Sous forum: Sur la route

C’est Truman, un gars avec qui tu fais du rugby qui t’a parlé de cette randonnée. Il t’a bien vendu le truc parce que te voilà en chemin pour votre point de rendez vous. Vous avez prévu de ne prendre qu’une voiture et au final les plans sont modifiés car il ne peut pas venir. Tu hésites à rentrer chez toi car c’est bien moins motivant de faire ce genre de chose seul. Surtout qu’il est important pour toi d’être accompagné. Il est difficile de rester avec tes pensées. Tu es de retour de l’Angleterre depuis quelques semaines et tu as du mal à rester en place. Tu as fait bien plus de sport qu’à l’accoutumé et le prochain entrainement de rugby est dans deux semaines. Il y a une pause qui se fait là et ce n’est pas à ton goût.

Finalement tu prends ta voiture et file, tout seul, vers le Mount Barney. L’idée que tu puisses te perdre et mourir seul au milieu d’une randonnée est très attrayante à tes yeux. T’as un gros soucis oui, tu le sais très bien. Tu veux vivre mais si par le plus grand des hasards, tu venais à perdre la vie, ce sera pas plus mal également. La route que tu empruntes te parle… Elle te parle beaucoup trop même parce que c’est dans ces environs que ton frère s’est planté. Tu n’avais pas réalisé ce détail quand tu avais accepté cette randonnée. Tu reconnais exactement le spot de la sortie de route de ton frère et tu t’arrêtes sur le bas côté. Tu trouves ça plutôt amer que la vue soit si belle alors que c’est le cimetière de ton frère. Tu prends une photo néanmoins. Y’a d’autres voitures qui sont arrêtées également. Il a vraiment bien choisi son spot, lui qui était toujours dans les médias. Ca lui va bien et cette pensée te fait doucement sourire.

« Mais quelle conne ! » C’est ce que tu entends alors que tu as commencé à marcher depuis une heure à peu près. Tu t’es mis à courir sur certains morceaux où c’est plutôt plat car ton cerveau partait un peu trop dans des travers que tu n’aimais pas. Tu t’es vite fatigué alors que ça grimpait de nouveau. T’as pas beaucoup couru au final. Surtout que tu n’as pas forcément les chaussures adéquats. Juste des baskets de base. Tu vois que la personne devant toi est accroupie à la recherche de quelque chose. Tu crois la reconnaitre également d’un peu plus tôt au bord de la route mais t’es pas sûr car tu ne regardes pas tant que ça les gens. « T’as perdu quelque chose ? » Que tu demandes naturellement car elle a l’air en galère ouais. Tu es affublé d’un t-shirt à l’effigie du groupe Sleep Token et un short qui a l’air plutôt pour aller balader en ville que pour faire du sport. T’es novice en randonnée et ça se voit. Tu as un petit sac à dos également avec toi et des lunettes de soleil sur le nez.

Elle ne t’avait pas entendu arriver vu son sursaut. « J'ai oublié ma gourde. » Mais elle prend quand même la peine de te répondre après t’avoir dévisager quelque peu. Tu ne te rends pas compte de la situation à ses yeux à elle. Un homme qui vient aborder une femme seule au milieu de nul part. Néanmoins, tu entends qu’elle n’a pas d’eau et que c’est un problème ouais. Maintenant que tu sais qu’elle a un problème de gourde, tu restes juste planté là Asher? Non.  « Tu t'es perdu ? » Mais c’est elle qui reprend la parole en premier. « Non. Je fais le circuit. » Et comme elle est aussi là tu es certain que tu ne t’es pas trompé de chemin. Pourquoi tu te serais perdu alors que t’es sur la partie balisée toujours ? Tu comprends pas, mais tu cherches pas plus loin non plus.

« On se connaît non ? » Tu fais non de la tête car nope. Vous vous êtes aperçu peut être, mais vous ne vous vous connaissez pas du tout, mais son visage à elle a comme une révélation. Il change de tout au tout. « Tu me suis ? » Ok tu sens qu’elle s’inquiète là, faut être un demeuré fini pour ne pas s’en rendre compte. « Je te préviens, j'ai pris des cours de self-defense. » Tu lèves tes deux mains devant toi, signe que tu es inoffensif. Tu ôtes tes lunettes de ton nez pour les mettre sur le dessus de ta tête pour qu’elle puisse voir tes yeux. « Je fais que passer, j’ai de l’eau si tu veux être dépanné. On s’est croisé peut être sur le bord de la route mais je suis pas en train de te suivre c’est juste… Une coïncidence. » Tu ne sais pas quoi dire de plus pour qu’elle te croit. « Je compte pas te faire de mal. Je fais juste… la rando. » Est-ce que c’est le moment où dire que tu es gay serait un avantage ? Est-ce que sa peur envers toi est que tu abuses d’elle sexuellement ? Tu ne sais pas.

Tu vois bien que tes mots n’ont pas l’impact voulu et c’est bien dommage. Alors tu tentes un peu plus d’explications, de justifications. Ca n’a pas tellement l’air de fonctionner. Tu gardes une distance de sécurité avec elle. Elle n’a pas à te craindre davantage si tu ne t’approches pas plus, non ?  « C'est pas une tenue pour faire une telle randonnée ça... » Tu baisses tes yeux vers ta tenue. Oh ? « C’est ma première randonnée. » Que tu avoues sans peine.

« Bois avant moi, j'veux être sûre que c'est pas empoisonné. » Ces mots là te disent qu’elle est en train de baisser ses gardes non ? Elle te craint moins ? Ou elle est juste morte de soif et dans tous les cas elle doit se dire que sa vie est en danger. « Pourquoi tu t'es arrêté sur le bord de la falaise ? » Qu’elle te demande alors que tu es en train d’ôter ton sac à dos pour y sortir ta bouteille d’eau. « Mon frère s’est suicidé sur cette route et sa voiture s’est écrasé à ce spot. C’est la première fois que je reviens dans ce coin depuis sa mort y’a deux ans. » Quand tu as finis ta confession qui est totalement too much information, mais que tu dis sans peine, car c’est la réalité, tu bois une gorgée de ta bouteille, puis deux. Tu refermes la bouteille et la lui tend sans bouger d’où tu te trouves. « Je devais faire ce circuit avec un pote de mon club de rugby mais il a eu un empêchement à la dernière minute. C’est lui l’expert en rando de nous deux. » Pour expliquer pourquoi tu n’as pas la tenue adéquat. « J’ai hésité à venir tout seul car la solitude n’est pas mon ami depuis quelques temps mais au final j’ai bien fait de venir. » Tu marques une pause. « L’impression que mon frère est avec moi depuis que je me suis rendu compte que la route pour venir ici est celle qu’il a choisi pour se tuer. » Oui bon Asher, ça suffit d’insister là dessus. On aurait dit que tu avais changé de sujet pour justement apaisé le truc mais non, tu reviens sur le sujet. « Dan Buckley, il était pilote de course. Je suis Asher Buckley. » Des informations un peu plus tangible qu’elle peut vérifier si le coeur lui en dit. Peut être même qu’elle a entendu parlé de sa mort en septembre 2021, c’était partout dans les médias vu sa notoriété.

« T’as peur de quoi exactement ? » Car tu sais aussi ce que c’est d’avoir des peurs irrationnelles. Tu les fais taire avec l’alcool depuis des années et tu sautes au cou de tous ceux qui te trigger. C’est une bonne chose qu’elle ait pris des cours de self défense. Enfin, si ça n’était pas du bluff. Quelque chose te dit que non.

Tu savais que ça allait faire son effet de parler de la mort de ton frère de la sorte, mais tu n’en as que faire. Tu ne fais qu’énoncer des faits qui sont véridiques. Elle a posé une question, tu réponds. La suite n’est pas ton problème. Au moins elle se focalise sur autre chose que ton hypothétique attaque dans un futur proche. Elle se laisse même à prendre ta bouteille sans trop de crainte à présent. Comme quoi, ça sert de parler des suicides de ses proches. Tu es hilarant Asher. « Merci » Et elle se trouve même être poli. Tu n’en demandais pas tant. Qu’elle arrête de te prendre pour un fou furieux, ça te suffit. Toi t’en rajoutes une couche en utilisant de nouveau des mots qui ne sont pas top à entendre, mais ce n’est pas ton soucis non plus. Elle a voulu des explications, tu les lui donnes.

« Marley Lynch. » Et vous voilà à être plus cordial tous les deux. C’est joli à voir. Son attitude a changé du tout au tout. Toi qui était presque sur le point de mettre ton orientation sexuel sur le tapis pour la rassurer, tu es ravi de voir que ça ne fut pas nécessaire. Qu’il y a des choses bien plus importante que ce détail à ton avis. Ce détail qui t’a pourri toute ta vie quand même, ça n’est pas qu’une poussière au milieu d’un tableau nope. Tu le sais et ça t’emmerde d’ailleurs que tu mettes autant d’importance là dessus depuis toujours.

« Qu'un sale type m'agresse une fois de plus. » Ok. Tu comprends bien. Elle a des antécédents qui n’aident en rien à être tranquille dans ce genre de situation. Elle est montée sur ses gardes en un temps record par ce fait là. Tu ne sais pas quoi dire à ce propos. Peut être que c’est là que l’info sur ton attirance physique aurait un poids supplémentaire pour pencher en ta faveur. Est-ce que tu le dis ? Tu lui as donné bien trop d’information sur toi et ta famille au préalable et de ce fait, tu ne te sens pas assez à l’aise pour donner plus de détails sur ta personne. C’est les affaires de personne d’autre que toi. Ca ne devrait pas être important et pourtant… « Tu veux qu'on marche ensemble ? » Tu remets ta bouteille d’eau dans ton sac. Tu es plutôt impressionné par ce retournement de situation. Comme quoi parler du suicide de ton frère est une solution miracle. Ca sert à des choses des fois visiblement ? Tu n’aurais jamais cru penser ça un jour. « On peut ouais. » Surtout que vous allez au même endroit du coup.

« Désolé pour l'accusation à tort, et promis, pas de technique de self-defense contre toi. » Un léger sourire se forme sur ton visage alors que vous reprenez la marche, tranquillement. Tu aimes te faire frapper mais c’est bien trop d’information et bien trop tôt alors qu’elle vient tout juste de baisser sa garde. Tu ne veux pas lui faire peur pour rien. Sa frayeur n’était pas une blague du tout. Tu l’as vu dans ses yeux. « J’apprécie. » Que tu réponds avec un petit sourire amusé. « Tu connaissais mon frère ou tu as décidé de me croire ? » Tu réalises que ça peut être pourri comme idée à lui mettre en tête ça. Tu lèves aussitôt tes mains devant toi. « Je compte pas t’agresser. C’est bien la vérité. Je suis habituellement pas un grand parleur mais apparemment pas aujourd’hui. T’as gagné le gros lot. Ou pas. » Entre tes justifications et ces mots ci en plus là. « C’est souvent plus simple de parler à des inconnus même si j’ai totalement décliner mon identité. » Et tu n’es donc plus du tout un étranger à ses yeux.

Tu fais attention à ce que tu dis, tu n’as pas envie qu’elle te prenne pour un psychopathe qui essaie de la faire tourner en bourrique. Ca te fait bizarre de penser à tes mots avant de les dire. Déjà qu’habituellement tu parles pas beaucoup, tu laisses généralement sortir ce qui sort, même si c’est limite. Tu vas éviter les blagues qui sous entendent que t’es peut être un gros dérangé malgré tout. Une crise de panique ne serait pas la bienvenue sur ce sentier loin de tout, mais voilà qu’elle éclate de rire à tes mots. Tu n’aurais pas cru une réaction pareille. Tu vas de surprise en surprise. Tu aimes. « Promis, si on me demande avec qui j'ai marché, je donnerai un autre nom. » Une promesse qui sonne comme une boutade mais tu as envie de la croire. Tu aimes entendre ce genre de chose vu comme tu es parano sur certaines choses. Faut que tu te calmes Asher, tu n’as rien dit qui vaille que tu cogites à ce point. Tout va bien. C’est vrai. « Je te crois. Faudrait vraiment être tordu pour inventer une telle histoire comme celle de ton frère... » Tu es bien d’accord avec elle. C’est bizarre mais ça te fait du bien de parler de lui, même si c’est pour parler de sa mort. « Je sais ce que ça fait de sentir la présence d'un proche à ses côtés. » Tu tournes la tête vers elle alors que vous marchez ensemble. Tu ne sais pas qui elle a perdu, mais vous êtes dans le même bateau visiblement. Ca apaise vraiment tout d’avoir mis en avant ce côté là de ta vie. Ca a ouvert le dialogue et la suite de la journée ensemble.

« Dis-moi que tu sais lire une carte... » Tu étais en train de chercher la balise car à ton avis elle doit être dans le coin, c’est pas normal sinon. « Hmmmmm… » Ca veut dire non ça. Tu t’approches quand même d’elle qui a une carte, c’est utile visiblement ces choses là. Tu n’avais pas prévu jusque là. « J'pourrais même pas dire où on se trouve actuellement. » Tu essaies aussi de mettre le doigt sur la destination, le départ et tout ça mais… C’est du charabia pour toi là. Elle se met à rire tu penses qu’elle a peut être trouvé ? « La fille part seule en randonnée, sans bouteille d'eau, et en plus elle ne sait pas lire une carte... » Mais non et ça te fait sourire aussi. « Je pensais qu’il y aurait qu’un seul chemin à suivre tout le long. Ou au moins qu’il y ait les balises parce que là… » Tu fais non de la tête, t’as aucune idée du chemin à prendre. « On part au pif ou on fait demi tour ? » Comme quoi mourir tout seul t’as pas de problème mais avec Marley tu trouves ça bien moins attirant. « On retourne au bord de mer et on profite de la vue. » Tu fais référence au spot où vous vous êtes croisé pour la première fois. « On a pas assez d’eau pour se perdre dans quelques kilomètres. » Tu ajoutes. « Maintenant que je l’ai dit j’ai bien envie de m’assoir à regarder l’océan. » T’as fait assez d’effort pour aujourd’hui.

« Un petit plaisantin a sans doute planqué les balises... » C’est pas top comme situation quand on est des newbies comme vous. Tu aurais très certainement pu être ce petit plaisantin il y a des années de ça. Mais dans cette dynamique là ce n’est pas aussi drôle que tu pourrais le penser. Tu n’as plus envie de mourir depuis tous ces drames, tu t’es fait une nouvelle raison à la vie et c’est pourquoi tu annonces quelques options pour la suite de votre randonnée…« T'as raison oui. » Randonnée qui s’arrête prématurément pour le coup. Elle a l’air déçu. Tu comprends. Ce n’était pas le plan initial, mais une partie de toi est bien content d’avoir une excuse pour partir plus tôt. Tu as déjà fait une belle performance à venir jusque là tout seul. La compagnie de Marley a aidé pour que tu ailles un peu plus loin. « J'avoue que c'est plutôt tentant. » Au fur et à mesure que tu as donné les options, tu sais que quoi qu’elle décide toi tu vas rentrer sur le bord de mer. Tu es en train de boire quelques gorgée de ton eau alors qu’elle a remis son sac sur son dos, et vous êtes reparti, dans le sens inverse.

« Si on me pose la question, je donnerais un autre nom. Si on te pose la question : On a fait la randonnée en entier et on est des vraies machines de guerre. » Ca, ça te fait beaucoup sourire. « On a absolument fait la randonnée entière. » Tu affirmes si confiant alors que c’est un très gros mensonge. Mentir c’est ton créneau et c’est pas aujourd’hui que ça va changer même si tu es bien plus vulnérable et ouvert qu’avant. Ca te plait, surtout que tu vois un petit moment de complicité avec Marley. Assez fou comme la situation a changé, tu te sens plutôt fier.

« T'es sûr que tu veux qu'on s'installe là-bas ? » Tu fais oui de la tête. « Sûr. » Tu laisses un silence avant de reprendre la parole. « J’ai pas assez souvent le sentiment qu’il est proche de moi. » Tu marques une nouvelle pause. « Peut être que c’est juste parce que j’ai parlé de lui et rien à voir avec l’endroit en lui même. » Tu penses à voix haute ouais. « C’est pas le genre de chose que tu ferais? » Car tu as bien compris qu’elle a perdu quelqu’un elle aussi. C’est un peu ta façon d’aller vers le sujet de manière subtile si jamais elle a envie d’en parler aussi.

« D'ailleurs, ils auraient pu la corser, ça ne casse pas trois pattes à un canard. » Un sourire plus grand se forme sur ton visage. Elle en rajoute des tonnes et t’as du mal à croire que vous êtes en train de plaisanter comme des vieux potes à présent alors que le début de votre rencontre a été plutôt catastrophique. Comme quoi, la vie est véritablement pleine de surprises. Des bonnes parfois. Comme maintenant.

Et toi tu te laisses aller à parler de ton frère et de tes ressentis par dessus le marché. C’est beau à voir quand on sait que ce n’est pas ce que tu fais habituellement. Parler avec des inconnus, ou presque, c’est très libérateur. Tu espères juste que ça ne va pas te retomber sur le coin de la figure car tu ne sais pas quels motivations elle peut avoir par la suite. Oui tu penses trop loin. Oui tu vis dans le futur trop souvent, mais tu cherches juste la paix de ton esprit en réalité. Tu ne l’as toujours pas trouvé. « Oui peut-être... Mais maintenant qu'il est avec nous, autant aller s'installer là-bas. » Ca fait autant étrange que du bien de parler de lui comme ça. Faudrait vraiment que tu le fasses plus souvent.

Tu poses des questions par contre, ça aussi c’est nouveau. « Non, moi mon truc c'est la fuite. » Ah tu connais ça toi aussi. Tu as peut être changé ta façon de faire vu que tu es toujours à Brisbane. « J'suis même pas allée à son enterrement... » Tes sourcils se froncent sans que tu t’en rendes compte. « Celui de mon père. On n'était pas en bons termes quand il est mort. » Ton visage se détend sous le coup de la surprise. De cette information autant que des détails qu’elle se laisse à te donner. Vous êtes à vos voitures et tu es bien dans tes pensées à ses révélations. « TADAM ! J'étais sûre que j'en avais pris une ! » Elle te sort de ton absence avec ces mots. Tes yeux se reposent sur elle. « Bon je l'avais préparée, peut-être pas prise... ». Mais tu ne penses pas à cette gourde, tu penses à ses mots.

« On prend chacun notre voiture et on se suit ? Ou on prend la même ? » Tu n’avais pas pensé à ce détail mais oui. Il est important. « On se suit. » Tu veux avoir la liberté de partir à n’importe quel moment sans être à l’attache d’une tierce personne.

Une fois sur le spot, elle aurait pu croire que tu n’avais rien à ajouter sur ce qu’elle t’a avoué juste avant mais tu reviens dessus. Tu n’as pensé qu’à ça pendant le trajet. Tes yeux sur l'horizon. L'avoir à côté de toi plutôt qu'en face aide encore plus à délier ta langue. « Je n’irai certainement pas à l’enterrement de mon père non plus. » Que tu dis comme introduction. « J’ai hâte qu’il crève même. » Ouch. Les mots sont forts Asher, c’est pas joli joli ce que tu dis là. Mais tu les penses tous autant qu’ils sont. « Je sais pas ton histoire mais… Je comprends que rien n’est jamais simple. » Sauf se jeter d’une falaise en voiture. En vrai c’est tentant des fois. T’y penses brièvement ici et là. T’as toujours eu ce genre de pensée au fil de ta vie mais apparemment t’as toujours trouvé une raison de rester avec de l’air dans les poumons pour faire battre ton coeur et huiler toute la machine de ton corps.