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@mavis barnes

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Pour la troisième fois, Ruben passa son doigt sur l’écran de l’ordinateur du couloir, pensant voir flou - ou double, ou que savait-il encore - lorsqu’il regardait les pixels s’aligner. Fronçant quelque peu les sourcils, il devait forcément y avoir une erreur sur ce qu’il voyait présentement; et puisqu’il était presque sur d'avoir raison sur la question, ce fut d’un pas décidé et plein d’entrain qu’il débarqua dans le bureau de Leon. Il dut en ressortir quatre secondes environ plus tard, ce dernier étant en réunion et n’ayant pas vu que c’était le cas, il savait qu’il allait se faire sermonner par son mentor. Il s’était alors sagement assis sur l’une des chaises du couloir, de celles qui indiquaient qui était en attente pour voir le docteur, une mine quelque peu boudeuse accrochée à ses airs.

Leon ne mit pas tant de temps que ça à faire sortir les personnes avec qui il s’entretenait, et attendant qu’elle passe le coude du couloir, il sortit le regard le plus noir qu’il pouvait porter lorsqu’il s’agissait là de son poulain. « Combien de fois je t’ai demandé de frapper avant d’entrer dans mon bureau, Ruben ? » Il savait que c’était là de vrais reproches, mais le ton paternaliste que prenait Barnes à son égard empêchait le jeune homme de se renfrogner complètement. « Excuse moi, je me laisse emporter à chaque fois. » Le plus âgé des deux finit par lâcher un soupire, avant de lui faire signe de continuer: il pouvait expliquer la raison de sa présence, mais il ne disposait pas de bien longtemps et quand Leon comprendrait la raison, il serait surement déçu car cela n’avait rien à voir pour une fois avec le boulot. « J’ai vu que c’est toi de garde dimanche ? » Il n’avait pas besoin de préciser la date. « Je pensais que tu serais chez toi, pourquoi c’est toi de garde ? » Barnes soupira, se grattant le sourcil du bout du pouce, haussant les épaules. « Elle ne veut pas fêter son anniversaire, alors autant que j’en profite pour remplir mon quota de gardes à faire sur l’année. » Ben fit une petite grimace; il balaya d’un revers de la main en amont la réaction et les paroles de son poulain. « Elle oublie parfois que c’est une période de deuil pour nous aussi, je crois. » - « Je suis désolé Leon. » Pas que Mavis n’en ait rien à faire, mais tout ce qui existait en à côté en parallèle. « Ca aurait pu lui changer les idées au moins pour la journée, mais que veux-tu. Tu voulais savoir autre chose ? » Pinçant ses lèvres, Ruben secoua la tête, alors que Leon acquittait pour retourner à ses occupations - il n’avait pas aussi mal réagi à l’interruption que Hartfield aurait pu le penser, mais il l’avait laissé avec des questionnements qu’il aurait préféré ne jamais avoir, en réalité.

Parce-que au delà du fait qu’effectivement, cette journée était spéciale pour toute la famille Barnes, elle l’était d’autant plus pour Mavis. Ben n’était qu’un tout jeune étudiant en médecine à l’époque de la tragédie, il ne connaissait ni Leon ni Mavis comme il pouvait les connaitre aujourd’hui, mais il avait appris après coup ce qui était arrivé à la famille, et une tragédie ne portait pas ce nom là uniquement pour faire jolie, les événements lui étant liés s’y apparentant parfaitement dans leur cas également. Perdre un de ses proches n’était pas un événement plaisant, loin de là, Ruben en savait bien sur quelque-chose; Mavis avait perdu sa soeur jumelle ce jour là, et cela devait forcément avoir un impact bien différent pour elle d’une certaine façon. Ce fut en se maudissant d’avance que Ben descendit les escaliers quatre par quatre afin de rejoindre les urgences où il avait été appelé - il se détestait d’avance, vraiment et très fortement.

L’après-midi commençait tout juste à pointer le bout de son nez lorsqu’il jeta un dernier coup d’oeil dans le rétroviseur, à sa tenue et au gâteau qui était posé dans son emballage sur le siège passager. C’était idiot, et pour un million de raisons. La première étant que cela le rendait idiot déjà, et que ce n’était pas là un terrain sur lequel il appréciait particulièrement s’aventurer; ensuite, parce-qu’il y avait de fortes chances pour que Mavis soit du même avis sur la question - et même s’il tentait de se persuader que ce n’était pas le cas, c’était cette partie là de l’histoire qui le dérangeait le plus. Il n’aimait pas que quiconque puisse le prendre pour un idiot, mais s’il s’apercevait que cela traversait le regard de la jeune femme, il y avait de fortes chances pour que cela l’énerve. Il aurait préféré ne pas apporter autant d’importance à tout ça, mais il n’y arrivait malheureusement pas - ou en tous cas pas assez pour être là à encore hésiter un instant et un autre avant de sortir de la voiture. Montant quatre à quatre les escaliers qui menait à son palier, ce fut uniquement lorsqu’il se posta devant la porte de son appartement qu’il utilisa le briquet qu’il avait pris soin d’emporter pour allumer les bougies; il sonna ensuite à la porte de l’appartement, priant pour qu’elle s’exécute assez rapidement comme il lui avait demandé de faire dans l’échange de messages qu’ils venaient juste d’avoir. Ouvre ta porte, Mav, s’il te plait était assez explicite, il lui semblait. Et autant pour elle qui ne désirait pas voir quelque-chose d’embarrassant sur son palier que pour lui qui aimerait ne pas trop être aperçu de la sorte par une paire d’eaux à laquelle cet accoutrement n’était pas dédié, c’était plutôt arrangeant si elle arrivait assez rapidement.

Ruben adopta sa plus belle mine adorable et innocente lorsque la porte finit par s’ouvrir devant lui. « Joyeux anniversaiiiiiire. » Il força sur la fin de la phrase, chantée mais tout en légèreté pour ne pas alerter les voisins, alors qu’il avançait le gâteau dans la direction de Mavis de l’autre côté du seuil de porte de l’appartement. Il avait bien entendu que ce n’était pas une occasion qu’elle souhaitait fêter, mais il avait surtout retenu que c’était quelque-chose qui la minait et il n’avait pas envie de ne pas tenter un minium d’efforts pour faire en sorte que ce soit légèrement moins le cas cette année. Ce n’était pas incroyable, mais de la part de Ben, c’était déjà bien mieux que bien des choses qu’il avait pu entreprendre ces dernières années.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/thaygifs)

Mavis se demanda si elle n’avait pas brisé l’écran de son téléphone portable en l’abattant la face contre le comptoir de sa cuisine pour le reposer, son regard se posant, menaçant, vers la porte de son duplex qu’elle voyait par-delà le contour de son épaule molletonnée dans un sweat beaucoup trop larges pour elle. Si elle devait retenir une chose de ses années d’études, c’était qu’on ne refusait jamais rien au docteur Hartfield.

Quand bien même le jour était mal choisi, quand bien même elle ne se sentait pas dans son assiette non plus, il y avait des arguments qui ne prenaient pas avec lui. Plus d’une fois maintenant, elle s’en était aperçue. Là, elle n’aurait pas pu être plus explicite pourtant. Après lui avoir dit qu’elle ne fêtait pas son anniversaire, elle voyait difficilement comment elle aurait pu lui faire entendre que ce n’était pas utile de lui apporter un cadeau, qu’en plus de perdre son argent, il perdrait son temps. Ce jour, il était à double-tranchant pour Mavis. Elle était heureuse de recevoir des messages, heureuse de constater qu’elle comptait aux yeux de ceux qui prenaient le temps de se rappeler du jour de sa naissance pour le célébrer à coup de superlatifs et de bons voeux, heureuse aussi de pouvoir jouir de l’exclusivité de ce jour, mais il y avait un revers acéré à cette médaille qu’elle avait remporté en la prenant de force : sa soeur lui manquait toujours le jour de leur anniversaire.
Elle tentait d’y échapper, de penser à la certitude qu’elle avait depuis celui de sa mort qu’elle avait oeuvré pour son futur, qu’elle avait bien eu fait de céder à cette pulsion de la pousser pour qu’elle ne remonte jamais à la surface tant sa vie avait pris un essor auquel elle n’aurait jamais pu rêver si elle avait continué à évoluer dans l’ombre de cette jumelle qui prenait la lumière bien mieux qu’elle. Mais en même temps, un morceau d’elle était parti avec elle et à ça, elle ne pouvait pas y échapper ni prétendre ne pas le ressentir à certains moments donnés. Aujourd’hui, c’était le genre de moment qu’elle aimait passer seule parce qu’il y avait des instants où elle se sentait pleurer sans même l’avoir anticipé, ressentant une douleur intense jusque dans ses os sans qu’elle ne trouve une raison médicale à ça, recroquevillée en attendant que ça passe. Alors c’était peut-être triste de refuser les plans proposés par Dan (il avait tout de même réussi à la faire aller au concert de son cousin la veille), c’était peut-être triste de refuser de célébrer le jour de sa naissance avec ses parents, seulement elle préférait ça que de devoir expliquer à qui que ce soit que ce jour était une véritable épreuve pour elle.

Mais Ruben était sur le pas de sa porte, et il lui manquait aussi. Ça faisait sans doute trop de vide à devoir combler pour un seul jour, et comme l’un était plus facile à compenser que l’autre, c’est pour cette raison qu’elle ne lui proposa pas d’aller se faire voir chez sa fiancée en refusant de lui ouvrir la porte bien que le doux ordre qu’il lui donna avait tendance à lui taper sur les nerfs. Il faisait des efforts, elle le sentait à travers son écran de téléphone, et de ça elle ne voulait pas le punir même si ces derniers temps, il avait été difficile de se trouver en sa présence sans qu’elle ne veuille lui arracher les yeux. Elle avait sûrement besoin de compagnie aussi, et comme il restait le plus neutre face au drame qui avait secoué sa famille, c’était encore avec lui qu’elle espérait pouvoir penser à autre chose.
Ça la rendait bien naïve de l’espérer quand elle déverrouilla sa porte, et que retenant sa respiration, elle finit par l’ouvrir pour de bon. Mais le sourire qu’elle voulut retenir en le voyant accoutrer comme il l’était, la lueur des bougies du gâteau qu’il tenait entre les mains venant éclairer son visage, ça fit disparaître une partie de la tristesse qu’elle portait comme un masque depuis le matin, et la fit lever une main vers sa bouche pour la dissimuler derrière et ne pas faire penser au docteur qu’elle se payait sa tête. C’était un peu le cas au demeurant, mais le brillant qu’il y avait dans ses yeux ferait démentir l’idée que son intention ne lui plaisait pas.
Elle s’autorisa un léger rire, ses mains se tendant alors pour attraper le gâteau qu'il avait apporté et sur lequel les bougies vacillèrent quand son souffle vint brièvement flatter leurs mèches qui ne s’éteignirent pas. Elle les soufflerait à l’intérieur, dans la seconde elle reporta ses yeux sur la silhouette de Ruben à qui elle fit avec taquinerie, ses yeux se fermant succinctement en même temps qu’elle semblait vivre une sorte de rêve délirant où l’éminent docteur Harfield venait lui souhaiter son anniversaire, torse nu sous un manteau de fourrure "J’ai tellement de questions à te poser que je sais même pas par laquelle commencer." fit-elle en laissant de nouveau un rire lui échapper, ses yeux retrouvant les siens quand elle les rouvrit, des petits plis au coin de ses paupières. Sans plus d’hésitation que ça, elle se décala d’un pas pour qu’il entre à l’intérieur, et après s’être s’assurée que ses voisins n’avaient pas passé la tête par la fenêtre, elle referma derrière elle en maniant ses hanches de façon à ne pas lâcher le gâteau qu’elle tenait toujours entre ses mains. Ce n’était pas lui qui avait l’exclusivité de son attention puisque de lui-même son regard détailla plus longuement la silhouette de Ben pour lui demander tandis qu’elle restait appuyée contre le battant de sa porte d’entrée, ses traits éclairés par les bougies qui lui réchauffait le visage, et elle devait l’admettre, son coeur battant le tambour dans sa poitrine "Est-ce que tu mènes une double vie pour avoir ce genre de fringues dans ton dressing ou t’as fait du shopping pour exprès l’occasion ?"

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Oh, ce n’était pas la main portée devant ses lèvres qui réussirait à cacher le sourire que Mavis ne saurait réfréner, alors qu’elle posait enfin son regard sur celui qui l’importunait de l’autre côté de sa porte d’entrée aujourd’hui. Et si Ruben fut apte à desceller le trait d’amusement sur les traits de son visage, il fut également tout à fait à même de voir qu’une fine, mais bien présente lueur s’était mise à briller dans le regard de la jeune femme dès l’instant où elle l’avait, gâteau et tenue complétant parfaitement le tableau. Ce n’était peut-être pas grand chose, mais c’était toujours plus que bien de ce qu’il avait pu obtenir de sa part ces dernières semaines - ce qui voulait dire qu’il avait réussi son coup, qu’importe ce qui se passerait par la suite. Avançant le gâteau qu’il tenait toujours à bout de bras, il le déposa entre les mains de la blonde alors qu’elle laissait échapper un petit rire. Il leva les yeux au ciel par habitude plus que par conviction, ne sachant retenir un rictus amusé de son côté également. « J’ai tellement de questions à te poser que je sais même pas par laquelle commencer. » Son regard se raccrochant de nouveau à celui de Mavis, le sourire qu’il esquissait désormais était un peu plus attendri - il mettait de côté une bonne partie de ses principes et différentes sautes d’humeur accordées pour le restant de la journée. « J’ai presque hâte d’y répondre. » Presque, voyons - il était surtout curieux de voir vers où la curiosité de la blonde s’en allait en cet instant.

Elle fit un pas de côté pour le laisser entrer, il la laissa mener la danse pour le moment. Oh, il fit le petit coup d’oeil dans le couloir. « Y’a personne, t’en fais pas, j’ai déjà vérifié. » Parce-que si l’un d’eux en venait à voir le docteur Hartfield sur le palier de la future docteur Barnes, ce n’était pas tant étrange que cela - en revanche, si une paire d’yeux un peu trop curieuse le voyait accoutré de la sorte, pour sur de rumeurs allaient se mettre en marche et ce n’était pas dans leur intérêt, cela ne l’avait jamais été. Finalement, quelques pas plus tard, ce fut dans un demi-tour qui fit quelque peu virevolter son manteau de fourrure qu’il posa ses mains sur ses hanches. Il attendait les questions, bien sur, il savait qu’elle ne mettrait pas longtemps avant de les laisser se faire entendre - il eut une fois de plus raison. « Est-ce que tu mènes une double vie pour avoir ce genre de fringues dans ton dressing ou t’as fait du shopping pour exprès l’occasion ? » Il appréciait particulièrement la lueur taquine que la lumière des bougies donnait à son visage en cet instant. Il fronça le bout du nez, hésitant un instant avec de répondre; à ses yeux, il y avait une bonne et une mauvaise réponse malgré tout à la question de Mavis, et pourtant aucune des deux à disposition lui semblait pour lui être la bonne. « Je pourrais te mentir, mais c’est pas dans mes habitudes. » Pas quand il s’agissait de Barnes devant lui, surtout: il n’avait pas besoin de mentir avec elle, de toutes façons elle arrivait à voir à travers lui bien plus facilement que pouvaient le faire d’autres. « Et je sais d’avance que qu’importe ma réponse, tu vas te moquer de moi. » Il affirmait ça avec un sourire amusé, cependant - pour une fois, il n’existait pas de reproche dans sa voix. « J’ai ce genre de fringues dans mon dressing. »

« Mais ! » Ben n’avait même pas attendu qu’elle ait le temps de prononcer la moindre parole qu’il l’avait lui reprise, souhaitant justifier l’affirmation qu’il venait de lui donner sur un plateau avant toute chose. « Pour ma défense, d’habitude j’accorde pas ces pièces là ensemble. » Le short rose pailleté était parfait pour les barbecues entre copains l’été sur la plage, tout seul ou avec une petite chemise. Le manteau de fourrure… Il ne l’avait, à son souvenir, jamais porté en Australie en réalité; ce n’était pas véritablement de saison, ni à la mode dans le coin. « Et d’habitude, tu me vois plus avec ma blouse ou les polos du dimanche pour bien présenter. » Parce-que ce n’était pas non plus le type de pièces qu’il allait porter sans gêne aucune devant les parents de Mavis, bien qu’il connaisse ces derniers depuis des années désormais et qu’il y avait de fortes chances que ça fasse rire un minimum Leon de le voir fagoté de la sorte. Finalement, se désignant lui-même de la tête aux pieds dans un geste traient en longueur, il étira son plus beau sourire pour pub de dentifrice lorsque son regard accrocha celui de la jeune femme l’instant suivant. « Je me suis dit en revanche que c’était une super tenue pour aujourd’hui. » Un côté festif émanait des morceaux choisis, et puis il savait d’avance qu’il avait visé juste: un sourire s’était accroché aux lèvres de Mavis et une nouvelle lueur avait été perçue dans son regard. « Et si t’aimes pas ma tenue, t’es obligée de mentir de toutes façons: j’accepte que les compliments. » Ben savait la blonde au minimum assez joueuse pour entrer dans ce petit jeu monté de toutes pièces, sur le tas, par le brun - qui fit quelques pas en avant, s’approchant d’elle, se penchant quelque peu sur le côté en évitant d’approcher de trop près la moindre fibre de son manteau des bougies toujours dansantes sur le gâteau pour s’arrêter à quelques centimètres de la joue de Mavis et murmurer les mots suivants. « Je l’ai déjà dit, mais joyeux anniversaire Mav. » Il termina d’annihiler la distance entre eux pour déposer un doux baiser sensuel sur sa joue, ne laissant jamais trop de côté le jeu qu’ils maintenaient vivant depuis des mois et des mois en parallèle désormais.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/thaygifs)

Mavis avait l’habitude de penser que Ruben Hartfield était plein de surprises. Souvent, elles étaient mauvaises. Ce n’était pas de la déloyauté de le concevoir comme ça puisqu’il fallait le côtoyer d’assez près pour savoir que son génie n’avait d’égal que son caractère de cochon, et ça même s’il tenait tant à sauver les apparences en se montrant à son avantage, tête d’ampoule au parcours impeccable qui savait charmer un auditoire grâce à son bagou et son charisme. Il restait un calculateur qui n’avait pas son pareil pour rappeler à la face du monde qu’il avait beau être humain, il était le meilleur de tous. C’était sans doute pour ça que les bonnes surprises qu’elle découvrait au fur et à mesure de leur idylle — à défaut de pouvoir appeler ça une histoire considérant le statut officiel du docteur —, elles étaient à la hauteur de l’ambition qu’il démontrait en tant que jeune homme béni des dieux. Il ne connaissait pas la demi-mesure. Ça lui plaisait, ce côté de Ruben, même si elle tachait de ne pas en avoir l’air et de ne pas trop s’habituer à sa gentillesse, elle devait toutefois admettre que quand il la démontrait à son encontre, ça la touchait assez fort pour qu’elle se dise que dans d’autres circonstances, dans un autre univers, elle ne serait pas qu’une option qu’il consulterait de temps à autre, quand il ne savait pas dans quel lit dormir.
Inutile d’être maussade à ce sujet, Mavis ne l’était jamais de toute façon. Le pacte était clair entre eux, il n’avait pas vocation à changer. Mais tout de même, cette attention était particulière pour elle aujourd’hui, et si elle mettrait la lueur des bougies en faute pour justifier ce qui brillait dans le fond de ses yeux, elle n’était pas sans réfuter l’éventualité que dans son coeur, ça lui faisait du bien qu’il se soit déplacé dans cet accoutrement qui la fit rire, même après qu’il soit entré dans son duplex.

Tachant de garder son sérieux lorsqu’il l’accusa de moquerie qu’importerait bien la réponse à sa question, elle serra les lèvres en mimant la déférence pour lui assurer sans ciller, princesse parfaite qui dodelinait quand on le lui demandait tout en n’en pensant pas un traitre mot "Je me moque pas, je te jure." Elle ne se moquait pas maintenant, elle ne s’était pas moquée lorsqu’il avait fait des fautes de syntaxe en lui envoyant des messages lors du mariage du frère de Nina, Mavis était une blanche-colombe qui éclata pourtant de nouveau de rire en apprenant que ce Ben portait sur le dos faisait partie de sa collection personnelle "Et pourquoi t’as ce genre de fringues dans ton dressing ?" Que connaissait-elle vraiment du docteur ? Elle adorait prétendre savoir beaucoup de choses à son sujet, mais elle savait aussi que d’une certaine manière, ils se ressemblaient un peu trop pour ne pas avoir très vite capté qu’une fois sur deux, il préférait lui donner une image de lui qui collait à celle qu’il voulait se donner par orgueil. Le reste du temps, elle creusait grâce à sa perspicacité, trop consciente de ses vices pour ne pas ignorer que s’il cachait sa liaison à sa fiancée, il pouvait tout aussi bien cacher des tas de choses à sa maîtresse.
Se laissant un instant happer par les bougies qui scintillaient sous son nez, Mavis eut un sourire absent à la suite des paroles de Ben "D’habitude, tu prends pas la peine de me souhaiter mon anniversaire non plus." lui fit-elle remarquer sans amertume, mais en se demandant juste le temps de quelques secondes s’il n’avait pas parlé à son père pour vouloir marquer le coup cette année. C’était une possibilité qui lui effleura l’esprit lorsqu’elle constata que le gâteau qui lui avait amené était son préféré, et que faute d’avoir ce genre de conversation, c’était bien un détail qu’aurait pu laisser échapper Leon en présence de son poulain "T’as parlé à mon père ?" La question lui échappa sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi elle la lui posait, et comme si ça lui avait effectivement échappé, ce qui était le cas, elle se rattrapa bien vite pour que la malice vienne brièvement voiler son regard — mais la sauce ne prenait pas tellement aujourd’hui, elle espérait simplement que Ruben soit un peu délicat pour éviter de le lui reprocher. Rentrant dans son jeu sans rechigner néanmoins, prenant sa mise en garde anti-critique avec le plus de sérieux possible, elle lui rétorqua "Si j’ai une note à t’attribuer, tu frôles facile le 15/10." Pour marquer l’emphase sur son affirmation, elle opina du chef avant d’ajouter, ses yeux se plissant en balayant sa silhouette de haut en bas "Je donnerais tout ce que tu veux pour pouvoir essayer ce petit short à paillettes." Ou pas. Mais c’était une belle porte de sortie à envisager alors qu’elle se décollait de la sienne, de porte, pour marcher quelques pas à peine en direction de Ruben qui se retrouva à sa proximité en faisant la même chose.

Le laissant déposer un baiser sur sa joue, elle se surprit à fermer un instant les yeux en sentant le contact de ses lèvres contre sa peau. Lorsqu’elle les rouvrit, elle lui accorda un regard en coin à cause de la position dans laquelle il se trouvait, et se rendit compte que sa gorge était un peu serrée en se disant que oui, il lui manquait tout de même un peu. Pour autant, elle ne lui dit pas merci, elle préféra lui demander, remontant un peu le gâteau devant leur nez respectif en même temps qu’elle battait des cils "Tu veux m’aider à les souffler ?" Elle n’attendit pas sa réponse, se dirigeant dans ses grosses chaussettes épaisses jusqu’au coin cuisine de son duplex que ses camarades de fac lui enviaient sans que ça ne la dérange plus que ça, consciente de sa chance et de la position de privilégiée qui allait de paire avec le nom qu’elle portait.
Déposant le gâteau sur le comptoir du petit déjeuner, elle laissa Ben se placer où il le voulait. Se penchant d’un côté, ses mains recouvertes par les manches trop grandes de son sweat, elles retinrent ses joues qui s’écrasèrent sous ses paumes  molletonnées quand après un instant d’observation du bout rougeoyant des bougies, elle fit au jeune homme "Je fais jamais de voeu, c’est bizarre non ?" Ça ne l’était pas, et il comprendrait vite pourquoi puisqu’elle ajouta  dans le même temps "C’était Marion qui les faisait. Mes parents nous organisaient jamais de fête séparée, jamais de gâteau pour chacune d’entre nous, on partageait vraiment tout." Une erreur à son humble avis. La balance avait été rééquilibrée depuis, c’était un lot de consolation comme un autre "C’était elle qui soufflait, elle qui faisait un voeu. J’ai jamais réussi à en faire après…" Après. Elle n’en dit pas plus, laissant sa phrase en suspens comme son attention resta un instant obnubilée par l’éclat des bougies qui commençaient à diminuer sous la fonte de la cire qui donnait une allure pittoresque à l’ensemble. Se reprenant dans un sursaut soudain, Mavis reposa ses yeux humides sur Ruben, et lui demanda en même temps, un léger sourire fendant l’expression chagrine de son visage "Prêt ? À trois."

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« Je me moque pas, je te jure. » Plissant les yeux, il secoua quelque peu sa tête. Il savait pertinemment qu’elle se moquait de lui, qu’importe ce qu’elle pourrait en dire; mais contrairement à ce qui aurait pu être le cas d’autres jours, il n’était pas tant dérangé que cela par l’idée aujourd’hui. Même, cela l’amusait de la voir elle amusée - et c’était tout le but de la manœuvre, in fine. « Et pourquoi t’as ce genre de fringues dans ton dressing ? » Il leva les yeux au ciel de façon ostentatoire, appuyant la ou la nécessité ne se trouvait pas. « On est curieuse mademoiselle aujourd’hui. » Comme si c’était quelque-chose quoi le dérangeait: si ça avait été le cas, il ne se serait pas pointé accoutumé de la sorte, afin d’être sûr qu’elle ne pose pas ce type de questions justement.  Plissant une fois de plus le bout du nez, s’il avait été du genre à le faire il aurait eu les joues rouges en cet instant - il n’était cependant que trop peu facilement embarrassé, le garçon. « J’ai ce genre de fringues parce-que j’aime bien. » Un sourire forcé étiré sur les lèvres, les sourcils quelque peu remontés sur son front. « Et je suis quasiment sûr que tu t’attends pas à cette réponse, je me trompe ? »

« D’habitude, tu prends pas la peine de me souhaiter mon anniversaire non plus. » - « C'est vrai. C’est parce-que d’habitude je suis idiot. »

« T’as parlé à mon père ? » Cette question là était sortie après une longue contemplation du gâteau qu’elle tenait dans les mains, en revanche, et ne pouvait tromper; en réalité, ce n’était même pas Leon qui lui avait parlé du gâteau mais la mère de Mavis, que Ben avait croisé un soir en passant chez eux pour déposer des dossiers - il avait fini par dîner sur place, et Anka avait lâché l’information entre le plat et le dessert.  Bien sûr qu’il avait noté précieusement. Il se dut faire une petite moue tout de même, car il avait à un moment effectivement parlé à son père. « Peut-être ? » Il ne savait pas s’il devait répondre ou non à cette question, mais il se dit par défaut qu’il pouvait s’y risquer - sinon, elle n’aurait pas dû poser la question si elle ne voulait pas avoir la réponse. « J’ai peut être été le voir en trouvant ça étrange que ce soit lui de garde aujourd’hui, alors que je pensais que vous faisiez quelque-chose en famille. » Il avait failli dire tous ensemble plutôt que en famille, mais il était bien placé pour savoir que ce n’était pas une formulation qui était la bienvenue lorsqu’une famille s’était vue amputée d’un membre à un moment donné. Ben finit par hausser les épaules, comme pour montrer qu’il n’y avait pas non plus besoin d’en faire tout un foin: initialement, il ne s’agissait vraiment juste que de l’étonnement de sa part; après bien sûr, lorsqu’il avait appris que c’était par peine que Mavis s’isolait aujourd’hui et repoussait ses proches, Ruben étant lui-même il n’avait pas su ne pas mettre son nez dans des affaires qui ne le regardaient pas.

« Si j’ai une note à t’attribuer, tu frôles facile le 15/10. » Il ajouta un petit sifflement admirateur. « Je donnerais tout ce que tu veux pour pouvoir essayer ce petit short à paillettes. » Bien sur que le sourire étant autant amusé qu’aguicheur en cet instant, alors qu’il regardait presque à travers ses cils la jeune femme. « Ça peut se négocier, mais faut d’abord que tu sois sage pour ça. » Sage comment ? Et par rapport à quoi ? Comme si de toutes façons, Mavis et sage pouvaient aller ensemble.

Ruben ne recula qu’à peine après avoir déposé un baiser sur sa joue et lui avoir souhaité joyeux anniversaire au creux de l’oreille. Depuis quand n’avait-il pas eu le droit - plutôt que l’opportunité, il n’était pas idiot à ce point là - à une telle proximité ? Ce n’était pas lui qui allait rompre cette dernière, alors il attendit qu’elle le fasse; il savait que cela ne serait pas long. « Tu veux m’aider à les souffler ? » Déjà, elle se dérobait à son champ de vision proche - et un fin sourire étirait ses lèvres lorsqu’elle fut dans son dos. « Oui, allons-y. » Elle lui avait laissé le choix, mais en réalité il avait prévu de se plier à toutes les suggestions et les demandes qu’elle formulerait aujourd’hui - même le coup du short, il savait d’avance qu’il céderait. Tournant les talons, Ben rejoignit la jeune femme à hauteur du comptoir; il se plaça au côté opposé de Mavis, croisant à même la surface lisse ses bras. Son menton se posa sur son avant-bras, alors qu’il observait la blonde à travers la lumière des bougies. Il attendait les instructions, les ordres, qu’importe la forme que prendrait ses paroles.

Il ne s’était pas attendu à ça, en réalité. « Je fais jamais de voeu, c’est bizarre non ? » Même s’il agissait trop souvent comme un idiot, Ruben n’en était pas vraiment un; si bien qu’il savait parfaitement en réalité quand il devait y aller de son petit commentaire ou quand, au contraire, fermer son clapet. La seconde solution était la bonne là. « C’était Marion qui les faisait. Mes parents nous organisaient jamais de fête séparée, jamais de gâteau pour chacune d’entre nous, on partageait vraiment tout. » Il pinça légèrement les lèvres, mais peut-être ne pouvait-elle pas le voir avec les bougies et les souvenirs s’imposant avec ces dernières. Mavis ne parlait jamais de Marion; pas que c’était un sujet hors limite, loin de là, simplement ce n’était pas un sujet qu’elle abordait. L’autre Barnes tombait dans les conversations parce-que certaines de ce dernières se trouvaient être propices à ce que cela arrive, mais ce n’était jamais de la volonté de Mavis. Et s’il se trouvait déjà bien silencieux, bien sûr que cette différence assagit d’autant plus Ben en cet instant. « C’était elle qui soufflait, elle qui faisait un voeu. J’ai jamais réussi à en faire après… » Après, cela suffisait. Surtout avec le regard qu’elle lui jeta, après quelques instants de silence. Aucune explication supplémentaire n’avait besoin d’être ajoutée, de toutes façons il connaissait l’histoire. Une fois de plus, ce qui troublait le jeune chirurgien en cet instant, ce n’était pas ce qui se cachait derrière les non-dits, mais plutôt que ces derniers aient de telles répercutions chez Mavis; lui qu’il l’avait vu si solide jusque maintenant avant l’impression de voir une fêlure sur son masque qu’il n’avait pas connu jusque maintenant. « Prêt ? À trois. » Une seconde: là fut tout le laps de temps qu’il lui fallut pour revenir à lui, reprendre la parole, se remettre en fonctionnement avec les éléments qu’il avait entre les mains et dont il ne savait que faire pour le moment; pour relever son menton de son bras également, reprendre un peu de hauteur, se réajuster correctement. « A trois. Un, deux, trois. » Il ne fallut qu’un instant pour que l’espace entre eux deux, au dessus du gâteau, ne devienne qu’un écran de fumée temporaire.

Ce que Mavis ne savait pas, et peut-être ne le formulerait-il jamais à haute voix, c’était que si Marion n’était pas là pour faire un vœux avec elle autant que pour elle, Ben s’en était chargé cette année. En silence, laissant le souhait résonner uniquement dans l’espace de son esprit, pour ne pas imposer quelque-chose qu’elle n’aurait pas désiré entendre. Elle n’avait plus sa jumelle pour espérer à sa place, mais elle ne lui avait pas demandé de se glisser à la place vacante. Il souhaitait juste que ce soit la dernière année qu’elle se sente restreinte par la position qu’elle occupait - celle de la survivante, de celle qui restait autant en arrière que sur place. Ruben connaissait dans les grandes lignes les ressentis qui pouvaient s’y associer, ce n’était pas toujours autant plaisant que la fonction l’aurait laissé deviner initialement.

Lorsque la fumée fut presque totalement dissipée entre eux, et sans jamais lâcher le regard de Mavis, Ruben fit le tour du comptoir afin d’arriver jusque sa hauteur. Retenant un petit soupire, il étira cependant une petite moue avant de rendre délicatement une main en direction de la blonde. Si elle le souhaitait, elle pouvait la saisir et il l’attirerait à lui pour la laisser se glisser dans ses bras; si ce n’était pas quelque-chose dont elle avait besoin en cet instant, il ne s’en formaliserait pas pour autant. « Elle peut te manquer, tu sais. Surtout sur un jour comme aujourd’hui. » Sa voix était calme et douce, son regard à l’image de cette dernière. Il n’était pas sans savoir que c’était là ce qui empêchait Mavis de savourer ce jour comme toute autre personne aurait pu avoir envie de le faire le jour de son anniversaire. « Les autres jours aussi, ceci-dit. Mais je sais qu’aujourd’hui aura toujours un goût particulier pour toi. » Ou à défaut de parfaitement comprendre, il pouvait au moins envisager ce que cela pouvait être, d’avoir été considérée toute sa vie comme la moitié d’un tout et voir ce double s’effacer sans préavis du jour au lendemain. « Tu lui en veux, de t’avoir laissé seule ? » De l’avoir laissé gérer le reste de leur vie, là où Marion avait été l’objet principalement mis sous le feu des projecteurs avant de faire une sortie de scène dramatique.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/thaygifs)

"Je suis toujours curieuse quand ça te concerne." C’était un aveu fait avec malice, seulement ça partait d’une vérité immuable dont il ne fallait pas qu’il doute un seul instant. Grâce à son ego, il saurait chérir mieux que quiconque cette déclaration qui passa vite à la trappe ceci dit, Mavis plissant davantage les paupières en l’entendant admettre à son tour que c’était son truc, ce genre de tenue. Evidemment qu’elle ne s’attendait pas à ça, mais il ne pouvait pas s’en étonner quand elle avait davantage l’occasion de le voir en costume bien coupé qu’en short en paillettes et manteau de fourrure sans rien dessous. Elle évita cependant de paraître trop ébahie par cette confession, gardant le contrôle de ses émotions dans l’immédiat. Ses yeux scannèrent sa silhouette dans le même temps parce que quand même, il n’était pas venu pour qu’elle ne se rince pas un peu l’oeil non plus, et elle préféra continuer à s’amuser de la situation, consciente dans le fond que le moment de battement qu’il y avait eu ces derniers temps dans leur idylle était la cause primaire du sentiment qu’elle avait de marcher sur des oeufs "Et t’as préféré devenir médecin alors que je sais pas, rockstar, ça aurait mieux convenu à tes goûts vestimentaires ?" Pour lui montrer qu’elle le taquinait, elle lui donna une grimace juste après.

Qui disparut rapidement lorsqu’il admit être un idiot "C’est la première fois que je t’entends le dire." Elle ne continua pas sa phrase, mais elle pensait que c’était vrai bien sûr, qu’il n’était qu’un idiot. Elle n’était franchement pas maline non plus parfois, une affirmation qu’elle préféra ne pas partager tout haut non plus, apprenant suite à sa question qu'il avait en effet vu son père. Ça la fit prendre une légère inspiration lorsqu’il souligna la garde qu'il avait prise pour cette journée alors qu’il aurait été plus approprié de se reposer pour fêter la naissance de sa fille — de ses filles "J’avais pas envie d’être avec eux aujourd’hui." fit-elle seulement, ses yeux observant les bougies sans discontinuer avant d’ajouter "C’est plus tellement mon anniversaire depuis dix ans tu sais. C’est juste devenu le jour qui leur rappelle que je suis pas arrivée seule, et c’est pas toujours facile à supporter." Sauf qu’elle pouvait s’en prendre qu’à elle-même, elle aurait peut-être dû mieux préparer son plan au lieu d’omettre que le deuil, c’était un putain de cancer qui pourrissait tout sur son passage. Le semblant de fragilité qu’elle laissa poindre à ce moment-là, elle le ravala aussitôt pour se réinsérer dans leur taquinerie avant de lui proposer de l’aider à souffler ses bougies.

Mais elle devait avoir besoin de parler aujourd’hui. C’était curieux de se confier un peu, encore que c’était relatif sur le moment, ne partant là encore que d’une vérité qu’elle lui donna avant de s’affairer à éteindre les bougies à l’unisson avec Ben qui n’hésita pas un moment à accéder à sa requête. Ça la fit sourire pour de vrai, et ressentir une affection pour lui qui la bouleversa davantage que les mots qu’elle échangeait avec lui à ce moment-là. Ce n’était pas son anniversaire au jeune homme, pourtant en le regardant de son côté du comptoir, elle se demanda quel genre de voeu Ruben Hartfield pouvait bien faire quand c’était le cas ; il avait tout, de quoi pouvait-il bien avoir besoin, de quoi pouvait-il bien avoir envie ? Que tout continue de cette façon, que la vie continue à être clémente avec lui ? Qu’il puisse convoiter le beurre, l’argent du beurre, les miches de la crémière et celles de ses clientes ? Elle pinça les lèvres, affirmant son regard par-delà l’écran de fumée qui se dressa entre eux quand ils eurent soufflé les bougies.
Son menton dans sa main, son regard se perdit sur le visage du docteur qu’elle vit remuer pour la rejoindre. Sa réaction fût immédiate, comme une danse qu’elle avait apprise pour ne jamais l’oublier, et elle se décolla du comptoir pour se tourner vers lui. Appuyant ses reins tout contre lorsqu’il se plaça près d’elle, elle le suivit d'un regard levé dans sa direction en se laissant un instant happer par l’éventualité que ça lui faisait du bien qu’il soit ici, à ne pas la juger d’être un peu triste quand elle n'avait aucune vraie raison de l’être, ses sentiments étant trop alambiqués pour qu’elle ne puisse admettre qu’elle avait mal au fond d’elle de continuer à vivre sans sa moitié naturelle.

Acceptant ses bras sans plus de cérémonie, elle passa les siens autour de son cou pour l’entendre la rassurer "C’est le jour des premières. Je crois que c’est la première fois que t’essaies de me réconforter." lui fit-elle dans un sourire, frottant son visage avec la paume de sa main lorsqu’elle se rendit compte qu’il avait des paillettes sur la joue ; une tache sur laquelle elle se concentra pour ne pas être obligée de dire quoi que ce soit, avant de reposer sa main sur sa nuque, et d’attendre une poignée de secondes, ses yeux dans les siens "Tu promets que tu jugeras pas si je te dis quelque chose ?" Elle murmurait presque, redoutant que les murs de son chez elle laissent traîner leurs oreilles "C’est pas parce qu’elle me manque que je suis triste." Peut-être qu’il la trouverait horrible, et ce davantage avec ce qu’elle ajouta ensuite "C’est juste que j’essaye d’imaginer comment aurait été ma vie si elle avait été là. Je sais que ça aurait été très différent, elle prenait beaucoup de place, et crois-le ou non, j’avais pas toujours le courage de lui rappeler que j’avais aussi le droit de trouver la mienne." Elle eut un léger sourire qui disparut aussi vite quand elle lui avoua "Je me dis parfois qu’elle soit plus là, c’était ma seule chance de réussir à me faire remarquer." Et les faits prouvaient qu’elle avait raison.
Ses mains jouant l’alternance entre la nuque de Ben et sa mâchoire, elle approcha son visage du sien et s’y reposa en ne voulant pas lire quoi que ce soit dans l’expression du jeune homme qui lui aurait fait regretter d’être aussi franche. Son nez marqua un moment d’arrêt dans le creux du sien avant qu’elle ne lui dise "Je peux pas tellement lui en vouloir, c’est pas vraiment sa faute au fond." C’est la mienne, et je regrette rien aurait-elle pu ajouter tant qu’elle y était. Mais elle ne le fit pas, préférant se reculer d’un léger mouvement de tête sans pour autant lâcher Ben, et lui dire après un long regard et une caresse indolente dont elle le gratifia en posant sa main sur sa poitrine "C’est peut-être l’effet du short à paillettes, mais tu veux que je te dise un secret ?" Elle n’attendit pas tellement sa réponse, s’inclinant de nouveau vers lui pour que sa bouche entre en contact avec la sienne, et ça après des semaines et des semaines, trop occupés à se tirer dans les pattes pour penser un seul instant à s’arrêter pour au moins s’embrasser. Elle le fit là, sans donner l’impression que c’était une corvée, y mettant une fougue certaine que la pression de ses doigts sur sa poitrine, sur sa nuque aussi, rendit plus évidente encore, même quand elle rompit leur baiser pour enfin terminer sa phrase, et le lui chuchoter son secret "Je suis trop contente que tu sois venu, tu m’as manqué."

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@mavis barnes

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***
« Je suis toujours curieuse quand ça te concerne. » Bien sur que le sourcil qu’il haussa en cet instant fut flatté bien plus qu’étonné, en entendant les mots de la jeune femme. « Je croyais que c’était ton anniversaire, pas le mien. » Parce-qu’un tel compliment - à ses yeux, c’en était un -, une telle flatterie ressemblait plus à quelque-chose que Mavis lui offrait, là où le calendrier indiquait clairement que l’inverse était supposé être le cas pour aujourd’hui. Mais bien sur qu’il prenait tout de même, Ben, parce-que cela faisait du bien à son égo d’entendre de tels mots de la part de la jeune femme à son égard, là où ils s’étaient évités pendant de longues semaines et qu’il avait l’impression de ne pas l’avoir vu pendant plus longtemps; elle avait, qui plus était, cette façon de le remettre à sa place tout en encensant son égo comme personne d’autre qui allait vite revenir à abuser de substances aux yeux de Ben en continuant sur un tel chemin. « Et t’as préféré devenir médecin alors que je sais pas, rockstar, ça aurait mieux convenu à tes goûts vestimentaires ? » A elle, il ne fit pas l’affront de se perdre en arguties comme il l’aurait fait avec n'importe qui d’autre, et ne releva pas qu’il était chirurgien surtout plus que simplement médecin. « Comment les gens auraient deviné que je suis un génie si j’étais devenu rockstar ? » Il esquissa un petit sourire en coin: bien sur que cette autre carrière lui aurait été comme un gant, mais il était en réalité on ne pouvait plus sérieux lorsqu’il évoquait vouloir montrer au reste du monde qu’il avait des capacités intellectuelles au moins plus élevées que la moyenne. « Je bosse pas pour exposer mon image. » C’était le rôle de Rhett, ça, que de faire le beau-gosse devant les caméras.

« C’est la première fois que je t’entends le dire. » Qu'il était idiot. « Profites en, je l’admettrais pas tous les jours. » Parce-que c’était là une vérité applicable à peu de situations, qui plus était.

« J’avais pas envie d’être avec eux aujourd’hui. C’est plus tellement mon anniversaire depuis dix ans tu sais. C’est juste devenu le jour qui leur rappelle que je suis pas arrivée seule, et c’est pas toujours facile à supporter. » Toujours en l’observant depuis l’autre côté du comptoir, la lumière des bougies en guise de voile permettant peut-être de se permettre quelques vérités qui n’auraient pas été de mises ou pas dévoilées autrement, il fit une petite moue. « T’as pas à te justifier, tu sais. » Il disait ça avec douceur, mais surtout avec beaucoup de sincérité. Elle avait surement bien des raisons pour ne pas avoir envie d’être aves ses parents aujourd’hui, toutes entendables parce-qu’elles ne la concernaient que elle - et ce n’était surement pas à lui qu’elle devait justifier quoi que ce soit. Mais il entendait, qu’elle ne soit pas à l’aise dans ce type d’environnement et qu’elle ait envie de s’écarter de tout ça sur un jour qui aurait du être une célébration pour elle aussi - pour elle surtout désormais. La lumière des bougies fut rapidement remplacée par la fumée produite par le feu éteint sur ces dernières, laissant planer un silence entre les deux amants.

Il ne fallut qu’un seul instant à Mavis pour accepter la main tendue qu’il lui donnait, pour venir contre lui, se réfugier dans ses bras qu’il passa avec délicatesse autour de sa taille. Le premier réflexe de Ruben fut à la suite de déposer un baiser sur sa tempe, comme il l’aurait fait si tout ce comportement entre eux était normal, attendu, légitime. « C’est le jour des premières. Je crois que c’est la première fois que t’essaies de me réconforter. » La laissant s’occuper de ce qui pouvait bien la déranger sur sa joue, il esquissa un petit sourire. « C’est la première fois que tu me permets de le faire. » D’ordinaire, elle ne savait se montrer affaibli devant lui, ne savait se laisser aller à autre chose qu’un parfait contrôle de ce qui se passait autour et pour eux. Ce n’était même pas un reproche, pour une fois, mais véritablement une constatation: ils avaient beau passer pas mal de temps ensemble, de plus en plus ces derniers mois - même si ces derniers étaient assez régulièrement entrecoupés de périodes d’éloignement -, ce n’était pas pour autant qu’aucun des deux ne se permettait de montrer là où se trouvait ses faiblesses, les points qui pouvait le faire montrer sensible ou touché par quelque-chose. Ils préféraient tous deux redresser les épaules, inspirer un bon coup et se dire qu’en se renfermant, ils arriveraient mieux à gérer ce qui pouvait leur arriver. « Tu promets que tu jugeras pas si je te dis quelque chose ? » Les yeux dans les yeux, ses sourcils se plissant une fraction de seconde par réflexe à réfléchir trop vite, trop d’avance à ce qu’elle pourrait dire, il hocha de façon minimale la tête. « Promis. » Son ton se claquait sur le sien. « C’est pas parce qu’elle me manque que je suis triste. C’est juste que j’essaye d’imaginer comment aurait été ma vie si elle avait été là. Je sais que ça aurait été très différent, elle prenait beaucoup de place, et crois-le ou non, j’avais pas toujours le courage de lui rappeler que j’avais aussi le droit de trouver la mienne. » Au léger sourire qui agrémenta les lèvres de Mavis, le pouce de Ben se mit à frotter son dos avec délicatesse sans même s’en apercevoir. Pour lui, son frère lui manquait plus que n’importe qui d’autre surement dans ce monde parce-que les circonstances qui entouraient leur relation n’avaient jamais pu à voir avec celles de la jeune femme et de sa soeur. Il ne pouvait comprendre ce qu’elle ressentait, mais il pouvait imaginer en revanche ce à quoi un quotidien où l’on devenait l’ombre plutôt que la lumière pouvait ressembler. « Je me dis parfois qu’elle soit plus là, c’était ma seule chance de réussir à me faire remarquer. » Il se retint de lui faire remarquer qu’à ses yeux, il était impossible qu’elle ne puisse pas se faire remarquer d’une façon ou d’une autre. « T’as pourtant beaucoup plus pour toi. » Que de simplement se contenter de la place que Marion avait fini par lui laisser, en fin de compte; pas de la façon dont aucune des jeunes femmes avait pu anticiper - quoi que… -, mais c’était parce-que l’une avait finalement laissé de la place à l’autre qu’une étoile avait pu briller plus fort. « T’aurais appris en grandissant à te faire ta propre place. » Ben était on ne pouvait plus loin d’imaginer que c’était justement ce qu’elle avait fait, dix ans plus tôt: elle avait saisi l’occasion de se faire sa propre place au sein d’une famille qui avait d’yeux pour l’autre tête blonde partageant un anniversaire avec Mavis.

Le visage de Mavis trouva une place contre le sien, là où il ne pouvait plus voir son regard et où il préférait de toutes façons laisser ses lèvres effleurer la peau de la blonde lorsqu’elle déplaçait son minois tout proche comme ça. « Je peux pas tellement lui en vouloir, c’est pas vraiment sa faute au fond. » - « Mais elle t’a quand même laissée seule. Tu pourrais lui en vouloir de devoir assumer les conséquences de son départ sans elle. » Le deuil, c’était toujours quelque-chose d’étrange: comme si les défunts, surtout ceux partis en rien de leur plein gré, étaient les meilleurs responsables de leur propre malheur; comme si c’était eux qu’il fallait blâmer pour tout ce qui s’en venait après leur départ, alors qu’ils n’avaient initialement jamais demandé à en arriver à cette finalité là.

Finalement, la blonde recula quelque peu son visage, apposant sa main contre le torse de Ruben, lui tirant un petit sourire en coin. Si elle s’était montrée quelque peu vulnérable à aborder le sujet de sa soeur là où elle ne le faisait pas d’ordinaire, il voyait bien dans son regard que quelque-chose avait changé en cet instant et qu’elle s’apprêtait à changer de sujet. Ce n’était pas lui qui l’empêcherait d’agir de la sorte - en plus, c’était son anniversaire, elle avait donc techniquement tous les droits pour la journée. « Quoi ? » - « C’est peut-être l’effet du short à paillettes, mais tu veux que je te dise un secret ? » Il lui aurait bien répondu qu’il était tout ouïe, mais il n’eut le temps de ne rien rétorquer puisque la seconde suivante, les lèvres de Mavis prenaient place sur les siennes et déjà, Ben oubliait le sérieux de leur discuter la minute précédente. Soupirant lourdement alors que ses bras resserraient davantage Mavis contre lui, c’était du soulagement qu’il ressentait en cet instant. Pourquoi fallait-il, ces derniers temps, que tous les baisers qu’il recevait lui donnent l’impression de respirer de nouveau après été privé trop longtemps d’oxygène ? Et surtout: pourquoi cela arrivait-il avec des personnes qu’il n’était pas supposé embrasser ? Bien sur que cela arrivait plus souvent que de raison avec celle qu’il tenait dans ses bras - même si ces derniers temps, leurs contacts n’avaient été que très limités -, mais ce n’était pas pour autant que c’était là dans l’ordre naturel des choses avec cette blonde là. Et lorsqu’elle rompit leur baiser, bien sur que ce dernier avait un goût  de trop peu et qu’il avait presque déjà oublié qu’elle n’avait pas terminé d’expliquer son secret. « Je suis trop contente que tu sois venu, tu m’as manqué. » Ce fut d’un sourire et d’un petit rire soufflé par le nez qu’il laissa son visage glisser dans son cou, embrassant chaque parcelle de peau disponible sur son passage. « Tu m’as manqué aussi » Aller Ben, tu peux faire mieux. « Je suis content d’être venu. » C’était mieux; pas encore optimal mais il s’approchait du discours qu’il se devait de tenir en cet instant.

Toujours en gardant Mavis tout contre lui, l’emprise de ses bras autour de sa taille ne lui permettant pas de toutes façons de s’échapper présentement, Ruben posa son menton sur son épaule, pinçant des lèvres un instant, se maudissant d’hésiter celle qui suivit: ce n’était pas dans ses habitudes d’action d’être de la sorte. « Et je suis désolé. » Encore un peu plus, et il aurait enfin réussi à avoir un discours correct et complet de bout en bout. « D’avoir agi comme un connard. » Parce-que c’était exactement ce qu’il avait fait, et ce pourquoi Mavis l’avait envoyé voir ailleurs pendant tout ce temps - quelques semaines et encore, mais il avait eu l’impression que cela avait duré des années presque; dramatique quand il s’y mettait, petit garçon frustré de ne pas obtenir tout ce qu’il voulait. « J’aurais pas du m’interposer avec Danny-boy au festival. » Il n’y avait aucune situation où il pouvait se permettre d’agir de la sorte, mais la jalousie tapie au fond de lui avait eu raison de son bon sens et il n'avait su faire autrement que de montrer que son égo était blessé. Mais il le reconnaissait, au moins; avec un peu de retard, certes, mais il s’agissait de Ruben et admettre à haute voix qu’il se rendait compte que quelque-chose n’était pas normal, n’avait pas lieu d’être - et donc apparenter son comportement à une potentielle erreur -, c’était au deçà de ce dont il était normalement capable. Mavis pouvait se sentir chanceuse, oui.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/thaygifs)

"On peut être un génie tout en faisant de la musique, Ben. T’as jamais entendu parler de Mozart ?" Ou de Taylor Swift s’il fallait actualiser un peu les choses et faire dans l’exagération pour qu’il comprenne que l’intellect prenait des formes différentes. Un génie certes, il n’était pas moins fermé sur le monde, le docteur Hartfield. L’élite avait beau s’accrocher à l’idée que la discipline la plus noble restait la science sous toutes ses formes, il n’en restait qu’un maçon pouvait bien être un génie dans son domaine. Pour autant, Mavis n’imaginait absolument pas Ruben en maçon même si l’idée de le voir en salopette crasseuse aurait eu autant d’effet sur elle que de le voir en manteau de fourrure. Elle eut un sourire en l’entendant se défendre d’aimer être sous le feu des projecteurs "Le public sait pas ce qu’il rate, c’est tout ce que je dis." Et puis dans le fond, elle restait persuadée que l’ego du docteur étant ce qu’il était, si un jour où l’autre, les caméras venaient à être braquées sur lui pour une raison ou pour une autre, il saurait très bien s’en féliciter.

Elle ne le lui dit pas cependant, la conversation devenant plus sérieuse, le coeur de Mavis ayant besoin de s’alléger. Elle avait  aussi besoin de se justifier de la manière dont elle passait son anniversaire, même si Ben lui dit qu’elle n’y était pas forcée. Elle s’en sentait obligée, et elle le lui avoua en lui accordant un regard au travers de la fumée disparate des bougies qu’ils venaient de souffler "Si je le fais pas, tu vas me juger comme ils le font eux, et j’en ai pas envie." Eux sous-entendant ses parents. Difficile de savoir ce qu’ils pensaient vraiment d’elle. Mavis avait parfois le sentiment de n’être que le miroir de ce qu'ils avaient perdu. Elle voyait son père la regarder longtemps, analyser ses traits avec une tristesse qui la mettait mal à l’aise, sa mère lui caresser les cheveux en se demandant si Marion aurait été aussi belle, aussi difficile à lire aussi ; et ça lui suffisait comme argument pour échapper à tout ça. Il y avait certainement une part d’eux qui la trouvait ingrate également parce qu’ils lui avaient donné la vie dans le sens large du terme, qu’ils avaient toujours oeuvré pour elle et qu’en retour, elle refusait de leur laisser l’opportunité de profiter de l’image qu’elle reflétait : celle d’une autre qui leur manquait plus qu’elle ne lui manquait à elle. C’était étrange qu’elle ne veuille pas que Ruben la traite de cette manière, qu’il sache qu’elle avait des raisons valables de ne pas être dehors à profiter d’un bon repas avec eux, peut-être de cadeaux qu’ils auraient choisi en pensant que ça ferait plaisir à la fille disparue, croisant les doigts pour que ça plaise tout autant à celle qui leur restait. Mais elle était là, à lui donner des explications et à le remercier silencieusement qu’il lui dise qu’elle n’avait pas besoin de le faire.

Elle avait voulait être réconfortée, ça aussi c’était étrange. Elle n’eut pas le temps de quémander un peu d’affection de la part de Ben, il la rejoignit de l’autre côté du comptoir de sa cuisine pour la prendre dans ses bras, et ce contact lui fit autant de bien que s’ils s’étaient quittés la veille. Elle n’était pas particulièrement à l’aise cependant parce qu’il disait vrai : elle n’était pas ceux à se montrer vulnérable Mavis, mais sur le moment elle savait qu’elle démontrait qu’une partie d’elle n’était pas qu’une tête blonde formatée pour servir, apprendre et briller. Que Ben ne rechigne pas à le comprendre et à l’accepter, ça rassura une partie d’elle qui se sentit en confiance et qui révéla le fond d’une pensée controversée ; celle qu’elle n’avait partagé qu’avec Daniel jusqu’à maintenant. Sa soeur ne lui manquait pas comme on serait en droit de l’attendre d’une soeur, surtout d’une jumelle. C’était plus égoïste que ça. Pelotonnée contre Ruben, Mavis réalise qu’il ne semblait pas s’en offusquer. Le soupir qu’elle relâcha entre deux de ses mots pour lui expliquer les choses calmement, sa voix murmurée comblant l’espace infime qui le séparait, il était aussi libérateur que la promesse qu’il lui fit de ne pas la juger.
"Pas quand elle est morte. Tout le monde l’a toujours préférée, j’ai toujours été celle qui marchait dans son ombre et qui avait la chance de lui ressembler. Même Dan ne voyait qu’elle." Ses mains glissant d’un endroit à un autre du visage de Ben, elle eut un léger rire en lui avouant, levant les yeux vers la plafonnier design de la cuisine, se sentant idiote de lui dire ce qu’elle apprêtait à lui dire, mais la vérité transparaissait dans le ton qu’elle employa en le faisant "Elle voulait faire du tennis professionnellement, elle allait être une grande joueuse, ça rendait tellement fiers mes parents de la voir se surpasser tout le temps. C’était une machine, tu l’aurais beaucoup aimé." Plus qu’elle ? Elle en était persuadée, c’était aussi inscrit dans les étoiles que la gloire qu’elle aurait accusé en devenant une joueuse de tennis qui compte. Mais là n’était pas le sujet "Quand j’ai compris que je réussirais jamais à autant attirer leur attention avec mes ambitions, j’ai décidé de m’intéresser à la médecine. Mais c’était des années après qu’elle soit partie, c’est comme ça que j’ai réussi à les obliger à se souvenir que j’étais là aussi." Fronçant le nez, elle reposa son regard sur Ruben sans affronter ses yeux pourtant, disant plus pour elle que pour lui "C’est pathétique en vrai, je m’acharne sur ce que je pourrais jamais réussir à contrôler. Même sans être là, elle est quand même là." Aujourd’hui, elle peinait toujours à trouver une vraie place, il n’y avait qu’à voir la façon dont ses parents la regardait et qui laissait défiler dans leurs yeux ce qu’ils imaginaient être la vie de leur fille disparue.

Il y avait des moments où elle comprenait que ce qu’elle avait fait n’avait servi à rien finalement, c’était aussi pour ça que cette journée était dure pour elle. Elle avait dépassé une limite, et pour quoi ? Pour essuyer les plâtres d’une décision qu’elle avait prise sur le coup de l’impulsion, agacée par l’autorité naturelle de sa soeur, poussée par l’envie d’enfin pouvoir garder le contrôle d’une vie qu’elle vivait en dilettante, peinant à trouver son propre chemin parce qu’elle lui bouchait la vue ? "Je suis mieux seule qu’avec elle." rétorqua-t-elle presque froidement lorsque Ben insista pour lui faire admettre qu’elle en voulait à sa soeur. Oui, elle lui en voulait pour un tas de choses, mais pas pour être partie au contraire : c’était la meilleure chose qu’elle avait faite, de ne jamais remonter à la surface, et de se faire bouffer par les créatures des tréfonds marins.
Cette pensée, elle ne pouvait pas la lui donner, et quand bien même elle se serra contre lui pour profiter de sa chaleur, et sentir les battements de son coeur sous ses doigts, elle se sentit vide de quelque chose qui lui donna envie de quelque chose en plus ; d’un baiser long et fougueux qui lui fit réaliser que la présence de Ruben était à peu près tout ce qu’elle pouvait tolérer aujourd’hui parce qu’il lui apportait quelque chose en plus qu’un regard triste et des condoléances.

Glissant ses mains sous les bords de sa fourrure, suivant les contours de ce qui formait ses muscles sous sa peau, elle posa ses paumes sur ses flancs, la tête levée vers lui, ses yeux suivant l’esquisse de ses lèvres après les avoir embrassées, son cou exposé qu’il ne mit pas longtemps à couvrir de baisers. Elle affermit le contact de sa main qu’elle remonta sur sa nuque pour qu’il ne s’arrête pas, mais le libéra pour qu’il reprenne son souffle et faire la même chose, l’entendant reprendre la parole.
"C’est vrai, ou tu me le dis juste parce que je te l’ai dit en premier ?" Qu’elle lui avait manqué aussi. Elle s’apprêtait à lui donner un nouveau baiser, mais il la prit de court avec ce qu'il ajouta avec une hésitation qu’elle décela. Les yeux de Mavis grossirent doucement, et feignant d’avoir le souffle coupé, elle s’amusa de ses excuses en fronçant le nez, et en lui rétorquant après un instant à papillonner des cils face à ce phénomène rare qu’était le regret émanant du docteur Hartfield "Miracle, il sait donc s’excuser." Déposant un très bref baiser sur ses lèvres avant de se hisser à hauteur du tabouret de bar qui était à côté d’eux, elle ne le lâcha pas pour autant. Séparant ses genoux, faisant remonter le tissu épais du sweat qu’elle portait sur elle sur ses cuisses dénudées, elle les coinça autour des hanches du jeune homme pour mieux écouter ce qu’il avait à ajouter, même si les traînées ardentes laissées par ses mains qui caressaient son abdomen la rendaient inapte à être totalement concentrée sur autre chose "J’aurais pas été aussi vulgaire, mais c’est vrai que t’as agi comme un connard." Inclinant la tête sur sa propre épaule, elle l’incita à se rapprocher encore un peu en resserrant l’étau sur ses hanches qui servaient d’encoche à ses genoux. Elle le fut un peu plus, concentrée, quand il mentionna Dan en l’appelant par un surnom qu’il détestait. Ça la fit sourire pourtant, et elle releva la tête, ses yeux marquant chaque angle du visage de Ruben avec un intérêt non-feint, ses paupières se plissant quand son regard rentra en contact avec le sien, ses mains remontant sous son manteau pour se poser sur ses épaules "Arrête de l’appeler comme ça. Tu sais même pas pourquoi tu le détestes, c’est un gars bien." Elle ne défendait la cause de Dan que pour une raison simple : elle tenait à lui, et elle voulait que le jeune homme le sache sans que ce soit nécessaire d’en faire un débat ou un sujet de dispute "Il est important pour moi, il a toujours été là et il le sera toujours." Et quand elle disait toujours, c’était toujours : il était là le jour de la mort de Marion, il s’était occupé d’elle, il avait fait en sorte de retravailler la version qu’ils avaient donné aux autorités, il l’avait martelée sans cesse dans son esprit jusqu’à lui faire croire que ce qu’ils avaient décidé était vrai, que ça s’était passé de cette façon — qu’elle avait dérapé au bord de la jetée, que le vent l’avait déséquilibrée, qu’ils avaient essayé de la retenir, qu’elle était tombée, fin de l’histoire.
Se perdant juste un temps dans ses souvenirs, ses genoux devinrent un peu moins assurés autour de la taille de Ruben. Ses mains restèrent sur ses épaules un moment, et puis sa tête finit par se tourner pour jeter un oeil par-dessus sa propre épaule, là où ils avaient laissé le gâteau qu’il lui avait apporté "Tu restes pour l’entamer avec moi ?" finit-elle par lui demander après un moment, se relevant alors de son tabouret, et se défaisant donc de cette chaleur dont elle avait besoin pour aller chercher des fourchettes dans un tiroir.

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« On peut être un génie tout en faisant de la musique, Ben. T’as jamais entendu parler de Mozart ? » Il fronça le bout du nez: bien sur qu’il avait déjà entendu parler de Mozart, bien sur que ce dernier était considéré comme un génie dans son domaine - mais ce n’était pas de cette façon là qu’il souhaitait qu’on se rappelle de lui, qu’on puisse admirer ce qu’il avait comme matière grise entre ses deux oreilles. La science, à ses yeux, était ce qui permettait de mettre en avant un génie incontestable - il aurait été une rockstar incroyable, mais il n’aurait jamais été autant satisfait qu’en s’épanouissant dans le domaine qu’il chérissait tant désormais. « Le public sait pas ce qu’il rate, c’est tout ce que je dis. » Il esquissa un petit sourire. « Heureusement que d’autres savent en profiter alors. »

Il préférait souligner qu’elle n’avait pas besoin de se justifier - pas avec lui, en tous cas, ce n’était pas nécessaire. « Si je le fais pas, tu vas me juger comme ils le font eux, et j’en ai pas envie. » Il entendait qu’il y ait matière à confusion en cet instant, sauf que Mavis oubliait de prendre quelque-chose de capital en compte dans sa façon de voir la situation. « Je suis pas eux, je te jugerai pas. » Sur d’autres points, sur d’autres choix, peut-être qu’il le ferait effectivement - et il serait on ne pouvait plus explicite sur ce point. Présentement, ce n’était pas des paroles en l’air qu’il lui présentait: Ruben n’avait jamais eu l’intention de la juger en cet instant. Parce-qu’il n’était justement, comme il le disait, pas ses parents et qu’il n’avait pas toute l’histoire familiale qui se rajoutait par dessus leur discussion, derrière son regard, dans ses souvenirs. Il prenait en compte ce qu’il avait sous les yeux, et c’était une jeune femme bouleversée d’une façon ou d’une autre par sa propre histoire qu’il voyait. Rien de plus. « Promis. » Qu’il ajouta, soufflant doucement sa voix, ne voulant pas en rajouter une couche là où ce n’était pas nécessaire. Il était le Ruben que peu de personnes pouvaient se permettre de connaître en cet instant: celui qui laissait ressortir son affection pour certaines personnes - liste sélective, mais bel et bien existante tout de même. « Pas quand elle est morte. Tout le monde l’a toujours préférée, j’ai toujours été celle qui marchait dans son ombre et qui avait la chance de lui ressembler. Même Dan ne voyait qu’elle. » A la mention de Daniel, bien sur qu’il serra quelque peu les mâchoires - mais il ne fit pas le moindre commentaire sur cette partie là, parce-que ce n’était pas le moment de se permettre des frivolités de la sorte. Surtout que les réactions qu’avait Mavis face à lui ne corrélaient en rien avec des remarques sarcastiques de sa part quand au jeune homme - sans s’en rendre compte même, il fronça un brin les sourcils. « Elle voulait faire du tennis professionnellement, elle allait être une grande joueuse, ça rendait tellement fiers mes parents de la voir se surpasser tout le temps. C’était une machine, tu l’aurais beaucoup aimé. » Relâchant quelque peu épaules et mâchoires, Ben retint un soupire: il n’avait pas besoin d’ajouter le moindre mot, car malheureusement il avait l’impression qu’il pouvait se permettre d’être d’accord avec Mavis sans même le dire. Il avait déjà entendu parler de Marion, pas par sa jumelle mais par le père de ces dernières - c’était Leon qui lui donnait le plus d’informations sur le sujet. Et des dires du paternel, effectivement, il y aurait eu de grandes chances que Ben apprécie particulièrement celle des deux filles Barnes qui n’était plus présente aujourd’hui. Il aurait bien voulu réfuter une telle vérité, mais il n’avait pas pris l’habitude de mentir à Mavis - à d’autres, mais pas à elle. Alors il se contenta de la laisser terminer de partager ce qui alourdissait son coeur aujourd’hui, parce-que ça en revanche il pouvait pleinement se le permettre.

« Quand j’ai compris que je réussirais jamais à autant attirer leur attention avec mes ambitions, j’ai décidé de m’intéresser à la médecine. Mais c’était des années après qu’elle soit partie, c’est comme ça que j’ai réussi à les obliger à se souvenir que j’étais là aussi. » Son regard se raccrocha à celui de Ruben. « C’est pathétique en vrai, je m’acharne sur ce que je pourrais jamais réussir à contrôler. Même sans être là, elle est quand même là. » - « C’est pas pathétique, Mav, tu veux contrôler ton avenir. Y’a rien de pathétique là-dedans, c’est même plutôt honorable. » De ne pas laisser le sort qui s’était imposé à elle sur le plan personnel être celui qui dicterait le reste de ce qu’il se passait autour d’elle. « T’as juste envie qu’ils s’en rendent compte et qu’ils soient fiers de toi. » Ces mots là, il les avait prononcé un brin plus bas, parce-qu’il ne savait pas si Mavis se rendait compte que c’était là le message qu’elle passait à travers ses mots, prononcés de cette sorte. Ce n’était pas un reproche - il était le premier à tout faire pour voir encore et encore cette fierté dans le regard de ses parents -, et il ne pouvait pas que cela soit perçu comme tel bien au contraire.

« Je suis mieux seule qu’avec elle. » Il soutint son regard, sans flancher, sans ciller. « Ok. » Du bout des lèvres, dans un souffle contenant une dose de compréhension qu’il n’aurait pas pensé ressentir dans ce type de discours un jour. Le deuil se manifestait de façon bien différente chez les être vivants, et à voir l’énergie qu’elle mettait à lui faire comprendre que ce n’était pas de la rancoeur envers sa soeur qu’elle éprouvait, il n’appuya plus un instant dans la direction qu’il aurait pensé voir prendre la discussion et les confessions de Mavis. Pour le reste, Ruben se tenait à sa promesse faite par deux fois: il ne jugerait pas.

« C’est vrai, ou tu me le dis juste parce que je te l’ai dit en premier ? » Il pinça les lèvres, se maudissant de l’entendre lui demander d’expliciter ses paroles qu’elle avait très bien compris ce qu’il disait - en réalité, ce n’était pas là la question de Mavis mais Ben entrevoyait la situation comme telle dans un premier temps. Il allait répondre, referma un instant sa bouche dans une petite moue, avant de soupirer légèrement: c’était encore pire en réalité ce qu’elle lui demandait, car cela impliquait de préciser s’il était apte à lui mentir sur un tel sujet. Il n’avait jamais été apte à agir de la sorte, pas avec elle. « Tu sais très bien que je te mens jamais. » Avec elle, c’était on ne pouvait plus vrai. Il plissa le bout du nez. « Et techniquement, c’est moi qui te l’ai dit en premier. Par sms. L’autre soir. » Pas qu’il soit particulièrement fier de cette partie là, mais la vérité était ce qu’elle était - il n’allait pas en rougir non plus, n’ayant de toutes façons que de vagues souvenirs d’une bonne partie de la soirée. Et puis, il avait bien d’autres choses à venir préciser sur cette soirée là, et surtout sur d’autres événements qui étaient survenus avant ayant entrainé l’échange par messages la semaine précédente. Et l’expression qu’elle abordait déjà annonçait d’avance la moquerie, qui ne mit qu’un instant à se faire entendre. « Miracle, il sait donc s’excuser. » Ce n’était pas le baiser léger qu’elle lui offrit qui allait changer son expression facile, qui disait clairement en cet instant come on, seriously alors qu’il était au plus vulnérable qu’il pouvait l’être. S’excuser, pour Ben, c’était comme se montrer le plus à nu possible car c’était admettre qu’une faute avait été commise - il avait prouvé plus d’une fois qu’il ne faisait pas d’erreur, ou alors seulement la même à répétition. Hartfield ne se permit pas le moindre commentaire cependant pour l’instant, laissant la blonde se réinstaller à son aise - et à la sienne par l’occasion, se laissant guider afin de trouver place entre ses cuisses pour continuer cette discussion; ce n’était pas désagréable, de sentir la peau de ses jambes glisser le long de ses hanches, ses mains à lui glissant avec un naturel déconcertant le long des cuisses de Mavis, remontant pour aller se loger à plat dans le bas de son dos. « J’aurais pas été aussi vulgaire, mais c’est vrai que t’as agi comme un connard. » - « Comme si tu te serais pas permise de le dire. » Elle aurait peut-être trouvé un autre nom plus fleuri, plus joli à lui accorder mais le résultat aurait été le même: il s’était comporté d’une façon qu'il n’aurait pas du endosser lorsqu’il s’était retrouvé au même endroit que Mav et Dan, et c’était principalement et surtout pour cette partie là qu’il s’excusait en cet instant, son regard suivant celui de la jeune femme l’observant sous toutes les coutures. « Arrête de l’appeler comme ça. Tu sais même pas pourquoi tu le détestes, c’est un gars bien. » Il haussa légèrement un sourcil, retint un soupire; peut-être que cela était vrai, peut-être que cela ne l’était absolument pas mais il avait encore le droit d’apprécier ou non qui il voulait. Non ? « Il est important pour moi, il a toujours été là et il le sera toujours. » Il leva définitivement les yeux au ciel. « Il en a de la chance, dis moi. » D’être important pour elle, qu’elle en vienne à le défendre de la sorte, que -

Il s’apprêtait à rajouter une couche avec un humour à la Ruben - saupoudré d’une pointe de jalousie qui n’avait rien de mignon, en réalité -, lorsqu’il remarqua que la jeune femme était partie dans ses pensées et ne portait en réalité aucune attention désormais à ce qu’il se passait sous son nez. Ce fut les deux sourcils du docteur qui furent sollicités, alors qu’il penchait légèrement sa tête pour tenter de capter de nouveau le regard de Mavis, qui sembla revenir à la réalité mais sans raccrocher les wagons de la discussion et des situations. Il sentit ses jambes se défaire de ses hanches, glissant lentement mais surement pour s’éloigner de lui. Ben n’ajouta pourtant mot, ne voulant pas bousculer plus qu’il ne l’avait déjà fait pour aujourd’hui les pensées et les souvenirs de Mavis. « Tu restes pour l’entamer avec moi ? » Qu’elle lança finalement après avoir scruté le gâteau resté en arrière plan, et avant de descendre du tabouret pour ne laisser qu’un courant d’air autour d’un Ben quelque peu décontenancé par le comportement de la blonde. Disons qu’il était davantage habitué à ce qu’elle sache mener la danse sans flancher un seul instant, ce qui n’était pas le cas en cet instant. Il esquissa tout de même un petit sourire, alors qu’il remettait ses muscles en fonctionnement. « Vos désirs sont des ordres aujourd’hui, mademoiselle Barnes, alors je resterai pour l’entamer avec vous. » Et avant qu’elle n’ait le temps d’y parvenir, il était déjà en train de retirer des placards deux fourchettes, tendant une des deux à Mavis avant de tirer le gâteau vers le bord du comptoir. « A vous l’honneur. J’espère qu’il est bon. » Il planta dans la pâtisserie la fourchette qu’il tenait dans sa main, récupérant tant bien que mal un morceau du gâteau; et au lieu d’y gouter lui-même, il dirigea la fourchette vers Mavis, la tenant à sa hauteur, un petit sourire amusé accroché au coin de ses lèvres. Sa seconde main étant tendue sous la garniture de l’argenterie, pour être sûr de ne pas en mettre partout - mais l’exercice allait s’avérer être compliqué si elle n’y mettait pas un peu du sien dans la poignée de secondes à venir. « J’ai posé le reste de ma journée, d’accord, mais me laisse pas trop longtemps comme ça s’il te plait. »

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@Ruben Hartfield (crédit gif/thaygifs)

"Tu me fais beaucoup de promesses aujourd’hui. Qu’est-ce qui se passe ?" interjeta Mavis avec malice, évitant de lui demander s’il avait quelque chose à se faire pardonner. Elle savait que oui, mais elle n’oubliait pas que le sujet entamé sur l’instant était on ne peut plus sérieux. Ils badineraient plus tard, c’était surtout pour tacher de garder le contrôle de ses émotions qu’elle s’en amusait, reconnaissante dans le fond que Ben se montre aussi déterminé à ne pas la traiter comme ses parents l’auraient fait. Elle ne savait pas pourquoi ça l’étonnait autant finalement, il avait toujours le plus apte à la voir autrement que comme une gamine qui ne sait pas bien où se situer dans le monde pour mieux avancer. Pour ce qui était de la traiter comme une suppléante en revanche, il était celui qui avait masterisé la discipline bien mieux que ses parents, mais elle n’avait pas envie d’y penser aujourd’hui, voulant se satisfaire de sa présence et de ce qu’elle lui apportait en annulant momentanément l’idée qu’il n’était pas tout à fait à elle, qu’elle n’était pas tout à fait à lui. Il était là pour elle aujourd’hui, et ça comptait plus que les dernières semaines qu’ils avaient passé à se regarder en chiens de faïence chaque fois qu’ils tombaient l’un sur l’autre au détour d’un angle de couloir à l’hôpital.

Ses mains sur lui, ses doigts s’enfoncèrent très délicatement dans sa peau au moment où le terme honorable fût employé "Tu sais pas tout." Elle s’entendit le dire plus qu’elle ne le décida de le faire. C’était en ça que l’influence de Ruben était dangereuse pour Mavis : à un certain stade, elle se sentait pousser des ailes, et sa parole finissait par dépasser toutes les barrières qu’elle continuait à se mettre sur certains sujets. Elle ne savait pas à quel genre de sorcellerie c’était dû, mais c’était réel. L’expression de son visage prenant une légère teinte de surprise, ses yeux verrouillés aux siens, elle avait deux options qui s’offraient à elle ; soit elle prétendait autre chose à ce sujet et jouait la jumelle éplorée qui prenait le sort de sa soeur sur ses épaules, grossissant le trait de la culpabilité, ou soit elle était honnête et elle partageait sa vérité. Elle n’avait même pas besoin de réfléchir à dire vrai, elle était consciente que la politique de non-jugement de Ben avait des conditions, et que si elle lui disait qu’elle était la seule et unique responsable de cet accident mortel, quelque chose se briserait entre eux. C’était comme ça qu’un être normalement constitué réagirait en tout cas, prenant soudain peur et la laissant sur le bas-côté pour ne plus jamais s’en approcher, bête curieuse qui avouait préférer sa soeur morte que vivante.
Elle n’avait pas envie de le pousser à battre en retraite, alors son choix fût vite fait. Elle reprit en léger décalé "C’est pas honorable, c’est affreux de m’entendre dire que je préfère qu’elle soit plus là. Je m’en veux de pas être capable de ressentir autre chose que ça. Q’est-ce qui va pas chez moi ?" Voilà, ça c’était une réaction plus ou moins adaptée à la situation, non ? Plus que le regard semi-noir qu’elle lui attribua lorsqu’il avança l’idée qu’elle ne voulait qu’une seule chose, et que c’était que ses parents soient fiers d’elle "Ils seront jamais fiers de moi. Je suis pas elle, c’est un combat perdu d’avance." Il fallait qu’elle reste lucide, et c’était tout ce qu’elle était à ce moment-là.

S’il ne lui mentait jamais, Mavis en revanche devait bien admettre que de fait, elle lui cachait trop de choses. Pour le préserver, pour les préserver ? Elle n’en savait trop rien, et ce n’était pas quelque chose sur lequel elle avait besoin de méditer pour l’heure, leur badinage prenant de l’essor et les excuses de Ruben faisant céder les derniers remparts qu’elle mettait autour d’elle pour lui faire payer de s’être comporté comme le stéréotype du mec jaloux alors qu’il n’était pas officiellement son mec. Pinçant les lèvres, ses genoux jouant l’alternance entre une hanche et l’autre de Ruben, réagissant au contact de ses doigts sous la limite de son sweat qu’il dépassa en glissant ses mains le long de ses cuisses, elle plissa doucement les paupières en l’entendant mentionner leur échange de textos "Oh, tu t’en souviens alors ?" Son sourire fût fugace, ce qu’elle ajouta ensuite l’empêchant de le garder plus longtemps "Tu devais pas être aussi soûle que ça finalement. Est-ce que t’as relu les messages après coup ?" Est-ce qu’il avait eu honte, est-ce qu'il avait regretté d’être revenu vers elle dans un moment de faiblesse ? Voyant comme il prenait les choses, certainement pas, mais sa fierté avait dû être entaillée ; pas assez pour qu’il ne veuille plus la revoir, et ça lui faisait du bien de comprendre que, dans une certaine mesure seulement, elle était devenue assez importante pour lui pour qu’il se sente capable de passer au-dessus de sa fierté. Elle savait combien ça devait lui coûter, alors elle l’appréciait à sa juste valeur, n’ayant même pas été la première à lui reprocher de s’être mal comporté.

"Il était là tu sais. Le jour où elle est morte." C’était comme si justifier son amitié avec Dan était devenu vital, la réaction de Ruben chaque fois qu’il était mentionné lui faisant réaliser qu’au fond, ça ne devait pas être très clair ce qui se passaient entre eux tellement ils étaient toujours fourrés ensemble, tellement ils semblaient en symbiose aussi. Captant le regard de Ruben, elle ajouta "On faisait une balade tous les trois quand c’est arrivé. Il a vite pris les choses en charge, je suis pas certaine que j’aurais su quoi faire si j’avais été toute seule." Peut-être qu’en prenant sens de ce qu’elle venait de faire, elle aurait voulu sauter pour aller récupérer sa soeur ? Elle n’en savait rien, elle n’avait pas envie d’y songer, mais elle n’y échappa pas totalement ; et l’espace d’un instant, elle sembla hors de portée, se retrouvant plongée dans ses songes, entre ses souvenirs et la réalité, son corps rompant la connexion avec celui de Ruben et son attention se divisant pour s’arrêter sur le gâteau qu’il lui avait apporté, plus que sur la réaction du jeune homme qu’elle ne revit nettement à nouveau qu’une fois qu’elle fût descendue de son perchoir et qu’il lui confirma qu’il entamerait son gâteau d’anniversaire avec elle "Vu le traitement auquel j’ai droit aujourd’hui, tu me donnes presque envie de fêter mon anniversaire tous les jours." Il était gentil avec elle aujourd’hui, ce n’était pas si commun que ça en définitive. Oh, il était gentil d’une autre manière d’habitude, mais ce n’était pas le fond de sa pensée : ce qu’elle voulait dire, c’était qu’il l’était là sans donner le sentiment d’attendre quoi que ce soit de sa part, venu pour soulager son coeur et l’écouter.

Et ça aussi c’était dangereux finalement, elle pourrait bien s’y habituer, et ce sans que nécessairement, il ne se sente obligé de venir habillé comme une rockstar "Il le sera, c’est celui que je préfère." lui fit-elle avant de se pencher sur la fourchette qu’il lui tendait pour la faire goûter et lui arracher un roulement d’yeux satisfait et un léger gémissement qui suivit un froncement de sourcils qu’elle lui offrit en lui disant "T’as posé le reste de ta journée pour être avec moi ? Qui êtes-vous et qu’avez vous fait du docteur Hartfield ?" lui demanda-t-elle pour la blague encore une fois. Elle aurait pu l’imiter, plonger sa fourchette sans le gâteau qu’ils ne prirent même pas la peine de couper, l’attaquant directement sans préambule, mais elle préféra sa méthode qui consista à lui donner un aperçu de la saveur chocolatée de son gâteau d’anniversaire en posant ses lèvres contre les siennes pour plusieurs baisers consécutifs qu’elle raffermit juste assez pour qu’il ne manque rien de ce qu’elle, elle avait goûté, une main nonchalamment posée sur la base de sa gorge alors que ses yeux ne lâchaient pas les siens. Elle ne lui demanda pas ses impressions, elle préféra lui avouer entre deux baisers chocolatés "Je veux que tu restes jusqu’à demain." Il avait sorti le grand jeu : il était venu avec la tenue, il était venu avec le gâteau, il était venu avec les bonnes intentions, mais il était venu sans cadeau. Peut-être que sa requête pourrait en faire office si elle lui demandait aussi gentiment ?

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« Tu me fais beaucoup de promesses aujourd’hui. Qu’est-ce qui se passe ? » Se contentant d’hausser légèrement un sourcil, les épaules allant de paire avec dans un geste similaire, Ben laissa un instant l’amusement éclairer son regard - un instant seulement, leur discussion ne permettant pas d’allier une telle émotion à leurs paroles. « La date du jour n’est pas une raison suffisante ? » A ses yeux, que ce soit l’anniversaire de la jeune femme suffisait à justifier qu’il ajuste son comportement, qu’il se montre bien plus clément et surtout sous une meilleure lumière. Il n’agirait pas de cette façon là effectivement sur du quotidien, mais aujourd’hui sortait du lot; Mavis avait beau ne pas désirer donner une telle importance à ce jour, rien que le fait que Ben soit chez elle en pleine journée, accoutré dans cet ensemble en lui apportant un gâteau de bon coeur démontrait que ces quelques heures sortaient de l’ordinaire.

Si une certaine malice se glissait de temps à autres dans leur conversation, le coeur de cette dernière restait encore trop important pour qu’ils puissent se permettre de continuer sur cette lancée une fois que Mavis se lança à parler de sa soeur. Ce n’était pas là un sujet qui était normalement abordé, et ce n’était pas un terrain sur lequel Ruben se serait seul lancé si elle n’avait pas donné de feu vert; il savait à quel point les choses pouvaient être délicates - ou en tous cas, il se l’était imaginé avec les éléments que Leon et Anka lui avaient donné au fil des années. Entendre les choses sous le prisme de Mavis aujourd’hui était tout à fait différent, donnait une perspective qu’il n’aurait pensé avoir jusque maintenant. « Tu sais pas tout. » Peut-être ne savait-il pas tout, effectivement; après tout, il était arrivé en cours d’histoire aux alentours de la famille Barnes et une bonne partie de leur passé lui était encore inconnu. Mais il savait entendre, il savait comprendre lorsque cela venait des bonnes personnes, Ben; en tous cas, il était prêt et davantage enclin à le faire. « C’est pas honorable, c’est affreux de m’entendre dire que je préfère qu’elle soit plus là. Je m’en veux de pas être capable de ressentir autre chose que ça. Q’est-ce qui va pas chez moi ? » Bien sur que les sourcils de Hartfield se froncèrent un brin en cet instant et qu’une lueur différente couvrit un instant son regard: il aurait préféré ne pas ressentir ça et surtout le cacher, mais il éprouvait une certaine peine pour la jeune femme en cet instant. Cela ne devait pas être facile de perdre quelqu’un dont vous avez été l’ombre toute votre vie. Ruben avait perdu un frère, il connaissait le point du deuil qui s’en venait avec ce type de tragédie. Il ne pouvait en revanche complètement comprendre ce que la blonde pouvait ressentir en cet instant. « Y’a rien qui va pas chez toi, Mav. » Les mots se faisaient entendre avec douceur, ils échappaient aussi surement à Ben un brin trop rapidement. C’était un brin trop facile à dire, que rien n’allait pas chez elle, alors qu’effectivement elle avouait qu’elle préférait que sa soeur ne soit plus à ses côtés. Ce n’était pas là une réaction habituelle dans ce type de situation - mais il avait promis de ne pas juger et il ne faisait pas le moindre effort pour respecter sa promesse. C’était peut-être que quelque-chose n’allait pas chez lui non plus, après tout.

« Ils seront jamais fiers de moi. Je suis pas elle, c’est un combat perdu d’avance. » - « Tant mieux que tu sois pas elle. » C’était une richesse; peut-être ne s’en rendait-elle pas compte, mais il y avait tant d’autres choses à obtenir de ne pas être la copie conforme d’un autre être. Cela la rendait bien plus intéressante, qu’elle soit en permanence à tenter de s’outrepasser pour arriver à être plus que tout ce que sa soeur avait pu être un jour. Peut-être effectivement, comme elle le-lui avait dit, que Ruben aurait préféré Marion s’il avait pu la connaitre - mais il était bien plus satisfait de connaitre Mavis aujourd’hui.

« Oh, tu t’en souviens alors ? » Il plissa le bout du nez: bien sur qu’il s’en souvenait. « Tu devais pas être aussi soûle que ça finalement. Est-ce que t’as relu les messages après coup ? » - « J’étais pas aussi saoul que ça, non. » En grande partie parce-que Rhett l’avait stoppé dans sa lancée et avait brisé son enchaînement de verres avalés. C’était surement en grande partie ce qu’il avait cherché à faire dans son geste, mais c’était surtout l’énervement sur bien d’autres choses qui était né en Ben qui avait freiné ses pulsions de finir avec la tête dans un seau au bout de la soirée. Il reporta son regard sur Mavis, se permit de glisser son pouce sur sa peau. « J’ai relu les messages après coup, oui. » Un instant de silence. « Je les ai surtout effacé rapidement. » Il pinça ses lèvres entre elles: ce n’était pas la partie où il jouait le plus au fier, en général, parce-qu’il ne l’était pas spécialement. Ca l’était pour tout ce qui était relié à Nina; étrangement cette partie là ne s’appliquait pas au fait d’être revenu vers Mavis alors qu’il avait des excuses à lui présenter. Cela lui coutait de le faire, bien sur que cela lui coutait ô combien cher, mais parce-qu’il l’appréciait et qu’il appréciait de paire avec la relation qu’ils construisaient au fil des mois - qu’importe ce que cette dernière pouvait représenter et la façon dont elle pouvait être décrite -, il tentait de faire les efforts qui étaient entendables pour lui. « Mais je les ai pas oublié, et j’assume ce que j’ai envoyé, si c’est la question que tu te poses. » Il se souvenait surtout qu’elle lui avait répondu qu’il lui manquait aussi, et qu’elle s’était inquiétée pour lui - qu’importe ce qu’elle pourrait en dire, c’était de cette façon là qu’il avait décidé de retenir l'échange qu’ils avaient eu. Il passerait volontiers sur toute la partie qui concernait Nina, parce-que ce n’était pas le genre de sujet de discussion qu’il appréciait particulièrement avoir avec quiconque, et encore moins avec la jeune femme.

L’autre sujet qu’il n’appréciait pas aborder, c’était Danny-Boy et sa présence dans la vie de Mavis parce-que cela faisait ressortir la jalousie de Ben de façon exagérée. Et ce n’était pas quelque-chose qu’il appréciait particulièrement démontrer, toujours une question de fierté. « Il était là tu sais. Le jour où elle est morte. On faisait une balade tous les trois quand c’est arrivé. Il a vite pris les choses en charge, je suis pas certaine que j’aurais su quoi faire si j’avais été toute seule. » Il pinça ses lèvres, penchant légèrement sa tête sur le côté. Il entendait, que Daniel soit quelqu’un d’important pour Mavis et effectivement, c’était le type d’épreuve qui vous rapprochait forcément si cela ne vous déchirait pas complètement. Mais ce n’était pas pour autant qu’il appréciait particulière la présence du jeune homme aux côtés de la blonde, et ce simplement pour une raison de fierté. Il n’avait aucune autre excuse à fournir, Ben, et c’était surement pour ça qu’il se détestait à chaque fois que l’autre était mentionné dans une conversation: il n’avait aucune justification à son comportement. Il pinça un instant de plus les lèvres, avant d’échapper un soupire. « Il est quand même chanceux. » Histoire d’avoir le dernier mot sur l’affaire et le sujet abordé.

De toutes façons, Mavis se dissocia du moment pendant un instant, se perdant dans ses souvenirs surement - se raccrochant à la réalité par la suite, se détachant de Ben et son perchoir pour se concentrer sur le gâteau. Il ne fit pas la moindre commentaire, suivant le mouvement et initiant la suite de la représentation. « Vu le traitement auquel j’ai droit aujourd’hui, tu me donnes presque envie de fêter mon anniversaire tous les jours. » Il secoua quelque peu la tête. « Tu te lasserais si c’était ça. » Et lui ne réussirait pas à se comporter de cette sorte là sur la durée - il le savait, il se connaissait; il avait beau faire tous les efforts du monde pour s’améliorer, ce n’était pas dans le domaine du personnel qu’il savait montrer le meilleur de lui-même sur le long terme. « Il le sera, c’est celui que je préfère. » Si c’était son préféré, alors il n’avait rien  à craindre. Mais c’était aussi ça le revers de faire des efforts: il espérait désormais que ces derniers seraient les bons, qu’ils fonctionneraient et qu’ils seraient adaptés à son public. D’ordinaire, il était celui ayant en mains les cartes, les abattent au fil de ses envies et de ses besoins. Avec Mavis, les choses étaient différentes et l’avaient toujours été puisqu’elle était celle derrière le volant de leur relation. C’était à Ben de s’adapter à ce qu’elle désirait bien l’autoriser à être et faire à ses côtés, et il n’était pas habitué à devoir attendre autant après l’approbation de quelqu’un. C’était ce qu’il faisait en cet instant toujours, alors que la jeune femme daigna finalement manger le morceau de gâteau qu’il avait récupéré avec sa fourchette et porté à sa hauteur. « T’as posé le reste de ta journée pour être avec moi ? Qui êtes-vous et qu’avez vous fait du docteur Hartfield ? » Avec un petit sourire en coin malicieux, il leva les yeux au ciel. Bien sur que c’était un élément qu’elle allait relever, alors qu’il aurait préféré qu’il ne soit qu’à peine remarquer - mais c’était là un effort qu’il ne faisait que trop rarement pour que les choses se fassent de la sorte. « J’avais des heures à prendre, je me suis dit que ça pourrait être une occasion de m’en servir. » Comme s’il ne pouvait pas trouver d’autres excuses pour prendre du temps en dehors de l’enceinte de l’hôpital. Comme si surtout il était indispensable sur place et que la boutique ne saurait tourner sans lui. « Le docteur Hartfield est toujours là, t’en fais pas. Il a juste… pris des heures de repos. » C’était également une façon de souligner que pour une fois, les choses pouvaient être mises dans une parenthèse différentes, parce-que le contexte était différent de toutes façons; si jusque maintenant, ils se côtoyaient plus que de raison et se permettaient des moments relevant de l’intimité, ils n’avaient jamais envahi la sphère privé de l’autre pour des occasions de type anniversaire. Cette journée - puisque c’était ainsi que Ben avait envisagé les choses en prenant du temps en dehors de l’hôpital, bien avant qu’il ne demande l’avis de la jeune femme - pourrait donc revêtir un manteau différent. Sans que le brun soit empli de culpabilité comme il avait parfaitement su l’être et le faire jusque maintenant.

Si Mavis ne lui donna pas de morceau de gâteau à gouter en retour, elle lui fit connaitre le gout de ce dernier d’une manière bien à elle tout de même: ses lèvres retrouvèrent celles de Ruben dans une nuée de baisers; il ne manqua pas l’occasion d’en profiter. Afin qu’elle reste au plus près de lui, il glissa une main le long de sa taille pour l’apposer dans le bas de son dos, et la presser doucement contre lui. Parfois, les choses pouvaient être aussi simples qu’elles en avaient l’air. Leurs regards s’accrochèrent pour ne pas se défaire, les iris de Ben passant de l’un à l’autre de ceux de Mav. « Je veux que tu restes jusqu’à demain. » Esquissant un fin sourire en coin autant amusé qu’attendri par la demande - l’ordre en guise de définition fonctionnait ici aussi -, alors que sa seconde main monta jusqu’au visage de la jeune femme pour s’apposer contre ce dernier, lui offrant dans la foulée un baiser initié par lui-même cette fois-ci. Un peu plus appuyé, donnant son avis sur la question - qui n’en était toujours pas une - de façon plutôt évidente en agissant de la sorte. Ce fut en posant son front contre celui de Mavis qu’il prit la parole, enfin, après de longues secondes à profiter de la douceur de ses lèvres. « Alors je reste jusque demain. » Il plongea ses yeux dans les siens. « Je t’ai dit: pour aujourd’hui, tes désirs sont des ordres. » Demain, les choses reprendraient le cours normal du temps et des habitudes, mais aujourd’hui il se permettait d’agir réellement à l’écart de ce qu’ils avaient mis en place jusque maintenant. « J’ai bien fait de prendre un sac avec des affaires de rechange dans ma voiture alors. » Il avait un petit sourire mesquin en coin. Peut-être avait-il espéré qu’effectivement, elle lui demande de rester un peu plus que pour une simple part de gâteau.

« Je suis tout à toi, ton appartement est ton terrain de jeu. Si t’en as marre de me voir et que tu me mets à la porte, je te promets de pas mal le prendre et de pas t’en vouloir. » C’était à ce point là qu’il était prêt à rendre cette journée un brin meilleure en honorant Mavis de sa présence. « Profites-en: l’offre a une durée limitée et on sait tous les deux que demain sera différent. » Peut-être avait-il prononcé cette dernière phrase plus doucement, de façon moins audible, comme s’il ne se reconnaissait que peu dans cette décision d’agir de la sorte - et c’était le cas: il ne faisait que rarement ce type d’efforts là. « Je vais chercher mes affaires dans la voiture et après je bouge plus d’ici. » Remontant sa main appuyée jusqu’alors dans son dos, il s’en servit pour attraper des deux paumes désormais le visage de Mavis pour lui voler un long baiser. Il finit tout de même par reculer son visage du sien. « Prépare un vase aussi, pendant que je fais un aller-retour dehors. » Un sourire malicieux au coin de ses lèvres, il disparut de l’appartement une minute au plus long, peut-être deux en s’étant attardé sur l’idée de savoir s’il préférait pas laisser son téléphone portable éteint dans sa voiture pour ne pas lui rappeler qu’une autre personne attendait après lui, dans un autre endroit; il finit par le monter tout de même, ne désirant pas manquer un appel de l’hôpital si sa présence était finalement devenue nécessaire entre temps. Lorsqu’il revint dans la cuisine de Mavis, il lui tendit un bouquet de fleurs plus large que son visage - tant qu’en le tenant à hauteur de regard, les deux jeunes médecins se perdaient de vue à travers les fleurs. « Je voulais pas risquer de te mettre de mauvaise humeur à arriver avec un semblant de cadeau, alors j’ai préféré le garder de côté. »

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@Ruben Hartfield (crédit gif/thaygifs)

La légère morsure de sa propre lèvre fût la seule réponse que Mavis accorda à Ben qui soulignait que la date du jour valait bien qu’il lui fasse quelques promesses. Elle n’avait jamais su à quoi s’attendre avec lui, peut-être que si elle l’avait fait, si dans les premiers mois de leur histoire, elle n’avait pas campé sur sa détermination farouche à le manipuler pour en faire ce qu’elle voulait, elle aurait pu voir au-delà de ce qu’elle connaissait de lui et se rendre compte que sous ses travers, Ruben était capable de faire ce genre de choses, lui évitant ainsi de s’en étonner les rares fois où il se laissait aller. Ce n’était pas ce qui l’attirait le plus chez lui, il fallait qu’elle soit honnête. Mais elle le serait aussi en admettant que c’était un bonus pour aujourd’hui, et qu’elle était heureuse de le recevoir sans n’avoir rien demandé. Quelque part, ça floutait tout de même encore plus la limite qui était la leur et qui avait déjà été bien rogné au cours des derniers mois.

Chaque problème avait son heure, ce n’était pas celle de celui-là, mais plutôt celle d’un autre qu’elle partagea avec lui simplement pour sauver les apparences. La manière dont il la prit à son propre jeu, lui assurant que rien n’allait pas chez elle, ça lui fit un instant affronter ses yeux pour essayer de deviner s’il le croyait vraiment, ou s’il disait ce qu’il fallait au bon moment. Elle le connaissait assez pour savoir qu’il y avait de la nuance dans ses propos, elle le connaissait aussi assez pour avoir capté la lueur de tristesse dans ses yeux le temps d’une seconde à peine, et si ça la toucha, ça la mit mal à l’aise surtout. Elle n’était pas de ceux à montrer ses faiblesses, pas parce qu’elle n’en avait pas, elle restait humaine malgré tout, mais parce qu’elle voulait garder le contrôle de l’image qu’elle renvoyait, que ce soit avec Ruben ou avec les autres. Elle était plus elle avec lui, n’en restait qu’il y avait des moments où elle se sentait trop percée à jour pour apprécier qu’il la connaisse aussi bien. Elle ne voulait pas lui inspirer de la tristesse, elle ne voulait pas lui inspirer de la pitié, elle voulait rester assez forte pour qu’il n’oublie jamais que, malgré sa jeunesse, elle était capable de lui tenir tête aussi bien au travail que lors des moments où il se retrouvaient tous les deux.

Sauf que là, elle n’était pas tellement en position de force, c’était d’autant plus clair que la douceur de Ruben lui arrivait par bouffées succinctes, et qu’elle se surprenait à apprécier ce qu’il faisait pour la consoler. C’est pour ça qu’elle essaya de faire tourner la conversation autrement, de reprendre les rênes en le poussant en même temps à parler du moment où il lui avait envoyé des messages alors qu’il n’était manifestement pas tout à fait dans son état normal "Pourquoi tu m’as envoyé ces messages à ce moment-là ?" lui demanda-t-elle dans la foulée, intriguée par la succession d’évènements qui avait pu le mener jusqu’à prendre son téléphone alors qu’il n’avait pas l’esprit clair, qu'il était qui plus est entouré de proches dont sa fiancée faisait partie. Ce n’était pas seulement pour lui dire qu’elle lui manquait, elle le sentait. Curieusement, Mavis avait besoin qu’il le lui dise "Moi je les ai gardés. J’ai peut-être relu une ou deux fois la partie où tu me dis que je te manque." Pas autant que ça, elle mentait un peu pour le flatter, il méritait bien ça après tous les efforts qu’il faisait maintenant "Je me pose pas la question, Ben. Je sais que tu disais la vérité, tu serais pas venu aujourd’hui si je te manquais pas au moins un peu." Son anniversaire, c’était l’excuse parfaite pour lui, elle ne l’ignorait pas, comme elle n’ignorait pas que généralement, Ruben Hartfield assumait ses propos — même quand ils ne donnaient pas une bonne image de lui à celle qui l’avait attiré dans ses filets par appât de la réussite. Ça, c’était pour les autres, mais pour Mavis, elle avait le privilège de sa pensée acérée et de son franc-parler : c’était ça en l’occurence qui l’attirait le plus chez lui, le fait que c’était peut-être bien avec elle que lui, il était le plus lui, se montrant tour à tour dominant et possessif quand c’était elle qui avait mené la danse jusqu’ici. Elle était prête à lui laisser les commandes pour aujourd’hui, même quand il remettait en cause son amitié avec Dan, et qu’elle préféra chasser d’un roulement d’yeux le qualificatif de chanceux qu’il lui attribua lorsqu’elle lui expliqua pourquoi ils étaient si proches l’un de l’autre. Elle ne voulait pas avoir à lui rappeler qu’il n’était pas en position d’être jaloux, voulant éviter de se lancer de nouveau dans ce débat qui lui semblait sans fin.

"Et Leon t’a donné l’opportunité parfaite pour t’en servir. Si j’étais pas si heureuse que tu sois venu, je serais presque vexée que tu te serves de moi comme prétexte pour prendre du repos." Mais en vérité, elle était infiniment satisfaite qu’il veuille passer ses heures de repos avec elle et pas avec Nina. C’était mesquin, c’était puéril, mais c’était aussi un fait qu’elle ne boudait pas parce que ça la mettait sur un pied d’égalité avec la jeune femme — si ce n’était une marche au-dessus d’elle puisqu’elle était persuadée qu’au cours de l’année écoulée, Ruben avait passé plus de temps avec elle qu’avec Nina. Que ça veuille dire quelque chose ou non, elle en tirait un mérite tout juste enfantin, qu’elle garda pour elle toutefois, soucieuse de ne pas envenimer les choses, voulant garder le jeune homme auprès d’elle autant de temps qu’il jugerait nécessaire de l’honorer de sa présence ici, dans son duplex qu'il n’avait jamais vraiment investi qui plus est ; c’était le jour des premières, elle l’avait dit tout à l’heure "Il me détesterait le docteur Hartfield si je lui disais qu'il devrait en prendre un peu plus. Mais vraiment, je trouve que ça lui va particulièrement bien au teint." Est-ce que c’était une autre façon pour elle de lui avouer qu’elle aimait qu’il empiète sur son intimité ? Peut-être. A dire vrai, elle ne le lui laissa pas tellement le temps d’y songer, ses lèvres trouvant rapidement les siennes pour plusieurs baisers, et une requête qui ressemblait davantage à un ordre auquel il ne répondit pas tout de suite.

Encore que le baiser qui lui rendit pouvait servir de réponse, ce qu’elle décida de ne pas faire ceci étant, transportée un instant dans le moment, réagissant aux mains de Ruben sur elle par un profond soupir, et à la manière dont il la pressa contre lui, appuyant davantage ses lèvres contre les siennes pour un long baiser qui ne laissait guère place au mystère quant à la suite. Elle passa ses bras sur ses épaules, laissa ses mains remonter de la base de son cou jusqu’à sa nuque tandis qu’elle se hissait sur la pointe des pieds pour que sa bouche reste à la hauteur de la sienne, la fermeté de la dernière pression qu’elle lui donna avant de rompre leur baiser se terminant par un léger sourire qu’elle agrandit quand il lui confirma qu’il restait en lui rappelant que c’était sa journée, que ses désirs étaient des ordres. Se reculant juste un peu pour le regarder, séparant leur front le temps d’un instant, elle laissa ses doigts replacer les mèches de cheveux qui encadraient le visage de Ruben en lui disant "T’as conscience que tu risques de m’habituer à tout ce que tu me proposes là ?" Si elle ne savait pas que dans quelques heures à peine, le charme serait rompu, elle pourrait même croire en l’exclusivité de ce qui se passait entre eux. Mais ce serait faire un affront à l’intelligence de Mavis d’attendre d’elle qu’elle l’oublie alors que lui, il avait visiblement bien préparé son coup en prévoyant même des affaires pour passer la nuit ici.
Ça la fit sourire, descendre de sa marche de fortune, et secouer doucement la tête dans une expression indéfinissable, mais qui n’était clairement pas négative ; elle était plutôt épatée par sa capacité à anticiper sa demande — ses demandes en l’occurence "Je te mettrais pas à la porte. Je vais profiter de toi jusqu’à ce que tu décides que c’est le bon moment de rentrer chez toi. Tu réalises que c’est la première fois que tu viens ici ? Tu veux rencontrer mon chat ?" Elle eut un léger rire, l’éclat de ses dents bien alignées venant illuminer son visage dont elle effleura celui de Ben en se penchant vers lui pour jeter un regard dessus son épaule pour vérifier si la bête en question n’était pas dans les parages ; elle ne l’était pas, ce qui la fit revenir à son axe initial, et entendre ce qu’il ajoutait. Pour le faire taire, elle reposa sa bouche sur la sienne, presque brutalement sans pour autant manquer de douceur quand elle se referma sur la sienne, ses doigts s’enroulant autour de sa nuque "Parle pas de demain." Elle ajouta des s’il te plaît entrecoupés de baisers qui se terminèrent par la pression des paumes de Ruben sur son visage, et l’éloignement de leur corps qui la fit bouder juste le temps d’un instant.

Quand il disparut de sa vue, elle exécuta l’ordre qu’il lui avait donné, mais pas sans piocher avec sa fourchette dans le gâteau qu’ils venaient d’entamer pour en savourer une bouchée qui la fit chantonner sans même s’en rendre compte. En sortant un base du placard sous l’évier, elle se surprit à sourire comme une adolescente qui vit la meilleure journée de sa vie quand, il y avait à peine une demi-heure de ça, elle était dépit par le poids qu’elle ressentait au fond de son estomac. Frigg décida de venir miauler dans ses mollets au moment où Ruben refit son apparition avec un bouquet qui lui fit ouvrir grand la bouche. Après s’être penchée pour récupérer sa boule de poils, Mavis se redressa et s’avança pour faire l’échange. Elle prit le bouquet tendu par Ruben, elle lui donna son chat qui ne sembla pas impressionné en contrepartie, et écouta ce qu'il avait à lui dire en laissant échapper un léger gloussement qu’elle accompagna d’une question où la suspicion était surjouée "Est-ce que t’essaierais pas un peu de me faire tomber amoureuse de toi ? Parce que, je tiens pas à annuler tous tes efforts, mais je suis plus dure en affaire que ça." Elle plaisantait, elle espérait qu’il le comprendrait, et ne s’en assura pas vraiment au final, lui donnant un nouveau baiser que son chat essaya d’intercepter en posant sa patte entre eux, mais que Mavis initia quand même, lui soufflant un "Je l’adore, merci."

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@mavis barnes

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***
« Pourquoi tu m’as envoyé ces messages à ce moment-là ? » Mordant doucement l’intérieur de sa propre joue, son regard ne déviant pas de la jeune femme, s’il la maudissait quelque peu en cet instant de se jouer de lui - car c’était clairement le cas, elle extirpait l’amusement possible de la situation dans laquelle il s’était glissé -, il se maudissait surtout lui davantage d’être un humain si faible. Face à son sourire, face à son regard, face aux mots qu’elle pouvait avoir à son égard - et cela même à distance, même dans les souvenirs. Ruben finit par pincer ses lèvres, par afficher une maigre sourire presque amusé mais surtout grandement embêté. « Parce-que j’arrêtais pas de penser à toi. » Il leva les yeux au ciel, de paire avec tout ça. « Et que j’avais mal réagi la dernière fois qu’on s’était croisés. » Jusque là, il ne mettait aucune retenue à développer son point de vue; la phrase prochaine serait surement celle qui aurait le plus de mal à passer ses cordes vocales. « Et que je m’en voulais de l’avoir fait. » Il plissa le bout de son nez, se servit de l’une de ses mains pour se gratter sa nuque. Bien sur que c’était là la principale raison du pourquoi de tout ça: il tenait réellement à s’excuser pour s’être comporté de la façon dont il l’avait fait. Ce n’était pas pour autant qu’il savait le faire, et que l’exercice était pour lui facile. « Moi je les ai gardés. J’ai peut-être relu une ou deux fois la partie où tu me dis que je te manque. » Alors, à ces mots ce fut avec un petit sourire narquois qu’il reporta son attention entière sur les traits du visage de la blonde. « Ah oui, t’as relu une ou deux fois ? » Oh, rien que le fait qu’elle les ait relu ne tombait pas dans l’oreille d’un sourd et savait remettre du baume au coeur - et à l’égo surtout - exactement comme il le fallait. Il pencha légèrement son visage sur le côté. « J’aime bien, ça. L’idée que t’aies relu cette partie là. » Parce-que cela voulait dire que ça devait la toucher, d’une façon ou d’une autre ce n’était même pas important, et surtout qu’elle ne lui en voulait peut-être pas autant qu’il le pensait avant de lui envoyer ce message là - parce-qu’elle ne lui annoncerait pas avoir relu leur échange avec un sourire de ce type là, et autant de légèreté; avec la malice qu’elle laissait percer sans chercher à la cacher. « Je me pose pas la question, Ben. Je sais que tu disais la vérité, tu serais pas venu aujourd’hui si je te manquais pas au moins un peu. » Il ajouta un brin de malice à son sourire à lui. « Tu l’as trop bien retenu, je crois que je vais jamais le répéter maintenant. »

« Et Leon t’a donné l’opportunité parfaite pour t’en servir. Si j’étais pas si heureuse que tu sois venu, je serais presque vexée que tu te serves de moi comme prétexte pour prendre du repos. » - « Si ça peut te consoler, il existe vraiment pas beaucoup de personnes pour qui je le fais. » 

« Il me détesterait le docteur Hartfield si je lui disais qu'il devrait en prendre un peu plus. Mais vraiment, je trouve que ça lui va particulièrement bien au teint. » - « Je confirme: il te déteste. Presque ça sonne comme une insulte à ses oreilles. » Que personne ne lui dise qu’il avait besoin de repos, et que délaisser son travail au profit de ce dernier lui allait bien au teint: ce n’était en rien l’effet recherché ici. Il souhaitait simplement tenter pour une fois de faire les choses bien - au moins auprès d’une personne, à défaut de le faire auprès de toutes celles impliquées par sa simple présence dans cet appartement. Pour le moment pourtant, il était bien trop occupé à se laisser porter par un premier, et un second, et un autre encore baiser échangés avec Mavis pour se dire qu’effectivement, si derrière la porte close les choses semblaient en apparences presque normales, ce n’était en réalité pas du tout le cas. « T’as conscience que tu risques de m’habituer à tout ce que tu me proposes là ? » Il échappa un petit rire. « Je sais que tu tomberas pas pour le conte de fée. » Parce-qu’elle était beaucoup plus intelligente que cela, et qu’il savait pertinemment qu’elle savait que le comportement de Ben n’était du qu’à un élan d’efforts de sa part et que ce n’était pas là sa façon naturelle d’agir - pas vraiment, pas avec elle, parce-que leur relation n’était pas basée sur ce type d’échanges. « Mais si t’es mignonne aujourd’hui, peut-être que je pourrais refaire quelques uns des efforts de ce soir de temps à autres. Ca se négocie. » Une tenue aguicheuse et du temps devant eux: s’il le voulait, il pouvait les dégoter tous les deux. Et il en était rendu à une étape où il ne ferait même pas en ayant crainte que Mavis se venge dans son dos s’il ne se pliait pas à la demande; c’était peut-être ça le pire. « Je te mettrais pas à la porte. Je vais profiter de toi jusqu’à ce que tu décides que c’est le bon moment de rentrer chez toi. Tu réalises que c’est la première fois que tu viens ici ? Tu veux rencontrer mon chat ? » Alors, le rire de Ruben alla rejoindre celui de la jeune femme, alors qu'il secouait quelque peu son visage. « Je suis pas venu pour ça mais pourquoi pas. » Il y avait des premières fois pour tout, après tout.

« Parle pas de demain. » S’il te plait s’il te plait s’il te plait. Il se laissa embrasser comme si se taire était devenu vital pour eux, finissant par entourer le visage de Mavis de ses deux mains. « Alors laisse moi aller chercher mes affaires pour ce soir. » Il recentrait dans le temps présent sans rechigner, mais il ne comptait pas rester en petit short à paillettes jusqu’au bout de la nuit - et il lui faudrait quelque-chose d’autre à enfiler à la place quand il aurait besoin de remettre quelque chose sur ses fesses pour sortir de l’appartement.

L’aller-retour pour aller à sa voiture se fit en une fine poignée de minutes, autant parce-qu’il n’avait pas envie de rester dehors et qu’il préférait rester à l’intérieur de l’appartement, ce qui se passait là-bas plus intéressant; également parce-qu’il n’était toujours pas question qu’un des voisins ne l’aperçoive ici, et surtout accoutumé de la sorte. Le bouquet avec lequel il revint dans l’appartement eut au moins le don de provoquer l’effet escompté: la surprise et l’étonnement étaient de mise sur le visage de la jeune femme. Sans un mot, alors qu’il revenait vers elle à petits pas, elle attrapa son chat afin de faire l’échange entre l’animal et le bouquet quand Ben lui tendit ce dernier. Il accepta la boule de poils, l’attrapant dans ses mains avec une délicatesse qu’il réservait à ce qui n’était finalement pas les humains. Déjà d’instinct, le chat n’en ayant que peu à faire que ce soit un inconnu qui le tienne contre lui, Ruben caressait l’animal. Le gloussement émit de la part de la blonde lui tira un petit sourire, cependant. « Est-ce que t’essaierais pas un peu de me faire tomber amoureuse de toi ? Parce que, je tiens pas à annuler tous tes efforts, mais je suis plus dure en affaire que ça. » Ce fut de façon exagérée et avec un certain amusement qu’il leva les yeux au ciel. « Si t’étais pas plus dure en affaires que ça, tu serais déjà tombée amoureuse de moi Mavis. Et je me serais déjà inquiété que ce soit le cas. » Parce-qu’ils s’amusent tous deux était une chose, mais qu’elle éprouve des sentiments à son égard et qu’elle tombe amoureuse de lui en était une toute autre; quelque-chose qu’ils ne pouvaient pas se permettre, à aucun moment. Ils ne l’avaient jamais émis à haute voix, mais c’était le genre de clause de contrat implicite dans leur histoire. Faisant fi de son chat et de son esprit rebelle et possessif déjà en place envers Ruben il semblait, la blonde se rapprocha du chirurgien pour apposer un nouveau baiser sur ses lèvres. « Je l’adore, merci. » Il lui en vola un second, et un troisième. « Tant mieux: c’est le but. » Il décala ses baisers de ses lèvres à sa mâchoire, en déposant quelques uns dans le creux de son cou. Il évita de mentionner qu’il s’était dit que l’assortiment de couleurs irait bien avec les yeux de Mavis, car c’était là le genre de choses pourtant vraies mais qui dépassaient les bornes des limites.

« Est-ce que ça te dit de commander quelque-chose à manger ? Je sais qu’on est en plein milieu de l’après-midi, mais je suis venu directement de l’hosto et je meurs de faim. » S’il avait repris la parole et laissé les baisers de côté, ce n’était pas pour autant qu’il comptait laisser la jeune femme s’éloigner de lui - et pour ne pas qu’elle tente l’opération, il avait glissé sa main dans le bas de son dos pour la garder un peu plus proche de lui. « Promis après tu choisis le reste de du programme. Mais si je veux pouvoir tenir ce que t’auras en tête, je vais avoir besoin d’énergie. » Et plissant un brin le bout du nez, un petit sourire au coin des lèvres, il ajouta: « Disons que je connais tes capacités médicales maintenant et que j’ai pas envie de servir de cobaye parce-que je serais tombé dans les pommes. » S’ils s’étaient trouvés quelques années en arrière, il aurait volontiers joué le rôle de celui perdant connaissance pour qu’elle s’entraine à le sauver - mais ils avaient bien surement passé l’âge de jouer à ce type de mise en scène, surtout si Ruben s’attendait à être réellement apte à tourner de l’oeil à tout moment.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/thaygifs)

"Au point de pas réussir à profiter d’un événement aussi heureux que le mariage de tes amis ?" Allez, encore un petit effort pour faire gonfler l’ego de Mavis qui restait pendue aux lèvres de Ruben avec la curiosité d’une enfant à qui on raconte une histoire de fées et de princesses. Ça lui faisait du bien d’entendre qu’il regrettait son comportement tout en sachant au fond que ce ne serait pas la première fois que ça se passerait comme ça. Elle le sentait, ça ne s’expliquait pas, et si elle s’en offusquerait encore et encore, elle ne pouvait pas s’enlever le plaisir que ça lui procurait d’être assez importante pour Ruben pour qu’il devienne jaloux. Elle en jouerait probablement pour asseoir le pouvoir qu’elle avait sur lui, elle ne savait pas encore quand exactement, mais c’était excitant de l’envisager sur le long terme. Il lui rendait la pareille, c’était aussi évident qu’il s’amusa de son propre aveu à propos des messages qu’elle avait soi-disant relus et qui appuyaient le sentiment mutuel de manque qu’ils avaient ressenti au même moment. Elle n’eut pas le coeur de lui dire qu’elle avait un peu menti en prétendant les avoir relus tant ça semblait lui faire quelque chose dans le fond, mais elle y avait beaucoup pensé, c’était vrai "Ça m’a tenu compagnie le temps que tu te décides à t’excuser. Je crois que j’aime de moins en moins dormir seule, et c’est de ta faute." lui fit-elle pour répondre à son semblant de question, finissant par rouler encore une fois des yeux en l’entendant lui reprocher d’avoir trop bien retenu le message, se radoucissant juste un peu lorsqu’il lui dit de nouveau qu’elle était privilégiée aujourd’hui, et que sa présence ici était une exception dont elle saurait jouir sans aucune intention de s’en lasser.

"Tu lui diras qu’il est insupportable quand il se comporte comme une drama queen." interjeta la jeune femme lorsqu’il s’offusqua de l’entendre dire que prendre du repos lui allait bien au teint. Elle savait dans quoi elle s’engageait quand elle lui avait dit, alors elle ne fût pas surprise par sa réaction. Elle le fût un peu plus quand il fit reposer ses futurs efforts sur les épaules de la blonde qui lui répondit avec un semblant de bouderie dans le ton rauque de sa voix "Je suis toujours mignonne." Il était le mieux placé pour savoir que non, absolument pas, et ça eut le don de la faire sourire de nouveau, et ce tout le long de l’interlude dont il eut besoin pour aller chercher ses affaires, actant ainsi sa présence jusqu’au lendemain matin au moins.

Quand il la rejoignit, et qu’ils échangèrent fleurs, chat et baisers, Mavis souligna quelque chose qui rendit la réponse donnée par Ruben plutôt décevante au point qu’elle fronça très furtivement les sourcils "Pourquoi tu pars du principe que c’est moi qui devrais déjà être tombée amoureuse de toi ?" Elle huma brièvement ses fleurs, libéra ensuite Frigg des bras de Ruben pour la reposer à ses pieds, et continua avec ce petit air malicieux qui était le sien quand elle se jouait gentiment du docteur "T’es ici avec un gâteau au chocolat, des fleurs et une tenue affriolante, c’est presque la définition du mec amoureux que tu me donnes. En plus, c’est parce que tu supportais pas l’idée de me savoir triste que t’es venu, ça en rajoute une sacrée couche." C’était pour l’asticoter qu’elle lui disait ce genre de choses, rien d’autre. Elle était intelligente, elle avait compris qu’elle était son rôle auprès de Ruben, et parce que ça lui conférait des avantages non-négligeable en dehors du plaisir qu’il lui donnait, elle s’en satisfaisait sans même juger ça indécent de le faire. Elle ne tomberait jamais amoureuse de lui comme il ne tomberait jamais amoureux d’elle — elle parce qu’elle n’était pas de ce genre là, lui parce qu’il était amoureux de Nina sans qu’elle ne comprenne exactement comment l’amour qu'il ressentait pour elle le rendait capable de lui faire du mal en même temps, mais elle avait cessé de chercher à comprendre tout ça. Elle n’était pas la responsable de toute cette histoire, encore qu’elle en était l’instigatrice, mais c’était différent. Elle l’avait déjà bien fait comprendre à Ruben qui était celui qui était casé, qui devait donc assumer ses sottises. Elle, elle se mettait à sa disposition en récoltant les pièces qu’elle gagnait en se montrant arrangeante, elle n’avait rien à perdre, tout à y gagner. La preuve étaient les baisers qu’il lui donna le long de sa mâchoire pour se perdre un instant dans le creux de son cou après qu’elle l’eut remercié pour le bouquet.

Sa main qu’elle posa contre sa joue le tint plus proche d’elle encore, mais elle se reprit vite en le forçant à se redresser "Hey, donne-moi juste une seconde, je dois les mettre dans l’eau." Elle en rit, de la volonté immédiate de Ruben de ne pas la lâcher, et se défit de son étreinte juste pour exécuter ce qu’elle lui annonça ; elle remplit son vase d’eau tempérée, défit le joli papier autour de ses fleurs, et lui adressa un sourire quand il lui déroula un programme qu’elle accueillit avec les yeux plissés "Tu préfères pas que je te cuisine quelque chose ? Ce serait la moindre des choses pour te remercier pour tout ça." C’était tellement normal, une scène digne d’un film à l’eau de rose qu’elle exécrait et dont elle se défendrait d’apprécier le scénario. Mais la vérité c’était que là, elle était prête à être aussi mignonne qu’il voulait qu’elle soit pour que de temps en temps donc, il se comporte comme ça.
Arrangeant brièvement la disposition des fleurs dans son vase, elle s’en lassa rapidement lorsqu’elle le vit revenir vers elle, ses mains trouvant déjà son dos pendant que celles de Mavis venaient replacer les bords du manteau qu’il portait sur le dos et qu’il n’avait toujours pas enlevé — il devait vraiment beaucoup aimé être accoutré de cette façon. La tête levée, les lèvres mordues en l’écoutant attentivement, elle fit mine d’être soudainement très intriguée par ce qu’il lui disait au point d’en chuchoter "Et qu’est-ce que tu penses que j’aurais en tête exactement ?" La tête s’inclinant alors sur le côté, ses mains se frayèrent un chemin sous l’épaisseur de la fourrure qu’il portait pour glisser jusqu’à ses épaules auxquelles elle s’accrocha sans en avoir l’air, ses reins se creusant sous la tension exercée par les mains du jeune homme dans son dos. En même temps, elle déposa un baiser rapide au creux de sa gorge, là où elle n’avait pas besoin de lever la tête pour l’atteindre, mais le fit quand même pour reprendre juste après avec un sérieux qui ne pouvait qu’être surjoué "Gendre idéal, chirurgien, mentor, top model, rockstar et médium ? Tu coches toutes les cases, c’est vraiment très agaçant." Un murmure qui finit par se perdre contre sa bouche pour lui donner un aperçu rapide de ce qui l’attendait ; mais elle ne fit que l’effleurer, se dérobant juste après par malice pendant que récupérant ses mains, et le repoussant avec un air faussement innocent, elle ajoutait "Ce sera pour après, t’as dit que tu préférais manger avant."

i was on my way to buy some flowers for you

@mavis barnes

(c) gifpacksbysummer

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« Au point de pas réussir à profiter d’un événement aussi heureux que le mariage de tes amis ? » Il pinça un brin les lèvres, les fit rouler l’une sur l’autre la seconde suivante. « Au point où effectivement, ça a pu me distraire une partie de la soirée oui. » Pas qu’il n’avait pas véritablement profité du mariage de ses amis, mais il était vrai que peut-être l’aurait-il davantage, voire différemment, si Mavis n’avait pas occupé une partie de son esprit. C’était surtout qu’à partir du moment où il avait commencé à boire plus d’un verre, la jeune femme était passée dans ses pensées; et puis il enchainait les verres consommés, moins il arrivait à la chasser de ces dernières et peut-être que ce cercle vicieux aurait pu durer encore bien longtemps si son frère n’était pas intervenu malgré le manque d’envie de Ruben qu’il le fasse. Après, il avait tenté de se concentrer sur ce qui importait, et de laisser ses remords en rapport avec la jeune Barnes dans un côté de son esprit. A ce moment là, cependant, il avait déjà envoyé les messages dont bien sur il se souvenait mais qu’il n’avait pu lui garder en souvenir dans son téléphone. « Ça m’a tenu compagnie le temps que tu te décides à t’excuser. Je crois que j’aime de moins en moins dormir seule, et c’est de ta faute. » Et promis qu’il aurait préféré ne pas réagir positivement à ce type de commentaire - pas lorsqu’ils étaient de la part de Mavis en tous cas. Il ne savait faire autrement, Ben, avec son petit sourire en coin et son air d’autant plus satisfait en cet instant; même s’il était tout à fait avisé qu'il aurait du comprendre le problème que ce type d’aveu pouvait apporter. Elle n’était pas tout à fait censée lui dire ce type de choses - comme il n’était pas supposé réagir comme un petit ami jaloux trois quarts du temps et pourtant, c’était exactement de cette façons là qu’il se comportait. Il était parfaitement au courant qu’il aurait du lui dire qu’il n’était pas la bonne personne pour endosser ce type de rôle; il n’en fit rien, bien au contraire. « A dormir seule ou à dormir sans moi ? » Ce n’était pas comme si c’était la plus grande des habitudes qu’ils avaient, mais si elle poussait le vice à aborder un sujet de ce type, autant tenté d’en obtenir le maximum.

« Tu lui diras qu’il est insupportable quand il se comporte comme une drama queen. » Bien sur qu’il leva les yeux au ciel de façon ostentatoire. « C’est pas son genre. » Bien sur que si ça l’était tout à fait en réalité. « Je suis toujours mignonne. » Elle enchaina petite boue boudeuse et sourire, alors il leva peut-être une nouvelle fois les yeux au ciel parce-que c’était là de nouveau tout à fait adapté. « A d’autres, Mav, à d’autres. » Ils n’avaient pas une relation qui leur permettait de ne pas être au courant de ce type de comportement, justement; il était on ne pouvait mieux placé pour savoir pertinemment qu’elle n’était pas toujours mignonne. Il ne s’en plaignait pas, loin de là: il agissait en connaissance de cause, à chaque fois qu’il retournait vers elle. Ruben pouvait également se permettre d’opter pour ce type de comportement car il savait pertinemment que Mavis ne succomberait pas à son charme - pas de cette façon, pas de façon pérenne en tous cas. D’autres à sa place seraient déjà sous le charme du docteur Hartfield pour de vrai, il savait pertinemment que ce ne serait pas son cas. « Pourquoi tu pars du principe que c’est moi qui devrais déjà être tombée amoureuse de toi ? » - « Plait-il ? » Il haussa un sourcil sur son visage, plutôt intrigué par la question qu’elle lui posait. Il fut même presque aussitôt puni et le chat n’eut pas le droit de rester plus longtemps entre ses bras. « T’es ici avec un gâteau au chocolat, des fleurs et une tenue affriolante, c’est presque la définition du mec amoureux que tu me donnes. En plus, c’est parce que tu supportais pas l’idée de me savoir triste que t’es venu, ça en rajoute une sacrée couche. » Le second sourcil fut tiré vers le haut mais d’étonnement cette fois-ci, alors qu’il laissa un petit rire échapper malgré tout à la suite. « Mavis, Mavis, Mavis… » Il laissa échapper un long soupire. « T’as surement raison, c’est ça le pire. On peut aussi voir ça comme un numéro de charme de ma part en vrai: je te couvre d’attentions peut-être simplement pour en obtenir en retour au centuple. » Ce n’était même pas le cas, et c’était surement ça le pire. Il savait que la blonde lui donnerait de l’attention, même sans qu’il ne fasse tous ces efforts là; il agissait aujourd’hui de la sorte simplement parce-qu’il en avait envie et non pour que la pareille lui soit rendue. « Et je pars du principe que t’es celle qui devrait être tombée amoureuse, parce-que j’ai quelques atouts dans ma manche qui me permettent de répandre mon charme, et que de mon côté je me connais assez pour savoir que c’est pas le genre de chose qui arrive en un coup de baguette magique. » Il mettait des mois, des années parfois avant d’éprouver un amour poussivement considérable; il avait un coeur de pierre, Ben.

« Hey, donne-moi juste une seconde, je dois les mettre dans l’eau. » Il laissé échapper un léger grognement, alors que c’était lui-même qui lui avait demandé de s’occuper de mettre le bouquet dans l’eau justement. Simplement, il aurait préféré la garder contre lui un instant supplémentaire - comme si ce n’était pas quelque-chose qui pourrait se voir réitérée dans les minutes suivantes. « Tu préfères pas que je te cuisine quelque chose ? Ce serait la moindre des choses pour te remercier pour tout ça. » Il n’avait pas pensé à cette option. « Déjà, t’as pas besoin de me remercier pour tout ça. » Et il le pensait sincèrement. « Mais en vrai je veux bien. Si t’as la motivation pour préparer à diner, je dis pas non. » Ce n’était pas lui qui allait refuser une occasion de voir Mavis avoir une attention à son égard - qu’importe si ses gestes en portaient réellement une quelconque attention, en réalité, ils pourraient prétendre que ce soit le cas et c’était suffisant. Finalement, une poignée de dizaines de secondes plus tard et la jeune femme se retrouvait à glisser ses mains sous le manteau de Ben comme si elle était en terrain conquis, que ce dernier était son territoire. « Et qu’est-ce que tu penses que j’aurais en tête exactement ? » De ? Ah oui, suite du programme; c’était un brin plus compliqué de se concentrer lorsqu’elle jouait avec ses réactions et ses sensations. Quand elle se collait à lui de la sorte, lorsqu’elle déposait un baiser ainsi. « Je dis pas j’espère beaucoup d’autres de ça, mais si c’est au programme je bouderai pas. » Instinctivement, ses mais se posèrent sur ses hanches, glissèrent pour s’apposer sur la partie supérieure de ses fesses, sans bouger davantage. « Gendre idéal, chirurgien, mentor, top model, rockstar et médium ? Tu coches toutes les cases, c’est vraiment très agaçant. » Le sourire qu’il ne sut réfréner était autant empli de fierté que d’amusement en cet instant. « Je t'ai dit: j’ai beaucoup d’atouts dans ma manche. » Il haussa légèrement un sourcil. Il aurait bien rajouté qu’elle en connaissait déjà une grande partie de ces dits-atouts, mais ses lèvres effleurant un instant légèrement les siennes lui firent perdre sa concentration - il finit par happer l’air intrus entre leurs deux visages, avant qu’elle ne s’éloigne de lui en le repoussant délicatement. Oh, qu’il n’aimait pas quand elle agissait de la sorte; oh qu’il se sentait frustré de ne pas être en contrôle surtout. « Ce sera pour après, t’as dit que tu préférais manger avant. » Et peut-être qu’il se maudit un brin en cet instant, peut-être qu’il laissa échapper un léger soupire ressemblant de nouveau à un grognement; mais le léger bruit que son ventre manifesta pour lui rappeler effectivement qu’il se devait de manger interrompu l’idée de mettre cette dernière de côté justement. « Il faut que je mange quelque-chose oui. Mais je suis pas contre que tu me décrives comment t'as envie de passer le reste de ta soirée d’anniversaire, tu sais. » Finalement, il se dirigea vers la partie cuisine de la pièce, relevant les manches de son manteau de fourrure comme possible. « Je te propose de te donner un coup de mains pour préparer ? On ira plus vite à deux. » Et puis, faire une activité plus classique ne pouvait leur faire du mal; cela leur permettrait de réellement lever un drapeau blanc entre eux. Parce-que même si Mavis semblait s’appliquer à mettre de côté son comportement récent et à tenter un semblant de table rase, il s’en voulait quand même d’avoir agi de façon si idiote et avait réellement envie de faire des efforts pour se rattraper. « Promis, je suis un bon commis. Ton père m’aurait mis hors de son bloc bien plus tôt si c’était pas le cas. » Et plissant le bout du nez, il ajouta: « Parfois, je sais suivre les ordres plutôt que de les donner, aussi. »