Bandana à la rambo autour de la tête : check ! traits de warrior sur les pommettes peintes à coup de crème solaire et deux doigts vengeurs : check ! Bâton de Gandalf pour ne pas priver une Robin de son appuie : check ! Je suis prête, fine prête, ultra prête ! Ce n’est pas très important si j’ai oublié ma gourde ou même mon sac à dos tout entier, j’ai confiance en l’âme de la forêt pour nous apporter tout ce dont nous aurons besoins à un instant t. Malheureusement, on est la veille du départ, Jaimie ne l’entend pas de cette oreille, et je n’ai pas du tout sommeil. Elle insiste pour me prêter sac et gourde, me borde presque dans la chambre d’ami, et quand elle vient me réveiller a une heure indue (6h, heure à laquelle je me couche habituellement), je peine à ouvrir l’œil mais jette deja des regards mauvais aux alentours sous mes paupières à demi closes.

On me dépose dans la voiture avec l’œil plat et plein de jugement envers ce soleil qui brille un peu trop pour être honnête. Mais ma ronchonnerie ne dure guère, bien trop ambiancé que je suis par la musique de mon amie et la perspective de ce trip de survie qui m’avait aussitôt enjaillée et que Jaimie avait aussitôt accepté de faire avec moi. Alors je parle et je chante et je dors et je piaille et je dors plus encore. Ensuite, on est arrivée.

« J’espère que t’as faim parce qu’on commence par l’atelier alimentation. » annonce la brune ténébreuse après avoir délicatement écarté une bouclette folle de mon visage « J’ai ! La ! dalle ! Qu’on apporte les carottes et les noix ! » Et je bondis hors du véhicule, conquérante, courant pour m’empresser d’ouvrir la marche quand nous pénétrons dans la forêt sauvage australienne. Et nous voilà à braver les feuillages et chemins sinueux, mon bâton de magicien bien en main. Parfois, ma nuit frêle me rattrape et je somnole, parfois, la motivation absolue me reprend comme un coup de foudre et je depasse mon amie à la tête de notre petite communauté de survivors, me battant un peu avec le guide qui semble s’estimer plus légitime que moi dans ce rôle là. Désolée mon boug mais qui c’est qui a le bâton de Gandalf ? Exactement, alors tout doux le loup !

Le guide parle bla-bla-bla des baies blabla danger bla. Je le trouve agaçant et roule des yeux et la tête avec.  « Je te propose de trouver une rivière. Les fruits ont besoin d’eau, nous aurons plus de chance. » Elle par contre, je l’écoute attentivement et agite vivement le museau à cette brillante idée. « Élémentaire ma chère Winters ! Je vois que la forêt n’a aucun secret pour toi non plus. » nous flatté-je à juste titre, tâtant la terre, écoutant les troncs d’arbres et humant le vent afin de nous orienter. « Par là ! » j’affirme alors avec aplomb en avançant vers un cul de sac en roulant des épaules. Après quelques zigzags hautement contrôlés, j’entends enfin la danse de la rivière et me précipite pour brandir mon bâton dans les airs à la vue de cette dernière « EURÊKA ! » braillé-je, victorieuse. Ensuite mon regard est attiré par un adorable petit champignon rouge à pois blanc façon cottagecore et je le cueille délicatement, attendrie. Mais alors que je me tourne vers par mon amie pour partager ma trouvaille, je la vois avec horreur cueillir des baies rouges toxiques et mon sang se glace. « C’EST DU POISON » hurlé-je en bondissant sur elle pour frapper sa main, la faire lâcher prise et ainsi, lui sauver la vie. « Pfiou ! C’était moins une ! Une chance que tu te trouves en la présence d’un sapeur rongeur ! »

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« Un… sapeur rongeur ? » J’hoche fièrement la tête, poings sur les hanches, museau à l’air, drapeau américain flottant derrière moi. « Ça te va suspicieusement bien ! » je glousse au choix de mot. Jaimie est très douée, avec les mots. « Hehe, eh bien, oui » répondis-je modestement quoi que coquetté en défroissant des plis imaginaire sur mon poncho tricotté. Ensuite mon amie futée accepte de ne pas manger les baies venimeuses qui l’auraient certainement tué sur le coup et, ma mission étant accomplie, je m’apprête à reprendre notre route vers d’autres aventures lorsque soudain elle me retient presque par la capuche. Comment ? « Euh… par contre tu devrais reposer ça si tu ne veux pas délirer comme un phoque »  Je baisse les yeux vers l’adorable petit champignon rouge à pois blanc que je tiens entre mon pouce et mon indexe. Délirer comme un…? Alors, mon œil se fait plus plat, de biais, brillant d’une lueur intéressée. « Say more? » « Non Robin, not in a good way… je crois que c’est une amanite tue-mouche. » « Elle tue les mouches ? Pas cool ça. Par chance, je ne suis pas une mouche. » Et hop, je le gobe ! « Cela dit, si c’est le cas ce serait super parce qu’elles poussent aux mêmes endroits que les Cèpes, tu l’as trouvée où ? » je tends une petite main nonchalante derrière moi et agite les doigts pour désigner vaguement l’endroit de cueillette, mastiquant songeusement. « C’est terreux mais pas si dégueu. Et puis, une expérience spirituelle ici-bas serait diablement stylé ! Non ? hihi, une p’tite goute ? » Je regarde mon amie avec un grand sourire et lui tend un deuxième champignon. Mais avant qu’elle n’ait pu me donner sa réponse, un grondement sourd retentit derrière nous « UN WENDIGO ! » hurlé-je à la mort, pétrie d’effroi, alors que là, de derrière un buisson surgit…

win : le guide douteux et pompeux (or is it?) qui a vraisemblablement décidé de prendre la même route qu’elles.
so close : un kookaburras, oiseau coloré, majestueux, à l’allure de dinosaure et au cri étrange. Friand collectionneur d’objets de couleurs, son œil de lynx (ou d’oiseau) semble aujourd’hui avoir jeté son dévolu sur… le sac à dos vert émeraude de Jaimie, qu’il se met à charger aussi sec.
fail : rien du tout. C’était un coup de tonnerre, tous aux abris ! (à moins que ce ne soit le moment idéal pour prendre une petite douche naturelle ?)

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« N’étant pas des rongeurs, je pense que nous n’avons rien à craindre. »
Je me raidis, toutes couleurs quittant mes joues. Mais… je suis un rongeur. Un rongeur australien, même, au dire de mon Kyte. Et si je suis assez juteuse pour des ratons laveurs canadiens, aucun doute que ce drôle d’oiseau voudra également me becter les miches. « Mais qu’est-ce qu’il fout ce con ? » « Il veut nous becter les miches. » expliqué-je donc. « Plus un geste ! Sa vision est basée sur le mouvement » soufflé-je à mon amie, la bouche en coin, les bras le long du corps. Mais elle n’a pas écouté et elle a continué ! « Hey, j’ai rien pour toi là-dedans ! » négocie-t-elle (c’est dans sa nature de tartuffie) alors que l’oiseau se cramponne à son sac avec ses orteils fourchus. « Psshhhhh Pssshhhhh ! »s’emporte-t-elle avec des petits mouvements pour le faire fuir. Ce qui fut un nouvel échec, évidemment. « Pars, c’est moi qu’il veut ! » dis-je héroïquement, sortant de ma torpeur pour voler à son secours. Mais Jameson ne compte pas m’abandonner ainsi et jette quelques gouttelettes d’eau sur la créature qui, vaincu, pousse un hurlement de tous les diables avant de s’envoler vers d’autres contrées. « Bon, tirons-nous avant qu’il ne revienne. » Ébahie, je m’essuie le front d’un revers de la main « Pfiou, c’était moins une ! Tope-là ! » « C’est ça ! Du balais ! Oiseau de malheur ! » me coupe une voix désagréable alors que je m’apprêtai à high-fiver mon amie. « Eh bah les filles, il vous en faut peu ! C’est pas la p’tite bête qui va manger la grosse hein ! » L’œil plat, je tourne la tête pour apercevoir le guide douteux et pompeux de tout à l’heure surgir de nul-part pour s’accaparer la victoire de mon amie. Mais est-ce même vraiment le guide ? Ou… « Le wendigo… » soufflé-je, dégoutée. Wendigo sexiste qui, comble de l’horreur, s’approche d’ailleurs avec un sourire colgate en roulant des épaules. Je ne mange pas de ce pain-là - aussi sec j’abaisse mon bâton de Gandalf pour lui faire un croche-patte et -

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Le propre du Wendigo est sa capacité glaçante d’effroi à imiter le cri humain pour appâter ses proies. « NON MAIS T’ES PAS BIEN OU QUOI ? FAUT APPRENDRE À CONTRÔLER SES RÉFLEXES LÀ OH ! » Lui, sa voix est si désagréable que pas de toute, c’est bien un homme. Je sens une moue de déception affaisser ma lèvre inférieur tandis que mon regard en biais et plein de jugement se pose sur sa trogne échevelée. Il braille un peu fort pour un boug dont le crâne s’agite à deux doigts de mon bâton. Tout doux le loup… « Allons, pas la peine d’être hystérique... » tempère Jameson avant que je ne commette l’irréparable. « C’est pas la p’tite bête qui va manger la grosse. » Un gloussement sardonique retentit dans les bois. Ensuite, je réalise qu’il s’échappe de ma gorge. C’est brillant brillant brillant.

« Bon c’est pas tout mais on ferait bien de retourner à notre cueillette, hein Robin ? » « Avec plaisir ma chère Jaimie » Elle me tend le coude et nous partons bras dessus bras dessous. « Quel vieux con ! » persiffle t elle tandis qu’il nous cri de chasser. « On lui dit que tu n’as bouffé que des carottes et un champi avant de le mettre à terre ? » Je ris joyeusement. « Ne jamais sous estimer la force des rongeurs » Mon œil se fait plat, ma voix basse et grésillante « - mais s’il veut de la chasse nous pourrions le prendre comme gibier… » « Un chêne vert ! » me coupe mon amie dans mes fantasmes de chasse à l’homme. « C’est assez rare dans la région mais ses glands sont comestibles quand ils sont cuits ! » « Oooh » je l’observe coupée un petit gland d’un geste expert, mes yeux luisants d’intérêt et d’admiration. « Maintenant faut juste trouver de l’eau pour le faire bouillir. » « Ou je pourrais peut être le croquer ainsi et » je rendais déjà la main vers le joli gland mais mon amie ne semble pas de cet avis et suggère que nous rebroussions chemins. Je fronce le nez. Cela voudrait il dire que…. « Hin hin hin… alors, on a besoin d’eau ? Ça tombe bien, j’en ai justement récupérer. » « Ah bah cool, file nous l’eau, on t’file un gland » « … malheureusement » quoi encore « il vous faudra trouver votre propre eau… c’est comme ça, c’est la loi de la jungle » « ok » je retourne mon t-shirt, fait tomber plein de glands dedans, chope à nouveau Jaimie par le bras et retourne vers notre rivière.

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