C'est vrai qu'elle n'est pas bien rigoureuse sur ce coup-là. Quoi que, il n'est peut-être pas réellement question de rigueur. Il s'agissait plutôt de malice et d'écouter la petite voix dans sa tête qui lui disait de chatouiller les hanches de Rose. Parce que cette petite voix savait tout autant qu'elle à quel point cette zone pouvait être sensible. Cet écart était totalement volontaire. Il ne pouvait donc pas s'agir d'un manque de rigueur quand elle savait parfaitement ce qu'elle faisait. Elle ne peut donc s'empêcher de laisser échapper un petit rire quand elle entend la mise en garde de Rose. “J'ai été distraite, ça ne se reproduira plus. J'ai cru que la musique s'était arrêtée alors je tendais l'oreille et j'ai pas fait attention.” Répond-elle, ayant repris son sérieux. L'explication n'a aucun sens, ni même quelconque corrélation, mais ça n'a pas réellement d'importance. Elle ne cherchait pas vraiment à se justifier. Tout cela n'était d'un jeu. En soit, il n'y avait ni erreur, ni patronne, ni même vrai marché à conclure. Cependant, elle jouait jusqu'au bout. Elle tenait son rôle et se défendait donc pour faire valoir ses talents. “T'auras pas besoin de t'adresser à ma patronne, c'était juste une maladresse.” Ajoute-t-elle. Elle n'avait pas de patronne, mais pour les besoins de son rôle, elle pouvait bien en mentionner une imaginaire. D'autant plus quand Rose semblait vouloir enchérir et ajouter une autre punition pour tout autre écart. Une punition qui lui faisait bien plus peur que la première. Une punition qu'elle pouvait aisément mettre à exécution. Ses mains s'arrêtent de parcourir le corps de Rose. “Non, tu oserais pas !” La défie-t-elle avant d'ajouter. “Tu finirais par venir me chercher sur le canapé, je suis sûre.” Elle ne prenait pas cette menace à la légère pour autant, malgré ce qu'on pourrait en déduire de ses réponses. Elle n'aimait pas dormir seule. Plus précisément, elle n'aimait pas dormir sans Rose. D'autant plus si elles se trouvaient sous le même toit. Elle avait besoin de sentir sa présence auprès d'elle et de s'endormir dans ses bras pour passer une bonne nuit. C'était donc une menace qu'elle prenait au sérieux, qu'elle redoutait, même, mais elle savait que Rose non plus n'appréciait pas plus qu'elle de dormir seule. Alors, elle attendait la suite. Elle attendait de voir ce que Rose lui proposait pour échapper à ce courroux. Elle savait qu'elle allait avoir une seconde chance, un moyen de se racheter et de faire oublier sa maladresse. Elle ne se trompait pas. Elle la connaissait trop bien. Cependant, elle l'écoute attentivement. Elle ne prend pas à la légère sa demande. Oh non, elle ne s'y risquerait pas. Elle note chaque détail dans sa tête et c'est des signaux d'alertes qui lui apparaissent quand elle entend la menace finale. Pas de bisous pendant trois jours. Une véritable torture pour quelqu'un d'aussi tactile qu'elle. Elle avait réussi à se passer de baisers pendant trois semaines quand elle était à Madrid, mais ce n'était pas pareil. Ça lui avait manqué. Cependant, elle n'avait pas été tentée, sans pouvoir céder à la tentation puisque Rose n'était pas avec elle. Là, trois jours à la côtoyer, sans pouvoir l'embrasser avait tout du pire des cauchemars. A ce stade, elle a même oublié quel était leur deal initial. Elle a oublié le cocktail et cette fameuse recette que l'australienne doit lui vendre.

Elle met ça à la fois sur le compte de la menace qui plane au-dessus de sa tête, mais également sur le fait que Rose s'était retournée, couchée sur le dos, sa poitrine nue était complètement exposée, rendant toute concentration des plus compliquées. Elle était diabolique dans sa malice. Si Itziar s'était amusée de son point faible, elle jouait totalement sur le sien à présent. L'arroseur arrosé, en quelque sorte. Pour autant, ce défi avait de quoi être plaisant, autant pour Rose que pour elle. L'australienne l'invitant à parcourir un peu plus son corps de ses mains. L'occasion pour elle de mettre à profits tous ses talents. “Tu es extrêmement dure en affaires quand même.” Déclare-t-elle en souriant avant d'ajouter. “Des pieds à la tête du coup ? Des zones à éviter ? Je voudrai pas reproduire la même erreur malheureuse qu'avec tes hanches.” Demande-t-elle, l'air de rien. Comme si elle avait besoin que Rose lui dise quelles zones étaient sensibles. Elle attend sa réponse avant de se mettre à l'œuvre. Elle commence par descendre du lit pour plus de mobilité et commence par masser le pied droit de la jeune femme. Il lui coûte de ne pas lui chatouiller la plante des pieds au passage, mais elle sait qu'elle perdrait tout de suite le défi qu'elle avait à relever. Alors, elle se retient. Se contente de lui masser le pied délicatement avant d'en faire de même avec son pied gauche. Puis elle remonte, doucement, faisant des mouvements circulaires avec ses pouces le long de ses tibias. Elle s'attarde un peu sur ses cuisses, comme pour détendre ses muscles. Elle joue son rôle à la perfection. Pas question que le massage soit bâclé. Chaque zone mérite de l'attention. Dans leur ascension, ses doigts frôlent l'intimité de l'australienne. A l'affût d'une quelconque réaction, ils continuent leur route, viennent délicatement trouver ses hanches, sans la chatouiller, elle a bien retenu sa leçon. Enfin, en partie. Elle n'a pas pour autant décidé de ne pas la taquiner, de ne pas la titiller. La jeune femme a bien dit qu'il fallait la masser des pieds à la tête. Elle ne doit pas se plaindre. Cependant, elle n'a pas mentionné quelconque professionnalisme. Alors, quand ses mains arrivent à hauteur de sa poitrine, elle ne l'esquive pas. Bien au contraire, ses paumes viennent masser les monts de chair, ses pouces venant délicatement caresser ses tétons. Elle prend son temps, se délectant des réactions de l'australienne, puis elle continue son chemin, lui massant le crâne une fois l'ascension terminée. Elle aurait pu s'arrêter là. Des pieds à la tête l'australienne avait dit, mais elle n'avait pas terminé pour autant, l'australienne méritait plus. Alors, elle entame une descente, ses mains faisant le chemin inverse, s'attardant une fois de plus sur sa poitrine. Un peu plus que la première fois. D'ailleurs, ce n'est qu'une de ses mains qui continue sa descente, un peu plus sensuellement cette fois, elle enfreint même les règles, venant effectuer des cercles sur sa hanche avec son pouce.

Elle se mue en tentatrice. Elle maîtrise l'art de transformer son massage en caresses, comme si de rien n'était. Comme si ce n'était pas prévu. Comme si elle ne savait pas ce qu'elle faisait. Le professionnalisme qu'elle tentait d'endosser s'est envolé à l'instant où Rose s'était retournée. D'ailleurs, avait-elle réellement eu l'intention de tenir ce rôle si longtemps ? Le jeu en valait la chandelle. Elle appréciait particulièrement cette capacité que Rose avait de transformer les situations les plus banales en jeux qu'elles seules comprenaient. Elle la suivait à chaque fois, parce que ça l'amusait et qu'elle prenait toujours plaisir à le faire. C'était ça, faire partie du monde de Rose et elle n'aurait pas pu espérer mieux. Elle prend toujours son rôle à cœur, ne joue pas à moitié. Aujourd'hui, elle est masseuse et très honnêtement, c'était sans doute un job qu'elle aurait pu faire, l'aspect mains baladeuses en moins. Ca, c'était strictement réservé à une certaine styliste. La même styliste qui lui donne quasiment carte blanche pour qu'elle puisse saisir sa seconde chance et se racheter. Se faire pardonner sa terrible erreur. Cette interdiction qu'elle n'a pu s'empêcher d'enfreindre. Telle une enfant, l'interdit était devenu le but sitôt qu'il avait été vocalisé. Elle n'y aurait même pas pensé sinon. Quoi que. Il y aurait bien eu un moment de dérive. Un moment où elle aurait perdu son sérieux et son pseudo-professionnalisme. Comme c'est le cas une fois de plus. Elle ne tente pas d'être discrète. Elle ne se contente pas d'effleurer Rose. Elle se délecte de ses soupirs et joue de ses mains pour en entendre un peu plus. Quand sa main gauche entame sa descente et vient caresser sa hanche, elle ne cherche qu'à la faire craquer. Qu'à la faire sortir de son personnage. Chose qui ne tarde pas à arriver puisque la jeune femme vient saisir ses flancs avant de laisser ses mains les parcourir. Itziar ne peut s'empêcher de sourire. Elle n'arrête pas son massage, ou plutôt ses caresses, pour autant. Bien au contraire. Elle s'applique même encore plus. Elle se laisse faire quand Rose vient glisser sa main sur sa nuque avant de faire rencontrer leurs lèvres. C'est l'espagnole qui laisse ensuite échapper des soupirs, face à l'assaut de baisers dont elle fait l'objet. “Moi aussi, je t'aime.” Lui répond-elle avant de succomber à la plus grande des tentations. Elle ne se lassera jamais d'entendre ces mots sortir de la bouche de Rose. Ne se lassera jamais de les lui dire également. Elle n'imaginait plus sa vie sans elle.

***

Ses vêtements ont fini par terre à côté du lit. Il n'aura pas fallu bien longtemps pour que l'australienne l'en débarrasse. Elle est maintenant allongée nue à côté d'elle sur le lit, une main pour soutenir sa tête alors que l'autre dessine des spirales sur le ventre de Rose. C'est dans ces moments-là qu'elle la trouve la plus belle. Dans le plus simple appareil, les cheveux en pagaille, le plaisir qu'on pouvait lire sur son visage. Elle tend le cou pour venir capturer ses lèvres, parce qu'elle n'en a jamais assez, Itziar, parce qu'elle ne peut pas résister. “Je crois qu'on a trouvé un accord, suite à notre négociation.” Déclare-t-elle en souriant. Satisfaite ou remboursée, c'était ce qui avait été décidé et Itziar était plutôt confiante quant au fait que l'australienne avait été satisfaite. En était témoin son teint rosé et la chaleur qui émanait encore de leurs corps. “Qu'est-ce que tu dis d'une douche et d'un tour dehors ? On pourrait sûrement profiter du coucher de soleil au parc.” Propose-t-elle. Elle lui avait dit qu'elles pourraient prendre l'air un peu plus tard. Elles s'étaient éparpillées, mais rien ne les empêchait d'y aller maintenant. Elles avaient encore largement le temps avant qu'Itziar ne parte travailler. “Ou alors, on peut aussi partir sur un second round, si tu préfères.” Ajoute-t-elle, ses lèvres venant trouver le cou de Rose, alors que la main sur son ventre va chatouiller sa hanche. Elles avaient du temps devant elles, elles pouvaient l'utiliser comme elles le souhaitaient. Leur imagination était la seule limite.