it feels so good in the bay
@Simon Johnson (crédit gif/ gifsbysymphony)

Un sourcil levé, Mavis prit un léger temps pour méditer sur la question de Simon. Ce n’était pas que pour l’effet, elle réfléchissait véritablement à ce qu’impliquait le mystère qu’elle s’échinait à déployer autour d’elle. Elle ne se changerait pas en crapaud, ça ne voulait pourtant pas dire que la créature qu’il y avait sous sa blondeur de blé, son sourire mutin et ses joues rondes n’étaient pas vilaine. C’était difficile à avouer cependant. Elle cultivait trop les apparences pour vouloir lever le voile sur ce que ça cachait vraiment, bien moins à l’aise avec ses démons qu’elle ne l’était avec ceux des autres dont elle se servait pour tirer son épingle du jeu et ressortir victorieuse de situations qui ne demandaient pas la compétition pourtant. L’arc de son sourcil s’accentua, sa bouche s’entrouvrit, et sa réplique qui avait du mal à venir, perdue un instant dans sa réflexion, elle finit par la donner à Simon qu’elle ne lâcha pas des yeux "Ça, c’est à toi de le découvrir." Peut-être fallait-il activer quelque chose en elle pour qu’elle montre son vrai visage ? Mavis elle-même ne le savait pas.

Et elle n’avait pas envie d’y songer trop fort tandis que le raisonnement de Simon vint à la faire rire et qu’elle lui dit, le pointant d’un doigt soigné, les paupières légèrement plissées "T’essayes de me percer à jour. Mais je suis plus maline que ça, je tomberai pas dans le panneau." Et ses épaules se haussant, elle répondit à sa question non sans la contourner, faisant de l’humour pour exprimer si ce n’était un mécontentement, un vague ennui à l’idée que le jeune homme veuille aller trop vit en besogne en cherchant à mettre le doigt sur la complexité qu’elle cachait sous sa bonne éducation "Si on m’avait dit que je remporterais une séance de psy en plus de la séance de skate, j’aurais certainement passé mon tour." Elle ne voulait pas que Simon le prenne mal et lui offrit un sourire juste après. Il devrait en tirer un apprentissage lui aussi, pour leur prochain rendez-vous : éviter de creuser sous peine de la voir se refermer comme une huître.

Elle ne tenait tout de même pas à ce que la bonne ambiance tourne court "Est-ce que tu connais vraiment des gens susceptibles d’aimer les entraves ? Ce serait au mieux des masochistes, au pire des imbéciles." lui répondit-elle, passant rapidement sur le sujet de ses parents pour être honnête cette fois, et continuer "Et je suis rien de tout ça." Pas sûre pour la partie masochiste de sa théorie, mais là encore, c’était sûrement aller trop loin dans sa psyché pour le propre bien de Simon. Il ne prenait pas la fuite, ce n’était pas gravé dans la roche néanmoins : quand ils se rendaient compte à quel point elle pouvait être complexe, ceux qu’elle côtoyait avaient tendance à prendre la tangente. Les seuls qui consentaient à apprécier l’imbroglio de la personnalité qu’elle redéfinissait selon la personne qui se trouvait en face d’elle, c’était Dan et Ruben. Elle attrapa le bout de sa paille pour tasser le fond de son verre avec un léger sourire, inclinant le menton pour suivre son geste, et briser un instant le contact de ses yeux avec ceux de Simon "Les mamans sont décidément très perspicaces." La sienne l’était, mais pas assez audacieuse pour avoir le courage de ses observations à son propos, démissionnaire de son rôle sous le prétexte qu’elle travaillait trop. Elle haïssait les mères Mavis, elle haïssait les femmes en général, surtout celles qui étaient aussi brillantes qu’elle, et dont la détermination était susceptible de lui faire de l’ombre. Marion en aurait des choses à dire à ce sujet, c’était bien dommage qu’elle n’était plus là pour en témoigner.

Relevant la tête, elle ne dit rien de plus lorsqu’il lui confirma ne pas craindre sa soi-disant retenue, et laissant une seconde à peine vriller ses yeux vers le bas de son visage pour une oeillade absente vers son sourire qui en fit naître un sur le sien alors que la provocation semblait s’étirer doucement, les sous-entendus devenant assez évidents pour que Mavis sache sans trop de difficulté que Simon n’était pas indifférent à ce qu’elle dégageait "Tolérante. C’est un adjectif que j’avais pas encore dans ma collection." Et qui la laissait perplexe, mais passons. L’attitude du jeune homme la fit rire, ses yeux se réduisirent à une mince fente pour faire le point sur la suite de ses paroles, mais aussi sur la manière dont il rebondit sur l’idée qu’ils avaient déjà une liste de rancards de côté "Au rythme où ça va, on va devenir inséparables." Ses lèvres trouvèrent sa paille, ses yeux ne se baissèrent pas quand elle aspira doucement sur sa boisson qu’elle avala vite alors, basculant la tête en arrière pour reprendre à la suite de Simon dans un soupir théâtral qui dégageait un fausse déception à propos de ce qu’elle annonça "Je vais sûrement devoir faire des sacrifices pour te faire un peu de place, quelle plaie." Elle savait exactement quel genre de sacrifice elle ferait, et tout ça pour avoir la satisfaction de faire entendre à Ruben qu’il ne pouvait pas la traiter comme il le faisait depuis quelques temps ; un moyen comme un autre de lui rappeler que c’était elle qui avait le contrôle. Son dos s’étant aggloméré au dossier de sa chaise, ses mains s’étant levées pour remettre le cadre de son carré court derrière ses oreilles, elle poursuivit comme si elle ne s’était pas interrompue, le regard de Simon aimantant le sien "Mais le jeu en vaudra sûrement la chandelle, non ?" Est-ce que Simon était assez sûr de lui pour le lui promettre ? Elle n’essaya pas de le savoir pour l’heure, et s’accouda de nouveau au bord de la table pour opiner du chef quand il lui demanda de le prévenir au préalable de ses disponibilités pour s’arranger et pouvoir répondre à sa requête. Il paraissait motivé, ça fit gonfler quelque chose en elle qui était sûrement son ego, pas tellement habituée à ce qu’on veuille se mettre en quatre pour la prioriser. On y prenait vite goût, et c’est ce qui la fit ajouter dans un presque murmure, ses lèvres se mordant brièvement pendant, qu’à distance, elle appréciait la beauté des traits de son interlocuteur "J’ai hâte."