Maritza lui avait proposé d’aller effectuer le stage de survie et s’il était persuadé que c’était une mauvaise idée, il avait sauté sur l’occasion pour se rapprocher toujours un peu plus de son objectif, se rapprocher de ses frères et soeurs. Il n’avait rien d’un aventurier, pourtant, il s’était empressé de proposer à Sara de faire un atelier avec lui. Diego avait été fourbe mais malin, lui faisant la proposition devant leur mère ce qui avait enlevé toutes possibilités à sa petite soeur de lui dire non. C’était de cette façon qu’ils s’étaient retrouvés à assister aux cours sur comment fabriquer une cabane de fortune à un jeune homme sympathique mais qui semblait un peu fataliste - pourquoi devraient-ils un jour construire leur propre maison ? Diego n’avait pas prévu de finir naufragé et il espérait grandement que cela ne lui arriverait jamais. Le côté théorique avait au moins permis à Sara de profiter de ses derniers moments avant de se retrouver seule à seule avec son grand frère et la façon dont elle fronçait les sourcils montrait combien l’idée la réjouissait. « Fais pas la tête, hermanita, on s’en est sortis avec maman.. » Après s’être perdus plusieurs fois, avoir dû revenir sur leurs pas et son état témoignait que cela n’avait pas été chose facile - Diego avait le visage couvert de traces noires, son sweat était troué par endroit et il donnait l’impression d’avoir réellement lutté pour sa vie. L’immersion était totale. Sara n’avait pas vraiment eu le temps de vociférer comme à son habitude parce que leur moniteur avait commencé à répartir les équipes sur les camps où aurait lieu l’activité visant à leur attribuer un certificat. Le certificat, il s’en fichait, la complicité avec Sara était ce qu’il était venu chercher. On leur avait indiqué une direction et Diego avait levé la main pour indiquer à sa soeur de le devancer pour faire le chemin jusqu’à l’endroit où ils allaient devoir construire une cabane. Finalement, le mexicain se disait que cette activité serait bien plus simple et moins dangereuse que celle faite juste avant. « J’espère qu’ils ont prévu un peu de matériel, j’ai pas envie de m’enfoncer à nouveau dans cette jungle. » Il n’exagérait que légèrement, la petite forêt où s’était déroulée la course d'orientation lui avait réellement donné l’impression d’être au milieu de l’Amazonie. Ce n’était pas un lieu qu’il fréquentait de manière habituelle alors il avait été déstabilisé mais il avait réussi à changer d'avis, maintenant convaincu que sa mère avait eu une bonne idée et ce malgré ses mocassins. Ils avaient pris un petit chemin sinueux pour arriver jusqu’à une grand étendue d’herbe où ils auraient un temps imparti pour construire leur cabane en utilisant les techniques de Jeremy. Diego espérait d’ailleurs qu’il revienne de temps à autre les aider, ayant regretté ne pas avoir eu d’aide durant son parcours du combattant avec sa mère. Arrivés sur place ils avaient découvert que …

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« Vous vous êtes perdus combien de fois ? » Il ne s’était pas vexé de la provocation de sa soeur, préférant prendre toute cette histoire de stage de survie à la rigolade. Il avait fait mine de compter sur ses doigts avant de rire, il était difficile de savoir combien de fois ils avaient fait demi-tour durant l’épreuve d’orientation. Diego tairait également jusqu’à sa mort la chute phénoménale au-dessus du tronc d’arbre et s’efforçait de faire de son mieux pour masquer sa légère boîterie qui durait depuis le matin. L’aîné avait donc suivi sa soeur jusqu’à l’endroit désigné et la surprise était loin d’être agréable. Rien. Voilà ce qu’ils avaient à disposition. « Maman a eu le droit d'apporter du ketchup pour me faire un sale coup mais nous on a aucun matériel pour construire un abri ? » Diego avait mis ses mains sur les hanches en regardant l’espace desespèrement vide où ils allaient devoir se mettre au travail pour récolter le précieux sésame - quitte à avoir souillé son chino, autant que cela serve à quelque chose.  « C’était bien utile de nous montrer des techniques de sioux pour faire des noeuds alors qu’on a… Attends, du ketchup ? Qu’est ce qu’elle faisait avec du ketchup ? » Les Gutiérrez avaient bien des défauts mais une chose était sûre, il ne manquait jamais d’imagination. Alors il comptait sur ce trait de leur personnalité pour réussir l’épreuve. « Sur insta ils disaient qu'on avait le droit d'apporter un couteau, alors j'ai pris ça, » Du ketchup. Un couteau. Aurait-il dû apporter son testament et ses dernières volontés ? Probablement parce que cet événement prenait une tournure inattendue.  « Doucement avec ça, Sara. » Elle était exaspérée alors qu’ils n’avaient même pas encore tenté de créer les fondations de leur logement de fortune. Il avait cette capacité à l’agacer à une vitesse folle, pourtant, il ne le faisait pas exprès, il voulait toujours la protéger. « Bon, le gars a dit que le plus important c'était d'isoler le sol, alors il nous faut trouver de quoi faire ça... » Il avait hoché la tête, l’écoutant attentivement comme pour lui montrer qu’il ne la considérait pas comme un bébé. Pas tout le temps. « On n'a qu'à utiliser les feuilles de ces arbres-là. » La main sur le front pour regarder à l’horizon, le défi semblait jouable. « Heureusement que ces arbres là sont petits, j’aurais pas voulu escalader après ma randonnée surprise. » Il n’aurait ni voulu, ni pu escalader des arbres pour construire une cabane dans laquelle il ne dormirait de toute façon pas. Il n’était ni équipé, ni en condition physique pour effectuer l’ascension d’un tronc à mains nues et il était ravi de ne pas avoir à se tourner en ridicule auprès de sa petite soeur. Ils avaient travaillé dans un silence presque total et finalement, le sol était entièrement nettoyé et recouvert de végétation ce qui garantissait une base solide - en totale opposition avec les bases de leur relation. « On se partage les tâches ? Je récupère du bois qui pourrait servir pour la structure et tu cherches quelque chose pour faire office de corde ? Tu pourras couper avec ton couteau… » avait-il proposé, en prenant soin de ne rien imposer. Une fois qu’elle avait acquiescé, il était allé chercher le bois.

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Diego était plutôt curieux de connaître qui avait fait quel atelier avec Maritza, et surtout, très curieux de savoir comment les choses s’étaient passées. « Elle a voulu me faire croire qu'elle s'était coupée, » C’était original et cela ne l’étonnait pas de sa mère qui semblait avoir tout prévu pour que le stage se passe pour le mieux, sauf peut-être son téléphone et un GPS pour les sortir de la forêt plus tôt tout à l’heure.  « Mamà… elle est pas croyable. J’ai passé un bon moment avec elle, même si ça ne se voit pas. » Il avait terminé sa phrase en désignant son jean qu’elle avait déchiré et pour cela, il lui en voudrait à vie. Alors voir Sara dégainer un couteau comme si elle était la Jane de Tarzan et vivait dans les bois l’avait fait avoir un mouvement de recul, il craignait maintenant pour le reste de sa tenue. « Tranquilo hermano. C'est pas toi que j'ai prévu de couper avec, » Sara était aimable de le préciser, il était certes dubitatif quant à leur lien, mais n’aurait jamais pensé qu’elle lui voudrait du mal. Ils étaient maintenant seuls en forêt et ce n’était pas le moment de songer au pire, de toute façon. Ni d’augmenter leurs chances de finir à l’hôpital en tentant de grimper aux arbres. « T'es pas drôle, » Il avait haussé les épaules, ce n’était pas sa qualité sa principale, il devait l’admettre. Ils devaient de toute façon se mettre au travail et Diego avait tenté de prendre les rênes de l’événement, sans grande conviction. « D'accord. » avait-elle confirmé et cela l’avait surpris, sa rébellion prenait visiblement fin dans l’adversité. Le grand frère s’était dirigé un peu plus loin - mais pas trop pour ne pas s’égarer, ses talents en orientation ne s’étant que très peu illustrés le matin - et avait commencé sa recherche. Très vite pourtant, il était revenu bredouille. « Qu'est-ce que t'as ? » Diego tentait de rester fort face à sa petite soeur, mais la douleur était palpable. « Donne-moi ta main, je vais regarder, » Alors il se tenait là, sa main dans celle de Sara qui tentait comme elle pouvait de l’aider.  « Aïe, joder, Sara ! » s’était-il écrié. « Bon j'y arrive pas. » Sa réaction n’avait pas tardée, il savait qu’il allait devoir prendre sur lui s’il voulait pouvoir continuer sur son aide. « T'as pas une pince à épiler avec toi par hasard ? » Le mexicain avait levé un sourcil interrogateur vers elle, oubliant un temps la douleur. « Arrête, j'suis sûre que tu voulais amener ta brosse ! »  « Tu me connais bien mais non, pas de pince à épiler. » Ce serait pour le prochain stage de survie où il prendrait soin d’emmener une vanity complète et des chaussures de marche, même si il les trouvait hideuses. « Bon c'est pas grave, essaie juste de pas trop utiliser cette main pour la suite. »  « J’étais déjà pas sûr de réussir à construire une cabane avec mes deux mains, alors avec une seule … Et puis à la fin, je suis médecin non ? » avait-il dit avant de serrer les dents et de se faire une microscopique incision pour extraire l’écharde et il espérait que cette scène digne des plus grands films d’action impressionnerait Sara. « Tu veux retourner chercher du bois ou tu veux couper les cordes et moi j'y vais ? » « J’ai essayé la première option mais j’ai pas trouvé de bois dans cette forêt ! » Il avait marqué un temps de pause avant de réaliser l’absurdité de ce qu’il venait d’annoncer. Alors, il avait soupiré avant de s’enfoncer à nouveau dans la forêt pour chercher - vraiment, cette fois-ci. Il était revenu triomphant.  « Regarde ce que j’ai trouvé, hermanita ! » avait-il dit pour qu’elle le rejoigne et constate sa découverte.

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L’exercice semblait si facile lorsqu’il était expliqué et illustré par Jeremy, un grand gaillard à la musculature parfaite. Il semblait trouver tout ce qu’il cherchait, que ce soit un sol lisse et plat pour la base - tout cela à côté d’un point d’eau et niché près de quelques roches pour se protéger des animaux - ou du bois sain et robuste pour effectuer la fameuse cabane. C’était beau à regarder, ils avaient tous les éléments pour réussir le même exploit… sauf peut-être le talent. Car être architecte, même du plus petit des tipis de fortune, nécéssitait un tant soit peu de connaissances. Les Gutiérrez en stage de survie, il aurait pu tout imaginer concernant sa famille mais surtout pas ça. « Explorer la forêt avec Cesar c'était quelque chose, » A l’évocation de son frère, Diego avait eu un léger rire qu’il n’avait pas réussi à cacher à Sara. « Oh arrête, il t’a forcément parlé de ça. » avait-il répliqué devant la moue interrogatrice de sa soeur. Il en était persuadé, son frère avait du se plaindre de l’irruption de Diego et sa mère dans sa chambre au pire moment. Diego s’était arrêté de rire quand ils avaient réellement commencé à travailler et qu’il s’était enfoncé une écharde dans le doigt. « Arrête de bouger, » Plus facile à dire qu’à faire. « Et t'as ta brosse ? » Il s’était abstenu de répondre mais il aurait bien aimé connaître la réaction de Sara si il avait été à l’origine de ce genre de blague. Lassé et pressé d’avancer pour ne pas échouer, Diego avait pris les choses en main. « Mets pas du sang partout, » avait-elle commencé « J'savais pas qu'on apprenait ça en médecine, » Il avait haussé les épaules. « Exagère pas, c’est rien. » Il avait lui-même un peu exagéré avant, il devait l’admettre, mais l’agacement rendait chaque chose plus difficile. Ils avaient pu se remettre au travail rapidement. « Fais gaffe aux échardes ! » Cette fois-ci, elle allait lui payer. Diego avait fait semblant de chercher pendant quelques temps avant d’appeler Sara. « T'es sérieux ? » Il avait affiché son plus beau sourire. « T'es au courant que c'est pas drôle ? » « Parce que ta blague sur ma brosse l’était, peut-être ? » avait-il rétorqué parce que s’il faisait de son mieux pour se rapprocher de sa soeur, l’accumulation des échecs durant cette mission commençait à lui faire perdre patience. Ses tentatives d’humour n’était qu’une façon déséspérée de détourner l’attention du fait qu’ils était absolument mauvais dans l’exercice. « Tiens, t'as qu'à les tresser pendant que je vais trouver du bois. » Le regard noir qu’il avait lancé à sa cadette témoignait de combien il avait apprécié cet ultime rappel de son côté un tantinet superficiel. « Jouer avec tes barbies quand t’étais petite aura été d’une plus grande utilité que Jeremy. » Jeremy venait de se prendre une balle perdue alors qu’il était évident que ses compétences en survie ne pouvaient être remises en cause, de toute façon, il n’était pas là pour entendre Diego se plaindre. Il avait commencé à tresser, s’asseyant par terre parce que son pantalon ne craignait plus rien et il attendait patiemment Sara. En la voyant revenir, Diego s’était levé pour l’aider à amener le bois jusqu’à leur camp…

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