road shimmers (noor #2)

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Road shimmers

Noor étouffa un brusque sentiment de jalousie en apprenant que Vivian était restée si proche de sa famille indienne. En tout cas de la partie maternelle de sa famille - mais peut-être que son père n'était pas originaire de l'Inde, ou n'avait plus de famille y vivant. La mère de Noor avait été déshéritée pour s'être mariée avec un étranger, et Noor n'était même pas sûre que sa mère ait prévenue ses parents et sa famille de la naissance de sa fille ou de son veuvage quelques mois plus tard. Noor s'était donc complètement sentie comme une touristes les deux fois où elle était allée en Inde, et elle n'avait même pas osé intégré l'état d'où était originaire sa mère dans son périple.

Le sujet semblait mettre Vivian assez mal à l'aise. Il y avait plein de sujets qui tendaient la jeune femme, même si elle ne disait rien. Comme le sujet des voyages en Europe, quand elles étaient encore à l'aéroport. Et Noor ne connaissait pas assez sa collègue pour insister et tenter d'en savoir plus. Elle la laissait donc changer de sujet, et partir à la quête d'un restaurant lui semblait de toute façon prioritaire, tant son estomac criait famine. Entre le trajet, le pauvre repas pris dans l'avion, et le plaisir de retrouver l'Italie, des années après son tour des caves avec Dani, elle avait bien besoin de manger pour calmer ses émotions.

Le serveur du restaurant qu'elles avaient finalement choisi était un italien volubile, au débit de parole trop rapide pour que Noor ne reconnaisse autre chose que son bonjour. Et pourtant, elle avait travaillé un peu son italien avant de partir ! Vivian avait l'air aussi perdu qu'elle, ce qui était un peu rassurant. Noor se contenta donc d'hocher poliment tout en le suivant à une table libre, sans même savoir à quoi elle acquiesçait.

« Heureusement, j'ai pas d'allergies ou de régime particulier, donc même en commandant au hasard, ça devrait tomber sur quelque chose que je peux manger ! »

L'espagnol avait aussi des racines communes avec l'italien, donc elle pourrait toujours s'appuyer dessus si elle voulait vérifier quelque chose. Mais commander au hasard pouvait être amusant, et également l'occasion de découvrir quelque chose qu'elle n'aurait pas testé autrement.

« Je te préviens, le challenge n'est pas tout à fait égalitaire. Ma langue maternelle est l'espagnol, qui a une construction et un vocabulaire assez proche de l'italien. Je suis un peu avantagée par rapport à toi, sauf si tu parles aussi une langue latine ? »

Noor utilisait assez peu sa langue maternelle depuis qu'elle était partie du Mexique. Mais en apprenant que Iris était originaire du même pays, elle s'était surpris à parfois parler en espagnol avec sa supérieure, généralement quand elles étaient juste toutes les deux. Elle se souvenait aussi avoir parlé de ses origines avec Iris le jour de son premier entretien, à cette rencontre d'architecture organisée à Brisbane, avec différents cabinets présents, mais elle n'était pas sûre que Vivian s'en souvienne.

« Prenderò un bicchiere di prosecco »lança-t-elle, un peu hésitante, quand le serveur fut revenu.

Elle fut récompensée par un grand sourire, avant que le serveur ne lui fasse répéter en lui montrant où elle devait faire les intonations. Elle se concentra pour répéter la phrase plusieurs fois, jusqu'à ce qu'il estime qu'elle l'avait assez bien dit pour qu'il accepte de prendre sa commande.

code par drake.

Noor Guerrero & @Vivian Irish

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road shimmers / festival international d'architecture, mai 2023, Venise (Italie)

Attablée dans un restaurant de Venise, au bord du canal, une chouette collègue à ses côtés, Vivian aurait presque pu se sentir en vacances. Certes, elles étaient venues jusqu'en Europe pour le boulot, pour ce fameux festival international d'architecture, néanmoins, plus le temps passait, plus elle était persuadée qu'elle parviendrait à oublier ce détail le temps d'une soirée. Surtout si toutes les personnes qu'elles croiseraient étaient aussi souriantes et charmantes que le serveur qui les avait pris en charge, lui et son accent chantant. Bien qu'elle ne comprenne fichtre rien de ce qu'il était en train de leur raconter. Tout ce que l'australienne espérait, c'était que les cartes seraient sous-titrées en anglais, ce qui restait probable, car comme elle en avait fait la remarque à son binôme, Venise restait une ville touristique. « Heureusement, j'ai pas d'allergies ou de régime particulier, donc même en commandant au hasard, ça devrait tomber sur quelque chose que je peux manger ! » Sur ce point, Vivian ne pouvait qu'approuver, étant dans le même cas. Cependant, bien qu'elle n'ait pas d'allergies, commander au hasard, c'était prendre le risque de tomber sur quelque chose qu'elle ne mangeait pas. Si les cartes n'étaient écrites qu'en italien, google traduction serait son meilleur ami pour la soirée.

Bien qu'elle n'ait jamais eu d'attrait particulier pour les langues autres que celles qu'elle parlait déjà, Vivian s'était sentie inspirée, et avait proposé à sa voisine un petit challenge le temps de leur séjour: qu'elles soient capables l'une comme l'autre de commander leurs repas et boissons en italien avant leur retour en Australie. « Je te préviens, le challenge n'est pas tout à fait égalitaire. Ma langue maternelle est l'espagnol, qui a une construction et un vocabulaire assez proche de l'italien. Je suis un peu avantagée par rapport à toi, sauf si tu parles aussi une langue latine ? » La brune avait grimacé. « Pas du tout... Mais pas grave, ça ne fait que rendre le challenge encore plus intéressant. » Le défi n'avait pas pour but de les mettre en compétition l'une contre l'autre, mais avec elles-mêmes. Si Noor se révélait meilleure à ce petit jeu, et c'était bien probable, l'australienne n'aurait qu'à s'en inspirer.

Le serveur avait fait irruption dans les secondes qui avaient suivi, affichant toujours le même sourire chaleureux. Déblatérant toujours vite malgré un effort considérable de sa part, il leur avait tendu les cartes, puis avait patienté, pour la commande des boissons, avait deviné Vivian. « Prenderò un bicchiere di prosecco. » Pendant que le serveur griffonnait la commande de sa collègue, elle avait fait une rapide recherche sur son téléphone pour se guider quant à quoi dire. Quand le jeune homme s'était tourné vers elle, sa phrase toute simple était prête. « Lo stesso, per favore. » Visiblement ravi de voir des touristes faire un effort pour parler la langue plutôt de se borner à l'anglais, le serveur leur avait adressé un pouce en l'air avant de repartir aussi vite qu'il était venu. Amusée, Vivian avait jeté un coup d'œil à Noor. « J'ai encore des progrès à faire, mais au moins, je sais lire google traduction. » Des petits mots s'imprimaient au fur et à mesure dans son esprit, les formules de politesse, aussi. D'ici quelques jours, elle arriverait bien à sortir une phrase simple en autonomie. En attendant, la jeune femme avait failli soupirer de soulagement en voyant que comme elle l'avait présumé, la carte contenait de l'anglais. Et c'était peut-être bête, mais la brune s'en était trouvée rassurée.

Après avoir hésité de longues minutes, Vivian avait finalement fait son choix sur un plat local, et reposé sa carte sur la table, son regard se perdant sur le paysage, le canal illuminé par les lumières de la ville. « Ça paraît si paisible... J'ai entendu dire que dans certains quartiers, ça craignait un peu, la nuit. Pourtant quand on voit ça, c'est difficile d'imaginer que dans des coins sombres, des voyous se font stipendier par d'autres voyous pour détrousser les touristes. » Heureusement, les deux collègues ne passeraient pas par de petites rues pour rentrer à l'hôtel, mais par un grand boulevard illuminé, l'inquiétude de l'australienne était donc lointaine. Ce soir, elle avait simplement envie de profiter.

Comme lisant dans ses pensées, le serveur avait retrouvé le chemin de leur table, les deux verres de prosecco commandés en équilibre sur son plateau. En récupérant sa boisson, Vivian s'était fendue d'un « Grazie » timide, auquel le Prego de l'italien avait fait écho. Puis, la brune avait levé son verre en direction de celui de sa collègue avec la ferme intention de trinquer pour l'occasion. « Eh bien, buvons au festival international d'architecture, qui nous offre par la même occasion un peu de déconnexion, et un changement de paysage très appréciable. » Avec délicatesse, les verres avaient choqués l'un contre l'autre, dans la bonne humeur ambiante. Portant son verre à ses lèvres, Vivian avait souri. La soirée, prometteuse, ne faisait que commencer.

[ @noor guerrero ]

PAR ALCARA.