Ils étaient coincés là depuis un certain temps déjà et, malgré tout, cette parenthèse avait l’effet escompté. Avec la façon dont Mason ne cessait de la faire sortir de ses gonds, Greta ne pensait plus à rien. Elle n’avait pas le temps parce qu’ils étaient trop occupés à se chamailler et à s’envoyer des piques plutôt qu’à trouver une réelle solution pour se séparer. Au final, peut-être qu’au fond d’elle, la distraction lui plaisait. « Je note qu'il t'en a fallu du temps avant de trouver l'idée du siècle... » Elle avait levé les yeux au ciel de manière exagérée pour qu’il se rende bien compte de la réaction que ses phrases lui faisaient avoir. « Tu voulais peut-être pas me rendre ma liberté... » Ses mains s’étaient posées sur ses hanches, était-il réellement en train de suggérer cela ? Soit il était diablement doué pour l’agacer, soit son égo était encore plus surdimensionné qu’elle ne le pensait. Sans qu’elle n’ait eu le temps de répondre, leur dîner était arrivé, les sauvant d’une énième dispute stérile. « C'est là que notre route se sépare ? » Elle avait haussé les épaules, elle n’allait pas lui donner le plaisir de lui indiquer qu’elle préférait dîner - mal - accompagnée plutôt que seule. La nuit était tombée, le silence régnait, et même s’il s’agissait de Mason, elle devait admettre qu’elle préférait que quelqu’un reste là. Alors elle avait attaqué, venant lui faire admettre en premier qu’il ne passait pas une si mauvaise soirée que ce qu’ils laissaient tous les deux sous-entendre. « Je suis largement plus insupportable que toi, » Elle avait éclaté de rire. « J’avais remarqué, oui. Merci de l’admettre. » Il marquait au moins un point. « Je peux te poser une question ? » Elle n’allait pas attendre la réponse, à la façon dont lui avait pris ses aises depuis son arrivée ici. « Tu pensais réellement que je m’appelais Georgia ? » Il semblait calme, le basketteur, assis à sa place avec sa boîte de pizza et même si le voir mettre ses pieds sur la table basse lui donnait des envies de meurtre, elle tentait des exercices de respiration pour rester calme et composée et tenter d’entamer un semblant de discussion.  « Fais voir une part. » Mais il n’en faisait qu’à sa tête. « Hey vas y te gêne pas ! » Greta s’était écriée et dans un même mouvement, avait tenté de récupérer la part qu’il avait osé lui subtiliser. Parce que le chic à l’anglaise, elle l’avait laissé à Londres, et qu’il suffisait que l’on touche à sa nourriture pour qu’elle devienne une autre personne, une bête féroce qui ne se révélait qu’à la pleine lune. En un instant, elle avait retrouvé assez d’énergie pour sauver sa pizza qui s’était malheureusement échouée sur le t-shirt blanc de Mason. « Oops. » avait-elle dit sans être désolée et en commençant à rire.

 « toutes les machines ont un coeur »    greta moore & mason bradford.

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C’était presque comme si Mason est vacciné de sa Georgia, un sentiment étrange pour lui, qui néanmoins le ferait sourire – car soyons honnête deux minutes, il prend tout, ou presque, à la rigolade. Et c’est pas demain que les choses vont forcément changer. Il aime bien qu’elle tente de mettre un mot plus haut que lui, ça lui prouve qu’il peut continuer ainsi, encore. Pas sur que ça plaise réellement à la jeune femme. « J’avais remarqué, oui. Merci de l’admettre. » Ca le fait sourire et c’est évident qu’elle n’aura pas le dernier mot avec lui, « je suis toujours le gagnant dans l’histoire, » qu’il se contente de dire, en se pavanant certainement trop, ce serait peut-être pas une qualité hors-norme pour la jeune femme, lui, oui. Il se contente de peu le Bradford et surtout il adore jouer, ne prenant de toute évidence pas grand-chose au sérieux. « Je peux te poser une question ? » Elle demande quand lui, a les pieds posés sur la table basse, fallait bien que ça serve à quelque chose. Non, il ne fait pas ça chez lui, mais justement il n’est pas chez lui. « Tu pensais réellement que je m’appelais Georgia ? » C’est une question piège ? « Ca te va bien au teint… » Qu’il rétorque quand un sourire amusé se dessine sur ses lèvres, en réalité, oui, il ne se souvenait vraiment pas de son prénom, ils s’étaient juste vu une fois, ils avaient bu, il était parti au petit matin, pourquoi se souviendrait-il d’elle ? « Ca te convient pas c’est ça ? » Qu’il demande, presque d’un air trop sérieux avant de réfléchir, « parce que si c’est le cas, j’en ai un autre en réserve, Georgina ? » C’est même encore mieux tient ! Et parce qu’il ne peut pas rester sérieux plus de quelques secondes, il vient à lui chiper une part de pizza. « Hey vas y te gêne pas ! » Fier de lui, il allait la mettre en bouche quand elle s’agite, se relevant pour vouloir lui récupérer, mais dans un geste pas assez précis, Greta lui fait tomber quasiment toute la part sur lui, et sur son tee-shirt. Il reste quelques moments interdit, avec sa main qui semblait tenir il y a quelques secondes la part de pizza. « Tu vas me le payer ! » Et il retire ses pieds de la table basse, se lève en posant son carton sur le canapé, prêt à la poursuivre dans toute la cabane et même jusqu’en haut de l’arbre si il le fallait. « Fallait me dire si tu voulais me voir torse-nu. » Il le sait, il en joue évidemment, mais grand sportif comme lui, ca semble évident qu’on ne met pas de couteau sous la gorge pour le regarder et l’admirer de plus près. . « Le pressing va te coûter cher ! » Elle s’est levé aussi, et tourne autour du canapé pour s’épargner un Bradford, ne sachant probablement pas ce qu’il allait lui faire. Une chose est sur c'est qu'il se marre bien.

Peut-être que c’était un coup du destin que de les obliger à être réunis ici, sans possibilité de sortir. Ils avaient clairement des problèmes à régler, une discussion à avoir, et si Greta n’avait pas pour objectif de se retrouver avec des démons de son passé un soir de pleine lune qui agissait sur son humeur comme celui-ci, elle devait faire avec. « je suis toujours le gagnant dans l’histoire, » L’idée était donc d’avoir le dessus, peu importe si cela était négatif ou positif. Alors même s'il venait d’avouer être le plus insupportable des deux, cela lui allait, parce qu’il restait le numéro un. C’était risible à voir, mais elle ne prenait plus cela comme de la provocation, plutôt comme de la taquinerie qui avait au moins le mérite de réussir à la faire rire. A moins que ce ne soit la fatigue qui était en train de lui faire baisser la garde, pas à pas. La situation n’était pas celle qu’elle aurait voulu mais elle n’avait plus envie de lutter et de camper sur ses positions. Pour faire un pas de plus vers la réconciliation, elle avait demandé des explications à Mason sur ce surnom dont il ne se défaisait pas. « Ca te va bien au teint… » Ses yeux s’étaient à nouveau levés au ciel. « Ca te convient pas c’est ça ? » Etait-il réellement en train de lui demander si cela lui convenait d’être appelée par autre chose que son prénom ? « parce que si c’est le cas, j’en ai un autre en réserve, Georgina ? » « L’idéal serait d’utiliser mon vrai prénom mais tu sais quoi, Georgia c’est plutôt drôle. Ce sera notre truc à nous. » avait-elle répondu avec un clin d'œil plus suggestif que ce qu’elle aurait voulu.

Ils avaient fait une pause pour manger mais très vite les hostilités avaient repris. « Tu vas me le payer ! » Et comme une enfant qui venait de faire une énorme bêtise, Greta s’était levée en même temps que Mason pour prendre la fuite et tenter de se dissimuler derrière les meubles de la cabane. L’endroit était petit, les options étaient réduites, et bientôt, le basketteur réussirait à l’attraper. « Fallait me dire si tu voulais me voir torse-nu. » Greta avait éclaté de rire et l’avait fixé en levant un sourcil pour le défier. Et c’était à ce moment qu’elle avait compris que l’humeur avait totalement changé, devant bien plus bon enfant, les rancoeurs ayant été mises de côté pour tenter de passer un moment agréable. « Le pressing va te coûter cher ! » avait-il dit et elle lui avait lancé un coussin à travers la pièce. « Tu sais que les machines à laver existent, pas vrai ? » Et que son salaire de basketteur lui permettait largement de passer au pressing l’intégralité de ses vêtements, même ses chaussettes, s’il le souhaitait. « Assis-toi et arrête de me poursuivre où je vais m’enfermer dans la chambre jusqu’à demain. » Elle l’avait menacé pour qu’il cesse de la regarder comme une proie, comme si elle était un loup-garou et lui un chasseur. « On peut pas discuter avec toi, hin ? » avait-elle dit en contournant prudemment le canapé qui les séparait, de peur qu’il n’en profite pour l’attraper et faire dieu sait quoi.

 « toutes les machines ont un coeur »    greta moore & mason bradford.

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Mason reste un grand enfant, taquin et qui aime embêter son petit monde sans se soucier réellement des conséquences. Pour lui, il n’y avait pas de conséquence d’ailleurs, et il parvenait toujours à se sortir avec facilité des emmerdes que lui-même créer. Ce n’était pas Georgia qui l’inquiétait. Quand bien même elle lui en avait voulu visiblement, à en voir sa réaction au premier abord. Peut-être que sa fierté – sûrement que sa fierté en a pris un coup. Mais après plusieurs heures, ils sont devenus assez étrangement calme, installé sur le sofa à manger leur pizza. Enfin ça aurait été le cas si le Bradford n’avait pas eu l’idée de lui piquer une part de pizza comme si finalement, elle ne lui dirait rien. C’était évidemment pas le cas et il avait été bête de penser le contraire – ou trop taquin sans doute. Et l’ambiance était trop apaisée pour lui, trop calme, il avait peur de mourir d’ennuie. « L’idéal serait d’utiliser mon vrai prénom mais tu sais quoi, Georgia c’est plutôt drôle. Ce sera notre truc à nous. » Et il n’en fallait pas plus pour que lui aussi réponde par un clin d’œil avant de vouloir l’entendre de sa propre bouche, « tu veux dire… Comme notre petit secret ? » Il la titille et ça l’amuse, évidemment que ça l’amuse. « Tu sais que les machines à laver existent, pas vrai ? » Un soupire sort de ses lèvres, ça, en revanche elle aurait pu s’abstenir. Bien qu’il n’avait pas à s’en faire pour son salaire. Une course poursuite démarre quand elle tente, en vain de récupérer sa part de pizza. « Assis-toi et arrête de me poursuivre où je vais m’enfermer dans la chambre jusqu’à demain. » Bien sûr que non ! Il manquerait plus que ça. Qu’elle gagne face au basketteur, « t’as peur de manquer de souffle ? » Qu’il lorgne en ricanant tout en contournant le canapé, mais elle menace de s’enfermer loin de lui, et il va s’ennuyer après. « On peut pas discuter avec toi, hin ? » Un sourcil levé, il diminue la cadence comme si à présent une idée venait de lui traverser l’esprit. « Tu as raison ! Discutons ! » Il lorgne, un sourire en coin, provoquant, « pourquoi je devrai te courir après alors qu’il me suffit d’attendre que tu viennes à moi… » Et il se laisse bien volontiers tomber sur le canapé de toute sa hauteur, tournant que très légèrement son visage vers elle pour l’observer du coin de l’œil, ce petit jeu était agréable – et il serait mentir que de prétendre l’inverse. « De quoi tu veux parler ? De mon charme impérissable après toutes ses années ? » Est-ce qu’il se la pétait ? Que très légèrement, il la voyait déjà plisser les yeux et soupirer à outrance par pur provocation.

Il aurait été mentir que de dire que la situation ne l’amusait pas. Ce n’était pas le cas au début, se retrouver avec lui était probablement son pire cauchemar, le genre de situation à laquelle il lui était même impossible de penser tant elle sortait de l’ordinaire. Mais les choses s’étaient enchaînées sans que le cerveau fatigué de Greta ne trouve de réelles solutions. Parce qu’elle n’en avait pas le courage, parce qu’elle n’avait finalement pas envie de se retrouver seule, elle n’admettrait rien mais se contentait de donner le change auprès du basketteur. « tu veux dire… Comme notre petit secret ? » Elle avait levé les yeux au ciel, consternée de voir la façon dont il tentait de tout tourner à un semblant de flirt. Mais, encore une fois, elle n’aurait pas été honnête si elle avait prétendu que tout cela la laissait indifférente. Ses clins d'œil, l’intonation de sa voix, il y avait quelque chose d’inexplicable qui l'attirait vers lui et qui l’avait laissée aller jusqu’au bout ce soir-là. Il était quelque chose similaire à un guilty pleasure, et avant qu’elle n’ait pu s’en rendre compte, il lui avait rendu le sourire. C’était au moins une chose positive dans le chaos qu’était cette soirée. « t’as peur de manquer de souffle ? » avait-il lancé quand elle avait simplement demandé qu’il cesse de la poursuivre comme s’ils étaient des enfants. Il avait toujours réponse à tout, et elle lui avait fait remarquer ce côté enfantin qui ne le quittait jamais et qui ne laissait que peu de chance de réellement comprendre qui il était. Cela ne l’avait jamais dérangé mais maintenant, après des heures passées enfermés ensemble, elle s’en inquiétait légèrement. « Tu as raison ! Discutons ! » avait-il commencé. « pourquoi je devrai te courir après alors qu’il me suffit d’attendre que tu viennes à moi… » Et encore une fois elle avait levé les yeux au ciel devant un aplomb qui ne le quittait jamais. « Il se passera rien Mason, désolée de te décevoir mais si c’est ce à quoi tu t’attendais mieux vaut que t’ailles te coucher tout de suite. » Son regard s’était baissé vers le meuble qui les avait séparés. « Ton lit est juste là. » avait-elle finalement lancé avec un sourire immense mais extrêmement faux. Cela l’amusait beaucoup de lui rappeler sans cesse qu’il serait le perdant dans cette histoire qui n’avait ni queue ni tête, il était tout à fait improbable que ces deux-là se retrouvent en tête à tête dans un bungalow luxueux qui avait été booké en double. « De quoi tu veux parler ? De mon charme impérissable après toutes ses années ? » Reprenant place sur le canapé, elle avait haussé les épaules, la fatigue ressurgissant après avoir été camouflé par cet excès d’énergie qu’ils avaient eu.  « Peu importe, tout ce que tu me diras sera assez soporifique pour m’assurer une bonne nuit, j’en suis convaincue. » Et elle avait appuyé sa tête contre un des coussins du canapé pour s’installer et écouter tout ce qu’il avait à dire, probablement pas grand-chose, avant de finalement regagner son lit, s’endormir, et sortir de là.