« C'est un porte-bonheur. Une sorte de bon œil, l'inverse du mauvais œil, » Oh. Tu aimes ce qu’elle te dit. Tu as aussi quelques tatouages qui sont là pour t’apporter le bon et repousser le mauvais, mais pas sous cette forme là. Tu aimes le terme de « bon oeil ». Tu aimes tout ce qui est positif et qui élève les gens surtout oui. « I like that. » Que tu précises même si ça se voit sur ton visage que tu es réellement à l’écoute et intéressé.

« Excellente idée ! » Son enthousiasme est plus que contagieux. Le sourire sur ton visage ne s’en va pas. Bea est même déjà en train de filer chercher les couleurs qu’il faut pour commencer un des drapeaux. Tu la regardes faire. « Je vais te les montrer, » Ton tour d’être dans l’impatience. Alors que tu devines la suite des couleurs quand elle commence, ton sourire se fait de plus en plus large de voir que vous partagez un drapeau. Tu reconnais les couleurs de l’autre drapeau également. L’asexualité. « Vu qu'on en a un en commun, je l'ai mis en exergue. » Tu fais oui de la tête. « J’adore. » Mais Bea n’a pas l’air convaincu. « C'est la première fois que je le communique à quelqu'un, celui de la pupille, » Oh. « Quasiment tous mes amis pensent que j'suis gay. » Tu n’aurais pas cru à une telle confession mais au final, n’est-ce pas bien plus simple quand on ne connait pas vraiment son interlocuteur ? Quand celui ci n’est pas dans notre cercle et qu’on est sûr que nos secrets seront bien gardé de ce fait.

« Ca te plait ? Je trouve que ça s'agence plutôt bien, perso ! » Tu sors de tes pensées à ses mots là. Tu reconnectes avec la réalité et tu regardes la mural, confirmant d’un signe de tête. « Ouais, attend que je rajoute les autres couleurs. » Tu dis comme une sorte d’introduction à tes futures coups de pinceau. Tu vas chercher les couleurs dont tu as besoin pour ajouter ceux du drapeau pansexuel et non binaire.

Tout en se faisant, tu racontes aussi une partie de toi. « Mes amis pensaient aussi que j’étais gay avant de me voir tomber amoureux d’une fille. » Doux sourire en pensée à Rosa, celle qui a été dans ton coeur en premier. « Je m’étais jamais mis d’étiquette avant que certaines de mes personnes préférés me parlent des leurs et que je me retrouve dans ce qu’ils me disaient. » Tu t’appliques sur la murale en même temps que tu parles. Tu commences avec le drapeau non binaire. « J’aime avoir des points communs supplémentaires avec les gens que j’aime. Ca rapproche. Surtout quand c’est plutôt controversé. »  Tu marques une pause dans tes mots alors que tu vas prendre le jaune de nouveau. « Au fond c’est plutôt que ça confirme plus que ça rapproche. Ca explique pourquoi je me sens si proche d’eux car on se ressemble sur pas mal de points, dont ceux là. » Tu te recules un peu pour avoir une vue d’ensemble sur ce que tu viens de faire. Il manque plus que le rose pour terminer le drapeau pansexuel. Tu vas le prendre. « Ma copine est si fière de porter les couleurs de la pansexualité et moi je suis fier d’avoir ça en commun avec elle. » T’as un sourire niais au visage. « On se comprend bien. » Tu mets le dernier coup de pinceau bleu.  

« Je parle beaucoup trop, si tu t’es endormi ça me vexera même pas. » Tu pourrais parler de Birdie pendant des heures et tu as bien fait de t’arrêter avant de partir trop loin de ce côté.

@Kai Luz

Le sourire sincère qui se dessine sur mes lèvres lorsque Jordan m'indique apprécier le bon œil autour de mon poignet que je lui désigne s'accentue considérablement à l'écoute de la mise en œuvre de notre collaboration artistique sur ce mur des fiertés qu'il propose. Tapotant avec enthousiasme dans mes mains, trépignant sur place, j'ambitionne de récolter les couleurs nécessaires à parer la base dessinée par Jordan de nos couleurs. Je m'applique sur mon propre ouvrage, mettant en évidence le drapeau que nous partageons tous les deux, comme un symbole de cette rencontre fortuite et très agréable et du fait que nous pouvons toujours dénicher quelqu'un qui nous ressemble ou nous comprend. Il y a toujours moyen de se dénicher une appartenance ou un endroit où l'on se sent en sécurité ; certes, l'événement actuel facilite ce genre de rencontres, mais ce constat demeure réconfortant. Pensive, je me ressasse de nouveau les paroles du discours de Jordan et je lui expose ma stratégie avant de demander, impatiemment et nerveusement, son avis sur ma réalisation.

Jordan acquiesce, je souris de nouveau lorsqu'iel me répond adorer ce que j'ai fait de nos couleurs. Néanmoins, je penche la tête sur le côté, considérant davantage le dessin, avant de me confier. Jordan semble m'écouter attentivement et je finis par inspirer profondément, comme si un poids m'était désormais retiré de ma poitrine. Je réoriente ensuite l'attention sur notre œuvre collective, dans une timidité masquée.

Le dessin avance rapidement, je me plais à aider Jordan en lui tendant quelques couleurs à mesure que ses drapeaux prennent forme. Se faisant, iel se livre sur son cheminement identitaire et je l'écoute, à la fois impressionnée, envieuse et admirative. Je connais les étiquettes des personnes de mon cercle d'amis proches et mis à part Jiyeon, ils sont tous simplement et purement hétéros. De plus, j'avais tendance à fuir toute labélisation, de peur de m'enfermer dans des critères, dans des boîtes, quand j'étouffais déjà à répondre aux exigences et attentes de ma famille et que je me décevais de ne pas être en mesure d'être le fils qu'ils désiraient autrement qu'en ayant recours aux mensonges. Un sentiment de tristesse traverse mon regard lorsque Jordan m'apprend aimer partager ces points communs particuliers avec ses amis et tout ce que cela apporte à leur relation, ces possibilités m'étant reniées. J'en viens même à me demander si je fais partie du bon groupe de potes, si je ne suis pas un imposteur jusqu'à mes relations. Après tout, je me distance toujours des personnes queers que je fréquente sous Bea, quand sous Kai, je recherche l'affection. Cependant, je sais pourquoi je procède ainsi : j'ai besoin de soutien sous Kai car je rejette douloureusement mon vrai moi, quand sous Bea, je suis si ravie de pouvoir m'exprimer librement que de simples relations superficielles me suffisent. Je souris tendrement quand Jordan évoque sa copine ; l'amour aussi me semble proscrit, pour ma part. Rien que l'idée de réussir à être en couple sans se forcer à avoir des rapports sexuels me semble constituer une ineptie, et je n'ai plus envie de me forcer.

« Je parle beaucoup trop, si tu t’es endormi ça me vexera même pas. » « Non, non. Je suis touchée que tu m'aies dit tout ça. Merci. » Je fais, sincère. « Est-ce que les personnes dont tu es plus proche sont toutes queers ? » Je questionne curieusement, avec une certaine appréhension sur mes propres relations. « Ca fait longtemps que tu as ces étiquettes ? » Si j'ai bien compris, Jordan s'est défini.e en se retrouvant dans les descriptions de ses pairs. « Est-ce que ça t'a fait t'éloigner de gens qui avaient peut-être pas les mêmes étiquettes que toi pour te rapprocher de ceux qui te comprenaient mieux à ce niveau-là ? » Dans quelle mesure ces points communs comptaient-ils ? « Désolée, je pose beaucoup de questions. Tu n'es pas obligé.e de répondre ! » J'assure ensuite en riant. « Avec ta copine, en fait, you belong to each other, » je résume. Ils se comprennent, ils se rejoignent, ils ont trouvé cette unité à laquelle ils appartiennent, qui est la leur. Je sors mon téléphone portable, proposant : « Ca te va si je le mets mon Instagram ? Un chouette souvenir à ne pas oublier. »

@Jordan Fisher

“Comme papa. Pas très bon caractère.” La répartie de Sloan le prit quelques peu par surprise, allant jusqu'à lui tirer un rictus amusé et quelques peu impressionné, sans doute. « Ils ont aussi quelques bons cotés, heureusement. » Shady tout comme @Auden Williams, dont il soutint le regard quelques secondes. Ce n'était peut être pas la meilleure preuve de son objectivité que de le laisser entendre, mais il était particulièrement bien placé pour savoir qu'ils avaient tous les deux bien plus à offrir que ce qu'ils montraient au premier abord. Et oui, ça suscitait une part d'amusement en lui de comparer l'italien à son chat bien connu pour son tempérament infernal : les gens comme eux étaient très probablement des félins dans une autre vie, pas vrai ? “Pour toi.” - « Hm, merci. » Se saisissant du crayon que lui tendit l'enfant, James ne commenta pas le choix de couleur et s'intéressa plutôt à la présence d'Auden et de son fils au milieu de tous ces artistes du dimanche venus égayer ce mur vierge. “Il faut bien relever le niveau.” Et qui mieux que lui pour ça, n'est-ce pas ? “Je n’aurais pas pensé t’y trouver, par contre.” D'un air égal, James haussa les épaules sans juger nécessaire de répéter ce qu'il lui avait dit l'instant d'avant, à savoir qu'il avait voulu en avoir le cœur net lorsqu'il s'était dit que l'italien aurait certainement fait le déplacement. Parce que ça trahissait bien trop de choses à son goût, à commencer par sa tendance à chercher naturellement après lui, peut être encore davantage depuis que leur relation avait souffert de certains non-dits. De certaines erreurs, aussi. « J'ai pas dessiné autre chose que des modèles depuis des lustres, mais je me suis dit que je pouvais pas être totalement rouillé. » Il ne l'était pas, il avait suffisamment confiance en son talent pour le savoir et il s'autorisait encore de temps à autres à griffonner autre chose que des robes et des costumes dans des carnets gardés bien au chaud. La raison originelle de sa venue, elle, se trouvait être cette vente aux enchères à laquelle participait Weatherton. “Je sais ce que Weatherton a mis en vente. J’ai imaginé que la Barbie irait bien dans la chambre de Sloan, mais j’étais pas disponible pour les enchères.” S'il aurait sûrement apprécié l'idée que l'italien remporte l'enchère, il savait que l'italien avait sûrement conscience d'avoir un accès plus que privilégié à ses créations, y compris lorsqu'elles se trouvaient être en format réduit. « Dommage, j'aimais bien t'imaginer secouer ta petite pancarte. » Il releva, un fin rictus au coin des lèvres, sans doute un peu trop pressé de retrouver le naturel de leurs échanges et cette facilité qu'ils avaient toujours eu à se provoquer allègrement. “Tu aurais pu proposer une pièce de notre collection. J’aurais été d’accord.” - « Je voulais pas prendre la décision seul. » Et dans l'état actuel des choses, ça ne lui semblait pas préférable de lui en faire la demande, pas tant que les choses ne s'étaient pas un tant soit peu apaisées entre eux. « Mais j'y ai pensé. » Bien sûr qu'il y avait pensé, n'éprouvant rien d'autre qu'une implacable fierté pour ce qu'Auden et lui avaient créé ensemble ; l'un des défis les plus ambitieux de sa carrière.

“Eh, tu peux dessiner Shady ?” La patience du jeune Sloan était toute relative, à en juger par la façon dont le garçonnet s'assura de capter toute leur attention et de placer James face à la promesse qu'il avait faite un peu plus tôt. Visiblement, il n'était déjà plus temps de se défiler. “Sloan, qu’est-ce qu’on dit ?” - “S’il te plaît.” Le regard qu'il échangea à cet instant avec Auden lui ferait comprendre qu'il n'était pas vexé, quand bien même il n'avait pas franchement l'habitude de se voir mettre la pression par un enfant de deux ans. Il n'était ni plus ni moins qu'un mini Auden, à ses yeux, et ça suffisait sans doute à ce qu'il ait bien plus à cœur de rentrer dans son jeu que de lui faire la leçon. Non pas qu'il se le serait de toute façon permis, n'ayant strictement aucune envie d'allonger la liste des raisons pour lesquelles sa relation avec l'italien s'était compliquée au cours des derniers mois. Moins encore alors que cet échange lui faisait l'effet d'une bulle d'apaisement après les précédents. Se penchant ainsi vers Sloan, c'est d'une voix posée qu'il souffla. « Tu sais, j'étais pareil à ton âge. Ça m'intéressait pas vraiment les discussions de grandes personnes. » Sloan voulait continuer son dessin, le reste ne l'intéressait pas le moins du monde. Alors James s'accroupit face au bout de toile où le garçonnet avait commencé à laisser s'exprimer sa créativité, esquissant les contours de la silhouette de Shady qui pour l'occasion troquerait son pelage noir pour quelque chose d'un peu plus clair. Au bout de plusieurs instants de concentration, il tourna son visage vers celui du garçonnet. « Comme ça, ça te convient ? » Ce n'était sûrement pas ce qu'il aurait dessiné s'il n'avait pas inconsciemment cherché à nouer un lien plus ou moins maladroit avec un enfant de deux ans, mais ça avait l'avantage de ne pas trop trancher avec le reste des dessins. « Il est craintif parce qu'il a pas l'habitude d'être loin de chez lui. C'est un chat d'intérieur, il est un peu solitaire dans l'âme. » Alors James l'avait dessiné comme le félin timoré qu'il était la plupart du temps, sans savoir si Sloan aurait un jour l'occasion de le rencontrer pour de vrai. Peut être, qui sait. “Il va t’inviter à boire du café de sa dinette très bientôt, j’espère que tu as des après-midis à libérer.” Des paroles qui virent briller un bref éclat d'amusement dans le regard de James, que cette idée déstabilisait au fond bien plus qu'il ne voulait le montrer. Simplement parce qu'il avait toujours veillé à limiter autant que possible ses interactions avec le garçonnet, peu assuré de savoir s'y prendre ou de ne pas risquer de voir ressortir les pires cotés de sa personnalité, comme c'était bien souvent le cas. Auden avait appris à composer avec, mais ça n'était pas le cas d'un jeune enfant. « J'imagine que ça fera une excuse parfaite pour éviter certaines réunions barbantes auxquelles j'aurai pas envie d'aller. » Il prétexta en maquillant ce soupçon d'embarras derrière des airs faussement détachés. « Je suis pas sûr que je me confierais un gosse, cela dit, si j'étais à ta place. » Aussi troublante soit cette pensée, qu'il partagea comme si de rien était, lorsqu'on était passé comme lui tout près de devenir père, un an en arrière, et prétendait depuis que notre vie était restée inchangée.

“Les enchères se sont bien passées, au moins ? Pas d’employé à faire virer ?” Qu'il pose la question après avoir confessé qu'il savait que Weatherton participait à ces ventes aux enchères l'amenait à se demander s'il aurait seulement osé venir à sa rencontre, s'il ne l'avait pas trouvé le premier. Une pensée que James tâcha d'enfouir dans un coin de son esprit. « Ça a été. La Barbie a rencontré un franc succès et Millie a sûrement trouvé le temps long quand je lui ai demandé de prendre note de chaque enchère, mais je l'ai libérée dès que ça a été terminé. Je suis pas un patron si terrible. » Oh disons seulement qu'il essayait de contre-balancer son attitude parfois despotique et de ne pas complètement lui faire regretter d'être devenue son assistante. Reposant son regard sur le duo étonnamment attendrissant que formaient Auden et le jeune Sloan, James observa la scène une seconde de plus avant de souffler. « C'est une bonne idée d'être venu avec Sloan. Il a pas l'air de passer un mauvais moment. Et puis ce serait pas vraiment ton fils s'il avait pas le goût du dessin. » Cette idée tira à l'anglais un sourire quasi imperceptible, peut être parce qu'il devinait qu'une part d'Auden au moins préférerait sans doute que Sloan développe tôt ou tard une fibre artistique, sans même nécessairement vouloir le voir marcher sur ses traces. « Vous avez prévu quelque chose, après ça ? » Ce moment père-fils ne s'arrêterait sûrement pas à cet atelier dessin, bien que James soupçonne Sloan d'avoir hérité d'un peu du tempérament de son père et de ne pas nécessairement être le genre d'enfant à s'émouvoir devant une simple glace.