« Disons qu’on se fait une raison… On finit par essayer de passer à autre chose rapidement pour s’éviter de souffrir…» Faith se rendit bien compte qu’elle avait été insensible et qu’elle avait embarqué dans un sujet que Joaquin ne voulait peut-être pas mentionner avec elle. Après tout, ils n’avaient jamais été très proches l’un de l’autre. Il était l’ami de Noah, pas le sien. Pas qu’elle ne le voulait pas, mais bien parce qu’elle s’était coupé de toute relation autre que celle de son mari et encore là… Elle ne l’avait pas entretenu autant qu’elle aurait dû. Elle posa sa main sur le bras de Joaquin et eût un sourire qu’elle voulait bienveillant. Elle voulait qu’il comprenne qu’elle comprenait ce qu’il voulait dire et qu’elle était là s’il voulait en parler, mais qu’elle ne pousserait pas le sujet plus loin s’il ne le faisait pas lui-même. Il préféra lui poser des questions sur son boulot à elle et elle se mit à lui en parler avec plaisir. Elle se sentait à sa place et elle pouvait en parler littéralement pendant des heures sans se tanner si l’autre personne était réceptive. « T’as l’air d’avoir trouvé ta voie ! » Un sourire se plaça sur ses lèvres. Elle avait toujours aimé être assistante sociale même si elle avait fait ses études sur le tard, mais depuis qu’elle avait prit ce poste à l’association, elle se sentait revivre. Elle avait maintenant un but. « Je dirais que j’ai trouvé un sens à ma vie. Ça aura prit le départ de Noah pour sortir de ma torpeur, mais maintenant, j’ai vraiment l’impression d’aider les gens et de pouvoir faire une différence. » Ce n’était pas facile tous les jours. Ça arrivait quelques fois malheureusement qu’elle arrivait chez elle et qu’elle fondait en larme suite à une rencontre avec une famille dont l’histoire ressemblait à la sienne, mais elle essayait de se dire que ses patients contribuaient à sa guérison. Si la vie mettait ces gens sur son chemin, c’était qu’elle avait quelque chose à apprendre d’eux. « Je suis content de constater que tu vas mieux Faith, vraiment. J’espère que ça continuera d’aller et surtout, si tu as besoin, je suis là… » Autant elle s’était sentit nerveuse lorsqu’elle avait reconnu Joaquin, autant elle était maintenant apaisée suite à sa discussion avec lui. « Merci. Vraiment. Je te mentirais si je te disais que c’était facile tous les jours, mais je parviens de mieux en mieux à faire la paix avec mes vieux démons. » Puis, une pensée traversa son esprit : Russell. Elle ne savait pas si Joaquin voyait mal leur amitié puisqu’ils étaient tous les deux alcooliques, mais elle voulait le rassurer si tel était le cas. « Tu sais, je suis au courant des démons de Russell. Mais je l’apprécie vraiment et on se supporte dans notre guérison. Je suis assez solide dans ma sobriété pour être capable de l’appuyer dans la sienne. C’est devenu un ami très cher à mes yeux. » Elle ne savait pas pourquoi elle prenait la peine de lui mentionner puisqu’il ne lui avait pas laissé croire qu’il ne voyait pas leur amitié d’un bon oeil, mais en même temps, elle le comprendrait si jamais c’était le cas. Elle avait été la première à se dire en commençant à fréquenter les alcooliques anonymes qu'elle devait se faire une barrière et ne pas se lier d'amitié avec les autres participants, mais le brun avait été une exception à la règle et elle n'avait pas pu s'empêcher de développer une relation sincère avec lui.