« space rabbits »    jonah fletcher & @cody shephard.

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“Dans les méandres lointains du futur, précisément en l'an 2341, Jonah et son équipage de braves contrebandiers de l’espace effectuaient une manœuvre d’approche de l’imposant HMAS Brisbane où ils espéraient faire fortu-...
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Quoi ? Rien.
- Tu fais encore de la narration tout haut.
- Pas du tout.
- Je suis à moins d’un mètre de toi, Fletcher.”
Gngn moins d’un mètre Fletcher.
Le jeune homme se renfrogna immédiatement, boudant comme un enfant, et retourna à l’amerrissage au spatioport. Le transpondeur de Martine -leur vaisseau, emprunté depuis dix ans, pas volé, ça non- était programmé pour transmettre de faux identifiants à la sécurité de la ville flottante, leur ouvrant ainsi les portes du hangar. Leur cargo criblé de bosses et d'éraflures faisait tâche au milieu des magnifiques bâtiments de riches corporations qui utilisaient Brisbane comme carrefour commercial. C’était bien pour cette raison que Jonah souhaitait venir écouler leur stock de vignasse tout droit en provenance du BPC Paris ; les gros bonnets, ça payait cher ce genre de raretés.

Jonah avait une réputation aussi mitigée que sa bravoure, et un avis de recherche à son nom avec une récompense largement en deçà de ce qu’il estimait mériter. Tout dans son allure transpirait d’une confiance absurde, une espèce de mélange entre désinvolture, d’espièglerie et d’excès d’anxiété. C’était un bon pilote, un tireur passable et un commandant médiocre. Sa seconde, Tasha, le laissait cependant se bercer de l’illusion qu’il était bel et bien le décisionnaire de la bande.

À peine eut-il foulé le sol métallique du spatioport qu’une voix ferme s’éleva, accompagnée du tambourinement militaire des lourdes chaussures de sécurité de la garde. « Hé, toi là-bas ! », cria un officier en uniforme galactique, sa voix amplifiée par un mégaphone étrangement vintage. « Mains en l'air ! » Jonah leva un sourcil, et n’hésita pas une seule seconde avant de prendre ses jambes à son cou. Le groupe se dispersa à travers le spatioport ; ils avaient l’habitude et savaient qu’ils finiraient par se retrouver tôt ou tard. La vie était toujours bien faite, et la chance de leur côté. “Laissez passer !”

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Sous les néons blancs du spatioport, Jonah zigzagua entre les passants dans les années bondées, évitant de justesse un groupe d’Ezuks en combinaisons fluorescentes qui semblaient tout droit sortis d'un carnaval extraterrestre -maintenant qu’il y pensait, c’était l’équivalent de leur fête nationale ce jour-là. Être essoufflé ne l’empêchait pas de rire, en revanche, la collision suivante lui coupa le souffle pendant une seconde. Sans prendre le temps de s’excuser, il s'élança de plus belle. Si les officiers l’attrapaient, il était bon pour croupir dans une cellule sur Dryope, l'astéroïde carcéral, et ses maigres bras n’étaient définitivement pas faits pour tailler des cailloux en dérivant dans l’espace. A sa grande surprise, l’homme qu’il venait de heurter s’était également mis à courir. Un type à la stature toute en angles droits, de la mâchoire aux pectoraux. « On va où au juste ? » On ?! Depuis quand y avait-il un “on” ?! “Mais t’es qui ?! Oh, qu'importe !” Plus tard, pas le temps pour les questions. Ils quittaient le hangar pour se mêler à la foule. Derrière eux, les officiers persistaient dans leur poursuite, vociférant des ordres et trébuchant maladroitement sur les coins des kiosques marchands. Le regard pétillant de malice de Jonah trahissait une excitation contagieuse. Il avait l'habitude de ces situations périlleuses, presque au point d'en faire un sport.

Les deux fugitifs continuèrent à courir côte à côte, leurs pas rythmés par l'adrénaline. Le contrebandier jetait régulièrement un coup d'œil par-dessus son épaule pour vérifier si les gardes les suivaient toujours. Il ne voyait aucun signe de leur poursuite, mais il n'était pas du genre à crier victoire trop vite. À travers les dédales du spatioport, il guidait son comparse imposé à travers un chemin débouchant dans une zone moins fréquentée, où les étals colorés laissaient place à des coins plus sombres et désertes. Jonah ouvrit une porte dérobée qui donnait sur un espace de stockage abandonné. “Planque-toi.” il ordonna en jetant l’inconnu dans le débarras comme un sac de phavuls avant d’entrer à son tour. Dans l’obscurité, il maintenait un faible bâillement de la porte afin d’observer l’éventuel passage des officiers. Est-ce qu’ils les avaient semé ? Rien n’était moins sûr. Mais pendant que l’impasse était plongée dans un calme suspect, Jonah se tourna vers monsieur muscle ; “Tu te mets souvent à suivre les inconnus coursés par la sécu ou je t’ai tapé dans l’oeil ?” C'était peut-être son genre, les bad boys -ce qui justifiait encore moins sa présence car Jonah n'en avait pas la carrure pour un sou.

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« Ow, mais vous êtes dingue ! - CHUT. » Il allait les faire repérer, l’abruti. D’abord il s’incrustait dans sa course poursuite épique et maintenant il se plaignait de sa planque ? Elle était parfaite, sa planque. Parfaite, et s’il daignait se taire, elle leur permettrait peut-être de semer la sécurité pour de bon. « Tapé dans l'œil je sais pas, cogné la tête sans aucun doute. Tu balances souvent les gens dans des débarras lugubres ? - Seulement quand la chambre est trop loin. » Wink wink. La perche était tendue, Jonah ne pouvait s’empêcher de la saisir et glisser un sous-entendu de son cru. Malheureusement, ils n’étaient pas sortis d’affaire, alors le badinage salace allait devoir attendre.

Soudain, le brun s’agite, hurle ; « Tu vas me tuer c’est ça ? C’est pour ça qu’ils te couraient après ? - Te, quoi, hein ? Woh ! » Pris au dépourvu, Jonah s’emmêla les pieds et s’étala par terre de tout son long, ouvrant grand la porte métallique du débarras en même temps. Le choc le sonna une seconde. “Mais lâche-moi !” criait-il en se débattant comme un beau diable. Il n’en avait rien à faire, de ce type, et il n’avait pas la carrure d’un tueur. Qu’est-ce qui lui prenait ?

“Areum.” Près de leurs têtes, le regard de Jonah tomba sur les chaussures noires d’un officier. La petite escouade à leurs trousses avait été attirée par le grabuge. Ils n’avaient plus qu’à cueillir leur fugitif, plaqué au sol avec héroïsme. “Messieurs, je crois que nous avons gagné cette partie de chasse au contrebandier.” Le jeune homme leva les yeux en l’air et soupira, son souffle se mêlant à l'air filtré du spatioport. “Très drôle.” Son regard se posa sur l’inconnu qui les avait mis dans cette situation. Il le toisa d’un air déçu. “Dommage, t’étais plus mignon dans l’noir.” Les mâchoires ciselées avaient toujours été son faible.

“Fletcher, vous êtes accusé de violation de la loi galactique 437, paragraphe 12 : "Transport non autorisé de gelée de Nebulor". Avez-vous quelque chose à déclarer ?” Il haussa les épaules avec désinvolture. “Ça vaut pas du bon vieux Nutella.” Ca, oui, c’était très drôle. “Embarquez-les.”

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Au fond de son oreille, le contrebandier entendit un grésillement bien connu. “Jonah…?” La voix robotique de Tasha mélangée à un larsen désagréable s’échappait de son oreillette. L’appareil n’était plus tout neuf, il était vraiment temps qu’ils renouvellent leur matériel de communication. “Jonah t’es où bordel ?!” Face à lui, l’officier lui énonçait l’objet de son arrestation. Pas qu’il en ait besoin, il savait parfaitement ce qu’il avait fait, et cette histoire de gelée de Nébulor n’était qu’une goutte d’eau dans l’océan de ses infractions quotidiennes à toutes les lois commerciales de cette galaxie (et des autres). “Occupé.” il souffla aussi discrètement que possible avant de gratifier l’agent d’un trait d’humour bien à lui, l’air de rien. “Tu t’es encore fait choper.” Il haussa les épaules et grimaça à l’intention de sa seconde, pendant qu’on enfermait ses mains dans de larges menottes magnétiques. “Mweh.” Il ne se serait pas fait chopper si l’autre joli cœur ne les avait pas fait repérer, mais le moment était mal choisi pour s’étendre sur le sujet. D’autant que l’officier finit par lui attraper l’oreille et lui arracher son appareil de communication. “Eh, c’est à moi ! - Un contrebandier à cheval sur la propriété, bah voyons.” D’un signe de tête, il ordonna à son escouade de prendre le chemin du poste, donnant une petite poussette dans le dos de sa prise du jour. En jetant un coup d’oeil à côté de lui, Jonah remarqua que l’autre inconnu était embarqué, lui aussi. Il devait être fier de son coup, hein ?

« Tout ça pour de la gelée de Nebulor ? il demanda une fois la porte de la cellule close. Pour des Krynoids j’aurais rien dit mais là… » Jonah, qui inspectait les quatre mètres carrés de la pièce et de celles alentours, leva les yeux au ciel. “C’est pas moi qui fait l’offre et la demande.” Non, lui il répondait à la demande en se procurant l’offre par des moyens détournés. Un intermédiaire, en somme, du genre dont on se passerait bien. « Bon monsieur le contrebandier, tu as bien une idée de comment sortir d’ici, n’est-ce pas ? » Une idée ? Bien sûr qu’il avait une idée. Il avait mieux que ça : un plan. Quand on passait sa vie à esquiver les autorités et à se faufiler dans les coins sombres de l'univers, on finissait par développer quelques compétences pour sortir de situations délicates. Il en avait vu d’autres, le Fletcher, et ce n’était pas cette cellule qui allait marquer la fin de ses aventures intergalactiques. “Yup. Se détendre et attendre.” déclara-t-il en s’étalant sur le banc supposé leur servir de couchette -une seule pour deux personnes, ils allaient être obligés de se serrer, mince alors. Mains derrière la tête, doigts croisés, jambes allongées, le contrebandier n’avait pas l’air de s’inquiéter de son sort le moins du monde. Tasha savait où il se trouvait, et elle allait bientôt le sortir d’ici. “T’es qui, d’ailleurs ? Maintenant qu’on est là, t’as le temps de raconter l’histoire de ta vie.” Enfin, la version courte, parce que ça ne l’intéressait pas tant que ça, non plus. “Vu comment tu te crois important, y’a cinquante pourcent de chances que tu le soit vraiment. Et si c’est le cas, pourquoi tu t’es laissé embarquer ?” Il leva un sourcil d’un air taquin, appuyant l’ironie de la situation. L’inconnu faisait étrangement en sorte de toujours rester dans les parages, tout en se complaisant dans la critique de sa situation. “Je vais vraiment finir par croire que jt’ai tapé dans l’oeil.” insista Jonah avec un sourire en coin tandis qu’il fermait les yeux un instant. Il n’y avait rien de passionnant au plafond pour le fixer pendant la durée de leur court séjour derrière les barreaux.

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Dans la cellule étroite, Jonah laissa échapper un soupir de soulagement mêlé d'amusement. Visiblement, son codétenu s’attendait à autre chose comme option que de patienter, et le concept le prit au dépourvu. Il le regarda, incrédule. "C'est tout ? T'es pas aussi marrant que t'en as l'air." Fletcher éclata de rire. "Hé, l’ami, parfois, la simplicité a du bon." Le bim-badaboum arriverait plus tard, lorsque Tasha aurait localisé la cellule. Peut-être que le brun sera alors moins déçu de son plan d’évasion. "Cody." se présenta-t-il brièvement, d’ailleurs, avant de retourner la question sans s’étaler -heureusement. « Et toi ? - Jonah. » Il n’ajouta rien d’autre non plus, pas parce qu’il n’y avait rien de plus à dire, mais pour laisser planer un genre de mystère autour de sa personne. Pour se donner un air, en somme. Après tout, être contrebandier consistait à se donner un air à cinquante pour-cent, d’après lui. Si le titre sonnait cool, alors il fallait avoir une allure à la hauteur, s’attirer des ennuis, se sortir de situations in extremis, avoir de la verve, un vaisseau classe et un équipage badass. Tout ce qui concernait le commerce n’avait rien de glamour, les négoces l’ennuyaient au plus haut point. Il n’avait pas embrassé cette vie pour la parlotte, mais pour vivre des aventures, même si la moitié ne se déroulait que dans sa tête et qu’il exagérait chaque détail lorsqu’il racontait ses anecdotes.

Cody, lui, avait un air propre sur lui. Pas du genre à se faire courser par la sécurité et finir en cellule. L’idée qu’il soit ici de son plein gré faisait rire Jonah intérieurement. « Ça doit être ton côté bad boy, très charmant. » Il esquissa un rictus taquin, enfin satisfait de la réponse. Être contrebandier, c’était être bourreau des cœurs tout en demeurant sans attache. Il était important de cocher cette case partout où il se rendait. "Les apparences peuvent être trompeuses," murmura-t-il, comme s'il avait beaucoup à cacher derrière son image de flibustier décontracté -alors que, franchement, pas du tout. « Et toi alors ? Pourquoi choisir cette carrière au lieu de simplement courir au championnat inter-galactique ? T’as l’air de courir vite, tu aurais toutes tes chances de battre Slorb le gaillard. » Le jeune homme haussa un sourcil. Slorb était un nom bien connu dans l'univers des courses inter-galactiques, un champion indétrônable depuis des décennies grâce à sa trentaine de petites pattes qui effleuraient le sol à toute allure. Lui, avec ses deux longues jambes et ses pieds qui avaient tendance à se marcher l’un sur l’autre, ne pouvait décemment pas le concurrencer. Mais l’idée l’amusa. "Je préfère courir pour la liberté que pour une médaille.” fit-il, se trouvant lui-même fort poétique et emprunt d’une certaine philosophie. “Et puis, il faut bien que quelqu’un se mette dans le chemin de l’hyper-capitalisme, des corporations inter-galactiques et leur commerce interlope, leur en faire baver un peu. Je crois que j’ai toujours eu ça dans le sang. Tu vois, mon arrière-arrière-arrière-arrière grand-père, c’était un aventurier chevronné, un explorateur reconnu sur Terre. Il s’appelait Jonah, lui aussi, on m’a donné son nom en hommage et rapidement j’ai compris que je devais être à la hauteur. Je ne pouvais pas faire partie du système, je devais être libre, explorer l’univers et en tirer profit. C’est pas une vie facile, c’est risqué, mais est-ce que la liberté ne mérite pas de braver quelques dangers ? [...]”

Lorsque le Fletcher cessa enfin de pomper l’air de l’ensemble du couloir de cellules en parlant de lui-même en long, en large et en travers avec une passion frôlant le narcissisme qui s’ignorait, une explosion fit trembler les murs. “Ah ! Notre taxi est arrivé.”

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L’explosion sonnait le début de leur grande évasion. Oh, comme Jonah aimait ces moments-là, lorsque le danger était palpable, l’excitation à son comble. La fumée et la poussière ajoutaient au mystère de la scène. C’était parfait et les rendaient presque crédibles en tant que bandits de l’espace. Bientôt, Tasha allait émerger du trou béant dans le mur du couloir de cellules, roulant des hanches avec désinvolture, assurée comme jamais. Et allait lui sortir un trait de cynisme bien ficelé, une de ces piques de son cru qui faisaient bien trop rire le contrebandier pour qu’il les prenne sérieusement. « Notre ? J’ai plus très envie de faire partie de la bande tu sais… » Il leva un sourcil, puis haussa les épaules. Qu’importe, réellement, si ledit Cody préférait retourner faire cavalier seul, reprendre le cours peu palpitant de sa petite vie. Après tout, c’était lui qui s’était invité, il était libre de séparer leurs chemins quand cela lui chantait : le Fletcher ne verserait pas une larme, ce n’était pas digne d’un voyou intergalactique. « Tu as encore ta voix à la fin de la journée ? Et tes coéquipiers ont encore leurs oreilles ? » Quelle question. “Bien sûr, on fait pas tout péter tous les jours, tu sais.” répondit Jonah, incrédule et ne comprenant pas pourquoi il lui demandait une chose pareille. N’allez pas lui demander de prendre conscience qu’il parlait trop, encore moins qu’il s’étalait à propos de lui-même, il n’en croirait pas un mot. Après tout, Cody lui avait posé une question, et il y avait répondu avec tous les détails et les détours nécessaires. “Quoi que…” il murmura, à la réflexion. Il se pouvait bien que les explosions étaient plus fréquentes qu’il ne le prétendait. Mais quoi de plus beau que quelque chose (ou quelqu’un) détruit en mille morceaux par ce bon vieux feu créateur et destructeur ? C’était un spectacle de toute beauté, et c’était sans doute parce qu’il ne s’en lassait pas qu’ils faisaient péter quelque chose à la moindre occasion, en réalité. “Si tu veux rester là, grand bien te fasse et à la revoyure. Sinon, on pourra rire de tout ça à la cantina quand ils seront fatigués de nous courir après. Ou qu’il sera 17h.” Ah, les fonctionnaires.

“C’est les barreaux qui t’foutent le barreau ?” lança Tasha en déposant une charge explosive sur le verrou de la cellule. Puis son regard se posa sur Cody. “C’est qui lui ?” La serrure sauta, la porte s’ouvrit en grand, l’alarme beuglait dans tout le bâtiment. La cavalerie n’allait pas tarder. “Longue histoire.” résuma Jonah en sortant de la cellule. “De toute manière, il fait pas partie de la bande, hein joli coeur ?” Un rictus espiègle animait les coins de sa bouche. Ce pouvait être un aurevoir, ou le début de l’aventure.

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L'explosion qui retentit dans le couloir sembla paniquer le pauvre Cody, autant qu'on pourrait s'y attendre. Jonah se retint de lui faire remarquer qu'il avait survécu à pire que ça, mais son acolyte était visiblement trop perturbé par cette nouvelle démonstration d'amour pour les explosions du contrebandier. Il fallait l’avouer, il savourait l'inquiétude grandissante de Cody. Avant qu’il ne puisse obtenir plus de détails, Tasha débarqua soudainement dans le couloir, parée à les sortir de là. À voir son air blasé, il ne se passait pas un jour sans qu’elle doive sortir son “capitaine” d’un quelconque pétrin de son cru. Elle posa une étrange machine près de la porte, prête à exploser. Cody, encore en train de se remettre de sa surprise, n'eut pas le temps de poser des questions. "AH ! Mais vous en avez pas marre de faire sauter des trucs ! On vous a pas appris à crocheter des serrures ?" Jonah étouffa un rire en voyant cette réaction indignée. “Crocheter ? Où est le fun là-dedans ?” Il haussa les épaules. Avec le temps, il ne remarquait même plus le larsen dans ses oreilles, n’avait plus besoin de hurler après un boum, ne réalisait même pas que les flammèches venaient parfois se glisser dans ses boucles et rôtir un cheveu ou deux. Tout cela n’était que le synonyme de la belle vie qu’il avait décidé de faire sienne. Et que Cody avait l’opportunité de saisir à son tour. « Si. Il faut bien que quelqu’un vous apprenne à crocheter des serrures, non mais la honte quoi, se lamenta le brun, secouant la tête avec exaspération. Jonah roula des yeux en l’air. Oui, oui. » Jonah était moins stupide qu’il avait parfois l’air et ne manquait certainement pas de perspicacité. Si Cody comptait leur faire gober qu’il ne les suivait que pour leur apprendre les bonnes manières du hors-la-loi, il se mettait le doigt dans l’oeil. Et le contrebandier, beaucoup trop sûr de lui, avait désormais l’intention de lui faire avouer qu’il ne le suivait que pour ses beaux yeux -que cela soit vrai ou pas. Soudainement inspiré, leur nouveau membre de l’équipage lança ; « Je peux me choisir un nom de code ? Genre… Cro-Cody-le ? » proposa-t-il, manifestement fier de sa trouvaille. Fier sans aucune raison de l’être, vraiment, c’était le pire nom de vaurien que Jonah ait jamais entendu. “ “Le” quoi ?” il demanda d’ailleurs, ne saisissant pas le jeu de mots. Cro-Cody-Le… Le quelque chose, d’accord, mais Le quoi ?!

Sans attendre, Cody prit les devants et commença à marcher dans le couloir, se montrant déterminé malgré son apparente confusion. "Bon, on y va ?" Jonah échangea un regard complice avec Tasha (du moins, lui était ravi, elle beaucoup moins). Les choses venaient de devenir beaucoup plus intéressantes, et il avait le pressentiment que la présence de Cody allait pimenter davantage leur aventure. "On y va, Crocody," répondit-il avec un sourire en coin, le suivant dans le couloir, prêt à affronter l'inconnu qui les attendait à l'extérieur de leur cellule. Après tout, ils étaient toujours prêts à se jeter tête la première dans les péripéties intergalactiques.

"Jonah, il est temps de mettre notre plan en action. On a un client à rencontrer." Le contrebandier acquiesça. Avant toute chose, ils allaient devoir retourner aux docks pour récupérer leur marchandise, si elle n’avait pas encore été confisquée, et cela s’annonçait… explosif. Tasha guida le petit groupe à travers les couloirs labyrinthiques du spatioport, évitant habilement les patrouilles de sécurité. Pendant ce temps, Jonah expliqua rapidement le plan à Cody : “On a six caissettes de vin de la station Paris. Elles ont été commandées par un mystérieux client.” Il secouait le bout de ses doigts pour accentuer l’aspect mystérieux du client. “Elles sont dans le vaisseau. On va devoir aller les récupérer et être à l’heure au rendez-vous.” La piste d'atterrissage allait être fortement surveillée par les autorités du spatioport. Alors qu'ils en approchaient, il se tourna vers le brun avec un sourire qui n’augurait rien de bon ; “Prêt pour ta première mission, Crocody ?” Cela ne faisait que quelques instants depuis qu'il avait pris la décision de se joindre à eux. Maintenant, il était sur le point de se lancer dans une mission de contrebande, prêt à affronter les dangers de l'univers… ou juste les ennuis que l’incompétence de Jonah allaient leur attirer.

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