Le sorcier disparu, Cody n’a pas le temps de s’attarder sur son énigme pour en trouver la solution, il n’a pas de seconde à accorder au questionnement, il n’a pas de minute à perdre pour essayer de sortir du labyrinthe ; il y a désormais bien pire devant ses yeux. La scène se déroule comme au ralenti et pourtant, Cody ne perd pas une miette du son qui vient éclater tout autour d’eux. Un craquement, un bruit qu’il n’a jamais entendu mais qui fait sens dès l’instant où le son vient chatouiller son tympan : il ne lui faut pas plus de temps pour comprendre ce qui est en train de se passer. Il n’a pas besoin de lever les yeux vers la lune, il la sent sur son visage, son visage tourné vers la bête alors que son cœur s’emballe pour mille et une raisons.
Il court, refusant de rester une seconde de plus qui pourrait lui être fatale. Il court et tourne et manque de tomber un nombre incalculable de fois ; il ne s’arrête pas, son cœur bat à la chamade, il manque de sortir de sa poitrine pour venir s’écraser dans la terre sous ses pieds. Il ne s’arrête pas, il ne le peut pas alors que chaque pas le propulse un peu plus vers l’avant. Il refuse de regarder en arrière, se refuse à voir Joseph transformé en monstre. La vision lui serait insupportable, et il ne peut pas se permettre de ralentir, même pour un instant.
Un instant, il tourne à nouveau et se retrouve face à un mur, un rapide regard autour de lui et l’angoisse monte, la peur, l’inquiétude ; en quelques secondes, le voilà terrifié comme il n’a jamais été. Il est coincé, aucun échappatoire autour de lui. Alors qu’il s’apprête à repartir en sens inverse, il l’entend, cet hurlement qui vient percer le silence ; quand il ose se retourner, la bête lui fait face. Alors Cody sait, son heure est venue. Il pourrait presque trouver l’ironie ici, que ça se termine ainsi, avec lui. Il arrive à voir Joseph sous les traits du monstre, et s’il ferme les yeux, il pourrait presque s’imaginer le voir lui sourire. Alors qu’il regarde le lycan s’approcher de lui, son cœur se remplit de tout un tas de regrets. Il aurait dû lui avouer la vérité, il aurait dû lui dire ce qu’il a sur le cœur depuis déjà tant de temps, il aurait dû lui lancer ces petits mots qui veulent tout dire ; qui sait, ça aurait peut-être donné quelque chose ? Ce n’est qu’une question de minutes, son cœur bat à la chamade mais un petit sourire vient se poser sur ses lèvres, il se plaît à imaginer qu’ils auraient pu vivre quelque chose, alors il se l’imagine. Cody ferme les yeux alors qu’il entend les pas lourds du loup, il ferme les yeux et il imagine, tentant au mieux d’ignorer le souffle chaud qu’il commence à sentir tout autour de lui.
« Joseph si tu m’entends. » qu’il chuchote. « Je t’ai toujours aimé. » C’est rapide, il n’a pas le temps de sentir la douleur, le froid, la peine, l’inquiétude, la peur. Une seconde il est là, la seconde d’après il n’est plus. Le sorcier est parti, scellant à jamais son destin ; la lune a montré le bout de son nez, Cody s’envole. Qui se souviendra ?