« J’ai mangé les meilleurs samossas qu’il puisse exister sur cette planète (...) alors qu’on avait une vue incroyable sur le lac avec le soleil qui se levait à l’horizon... » L’estomac de Kieran grogne à mesure du récit de Zoya et il ne peut s’empêcher de commenter : « merci de me parler de ça alors qu’on a que des baies à se mettre sous la dent. » Il souligne, sans aucune animosité – en témoigne son large sourire. Mais c’est vrai, même s’il est celui qui est venu sur le sujet, c’est sans doute un peu cruel de parler de plats qu’ils ne sont pas prêts de manger, car ils doivent se contenter de petits fruits et d’insectes ; tu parles d’un ascenseur émotionnel. « Putain, j’ai faim maintenant » - « On est deux. » Il confirme avec un haussement d’épaules. Il ne ment pas, Kieran, il a vraiment la dalle et il se réjouit déjà d’avoir fini sa journée afin de passer chez l’indien du coin. Au-delà de vendre du rêve à son estomac, elle le fait également avec son métier, bien plus impressionnant que le sien. « Je ne pourrais pas faire autre chose » - « Tant mieux, c’est la preuve que tu as trouvé ta voie. » Il croyait avoir trouvé la sienne, mais force est de constater que cela ne lui suffit pas pour vivre, et il se sent un peu con quand il faut présenter ses activités professionnelles. « C’est génial. Tu as déjà publié ? Tu sais que j’adore la peinture ? J’en fais depuis que je suis petite, l’art me passionne… bon grâce à ma mère, elle est artiste peintre et a sa propre galerie en ville d’ailleurs » - « Oh, du coup, tu as déjà exposé ? » Dans la galerie de sa mère, qu’il entend, mais il s’évitera de pointer du doigt ce népotisme. « Mais non, j’ai jamais publié. Enfin, pas à mon compte. J’ai bossé un moment dans une agence de pubs et maintenant... je fais des illustrations pour des entreprises ou des projets comme des livres, mais rien à mon nom. » Un travail de l’ombre, en quelque sorte, et ça lui convient plutôt bien – qu’il prétend, car en réalité il aimerait avoir la satisfaction d’avoir un succès en son nom, et pas à travers celui des autres. « Un jour, peut-être. » Il dit en haussant les épaules, même si le fatalisme se lit à travers le ton qu’il emploie.

Un fatalisme qui va de pair avec sa maladresse ; il le prédisait, il l’a fait : bien sûr qu’il s’est coupé. « T’en as d’autres des comme ça ? » - « Zoya, je me coupe genre une fois par jour, j’ai l’habitude. » Il exagère un peu, c’est sûr, mais il ne doit pas être loin de l’accident hebdomadaire, ça c’est sûr. « Tu marques un point » Il plaisante sur le fait de servir à quelque chose et elle ne le contredit pas ; au moins il ne peut plus se faire d’illusions quant à ses capacités. Et promis, il restera sur ses deux jambes jusqu’à arriver au camp, où il espère pouvoir être soigné. Ils n’y vont pas seuls, puisqu’un dragon d’eau décide de les accompagner. « Forcément qu’il nous suit ! » - « Ça va, au pire c’est moi qu’il va bouffer, t’es tranquille. » Il se retourne une nouvelle fois pour jauger la bête. « Tu crois qu’il mettrait combien de temps à me bouffer, d’ailleurs ? Il en a pour un moment, je pense. » Au moins quelques heures, si ce n’est pas quelques jours. « T’es complètement timbré mon pauvre » Ah, elle n’adhère pas à Steve. « T’aurais préféré autre chose ? » Il l’interroge, tentant de faire abstraction de son commentaire qui le heurte, comme la plupart de ceux qu’elle lui adresse depuis le début de leur coopération. « Bravo, je suis fière de toi tu as réussi à arriver jusqu’ici sans t’évanouir » Il reste interdit un instant, la jaugeant, alors qu’il tente de se focaliser sur ses félicitions plus que sur son ironie. « Je te l’avais dit. » Et c’est bien la première fois qu’il se vante, car c’est rare qu’il soit aussi confiant, Kieran. Mais il y a des domaines qu’il maîtrise mieux que d’autres, et se casser la figure en fait partie. Arrivés au campement, un instructeur s’occupe rapidement – et correctement, surtout – de lui. « On n’a pas besoin de les réviser. Vous, en revanche, vous irez faire cet atelier premier secours » Pas sûr que ça serve à grand-chose, mais il hoche vivement la tête pour ne pas s’opposer à l’autorité. « Et vous aussi ! » Ah ? Il pensera de ne pas s’inscrire le même jour qu’elle. « Hors de question, je l’ai déjà fait deux fois ! » - . « Jamais deux sans trois, même si vous me semblez être un cas désespéré… Je vous attends demain matin à la première heure. Tous les deux ! » Et merde. Un instant, il est tenté de s’excuser, avant de se raviser. « Je suis sûre que t’auras aucun souci si tu te présentes pas. » Il glisse à Zoya lorsque l’instructeur s’est éloigné. Ils ne vont quand même pas porter plainte. « Est-ce que... tu veux toujours faire équipe avec moi ? » Il demande, se doutant que ce n’est pas la question à poser vu qu’il craint la réponse. « Je suis comme neuf et promis je serai plus efficace. » Il lui assure, montrant fièrement sa main bandée. Comme neuf, c’est peut-être vrai. Plus efficace... ça reste à prouver.

@Zoya Lewis

« merci de me parler de ça alors qu’on a que des baies à se mettre sous la dent. » Il est celui qui a lancé la conversation en premier sur ses voyages qu’elle a pu faire à travers le monde et il se peut que Zoya se soit un peu laisser aller aux souvenirs que cela lui rappelait. Et forcément, comme ils sont aujourd’hui dans une quête de nourriture – une quête bien maigre parce que celle-ci se cantonne pour le moment qu’à leurs pauvres petites baies qui vont sûrement finir écraser dans leurs sacs – elle ne peut s’empêcher de faire allusion aux petits plats indiens dont elle a pu se délecter lors de son périple là-bas. Mais encore une fois, c’est la faute de Kieran, c’est lui qui a fait la remarque qu’on devait bien manger là-bas. « On est deux. » Ils ont faim, on pourrait sûrement entendre leur estomac crier famine si on tendait un peu plus l’oreille. Alors, au lieu de continuer à se faire saliver, les deux compères du jour change de sujet, parlant de leurs vies professionnelles respectives « Tant mieux, c’est la preuve que tu as trouvé ta voie. » La sienne, Zoya l’a trouvé depuis longtemps et elle n’est pas prête de la quitter tant les possibilités sont encore multiples pour elle dans le domaine de la photographie. « Oh, du coup, tu as déjà exposé ? » Kieran est professeur d’arts et illustrateur, une âme d’artiste donc et cela emmène Zoya à partager avec lui le fait que sa mère à sa propre galerie en ville, artiste peintre qu’elle est « Ca m’est arrivé de glisser subtilement une ou deux de mes peintures. Mais je n’ai pas son talent pour pouvoir rivaliser. Cependant, j’expose souvent mes photographies ». Et disons que sa mère insiste tout particulièrement, fière du travail de sa fille. « Mais non, j’ai jamais publié. Enfin, pas à mon compte. J’ai bossé un moment dans une agence de pubs et maintenant... je fais des illustrations pour des entreprises ou des projets comme des livres, mais rien à mon nom. (…)  Un jour, peut-être. » « C’est dommage. Je suis sûre que tu dois être doué en plus. Pourquoi tu te lances pas ? Tu as peur ? » Cela peut paraitre être un peu de jugement de sa part, mais ce n’est pas le cas. Elle s’intéresse vraiment et estime qu’il est dommage de toujours se cacher derrière les autres, surtout quand il y a un réel potentiel. « Je serai curieuse en tout cas de voir ce que tu fais » Et là aussi, ses paroles ne peuvent être on ne peut plus sincères.

« Zoya, je me coupe genre une fois par jour, j’ai l’habitude. » « Et tu ne penses pas que tu aurais pu me donner cette précision avant que je te donne la machette ? » Ce n’est pas comme si il ne l’avait pas averti… « Ça va, au pire c’est moi qu’il va bouffer, t’es tranquille. » Le dragon d’eau les suit d’un peu trop près – normal Kieran pisse le sang , elle est pas bête la guêpe – et cela n’a rien de rassurer aux yeux de Zoya qui n’a pas vraiment confiance en ces petits trucs « Tu crois qu’il mettrait combien de temps à me bouffer, d’ailleurs ? Il en a pour un moment, je pense. » « Je l’aiderai t’en fais pas pour que ça ne lui prenne pas trop de temps. Puis, ce serait dommage qu’il s’étouffe en te dévorant, je sortirai mon meilleur couteau » qu’elle dit avec un ton exaspéré, autant par Kieran et sa question que par sa réponse, alors qu’elle rentre dans son jeu. « T’aurais préféré autre chose ? » « Que tu te coupes pas ! » au lieu de débattre sur le prénom de Steve – et voilà qu’elle semble l’avoir adopté elle aussi.

Ils arrivent au camp assez rapidement et sans encombre, Zoya ne manquant pas de féliciter Kieran qui n’a pas tourné de l’œil « Je te l’avais dit. » « Tu vas me dire que c’est parce que tu as l’habitude de te faire mal et donc t’es un gros dur face à la douleur ? » qu’elle lui demande alors qu’ils approchent d’un instructeur qui comprend très vite ce qui se passe et prend en charge Kieran. Et au vu de leur inefficacité à tous les deux, il les somme de venir à l’atelier premier secours le lendemain, même si Zoya a déjà fait celui-ci par deux fois « Je suis sûre que t’auras aucun souci si tu te présentes pas. » « Je suis sûre qu’ils seraient capables de ne pas me donner mon certificat. Et je peux te garantir qu’il est hors de question que je reparte sans ! » C’était son objectif, celui qu’elle s’est fixée en venant ici et elle ne tient pas qu’à cause d’un atelier, un seul, on lui refuse. « Est-ce que... tu veux toujours faire équipe avec moi ? » Son regard, sévère, se pose sur Kieran alors que ses bras sont croisés sur sa poitrine et qu’elle laisse un temps de latence avant de répondre « Je suis comme neuf et promis je serai plus efficace. » Elle laisse retomber ses bras le long de son corps, haussant les épaules « Très bien, ok on fera équipe ». Elle lui offre même un petit sourire qui disparait aussitôt que l’instructeur leur crie « Comme tu es comme neuf, vous retournez à votre cueillette. Et vous avez intérêt à ramener quelque chose, autrement, vous devrez refaire cet atelier aussi ». Zoya soupire fortement avant que Kieran et elle reparte dans la jungle « Bon, on peut toujours retourner là où on était  et récupérer nos noix de coco et la grosse courge ? » (non ce n’est pas d’elle qu’elle parle en disant ça).

Citation :

WIN – Ils arrivent sur place et tout est encore là. En plus, on ne sait comment mais une grosse brouette se trouve là. Ils n’ont plus qu’à charger tout à l’intérieur et repartir avec en direction du camp.

SO CLOSE –  Ils arrivent sur place et tout est encore là. Le problème : « Va falloir trouver comment transporter tout ça maintenant. Et en une seule fois » Au même moment, d’autres noix de coco tombent de l’arbre. On est passé pas loin de la catastrophe puisque celles-ci les frôlent en tombant.

FAIL –  Plus rien. Si ce n’est Steve qui se délecte de la noix de coco qu’ils ont essayé d’ouvrir un peu plus tôt « J’en suis sûre il a appelé tous ses potes dragons d’eau et ils en ont profité pour tout embarquer pendant qu’on était pas là. ».  

Si Kieran aime vivre à travers les récits des autres, il regrette d’avoir lancé Zoya sur celui-ci. Il y a une différence entre s’imaginer des paysages et avoir le détail des repas ; Kieran arrive très bien à supporter la vision des autres, mais beaucoup moins quand il s’agit des seconds. Bien sûr que son estomac se met à gargouiller et qu’il se retrouve bien con quand il ne peut s’en prendre qu’à lui-même pour avoir mis le sujet sur le tapis. Il est bien plus facile de parler de sa profession – responsable des voyages culinaires, soit – d’autant que Zoya semble ouverte à l’idée de s’épancher sur la question. Un instant, Kieran s’arrête pour dévisager la jeune femme, confus quant à cette capacité qu’elle a de souffler le chaud et le froid. Il y a dix minutes, il était persuadé qu’elle allait lui sauter à la gorge parce qu’elle s’impatientait, et là, ils se retrouvent à parler comme de vieux amis qui prennent des nouvelles de l’autre après un certain nombre d’années de silence. « Ca m’est arrivé de glisser subtilement une ou deux de mes peintures. Mais je n’ai pas son talent pour pouvoir rivaliser. Cependant, j’expose souvent mes photographies » - « Vous avez chacune votre domaine, même si je doute pas que vous êtes douées toutes les deux. » Il souligne alors qu’elle se compare à sa mère, et Kieran finit par se montrer plus curieux qu’il ne le devrait : « elle est où, sa galerie ? » Il demande, avant de préciser : « je passe mon temps à aller dans des galeries, si ça se trouve j’ai déjà vu ses peintures ou tes photos sans même m’en rendre compte. » Il n’est pas très doué pour retenir les noms, ceci dit il est fort probable qu’il soit déjà tombé sur leurs œuvres. Là où certains se nourrissent de sport, Kieran passe son temps à écumer les lieux culturels pour admirer le travail des autres, à défaut d’avoir la reconnaissance d’exposer dans l’un d’eux. « C’est dommage. Je suis sûre que tu dois être doué en plus. Pourquoi tu te lances pas ? Tu as peur ? » Il balaie cette idée avec un rire nerveux. Kieran se cache derrière le fait qu’il n’a pas d’opportunités, la vérité c’est que celles-ci lui font effectivement peur ; et dans tous les cas, ce n’est pas le principal facteur derrière son manque de confiance en son talent. « Non, justement, je suis pas assez doué pour rivaliser avec tous les artistes déjà présents dans le domaine. » Le marché est large, oui, mais l’étendue des artistes l’est aussi et difficile de trouver sa place, son style, sa clientèle. « Je serai curieuse en tout cas de voir ce que tu fais » - « Peut-être qu’un jour on se retrouvera dans la même galerie. » Il préfère s’en amuser, à défaut de lui donner de quoi satisfaire sa curiosité. Il n’a jamais été doué pour vendre son compte instagram même s’il apparaît sur ses cartes de visite, mais il n’aime pas les donner à tort et à travers. Et même, Kieran se sent mal à l’aise à l’idée de donner ses contacts, ayant l’impression qu’il s’agit d’une forme de vantardise quant à son art et, par conséquent, un narcissisme qui ne lui ressemble guère.

« Et tu ne penses pas que tu aurais pu me donner cette précision avant que je te donne la machette ? » Le chaud et le froid, donc. Si un instant auparavant il avait presque l’impression de discuter avec une amie, à présent, il a surtout la sensation de se faire gronder, alors même qu’il l’a prévenue de sa maladresse. « Je t’ai dit que j’étais pas doué ! Par deux fois ! » Il insiste, alors qu’il resserre un peu plus le tissu déchiré de son t-shirt autour de sa main. « Je l’aiderai t’en fais pas pour que ça ne lui prenne pas trop de temps. Puis, ce serait dommage qu’il s’étouffe en te dévorant, je sortirai mon meilleur couteau » - « Euh, conseil d’ami, tu peux t’abstenir... j’ai pas l’air comme ça, mais je suis composé de beaucoup de gras, et ce sera pas bon pour ton cholestérol. » Au moins, elle aura un souvenir de lui, hein. « Que tu te coupes pas ! » - « Ah, oui, ça... j’aurais préféré aussi. » Ce n’est pas parce qu’il a l’habitude que c’en est plus agréable. Le chemin jusqu’au camp paraît durer une éternité alors qu’à tout moment il se demande si Zoya va l’étrangler, mais il peut au moins se satisfaire d’être resté sur ses deux jambes. « Tu vas me dire que c’est parce que tu as l’habitude de te faire mal et donc t’es un gros dur face à la douleur ? » - « Douleur je sais pas, mais t’admettras que j’ai du self control. » Il se vante un instant, avec un sourire qui disparaît bien vite – il va vraiment finir par s’en prendre une. L’instructeur les informe que l’atelier premiers secours les attend le lendemain, et Kieran tente de calmer Zoya. « Je suis sûre qu’ils seraient capables de ne pas me donner mon certificat. Et je peux te garantir qu’il est hors de question que je reparte sans ! » - « Okay, d’accord. Bon, demain tu te trouveras un meilleur binôme, et ça ira. » Il n’a pas été précisé qu’il devait le faire ensemble. Par contre, pour cet atelier, ils sont toujours un binôme si Kieran ignore si Zoya veut vraiment poursuivre. Elle est silencieuse et il se prépare à faire demi-tour, retournant seul – car il veut son certificat – alors qu’elle finit par dire : « Très bien, ok on fera équipe » - « Merci. » Il imite son sourire, rassuré, même si cela est de courte durée. « Comme tu es comme neuf, vous retournez à votre cueillette. Et vous avez intérêt à ramener quelque chose, autrement, vous devrez refaire cet atelier aussi » Kieran écarquille les yeux, soulignant que : « mais... c’était pas écrit dans les conditions ça... » d’un air perdu, alors qu’il suit Zoya en s’enfonçant dans la jungle. « Bon, on peut toujours retourner là où on était  et récupérer nos noix de coco et la grosse courge ? » - « Bonne idée, oui. » Au moins, c’est une endroit où ils trouveront quelque chose. Enfin... c’est l’idée, sauf qu’une fois sur place, ils constatent que Steve s’est fait plaisir. « J’en suis sûre il a appelé tous ses potes dragons d’eau et ils en ont profité pour tout embarquer pendant qu’on était pas là. » - « Au pire, on a qu’à les chasser eux. » Ouais, non, Kieran ne se sent absolument pas l’étoffe d’un chasseur, il se laissera attendrir et Zoya le sait aussi bien que lui. Ils continuent leur marche, et après quelques minutes, Kieran s’arrête brusquement. « Attends, ça, je connais... » Il dit, en désignant de l’index des arbres devant eux. « Enfin, non je connais pas, je-je veux dire que c’est pas de moi-même que je connais ça, je suis pas un puits de connaissances, ça se saurait sinon ahah, c’est ce qu’ils ont dit ce matin à la théorie, tu vois ? » Bref. « C’est un... » Merde, comment ça s’appelle ? « UN DURIAN ! » Il s’exclame, avant d’ajouter, tout aussi enjoué : « c’est parfaitement dégueulasse et ça pue la mort, mais c’est de la nourriture ! » Pour reprendre les paroles de l’instructeur. Ouais. Il s’arrête, fronce les sourcils un instant, songe à ce qu’il vient de dire, et ça lui monte au cerveau. C’est pas la meilleure façon de vendre la chose.

@Zoya Lewis

« Vous avez chacune votre domaine, même si je doute pas que vous êtes douées toutes les deux. » Elle ne le contredira pas sur ça alors qu’elle en est convaincue. Elle a toujours admiré le travail de sa mère et peut passer son temps avec elle dans son atelier à la regarder peindre – du moins, c’est une chose qu’elle aimait faire lorsqu’elle était plus jeune et qu’elle tente de perpétuer encore aujourd’hui dès que le temps lui permet – s’intéressant à chacune de ses nouvelles œuvres. Pour elle, sa mère est la meilleure dans le domaine et personne ne peut rivaliser avec sa mère. La concernant, la Lewis, bien que perfectionniste et dure avec elle-même, sait qu’elle est douée aussi dans la photographie et ne doute jamais du résultat final qu’elle présente. « elle est où, sa galerie ? (…) je passe mon temps à aller dans des galeries, si ça se trouve j’ai déjà vu ses peintures ou tes photos sans même m’en rendre compte. » Zoya indique à Kieran l’adresse exacte et le nom de la galerie de sa mère, curieuse de savoir s’il s’est déjà rendu dans celle-ci. « Non, justement, je suis pas assez doué pour rivaliser avec tous les artistes déjà présents dans le domaine. » « Qu’est-ce que tu en sais que tu n’es pas assez doué ? Sois pas stupide, tu es parfaitement capable de rivaliser avec les autres. Il faut savoir se faire sa place et se faire remarquer, c’est tout » C’est tout, peut-être pour Zoya qui a un tempérament où elle ose, quand d’autres ne l’ont pas nécessairement « Peut-être qu’un jour on se retrouvera dans la même galerie. » Qui sait ou ailleurs, sachant qu’ils vivent tous les deux dans la même ville.

« Je t’ai dit que j’étais pas doué ! Par deux fois ! » Elle ne s’en souvient pas, ou préfère faire semblant de ne pas s’en reparler, dans sa mauvaise foi légendaire. Elle est agacée, Zoya, contre Kieran parce qu’il ne manque pas de maladresse et qu’ils se voient contraint désormais de devoir retourner au camp, parce qu’il s’est tranché la main avec une machette. Et en plus, ils sont poursuivis par un dragon d’eau, sûrement affamé, qui rêve de dévorer l’illustrateur « Euh, conseil d’ami, tu peux t’abstenir... j’ai pas l’air comme ça, mais je suis composé de beaucoup de gras, et ce sera pas bon pour ton cholestérol. » « Non mais abruti, tu penses bien que je vais pas te manger moi, c’est pour aider ce stupide lézard à te bouffer que je disais ça ». Cette conversation commence sérieusement à n’avoir ni queue ni tête « Ah, oui, ça... j’aurais préféré aussi. » Et elle s’en rend compte, préférant ne pas s’éterniser sur le prénom donné à Steve et se lancer dans un débat interminable avec Kieran à ce sujet. « Douleur je sais pas, mais t’admettras que j’ai du self control. » Du self control, mes fesses, Zoya secoue la tête de gauche à droite pour montrer qu’elle ne partage pas ce point de vue avec lui, préférant l’ignorer que prendre le risque de monter un peu plus dans les tours et finir vraiment par l’enterrer vivant.

Ils sont obligés de repasser – enfin Zoya, puisque cela fera la troisième fois – l’atelier premier secours et ils sont conviés tous deux au même le lendemain matin. Hors de question qu’elle le loupe une troisième fois car elle tient vraiment à repartir avec son certificat à la fin du stage « Okay, d’accord. Bon, demain tu te trouveras un meilleur binôme, et ça ira. » Ce n’est pas ce qu’elle entendait mais peut-être effectivement que « Ouais, ce serait déjà une bonne chose si je me retrouvais pas avec un boulet pour la troisième fois » Le pire, c’est qu’elle qualifie de boulet les deux premiers avec qui elle a fait binôme – son frère Cameron et un dénommé Carl – mais elle ne peut pas nier que Kieran ne ferait pas parti de cette catégorie aussi – il n’y a qu’à voir l’état de sa main. « Merci. » Et bien qu’il soit handicapé d’une main désormais, elle accepte de continuer à faire équipe avec lui pour cet atelier. Et d’ailleurs, l’instructeur ne leur en laisse pas le choix, les sommant de s’y remettre tout de suite, auquel cas ils devront aussi repasser cet atelier « mais... c’était pas écrit dans les conditions ça... » « Tais-toi ! » que le somme Zoya alors qu’elle le tire par le bras car elle ne tient pas à ce que l’instructeur trouve encore quelque chose à leur dire. Ils se sont fait suffisamment remarquer comme ça.

Le plan que propose la brune est de retourner là où ils étaient car ils avaient trouvé une mine d’or de noix de coco et une énorme courge « Bonne idée, oui. » et comme ils connaissent le chemin – possible aussi que les tâches de sang laissées au sol par Kieran, tel le petit poucet avec ses cailloux, les aident aussi à retourner au bon endroit – ils y arrivent assez rapidement… enfin pas assez visiblement puisque le butin a disparu, il ne reste que Steve entrain de se délecter de la noix de coco à moitié ensanglantée « Au pire, on a qu’à les chasser eux. » « Pff, j’aimerai bien t’y voir tiens ! ». Une catastrophe et honnêtement, elle ne tient pas non plus à tuer ces petites bêtes, même si actuellement, elle n’a aucune pitié envers quiconque « Je te jure en revanche que si on retrouve ceux qui nous ont volé ces noix de coco, je vais leur faire la peau ». Parce que ce n’est évidemment pas le gang de dragon d’eau qui est à l’origine de ce vol, mais une autre équipe. Alors, le binome déçu se remet en route à la recherche – comme toujours – de nourriture « Attends, ça, je connais... » Zoya lève la tête pour voir ce qui se trouve au-dessus de leur tête, ignorant totalement de quoi il s’agit « Enfin, non je connais pas, je-je veux dire que c’est pas de moi-même que je connais ça, je suis pas un puits de connaissances, ça se saurait sinon ahah, c’est ce qu’ils ont dit ce matin à la théorie, tu vois ? » « Ooh lala mais accouches, putain ! » Quand ce n’est pas son éternel désolé, il passe son temps à se justifier et ça aussi, ça commence à faire perdre patience à la Lewis « C’est un... » « Un ??? » qu’elle fait, en le regardant droit dans les yeux pour l’inciter à cracher son mot « UN DURIAN ! » Ca ne lui dit strictement rien à Zoya « c’est parfaitement dégueulasse et ça pue la mort, mais c’est de la nourriture ! » « Génial. Peut-être cette fois qu’on se le fera pas voler… et que Steve viendra pas à nouveau nous pourchasser ».

Citation :

WIN – Ils contournent l’arbre et il y a plein de durian au pied de celui-ci. Pas besoin de monter à l’arbre pour en attraper.

SO CLOSE – Ils contournent l’arbre et il y a plein de durian au pied de celui-ci. Sauf que ça pue la mort, et Zoya est persuadée que certains sont pourris. Il faut faire du tri.

FAIL – Aucun durian au pied de l’arbre, il va falloir grimper « J’imagine que je vais devoir m’y coller parce que ton éternel maladresse bla bla bla ? ». Et elle se prépare déjà à y aller.

Kieran n’a peut-être pas encore vu les œuvres de Zoya ni celles de sa mère, mais il ne lui est pas difficile d’imaginer qu’elles sont merveilleuses. Bien sûr, il y a une forme de politesse – il ne lui viendrait pas à l’idée d’imaginer que ce ne soit pas le cas, encore moins de le prétendre à voix haute – mais derrière cela, il y croit réellement, Kieran. Il aime voir les autres sous leur meilleur jour. Ce n’est pas pour rien qu’il est souvent déçu ; il les idéalise, leur prête toutes les qualités nécessaires pour être mis sur un piédestal : l’intelligence, le talent, la beauté, l’humour, la gentillesse et la liste est interminable. Il lui faut un certain temps pour reconnaître qu’il a pu se tromper, mais lorsque c’est le cas, le dessinateur n’en tombe que de plus haut. Pour l’heure, Zoya appartient encore à la catégorie des idolâtrés, peu importe ses réflexions qui peuvent s’avérer blessantes. « Non, sérieux ? » Il s’étonne et s’enthousiasme en même temps lorsque Zoya lui donne l’adresse de la galerie de sa mère, et qu’il n’est pas difficile pour lui de reconnaître celle-ci. « Bien sûr que je connais ! » Et qu’il a donc sans doute vu des œuvres de sa mère ou les siennes. « J’y passerai plus souvent. » Si Zoya ne l’a pas égorgé d’ici la fin de l’atelier. Quant à lui... c’est un visiteur fidèle, mais certainement pas un artiste en devenir. « Qu’est-ce que tu en sais que tu n’es pas assez doué ? Sois pas stupide, tu es parfaitement capable de rivaliser avec les autres. Il faut savoir se faire sa place et se faire remarquer, c’est tout » - « Et tu crois que je sais me faire ma place et me faire remarquer ? » Question rhétorique, il n’est pas difficile de constater que ce n’est pas le cas.

Il essaie toutefois de se faire remarquer, à sa façon, lorsqu’il tente de pointer du doigt les divers avertissements lancés quant à son manque de capacité, qu’elle a volontairement ignorés. Un instant, il croit presque avoir réussi à avoir raison alors que la jeune femme reste muette – là où elle l’a habitué à toujours répondre à ses échanges d’une pique. Ce n’est donc pas surprenant qu’il fasse la conversation – presque – seul en retournant en camp avec son bandage de fortune, même si Steve est un compagnon plutôt sympathique, même s’il veut le bouffer. « Non mais abruti, tu penses bien que je vais pas te manger moi, c’est pour aider ce stupide lézard à te bouffer que je disais ça » Abruti. Kieran se mord la lèvre et tente d’afficher un sourire amusé, tentant de prendre la réflexion à la légère alors qu’il ne peut s’empêcher de lui donner raison. C’est un abruti, il le sait et même une illustre inconnue vient le confirmer ; c’est dire l’image qu’il renvoie aux gens, et l’effet qu’il leur fait. Il reste muet, continuant sans doute de s’enfoncer à ses yeux, probablement trop focalisés sur l’impression qu’elle a de lui et n’arrivant plus à se sauver. Et même lorsqu’il est convaincu d’avancer un argument imparable – son self control – la jeune femme le réfute en silence, et Kieran garde le sien.

Il n’est pas mécontent que ce soit l’instructeur qui s’occupe de lui, lui permettant d’oublier un instant la présence de Zoya jusqu’à ce qu’ils soient convoqués à l’atelier premiers secours dès le lendemain matin. Il croit rêver, mais il semblerait qu’il soit sérieux, et c’est Zoya qui est particulièrement agacée par cette information. Il peut comprendre, après deux tentatives ; mais au moins cette fois-ci elle pourra compter sur un meilleur binôme, il l’espère pour elle. « Ouais, ce serait déjà une bonne chose si je me retrouvais pas avec un boulet pour la troisième fois » Peut-être que c’est elle le boulet, au fond, si tous les duos dont elle forme la moitié n’arrivent à rien, hein. Ça, Kieran se garde bien de le dire, se contentant d’un sourire sincère, précisant : « je te le souhaite, oui. Vraiment. » Il lui assure, son sourire qui s’agrandit légèrement. « Enfin n’importe qui sera sans doute mieux que moi, alors hein. » Il force un rire. Abruti, boulet ; définitivement, son estime de lui-même se serait passée de cette rencontre. « Tais-toi ! » Zoya a assurément un talent pour l’aider à se sentir comme une vieille chaussette et il obtempère ; il se tait et se laisse tirer par le bras, s’enfonçant à nouveau sur leur terrain de jeu quitté il n’y a pas si longtemps. Un instant, il est tenté de souligner que sa maladresse a eu un effet en leur permettant de retrouver leur chemin, mais il préfère se réduire au silence par peur d’être à nouveau insulté par Zoya. Et quand il se permet de proposer une suggestion, il ne s’attend pas à ce qu’elle soit acceptée : « Pff, j’aimerai bien t’y voir tiens ! » - « Peut-être que je suis plus douée avec un pied qu’avec une machette. » Car il est évident qu’il arriverait à écraser un dragon d’eau sans sourciller. « Je te jure en revanche que si on retrouve ceux qui nous ont volé ces noix de coco, je vais leur faire la peau » - « On a plus la machette, dommage. » L’instructeur n’a pas voulu la laisser entre leurs mains et il ne peut pas lui en vouloir. Ce n’est pas bien important alors qu’ils ont une autre possibilité qui s’offre à eux ; Kieran reconnaît un fruit, même s’il n’arrive plus à poser un nom dessus. Il lui faut de longues minutes de réflexion, entrecoupées par un : « Ooh lala mais accouches, putain ! » qui ne l’aide pas à réfléchir. « Un ??? » Finalement, l’illumination a lieu, il identifie un durian. « Génial. Peut-être cette fois qu’on se le fera pas voler… et que Steve viendra pas à nouveau nous pourchasser » - « Je m’occupe de Steve. » Il dit, avec un léger rire, comme s’il s’agissait de son meilleur pote et qu’il avait la possibilité de freiner ses ardeurs. Mais en cherchant une prise pour grimper à l’arbre, ils ont la surprise de tomber sur plusieurs fruits qui n’attendent qu’eux, au pied de l’arbre. « Comme quoi, le karma se rééquilibre. » Même s’il n’est pas sûr qu’elle le mérite, de son côté. « Écoute, on peut en prendre quelques-uns et tenter le coup auprès de l’instructeur pour qu’ils nous libèrent. » Il suggère, avant de préciser : « je suis pas sûr que t’as envie de tenter la pêche avec moi. » Il n’est pas sûr qu’elle ait encore envie de partager la moindre minute avec lui, surtout. « J’veux dire, ça a plutôt l’air d’être une bonne récolte, tu trouves pas ? » De quoi se remplir l’estomac s’ils se perdent un jour au milieu de nulle part, et c’était bien le but de l’atelier.

@Zoya Lewis

« Non, sérieux ? » Au vu de sa réaction, Zoya comprend qu’il connait le nom de la galerie qu’elle lui donne, celle de sa mère « Bien sûr que je connais ! » Elle est ravie de l’entendre et fière surtout, un sourire venant illuminer ses traits « J’y passerai plus souvent. » « On s’y croisera peut-être. Et même si je n’y suis pas, tu pourras dire à ma mère que tu as fait équipe avec sa fille » La seule et unique, ce qui explique cet air légèrement hautain qu’elle adopte. « D’ailleurs, si un jour ça te dit d’exposer tes illustrations, je peux t’arranger un rendez-vous avec elle ». Sa mère s’intéressait à toute sorte d’art et surtout, accordait toujours une petite place dans sa galerie pour les artistes en herbe ou ceux un peu moins connu mais qu’elle estimait qu’ils méritaient d’être connu. « Et tu crois que je sais me faire ma place et me faire remarquer ? » Elle hausse les épaules, jetant un œil à Kieran avant de reporter son regard devant elle « En quelque sorte, oui ». Bon, à savoir si c’était de la bonne façon, elle ne le dit pas mais peut-être est-ce sous-entendu.

« je te le souhaite, oui. Vraiment. » Elle se l’auto souhaite aussi parce que, jusque maintenant, cet atelier premier secours a été un désastre. Zoya s’y est rendue par deux fois et les deux fois ont été un échec cuisant « Enfin n’importe qui sera sans doute mieux que moi, alors hein. » « Oh non, crois-moi y’a pire que toi » et là, elle pense tout particulièrement à son frère et à ce Carl avec qui elle a fait équipe pour ces deux ateliers.

« Peut-être que je suis plus douée avec un pied qu’avec une machette. » « T’es horrible ! Pauvre Steve » parce qu’il est question de le zigouiller et même si elle le hais pour avoir mangé toutes leurs noix de coco – non il n’y est, en réalité, pour rien – Zoya ne tient pas à s’en prendre à cette petite bête. En revanche, s’en prendre à ceux qui leur ont réellement volé, là, Zoya, n’a aucune hésitation « On a plus la machette, dommage. » « T’en fais pas, on trouvera autre chose » parce qu’elle est déterminée à se venger, qu’importe comment, mais elle trouvera. « Je m’occupe de Steve. » « Quoi tu veux encore le tuer ? » qu’elle fait non sans un sourire en coin pour le taquiner. Ils tombent en attendant sur une belle trouvaille – enfin c’est un bien grand mot quand on sait que le durian est un fruit qui sent mauvais et qui a un goût très très particulier – car voilà que les fruits jonchent le sol et ne les obligent donc pas à jouer les apprentis grimpeurs dans les arbres – et c’est préférable « Comme quoi, le karma se rééquilibre. » Elle acquiesce – même si elle ignore les pensées de Kieran à ce moment-là ! (rrr) « Écoute, on peut en prendre quelques-uns et tenter le coup auprès de l’instructeur pour qu’ils nous libèrent. » « On peut » qu’elle dit alors qu’elle se baisse déjà pour en ramasser un, puis un autre. Ces fruits pèsent un âne mort. « je suis pas sûr que t’as envie de tenter la pêche avec moi. » « Pas particulièrement, non » qu’elle répond spontanément alors qu’elle se relève avec ces deux durians sous les bras « J’veux dire, ça a plutôt l’air d’être une bonne récolte, tu trouves pas ? » « Je suis d’accord. Avec un peu de chance, on croise Steve sur le retour, on lui amène et on aura tout gagner ». Pauvre Steve qui risque de finir en brochette d’ici ce soir.

FIN