire le tri et bien qu'elle avait commencé le travail, ayant déjà éliminé les idées qui ne lui convenaient qu'à moitié et il restait donc deux options qu'elle n'arrivait pas à départager. C'était là que Rose entrait en jeu et même si l'idée d'aller prendre l'air était tentante, elle savait que si elle remettait ça à plus tard, elle n'arriverait pas à profiter pleinement. Alors, elle proposait en quelque sorte un compromis. Rose l'aide à décider puis elles pourront ensuite aller profiter du beau temps pour faire un tour au parc. Tout le monde y trouvait son compte et en plus, elles avaient de quoi passer un bon moment ensemble.
Elle se rend cependant compte qu'une liste d'ingrédients sur un bout de papier et un croquis indéchiffrable ne permettent pas à Rose de faire un choix. Bien évidemment, certains goûts doivent lui parler, mais pour le reste, Itziar convient qu'il est sans doute compliqué d'imaginer le rendu final. C'est donc pour cela qu'elle lui propose de réaliser les deux cocktails afin qu'elle puisse goûter et ainsi donner un avis final. “C'est vrai que j'aurai pu. J'aurai même pu préparer les cocktails pour commencer et te les emmener. Peut-être même que de les goûter m'aurait fait me décider d'ailleurs.” Elle ne savait pas pourquoi elle n'y avait pas pensé. Peut-être que le nez collé à sa feuille, elle ne voyait que les listes. Elle voyait son dilemme, mais ne pensait pas à la manière la plus simple de le résoudre. Cependant, ce n'était plus qu'une question de temps et elle pouvait même compter sur Rose pour rendre la dégustation encore plus gourmande. “C'est une bonne idée ça, ça nous fera un goûter avant de sortir.” Déclare-t-elle en souriant, suivant Rose jusque dans la cuisine. Chacune trouve ensuite sa place. Itziar sort les différentes bouteilles et ingrédient des placards et du réfrigérateur. Elle se muni de son shaker, élément des plus importants à la préparation de n'importe quel cocktail, de glaçons et de deux grands verres avant de se mettre à l'oeuvre. Avec sa feuille sous les yeux, elle s'attaque au premier cocktail. Ajoute les ingrédients dans le shaker et vient secouer vigoureusement le tout pendant quelques secondes. Elle verse donc le premier cocktail dans un verre, jetant un regard dans la direction de Rose qui semble tout aussi concentrée. “J'ai fini avec le premier, le deuxième devrait pas me prendre trop de temps non plus. Le temps de nettoyer après, j'en ai pour cinq minutes je pense. On attendra tes cookies en sirotant les boissons.” Répond-elle en souriant. Si elles ont encore envie de boire après, elle pourra toujours ressortir son shaker. Elle le nettoie d'ailleurs, avant de se lancer dans la préparation du deuxième cocktail qu'elle vient servir dans le deuxième verre. “Et voilà !” Déclare-t-elle, tout sourire, venant simplement agrémenter chaque verre d'une paille. Elle laisse Rose terminer, s'asseyant à table avec ses deux verres devant elle. Elle n'a pas encore goûté. Elle ne sait pas si le résultat est satisfaisant ou si les cocktails sont horriblement amères, mais elle veut laisser Rose être la première à goûter, elle ne veut pas influencer son avis. “A toi l'honneur !” déclare-t-elle une fois que Rose vient se poser à table à son tour. “Celui à ta gauche c'est celui avec de la fraise. Celui à ta droite, c'est celui avec la pêche.” Déclare-t-elle. Elle est assez satisfaite du visuel, les couleurs se mélangeant bien entre elles pour donner quelque chose qui a l'air appétissant. “Je testerai celui à la pêche en premier, comme le deuxième est un peu plus sucré, sinon ça risque de fausser le goût.” Car ça c'était important aussi. Il fallait qu'elle puisse profiter de toutes les saveurs pour faire un choix. “Et bien évidemment, si t'aime aucun des deux, hésite pas à me dire ce qui te dérange, que je vois comment je peux rectifier le tir, ou tout simplement chercher de nouvelles idées.” Finit-elle en souriant, laissant ensuite à Rose tout le loisir de goûter.
Initialement, tu avais prévu de te servir un jus de pomme et de prendre quelques gâteaux dans un paquet d’un placard pour goûter. Les plans ont changé. Ce qui n’est pas pour te déplaire. Tu apprécies cette improvisation, cette spontanéité, ce moment de partage avec Itziar. En plus, tes cookies seront bien meilleurs que des biscuits industriels et les cocktails de ta princesse sûrement également. Quoi qu’il soit difficile de détrôner ta boisson favorite même si la barmaid est douée pour égayer tes papilles avec ses créations. Tu es prête à prendre le risque. Elle ne t’empoisonnera pas. Puis cela te permet de l’aider dans son travail. Et plus vite elle aura résolu son souci, plus vite vous irez jouer dehors. Ce n’est pas pour autant que tu te précipites. Tu ne tiens à bâcler le repas le plus important de la journée à tes yeux. D’ailleurs, en venant te renseigner sur l’avancée des dégustations, tu n’oublies pas de jeter un œil au four. Tes prunelles détaillent le premier verre. Tu te focalises sur l’harmonie des couleurs. Par la suite, tu t’intéresses aux odeurs qui en émanent. « Fais vite, je doute tenir longtemps avant de siroter celui-là. » Tu ris doucement. Bien qu’appétissant, tu es apte à patienter cinq minutes. Surtout en la regardant en action. Tu pourrais l’observer pendant des heures tellement elle est belle. L’envie de te blottir contre elle est forte. Tu te retiens pour ne pas la déconcentrer. Et aussi pour surveiller la cuisson de tes cookies. Au bout des cinq minutes énoncées, le second verre est prêt. Tu t’installes à table. Tes mirettes alternent de l’un à l’autre. La teinte orangée a tes faveurs. Ce n’est pas pour autant que le rouge est éliminé. Il a encore de nombreux critères à prendre en compte dont l’étape primordiale du goût. « C’est toi la spécialiste, je vais suivre ton conseil. » Tu saisis le cocktail à base de pêche. Tu apportes la paille à ta bouche. Tu en avales une gorgée. Telle un sommelier, tu la balades dans ta bouche de droite à gauche et de haut en bas. Tu le fais davantage pour t’amuser que par réel sérieux. D’ailleurs, loin de la recracher, tu l’avales avec envie. Le cocktail à la fraise subi le même sort. A la différence que ton esprit ludique se manifeste plus fortement et te pousse à gonfler tes joues en jouant avec ta gorgée. Les dégustations effectuées, il est l’heure de donner ton verdict. Le choix n’est pas évident. Chacune des préparations possèdent des arguments. « Au visuel, je préfère celui à la pêche. Au goût, celui à la fraise. T’as pensé à faire un mixe des deux ? » Si tu pouvais avoir toute la douceur du sucre en ingurgitant un liquide orange, tu serais comblée. Maintenant, cela reste ton avis, qui est par définition subjectif. Il existe autant d’avis que de personne. Et tu ne représentes pas vraiment la clientèle du club. « Ou encore de faire un truc à base de jus de pomme ? » Tu en reviens à ta subjectivité en évoquant ta boisson préférée. « Et si j’essayais de créer un cocktail ?! » Pourquoi pas ? Tu ne manques pas d’imagination. Tu dirais même que tu as une imagination débordante. Un peu trop même parfois lorsque tu te perds dans tes délires. « Je sais, bouge pas, je reviens ! » Ta question était rhétorique et tu es déjà debout. Attrapant ta manique, tu sors tes cookies du four. Tu poses la plaque sur la gazinière pour qu’elle refroidisse. En attendant, tu extrais un verre propre d’un placard. Tu récupères du jus de pomme au frigo et divers ingrédients qui tu aimes un peu partout dans les meubles et le plan de travail. Tu verses dans le shaker un mélange de sirop de grenadine, quelques gouttes de jus de citron, de l’eau pétillante et du jus de pomme – au moins la moitié. Tu secoues le tout avant d’en remplir le verre. Tu termines ton œuvre en plaçant une framboise sur le tranchant du verre. Tu déposes les gâteaux refroidis dans une assiette et reviens t’asseoir en face de la serveuse. « Et un Apple Rose et ses gourmandises pour la vingt-neuf ! » Un tendre rire s’échappe de tes lèvres. Le vingt-neuf n’a pas été choisi au hasard. C’est son nombre fétiche. Tu l’as retenu malgré ta faible mémoire. Correspondre avec le jour de son anniversaire t’aide à retenir l'information, tu le reconnais.
Elle se dépêche, Itziar. Déjà, parce qu'elle connaît Rose et pourrait parler pendant de longues heures de sa gourmandise légendaire. Elle aimerait pouvoir goûter au cocktail avant que celui-ci ne disparaisse car s'il en vient à être ajouté à la carte de Paradise City, elle a besoin d'en connaître le goût pour le valider. S'il ne lui plait pas, elle aura donc avant tout besoin de le modifier pour qu'il colle parfaitement à l'idée qu'elle s'en faisait. Cependant, l'avis de Rose était crucial. Autant pour l'aider à choisir que pour confirmer que le cocktail en question avait un certain potentiel commercial. Elle se dépêche aussi parce qu'elle n'a pas envie de retenir Rose dans la cuisine pendant des heures, elle qui avait prévu d'aller s'aérer l'esprit et profiter du beau temps dehors. L'espagnole aussi avait bien envie de sortir, elle n'avait pas eu l'occasion de quitter l'appartement aujourd'hui et pour l'amoureuse de la nature qu'elle était, c'était presque un affront. Elle avait besoin de sa dose de vitamine C naturelle pour pouvoir fonctionner. “C'est bientôt fini, promis.” Répond-elle alors qu'elle était en train de shaker la deuxième préparation avant de la verser dans le verre. Après quelques instructions des plus simples, s'apparentant plutôt à des conseils, c'est l'heure de la dégustation pour Rose. Itziar la regarde avec attention, elle essaye de scruter ses réactions. Elle a un peu peur que les cocktails ne lui plaisent pas. Bien qu'ils ne contiennent pas d'alcool. Ils ne contiennent pas non plus de jus de pommes. Si elle s'est bien débrouillée, ils devraient être sucrés, sans l'être de trop, avec une petite touche d'acidité et de fraîcheur. Rose semble prendre son temps pour goûter, ce qui ne manque pas de faire sourire Itziar qui goûte à son tour le premier cocktail avant de goûter le second. Dans le même temps, elle écoute avec attention le verdict de Rose. Hochant d'abord la tête de droite à gauche pour répondre à sa question, avant de prendre la parole. “Non, je ne peux pas vraiment mélanger les deux. Ca ferait beaucoup trop d'ingrédients pour une seule boisson donc ça serait forcément intéressant au niveau des goûts.” Parce que cela l'obligerait à diviser la dose de chaque ingrédient par deux ou par trois et donc ne lui permettrait pas de faire ressortir la fraîcheur du concombre ou l'amertume du bitter par exemple. Cela rendrait également le cocktail moins abordable à préparer niveau prix, ce qui ne serait donc pas intéressant d'un point de vue commercial. “Ca ressemblerait plus à un mélange un peu approximatif et pas très raffiné qui se rapprocherait sans doute plus du jus multifruits que d'un cocktail.” Ajoute-t-elle enfin. Parce qu'il y avait aussi un certain but créatif là-dedans. Elle ne voulait pas se contenter de mélanger à peu près tout ce qu'elle pouvait trouver chez elle, donner un nom au mélange, appeler ça un cocktail puis l'ajouter à la carte des boissons du club.
Quand Rose mentionne le jus de pomme, Itziar ne peut s'empêcher de sourire. Elle la reconnait bien là. Elle ne sait pas vraiment si elle serait capable de survivre plusieurs jours sans son précieux breuvage. Elle attendait presque la question depuis qu'elle lui avait présenté sa feuille toute raturée avec ses listes d'ingrédients et qu'aucun des deux cocktails qu'elle avait placés en tête n'en contenaient. “Il y a déjà le Blondie avec du jus de pomme, je voulais changer et proposer un truc différent.” Répond-elle, parce que son raisonnement était aussi simple que cela. Elle hausse même les épaules, comme pour appuyer sa réponse. A l’instant même où une idée semble traverser l’esprit de Rose. Celle-ci ne manque pas de faire sourire, Itziar. La créativité de Rose étant généralement à toute épreuve, l’espagnole ne doutait pas qu’elle avait la possibilité de relever le défi haut à la main. D’ailleurs, elle n’a pas le temps de dire quoi que ce soit, à peine le temps d'acquiescer que l’australienne est déjà debout en train de s'affairer. Itziar l’observe, avec attention. Elle la regarde attraper les différentes boissons pour les verser dans le shaker. Elle n’oublie pas le jus de pomme qui est sans surprise l’ingrédient phare de son cocktail à en juger par la quantité versée dans le shaker. Elle ne laisse rien au hasard, pas même les détails et vient donc compléter son œuvre de framboises sur le bord du verre, ajoute des cookies sur l’assiette avant de revenir s’asseoir à table. Elle ne peut s’empêcher de rire quand elle entend le nom du cocktail et de la table. Elle ne se moque pas. Elle reconnaît seulement Rose dans tout ça. Rose dans toute sa splendeur. “J’adore !” lance-t-elle entre deux rires. “A mon tour de goûter donc !” Annonce-t-elle ensuite. Elle commence par goûter le cocktail, imite même l’australienne lors de sa dégustation un peu plus tôt. Elle ne dit rien. Puis elle goûte les cookies avec autant de cérémonies comme si elle était un des jurés de Top Chef. “C’est très bon !” Déclare-t-elle ensuite, large sourire sur les lèvres. “C’est très toi aussi. Je pourrai goûter à l’aveugle et je saurais quand même que c’est ton cocktail.” Elle en boit une nouvelle gorgée avant d’ajouter. “Je sais pas si on le mettra à la carte officielle du club, mais en tout cas, il y sera officieusement pour toi quand tu viens, tu pourras commander autant d’Apple Rose que tu le souhaites.” Finit elle avant de lui tendre le verre pour qu’elle puisse goûter sa création.
Tu prends cette mission très à cœur. Ne buvant pas d’alcool, tu es éventuellement amenée à boire ce futur cocktail lors de tes passages au club. Évidemment, pour cela, il te faudrait te détacher du Blondie que tu commandes à chaque fois en hommage à ton amour du jus de pomme. Tu es prête à lui être infidèle de temps en temps pour divertir tes papilles. Tant qu’il y a du sucre, de la douceur, et pas d’alcool, cela te convient. Les premières dégustations ne sont pas concluantes. Si les préparations ne sont pas mauvaises, il leur manque quelque chose pour convaincre ton palais exigeant. Tu proposes une idée à l’espagnole. Une idée qu’elle réfute du haut de sa raison. Trop d’ingrédients tue l’ingrédient. « T’aurais une solution pour rendre celui à la pêche plus sucré sans dénaturer le goût général ? » A ce niveau, tu ne peux pas l’aider. C’est elle la barmaid. Toi, tu dirais de rajouter banalement une pincée de sucre en poudre dans la boisson. A travers ta question, tu lui indiques où se porte ta préférence même si le cocktail à la fraise n’est pas encore totalement éliminé. Enfin, il n’est pas près de revenir sur le devant de la scène non plus en évoquant le jus de pomme. Bien qu’il soit déjà la star d’un cocktail sans alcool, tu n’as pas pu te retenir de le mentionner. Cela ne tiendrait qu’à toi, tu en mettrais dans chacun des cocktails de la carte et le club s’appellerait le Paradise Apple City. Fort heureusement pour les deux propriétaires, tu n’es que la costumière et ton influence est limitée. De toute façon, tu ne cherches pas à t’impliquer plus que cela dans l’établissement. Tu as déjà un métier que tu adores. Puis le monde de la nuit n’est pas ton truc. Cela ne t’empêche pas de t’improviser barmaid par moment. Enfin, plutôt embêteuse de barmaid, quand tu viens taquiner Itziar derrière le comptoir avant l’ouverture des portes. C’est une manière de lui montrer ton amour. En service, tu es sage et tu la laisses travailler sans jamais la déranger. Aujourd’hui, tu as réellement envie d’endosser ce rôle. Ta créativité a besoin de s’exprimer en dehors du stylisme. Peut-être que ta gourmandise et la nécessité de sortir tes cookies du four en sont davantage tes motivations. Quoi qu’il en soit, tu t’es levée et a rejoint la cuisine. Tes gâteaux mis à l’abri, tu t’es lancée dans une improvisation qui te caractérise tant. Le dosage est approximatif. Tu ne saurais refaire à l’identique ton cocktail. Ce n’est guère important. Tu n’as pas pour objectif de le commercialiser. Ton but est juste de passer un moment de complicité avec ta princesse. De retour à table avec son goûter, tu patientes son verdict. Tu n‘as aucun doute concernant tes biscuits. Eux, tu sais à l’avance qu’elle va les apprécier. Ton interrogation concerne sa boisson. Tu scrutes son visage pendant qu’elle en avale une gorgée. Ses expressions te donneront une réponse avant ses paroles. Tu ne la vois pas grimacer, c’est bon signe. Tu vois même un radieux sourire étirer ses lèvres. « Tu triches aussi comme tu sais que j’adore le jus de pomme. » Cet élément te trahit forcément. Tu notes mentalement de choisir une autre base de jus un jour pour une autre création et la surprendre. « En plus, t’as pas dégusté comme il fallait, je vais te montrer. » D’un côté, tu ne lui as rien précisé alors ce n’est pas de sa faute. Elle n’est pas dans ta tête – et heureusement pour elle. Tu récupères le verre qu’elle te tend, caressant ses doigts au passage. Tu le portes à tes lippes. Tu saisis une framboise sur le rebord entre tes dents qui n’était pas un simple élément décoratif. Tu la croques puis tu ingurgites une gorgée de ton mélange. Les divers arômes animent l’intérieur de ta bouche. « C’est un délice tu voulais dire ! » Tu te jettes des fleurs. Tu es vraiment conquise par ton cocktail. « J’aurai les cookies qui vont avec ? » La malice se dessine sur tes commissures. Tu sais pertinemment que non. Le club ne propose pas à manger. Puis tu connais les maigres capacités culinaires de la blonde même si elle s’est grandement améliorée depuis qu’elle est avec toi. « Et pour ça, il faudrait que tu connaisses la recette. Je sais pas si je vais te la donner. » Si elle a sûrement reconnu les ingrédients qui composent ta boisson de l’expertise de son palais, elle ignore tout des proportions. Toi aussi en soi ayant tout versé au hasard, mais elle l’ignore aussi. Ces ignorances sont parfaites pour t’amuser. « Je pourrai la vendre à la concurrence. » Tu pouffes légèrement. Jamais tu ne ferais une action pouvant compromettre le club. « Que me proposes-tu en échange de ma recette ? » Il est l’heure de jouer. Plutôt de démarrer un nouveau jeu. Vous étiez en train de jouer depuis le début en dépit du sérieux de ses recherches.
Elle prend quelques instants pour réfléchir à la question de Rose. Sucrer sans dénaturer n'était pas toujours facile. Il fallait doser l'apport sucré correctement. Il ne fallait pas non plus que celui-ci soit trop fort en goût. Par exemple, elle n'était pas forcément fan d'ajouter du miel qui pour elle changeait tout de suite le goût de la boisson. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas le miel, mais elle trouvait que le goût avait tendance à être plutôt fort et très reconnaissable. Elle n'aimait pas non plus ajouter du sucre en poudre, ou du sucre de canne. Un peu trop sucrés à son goût et n'apportant pas grand-chose à la boisson en elle-même. Peut-être qu'elle se cassait un peu trop la tête, mais elle s'était découvert une passion pour la mixologie quand elle avait commencé à bosser au bar en arrivant à Brisbane. C'était donc pour cela qu'elle était si perfectionniste quand il s'agissait de ses cocktails. Pour cela aussi qu'elle ne se contentait pas de mélanger trois ou quatre ingrédients qui se mariaient bien ensemble. “Peut-être que je pourrai essayer de mettre un peu de sirop d'agave, ou sirop d'orgeat, mais j'ai aucun des deux sous la main pour tester. On aura qu'à faire un détour par la supérette au coin de la rue en revenant du parc et voir ce que ça donne.” Répond-elle une fois réflexion faite. Ces deux ingrédients étaient généralement assez pratiques quand il s'agissait d'ajouter une petite touche sucrée à une boisson sans venir en changer drastiquement le goût, bien que le léger goût d'amande de l'orgeat ne convenait pas à tout le monde. Il faudrait donc un crash test en bonne et due forme pour se prononcer.
Pour l'heure, c'est à son tour de déguster et elle en profite. Peut-être qu'elle triche. Peut-être qu'elle a juste la chance de connaître Rose par cœur et que finalement, on ne peut pas réellement considérer ça comme de la triche. En tout cas, elle ne trouve pas que cela soit de la triche, mais cela restait à l'appréciation de chacun. “Non non, c'est pas de la triche !” Déclare-t-elle avant d'ajouter. “C'est toi qui es trop prévisible … Ou alors, je te connais trop bien. Dans tous les cas, ce n'est pas de ma faute.” Elle ajoute un tirage de langue dans les règles de l'art à la fin de sa phrase avant de boire une nouvelle gorgée du breuvage savamment préparé par l'australienne. Cependant, si elle était au point quand il s'agissait de deviner le contenu du verre, elle ne semblait pas totalement au point en technique de dégustation. Ce à quoi Rose décida, pour son plus grand plaisir, de remédier. La démonstration est sans équivoque. Effectivement, elle ne s'y est pas du tout prise comme il fallait. Elle s'est simplement contentée de boire à la paille le cocktail sans réaliser que les fruits sur le bord du verre faisaient partie de la boisson à part entière et n'étaient donc pas seulement là pour décorer. Une erreur de débutante, vraiment. “Je crois que j'ai compris ! Attends, je ré-essaye.” Lance-t-elle en souriant, récupérant le verre pour l'approcher, elle imite Rose, vient placer une framboise entre ses dents avant de porter la paille à ses lèvres, un large sourire sur les lèvres. “Effectivement, avec la framboise, ça change tout donc je rectifie : c'est un délice.” Vient-elle ajouter. Elle est sincère et peut-être un peu biaisée, il fallait le reconnaître. Alors, même si elle ne comptait pas forcément commercialiser cette recette là, pas dans l'immédiat en tout cas, puisque ce n'était pas l'idée qu'elle avait eu en tête au départ, elle ne voyait aucun inconvénient à la servir à Rose pour chacune de ses visites. Pour les cookies en revanche, c'était une autre histoire et avant toute réponse, elle ne peut s'empêcher de laisser échapper un rire. “Pour ça je préfère rien promettre, comme ça t'es pas déçue.” lui répond-elle en riant. Rose n'étant pas ignorer qu'elle n'avait aucune compétence en cuisine et que même si elle s'améliorait petit à petit, ce n'était toujours pas ça. Quand Rose fait mine d'hésiter à lui donner la recette de son cocktail, elle prend un air choqué. “Que tu me la donnes pas, déjà, ça me brise le coeur, mais que tu la vendes à la concurrence ? C'est signer mon arrêt de mort.” Lance-t-elle de la manière la plus dramatique qui soit. Comme elle savait si bien le faire. Rose, quant à elle, joue à un jeu qu'elle maîtrise parfaitement. L'art de la négociation, avec cet air malicieux qui lui va si bien. “Je peux proposer beaucoup de choses.” Répond-elle en souriant, ponctuant sa phrase par un clin d'oeil. “Je peux te proposer des cocktails gratuits et à volonté, autant au bar qu'ici.” Chose qu'elle avait déjà dans un sens, mais ça ce n'était qu'un léger détail. “Je peux te payer en nature aussi.” Propose-t-elle ensuite. Son pied venant trouver la cheville de Rose sous la table pour remonter délicatement le long de son mollet. Ce n'était pas très orthodoxe comme négociation, mais ce n'était pas une négociation comme une autre de toute façon. “J'ai de multiples talents.” Déclare-t-elle ensuite. Se levant doucement, pour venir se placer derrière Rose. “Je peux te payer avec mes mains habiles et délicates.” Énonce-t-elle, ses doigts venant tendrement masser son cou. “Je peux aussi te payer avec mes lèvres sucrées.” Cette fois, ce sont ses lèvres qui viennent trouver son cou, déposant de tendres baisers. “Ou alors, je peux combiner les deux.” Ajoute-t-elle, joignant une fois de plus ses actes à ses paroles. “Mais c'est à toi de me dire ton prix.” car après tout, c'était comme ça que fonctionnaient des négociations, il y avait les offres et les contres offres avant de trouver un terrain d'entente.
La solution proposée par Itziar n’est pas réalisable dans l’immédiat. Dommage, pour une fois que tu étais concentrée. Rien ne dit que tu le seras en revenant de votre promenade. Exprimer ton côté enfantin a tendance à te dissiper des choses sérieuses. Ta mémoire ne t’aide pas non plus. Sorties de votre appartement, tu doutes sur la capacité de ton cerveau à se souvenir de cet aparté. Rien ne dit non plus que vous passerez par une supérette sur le chemin du retour pour vous le remémorer. Te concernant, tu auras vite fait d’avoir oubliée ce détail. Par contre, tu ne risques pas d’oublier de t’arrêter chez le marchand de glaces. Tu es certaine que ta gourmandise te le rappellera comme à chaque fois. Et au pire, tu peux compter sur celle de ta princesse. Peut-être même qu’elle sera la première à suggérer une pause chez le commerçant. Elle pourrait le faire pour elle ou pour te satisfaire. Elle te connait si bien. Trop bien sûrement. Non, pas trop bien. Elle te connait comme il bon de te connaître, comme il est nécessaire de l’être pour vivre une relation saine et complice. « Et ben pour la peine, je me fais la promesse de te surprendre dans la semaine qui arrive ! » Tu lui rends son tirage de langue que tu accompagnes de ta plus horrible grimace. Tu refuses de perdre sur ce terrain qui est le tien. Tu n’as pas d’idée précise en tête pour la surprendre. Tu as réagi du haut de ta spontanéité. Tu trouveras quelque chose. Tu regorges tellement d’imagination. Et il est évidemment hors de question de ne pas tenir ta promesse. En attendant, vous revenez sur ton cocktail. Tu lui montres comment tu envisages de le déguster. Tu aurais dû commencer par lui indiquer les consignes au lieu de la laisser faire seule. Sur ce coup-là, tu as trop fait confiance en sa connaissance de toi. Elle aurait pris un brin de recul, elle aurait su que les framboises faisaient partie intégrantes de ta boisson. Désormais corrigée, elle se relance dans l’exercice. Son verdict est plus flatteur bien qu’il ne soit probablement pas totalement objectif non plus. A son sourire, tu sais au moins qu’elle apprécie ce qu’elle a bu. « Si j’ai droit au sourire de la barmaid, ça m’ira déjà très bien. » Tu ne lui en demandes pas plus. Tu n’es pas de ces personnes en quête permanente de marques d’affection. Voir son large sourire solaire dessiné sur ses lippes suffit amplement à ton bonheur. Et au rythme où elle t’en inonde, tu es dans un état de plénitude. De là à lui donner ta recette aussi facilement ? Pas vraiment. Tu es beaucoup trop joueuse pour cela. Ta binôme n’est pas en reste. Elle en fait des tonnes, dramatisant la situation, ce qui étire tes commissures. Elle ne te fera pas céder de cette façon. Toi aussi tu la connais bien et sais qu’elle s’amuse. C’est à son tour de faire fonctionner son imagination débordante. Tu es attentive à ses propositions, tu ne rigoles pas avec ce genre de négociation. Elle attaque en douceur avec un acquis déjà possédé. Si ta mémoire n’est pas la meilleure du monde, il y a des limites. Sur le point de répliquer, elle te coupe dans son élan avec son enchainement. Tes lippes s’étirent de malice en sentant son pied caresser ta cheville. Là, elle attaque plus fort. Elle ne s’arrête pas en si bon chemin. Ses multiples talents, elle te les fait découvrir via de subtils aperçus. Un tendre massage dans ton cou dans un premier temps suivi de doux baisers dans un second temps avant de t’offrir une combinaison des deux dans un troisième temps. Très tactile, des frissons parcourent ton corps à ces contacts. Tu glisses tes doigts sur son avant-bras tandis que tu pivotes ta tête pour plonger ton regard malicieux dans le sien. « J’hésite… Le paiement en lèvres sucrées me semble pas mal, mais je dois vérifier un truc avant. » Tu pousses sur tes pieds pour reculer ta chaise et libérer un espace entre ta personne et la table. Tu tires délicatement sur son bras afin de la faire venir face à toi. Tu la saisis par les hanches. Tout en sensualité, tu la fais t’asseoir à califourchon sur tes genoux. Tes prunelles pétillent d’amour devant sa bouille angélique. Tu replaces une mèche derrière son oreille. Et sans préavis, tu te penches jusqu’à venir coller ta bouche contre la sienne. La saveur fruitée de ses lèvres se transmet à tes papilles baladeuses. Des papilles qui se promènent sur ses lèvres lentement, sans jamais en franchir la barrière. Rompant le contact, tes prunelles brillent de tes sentiments. « Ok, je valide le paiement en lèvres sucrées. » C’était acté depuis le début, tu ne sais résister à ses baisers. « Mais ma recette étant unique et précieuse, ça va te coûter cher. Je réclame un bisou chaque matin au réveil et un avant de me coucher à vie. » Ce que tu as déjà en soi. Itziar n’est pas avare en baisers. Elle est même plutôt généreuse dans ce domaine. « Au moindre oubli, je file donner ma recette à la concurrence et je leur créerai même un nouveau cocktail dont j’ai le secret. » Tu te retiens de rire. Comme si un club s’intéresserait aux cocktails inventés d’une styliste dans son salon. « Ou je te lancerai une attaque de chatouilles en représailles. » Ton âme d’enfant refait surface. D’ailleurs tes mains ont coulissé sur ses flancs et commencent doucement à les titiller du bout de tes empreintes. « Qu’est-ce que tu préfères ? »
Elle a bonne mémoire, Itziar. Les mots de Rose ne sont pas tombés dans l'oreille d'une sourde. Elle ne l'oubliera pas sa surprise. Elle ne se montrera pas exigeante pour autant. De toute façon, elle ne doute pas de l'imagination de l'australienne. Elle a toujours des idées pour venir ajouter un peu de paillettes dans les situations du quotidien. Là où n'importe qui d'autre y verrait un moment banal, elle est capable d'en faire une petite pépite mémorable. C'était l'un de ses nombreux talents et pas des moindres. “J'ai hâte de voir ça.” Répond donc l'espagnole, un large sourire dessiné sur les lèvres. Elle savait pertinemment que la jeune femme n'avait pas d'idée précise et qu'elle avait annoncé ça par esprit de contradiction, mais elle savait également qu'elle allait faire marcher ses méninges pour tenir sa promesse. Elle n'était pas du genre à faire des promesses dans le vent. Itziar savait donc qu'elle l'aurait cette surprise. D'ailleurs ce cocktail inventé sur le tas en était déjà une, dans un sens, d'autant plus la manière dont Rose avait également prévu la dégustation en détails. On aurait même pu croire que tout était calculé, prévu à l'avance et qu'elle avait simplement attendu l'occasion idéale pour sortir cette carte de son chapeau. C'était bien joué et elle n'avait donc pas à se soucier du sourire de la barmaid qui avait bien du mal à ne pas laisser ses commissures s'étirer en présence de la styliste. “T'auras toujours le sourire de la barmaid.” Lui répond-elle. Ce n'était pas demain la veille qu'Itziar arrêterait de sourire en sa présence. L'australienne ayant un effet sur elle qu'elle ne saurait décrire ou même expliquer. Elle avait le pouvoir d'ensoleiller n'importe quelle journée pluvieuse.
Si Rose était loin de n'avoir qu'un seul tour dans son sac, Itziar ne se considérait pas en reste en la matière. Ou alors, c'était le fait qu'elle connaissait si bien l'australienne qui lui donnait un avantage certain. Le fait étant qu'elle n'avait pas dit son dernier mot. Au contraire. La négociation venait de débuter et quiconque connaissait Itziar savait que ce domaine était l'un de ses terrains de jeux. Sans doute des restes de son ancienne vie, de l'époque à laquelle elle avait la ferme conviction que tout lui était dû et de ce fait, ne prenait pas un ‘non' pour une réponse acceptable. Négocier de manière générale l'amusait. Négocier avec Rose était un jeu des plus divertissant et pour lequel son imagination ne lui faisait pas défaut. Ainsi, quand Rose veut se montrer dure en affaires, Itziar lui donne un aperçu de ce qu'elle a à lui offrir en échange d'un accord qui pourrait être conclu entre elles. Elle le veut ce deal. Elle ne veut pas le laisser à la concurrence. Alors, elle y va crescendo, pour être sûre de convaincre l'australienne. Un sourire malicieux ne quittant pas ses commissures. Rose semble avoir retenu le paiement en lèvres sucrées et ça ne l'étonne même pas. Tout comme elle n'est pas étonnée quand cette dernière annonce avoir besoin de vérifier quelque chose avant de se décider. Alors, en bonne négociatrice, elle lui laisse peser le pour et le contre, elle lui laisse se faire son avis et pour cela, elle se laisse faire. Elle se laisse donc délicatement attirée plus près de Rose, jusqu'à se retrouver assise à califourchon sur elle. Décidément, le genre de négociations qu'elle appréciait tout particulièrement. D'autant plus quand lesdites négociations impliquaient une nouvelle rencontre de leurs lèvres. Un contact qui semble conforter la styliste dans sa décision. D'ailleurs, elle propose même une contre offre en rajoutant quelques conditions. Ce qui ne manque pas de faire rire Itziar. “Seulement un le matin et un le soir ?” Demande-t-elle, passant ses bras autour du cou de la jeune femme. “Ça me semble peu comme paiement, mais si ça te convient, ça me convient aussi. Je suis sûre que je pourrai même faire un peu de zèle de temps en temps, histoire de te rappeler que je suis mieux que la concurrence.” Déclare-t-elle ensuite, sûre d'elle avant de prendre un air pensif, comme si elle était réellement en train de peser le pour et le contre. “Il y a aucune raison que j'oublie. Donc je te laisse choisir la punition que tu n'auras pas à utiliser dans tous les cas.” Ajoute-t-elle, lui adressant également un tirage de langue en bonne et due forme. Elle n'en n'avait cependant pas totalement fini Itziar. Elle voulait vraiment sécuriser ce marché. Alors, pour vraiment être sûre d'avoir le monopole et d'éliminer toute concurrence potentielle, elle pense à une autre proposition. “Pour vraiment te montrer ma bonne foi, je peux même te proposer un truc en plus. Un premier paiement, un peu plus important que les autres qui eux seront quotidiens. Je peux par exemple proposer un massage, de la durée de ton choix, avec huile, bougies et plus si affinité …” Déclare-t-elle avec un clin d'oeil. Etait elle en train de chercher une énième excuse pour se montrer tactile avec l'australienne ? Sûrement. Est-ce qu'elle en avait besoin ? Pas vraiment. Elle marque donc une pause avant d'ajouter. “Enfin, c'est qu'une idée.” Parce qu'elle pouvait en avoir d'autres bien sûr. “Mais je crois pas que la concurrence pourra s'aligner.” Il fallait dire qu'elle mettait la barre haute tout de même.
Ce genre de moment témoigne à quel point votre entente est si parfaite, à quel point votre complicité est totale. En dépit du sérieux de son travail, des enjeux derrière sa création, Itziar n’a fait aucune remarque sur tes enfantillages. Pire, enfin mieux, elle les accepte et les amplifie. L’histoire de son cocktail est désormais de l’histoire ancienne. L’histoire de ton cocktail ne l’a remplacée que d’apparence. Il se joue bien plus qu’une recette de boisson en l’instant. Tu sais parfaitement comment ont tendance à finir vos négociations ludiques. Ton regard amoureux transpire de tus les sentiments que tu éprouves son égard. Malgré le temps, tu ne mesures pas toute la chance que tu as de l’avoir dans ta vie. Elle est tellement plus que ce tu avais espéré. Et bien que la perfection n’existe pas, l’espagnole est en toute proche. En toute subjectivité assumée évidemment. Assise sur tes genoux, le goût de ses lèvres sucrées en bouche, la douce chaleur de son corps se diffusant au tien, des désirs s’éveillent lentement. Il ne manque pas grand-chose pour faire définitivement dévier la situation sur la pente lubrique. Elle a de la chance que tu tiennes à cette négociation. Maintenant, pour combien de temps encore ? Il sera si simple de céder contre un ébat. Ton esprit enfantin ne l’entend pas de cette oreille. Il est encore assez fort pour freiner tes envies adultes. Qu’il en profite. « Je veux pas te ruiner tout de suite. On a le ménage à négocier aussi. » Sans être en véritable bazar, votre appartement a besoin d’un coup de rangement et de dépoussiérage. En dépit de ton statut de fée, tu n’es pas une fée du logis. La blonde n’apprécie pas plus les tâches ménagères. Mais chaque chose en son temps. En l’instant, tu es d’humeur chatouilleuse. Son rire est si pur aussi, si solaire. Tu aimerais l’entendre. D’un autre côté, ce serait te priver de votre position. Attaquée de la sorte, elle se tortillerait et quitterait tes jambes. Ce que tu ne souhaites pas. Alors tes doigts se font sages et glissent tendrement sur ses hanches, les caressant. « Si tu oublies, tu seras de corvée de ménage à vie. » Un large sourire malicieux étire tes lippes. Avec cette menace, aucune chance qu’elle zappe le moindre paiement. Même si tu plaisantes et que tu ne la laisserais jamais dans une telle galère. Les tâches ménagères sont partagées et le resteront. A présent que les conditions sont posées, tu as plus qu’à lui donner ta recette – ce dont tu te rappelles du moins. Sauf que la barmaid en décide autrement. Tu reconnais bien là son amour du tactile. Elle est toujours à l’affut pour te toucher. Tout comme la réciproque est vraie. Tu ne lui proposes de l’aider à s’habiller régulièrement par simple altruisme. L’idée est surtout de pouvoir parcourir ses courbes. « Ça sent la tentative de corruption tout ça. » Elle connait tes points faibles. Elle sait déjà que tu vas accepter. Tu fais durer le suspense par principe, pour ne pas montrer être prisonnière de ses filets bien que ton regard pétillant te trahisse. « Mais je suis trop curieuse pour refuser. » Quel prétexte bidon, Rose. Ta curiosité ne vaut pas ton envie. La saisissant par la taille, tu la fais se relever. Tu te lèves de ta chaise à ton tour. Tu coulisses ta main dans la sienne, entremêlant vos doigts. « On sera mieux dans la chambre. » Dans ta tête, il est acté que ce premier paiement va avoir lieu immédiatement. Tu n’envisages pas une seule seconde le reporter à plus tard. Tu n’es pas certaine qu’elle possède le nécessaire à ce règlement. L’important n’est pas là. Elle a évoqué un massage, c’est tout ce qui compte. Tant pis pour ta balade au parc également. Les contacts d’Itziar sont prioritaires. Tu l’entraines jusqu’à votre chambre. La lâchant, tu débarrasses les draps de Dreamy avant de déposer la peluche licorne dans un coin formée de l’armoire et d’un mur. « Quelle est la procédure à suivre ? » La suite lui appartient. Tu patientes sagement ses directives. Tu es déjà quasiment sûre que tu vas devoir retirer ta robe. Tant qu’elle ne le formule pas ouvertement, tu attends. Même si tu te réjouis à l’avance du spectacle que tu vas lui offrir pour l’occasion. Plus que sa reine guimauve, tu es la reine ludique. Il est de ton devoir d’honorer ton statut. Et tu sais comment t’amuser avec tes vêtements, et probablement un peu avec ses nerfs, tu l’admets.
Elle n'était peut-être pas riche, mais quand il s'agissait de négocier avec Rose, soudain, elle était millionnaire et n'avait pas de limite quand elle voulait enchérir pour quelque chose qui lui tenait à cœur. C'était l'avantage d'avoir leur propre monnaie. Certes, elles n'étaient que deux à l'utiliser, mais ça voulait aussi dire qu'elles pouvaient l'utiliser sans limite et ainsi créer leurs propres règles. Il allait sans dire que l'espagnole ne se privait pas pour user et abuser de ce pouvoir. Cependant, comme toute monnaie, il fallait en disposer de manière judicieuse et négocier intelligemment. Le but n'étant pas de s'endetter outre mesure et ainsi ne pas pouvoir honorer sa part de l'accord. Alors, elle n'oublie pas le ménage, Itziar. Jamais elle n'oublierait le ménage. Impossible. Elle n'était pas une adepte du ménage. Ne l'avait jamais été et ne le serait probablement jamais. C'était peut-être l'un des luxes de son ancienne vie qui lui manquait le plus. Ne pas avoir à se soucier du ménage et pourtant toujours avoir une maison propre. Ca, ça lui manquait toujours autant. Nettoyer n'était jamais une partie de plaisir et nécessitait donc des négociations bien plus importantes que celles qui venaient de se jouer. Rose sait que ce n'est pas son fort et d'ailleurs, elles partagent cette aversion commune, raison pour laquelle la jeune femme ne manque pas de lui rappeler. “Et si j'oublie pas ? Ça veut dire que c'est toi qui fais le ménage ?” Demande-t-elle en souriant, un sourire fier sur les lèvres. Sa propre interprétation du compromis décidé par Rose. Elle est fière de la bêtise qu'elle propose. “Et moi tant que j'oublie pas notre accord, j'ai rien à faire, mais j'ai juste pas le droit à l'erreur.” Et elle en rajoute une petite couche, comme pour argumenter et soutenir sa proposition. Sait on jamais, peut-être que Rose pourrait se laisser tenter, misant tout sur un oubli d'Itziar. Ca pouvait être le hold up d'une vie. Quelques mois à gérer le ménage en attendant un écart et ensuite, plus besoin de s'en soucier jusqu'à la fin de sa vie. Ça pouvait être tentant, mais ça restait risqué. Itziar n'étant pas du genre à oublier des baisers. Bien au contraire. Avec n'importe qui d'autre, cela serait sans doute un très bon marché.
Avec Itziar, c'était peut-être une énième tentative de corruption comme celle qu'elle venait de tenter et qui avait été démasquée aussitôt par la styliste. L'espagnole ne pouvait pas l'avoir si facilement. “Corru- quoi ? Je ne connais pas ce terme. Je cherche simplement à sécuriser notre accord. Rien de plus.” Se défend-t-elle, jouant l'innocente. Après tout, la corruption pouvait également l'aider à sécuriser son deal, alors, ce n'était pas réellement un mensonge, juste un léger embellissement de la réalité. Cependant, il s'agissait d'une vraie proposition ayant pour but d'attiser la curiosité de sa reine, ce qui semblait avoir l'effet escompté. L'australienne ne pouvait refuser dans de telles circonstances et d'ailleurs, elle semblait encline à profiter de ce premier paiement tout de suite. “Ah donc ça t'intéresse ! Attention, une fois le paiement effectué, il y aura plus de négociations possibles.” Répond-elle en plaisantant avant d'ajouter. “Je pensais que tu allais vouloir y réfléchir un peu, mais tout de suite, ça me va, je suis prête.” Elle n'avait rien préparé, mais elle pouvait tout improviser ce qui revenait au même. Elle n'avait qu'une parole et comme Rose avait décidé que le massage était pour maintenant, il était pour maintenant. Elle se laisse donc entrainer jusqu'à la chambre, laissant échapper un rire en voyant Rose poser Dreamy dans un coin. “Pour la procédure à suivre, il faut que je prépare deux, trois trucs.” Déclare-t-elle. Elle commence donc par tirer les stores pour offrir une ambiance tamisée. Prend quelques bougies dans le placard qu'elle vient disposer sur les tables de nuit avant de les allumer. Elle file ensuite dans la salle de bain pour récupérer l'huile à massage, en profitant au passage pour s'attacher les cheveux, évitant à ses boucles blondes de venir lui gêner le visage quand elle aura les mains pleines d'huile. Enfin, une fois dans la chambre, elle allume un peu de musique pour venir compléter l'ambiance. “Niveau ambiance, je crois que c'est bon. Maintenant c'est à toi de t'installer. Il faut que tu te mettes sur le lit et que tu laisses la magie opérer.” Elle vient délicatement attirer Rose vers le lit. “Je recommande de te mettre en sous-vêtements, mais c'est comme tu veux. C'est une simple recommandation. Pour que tu sois plus à l'aise et que le massage soit plus agréable.” Annonce-t-elle en haussant les épaules, faisant de son mieux pour masquer son sourire. “Tu devrais même enlever ton soutien-gorge et je dis ça pour plus de confort bien sûr, pas pour me rincer l'œil.” Après tout, ses mains allaient venir accrocher le fermoir à répétition, ce qui n'était pas des plus confortables. Elle disait ça pour que l'expérience soit la plus plaisante pour Rose, bien évidemment.
Itziar est maligne. A ce niveau, elle l’est presque autant que toi. Presque seulement. Aussi belle soit-elle, il t’en faut plus pour tomber dans un piège aussi grossier. Tu as beaucoup d’années d’expérience en négociation pour tomber dans le panneau. Tu as trop su retourner les situations à ton avantage avec ta mère dans ta jeunesse. Avec du recul, tu n’en es pas très fière. Tu n’as pas de quoi te vanter d’avoir été une enfant capricieuse profitant d’être la benjamine et la seule fille de ta fratrie pour obtenir tout ce que tu voulais et éviter tout ce que tu ne voulais pas. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Si tu as gardé ton âme d’enfant, tu as mûri également. Pas au point d’être une véritable adulte comme l’entendent les autres, mais suffisamment pour savoir que les tâches ménagères se partagent dans un couple. Sans oublier de jouer à leur sujet bien sûr. « Ça marche pas comme ça. Si t’oublies pas, on reste comme on est actuellement et c’est chacun son tour. » Du moins en théorie. En pratique, les négociations sont courantes pour passer son tour. Tu n’es jamais la dernière à troquer un passage d’aspirateur contre la préparation du déjeuner par exemple. « Tant que t’oublies pas, t’as juste à me couvrir de baisers. Je t’autorise même à faire du rab. » Un sourire malicieux ponctue ton affirmation. Tu as réussi à tourner les choses en ta faveur. Enfin, plus précisément en vos faveurs. Vous êtes toutes les deux gagnantes dans l’opération. Si tu as la réceptrice des baisers, tu sais qu’en être la donatrice ne dérange pas ta princesse. Au contraire, tu viens de lui offrir un merveilleux prétexte pour t’embrasser. Elle n’en avait pas besoin. Surtout que les baisers surprise sont les meilleurs. Et elle maîtrise cet art à la perfection. Peut-être plus que la réalisation de cocktails. Un autre domaine dans lequel elle excelle est les massages. Tu n’es guère étonnée que le sujet soit mis sur le tapis. Tu l’es plutôt du fait qu’il ne l’a pas été plus tôt. C’est à croire qu’elle gardait son argument ultime pour la fin, pour être certaine de sortir vainqueure de cette négociation. Bien que consciente de t’être faite piégée, tu ne peux refuser sa proposition. Ses doigts sont trop magiques et tu es beaucoup trop tactile. « On verra ça. Je prends l’option satisfaite ou remboursée. » Un léger rire t’échappe. Tu n’as aucun doute quant à l’appréciation de son massage. Tu risques plutôt de lui en redemander régulièrement. Tout comme elle risque de t’en réclamer un en guise de renvoi d’ascenseur. Tu es prête à ce compromis. Tu n’as aucun souci à promener tes mains sur ses courbes. Le souci c’est que tes gestes sont plus caressants que massants. Dans l’immédiat, c’est à toi d’être le rôle de la massée. Une fois dans la chambre, tu les demandes ses consignes telle une cliente d’un centre de bien-être. Tu es amusée par sa façon de gérer l’ambiance. Elle ne fait pas les choses à moitié. Tu ne comptes pas les faire à moitié non plus maintenant que c’est à toi de jouer. « Tout est uniquement professionnel évidemment. » Tu te retiens de rire. Tu as capté ses sous-entendus. L’espièglerie dessinée au coin de tes lèvres, tu fixes son regard tandis que tu approches doucement une main d’une bretelle de ta robe. Commençant à te dandiner au rythme de la musique, tu la fais glisser lentement de ton épaule à ton avant-bras, dévoilant la bretelle blanche de ton soutien-gorge au passage. Tu réitères ta manœuvre avec la seconde bretelle de ta robe. La gravité se charge de t’en débarrasser en la faisant tomber au sol. Tes pieds nus enjambent ta tenue gisant par terre. Tu te retournes et te penches pour la ramasser, lui offrant une vue sur tes fesses enveloppées dans ta culotte blanche par la même occasion. Redressée, tu la déposes sur la chaise proche de Dreamy, t’assurant rapidement que ses yeux soient dirigés vers le mur. Revenue faire face à la barmaid, tu coulisses une main dans ton dos. D’un pincement expert sur le fermoir, tu le détache. Grâce à l’aide de mouvements identiques tu le retires, prenant soin de cacher tes seins de tes paumes. Tu souris à jouer la fausse pudique, toi qui a vite fait de te promener en tenue d’Eve dans votre appartement. Surtout qu’elle connaît ta poitrine par cœur. Ton numéro terminé, tu t’allonges sur le ventre sur le lit. « Je suis toute à toi, tu peux commencer. Faites tout de même attention au niveau de mes hanches. Je suis chatouilleuse. » Encore une information qu’elle connaît. Cette zone est une zone particulièrement sensible. Et par sensible, tu sous-entends érogène. Il reste à voir à quel point elle va rester professionnel et/ou se montrer coquine.
Elle n'est pas particulièrement fan de l'option satisfaite ou remboursée, surtout quand c'est un service qu'elle offre. Après tout, tout travail mérite salaire et même si elle n'était pas totalement à la hauteur des attentes, cela ne justifierait pas un remboursement. Et puis, de toute façon qui pourrait ne pas être satisfait ? Oui, elle était sûre d'elle à ce point-là. C'était pour cela qu'elle pouvait bien faire une exception pour Rose et rien que pour Rose. Elle la connaissait par cœur, elle savait exactement quoi faire pour qu'elle soit satisfaite et donc le risque était vraiment minime. A moins que le côté espiègle de la jeune femme prenne le dessus sur tout le reste et qu'elle décide de la mener en bourrique. Cela pourrait être une possibilité, mais le jeu en valait largement la chandelle. “Juste parce que c'est toi alors !” Lui répond-elle. Scellant ainsi tous les détails de ce deal qu'elles venaient de négocier avec la passion de chefs d'entreprise les plus aguerris.
Itziar s'amuse à préparer la chambre. L'ambiance n'a en réalité pas beaucoup d'importance, la qualité de son massage se suffisant à elle-même, mais un peu de fantaisie n'a jamais fait de mal à personne. Alors, elle ne lésine pas sur les moyens, malgré le fait qu'elle improvise de A à Z, elle fait avec les moyens du bord et ce qu'elle avait déjà dans ses placards. C'est largement suffisant pour donner à la chambre un côté un peu plus tamisé, intimiste et presque sensuel. Il n'en fallait pas beaucoup. Il ne lui faut pas longtemps pour se déclarer prête et cette mise en place terminée, elle donne quelques directives à Rose. Quelques conseils également. Il ne fallait pas oublier que cette prestation était à rembourser si elle ne plaisait pas, il fallait donc expliquer à l'australienne comment en profiter dans les meilleures conditions. Elle ne pourrait ainsi pas rejeter la faute d'une expérience peu satisfaisante sur le massage. Rose est cependant une bonne élève, elle suit les conseils d'Itziar à la lettre. Elle va même jusqu'à faire du zèle, ce qui ne surprend même pas l'espagnole qui apprécie le spectacle. A vrai dire, elle aurait sans doute été déçue si Rose n'avait pas pris la peine de se dandiner au rythme de la musique tout en en se déshabillant. C'était un de ses petits plaisirs de regarder Rose s'effeuiller rien que pour elle. Elle était magnifique et étrangement, elle lui paraissait plus belle à chaque fois. Elle ne se lassait donc jamais de ce spectacle. Elle n'en perdait pas une miette non plus et en profiter pour mémoriser un peu plus les courbes de la jeune femme. C'est un sourire en coin qui apparaît ensuite sur son visage quand la styliste se débarrasse de son soutien gorge avant de venir cacher sa poitrine. Comme si iIziar ne l'avait pas vue des centaines de fois et ne pourrait pas la reconnaître les yeux fermés. Cependant, ça va bien avec leur accord qui se veut 100% professionnel, n'est-ce pas ? Elle n'a pas trop le temps d'y penser puisque Rose va ensuite s'installer sur le lit l'invitant à entrer en action. “Je serai très délicate !” Déclare-t-elle venant s'installer sur le lit à son tour. “Si tu permets ..” Ajoute-t-elle, venant délicatement attacher les mèches roses en un chignon pas trop serré. “Je voudrais pas te tirer les cheveux sans faire exprès.” Elle ponctue sa phrase par un baiser déposé dans la nuque de l'australienne. Elle vient ensuite mettre un peu d'huile sur ses mains qu'elle frotte entre elles avant de venir les poser de part et d'autre de la nuque de l'australienne. Elle commence doucement, lui massant la nuque avec ses pouces dans de doux mouvements circulaires, descendant doucement jusqu'à ses épaules sur lesquelles elle s'attarde également, faisant de son mieux pour détendre de quelconques nœuds qu'elle pourrait avoir à cet endroit-là. Puis elle continue sa descente, doucement, laissant parfois ses mains se balader un peu plus qu'elles ne le devraient pour un service purement professionnel, venant parfois effleurer les côtés de sa poitrine avant de remonter, pour mieux redescendre. Elle s'applique, vient même parfois déposer quelques baisers dans son cou ou derrière sa nuque. Sa formule spéciale. Formule qui inclue également ce moment où elle vient, l'air de rien effleurer les hanches de la jeune femme. “Oups .. Désolée !” lance-t-elle, doucement, comme si elle ne savait pas parfaitement ce qu'elle faisait. Comme si elle ne venait pas non plus d'effleurer une deuxième fois ses hanches en faisant remonter ses mains le long de son dos.
Une fois de plus, vous vous êtes laissé emporter par l’improvisation, par votre spontanéité, par votre grain de folie. Quiconque verrait la scène actuelle se déroulant sous ses yeux ne croiraient pas qu’elle est due à l’obtention d’une recette de cocktail. Ou alors, la personne ferait preuve d’une drôle d’imagination. Ce qu’il se passe en l’instant est le témoin du pourquoi tu aimes tant ta princesse. Elle ne rechigne jamais à participer à tes jeux. Elle se fait même régulièrement force de proposition. L’ennui n’est pas près de prendre possession de votre couple. Pas plus que la routine. Allongée sur les draps, patientant le début de son massage, tu sais d’avance qu’elle va se montrer malicieuse. Nul doute qu’elle prendra un malin plaisir à titiller tes hanches. Les véritables questions sont Au bout de combien de temps ? et De quelle manière ? Et également si elle se contentera de cette zone. Tu ne vas pas tarder à être fixée. Tes cheveux attachés en chignon, elle débute son œuvre. D’entrée, le côté professionnalisme est mis à mal à travers ce bisou sur ta nuque offert. Loin d’être une habituée des salons d’esthétique, les fois où tu t’y es rendu, jamais l’employée n’a agi de la sorte. Ce n’est pas pour te déplaire. D’ailleurs tu n’en plains pas et un doux sourire étire tes lèvres face à cette délicate attention. Ses mains se mettent ensuite en action. Sa magie digitale opère dès les premières secondes où elle effleure ta peau. Un soupir d’aisance s’échappe d’entre tes lippes face à la sensualité de ses gestes. Tu pourrais rester ainsi des heures à profiter de la danse de ses paumes et ses baisers. Sa tendresse n’a d’égal que votre amour bien qu’elle soit vicieuse en coulissant sur tes hanches. Tout était trop beau pour durer. Il a fallu qu’elle te taquine. Si tu te contentes de remuer légèrement ton bassin en réaction au premier écart, tu n’es pas décidée à être aussi sage lors du suivant. « T’es pas très rigoureuse, je vais me plaindre auprès de ta patronne. » Tu te retiens de rire. Non seulement, masser n’est pas son métier, mais un loisir, et en plus, elle est sa propre patronne dans son véritable métier depuis l’ouverture de Paradise City. Évidemment, tu pourrais te plaindre auprès de son amie et associée Lara – la co-patronne du club – mais tu doutes qu’elle s’intéresse à ce genre de soucis privés intimes. Le mieux est te débrouiller seule. Ce dont tu es tout à fait capable de haut de ta malice. « Ta maladresse pourrait te coûter ta place dans le lit ce soir et te valoir une nuit sur le canapé. » Tu en fais beaucoup, Rose. Tu te plais à endosser ce costume de vilaine cliente. Un rôle à contre nature de ce que tu es, toi la gentillesse incarnée. Tout n’est qu’amusement. Itziar te connait suffisamment pour le savoir. De la même façon qu’elle sait que tu es une femme arrangeante qui va lui proposer une alternative pour échapper à ton courroux féérique. Tu te retournes lentement jusqu’à te retrouver le dos contre les draps. Ta poitrine dénudée se retrouve exposée à ses yeux. Tu ne cherches plus en rien à la cacher. Tu espères plutôt qu’elle l’admire avec envie. A moins qu’elle ne préfère se délecter du large sourire rempli de sentiments dessiné sur tes commissures. « Je t’offre une chance de te récupérer. Tu dois masser le devant de mon corps dans son intégralité des pieds à la tête sans que je me plaigne une seule fois. Sinon, tu peux dire adieu à la recette de l’Apple Rose et je te prive de bisous pendant trois jours. » Comme si tu en étais capable, Rose. En sa compagnie, tu tiens à peine cinq minutes avant de l’embrasser. Tu manques de crédibilité. Tu t’es laissé emporter dans ton élan de méchante cliente. Et quand même par miracle tu réussissais à tenir cet engagement, ce serait te punir autant voire davantage qu’elle. Non vraiment, cette affirmation est mensongère sans le moindre espoir de l’appliquer. La barmaid est forcément au courant. Tu comptes sur son jeu d’actrice pour entrer dans ton jeu. Ce qui devrait être facile étant donné que ton arrangement lui permet de parcourir tes formes. Elle ne ratera pas une telle occasion. Si tu es tactile, l’espagnole n’est pas en reste. Surtout quand il s’agit de toucher sa reine.