Asher ♣ Walks alone to find peace

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Tu sens le regard de Marley sur toi alors que tu craches ton venin qui ne demandait qu’à sortir de ta tête. Tu devrais le dire plus souvent Asher, ça fait du bien de laisser sortir les choses de son esprit et s’alléger l’âme. Tu regrettes peut être un poil ensuite. Tu t’es laissé aller car c’est plutôt confortable de discuter avec elle. Mais si elle est de ceux qui vont tout rapporter à la presse une fois qu’elle verra qu’il y a une opportunité de se faire de l’argent, ça risque d’être un gros problème. Tu n’as pas envie de devoir confronter tes parents pour quoi que ce soit. La haie dans les yeux de ton père et la tristesse dans ceux de ta mère, tu ne supportes plus du tout. Tu ne penses pas être capable de les revoir face à face un jour. C’est trop pour toi maintenant. Tu as changé depuis la mort de ton frère.

« Faut croire qu'avoir une strip-teaseuse dans la famille c'est pas le rêve de tout parent. » Et voilà qu’elle se confie un peu plus. « Ancienne strip-teaseuse » Tu peux pas t’empêcher de faire le parallèle avec toi qui est évident à tes yeux. « On t'a retiré ton frère. Moi j'ai perdu trois frères et une sœur. C'est comme s'ils m'avaient poussée hors de la falaise. » Tu clignes plusieurs fois des yeux pour tenter de traiter l’information qu’elle vient de donner. « En tout cas, c'est joyeux comme randonnée ! ». « Tes frères et soeurs pensent comme ton père ? » Tu fronces les sourcils car tu essaies de comprendre. Tu veux pas t’imaginer qu’ils sont tous morts. Tu espères pas. « Je suis sûr que mon père aurait préféré que je sois strip teaser plutôt que gay. » Tu marques une pause. « Peut être pas en fait. » Car un Buckley Strip teaser ça serait aussi la fin du monde tout compte fait. Là tu sais que si elle compte répéter tout ça à la presse tu es foutu. Mais à ce moment précis, tu en as rien à faire. Ca fait toujours aussi bizarre de le dire à voix haute en tout cas. C’est rare. Tu fais des petits pas en dehors du placard depuis deux ans, mais ça reste une route tellement compliqué pour toi. Merci Papa. Tu penses. Tout est de sa faute oui. Tu prends une grande inspiration car ça n’est pas rien ce moment. C’est éprouvant de se confier, mais au moins, elle va comprendre. Elle vit quelque chose de similaire.

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Elle ne savait pas si c'était le lieu, l'ambiance, la tranquillité du moment ou la présence d'Asher à ses côtés mais Marley se sentait libre de parler et de se confier. Sans doute était-ce le fait qu'elle se trouve avec un inconnu qu'elle ne reverrait probablement jamais qui l'aidait à s'ouvrir et à se livrer. C'était si simple de parler au garçon, si simple de mettre des mots sur ce qui lui faisait si mal. Elle avait pris l'habitude de tout garder pour elle, de faire comme si cela ne la touchait pas, comme si elle était passée au-dessus de toute cette histoire. La vérité était néanmoins tout autre. Cela la rongeait, bien plus qu'elle ne l'aurait souhaité, bien plus qu'elle ne le dirait jamais. Il ne releva pas son ancien job, ne fit aucune remarque même si elle sentit qu'il l'observait attentivement. Etrangement Marley savait qu'il n'était pas en train de la reluquer ou de l'imaginer nue, quelque chose au fond de son estomac lui disait qu'il ne faisait pas partie de ces types-là qui fantasmaient dès qu'ils apprenaient qu'elle s'était un jour mise nue pour gagner sa vie. Ce n'était d'ailleurs pas son passé de strip-teaseuse qui attira l'attention du jeune homme mais plutôt l'histoire familiale qui en découlait et les conséquences désastreuses que cela avait eu sur sa vie personnelle. « Tes frères et soeurs pensent comme ton père ? » Elle haussa les épaules. Elle l'ignorait. Elle n'était plus sûre de savoir qui pensait quoi. Elle n'était même pas certaine que son père lui en ait voulu au point de la renier. Etait-ce vraiment ce qu'il ressentait lui ou était-ce l'idée que lui avait insufflé Milton l'aîné de ses frères ? Elle n'avait jamais eu la réponse à sa question et ne l'aurait désormais jamais. Elle soupira : « Disons que mon grand frère sait se montrer très persuasif. Quand il ordonne, on exécute. » Cela avait longtemps été vrai pour elle Lorsqu'elle était plus jeune, elle avait souvent obéit aux ordres dictés par l'aîné mais rapidement Marley avait pris son envol. « Il leur a interdit de me parler tant que je ne changeais pas de métier. Ils l'ont fait sans broncher. » La colère pointait quelque peu dans ses mots. Personne ne s'était battu pour elle, personne n'était allé au front pour s'opposer à Milton. Ils avaient tous suivi.

« Je suis sûr que mon père aurait préféré que je sois strip teaser plutôt que gay. » Au tour de Marley de tourner son visage en direction d'Asher. Elle sourit presque tristement lorsqu'il rectifia et qu'il avança qu'il n'était pas sûr de lui finalement. Les secondes s'écoulèrent alors que la maquilleuse analysait les propos de son voisin. C'était d'une tristesse absolue. Toujours devoir répondre aux attentes, se plier aux exigences des autres, entrer dans un moule. Elle finit par soupirer et ronchonna : « Je crois que quoi qu'on fasse, on peut jamais être parfait aux yeux de nos parents. » Elle finit par s'allonger sur le sol, fixant le ciel et les nuages qui défilaient lentement. Elle se sentait si apaisée qu'elle n'avait plus peur de ce qu'elle pourrait dire ou faire. « Il faut qu'on fasse ce qui est bon pour nous, et ce qui nous rend heureux... » Sa voix flotta dans les airs quelques instants et puis elle acheva : « Si moi c'est de me déshabiller sur scène et toi d'aimer les hommes, et bien c'est comme ça. » C'était facile à dire et elle ne se voilait pas la face, elle aurait simplement aimé que cela soit plus simple de pouvoir accepter et assumer qui l'on était. Elle se redressa quelque peu, s'appuya sur son coude et demanda à Asher : « T'es heureux Asher ? ». La question était posée de but en blanc, et peut-être qu'elle passerait pour quelqu'un d'impoli mais il ne s'agissait pas de curiosité malsaine, la métisse s'interrogeait. Elle-même ne savait pas, ne savait plus. Avait-elle réellement été heureuse un jour ?

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Asher ♣ Walks alone to find peace - Page 2 4WB732a

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« Disons que mon grand frère sait se montrer très persuasif. Quand il ordonne, on exécute. Il leur a interdit de me parler tant que je ne changeais pas de métier. Ils l'ont fait sans broncher. » Y’a une sorte de loyauté malsaine dans sa famille. Bien évidemment que tu mets ça sur le côté de la balance où c’est pas correct car tu te places du même côté que Marley. Tu es sur le cul de ce que tu entends. Tu ne pensais pas que ça puisse se tirer dans les pattes comme ça dans une fratrie, mais encore une fois, tu ne connais pas l’histoire de sa famille. Tu te serais tué le premier si tes frères et soeurs t’avais fait des crasses de la sorte. Ils sont ceux qui te maintenaient dans la famille.

Et puis vient le moment où tu dis les mots que tu as toujours du mal à accepter. Un silence s’installe mais il ne te dérange pas. « Je crois que quoi qu'on fasse, on peut jamais être parfait aux yeux de nos parents. » Vous avez tous les deux les yeux sur le paysage sous vos nez. La vue est magnifique. Ce qui contraste totalement avec vos récits familiaux qui sont d’une tristesse incroyable. « Il faut qu'on fasse ce qui est bon pour nous, et ce qui nous rend heureux... » Tu hoches la tête pour confirmer ses mots, sans lâcher ton regard de ta ligne de mir.

« Si moi c'est de me déshabiller sur scène et toi d'aimer les hommes, et bien c'est comme ça. » Tu n’hoches pas la tête cette fois ci mais tu l’entends toujours oui. Ca te fait juste étrange d’entendre dire comme ça que tu aimes les hommes. « T'es heureux Asher ? » Elle va te faire pleurer si tu réfléchis trop à tout ça Asher. Cette question est si simple pourtant. La réponse est également si évidente que ça en est triste à crever. « Quand je suis sur scène et que j’échange avec le public ouais… » Et on peut pas dire que c’est ce que tu fais tous les jours malheureusement. « Je suis dans un groupe… » Tu ajoutes, pas sûr qu’elle soit au courant de ce détail malgré que vous ayez pas mal parlé. « A part ça… C’est pas évident… » De vivre. Et elle ne sait pas toute ton histoire. C’est si compliqué et tu n’as absolument pas le coeur à tout raconter là. Tu tournes les yeux vers elle. « Et toi ? »

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Asher n'avait rien dit lorsqu'elle avait parlé de sa famille dysfonctionnelle au possible ou encore lorsqu'elle avait parlé de leur bien-être et de leur bonheur qui auraient dû être leur priorité. Elle l'avait vu hocher la tête à plusieurs reprises, confirmant ses propos, acquiesçant dans un silence presque religieux les faits qu'elle annonçait avec simplicité. L'un comme l'autre savait pertinemment qu'ils auraient beau se répéter tout cela en boucle, cela ne changerait rien à leurs sentiments profonds. Durant de nombreuses années Marley s'était bercée d'illusions, se confortant dans l'idée qu'elle n'avait pas besoin de sa famille pour avancer et être heureuse. Longtemps elle s'était dit vivre en paix avec le fait de ne pas être allée à l'enterrement de son père. Tout avait basculé lorsque Jackson l'avait obligée à se rendre sur la tombe de son paternel. En voyant la stèle elle s'était effondrée, les rancoeurs qui dégoulinaient à travers ses larmes, les regrets qui jaillissaient de ses lèvres. C'était trop tard pour revenir sur ce qui avait été fait, elle en avait bien conscience. Désormais la brune s'interrogeait : Devait-elle ranger son ego et retourner auprès des siens ou devait-elle garder le cap et vivre sans eux ?

Lorsqu'elle demanda à Asher s'il était heureux, elle observa avec attention son visage, guettant la moindre de ses réactions, cherchant à détecter le vrai du faux, à savoir s'il était réellement possible d'être heureux même en ayant une famille plus que bancale et des doutes incrustés au plus profond de notre âme. Elle le vit cogiter, réfléchir à ce qu'il allait lui dire. Elle sentait que l'introspection était profonde, qu'il s'interrogeait véritablement. « Quand je suis sur scène et que j’échange avec le public ouais… ». Elle fronça les sourcils, surprise par cette révélation à laquelle elle ne s'attendait pas. Que faisait-il sur scène ? Etait-il comédien ? Humoriste ? « Je suis dans un groupe… » Chanteur ou musicien apparemment. Un sourire éclaire le visage de la maquilleuse. Ce jeune homme était décidément plein de surprises. Elle avait toujours été attirée par la musique, par les paroles, par les instruments, par les rythmes, par les émotions qui se dégageaient... Malheureusement pour elle, elle ne possédait aucun talent dans le domaine musical. Elle avait envie d'en savoir plus sur ce qu'il faisait dans le groupe mais le laissa terminer, craintive à l'idée qu'elle le coupe dans son élan. « A part ça… C’est pas évident… » Les lèvres de la brune se pincèrent alors qu'elle ne pouvait qu'à regrets constater qu'il avait raison. Lorsqu'il lui retourna la question elle haussa les épaules. Son regard plongé dans le sien elle lui dit : « Des fois j'arrive à me convaincre que c'est le cas... Parfois... C'est trop dur. » Et à nouveau elle laissa retomber sa tête sur l'herbe, préférant observer les nuages plutôt que le regard perçant d'Asher. Sa respiration s'accéléra alors qu'elle sentait parfaitement qu'elle allait parler plus qu'elle ne l'aurait dû. Les mots lui brûlèrent les lèvres, sans pouvoir se contenir davantage elle murmura : « Je me suis faite agresser. D'où ma réaction excessive de tout à l'heure... » Un poids sembla s'envoler du creux de son ventre dès lors qu'elle avait dit à voix haute ce qui la bouffait de l'intérieur. Personne ne savait. Personne si ce n'était Jackson qu'elle avait appelé à son secours. Soucieuse de détourner la conversation elle demanda : « Tu joues d'un instrument ou tu chantes ? ». La musique adoucissait les mœurs non ?

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Tu ne vois pas l’expression de Marley changer au fur et à mesure que tu te dévoiles. Il est bien plus simple de parler de soit et de ce genre de questions très sensible sans regarder son interlocuteur. La vue qui s’offre à vous est parfaite. Ca aide à relativiser en quelque sorte. Le monde est bien plus grand que vous. Ca devrait minimiser ce brouhaha dans ta tête qui cogite bien trop souvent. « Des fois j'arrive à me convaincre que c'est le cas... Parfois... C'est trop dur. » Elle a l’air d’être dans le même bateau que toi. Sur scène t’as pas de doutes. Le reste du temps, c’est une autre histoire. Tu laisses le silence vous envelopper. Il n’est pas gênant.

« Je me suis faite agresser. D'où ma réaction excessive de tout à l'heure... » C’est comme ça qu’elle interrompt la quiétude et tu vas de surprise en surprise à son propos. Elle s’ouvre de plus en plus. « Je comprends mieux… » Elle a été trigger par son trauma. Tu connais bien ça aussi, malheureusement. « Je suis désolé que ça te soit arrivé. » Tu dis sincèrement. Elle a l’air d’être quelqu’un qui cherche juste à vivre sa vie en paix avec ses démons, sa famille. Elle doit certainement pas avoir besoin d’un obstacle supplémentaire de la sorte. « Tu joues d'un instrument ou tu chantes ? » Elle change le sujet et tu la suis par là, il doit être bien compliqué de parler de son agression. Tu n’as pas besoin de détails de toute façon. Tu as bien compris le principe. « Je chante surtout mais j’ai commencé à apprendre à jouer de la guitare depuis un an à peu près. Je suis doué, c’est pas mal. » Tu laisses passer un temps. « Ca occupe le temps. Ca empêche de penser. » Voilà pourquoi ta guitare est devenue l’amour de ta vie. C’est le parfait passe temps qui rend tout plus simple et qui te fait aller un peu plus loin du bon côté des choses niveau carrière musicale. C’est bien ça qui est la chose que tu contrôles le mieux dans ta vie. La musique. Car celle ci, elle ne partira jamais. Elle ne te jugera jamais. « C’est quoi les moments où tu te sens heureuse ? » Eh ben dis donc Asher t’as pas peur d’en poser des questions, c’est beau à voir. Faut dire que la conversation t’aide à cogiter un peu plus sur ta personne et tu veux retourner sur le positif de son côté. Tu veux aussi éventuellement voir si ça peut t’inspirer d’une façon ou d’une autre.

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Après sa confession, Marley sentit ses muscles se tendre. Si elle n'en avait parlé à personne c'était parce qu'elle craignait qu'on la regarde différemment. Elle n'avait pas envie de lire de la pitié dans le regard des autres. Elle s'était faite agresser, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même et à son agresseur. Elle n'avait pas besoin que son entourage soit gêné, inquiet ou ne sache plus comment agir avec elle. Avec Asher, c'était différent. Ils ne se connaissaient pas. C'était la première fois qu'ils se voyaient et peut-être même la dernière, ce que le garçon pouvait penser d'elle ne jouerait pas sur sa vie personnelle. Contre toute attente il lui dit qu'il comprenait. Cela la rassura quelque peu. Au moins il savait pourquoi elle lui avait presque sauté à la gorge. Elle n'était pas juste une folle hystérique. Elle était une folle hystérique qui avait vécu l'enfer et qui vivait avec le peur au bord des lèvres. Lorsqu'il ajouta qu'il était désolé pour elle, elle garda le silence. Elle le savait sincère mais il n'y avait plus rien à ajouter. Personne ne pourrait revenir en arrière afin d'empêcher ce drame, désormais elle se devait d'avancer tout en essayant de reprendre le cours de sa vie. Changer de sujet semble être la meilleure décision à prendre. C'est pourquoi la métisse choisit de l'interroger sur la musique. « Je chante surtout mais j’ai commencé à apprendre à jouer de la guitare depuis un an à peu près. Je suis doué, c’est pas mal. » Un doux sourire glissa sur son visage. Certains étaient plus doués que d'autres. Un an et il savait déjà joué de la guitare ? Elle demanda en riant légèrement : « Mais c'est quoi ton secret ? » Elle avait déjà essayé de jouer du piano, avait laissé ses doigts glisser sur les cordes d'une guitare, à chaque fois cela avait été un échec ! « Ca occupe le temps. Ca empêche de penser. » Par pur réflexe la main de Marley glissa dans l'herbe et attrapa celle du garçon. La pression était légère, douce, une façon de lui montrer qu'elle comprenait, qu'elle aussi cherchait souvent à faire taire le bruit et les voix dans sa tête. Avant il lui suffisait de faire la fête, de boire plus que de raison pour oublier et ne penser à rien mais désormais il n'était plus question d'agir avec autant de désinvolture et d'inconscience. « C’est quoi les moments où tu te sens heureuse ? » Les doigts de la brune se crispèrent quelque peu autour de la main du jeune homme, ses sourcils se froncèrent. La question la perturbait parce qu'elle ne savait pas. Elle n'avait rien à dire. Avant elle aurait dit que c'était lorsqu'elle était avec Jackson mais leur histoire semblait désormais terminée. Alors quoi ? Etait-elle si malheureuse, si misérable que rien ne pouvait lui donner le sourire et l'emplir de bonheur ? Sa main lâcha sa prise et retomba dans l'herbe alors que son regard observait toujours les nuages qui défilaient. Dans un souffle elle répondit : « Je sais pas. Avant je me sentais libre lorsque je me mettais nue sur scène... » elle marqua une courte pause et puis poursuivit : « Je crois que je suis heureuse quand je maquille les autres et que je vois leur regard s'illuminer une fois mon travail achevé. ». Elle mentait sans doute un peu. Elle adorait son métier et il était vrai qu'elle adorait voir les réactions des autres une fois qu'elle avait terminé mais cela la rendait-il heureuse ? « J'suis pas sûre d'être véritablement heureuse. » La révélation lui fit mal. Elle ne s'était jamais véritablement interrogée sur sa vie, sur ce qu'elle ressentait et voilà que désormais elle prenait conscience qu'elle n'était pas heureuse. « Mais ça va, hein. » se sentit-elle obligée d'ajouter. Cela faisait des années qu'elle vivait ainsi, pourquoi devrait-elle désormais s'en formaliser ?

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« Mais c'est quoi ton secret ? » Mon secret ? Tu ne sais pas de quoi elle parle. Tu ne comprends pas et t’es absolument adorable à être dans la confusion là. Tu expliques ensuite que ça t’aide à occuper ton esprit et tu ne t’attendais absolument pas à sentir sa main dans la tienne. Ton coeur bat plus vite à ce contact. Elle sait que tu es gay, tu te demandes si c’est pour ça qu’elle fait ce geste aussi aisément. Tu sais pas, mais ce que tu sais et elle aussi, c’est que c’est totalement platonique. Ca t’en file une sacré vague d’émotion quand même. Juste ce petit geste. Car tu comprends bien que c’est pour te soutenir qu’elle fait ça.

Tu n’oses pas bouger ta main alors que tu sens la sienne réagir à tes mots. Elle finit par lâcher ta main avant de répondre. Elle a pris un long moment avant, ce n’était pas une question facile. Tu le sais. « Je sais pas. Avant je me sentais libre lorsque je me mettais nue sur scène... » Tu veux bien la croire, ça doit être sacrément libérateur. Ca doit faire se sentir puissant. « Je crois que je suis heureuse quand je maquille les autres et que je vois leur regard s'illuminer une fois mon travail achevé. ». Tu hoches la tête, comprenant bien ça oui. « J'suis pas sûre d'être véritablement heureuse. » Ton tour d’aller poser ta main sur la sienne. Juste comme ça. Pas en la prenant, juste en la recouvrant. « Mais ça va, hein. » « Ouais… Ca va. » Tu répliques comme si elle venait de te poser la question alors que pas du tout. C’est juste que tu es dans le même panier qu’elle. Vous allez bien, ou en tout cas c’est ce que vous dites pour que les choses soient plus simple. Tu regardes l’horizon, dans tes pensées toi aussi. Vous avez parlé beaucoup et tu as pas mal à cogiter avec tout ça. Cette rencontre t’aura fait du bien. Elle aura été totalement imprévisible. Tu lui demanderas son numéro avant que vous chemin se séparent. Tu aurais bien envie de la revoir à l’avenir. Tu lui feras même une étreinte si elle te laisse faire, car vraiment, elle t’a fait du bien cette rencontre.

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La discussion continua avec un naturel déconcertant. C'était si simple de se confier à Asher que Marley regrettait presque de ne pas avoir croisé sa route plus tôt, à moins que cela soit le destin qui l'ait placé maintenant sur son chemin. Les gestes étaient tendres, sans arrière pensée aucune, les sourires entendus, les murmures réconfortants et compatissants. Il n'y avait aucun jugement de la part de ce jeune homme, aucune remise en question, juste une oreille qui prêtait attention à ce qu'elle entendait. Allongée sur l'herbe, Lynch savourait l'instant. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas parlé ainsi à cœur ouvert qu'elle avait pensé à un moment ne plus savoir comment faire.

Le temps défila à une vitesse folle, et puis vint le moment où ils décidèrent qu'il était temps de rentrer. La brune était épuisée mais au fond d'elle elle savait que la fatigue n'était pas physique, elle était psychologique. Toute cette conversation l'avait fait réfléchir bien plus qu'elle ne le faisait habituellement. Face à sa vie, à ses choix, à ses sentiments, la maquilleuse semblait perdue mais heureuse d'avoir pu poser quelques mots dessus. Elle donna son numéro à Asher sans la moindre hésitation, nota le sien dans son téléphone. Elle se jura que cette fois-ci elle s'en servirait, qu'elle ne ferait pas comme les autres fois où elle ne donnait aucun signe de vie. L'instant avait été fugace, suspendu dans le temps mais elle espérait qu'il y en aurait d'autres.

Au moment de le quitter, il suffit à la jeune femme de croiser son regard pour savoir qu'il avait besoin de la même chose qu'elle. Elle s'approcha doucement, passa ses bras autour de son corps et tendrement le serra tout contre elle. Elle ferma les yeux quelques instants et après un dernier sourire remonta dans sa voiture. Sur la route, la métisse ne pouvait s'empêcher de sourire. Ce sourire, c'était à Asher qu'elle le devait, à personne d'autre.

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