La hauteur des buissons est impressionnante. Joseph s’y perd en gardant la tête rivée vers le ciel noir. Il fait un pas devant l’autre avec une certaine timidité et un manque d’aisance flagrant. Il n’apprécie pas les endroits aussi restreints. Ils lui rappellent toutes les nuits de pleine lune durant lesquelles il doit s’enfermer dans une cave, les poignets menottés aux murs par des chaines en argent.

Pourquoi emprunte-t-il ce chemin, alors ? Il paraît qu’au centre du labyrinthe se trouve une surprise, aujourd’hui. Un cadeau préparé par des sorcières, ou un truc comme ça ; il s’agit seulement d’une légende, mais depuis que le monde s’est transformé en un antre surnaturel, Joseph est prêt à croire n’importe quoi. Les sorcières font parfois ce genre de coup parce qu'elles se sentent supérieures aux autres créatures. S’il existe des loups-garous, pourquoi cette potion magique n’existerait pas ? Il a seulement envie de savoir son usage. Elle pourrait peut-être le soigner de sa maladie. Il préfère s’imaginer ce genre de merveille, parce que c’est ce qui l’incite à avancer encore et toujours. Malgré ses pieds maladroits qui trébuchent dans toutes les roches et racines saillantes, il continue à chercher la finalité de cet endroit effrayant à l’allure infinie.

Levant le pif, il flaire une odeur qu’il reconnait. Un vampire. Ce n’est pas le premier qu’il croise depuis le début de ses recherches car il n’est pas le seul à espérer redevenir humain. Seulement, cette odeur-là, il pourrait la reconnaitre entre mille. Il s’agit de Cody, son collègue de classe, avec lequel il ne partage aucun atome crochu. Avec un peu de chance, s’il rentre la tête dans les épaules, il passera inaperçu. Il retient son souffle, aussi, comme pour ravaler sa propre odeur qui, il le sait, peut être aussi perçu par le nez de l’autre créature surnaturelle. Ses amis loups auraient fait part d’une vive objurgation pour qu’il rebrousse chemin mais il est aveuglé par cette potion, cette chance, ce peut-être qui est tout prêt de lui, il le sent.

La confrontation est inévitable, tout comme le matin suivait la nuit autrefois. Au bout de cette allée sinueuse, il croisera cet élève de sa classe, arrogant comme le corbeau qui tenait en son bec un fromage. Il se concentre sur la finalité de ce labyrinthe étourdissant qui, il le devine, a été drapé d’un sort de confusion qui brouille la majorité de ses sens. Il a perdu le nord, mais aussi le sud, et les deux autres. Avec un peu de chance, les sens de son rival seront aussi confus et il ne trouvera pas la potion désirée avant lui.

Le face à face est inévitable aussi. Entrant dans son champ de vision, la silhouette de Cody s’agrandit. Joseph sert les dents, et les poings, et les doigts, et tous les muscles de son corps d’ailleurs. Déjà, une odeur ferrugineuse flotte dans l’air, celle du sang, et il n’en tire pas mot contrairement à l’autre qui ne manque jamais une occasion de le comparer à un animal de compagnie. Ça le ferait rire s’il n’avait pas envie de lui planter les dents dans la gorge et de lui arracher la carotide sans boire une seule goutte de ce nectar poisseux. Du gâchis : c’est ainsi que le vampire mériterait de terminer sa vie. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Il sait très bien ce qu’il fait là car il est là pour les mêmes raisons. La rumeur s'était répandue dans leur cohorte d'élèves. « Tu cherches à te rouler dans la terre ? » Il se stoppe enfin, relève le nez, le dévisage. « Tu sais quoi ? Elles commencent à être lassantes, tes comparaisons. Tu ne voudrais pas te renouveler un peu ? » Question rhétorique, qu’il agrémente d’un gloussement faux. Joseph, au moins, il n’a pas deux ridicules triangles à la place des canines. Son épaule bouscule la sienne lorsqu’il le contourne arrogamment. « C’est chacun pour soi, alors ciao, vipère de mes deux. »      

« Ne sois pas trop déçu quand tu me verras vainqueur. »  La partie peut réellement commencer. Les deux adversaires ont pu constater la température. Il n’y aura pas de perdant sans gagnant, et Joseph compte bien être celui qui confirme toutes les rumeurs qui courent autour de cette potion magique. Il veut pouvoir se poser sous la lune à nouveau sans sentir son poil se hérisser sur ses bras et ses crocs lui chatouiller les gencives, menaçants, perçants, comme des lames de rasoir. Surtout, il ne veut plus être un danger pour les autres ou pour lui-même. Cody ne comprendrait pas cela – il fait partie de ceux qui ont décidé de profiter de leur condition plutôt que de se lamenter. Il ne serait pas surpris d’apprendre qu’il a vidé des dizaines de corps de leur précieux sang. Égoïste sangsue. Les vampires sont de vrais charognards. Même, Joseph se demande presque pourquoi l’autre veut avaler cette potion alors que ça lui plaît bien, d’exhiber ses canines comme des œuvres d’art. Il voudrait bien les lui arracher avec une pince et les vendre à un musée, tiens.

Heureusement, leur confrontation ne s’éternise pas.

Malheureusement, ils se retrouvent encore. Puis encore. Et encore, jusqu’à ce que leurs têtes se décomposent de désespoir et qu’ils s’arrêtent l’un devant l’autre, épuisé de toujours rencontrer l’autre. C’est étrange comme il n’a vu que Cody dans cet immense labyrinthe alors qu’il jurerait entendre des voix étrangères papillonner dans les recoins. Des hallucinations, peut-être ? Il commence à ne plus pouvoir discerner le vrai du faux. « Aaaaah mais j’en peux plus de te voir ! » Cody est réel, en tout cas. Sa voix vient lui agresser les tympans. En cette veille de pleine lune, les sens de la bête sont plus aiguisés. Chaque froissement de feuille l’irrite. Il se contente de froisser le nez et de passer nerveusement ses mains dans ses cheveux, accablé par l’ennui. Il s’est arrêté pour reprendre son souffle, et les deux garçons semblent se toiser. « La surprise est peut-être assez grande pour deux. » D’abord, il le dévisage, cherchant l’étincelle dans son regard qui trahirait la plaisanterie. Il paraît tout à fait sérieux. « Quoi ? » Mais il ne peut pas le croire. « C’est une blague ? » Il secoue la tête de droite à gauche et un sourire ironique étire le coin de ses lèvres. « T’es en train de me demander un coup de main ? » Il hésite, le lorgne, fait des tours sur lui-même, regard le ciel de plus en plus inquiétant. Quelque chose flotte dans l’air. De la peur et de l’appréhension. « Okay. Mais je suis le premier à l’utiliser. » Peu importe la forme que prend cette fameuse surprise. Il posera la patte dessus le premier. Sa condition est une bien plus grande malédiction.  

« Deal. Mais t’as pas intérêt à me faire un coup foireux. » Ça, il a l’impression qu’il ne peut pas lui en faire la promesse. Bien sûr, il s’abstiendra d’émettre le moindre commentaire obscur pour ne pas aussitôt se mettre le vampire à dos. Dans les circonstances actuelles, la créature des ténèbres aux crocs acérés pourrait lui arracher la gorge avant-même que la soirée n’ait terminé de s’annoncer. « Je ne ferais pas ça. » Il bredouille en regardant le type de bas en haut comme s’il était une vieille statue d’épouvante. La vérité, c’est que si la potion était à usage unique, il ne manquerait pas une occasion de défendre son honneur. Bras croisés, il laisse Cody prendre les devants parce qu’il a beau avoir beaucoup de fierté, Joseph n’a plus aucune idée de la direction à prendre. Il a essayé tous les sens, tous les côtés, le nord, le sud, l’est et l’ouest. À toutes les fois, il a rencontré un mur d’épinettes lui bloquant le passage, son ombre le surplombant.

« On commence par là ! » Il hausse un sourcil. C’est de là que Joseph vient. À part un hibou, il n’a rien vu d’intéressant par-là. Cela dit, il commence à se douter que le labyrinthe change de forme, qu’il se façonne d’une nouvelle manière à chaque seconde écoulée. Peut-être qu’il ne retrouvera plus l’oiseau de nuit hululant. « Tu m’suis ? » Il décroise enfin ses bras de sa poitrine et emboite son pas, levant les yeux au ciel, assombri par l’éclipse. « Oui oui, Dracula. » Et ils dont désormais deux à zigzaguer dans ce qui ressemble à un piège éternel. Joseph préfère ne pas alimenter la discussion. Son ventre a commencé à se serrer – voilà cinq heures qu’il tourne en rond ici, et il se met à craindre le pire. La lune l’affecte. Elle hérisse ses poils et chatouille son épiderme. Une dizaine de minutes s’écoulent et Joseph, dont la voix trahi l’inquiétude, se confie : « Si on n’arrive pas à trouver la fin du labyrinthe… Tu crois qu’on arrivera à retrouver l’entrée ? » Ce n’est pas qu’il commence à avoir sommeil… C’est qu’il y a un danger qui rôde, et il se cache dans sa cage thoracique.

« Elles n'auraient pas fait ça. C’est trop dangereux. » Il est très optimiste, Cody. Il a oublié qu’aucune des créatures surnaturelles arrivent à s’entendre. Si ces malicieuses personnes au chapeau pointu et aux marmites remplies de poison avaient envie de s’amuser un peu, elles le feraient sans limites et mettraient de côté les manières mellifluentes. De placer un loup-garou et un vampire dans le même labyrinthe, c’est une idée de génie. Elles ont créé une arène en plaçant une potion au milieu. Les lions devront sortir les crocs et les griffes pour parvenir à leurs fins. Et, si au départ Joseph tentait de se convaincre que cette histoire de sort lancé était ridicule, plus le temps passe et plus il croit que ce n’était pas si bête comme supposition. Ce ne sont plus ses sens qui sont brouillés. Ce sont ses pensées aussi, désormais, et le visage de son collaborateur de circonstance paraît déformé. Il se promet une chose : s’il sort vivant de cette galère, il partira à Wales pour y commencer une nouvelle vie. Il espère que l’éclipse ne couvre pas le ciel de la Terre entière et que les magnifiques et immenses châteaux et champs de blé sont encore dignes de leur réputation, là-bas. Dans tous les cas, il ne pourra pas rester plus longtemps à Brisbane, qu’il redevienne humain grâce à cette marmite ou que cette malédiction se colle à sa peau pour le restant de sa vie. « Trop dangereux ? Qu’est-ce qu’elles peuvent bien en faire, du danger ? » Il souffle avec mépris, autant dégouté par la légèreté du ton de Cody que par la situation délicate dans laquelle il s’est placé en venant ici. « Ça leur ferait bien rire, de voir un vampire et un loup-garou s’arracher la peau. » Soupirant, il reprend la marche et impose un silence le temps de parcourir une autre dizaine de mètres de buissons impénétrables. Son cœur s’agite dans sa poitrine comme des ingrédients en ébullition dans une marmite. Ses ongles lui chatouillent autant que ses gencives, désormais.

« Pourquoi tu veux trouver le trésor ? » Il ne s’arrête pas pour lui répondre. Ils n’ont pas le temps pour les formalités. La course contre la montre est enclenchée. « Et toi, alors ? Ça ne t’amuse pas d’exhiber tes crocs aux gamins pour leur ficher la frousse ? » Le rôle de vampire lui convient plutôt bien.      

Ils ne pourront pas être naïf tous les deux. C’est peut-être un jeu pour Cody, mais Joseph voit plus clair et plus loin que lui. Il ne s’agit pas d’une balade amusante dans le dédalle d’un sympathique labyrinthe mais bien d’une course contre la montre. La punition ne sera pas aussi inoffensive que des coups de balai. Si le vampire ne court pas assez vite, il ne s’en sortira pas vivant. Et il pourrait croire un loup-garou sur parole : quatre pattes sont plus rapides que deux jambes maladroites. « Tu me détestes pas au point de vouloir me tuer quand même. » La question mérite réflexion. Certes, Joseph ne l’apprécie pas, mais il est vrai qu’il n’en irait pas à lui enfoncer un pieu dans le cœur pour le faire taire. Un peu de ruban adhésif sur la bouche effectuerait le travail. Non, le problème est ailleurs. « Je n’en sais rien, qui sait, qui saurait, la lune peut-être ? » Il fredonne du bout des lèvres en levant les yeux au ciel, autant pour exprimer le ridicule des questions de Cody, autant pour vérifier l’état de la lune qui n’a pas bougé et qui ne bougera jamais. Il ne sait pas comment ce nouveau cycle fonctionne alors comment pourrait-il gérer cette transformation ? « Il faudrait que tu lui demande, à cette chafouine aux deux visages. »     

S’il y en a un qui mérite d’avaler le contenu de la marmite qui les attend à la fin de l’énigme, c’est bien le loup-garou. Cody n’est pas à plaindre. Certes, il a besoin de boire du sang pour survivre, mais il pourrait très bien trouver des solutions pour le faire sans blesser personne. Joseph, lui, il doit se battre contre une force plus puissante que lui. S’arrêtant brusquement, il dévisage le garçon tandis qu’il affiche encore ses ridicule crocs dignes d’une dentition en plastique achetée sur Wish dans cent ans (oui parce qu’on est en 1912). Ses yeux rouges feraient sensation à une petite fête sponsorisée par le cannabis. Avant qu'il ne devienne un vampire, il était certainement un de ces types qui s'inventaient un karaoke en utilisant un balai en micro. Ou un micro en balai. Qu'importe. Les deux ne fonctionnent pas. « Alors, t’as peur ? » Sa manière de le fixer d’un air tout à fait neutre répond à sa place. « Qui sait ? Moi je veux peut-être juste la voler avant que tu puisses l’utiliser. » Il aurait bien envie de lui dire de faire attention où il marche, mais avant qu’il ne puise lever le petit doigt pour l’avertir, les pieds de Cody s’entortillent dans une racine et il tombe à la renverse. La scène arrache un ricanement à Joseph qui le contourne pour prendre les devants, cette fois. « Si tu fais ça, tu ne sais quelle malédiction pourrait te tomber dessus. Le loup n’est jamais trop loin de la bergerie. » Il va finir par comprendre ou il faudra qu’il lui explique avec des déterminants, des noms et des adjectifs pour qu’il réalise que sa vie est de plus en plus en danger ? Il ne faudra tout de même pas qu'il l'assomme avec une marmite pour qu'il avale l'information ?   

Sorcier éternel, gardien du labyrinthe qui referme de multiples pouvoirs pouvant aisément changer le cours de toutes destinées. Les êtres qui s'aventurent en son sein me paraissent dénués de tout bon sens, des intrépides mettant en danger le cours de leur histoire perpétuelle ; car rares sont les humains qui pénètrent les tréfonds de ce sanctuaire végétal, leurs dépouilles généralement retrouvées s'ils dépassent seulement quelques valeureux mètres.

Je sens deux créatures s'agiter dans mon domaine et mes sourcils demeurent longuement froncés tandis que je prends connaissance, par les mille yeux que je détiens dans le labyrinthe, de leurs échanges. Je protège sévèrement les raretés et les pouvoirs qu'ils effleurent sans, bienheureusement pour eux, s'en approcher de trop près. Je n'hésite pas à user de stratagèmes discrets ou de racines sordides pour influencer leur route et promptement, je me plais à cette nouvelle distraction. Je fais de ce vampire et de ce loup-garou mes marionnettes et peut-être méritent-ils, en récompense à ce nouveau jeu qu'ils m'offrent, ma miséricorde ?

J'apparais des épaisses haies du labyrinthe pour m'imposer devant les prénommés Cody et Joseph. Impétueux, je leur bloque le chemin, refermant les haies derrière ma personne d'un suave mouvement de bras vers les cieux ténébreux. Je ne crains pas leur attaque, je me sais invulnérable. Jamais n'ai-je été imprudent et l'art de la sorcellerie m'est maîtrise depuis des siècles désormais. En effet, je suis l'un des rares sachant produire des pierres philosophales.

"Tourne-moi sur le côté et je suis tout. Coupe-moi en deux et je ne suis rien. Que suis-je ?" J'annonce en refermant le labyrinthe derrière les deux créatures de l'ombre. Qu'ils répondent juste et ils seront de nouveau libres, sinon, ils seront voués à l'oisiveté pour l'éternel et à engraisser mes plaintes pour la bête.

Spoiler:

Spoiler:

Ils ont perdu la tête. Leur cerveau n’est plus qu’un grand océan rempli de crabes, de berniques et mots qui culbutent, s’entrechoquent, en forment de nouveaux. Il n’y a pas que dans ce labyrinthe que Joseph et Cody sont perdus ; ils le sont aussi dans leur corps. Si le loup-garou pense à cette lune qui perce le ciel, il n’arrive pas à formuler ses craintes d’une voix juste et avec des phrases cohérentes. Ce n’est pas une inspiration soudaine qui le force à parler de manière cryptique, c’est qu’il n’arrive pas à faire autrement. C’est comme s’il ne contrôlait plus ses cordes vocales. Dans tous les cas, aussi perdu soit-il, il veut absolument faire passer un message au vampire qui craindra bientôt pour sa vie s’ils continuent de s’enfoncer dans le dédale de la folie. S’il n’a pas envie d’avouer cette faiblesse qu’il a (cette malédiction), il peut au moins essayer de lui faire comprendre au détour d’énigmes amatrices. « Quand la lune fermera son cercle, alors le monstre ouvrira ses crocs. » Et enfin il comprend. Tous les deux se sont arrêtés, leurs yeux s’affrontant en silence. Il ne peut pas lui en vouloir de ne pas suivre le cycle de la lune. Ce n’est pas lui qui a vu sa vie basculer vers cette horreur-là. Désormais, celle de Joseph est chronométrée et encadrée par les vingt-neuf jours qui séparent chaque transformation involontaire. Un silence pèse. Le brun ne sait pas quoi annoncer. Leur collaboration se terminera-t-elle de manière prématurée ? Trouvera-t-il un moyen de fuir ce labyrinthe, que ce soit en creusant sous les vignes ou en pénétrant leur ramure ? Ou alors, le sortilège qui les habite est bien trop fort…

Sursaut. Une silhouette venue de nulle part fait son apparition. Il s’agit d’un autre garçon à l’apparence surnaturelle. Une aura dangereuse flotte autour de lui. Joseph, paniqué, le dévisage avec retenue. Autant il attend ses paroles qu’il les craint. Quand elles viennent, elles lui plaquent un point d’interrogation sur le visage. Une autre énigme. Quand on le tourne sur le côté, je suis tout… Il fronce les sourcils, repose son attention sur Cody maintenant qu’ils sont de retour à leur duo. « Quel était cet étrange phénomène ? » Il demande, sa salive pâteuse handicapant sa prononciation. « Tu crois qu’il s’agissait du sorcier qui nous incarcère ? » Il passe vigoureusement sa main dans sa coiffe pour ramener ses cheveux vers l’arrière, encore et encore. Il sent que le loup a envie d’hurler à la lune. Il est tellement près. « En tout cas, cette personne n’était pas humaine. » Elle avait déplacé les tiges des plantes sans même y toucher. « On aurait dit un émissaire. » Peut-être que l’énigme qu’il leur avait proposé était la réponse à leur plus grande question : comment sortir d’ici ?!

« Qu’est-ce qu’il a dit, déjà ? » Joseph s’est mis à faire les cent pas. Il n’a pas assez bien écouté, trop occupé à dévisager l’étranger. « Je suis tout en deux ?..» Il tente, creusant dans sa mémoire. Et, venu de nulle part, un craquement sonore le fait tomber vers l’avant. C’est son poignet qui vient de se fracturer sans raison apparente ; ou sans raison naturelle, plutôt. Il lâche un hurlement des plus fracassant en se prenant le poignet dans la main.