Ce que tu redoutais depuis quelque temps était arrivé : Rhett et Evelyn n'étaient plus ensemble. Lorsque tu en avais été mise au courant par ton frère, l’inquiétude avait refait surface. Tu savais qu’il pouvait faire le con souvent, mais tu ne doutais pas qu’il aimait Evelyn. Et tu ne doutais pas qu’elle l’aimait également. Par contre, tu pouvais comprendre qu’elle n’en pouvait plus. Ton frère était difficile à supporter. Il avait un caractère bien à lui et c’était difficile de lui faire confiance avec son passé relié à l’oxycodone. Par contre, tu ne pouvais t’empêcher de penser à toi. Tu n’avais plus personne avec qui diviser ton inquiétude. Lorsqu’Evelyn était là pour lui, tu savais que tu pouvais compter sur elle et relaxer un peu plus. Elle t’avait déjà promis de te faire signe si jamais elle sentait qu’il dérapait. Maintenant, c’était à toi et toi seule de t’assurer qu’il ne recommençait pas à consommer. Et tu savais que ça allait être un moment difficile à passer puisqu’il était en peine d’amour. Tu étais déjà épuisée physiquement et mentalement, mais tu ne pouvais pas baisser les bras. Encore une fois, tu allais mettre de côté comment toi tu te sentais pour t’assurer du bien-être de ton frère. Tu savais que Ruben ne serait pas d’accord, surtout après la discussion que vous aviez eût à l’hôpital. Mais c’était instinctif chez toi. Tu ne pouvais pas penser faire autrement.
Ce samedi-là, tu avais le goût d’aller parler à l’ex de Rhett. Tu devais la voir et lui dire que tu ne lui en voulais pas. Tu t’entendais bien avec elle et tu ne pouvais pas imaginer ne plus pouvoir lui parler. En même temps, tu avais l’impression de trahir ton frère en continuant d’avoir des contacts avec elle. Tu avais décidé de ne pas lui en parler. Ce qu’il ne savait pas ne pouvait pas lui faire de mal non ? Tu savais très bien que si ça venait sur le sujet tu ne pourrais pas lui mentir et tu devrais lui dire que tu l’avais vu, mais tu ne commencerais pas le sujet toi-même. Tu sautas dans un taxi et arrêta dans un café que tu aimais bien pour prendre un thé noir et un café bien noir également. Tu savais que c’était la boisson qu’elle préférait et tu voyais là un signe que tu venais en paix. Tu ne pouvais quand même pas arriver chez elle les mains vides. Tu repris un taxi et lui donna l’adresse de la Pearson. Arrivé devant chez elle, le doute te prit au ventre. Et si elle ne voulait plus entendre parler de toi ? Tu aurais dût au moins lui envoyer un sms pour lui demander si elle était disponible pour te reçevoir. Elle n’était peut-être même pas chez elle. Tu savais qu’elle avait également un emploi du temps bien occupé. Elle n’avait pas que ça à faire attendre chez elle que quelqu’un se pointe le bout du nez. Tu posa les boissons sur la première marche de l’entrée. Tu devais fumer une cigarette avant de cogner chez elle. Tu devais te détendre un peu puisque tu avais l’impression que tes nerfs allaient te lâcher. Tu envisageais de reprendre un taxi et de retourner chez toi sans avoir tapé à la porte.

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@Ethel Hartfield ☆ crédit/sacreddonkey

Au moment où Ethel débarqua devant sa porte sans s’annoncer, Evelyn était occupée à placer convenablement sa montre sur son poignet en sortant de sa chambre, constatant par la même occasion qu’elle était très en retard ce matin et qu’elle n’avait aucune bonne excuse. Le temps de latence à accuser entre l’annonce officielle de son arrivée à la tête de la MHI et celle de son départ de La Fondation la plaçait dans un entre-deux étrange à vivre et à envisager, la tête à deux choses à la fois. À trois, si elle comptait Rhett qu’elle voyait au moins une fois par semaine lors des séances de thérapie auxquelles elle avait accepté de se rendre pour lui, pour eux. Elle ne savait pas bien où ça les mènerait finalement, mais ne pas faire d’efforts, ce n’était pas dans le tempérament d’Evie qui était redescendue doucement en pression depuis le soir où elle avait appris de la bouche de Rhett la vraie nature de sa relation avec Mickey — ou du moins, qui avait appris quel genre de politesse ils s’échangeaient. Elle ne comprenait toujours pas aujourd’hui comment ils en étaient arrivés là, encore qu’elle se fichait pas mal des états d’âme de Mickey qu’elle ne reverrait sans doute jamais de sa vie. Si elle le faisait, ce serait pour lui demander comment il se sentait dans ses baskets, à affronter le regard d’une femme qu’il avait lui-même défini comme tant trop amoureuse pour être objective. En réalité, elle ne préférait même pas y penser, et elle se refusa à le faire ce matin, déjà bien assez en retard pour vouloir l’être davantage en laissant son esprit vagabonder à des soucis qui n’étaient pas primordiaux aujourd’hui. Elle devait rester concentrée, et elle le resterait. Aussi, elle vérifia rapidement son apparence dans le miroir disposé dans le hall d’entrée de chez elle, buta le bout de sa chaussure à talons dans un des cartons qui contenaient une partie des affaires de Rhett qu’elle n’avait pas encore pris le temps de lui rendre en remuant pour s’engager plus loin dans le hall, et enfila son manteau en évitant de penser à ça aussi.

Elle commanderait une voiture quand elle serait à l’extérieur de la maison. En attendant, elle en profiterait pour marcher un peu jusqu’au centre où elle prendrait une boisson à emporter, bien décidée à se remettre les idées en place avant de rejoindre les bureaux de La Fondation où elle était attendue pour signer quelques papiers et récupérer ses affaires. Elle retira ses longs cheveux bruns du col de son manteau, attrapa son sac et ses petites affaires pour la journée, puis elle tourna et retira la clef de la serrure après s’être assurée de bien avoir son téléphone dans sa poche. Une fois rassurée de ça, elle s’engagea pour tomber nez-à-nez avec une Ethel qu’elle ne s’attendait évidemment pas à voir là. Sa question fut immédiate, l’expression de son visage permutant pour se voiler d’une ombre d’inquiétude qu’elle vocalisa immédiatement, laissant finalement la porte de chez elle ouverte tant son attention fut happée par la présence de la jeune femme "Il s’est passé quelque chose ?" L’air échevelé de la cadette Hartfield qui avait la cigarette au bec, et l’idée qu’elle avait sûrement hésité à frapper à la porte, c’était à peu près tout ce qui poussait Evelyn à envisager le pire sur le moment.

Tu avais confiance en Evelyn. Tu savais que si elle avait décidé que c’était trop pour elle la relation avec ton frère, c’était qu’elle était vraiment au bout du rouleau. Tu étais seulement déçue. Déçue que ton frère n’ait pas été capable de faire attention à elle, à eux. Maintenant que leur couple n’était plus, tu n’avais plus autant foi en sa capacité de rester sobre et tu savais que c’était maintenant à toi de veiller sur lui encore plus qu’avant. Mais en même temps, tu ne pouvais pas tenir Evelyn responsable d’une possible rechute ou encore de l’échec de leur couple. C’était exactement pour lui mentionner tout cela que tu t’étais présenté ce matin-là chez elle. Depuis que tu la connaissais, tu lui avais fait quelques confidences et partagé du temps avec elle en tant qu’amie et non seulement en tant que belle-soeur. Ta relation avec Evelyn était beaucoup plus simple que celle avec Nina. Tu avais un peu plus de réticence envers cette dernière même si tu savais que c’était une bonne personne et qu’elle avait un bon fond. Tu ne ressentais tout simplement pas le sentiment d’une hiérarchie avec Evelyn comme tu le sentais avec Nina. Pourtant, la brune avait un statut que tu considérais autant respectable que celui de la blonde. Tu ne savais toutefois pas comment Evelyn allait te reçevoir. C’était pour cette raison que tu te sentais nerveuse, que tu regrettais d’être venue chez elle ce matin-là sans t’annoncer. Est-ce qu’elle voulait tirer un trait sur tout ce qui entourait Rhett donc sur toi également ? Si tu ne lui demandais pas tu ne le saurais jamais, mais en même temps, étais-tu prête à faire face à cette éventualité ? Tu t’apprêtais à rebrousser chemin lorsque tu entendis la porte ouvrir derrière toi. Tu te retournas et constata qu’Evelyn était là, la surprise sur son visage. Tu voyais qu’elle ne s’attendais pas à te voir. Puis, l’inquiétude tordit ses traits. "Il s’est passé quelque chose ?" Égoïstement, tu étais heureuse de voir qu’elle s’inquiétait encore pour ton frère. Peut-être y avait-il encore espoir qu’ils se remettent ensemble ? Tu te dépêcha à tenter de la rassurer. ”Il est correct. Il ne s’est rien passé.” Tu passas une main dans tes cheveux que tu avais récemment fait couper au niveau de tes épaules et tira une bouffée sur ta cigarette. ”Je voulais seulement te parler, mais je vois que tu t’apprêtais à partir, je ne voudrais pas te retarder.” Encore et toujours cette manie de ne pas vouloir déranger les gens, de te placer en dernier. Tu étais nerveuse, mais tu ne voulais pas qu’Evelyn se rende compte de ton malaise. Tu écrasa ta cigarette au sol, sortit le petit plat en verre dans lequel tu récupérais tes mégots pour les déposer à la poubelle un coup revenu chez toi. Tu ne voulais pas les laisser au sol un peu partout et ainsi polluer la planète. Tu remis le petit plat dans ton sac à main et te pencha vers les deux boissons que tu avais posés sur la première marche menant à la porte de la maison d’Evelyn. ”Je t’ai prit un thé noir sur mon chemin.” Tu pris une gorgée de ton propre gobelet qui contenait ton café. Tu tiras sur le col de ton sweatshirt. Tu entendais encore Ruben te mentionner d’arrêter ce tic, mais tu ne pouvais te résoudre à ne pas le faire. Tu ne voulais pas qu’il te colle trop au corps et qu’Evelyn puisse constater ta perte de poids. Déjà que ton teint pâle, tes cernes et tes joues creusent te dénonçaient.

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@Ethel Hartfield ☆ crédit/sacreddonkey

Les relations qu’Evie entretenait avec la fratrie Hartfield ne pouvaient pas être plus éloignées l’une que l’autre. Quand avec Ruben, la communication était on ne peut plus compliquée, avec Ethel, c’était un peu plus facile. Certainement parce qu’elle était une femme, qu’elle n’avait pas l’impression d’être jugée sur tout ce qu’elle disait, pensait et surtout ressentait au sujet de Rhett. La voir ici ça lui faisait plaisir dans une certaine mesure, mais compte tenu des circonstances, ce premier sentiment fut rapidement remplacé par un autre qui la poussa à s’inquiéter tout de suite, craignant que quelque chose ne soit arrivé à Rhett.
Elle posa la question à la jeune femme, n’attendant pas une seconde pour le faire en délaissant même la fermeture de la porte de chez elle pour ne rien manquer des expressions qu’elle avait sur le visage à cet instant précis. Elle s’en voudrait toute sa vie si quelque chose était arrivé à Rhett maintenant, et ce sans que ce ne soit vraiment rationnel. Elle avait beau dire à Ruben que tout ce qui le concernait ne la regardait plus désormais, la vérité c’était tout de même qu’elle acceptait de le voir, de lui parler et de travailler sur leur relation qui était réduite à peau de chagrin ces temps-ci, mais au moins ils essayaient de réapprendre à se parler sans se dénigrer, ce qui n’était pas aisé étant donné qu’Evie se sentait tout bonnement trahie ; probablement pas assez pour ne pas accourir si quelque chose de mal arrivait au jeune homme, la preuve en était.

Suspendue aux lèvres de sa soeur, elle relâcha une légère respiration quand elle lui assura que Rhett allait bien. Sa main se posa sur le haut de sa poitrine couverte pour sentir son coeur bondir sous l’épaisseur relatif du petit pull qu’elle portait, mais le poids qui était soudainement tombé juste là s’allégea durablement. Elle ferma brièvement les yeux, admettant dans la foulée "Tu m’as fait une frayeur." Et ce n’était pas drôle bien sûr, mais pour qu’Ethel ne s’en veuille pas de ça, elle laissa un petit rire lui échapper cette fois, se retournant vers la porte de chez elle pour la verrouiller, puis enfin descendre les quelques marches du perron pour enfin la rejoindre. Elle lui trouva une petite mine, seulement elle n’eut pas le coeur de le lui faire remarquer, se contentant juste de l’observer et de l’écouter, ses mains trouvant les poches de son manteau qu’elle avait pris le temps de resserrer contre sa poitrine après avoir remonté l’anse de son sac sur son épaule. Elle voulait lui parler, c’est ce qu’elle lui disait "Tu aurais dû m’envoyer un message, je t’aurais évité de faire le chemin jusqu’ici. Je dois rejoindre le centre-ville, on se serait donné rendez-vous là-bas." Non qu’Ethel la dérangeait, c’était même tout le contraire, mais elle aurait pu lui éviter le trajet puisque finalement, elles allaient au même endroit maintenant. Du moins, elle le supposait "Tu es venue comment ?" lui demanda-t-elle juste après, finissant par lui avouer dans un haussement de sourcils et un petit sourire mi-figue mi-raisin "Je suis déjà très en retard de toute façon, ça ne changera pas grand-chose. On marche ?" lui proposa-t-elle, la remerciant en même temps de la boisson qu’elle lui avait ramené, ce qui lui éviterait le détour vers son café préféré. Elle en prit une gorgée, s’enfonçant très brièvement dans ses pensées pour tacher d’anticiper le sujet de la conversation qu’elle voulait avoir avec elle au point de s’être déplacée jusqu’ici, mais ne parvint qu’à faire des suppositions qui ne l’aidèrent pas à relativiser. Alors, après une nouvelle gorgée de son thé, elle se risqua à lui demander, tournant la tête de son côté "Je suppose que c’est de Rhett que tu veux me parler ?" Est-ce qu’il y avait vraiment un autre sujet sur lequel elles pouvaient se permettre de palabrer en ce moment en sachant que leur rupture était récente ? Elle connaissait les soeurs Evie, elle savait quel genre d’intention elles pouvaient avoir à l’encontre des amoureuses de leurs grands frères, et Ethel avait toujours été délicate avec elle, contrairement à Ruben. Aussi, pour la remercier indirectement de ça, elle tint à lui dire avant toute chose "Ça ne changera rien tu sais, ce qui se passe entre lui et moi." Ce qui ne se passait plus en l’occurence, même s’ils travaillaient dessus. Elle lui accorda un nouveau sourire, craignant de ne pas être assez explicite, et poursuivit pour que ça le devienne "Tu seras toujours la bienvenue ici."

"Tu m’as fait une frayeur." Tu devais avouer que tu étais plutôt contente qu’elle t’avoue ça. Si elle n’en avait plus rien à foutre de lui, elle n’aurait pas eût peur qu’il lui soit arrivé quoi que ce soit, elle s’en ficherait. Tu étais toutefois un peu honteuse de lui avoir créer cette frayeur. Tu n’avais pas pensé que ta présence chez elle pourrait vouloir dire que Rhett avait fait une bêtise, qu’il était peut-être même à l’hôpital. Et si tu voulais être honnête avec toi-même, tu avais une mine affreuse dernièrement et tu savais que ce n’était rien pour être rassurante à première vue. En même temps, tu devais accepter que tu étais la seule responsable de ce que tu avais l’air. Tu savais exactement quoi faire pour avoir l’air un peu plus en santé, mais tu en étais incapable pour l’instant et tu l’avais accepté. Je suis désolé, ce n’était pas mon but. Je n’ai même pas pensé que tu pouvais anticiper une mauvaise nouvelle juste à me voir.” Toi qui regrettait maintenant d’être venu sans t’annoncer, c’était rien pour aider à te mettre à l’aise, mais avec le petit rire qu’elle avait eût par la suite, tu sentis qu’elle ne t’en tenait pas vraiment rigueur. "Tu aurais dû m’envoyer un message, je t’aurais évité de faire le chemin jusqu’ici. Je dois rejoindre le centre-ville, on se serait donné rendez-vous là-bas. Tu es venue comment ?" Tu aurais effectivement dû envoyer un message à Evelyn. Elle t’aurait dit quand elle était disponible pour toi. Ce que tu avais à lui dire n’était pas si important et si pressant que cela. Ça aurait très bien pu attendre quelques heures de plus et même quelques jours. Tu avais agit sur un coup de tête en te réveillant ce matin-là et en allant chez Evelyn alors que ça ne te ressemblait pas vraiment. Tu étais toujours le genre de personne à écrire avant de débarquer chez les autres ou du moins, à passer un coup de fil. ”J’ai demandé au chauffeur de Carmine, le voisin de chez Rhett. Il m’a dit que je pouvais l’utiliser quand j’en avais de besoin.” C’était ironique que tu utilises le chauffeur de Carmine alors que la relation avec lui et Rhett n’était pas au beau fixe puisque ton frère lui avait cassé le bras pendant le match caritatif. En même temps, si tu arrêtais de parler avec tous ceux qui n'avaient pas une relation géniale avec ton aîné, tu arrêterais de voir beaucoup de tes proches et tu le refusais. Tu faisais beaucoup de sacrifice pour lui, mais il y en avait certain que tu refusais de faire et cela en faisait partie. "Je suis déjà très en retard de toute façon, ça ne changera pas grand-chose. On marche ?" Tu acceptas d’un signe de tête. Marcher et prendre l’air t’aiderais probablement à te déstresser et à organiser tes idées. L’air était encore un peu frais malgré que les temps plus chauds arrivaient. "Je suppose que c’est de Rhett que tu veux me parler ?" Evelyn prenait les devants. Tu constata a ce moment que tu n’avais pas vraiment ouvert la bouche depuis que tu étais arrivé. De moins, tu ne lui avais pas encore exposer les raisons de ta présence chez elle et il était maintenant le temps que tu le fasse. Tu savais que tu pouvais être honnête avec elle et lui dire le fond de ta pensée. Tu avais toujours été à l’aise de parler d’à peu près tout avec elle et tu ne voulais pas que ça change. C’était d’ailleurs exactement ce que tu voulais lui dire. Tu te raclas la gorge, prit une gorgée de ton café.”Oui… Mais probablement pas pour te dire ce que tu penses… Je voulais seulement te dire que…” Tu cherchais tes mots. Tu te demandais comment lui exposer ce que tu pensais de la situation sans être méchante envers ton frère. ”Je voulais juste te dire que je comprends que tu en ais assez. Je comprends ta décision. Je ne veux pas te demander de lui pardonner. Je veux au contraire que tu saches que je ne t’en veux pas et que je pense que tu fais bien de penser à toi dans tout ça. Tu aurais voulu lui dire que tu étais triste d’avoir perdu ton allié dans la surveillance du combat de Rhett contre l’oxycodone, mais tu ne pouvais quand même pas aller jusque-là. ”Je voulais aussi que tu saches que je m’en occupe. Je vais m’assurer qu’il ne replonge pas. Ce n’est plus ton combat.” Tu te sentais libérer d’un poids sur tes épaules. Tu avais peur qu’Evie coupe les ponts avec toi par peur que tu cherches à défendre ton frère coûte que coûte, mais tu le connaissais trop bien. Tu savais qu’il était le responsable de ses malheurs. "Ça ne changera rien tu sais, ce qui se passe entre lui et moi. Tu seras toujours la bienvenue ici." Son affirmation te faisait du bien. Tu avais peur de la perdre effectivement alors que tu avais toujours sentit que tu pouvais lui faire confiance et qu’elle serait présente pour toi si tu avais besoin. Et savoir que ça resterait comme ça même si elle ne fréquentait plus ton frère te faisait du bien. ”Tu sais que je comprendrais si tu aimais mieux qu’on arrête de se parler. Mais de mon côté, j’ai toujours apprécié les moments passés avec toi. Je ne te considérais pas juste comme la petite amie de mon frère, mais comme une amie…” Tu passas ta main dans tes cheveux, prit une autre gorgée de ton café. Tu regardais le sol tout en avançant, le dos légèrement courbé.

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@Ethel Hartfield ☆ crédit/sacreddonkey

Evie n’en voulait pas à Ethel d’avoir fait accélérer son rythme cardiaque et fait envisager tous les scénarios catastrophes possibles. Sa présence surprise amenait des questions bien sûr, mais puisqu’elle lui assura rapidement qu’elle n’était pas là en temps qu’oiseau de mauvais augure, elle passa vite l’éponge pour se concentrer sur l’essentiel. Ça avait toujours été évident que chez les Hartfield, il y avait une règle d’or à adopter : protéger Ethel. En discutant avec elle, en apprenant à la connaître, Evelyn n’avait pas l’impression qu’elle était fragile, mais elle était différente de ses aînés, c’était une évidence. Plus hésitante, elle paraissait encore se chercher, alors surement que c’était pour ça que ses aînés se montraient délicats quand elle était concernée. Ce n’était pas bien difficile de se tenir à cette règle d’or d’ailleurs, Evie s’y était faite assez tôt dans sa façon d’échanger avec la jeune femme. Elles parlaient de tout, c’est vrai, mais elle restait davantage à l’écoute que le contraire. Seule femme dans une marée d’hommes, ça devait faire du bien à Ethel de pouvoir se confier parfois, et ce sans qu’aucun tabou ne vienne entacher le dialogue. Pourtant ici, Evie devait avouer qu’elle redoutait un peu le moment où elle lui parlerait de Rhett. Pas uniquement parce qu’elle ne réussissait pas toujours à garder son sang-froid lorsqu’il était mentionné ces derniers temps, surtout parce qu’elle ne savait pas à quel point Rhett pouvait être honnête avec sa soeur : que lui avait-il dit à propos de leur rupture ? Ruben était au courant des erreurs de son frère, de celle qui lui avait coûté son couple, mais Ethel l’était-elle ? Elle était sûre que non, et elle se jura de ne pas en parler avec elle.

S’inquiétant de la manière dont elle était venue, elle rebondit sur ce qu’elle lui donna comme réponse "L’anglais auquel il a cassé le bras lors du match caritatif ?" Celui qui avait été dramatique pour en faire toute une histoire, faisant tourner court ce projet qui tenait pourtant très à coeur à Rhett. Inutile d’en faire toute une histoire en retour, la situation était déjà assez embarrassante comme ça pour qu’Evelyn veule lui tenir vraiment rigueur de tout ça — il y avait des accidents qui n’étaient que ça, des accidents. Commençant à marcher aux côtés de la cadette Hartfield, elle entra rapidement dans le vif du sujet, pas du genre à faire des courbettes, quand bien même elle resta délicate pour venir cueillir la conversation qu’Ethel n’osait pas entamer. Elle paraissait dans ses pensées, un ailleurs qu’elle n’essayerait pas d’atteindre si elle ne lui en donnait pas accès, mais constater qu’elle avait une petite mine, ça la força à la regarder plus longtemps et à anticiper ses paroles pour enfin les recevoir avec un léger sourire, la laissant marquer son point sans l’interrompre. Elle se doutait que ça ne devait pas être facile pour elle ; et c’est là qu’Evie fût certaine que non, Ethel ne savait pas pourquoi exactement elle avait rompu avec Rhett "Ethel…" commença Evelyn, son sourire restant sincère, mais ne s’élargissant par pour autant. C’était compliqué pour elle aussi. Elle s’en voulait d’avoir abordé le sujet avec Ruben il y avait quelques jours de ça — sans regretter le moins du monde ce qu’elle lui avait dit au demeurant, elle camperait sur tout ce qu’ils avaient échangé, même les insultes —, aussi elle ne voulait pas réitérer. Une chose était certaine : les difficultés qu’ils rencontraient, Rhett et elle, ça les regardait, quelque part. Elle n’avait pas envie que toute la famille Hartfield se sente obligée de venir prendre de ses nouvelles après coup. Evie, elle ne cherchait ni l’approbation ni la désapprobation, elle voulait juste lécher ses blessures seule, et ce aussi longtemps que ce serait nécessaire "Je ne suis pas sûre de pouvoir te parler de tout ça avec toi. Je suis en colère contre ton frère, et j’ai déjà été suffisamment dure avec lui pour aimer le dénigrer quand il a le dos tourné. Je ne le ferai pas." Elle voulait qu’elle le sache. Elle voulait qu’elle garde à l’esprit que, malgré ce qu’elle ressentait en ce moment, sa bienveillance resterait celle qu’elle avait toujours été à l’égard de Rhett "Je n’ai pas envie qu’on me donne raison ou tort dans cette histoire, tu comprends ? Mais ça me touche que tu ne m’en veuilles pas, je suppose que c’est déjà ça." se permit-elle de plaisanter, et si elle avait été tactile, c’est à ce moment-là qu’elle aurait tendu le bras pour prendre Ethel par les épaules, et la serrer contre elle.

Elle ne le fit pas évidemment, ce qu’elle ajouta l’alertant assez fort pour que l’idée ne lui frôle même pas l’esprit "Ce n’est pas à toi de t’en occuper et de t'assurer qu’il ne replonge pas. Ce n’est le combat de personne d’autre que lui, et je crois qu’à ce sujet-ci, il est sur la bonne voie." Un peu d’optimisme ne faisait pas de mal. Elle le pensait sincèrement Evelyn : en ce moment, le plus gros problème de Rhett, ce n’était pas son addiction "Je ne l’ai pas quitté à cause de son addiction, je crois que j’ai besoin que tu le saches." Peut-être un peu par ego. Elle ne voulait pas qu’Ethel pense qu’elle n'était plus assez forte pour supporter ça — elle voulait aussi qu’elle sache que malgré tout ça, elle ne la rayerait pas de sa vie pour autant. Elle l’aurait fait dans le passé, mais elle avait évolué de ce côté-là, et c’était une évidence pour elle : personne n’était responsable de cette rupture, si ce n’était elle et Rhett "Ne t’encombre pas la tête avec ça, je ne compte pas arrêter de te parler pour autant." La rassurer à ce sujet, c’était plus à sa portée que de lui parler des raisons de sa rupture avec son frère, c’était une certitude "Je ne suis pas obligée d’être avec ton frère pour passer des moments avec toi. Le sentiment est réciproque, et je ne vois pas pourquoi ça changerait. Vraiment pas, d’accord ?" Elle le lui affirma en la regardant avec un léger sourire, marchant à ses côtés, et lui tendant son gobelet pour qu’il cogne conte le bord du sien pour sceller cette promesse qu’elle lui faisait de ne pas la laisser tomber malgré ça.

"L’anglais auquel il a cassé le bras lors du match caritatif ?" Tu hochas la tête. Carmine n’était pas que l’homme auquel ton frère avait cassé le bras pendant le match. Il était celui qui t’étais venu en aide lorsque tu faisais ta crise de panique dans ta voiture. Il n’avait pas cherché à savoir le pourquoi de la crise, ne te proposant qu’une solution pour pallier au fait que tu n’aimais pas prendre le volant. Tu savais qu’il pouvait paraître assez chiant, mais en même temps, il pouvait être compréhensif et doux. Tu l’aidais parfois depuis qu’il avait son bras cassé également. Peut-être parce que tu te sentais redevable puisque c’était ton frère qui lui avait infligé ta blessure ? Parce que tu étais comme ça toi : tu tentais toujours de tout réparer même si ce n’était pas toi qui avais brisé… ”Exact. Il habite dans le même immeuble que Rhett. Il m’a aidé un jour où je… Où je n’allais pas bien.” Tu n’avais pas envie d’exposer à Evelyn les raisons pour lesquelles tu avais fait cette crise. Elle savait déjà que tu ne prenais pas le volant, mais elle n’avait jamais posé plus de question et ça t’allait très bien comme ça.

Puis, tu lui exposa la raison de ta visite à l’improviste chez elle. Elle t’écouta sans tenter de t’interrompre et tu lui était reconnaissante. C’était déjà assez difficile pour toi de lui exposer la manière dont tu te sentais. Tu avais l’impression d’être une traître envers ton aîné de venir voir son ex-petite-amie et de lui demander de rester ton amie alors qu’il souffrait à cause d’elle. En même temps, Ruben t’avait mentionné qu’il fallait que tu pense à toi et c’était ce que tu essayais de faire maintenant en écoutant ton coeur et en essayant de ne pas perdre quelqu’un d’important pour toi. "Ethel…" Tu releva les yeux vers Evelyn pour voir son expression faciale. Elle avait un petit sourire qui t’apparaissait sincère et le ton de sa voix était doux. Tu avais bon espoir que ce soit une bonne nouvelle et qu’elle t’annonce qu’elle pensait comme toi. "Je ne suis pas sûre de pouvoir te parler de tout ça avec toi. Je suis en colère contre ton frère, et j’ai déjà été suffisamment dure avec lui pour aimer le dénigrer quand il a le dos tourné. Je ne le ferai pas." Tu ne voulais pas la forcer à te dire ses raisons pour lesquelles elle l’avait quitté. En fait, tu avais trop peur qu’il ait posé des gestes qui allaient contre tes valeurs et pour lesquelles tu n’aurais pas le choix d’être en colère contre lui. Ce n’était pas ton but. Tu voulais être là pour lui et pour l’aider à passer au travers de cette épreuve. "Je n’ai pas envie qu’on me donne raison ou tort dans cette histoire, tu comprends ? Mais ça me touche que tu ne m’en veuilles pas, je suppose que c’est déjà ça." C’était tout à son honneur. Bien des gens auraient profité du moment pour réduire la réputation de l’autre en milles morceaux. Surtout que Rhett était connu. Evelyne aurait tellement pu faire un carnage avec les médias, mais elle avait beaucoup trop de classe pour ça. ”Je me suis peut-être mal exprimé, ce n’est pas mon but non plus. Je ne veux pas parler contre lui ni même prendre position entre vous deux.” De toute manière, peut importait ce qu’il avait fait… Ton frère était ton frère et malgré vos différents, tu ne pouvais pas te résoudre à le détester pour quoi que ce soit. Tu ne pouvais que tenter de l’aider à être quelqu’un de meilleur."Ce n’est pas à toi de t’en occuper et de t'assurer qu’il ne replonge pas. Ce n’est le combat de personne d’autre que lui, et je crois qu’à ce sujet-ci, il est sur la bonne voie." Enfin quelqu’un qui pensait comme toi, qui était capable de faire confiance à Rhett au sujet de sa sobriété. Ça faisait différent de Ruben et Nina qui n'attendaient que le moment où il replongerait. ”Je pense aussi que ça va bien, mais tu sais, depuis la… Depuis la mort de Jackson…” Ta voix s’était brisée lorsque tu avais prononcé le prénom de ton frère, mais tu devais apprendre à parler de lui. C’était un premier pas vers une possible guérison, aussi petite qu’elle pouvait être. ”J’ai constamment peur qu’il arrive quelque chose à Rhett ou à Ruben…” Evelyn était bien la première à qui tu avais réussis à lui exposer cette angoisse constante. "Je ne l’ai pas quitté à cause de son addiction, je crois que j’ai besoin que tu le saches." Tu releva la tête rapidement pour la regarder dans les yeux. ”Je n’ai jamais pensé ça Evelyn. Je sais que, au contraire, tu as toujours voulu l’aider.”

”Je ne suis pas obligée d’être avec ton frère pour passer des moments avec toi. Le sentiment est réciproque, et je ne vois pas pourquoi ça changerait. Vraiment pas, d’accord ?” Tu cogna ton verre contre le sien. Un sourire apparut sur tes lèvres. Il était mince, mais il était présent. C’était un soulagement pour toi de savoir qu’elle serait encore là pour toi. Tu n’avais pas vraiment gardé d’amie de l’époque où tu étais à Kilcoy et il avait été difficile de t’en faire à Brisbane. Tu avais l’impression que tes proches étaient toutes des connaissances de tes frères et tu refusais de les perdre aussitôt que ceux-ci faisaient des conneries. ”Merci. Je suis rassurée. J’avais peur que ça change tout entre nous.” Tu pris une autre gorgée de ton café. ”J’ai été voir Nina l’autre fois et notre conversation a été difficile. J’avais le goût de raconter à quelqu’un, mais je me suis rendue compte que je n’avais pas beaucoup de personne à qui je pouvais parler à part toi et je ne savais plus si j’étais la bienvenue.” Maintenant que tu étais soulagée et que tu savais à quoi t’en tenir, c’était plus facile pour toi de lui parler.

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@Ethel Hartfield ☆ crédit/sacreddonkey

Evie n’était pas une forceuse. Elle savait arrêter sa curiosité avant de dépasser certaines limites. Elle avait déjà remarqué que, très souvent, Ethel s’arrêtait en plein milieu d’une phrase lorsqu’elle avait l’impression de trop en dire, et elle ne voulait pas la pousser davantage à parler si elle ne se sentait pas capable de le faire. Peut-être aurait-elle dû le faire au contraire, peut-être aurait-elle dû se sentir en droit de le faire, l’impression de n’être au final qu’une étrangère en comparaison au cercle qui l’entourait la forçant à rester à sa place la plupart du temps. Elle ne voulait pas la bousculer la jeune femme. Aussi quand elle se rendit compte qu’encore une fois, elle s’arrêta en plein milieu d’une phrase pour choisir ses mots, la discussion les menant à mentionner l’homme auquel Rhett avait infligé une blessure, elle tourna la tête dans sa direction et lui fit "Tu sais que tu peux me parler de tout, hm ?" Une question à laquelle elle choisirait de répondre ou pas, qui partait de ce sentiment qu’elle avait qu’elle était continuellement en retenue, chose qu’Evie pouvait comprendre, mais qu’elle l’encourageait à dépasser pour se soulager le coeur si elle en avait besoin. Elle était une tombe, elle ne disséminerait pas ses secrets à qui voudrait bien les entendre.

Comme elle était certaine qu’Ethel ne disséminerait pas ses secrets à qui voudrait bien les entendre, mais ce n’était pas pour autant qu’elle tenait à le mettre au courant de la vraie raison de sa rupture avec son frère. Ce n’était pas tant la question d’un secret partagé qui la faisait camper sur cet avis de ne rien lui dire, plutôt celle qu’il y avait des choses à garder pour soi, surtout quand elle concernait un membre proche de la famille de la personne venue en éclaireur. Elle connaissait l’avis d’Ethel au sujet de Rhett. Elle ne l’idéalisait certainement pas, mais elle lui accordait plus de crédit que Ruben ne le faisait, et Evie ne tenait pas à gâcher ça en le méprisant en sa compagnie. Ce n’était pas dans ses habitudes, et ce n’était pas une envie nécessaire à sa guérison. Elle respectait Rhett, elle tenait à qu’Ethel le sache "Tant mieux. Parce que je ne fais pas partie des amantes négligées qui deviennent vengeresses quand elles se font trahir. Je respecte ton frère malgré tout, ça ne risque pas de changer." Elle insistait sur ce point, comme pour prouver quelque chose, comme pour l’inciter aussi, indirectement, à ne pas trop la questionner au sujet de tout ça.

Elle ne le fit pas, et ça la rassura pendant qu’elle continuait de marcher à ses côtés et qu’elle voulut insuffler un peu d’optimisme à ce dialogue qui lui serrait la gorge quelque part, mais qu’elle ne laisserait pas la toucher trop fort. Elle était la première supportrice de Rhett, Evie. Elle était partie pour se préserver d’un éventuel nouvel affront de sa part, mais elle ne remettait pas en cause ses efforts récents pour se sortir de sa guérison ; elle était en colère contre lui, elle avait était dure avec lui, mais elle le connaissait assez pour se dire que la lassitude de perdre tout ceux à qui il tenait à cause de ses agissements finirait par le frapper et l’encourager à changer son fusil d’épaule pour enfin rester sobre sur la durée. Elle ne prétendrait pas qu’elle ne redoutait pas sa rechute, mais elle évitait d’y penser trop souvent en se référant aux conseils que Malone lui avait donné : le soutenir de la bonne façon sans se mettre des oeillères, c’était encore la meilleure chose à faire "Je sais. Je comprends." ponctua-t-elle tout en hochant la tête quand elle mentionna Jackson, puis la manière dont elle redoutait qu'il arrive quelque chose à ses autres frères "Tu sais que c’est normal, rassure-moi, de t’inquiéter du sort de tes frères ? C’est exacerbé par ce qui est arrivé à Jackson, mais c’est normal, d’accord ? Ne te sens pas coupable de vouloir leur bien." Elle n’était pas très gaillarde au sujet des rapports entre frères et soeurs Evelyn, mais jamais elle ne voudrait qu’il arrive du mal à ses soeurs "Ils ont de la chance de t’avoir. Pas seulement parce que tu t’inquiètes pour eux, mais parce que tu es là quand ils en ont besoin. Tu es une super soeur, je crois qu’on ne te le dit pas assez souvent." A croire qu’Evelyn, elle avait le rôle de celle qui diffusait des messages aux enfants Hartfield ; celui qu’elle avait à donner à Ethel, il était nettement plus bienveillant que celui qu’elle avait donné à Ruben qu’elle avait traité de connard en prétendant, là aussi, que c’était quelque chose qu'il n’entendait pas assez souvent.

Elle ne rebondit pas sur la certitude qu’elle vit dans les yeux de la cadette Hartfield quand elle lui affirma qu’elle savait que ce n’était pas à cause de son addiction qu’elle avait quitté son frère, touchée qu’elle puisse être aussi catégorique à ce sujet, et elle enchaîna sur le reste — sur ce qui constituait au fond la plus grosse crainte d’Ethel, sinon elle ne serait pas venue jusqu’ici pour lui en parler "Il n’y a pas de danger. J’ai beaucoup de choses à apprendre concernant l’amitié, mais je suis déterminée à ne pas te laisser seule au milieu de tes deux idiots de frères." Elle plaisantait à ce moment-là, elle ne faisait que ça, sa promesse scellée par son gobelet cogné contre celui de la jeune femme. Quand un autre nom qu’elle connaissait bien s’invita dans leur discussion. Une gorgée de thé avalée plus tard, ses sourcils se froncèrent et elle demanda à Ethel "Qu’est-ce qui s’est passé avec Nina ?" Elle osait lui demander, mais encore une fois, ça restait à son appréciation : si elle voulait lui répondre, elle l’écouterait, autrement elle passerait rapidement à autre chose "Je ne la connais pas beaucoup." lui avoua-t-elle dans la foulée, sous-entendant que ce serait difficile pour elle d’émettre un avis de fait. Sur ça, sur elle. Sur le reste, elle pouvait se permettre de dire quelque chose, et elle le fit "Mais tu l’es toujours." La bienvenue "Tu peux m’appeler quand tu en ressens le besoin, et tu peux venir quand tu en as envie. La maison est grande, il y a de la place." Elle se permit d’ajouter, remontant dans ses souvenirs "Quand j’ai proposé à ton frère d’emménager ici, je lui avais aussi proposé de te garder une chambre au cas-où. C’est toujours d’actualité, si tu en as assez de la ville de temps à autre, la maison est toute à toi." Et elle le resterait autant de temps qu’elle le souhaiterait — pour quelques jours ou bien pour plus, Evelyn ne lui fermerait jamais la porte.

"Tu sais que tu peux me parler de tout, hm ?" Tu hochas de la tête. Bien sûr que tu savais que tu pouvais tout dire à Evelyn. C’était seulement le courage qui te manquait. Tu savais qu’elle n’était pas du genre à raconter tes secrets à tout le monde si tu lui demandais de ne pas le faire, mais dire à voix haute ce qui te tracassait, c’était rendre le tout beaucoup trop réel. Si tu gardais tout pour toi, tu pouvais prétendre que c’était que dans ta tête. Tu savais pourtant que tu étais sur le point d’éclater et que le retour de ton anorexie était la preuve que même si ce n’était que dans ta tête, ça te détruisait tranquillement. Il allait falloir que tu en parle à quelqu’un rapidement pour te vider le coeur et partager tes sentiments négatifs qui te ruinaient doucement la vie. Par contre, raconter ta crise de panique face à l’idée de prendre ta voiture n’était pas dans tes plans pour l’instant. C’était quelque chose qui te rendait honteuse. Prendre la voiture était un geste que tout le monde faisait sans aucun problème et ça te terrifiait. Tu savais que tu n’étais pas normal et tu ne voulais pas l’avouer.

"Tant mieux. Parce que je ne fais pas partie des amantes négligées qui deviennent vengeresses quand elles se font trahir. Je respecte ton frère malgré tout, ça ne risque pas de changer." Cet aveu d’Evelyn te rassurait. Tu voulais continuer à la fréquenter, mais tu te sentirais incapable de le faire si elle passait son temps à parler contre lui. Tu savais qu’il avait plus que sa part de responsabilité dans la rupture de son couple, mais en même temps, ce n’était pas un monstre. C’était un homme avec de belles qualités et tu te sentirais comme une traîtresse si tu côtoyais quelqu’un qui passait son temps à le rabaisser. En même temps, c’était digne d’Evie. Tu n’avais aucun doute qu’elle était capable de respecter l’homme qu’elle avait aimé même s’il n’avait pas été à la hauteur d’elle.

"Tu sais que c’est normal, rassure-moi, de t’inquiéter du sort de tes frères ? C’est exacerbé par ce qui est arrivé à Jackson, mais c’est normal, d’accord ? Ne te sens pas coupable de vouloir leur bien." L’émotion te serrait la gorge. Tu n’étais pas habitué d’en parler et le fait qu’elle normalise tes émotions te faisait du bien. La plupart du temps, tu te sentais coupable de ne pas être capable de faire ton deuil et d’être en état d’alerte constant. Après autant de temps, tu pensais souvent que tu devais être capable de vivre normalement, avec le souvenir de ton frère et non dans la peur constante que quelqu’un t’apprenne encore une fois qu’un de tes proches était décédé. "Ils ont de la chance de t’avoir. Pas seulement parce que tu t’inquiètes pour eux, mais parce que tu es là quand ils en ont besoin. Tu es une super soeur, je crois qu’on ne te le dit pas assez souvent." Un léger sourire apparut sur ton visage. Tu aurais aimé que ce message sorte de la bouche de tes frères, mais il y avait au moins quelqu’un qui s’en rendait compte de tes efforts que tu faisais pour eux. ”Je pense qu’ils diraient surtout que je suis parfois étouffante, mais je ne peux m’empêcher de m’assurer qu’ils vont bien et de faire ce que je peux pour leur rendre la vie plus facile… Mais merci de me le dire. Ce n’est pas eux qui sont les plus expressifs effectivement.” Et leur demander de te remercier plus souvent ou de prêter attention aux gestes que tu faisais pour eux, tu trouvais ça hypocrite. Tu ne le faisais pas pour qu’ils te rendent la pareil, mais il fallait dire que ça contribuerait à te faire comprendre que tu étais importante pour eux. Tu étais toutefois contente d’avoir été capable d’en parler avec Evelyn de la peur que tu avais de la perdre. "Il n’y a pas de danger. J’ai beaucoup de choses à apprendre concernant l’amitié, mais je suis déterminée à ne pas te laisser seule au milieu de tes deux idiots de frères." Tu laissa échapper un rire. ”Mes deux idiots de frères… C’est le qualificatif parfait pour eux.”

"Qu’est-ce qui s’est passé avec Nina ?" La conversation se dirigea vers Nina et la discussion que vous aviez eût elle et toi. En fait, tu avais abordé le sujet. Tu ne pouvais plus reculer. C’était le moment où jamais de révéler à Evelyn ton secret. Tu savais que ce serait un pas de plus vers l’acceptation de ta condition. Tu te mis donc à parler vite, nerveuse de la réaction que la brunette aurait. ”Je suis allée chez Ruben un jour sans m’annoncer et elle était là. Elle m’a fait entrer et m’a demandé si je voulais des cookies qu’elle allait cuisiner alors qu’elle sait très bien que je suis anorexique. J’ai tenté de trouver une excuse puisqu’elle n’était pas sensé le savoir et elle m’a fait un sermon sur ma condition.” Tu pris une grande inspiration. C’était fait. Evelyn le savait. Tu ne lui laisse pas vraiment le temps de répondre avant de continuer. ”C’est là que j’ai compris que Ruben lui avait tout dit alors qu’elle n’était pas censée le savoir. Je lui avais demandé de ne rien dire. C’est le seul qui était au courant.” Tu passas ta main dans tes cheveux, tira sur le col de ton chandail pour le réajuster et faire en sorte qu’Evelyn ne puisse pas passer au peigne fin ta silhouette et constater par elle-même qu’effectivement, tu étais beaucoup trop fine pour une adulte de ton âge.

[color=#DE9DAC]"Quand j’ai proposé à ton frère d’emménager ici, je lui avais aussi proposé de te garder une chambre au cas-où. C’est toujours d’actualité, si tu en as assez de la ville de temps à autre, la maison est toute à toi."[color] Sa proposition te faisait du bien. Tu te sentais vraiment apprécié et écouté par elle et c’était un sentiment que tu n’avais pas souvent ressenti, n’ayant pas vraiment d’amie proche. ”Merci beaucoup. Je tâcherai de ne pas abuser, mais ça fait moins loin que Kilcoy lorsque j’aurai besoin de souffler de mes deux idiots de frères.” Une espèce de safeplace autrement dit.

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@Ethel Hartfield ☆ crédit/sacreddonkey

Evelyn en connaissait un rayon sur le deuil. Ou dans son cas, sur l’action de ne pas réussir à le faire, alors certainement qu’elle était encore celle qui pouvait le mieux comprendre Ethel lorsqu’il s’agissait de la mort de son frère. Elle imaginait que c’était ça qui la rendait si soucieuse du sort des deux aînés qui lui restait, et elle ne la jugeait pas pour ça. De son côté, elle avait préféré se défaire du carcan de sa famille pour ne pas avoir à supporter le souvenir de son père, mais elle réussissait à comprendre que d’autres se recentraient sur leur famille par crainte d’en perdre à nouveau des membres. Le deuil, c’était un chemin à parcourir seul, à son rythme. Il y avait des experts qui donnaient des conseils pour mieux le vivre, mais de l’idée d’Evie, c’était quelque chose qui ne quittait jamais vraiment personne, c’était juste un élément avec lequel vivre en cohabitation, et elle n’était pas toujours facile. Rhett et Ruben trouvaient sans nul doute leur soeur étouffante, mais est-ce qu’ils n’étaient pas les mieux placés pour comprendre pourquoi ? Elle n’avait jamais surpris l’un deux dire du mal de la jeune femme, bien au contraire. Rhett était heureux qu’elle se trouve avec lui quand il n’allait pas bien, il se battait aussi pour elle, pour ne pas trop faire peser sur ses épaules le poids de sa rechute, et ça devait compter pour quelque chose. Evelyn était sûre que jamais, les idiots Hartfield ne viendraient reprocher à leur soeur de s’inquiéter pour eux ; peut-être s’en agaçaient-ils parce qu’ils étaient des hommes dans la force de l’âge, qu’être maternés n’était pas chose aisée quand on tachait de paraître indépendant et martial, mais de là à en faire une source de querelle ? Ils avaient déjà assez de travail sur la planche, à se tirer dans les pattes pour savoir lequel d’eux deux était le plus vaillant, le plus méritant, le plus tout, inutile de dire que blesser leur soeur, c’était presque le cadet de leur souci.

Ce qui l’était moins pour Evie, c’était ce qui s’était passé  entre Ethel et la  future épouse de Ruben "Tu ne t’entends pas bien avec elle ?" lui demanda-t-elle en la coupant brièvement pendant qu’elle commençait ses explications. Evelyn entendait parler de Nina très souvent, elles ne se connaissaient pas pourtant. Elle lui paraissait somme toute sympathique, ambitieuse et sacrément douée d’après ce qu’on lui avait dit. Aussi, elle avait de la compassion pour elle, parce qu’elle connaissait le secret de Ruben, et qu’elle se disait que quand elle saurait, son monde pourrait bien s’effondrer. Incitant Ethel à continuer sur sa lancée, lui promettant silencieusement de ne plus la couper pendant qu’elle, elle fit une halte brusque dans ses pensées immédiate en entendant Ethel lui dire "Attends, quoi ?" eut-elle besoin de lui demander, pour être sûre. Le mot anorexique n’était pas à employer à la légère, au détour d’une conversation banale, et Evelyn se retrouva encore une fois à froncer les sourcils. Est-ce que Rhett avait déjà mentionné la maladie de sa soeur ? Elle ne le croyait pas, aussi l’étonnement qui voila ses traits le temps d’un instant, elle le chasse bien vite, ne tenant pas à être impolie, mais continua à l’écouter en ne trouvant pas quoi lui dire tout de suite "Je ne savais pas." Je suis désolée ? Non, elle ne pouvait pas lui dire ça, c’était idiot. Elle fustigeait ceux qui s’excusaient de la mort de son père, elle traitait de la même façon ceux qui s’excusaient d’apprendre la condition de quelqu’un qu’ils s’estimaient — c’était franchement égocentrique de s’excuser dans ces conditions, comme si on y pouvait quelque chose, en bien ou en mal. Elle jeta un regard furtif au gobelet qu’elle tenait dans la main, se souvenant brièvement de la discussion qu’elles avaient eu il y avait quelques semaines de ça, et s’en voulut d’avoir parlé de dégustation de gâteaux de mariage. Serrant les mâchoires, elle releva la tête pour lui jeter un regard — à son visage, pas au reste de sa silhouette, n’y ayant jamais prêté attention, et ne comptant pas le faire maintenant qu’elle était au courant — et lui dire en même temps "Je ne suis pas la plus grande fan de Ruben, mais tu sais ce que je t’ai dit à propos de l’inquiétude que tu réserves à tes frères ? Je pense que c’est interchangeable. Il doit être mort d’inquiétude, il avait certainement besoin d’en parler à quelqu’un de confiance." Qui mieux que celle qui partageait sa vie, dans ce cas ? Elle ne le lui disait pas pour qu’elle culpabilise, mais elle devait l’entendre "Rhett n’est pas au courant ?" lui demanda-t-elle finalement dans la foulée, un soupir finissant par lui échapper ensuite quand, secouant la tête en fermant les yeux, elle lui dit maladroitement "Si je peux faire quoi que ce soit pour t’aider, je le ferais." Et finalement, parce qu’elle repensa encore une fois à la manière trop enthousiaste qu’elle avait eu de lui vendre un après-midi dégustation de gâteaux, elle lui dit en tachant de croiser son regard "Je suis désolée." Et c’était encore tout ce qui comptait, le reste de sa proposition à venir quand elle le voulait chez elle, pour échapper à la pression de la ville, s’avérant en fin de compte bien dérisoire.

"Tu ne t’entends pas bien avec elle ?" Tu pris le temps d’organiser tes idées avant de lui répondre. Tu détestais parler contre quelqu’un, surtout que Nina était la fiancée de ton cadet et que dans ton idéal, ce serait ta meilleure amie et quelqu’un de confiance tout comme avec Evelyn. Par contre, la réalité n’était pas tout à fait ça, même si tu t’entendais quand même bien avec. Il fallait seulement que tu trouves les mots justes pour t’exprimer. ”Ce n’est pas que je ne m’entends pas bien avec elle. C’est juste que j’ai parfois de la difficulté à la comprendre. Je suis un peu plus sur la réserve et j’ai souvent l’impression qu’elle m’analyse. Mais sinon, c’est quelqu’un de gentil. Elle est seulement tellement occupée que même si ça fait des années qu’elle est avec Ruben, je ne la connais pas beaucoup.” Beaucoup de mots pour une simple réponse. Normalement, tu n’étais pas le genre de femme à déblaterrer pour rien. Tu étais plutôt celle qui écoutait. Par contre, c’était différent avec Evelyn. Tu étais en confiance avec elle et tes barrières tombaient. Lorsque tu repensais à vos conversations, tu te demandais souvent si tu lui en avais trop dit, si tu l’avais ennuyer avec tes paroles, mais tu refaisais toujours la même chose par la suite et elle acceptait toujours de te revoir. Ça ne devait donc pas être trop lourd pour elle. "Attends, quoi ? Je ne savais pas." La surprise sur son visage te confirme qu’elle ne le savait pas, qu’elle ne s’en doutait pas. En même temps, Rhett ne le savait pas donc il n’y avait personne qui pouvait lui avoir dit. Tu n’imaginais pas Ruben aller lui parler pour lui confier tes secrets. Tu ne fis que hocher de la tête, honteuse. Tu avais de la difficulté à accepter ta maladie, tu n’allais tout de même pas la crier sur tous les toits. "Je ne suis pas la plus grande fan de Ruben, mais tu sais ce que je t’ai dit à propos de l’inquiétude que tu réserves à tes frères ? Je pense que c’est interchangeable. Il doit être mort d’inquiétude, il avait certainement besoin d’en parler à quelqu’un de confiance." Tu savais qu’effectivement, c’était la raison pour lequel il en avait parlé à sa fiancée, mais tu avais toujours pensé que c’était toi et Ruben contre le monde entier et savoir que ce n’était pas le cas, qu’il y avait maintenant Nina dans l’équation et que tu devais prendre en considération qu’elle serait dorénavant au courant de ce que tu confiais à ton frère faisais en sorte que tu n’avais plus envie de tout lui dire comme avant. C’était irrationnel comme pensée, mais tu t’étais sentie trahi et tu avais encore de la difficulté à laisser ce sentiment de côté. ”J’aurais seulement aimé qu’il me dise qu’il lui en avait parlé. Je me suis tellement sentie prise au piège, sans moyen de me sauver de cette discussion que je n’ai jamais souhaité.” Tu savais aussi que Nina avait fait ça juste pour t’aider. Elle voulait que tu saches qu’elle était présente pour toi et qu’elle pouvait avoir des ressources qui seraient bien placé pour te donner le coup de main dont tu avais besoin, mais tu refusais catégoriquement. Tu avais encore dans l’idée que tu étais capable de le faire seule. ”Ruben a toujours tout su de moi, j’ai toujours pu lui faire confiance. Je vais devoir filtrer maintenant et lui dire seulement ce que Nina peut savoir aussi…” Tu savais que tu étais dure avec lui, mais c’était un réflexe de survie. Il n’était pas question que Nina sache tout ce qui se passait avec toi. "Rhett n’est pas au courant ?" Tu secoua la tête de gauche à droite. Il n’en savait rien et il n’était pas question qu’il soit mit au parfum de ta maladie. ”Il était déjà partit à Londres quand tout à commencé. Et je ne veux pas qu’il soit mit au courant. Je l’entend déjà me dire Ethel, il n’y a rien de compliqué dans le fait de manger. Arrête tes enfantillages et mange.” Il ne comprendrait pas c’était certain. ”Il n’y avait que Ruben qui savait depuis longtemps. Et maintenant Nina et toi.” Et c’était suffisant pour toi. Plus il y avait de gens au courant, plus il y avait de chance que quelqu’un se mette en tête de te faire rentrer dans un centre et tu savais que tu n’y survivrais pas. Tu en reviendrais probablement même plus ammoché qu’avant d’y aller. "Si je peux faire quoi que ce soit pour t’aider, je le ferais." C’était le réflexe de tout le monde de te dire qu’ils voulaient t’aider et tu ne pouvais pas les blâmer, mais en même temps, tu ne voulais pas d’aide. ”Déjà, juste de m’écouter ça me fait du bien. Mais je ne veux pas sentir de pression d’accord ?” Tu avais déjà tendance à t’isoler depuis que tu avais replongé dans ton anorexie. Tu ne voulais pas t’éloigner d’Evelyn. Ce serait trop dur de devoir arrêter de côtoyer tout le monde qui tu apprécie pour t’éviter toute confrontation. "Je suis désolée." Tu soupira. Tu savais que ça viendrait. Tu détestais toutefois que les autres te prennent en pitié. ”Tu n’as pas à être désolé pour quoi que ce soit. C’est à moi seule de gérer tout ça. Je ne te l’ai pas avouer pour que tu marche sur des oeufs en ma présence ou pour que tu change quoi que ce soit. J’ai promis à Ruben d’essayer de m’en sortir, mais je suis la seule qui peut y arriver…”

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@Ethel Hartfield ☆ crédit/sacreddonkey

Evelyn ne voulait pas pousser Ethel à la faute en la faisant parler de Nina, elle voulait juste comprendre les rouages de la relation qu’elles entretenaient. Ça avait l’air de la torturer la jeune femme, de ne pas réussir à trouver un terrain d’entente avec celle qui deviendrait officiellement sa belle-soeur dans quelques temps, encore que rien n’était moins sûr compte tenu du secret bien gardé de son futur époux. Ça ne regardait pas Evie tout ça, elle avait déjà suffisamment mis son nez là-dedans pour vouloir retenter l’expérience, aussi se concentra-t-elle sur ce qu’Ethel lui disait et à quoi elle répondit, magnanime "Il faut parfois du temps pour réussir à cerner certaines personnes, ça ne fait pas d’eux des mauvais bougres." Mais étant donné que Nina supportait Ruben sur une base quotidienne, elle lui tirait son chapeau, et était prête à lui montrer tout le respect qu’elle méritait en tant que personne. Ça ne la chagrinait pas outre mesure de savoir que les deux femmes ne réussissaient pas à se parler, elle trouvait juste ça dommage, et elle en fit part à la jeune femme sur le ton de la conversation qu’elles menaient en marchant côte à côte "C’est dommage, de rester sur une mauvaise impression. Les gens changent, peut-être qu’une fois qu’elle sera officiellement une Hartfield, tu te sentiras plus à l’aise avec elle." Ou peut-être pas. Elle y allait un peu tâtons sur ce coup-ci, n’étant pas en mesure de se fier au caractère de Nina qu’elle, elle ne connaissait pas du tout.

Désormais, elle n’avait plus l’impression de connaître Ethel non plus puisque apprenant contre quoi elle se battait visiblement en secret, elle tomba des nues. Elle n’eut pas tellement le temps de faire une analyse complète de la situation cependant, que déjà le dialogue tournait à nouveau autour de Ruben "Je comprends, il a manqué de tact." Comme souvent, se serait-elle permise de dire si elle n’avait pas eu l’impression d’en rajouter pour le plaisir de casser du sucre sur le dos large du docteur Hartfield "Tu lui as parlé de cette discussion avec Nina ? Comment s’est-il justifié ?" Pas que les justifications de Ruben l’intéressaient vraiment au demeurant, partant du principe que tout ce qui sortait de sa bouche ne méritait pas d’être entendu, mais comme ça mettait sa petite-soeur dans l’embarras, elle espérait au moins qu’il s’était excusé d’avoir manqué de jugement en la laissant dans l’ignorance à propos d'un sujet qui la concernait. Evelyn comprenait qu’Ethel se sente un peu trahie, mais elle se faisait l’avocate du Diable dans cette situation : Ruben devait s’inquiéter pour elle, et il y avait de quoi "Elle va devenir son épouse, ce n’est pas si étrange que ça qu’il partage des choses avec elle. Je crois que si Rhett avait été au courant, il m’en aurait parlé, lui aussi." Ça lui mettait un coup au coeur de songer de cette façon, remettant en perspective le couple qu’elle formait alors avec Rhett. S’il y avait bien une chose dont elle pouvait être certaine au sujet du jeune homme, c’est que partager les secrets de ses frères et soeurs, c’était plus simple pour lui que de partager les siens ; il n’avait pas hésité un seul instant à lui parler de l’infidélité de Ruben, aussi Ethel n’aurait pas été logé à meilleure enseigne et même si encore une fois, ce n’était pas délicat, ça ne lui paraissait pas anormal pour autant. Un instant, elle s’enfonça dans sa propre tête, et puis quand Ethel reprit la parole, Evelyn lui répondit "Tu te trompes sur Rhett. Jamais il ne te dirait ce genre de choses." Il n’était pas connu pour sa subtilité certes, il n’était pas non plus quelqu’un d’insensible aux difficultés des autres, surtout pas celles de ses proches "Je ne me permettrais pas de te conseiller de lui en parler, c’est à toi de faire ton choix à ce sujet. Mais si ta seule crainte, c’est qu’il te dise ce que tu viens de me dire, je prends la responsabilité de te promettre que ce n’est pas ce que tu entendras. Il voudra comprendre, pas te juger." Elle était prête à le soutenir, à défendre Rhett, et à plaider sa cause sur ce sujet. Il était bourru, mais ce n’était pas un affreux personnage pour autant, et la manière qu’avait Ethel de le penser, ça la peina pour lui qui au contraire, accordait beaucoup de crédit à sa petite-soeur.

Pinçant les lèvres en apprenant que dorénavant, elle faisait partie du trio au courant pour la maladie d’Ethel, Evie lui assura sans ciller "Je n’en parlerais à personne tant que tu ne m’en donneras pas l’autorisation." Elle marqua une pause très courte, et ce pour doucement lui demander juste après "Est-ce que tu vois quelqu’un pour ça ? Est-ce que tu es suivie par un médecin ?" Ses parents n’étaient pas au courant, elle n’avait pas besoin de lui poser cette question, alors elle passa tout de suite à la plus délicate, celle qui mettait en exergue le fait que sans aide, elle ne pourrait pas s’en sortir. Evelyn ne ressentait aucune pression à l’idée d’être mise dans la confidence, mais elle tacherait désormais d’être encore plus présente pour la jeune femme, et si ça passait par un accompagnement strict, elle n’hésiterait pas, et elle voulait qu’elle le sache ; elle le lui dit d’ailleurs, lui affirmant pouvoir l’aider si elle en avait besoin, ce qu’Ethel ne repoussa pas, lui affirmant que l’écouter était déjà quelque chose qui lui faisait du bien. Mais Evie n’était pas médecin, elle aurait aimé le lui dire, ça aussi, ce qu’elle ne fit pas finalement, hochant juste la tête comme simple réponse, avant de rebondir sur ce qu’elle lui dit à la fin "Je ne crois pas que tu devrais rester seule pour gérer tout ça au contraire. Tu ne veux pas que je marche sur des oeufs, alors je ne le ferais, et je te le dis : tu ne devrais pas rester seule, Ethel." Des paroles qu’elle accompagna par une main serrée autour de son bras qu’elle crocheta en marchant à ses côtés.

"C’est dommage, de rester sur une mauvaise impression. Les gens changent, peut-être qu’une fois qu’elle sera officiellement une Hartfield, tu te sentiras plus à l’aise avec elle.." En fait, tu n’avais pas arrêté ton idée sur elle. Tu savais de toute manière que tu ne l’avais pas suffisamment côtoyé pour la connaître complètement. De toute manière, tu étais encore amère de la discussion que tu avais eût avec elle au sujet de ta maladie et tu savais que ça teintais encore ton opinion d’elle. Opinion qui n’était pas totalement négative, mais qui n’était pas aussi positive qu’avec Evelyn pour faire une comparaison. ”Je me demande seulement si la famille est importante pour elle et qu'être une Harfield ou non va vraiment changer quelque chose. Mais le temps nous le dira. Et je sais que mon opinion est biaisée parce que je n’ai pas apprécié notre dernière discussion.” Tu n’étais pas vraiment habituée que quelqu’un te dise la vérité sans passer par des détours. Ruben faisait toujours attention à te dire ce qu’il pensait sans te blesser et avec Rhett, vous n’étiez pas toujours d’accord ensemble et les discussions étaient parfois houleuses, mais au final, il était ton grand frère et tu savais qu’il n’était pas dur pour faire du mal. "Tu lui as parlé de cette discussion avec Nina ? Comment s’est-il justifié ?" Au souvenir de la discussion avec Ruben qui avait suivi celle de Nina, tu eû un petit rire. Tu étais un peu honteuse de ta réaction quand tu y repensais, mais en même temps, tu étais tellement blessée que tu n’avais pas pu faire autrement. ”J’ai été impulsive. Je suis allée directement à l’hôpital en sortant de chez lui et je lui ai crié dessus.” Ça ne te ressemblait pas. Tu avais toujours peur de déranger tout le monde et surtout Ruben. Tu savais que son boulot était important, que tu ne pouvais pas arriver comme ça et demander à lui parler alors que tu n’as pas de rendez-vous et tu savais que tu avais bousculer son planning. La preuve était qu’il était en pleine intervention lorsque tu étais arrivée, mais tu avais été égoïste et tu avais tenu à le voir à ce moment précis. Tu ne pouvais pas attendre plus tard. Tu voyais rouge et il fallait que tu lui cries ta colère. ”Il était surpris de voir que je n’avais pas pris pour acquis qu’il en avait parlé à Nina et que je sois si en colère alors que pour lui, c’était une évidence. Mais au final, il s’est excusé. Et moi j’étais honteuse d’avoir gueuler sur cette pauvre infirmière qui tentait de m’arrêter avant que je rentre sur son département.” Cette impulsivité était plutôt typique de tes frères. Il fallait vraiment que tu te sentes trahis, que tu sois en colère pour que tu ais une telle absence de gestion de tes émotions. Tu avais peur qu’Evelyn te juge pour cette réaction qui manquait de maturité.
"Tu te trompes sur Rhett. Jamais il ne te dirait ce genre de choses." Tu haussas les épaules. Evie avait probablement raison et tu prêtais probablement de mauvaises intentions à ton aîné. C’était probablement également que des fausses raisons que tu donnais pour justifier le fait que tu ne voulais pas lui en parler. "Je ne me permettrais pas de te conseiller de lui en parler, c’est à toi de faire ton choix à ce sujet. Mais si ta seule crainte, c’est qu’il te dise ce que tu viens de me dire, je prends la responsabilité de te promettre que ce n’est pas ce que tu entendras. Il voudra comprendre, pas te juger." Parfois, essayer de comprendre n’était pas tellement loin du jugement. Tu savais que pour la plupart des gens, l’anorexie n’était pas facile à comprendre, que pour eux, c’était facile à guérir alors que ce n’était pas le cas. Et il voudrait comprendre les raisons pour lesquelles tu avais de tel comportement et tu n’étais pas prête à les lui révéler. ”Je suis habituée à prendre soin de lui, à tenter de l’aider lui. Pas le contraire. Il faut qu’il se concentre sur sa guérison à lui, pas la mienne.” Nina et Ruben te diraient que tes raisons de ne pas lui dire n’étaient pas valable, mais ils n’étaient pas dans ton esprit.
"Est-ce que tu vois quelqu’un pour ça ? Est-ce que tu es suivie par un médecin ?" Tu secoua la tête de droite à gauche. C’était impossible que tu ais voir un de ces charmants spécialistes des troubles alimentaires. Ces mêmes médecins qui prennaient plaisir à forcer l’alimentation au détriment de la santé mentale de leur patient. ”Ruben veille à ce que je ne manque pas de nutriments. Il m’a déjà aidé à me sortir d’une crise semblable. Son appui est suffisant.” Tu n’avais jamais eût de discussion à proprement parler de l’opinion d’Evelyn à propos de Benny, mais tu avais déjà eût l’impression à quelques occasions qu’elle n’était pas vraiment fan de lui. Par contre, tu savais qu’il ne te laisserait jamais tomber, qu’il serait présent pour toi pour mener ce combat, même si tu avais tenté de l’éloigner au début. Maintenant qu’il savait, il n’y avait plus moyen de le garder dans l’ignorance. "Je ne crois pas que tu devrais rester seule pour gérer tout ça au contraire. Tu ne veux pas que je marche sur des oeufs, alors je ne le ferais, et je te le dis : tu ne devrais pas rester seule, Ethel." Tu soupira, passa ta main dans tes cheveux et fit volte-face pour regarder Evelyn. Elle devait comprendre à quel point tu ne pouvais pas tomber dans les mains d’un bourreau qui travaillait dans un centre spécialisé pour les gens comme toi. ”Tu sais ce qu’ils font les médecins pour traiter les gens comme moi ? Ils nous enferment de force dans des centres, nous enfoncent des tubes dans le nez, nous gavent pour nous faire prendre du poids. Ils nous pèsent pratiquement nu à tous les jours, scrutant notre corps à la loupe. Ils nous font asseoir pendant des heures devant des repas beaucoup trop gras, nous menaçant de couper nos visites de nos familles si on ne mange pas.” Tu tiras sur le col de ton chandail pour t’assurer qu’Evelyn ne pouvait pas voir tes clavicules, prit une grande respiration pour te calmer un peu. ”Je t’assure que je vais réussir à m’en sortir sans ça…”

stay close to people who feel like sunlight
@Ethel Hartfield ☆ crédit/sacreddonkey

"Il me semble pourtant qu’ils sont nombreux chez les Craine." résonna Evie à voix haute en songeant à Nina. Elle avait organisé le mariage de Swann et Rory, qui se trouvait être l’un des aînés de la chirurgienne, elle avait donc une vue d’ensemble de sa vie de famille sans savoir vraiment de quoi il en retournait toutefois "Elle est une pièce rapportée chez les Hartfield — ", comme je l’étais, se retint-elle d’ajouter, continuer sur son idée principale qu’elle mena jusqu’au bout sans faire de pause "— alors peut-être que c’est ce qui la pousse à rester sur ses gardes." Elle n’était pas bien placée pour juger Nina. Evelyn n’était pas connue pour son rapport irréprochable à la famille, elle ne voulait même pas d’enfant. Encore une fois, elle n’avait qu’une vue imprécise du caractère de la future épouse de Ruben pour apporter un jugement quelconque à tout ça. Ethel était tout de même lucide sur le fait que n’ayant pas apprécié sa dernière conversation avec elle, son avis restait un peu biaisé, et elle avait surement raison. Evie ne pouvait lui conseiller qu’une seule chose, et c’est ce qu’elle fit dans la foulée, la tête penchée dans sa direction "Laisse le temps faire son oeuvre. Quand tu seras redescendue en pression, tu pourras envisager d’avoir une discussion plus apaisée avec elle." Surtout qu’au fond, Evelyn doutait que les intentions de Nina ne soient mauvaises. Tout comme celles de Ruben sur qui Ethel avait crié lorsqu’elle était allée lui rapporter sa discussion avec sa fiancée. La jeune femme laissa un petit lui échapper "La dernière fois que je l’ai eu en face de moi, je n’ai pas été très tendre avec lui non plus. Il a dû passer un mois d’octobre difficile." Comme quoi, c’était une valeur universelle, que le docteur Hartfield tapait sur le système de tout le monde "Vous vous êtes expliqués, c’est une bonne chose. Vous vous êtes reparlés depuis ?" ponctua-t-elle sagement, pensant sincèrement que c’était la meilleure chose à faire dans le cas de cette dispute, partageant en partie l’avis de Ruben — miracle — au sujet de quoi partager avec la personne qui forme l’autre partie du tout qu’on appelle le couple. La faute de Nina était vue comme une trahison pour Ethel, mais pour Evelyn, c’était plus nuancé que ça, et si elle ne dit rien d’autre à ce propos, c’est simplement pour ne pas lui donner l’impression qu’elle prenait partie quand elle tachait de rester neutre, comme souvent.

Sauf peut-être lorsque Rhett était concerné "Il va mieux, Ethel." lui rappela-t-elle, et si elle le lui disait avec autant de conviction, c’est parce qu’elle y croyait dans une certaine mesure, même si elle était consciente que leur rupture avait dû le replonger dans un spleen difficile à vivre. Au-delà de ça, Rhett gérait de mieux en mieux sa sobriété, personne ne pouvait prétendre le contraire "Je crois qu’il aimerait te rendre ce que tu lui as apporté ces derniers temps en étant à ses côtés. Ce n’était pas ta responsabilité de t’occuper autant de lui et pourtant tu l’as fait, non ? Laisse-lui faire la même chose pour toi, tu as le droit d’être épaulée." lui fit-elle, convaincue qu’en dehors de sa famille, Ethel avait tout de même intérêt à s’entourer d’une bonne équipe médicale pour palier à ses difficultés avec la nourriture. Elle n’était pas aguerrie sur ce sujet, et elle sentit la rebuffade poindre lorsqu’elle lui posa des questions sur son suivi médical. Elle affirma que l’appui de son chirurgien de frère était suffisant. Mais il était neurochirurgien, pas diététicien, encore moins psychiatre. Avait-elle son mot à dire, Evelyn ? Bien sûr que non, alors elle s’en tint à une mine contrite, ses sourcils se fronçant en même temps qu’Ethel la mettait devant une réalité qui n’était pas la sienne, et qu’elle pensait galvaudée par sa maladie. Que pouvait-elle répondre à ça ? Elle ne faisait pas partie de sa famille, elle n’avait aucun poids et surtout aucun droit de la mettre devant une autre réalité : celle de sa perte imminente si elle ne faisait pas traiter comme il le fallait, étroitement suivie par des spécialistes du genre. Elle se retrouva bras ballants devant elle, à ne savoir quoi rétorquer, son regard trouvant le sien en même temps que, sincère, elle lui répondait "Je ne sais pas quoi te dire." Parce que c’était la vérité, parce qu’elle pouvait lui promettre son aide, elle ne savait pas au fond si elle se sentait prête à se battre à nouveau avec la maladie de quelqu’un d’autre. Elle le ferait dans une certaine mesure, loyale et solidaire, mais face à un discours d’une telle teneur, elle se retrouvait démunie.

"Elle est une pièce rapportée chez les Hartfield, alors peut-être que c’est ce qui la pousse à rester sur ses gardes." Tu resta pensive aux paroles d’Evelyn. Tu ne pouvais pas vraiment comprendre comment c’était d’entrer dans une belle famille puisque tu n’avais jamais eût de petit copain assez sérieux pour que tu rencontres sa famille, mais tu considérais que votre famille n’était pas une des plus difficile à percer. Peut-être Rhett pour Nina et Ruben pour Evelyn puisque tes deux frères avaient des caractères assez fort et qu’ils avaient des conflits entre eux donc les petites copines marchaient peut-être sur des oeufs avec eux, mais toi et tes parents, tu avais l’impression d’être dans la bienveillance avec elles normalement. ”Pourtant, je n’ai pas l’impression que l’on est la famille la plus difficile à percer. Bon, peut-être mes frères puisqu’ils peuvent avoir des opinions assez tranchées. J’essaie de balancer.” Tu avais terminé ta phrase avec un petit rire. Tu savais que tu pouvais toi aussi avoir ton caractère, mais c’était surtout avec tes frères que tu le laissais sortir. Après tout, il avait fallu que tu apprennes à te défendre tôt si tu voulais survivre dans cette fratrie. "Laisse le temps faire son oeuvre. Quand tu seras redescendue en pression, tu pourras envisager d’avoir une discussion plus apaisée avec elle." Tu laissa échapper un bref soupir. Tu savais que tu allais devoir t’excuser d’avoir grimpé dans les rideaux de cette manière avec elle. Tu étais parfaitement consciente que Nina ne t'avait pas confronté pour te blesser, mais surtout pour te montrer son soutien. Tu savais que tu n’avais pas à réagir aussi fortement, mais tu avais été déstabilisé et surtout, tu ne voulais pas vraiment changer de comportement. La souffrance physique que tu éprouvais en t’affamant ne faisait que cacher celle que tu ressentais émotivement.
"La dernière fois que je l’ai eu en face de moi, je n’ai pas été très tendre avec lui non plus. Il a dû passer un mois d’octobre difficile." Tu étais surprise de la confidence d’Evelyn. Tu ne l’avais jamais vraiment vu perdre patience contre quelqu’un. Il fallait dire que c’était rare que tu la voyais en même temps que d’autres personnes. Souvent, tu étais seule avec elle. ”Es-ce trop indiscret de te demander comment ça ?” Tu étais curieuse de savoir le sujet de la discorde entre eux. Tu n’avais pas l’habitude non plus de voir Ruben se quereller avec quelqu’un, mais tu savais que tu avais une relation privilégiée avec lui et qu’il n’était pas aussi doux avec tout le monde. "Vous vous êtes expliqués, c’est une bonne chose. Vous vous êtes reparlés depuis ?" Tu secoua la tête de gauche à droite. Tu n’avais pas prit le temps d’aller le revoir puisque tu savais maintenant qu’il allait t'analyser de haut en bas pour valider si tu avais pris un peu de poids, qu’il allait te demander si tu avais mangé dans la journée et tu voulais absolument éviter ça. Tu savais que tu lui avais dit que tu avais besoin d’aide, mais en même temps, tu voulais faire ça à ta façon, à ton rythme. ”Quand je suis repartie de l’hôpital, il avait réussi à m’apaiser un peu. Je ne suis jamais capable d’être en colère bien longtemps contre lui…” Ruben avait toujours été celui qui savait comment te prendre, quels mots te dire pour qu’elle reprenne le contrôle d’elle-même. Ses bras avaient également toujours été apaisants pour toi. Tu ne savais plus combien de fois tu avais pleurer blotti contre lui. Il était ton confident depuis que vous étiez adolescent.
"Je crois qu’il aimerait te rendre ce que tu lui as apporté ces derniers temps en étant à ses côtés. Ce n’était pas ta responsabilité de t’occuper autant de lui et pourtant tu l’as fait, non ? Laisse-lui faire la même chose pour toi, tu as le droit d’être épaulée." Tu haussa les épaules. Avec Rhett, ce n’était pas la même relation. Tu avais toujours chercher à lui montrer que tu étais autonome, que tu étais une femme qui n’avait besoin de personne. Tu avais toujours recherché son approbation et son attention indirectement. Tu avais tellement été attristé quand il était parti pour Londres que depuis qu’il était revenu, tu essayais de le rendre fier de toi. Et lui dire que tu étais anorexique n’aurait pas cet effet sur lui, tu le savais. ”Je sais… Mais c’est difficile. Quand je suis chez lui, avec lui, je me sens bien, je me sens à l’aise et je ne voudrais pas avoir l’impression d’être surveillé… Je me connais, je vais me mettre à l’éviter.” Tu soupirant en te rendant compte que c’était exactement ce que tu avais fait avec Nina et Ruben depuis que tu en avais parlé avec eux. C’était plus fort que toi. ”Tu sais, ce n’est pas quelque chose dont je suis fière…” Et tu t’emportas en décrivant à Evie ce que tu avais entendu sur les centres où on était supposé aider les gens avec des troubles alimentaires. Tu avais peur de te faire aider par des professionnels puisque tu étais terrorisé à l’idée de tomber sur un de ces barbares. "Je ne sais pas quoi te dire." En même temps, il n’y avait pas grand chose à dire. Tu ne voulais pas aller voir de spécialiste, tu ne voulais pas manger. Qu’est-ce qu’elle pouvait faire de plus ? ”Je suis désolé d’avoir été aussi direct… Je… Je pense que je te l’ai dit juste pour me sentir un peu plus légère quand on est ensemble et pas avoir à me cacher et faire attention à ce que je dis et fais…” Tu tiras encore une fois sur le col et les manches de ton chandail, passa ta main dans tes cheveux. ”J’ai promis à Ruben que j’allais faire ce qui faut pour aller mieux… Je pense qu’en en parlant, à quelques personnes, ça va peut-être me faire réaliser ce que je fais…”