Viva la vida
 

« On se fait des shoots de tequila les filles ? » Demandait Dani en débarquant dans le coin cuisine. Ah, voilà enfin une proposition interessante et sensée ! « Des shots de tequila pour te remettre les idées en place ! Et lui au moins il peut se marier avec moi » Le regarde Jiyeon s’illuminait déjà. C’était sérieux ? Elle allait pouvoir boire ? Rien qu’un peu ? Un petit shot n’allait pas lui faire de mal non ? Elle serait raisonnable ! « Hmmmm, pas de tequila pour Ji, remember? » Jiyeon fusillait du regard Hugo. Bichette, il pensait bien faire pourtant elle avait envie de l’égorger en cet instant. « T’façon c’est Kai le plus mignon! » « Faut bien que je justifie la proposition de Jiji de me prendre pour mannequin pour exhiber ses futures pièces, hein, » Jiyeon reportait son attention sur Kai, esquissant un léger sourire. C’était gentil. Même si elle ne se souvenait pas avoir proposé ça. Bref, en tout cas : pas de quoi lui remonter le morale face à la fausse joie qu’elle venait de se faire. « C'est vrai qu'elle était toute malade à cause de l'alcool, Jiji... Vous croyez que ça peut nous arriver aussi ? » « ‘était’, au passé, je vais bien, je peux boire un shot ou deux. » assurait-elle déjà, ne répondant clairement pas à la question de Noor, parce que : oui, ça pouvait leur arriver à tous, vu leur consommation, même s’ils n’étaient pas encore dans l’excès dans lequel Jiyeon était tombée en début d’année. « Et si on se faisait des shooters corsés sans alcool ? T'as pas ça dans tes recettes, bro' ? Genre avec de la cannelle et tout ? » Oh bordel, v’la la proposition de merde. Jiyeon échappait presque malgré elle un soupire, récupérant sa bouteille d’aloe pour en prendre une gorgée, résignée, mâchouillant la gelée pour passer sa colère. « C'est triste si y a que de la cannelle... C'est même pas la meilleure épice » C’était surtout triste qu’il n’y ai pas d’alcool. Mais ça tout le monde s’en foutait, ils étaient déjà tous bien éméchés donc évidemment ça ne les embêtaient pas de boire un shot de soft par solidarité, pour le geste. Seulement pour Jiyeon c’était pas pour 'le geste', c’était l’enfers qu’était sa soirée. « Vas-y, Hugo, utilise tes dons et fais-nous rêver ! » Jiyeon reposait sa bouteille d’aloe, avant de croiser les bras sur sa poitrine et de s’adosser contre l’un des meubles de la cuisine, observant sa bande d’amie, un air blasé sur le visage.

D'abord installé au canapé, je me laissais lentement glisser sur le sol de manière à avoir la table basse à ma hauteur. Hugo se creusait la tête pour concocter des shooters sans alcool et même si la bonne volonté était présente, je n'étais pas persuadé que cela serait suffisant, finalement. Selon moi, il aurait presque fallu faire croire aux autres qu'ils étaient alcoolisés ; après tout, il y avait bien des cocktails si sucrés qu'on en sentait péniblement le goût d'alcool.

Noor se risqua à avaler cul sec le shooter de sucre et je ris doucement devant sa réaction, après l'avoir imité. « Mieux que le rebdull, » je commentais en lorgnant vers Jiyeon qui jureait beaucoup par ce rafraîchissement. Puis, je rejetais ma tête en arrière, sur le coussin du canapé. Plus le temps passait, plus je songeais à ces petites pilules qui reposaient sagement dans la poche de mon pantalon, et comment j'aimerais squatter ce canapé plus tard et certainement pas sortir en pleine nuit, même si Dani était présente et que nous rentrions normalement ensemble - à moins qu'elle opte pour squatter le lit du français. Parlant d'amourette, j'entendais la fêtée du soir évoquer Monsieur Chat. « Tu veux qu'on aille le voir ? » Je proposais avec malice avant qu'un bruit dans le couloir me fasse légèrement sursauter. Noor se pressa, en titubant quelque peu, vers la porte. Pour ma part, je me relevais péniblement. La voisine âgée du dessus grommelait dans le couloir. « C'est son anniversaire, c'est pas tous les jours. Chillez un peu. » Je m'entendais solliciter, un peu blasé par cette aigrie. Un peu plus et je lui proposais de quoi se calmer. « Dani t'as pas une autre bouteille ? » Je ricanais quelque peu, l'alcool aidant, à l'attention de ma colocataire. La doyenne de l'immeuble ne se prêtait néanmoins pas à la rigolade et elle grognait de plus en plus fort, argumentant sur la fréquence des fêtes de cet appartement. Rapidement, j'avais l'image d'un personnage de dessiné animé qui se frustre tout seul, rougit et dont de la fumée sort par les oreilles. « On va baisser le ton. On comprend que vous avez besoin de dormir, » je promettais avant de lui fermer la porte au nez. « Relou celle-là. » Je grommelais avant de déposer un baiser sur la joue de Noor. « Allez viens, on va danser. On s'met du Céline ! » J'invitais. « Ji, tu nous fais un karaoké ? » Je lançais à la vingtenaire.