« J'avais pas pensé à ça, mais tu as raison, on peut pas prendre de risque avec ça. J'ai son prénom et sa photo, je vais trouver son identité et voir ce que mon père lui a proposé pour la vidéo, pour la récupérer. » Je fronce légèrement les sourcils, ayant un peu de mal à imaginer comment il est possible de retrouver une personne en ayant seulement son prénom et…une photo. D’ailleurs, c’est à cause de cette dernière précision que mes sourcils se froncent, car je me demande bien pourquoi ma femme a soudainement une photo d’un homme avec qui elle a couché et filmé une sextape. À moins que par photo, elle voulait simplement parler de cette vidéo et qu’elle s’est mal exprimée ? C’est possible, mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que cette dernière raison est la bonne. « Pourquoi tu as une photo de ce mec ? » Tu es jaloux, Caleb. Beaucoup trop jaloux. Et non seulement l’idée de savoir que ta femme a filmé une vidéo intime avec un autre que toi ne te plait pas beaucoup mais en plus te voilà maintenant entrain de de torturer l’esprit essayant de comprendre pourquoi celle-ci se souvient avoir soudainement une photo d’une de ses anciennes conquêtes. D’ailleurs tu ne peux pas t’empêcher de te demander quand les hommes avec qui elle a couché vont arrêter de vous emmerder. Ou de t’emmerder toi, plutôt. « Je sais et tu n'aurais jamais du l'être. Je vais m'en occuper. Je te mets pas à l'écart, je te promets de te prévenir de ce que je trouve, mais laisses moi te protéger un peu. » Et pourtant il y a quand même une petite partie de moi qui pense sincèrement qu’elle me met effectivement à l’écart. Bien que son envie de me protéger puisse paraître honorable il n’y a pas le moindre doute à penser qu’elle n’a pas à le faire, car le pire est déjà arrivé. « C’est un peu tard pour ça, et puis je n’ai pas besoin d’être protégé. » Après la mort de Victoria tout le monde le voulait. Me protéger de tout et de rien et ça a toujours été quelque chose qui m’agaçait grandement, et aujourd’hui c’est encore le cas. Je ne pense pas avoir besoin de la moindre protection, et je sais que c’est avec un bon sentiment qu’elle me dit tout ça mais j’aimerais aussi qu’on puisse enfin arrêter de me voir comme une petite chose fragile.
Si son père pensait pouvoir nous séparer en lâchant cette bombe, il s’est trompé. Alex semblait le penser également, alors avant de lui prouver par des mots qu’elle ne va pas me perdre à cause de cette histoire, c’est en la prenant dans mes bras que je lui montre. « Tu mérites tellement pas tout ça. Je suis désolée, mais merci d'être toujours là même quand je gâche tout. » Elle s’excuse, et je la connais assez pour savoir qu’il s’agit de sa première excuse d’une longue fournée qui risque d’arriver incessamment sous peu. « Techniquement c’est surtout ton père qui a tout gâché. » J’ajoute, et je le pense. Cette vidéo a été filmée il y a des années de ça alors que nous n’étions plus ensemble alors je ne veux pas qu’elle se sente coupable ou qu’elle commence à culpabiliser. Pour moi elle n’est pas responsable ; mais celle qui l’est c’est sans le moindre doute son père qui a décidé de venir faire chanter sa fille avec une de ses erreurs du passé. Finalement peut-être qu’il y a d’autres vidéos et qu’il compte les utiliser lors de ses prochaines visites pour continuer sa manipulation peu efficace. Mais c’est une possibilité à laquelle je n’ai pas envie de penser. Bien que je ne la tienne pas pour responsable c’est sans même m’en rendre compte que mon discours la culpabilise, car elle se défait de son étreinte presque instantanément. « Tu n'as pas à t'excuser, tu n'as rien dis de mal, c'est juste la réalité. Et j'aurais aussi préféré que tu ne l'apprennes jamais, et que ça n'ait jamais eu lieu surtout. » Moi aussi j’aurais bien évidemment préféré que tout cela n’arrive jamais mais malheureusement nous n’avons aucun pouvoir sur le passé, sinon bien des choses auraient changées. « Ça va aller, t'inquiète pas pour moi, je vais assumer mes erreurs et nous sortir de cette histoire. » Mon regard parle pour moi et je pense que je n’ai même pas besoin de lui dire que je ne crois pas un mot de ce qu’elle me dit : elle doit sans doute le voir. Je sais bien ce qu’elle fait : elle me ment (encore une fois) pour me protéger. J’aimerais qu’elle puisse me penser assez fort ou digne de confiance pour l’entendre me dire réellement ce qu’elle ressent. Mais finalement elle a raison, je n’ai jamais été fort et mon passé le prouve bien. « C'est pas vraiment une surprise pour moi, je savais que je m'étais comportée comme une salope, mais c'est difficile de réaliser à quel point je l'ai été et de constater que j'ai oublié certaines choses, mais ça va aller. Je suis tellement désolée de rendre ta vie compliquée encore une fois, je m'en veux tellement de te faire encore souffrir. Mais je vais tout arranger. » Mes yeux se ferment quand je l’entends utiliser cet adjectif extrêmement dégradant pour parler d’elle. Je déteste l’entendre se dénigrer ainsi. Certes, avoir filmé une sextape avec un homme il y a quelques années et n’en avoir aucun souvenir à cause de l’alcool et la drogue en quantité bien trop importante dans son corps n’a rien de glorieux, mais rien de tout ça ne fait d’elle une salope. Je soupire doucement. « Alors pour commencer tu n’es pas une salope. Et tu ne l’as jamais été. » J’insiste volontairement sur ces mots. « Ensuite, s’il te plaît, arrête de t’excuser. » Si Alex peut parfois me dire que je m’excuse trop je suis presque sûr de ne jamais l’avoir fait autant qu’elle ne le fait depuis quelques minutes. Je me tourne vers les légumes pour les remuer dans la poêle afin qu’ils n’accrochent et ne brûlent pas tout en jetant un coup d’œil rapide au reste du repas dans le four. « Et puis évite de faire des promesses que tu n’es pas sûre de pouvoir tenir. » Ce n’est pas méchamment que je prononce cette phrase, le ton de ma voix reste toujours doux et calme, mais je suis certain qu’elle ne peut clairement pas me promettre de pouvoir arranger tout ça. Je baisse encore un peu la température de la plaque de cuisson avant de me tourner de nouveau vers ma femme, plantant mon regard dans le sien. « Pour de vrai et sans mensonge. Comment tu vas vraiment ? » Mon regard accroche le sien espérant plus de sincérité qu’elle ne l’a fait tout à l’heure.
Take my hand, take a breath Pull me close and take one step Keep your eyes locked on mine
« Pourquoi tu as une photo de ce mec ? » Je secoue la tête en entendant sa question venant contredire mes propos mais je réalise à sa manière de réagir et à sa question, le malentendu entre nous. Je remarque aussi sans difficulté que cette information ne plaît pas à Caleb, pas du tout et je ne veux pas qu'il ait le temps de vraiment croire que j'ai une photo de ce type. « C'est pas ce que tu crois. J'ai pas vraiment une photo de lui, mais il y a sa tête sur la vidéo. » Et pas que sa tête, mais le reste ne nous sera clairement pas utile pour le retrouver et je n'ai pas vraiment envie de faire de gros plan sur autre chose que son visage. Même son visage, je n'ai pas vraiment envie de le capturer mais pour le retrouver ça sera sans doute inévitable et Caleb l'a bien dit, l'idée de laisser un autre homme avoir cette vidéo n'est pas vraiment une option envisageable. « Je n'ai aucune photo d'autre homme que toi. » Je ne pensais pas avoir à apporter cette précision un jour à Caleb, mais au vue de sa réaction et de cette situation à laquelle je ne pensais pas être confrontée un jour, ça me semble important de lui dire. Je ne veux pas qu'il pense que j'ai des photos d'autres hommes, encore moins certains avec qui j'aurais pu coucher dans un passé que je n'assume définitivement pas. Il n'y a que Caleb dans ma tête, dans mon téléphone et dans ma vie et je ne veux pas que ce souvenir de mon passé vienne semer le doute sur ça. Je connais mon mari, je connais sa jalousie, mais c'est surtout pour sa confiance en lui et en moi que je suis vigilante. Cette année est venue bien trop rappeler ô combien ma vie sexuelle avait été agitée et honteuse pour moi, et Caleb en a eu trop de preuves ces derniers mois et je voudrais lui épargner plus de découvertes honteuses comme ça. Je voudrais le protéger de mon passé, mais j'en suis incapable et il me le rappelle. « C’est un peu tard pour ça, et puis je n’ai pas besoin d’être protégé. » Il a raison, c'est un peu tard pour le protéger, il est impliqué la dedans lui aussi et c'est peut-être ce dont j'ai le plus honte finalement. L'impliquer dans ma vie d'avant, dans ce que j'ai pu faire de pire et l'obliger à assumer ça avec moi. Il n'a pas besoin d'être protégé, c'est ce qu'il me dit et il n'a peut-être pas tord même si je ne peux m'empêcher de penser à lui, à sa santé, à son anxiété, à son cœur, à lui tout simplement et je ne sais pas jusqu'à ou cette histoire va aller et j'ai peur de l'impliquer dans un truc que je ne maîtrise pas et surtout sur lequel il n'aura aucun contrôle et je sais que ça peut être compliqué pour Caleb. Et si je veux le protéger, c'est sans doute aussi pour me protéger moi et notre couple que je veux lui épargner de se replonger avec moi dans cette partie de ma vie. « Justement c'est trop tard pour la vidéo, mais j'avais oublié cette vidéo et cette soirée et je ne sais pas ce que j'ai pu oublié d'autres et ce que je vais trouver si je me replonge dans mon passé, c'est nous que je veux protéger mais si tu as besoin d'être présent et de savoir ce qu'il se passe, on le fera ensemble. » Ce n'est pas l'option que je préfère clairement, parce que je sais que si je peux gérer la honte que je ressens envers moi-même, je suis en revanche moins certaine de pouvoir gérer le fait que lui découvre des éléments honteux sur moi.
Pourtant, il me prouve qu'il n'est pas dégoûté par mon corps, qu'il n'a pas honte de moi, qu'il n'a pas envie de me repousser, au contraire même il m'attire vers lui et je viens me blottir contre lui. « Techniquement c’est surtout ton père qui a tout gâché. » Je fronce les sourcils, oui, mon père gâche tout, mais ce n'est pas lui qui a eu la bonne idée de se filmer en train de coucher avec un inconnu, et encore moins avec le téléphone de cet inconnu. Mon père n'a fait qu'utiliser une erreur de ma part pour me blesser et blesser mon mari. « Je voudrais tellement qu'il nous laisse tranquille. Je crois que je vais contacter un avocat pour voir comment protéger les enfants de lui. » Ça risque de l'énerver et je ne sais même pas s'il y a quelque chose de possible mais je ne veux prendre aucun risque avec lui. Il peut me blesser, s'attaquer à moi, j'en ai l'habitude mais je ne le laisserais jamais passer quelques minutes avec mes enfants. Est-ce mal de souhaiter le malheur d'un parent ? Parce qu'à cet instant précis, je ne pense qu'à ça. Il faut dire qu'il m'a pourri la vie pendant des dizaines d'années et il continue de le faire aujourd'hui en venant me faire chanter avec cette vidéo. Un père qui fait chanter sa vie avec une sextape, est-ce que vous comprenez pourquoi je le déteste au point de lui souhaiter le pire pour l'année à venir ? Mais, même si mon père est une ordure, c'est bien moi la fautive dans cette histoire et c'est à moi d'assumer mes erreurs et les répercussions que ça a dans ma vie et dans mon couple. Caleb ne m'en veut pas, enfin pas vraiment mais ses mots prouvent qu'il est blessé malgré tout et je ne peux même pas lui en vouloir. Et s'il semble gérer la situation, enfin la gérer c'est vite dit, mais il ne semble pas m'en vouloir et c'est sans doute la chose que je redoutais le plus, qu'il m'en veuille et me repousse. Il ne le fait pas, et il me demande comment je vais, et pendant que je lui réponds, j'ai l'impression qu'il n'y croit pas une seconde. Ou plutôt, je sais qu'il n'y croit pas, mais comment pourrait-il y croit alors que je n'y crois même pas ? Pourtant, je continue, j'ai besoin de le rassurer, de me rassurer peut-être aussi parce que j'ai peur de tout ce que cette histoire peut provoquer, de tout ce qu'il y a encore à venir et que je ne soupçonne pas. Je n'ai aucun contrôle sur ce qu'il va se passer et lui non plus, pourtant j'ai besoin de me dire et de lui dire, que je vais tout arranger, comme si ce n'était qu'une question de volonté. « Alors pour commencer tu n’es pas une salope. Et tu ne l’as jamais été. » Pourtant mon père l'a dit, cet homme sur la vidéo l'a dit, je le dis, mais Caleb refuse ce mot, refuse même que je me caractérise ainsi et pourtant c'est l'image que cette vidéo m'a renvoyé. Entendre Caleb dire ce mot, ça me fait quand même bizarre, je ne sais pas s'il a déjà employé ce mot une fois, ou peut-être pour parler des filles qui le harcelaient au lycée mais j'aimerais que mon cerveau intègre les mots de Caleb. Intègre l'idée que non je ne suis pas une salope pour arrêter de le penser, pour arrêter de le ressentir. Son avis a toujours compté bien plus que les autres, mais aujourd'hui, la haine que j'ai envers moi-même est un peu trop virulente J'étais tellement alcoolisée et défoncée que je me souviens pas de cette nuit ou de ce mec, c'est quoi pour toi ce comportement Revoilà cette attitude détestable, ce besoin de me dénigrer, de me faire mal en rappelant la honte que je ressens, sauf que, s'il y a quelques temps ces mots, je les aurais dis sans réfléchir, aujourd'hui, ils ne restent qu'à l'état de pensées. Parce que je sais que ce sont des mots qui risquent de me faire mal mais qui pourrait lui faire du mal à lui aussi et c'est en ça que cette attitude est détestable, mais aujourd'hui, je réussis à me taire, à ne rien dire, ce qui est presque un miracle finalement. « Ensuite, s’il te plaît, arrête de t’excuser. » Je lève les épaules, mes lèvres bougent mais je ne dis rien, parce que les prochains mots qui s'apprêtaient à sortir de ma bouche, étaient encore je suis désolée. Mais je le suis sincèrement, que ce soit de trop m'excuser ou de lui faire vivre encore une situation merdique. « Je ne sais pas comment te dire autrement à quel point je déteste te mettre dans ce genre de situation. » Alors je m'excuse, encore et encore sans que les excuses n'aient réellement d'effets. Quand il a choisit de m'épouser, il a accepté pour le meilleur et pour le pire mais j'apporte bien trop souvent le pire dans notre vie et pour ça je n'arrêterais jamais de m'excuser parce que je m'en veux vraiment d'être constamment celle qui vient le blesser. Il se retourne et je regrette presque instantanément de ne plus sentir son torse contre moi, de ne plus sentir son regard sur moi, alors que savoir son regard sur moi pouvait me terrifier il y a encore quelques minutes, aujourd'hui j'ai besoin qu'il me regarde, qu'il me parle, qu'il soit prêt de moi pour ne pas laisser le temps à mes pensées de prendre forme. « Et puis évite de faire des promesses que tu n’es pas sûre de pouvoir tenir. » Il a raison, et il le sait. Il sait que je ne peux rien lui promettre, et que mes mots n'ont aucune valeur parce que rien n'est encore nos mains et c'est ça le plus difficile finalement. « Je suis. » Je m'arrête, à quoi bon m'excuser encore alors qu'il vient de me demander de ne plus le faire. Je ne peux pas m'excuser, et il veut que j'évite les promesses inutiles, alors je reste silencieuse, attendant qu'il est finit de s'occuper du repas pour venir chercher sa main pour maintenir le contact physique avec lui. Il se retourne vers moi. Son regard poser sur moi, ses yeux plongés dans les miens, je me demande comment il arrive encore à me regarder sans être dégoûté par ma présence mais son regard ne bouge pas. « Pour de vrai et sans mensonge. Comment tu vas vraiment ? » Je me déteste et j'ai tellement peur que tu me détestes aussi. Je n'ai jamais eu autant envie de boire depuis 4 ans. Mon reflet dans le miroir me donne envie de vomir. J'ai tellement honte de cette fille que j'ai vu sur la vidéo, j'ai tellement honte de moi. J'ai peur de découvrir ce que j'ai pu oublié d'autres sur cette partie de ma vie. Et surtout je suis terrifiée à l'idée que cette vidéo ne sorte un jour et que nos enfants puissent découvrir qui je suis réellement. Je veux le protéger, je veux qu'il n'ait pas à s'inquiéter pour moi, qu'il n'ait pas à me rassurer alors que je sais bien qu'il ne pourra pas le faire, parce que pour lui aussi, il y a bien trop d'incertitude sur la tournure que va prendre la suite des événements. Mais, d'un autre côté, il sait que je lui mens, il sait que je ne suis pas totalement honnête plutôt et il ne veut plus de tout ça et je me retrouve face à son regard. Je ne veux pas voir ses yeux se remplir d'inquiétude et d'angoisse à l'idée que je puisse aller mal, mais je ne veux pas non plus le voir être déçu ou en colère que je ne sois pas totalement honnête encore une fois. Je pourrais fuir, voilà une autre option, mais je sais que ça provoquerait en lui sans doute bien pire comme sentiment et je ne veux pas. Je réfléchis sans doute trop longtemps à ma réponse, mais comment je vais vraiment ? C'est ce qu'il veut savoir, mais il le sait sans doute déjà non ? « Ca va pas très bien. » Que je finis par lui dire en baissant les yeux pour venir regarder ses mains avec lesquelles je joue nerveusement. « J'ai honte de moi et je me dégoûte tellement, j'ai peur de ce que j'ai pu faire et oublier d'autres et je suis terrifiée de savoir que mon père a cette vidéo en sa possession. » Il veut la vérité sur comment je me sens alors je suis honnête, même si j'essaye de garder le contrôle, c'est difficile de dire tout ça à voix haute, de l'annoncer, de le rendre réel aussi même si finalement on en a tous les deux consciences de ça. « J'ai tellement envie de boire, je ne vais pas boire, je te promets mais ce soir c'est dur et je vais pas te cacher que j'ai pendant quelques dixièmes de secondes, eu envie de fuir de peur que tu ressentes ce que je ressens et que tu ais honte de moi, mais je suis là et je ne vais pas partir parce que j'ai besoin de toi et y'a nul part ou j'ai envie d'être ce soir, mais tu veux que je sois honnête alors voilà. » Peut-être que je n'aurais pas du être si honnête, peut-être que juste lui dire que je ne vais pas trop bien ce soir aurais suffit, mais il voulait que je sois sincère et que je ne mente pas, alors je le fais même si je me sens coupable dès la seconde ou je me mets à parler parce que je sais que je vais l'inquiéter et je n'ai jamais eu envie qu'il s'inquiète pour moi, pas pour ça.
« C'est pas ce que tu crois. J'ai pas vraiment une photo de lui, mais il y a sa tête sur la vidéo. Je n'ai aucune photo d'autre homme que toi. » C’était pourtant l’option la plus simple et la plus logique mais pourtant mes doutes ont pris le dessus et ont fini par me faire croire qu’il était possible qu’après avoir visionné cette vidéo, Alex se soit souvenue d’une photo de cet homme qu’elle aurait depuis toutes ces années. Mais ce n’est pas le cas. Alors tant mieux et cette précision me rassure beaucoup – bien qu’elle n’arrange absolument rien finalement. « Justement c'est trop tard pour la vidéo, mais j'avais oublié cette vidéo et cette soirée et je ne sais pas ce que j'ai pu oublié d'autres et ce que je vais trouver si je me replonge dans mon passé, c'est nous que je veux protéger mais si tu as besoin d'être présent et de savoir ce qu'il se passe, on le fera ensemble. » Ses argument sont totalement compréhensibles et peut-être qu’elle ne veut pas que je connaisse certains éléments de son passé, d’ailleurs. Certaines choses dont elle se souvient et dont elle aurait honte, elle anticipe aussi peut-être des choses dont elle n’a pas le moindre souvenir mais qui pourraient potentiellement lui faire ressentir encore un peu de honte. « Je n’ai pas envie de te laisser faire ça toute seule. » Parce que justement, j’ai conscience que c’est quelque chose qui ne sera pas facile pour elle et je veux qu’elle puisse s’appuyer sur moi quand elle en ressent le besoin ou même l’envie. Je suis son mari et j’ai fait le vœu d’être présent pour elle pour le meilleur comme pour le pire, et je compte bien tenir cette promesse. Aujourd’hui c’est le pire, et durant ses recherches ça le sera aussi alors si elle l’accepte et si elle le veut, je serai là. « Je voudrais tellement qu'il nous laisse tranquille. Je crois que je vais contacter un avocat pour voir comment protéger les enfants de lui. » Protéger les enfants avant tout. Voilà un point sur lequel nous sommes tous les deux d’accord mais par contre, contacter un avocat pour cela je n’y aurais clairement jamais songé. C’est d’ailleurs peut-être aussi par ce genre de chose que l’on peut voir à quel point Alex et moi ne venons pas du même monde. Je suppose que contacter des avocats est une chose que son père doit faire pour tout et rien, et c’est sûrement de là que lui vient ce réflexe. Mais je la rejoins bien évidemment là-dessus, il est absolument hors de question que Charles Clarke ne s’approche de nos enfants. Que ce soit aujourd’hui, dans une semaine ou dans dix ans je refuse qu’il puisse à nouveau voir ou encore adresse la parole à nos enfants.
La venue de son géniteur a eu bien des effets sur Alex et aucun n’est positif. Elle a toutes les raisons sur du monde d’être perturbée et en colère contre lui et maintenant qu’il est parti, j’ai tout de même l’impression de la voir complètement désemparée. Elle se dénigre en se traitant de salope et si j’essaie de lui faire comprendre qu’elle n’en est clairement pas une je doute que mes mots aient le moindre impact sur elle puisqu’elle ne me répond pas. À la place elle s’excuse. Encore et encore. « Je ne sais pas comment te dire autrement à quel point je déteste te mettre dans ce genre de situation. » C’est une autre façon de s’excuser, et c’est simplement en haussant les épaules que je lui réponds. Tout à l’heure elle passait son temps à s’excuser – et maintenant je comprends pourquoi certaines personnes peuvent être agacées quand je le fais, moi aussi, – ou bien à me mentir en essayant de me faire croire que tout va bien pour elle. Mais il me suffit de la regarder pour savoir qu’elle n’est pas honnête avec moi. Ce qui m’attriste beaucoup, parce que je pensais qu’elle avait assez confiance en moi pour être honnête et ne pas de retrouver obligée à me mentir sur son état général. Et le pire dans tout ça c’est que je suis persuadé qu’elle sait que je ne la crois pas, et je suis obligé de lui demander de me dire la vérité pour qu’elle le fasse. Il lui faut beaucoup de temps pour réellement se lancer, mais enfin, elle ouvre la bouche pour me répondre. « Ca va pas très bien. » Si Alex baisse les yeux les miens la fixent toujours avec beaucoup de tendresse. « J'ai honte de moi et je me dégoûte tellement, j'ai peur de ce que j'ai pu faire et oublier d'autres et je suis terrifiée de savoir que mon père a cette vidéo en sa possession. » L’entendre me dire qu’elle se dégoûte me brise complètement le cœur. Je détaille dans les moindres détails son visage alors que je la laisse jouer avec mes mains. « J'ai tellement envie de boire, je ne vais pas boire, je te promets mais ce soir c'est dur et je vais pas te cacher que j'ai pendant quelques dixièmes de secondes, eu envie de fuir de peur que tu ressentes ce que je ressens et que tu ais honte de moi, mais je suis là et je ne vais pas partir parce que j'ai besoin de toi et y'a nul part ou j'ai envie d'être ce soir, mais tu veux que je sois honnête alors voilà. » Ma main bouge pour arrêter les mouvements nerveux de sa main autour de la mienne pour la serrer lorsqu’elle m’avoue avoir envie de boire. Une information au final pas si étonnante que ça mais je n’y avais pas pensé, et voilà pourquoi il était important qu’elle soit honnête avec moi. Parce que je vais pouvoir l’aider à penser à autre chose ce soir alors que si elle s’était tut, je n’aurais pas pu lui apporter mon aide. Encore une chose à laquelle je ne m’attendais pas : elle a eu envie de fuir. Et je pense que lorsqu’elle me dit ça mon visage se décompose complètement, mes doigts desserrent leur étreinte autour de sa main alors qu’à contrario mon cœur se resserre. Malgré son envie de boire j’ai confiance en elle et je sais qu’elle pourra tenir, en revanche si l’idée de la voir fuir comme elle l’a déjà fait dans le passé s’était envolée, cette peur va maintenant refaire son apparition. Peut-être que demain matin quand je me réveillerai elle ne sera plus dans le lit et aura de nouveau pris la poudre d’escampette. « Tu as eu envie de fuir ? » que je lui demande d’une petite voix, comme si j’attendais confirmation. « Tu as eu envie de me quitter ? De nous quitter ? » Me quitter moi est une chose qui pourrait arriver, mais qu’elle puisse vouloir laisser ses enfants, je ne la pensais pas capable de ça. Mais elle est encore là. Pour le moment en tout cas alors bien que la peur de la voir partie demain matin est plus forte que jamais, j’essaie de me concentrer sur la toute première chose qu’elle m’a confiée. « Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider dans ton envie de boire ? » Parce que c’est bien ça le plus important. Pas vrai ?
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« Je n’ai pas envie de te laisser faire ça toute seule. » Pourtant c'est mon passé, et j'étais bien assez grande toute seule pour prendre ce genre de décision et me foutre dans la merde toute seule. Et c'est à moi de m'en sortir, de protéger notre famille de ce que j'ai pu faire. Le protéger lui de ce passé sur lequel je ne veux pas qu'il ait plus de détails. Mais, il maintient qu'il veut m'aider, qu'il veut être là pour moi, qu'il ne veut pas me laisser faire ça toute seule, et c'est sans doute ce que le mariage signifie. Être ensemble quoiqu'il arrive, se soutenir quelque soit l'épreuve et Caleb a complètement cet esprit et si je serais prête à remuer ciel et terre pour le soutenir et l'aider, c'est plus dur pour moi d'accepter son aide mais devant sa déterminer, je comprends aussi qu'il a besoin de le faire et que ce n'est pas qu'à moi que je dois penser. « On fera face à tout ça ensemble, mais par contre je vérifierais le contenu de chaque document, je ne veux pas que tu tombes sur des choses que ni toi, ni moi n'avons envie que tu vois.» Genre des vidéos compromettantes, des photos ou toutes autres informations qui pourraient émerger de mon passé sulfureux et honteux parce que cette fille que j'ai vu sur la vidéo, personne n'a envie de la voir, j'en avais pas envie et je ne veux jamais que Caleb me voit ainsi et je sais que lui non plus n'en a pas envie alors autant éviter que cette situation n'arrive tant qu'on peut encore avoir un contrôle sur ça. Je ne peux pas contrôler ce que va faire mon père de cette vidéo, Caleb lui a rappelé, il a autant à perdre que moi à les diffuser. Enfin pas autant, parce que je perdrais bien plus que lui, mais il n'a aucun intérêt actuel à diffuser ça au vu de ses ambitions politiques, et si je ne peux pas gérer les agissements de mon père avec cette vidéo, je peux tenter de le devancer et le priver de tout contact et tout lien avec nos enfants et c'est bien ce que je compte faire. Comment ? Je ne sais pas encore, mais je vais trouver parce que si mon père se donne du mal pour détruire sa fille unique, je vais me donner autant de mal que lui à protéger mes enfants de cet homme.
C'est difficile d'être honnête face à Caleb. Non, pas que j'ai envie ou que j'ai plaisir à lui mentir mais lui dire la vérité sur mon état risquerait de l'inquiéter et je ne veux pas qu'il ait à le faire. Je suis responsable de mes actes, je subis les conséquences de mes conneries et je ne veux pas que Caleb ait à les subir aussi, même si comme il l'a bien dit, c'est trop tard pour ça. Et si je choisis la carte de l'honnêteté cette fois, je laisse mes pensées s'exprimer sans contrôle alors que je sens la honte grandir en moi. Je baisse la tête quand je lui parle, ne voulant pas affronter son regard. « Tu as eu envie de fuir ? » Et si à la seconde ou je me suis mise à parler, j'ai sentie que j'aurais mieux fait de me taire, encore, sa question et la façon avec laquelle il me la pose, me prouve bien que mes paroles ont provoqué quelque chose chez lui et voilà qu'en plus de tout ce que je ressentais déjà, je me sens encore un peu plus coupable de l'inquiéter. Je voudrais lui dire que non, mais je viens de lui avouer que j'avais pensé à fuir. Un dixième de seconde avant de réaliser que ce n'était pas une solution, mais je réalise à cet instant que je n'aurais pas du être si honnête que ça parce qu'il semble penser désormais que je vais fuir alors que justement, je n'ai pas fuis, je suis avec lui parce que c'est avec lui que j'ai besoin et envie d'être. « Tu as eu envie de me quitter ? De nous quitter ? » Et c'est en entendant cette question que la culpabilité atteint son plus haut niveau, il pense vraiment que je pourrais le quitter, que je pourrais quitter nos enfants ? Après, est-ce vraiment si fou de le penser, sachant que j'ai toujours dis que je ferais tout pour protéger nos enfants et aujourd'hui c'est de moi dont ils ont besoin d'être protégés. De mon père, de mon passé et mon image qui pourrait porter préjudice à toute notre famille. Mais, je ne pourrais jamais vivre sans eux et cette pensée me semble même insupportable. « Non, non c'est pas ce que j'ai voulu dire. » Que je précise rapidement, un peu de panique dans la voix qu'il puisse croire ça. Je souffle, je contrôle mes émotions, enfin ce que je peux et je reprends plus calmement, enfin aussi calmement que possible. « Je n'ai pas voulu vous quitter, ni toi, ni les enfants. » Je pose ma main sur sa joue, j'ai besoin qu'il l'entende, qu'il m'écoute et qu'il me croit aussi. Le passé n'est jamais très loin dans nos esprits, la vidéo a ravivé des choses en moi, et mes paroles ont visiblement ravivé des craintes en Caleb et je me sens tellement nulle de provoquer ça en lui. Mais je sais que je ne veux pas le quitter, jamais malgré ce que j'ai pu lui dire. Quitter et fuir n'étant pas la même chose non ? Même si dans le passé, j'ai fuis et je l'ai quitté, ce n'était pas du tout ce à quoi je pensais aujourd'hui, mais comment pouvait-il le deviner ? Et comment peut-il me croire maintenant que les doutes se sont immiscés en lui ? « J'ai trop besoin de toi chéri, et ma place est ici avec vous, je veux pas que tu doutes de ça. J'ai eu peur de ce que tu aurais pu penser de moi. J'ai eu peur que tu m'en veuilles ou que tu n'oses plus me regarder après cette histoire, et j'avais tellement peur de cette discussion que l'idée de sortir m'a traversé l'esprit parce que je supporte pas l'idée que tu puisses ressentir ce que je ressens et que tu sois dégoûté par mon corps ou par moi. Mais, je n'ai jamais pensé te quitter, ou vous laisser, y'a personne avec qui j'ai plus envie d'être à cet instant. » J'ai beaucoup de doutes en moi, énormément, trop parfois dans ce genre de moment ou mes pensées viennent me court-circuiter et me perturber, mais je n'ai absolument aucun doute la dessus. Ils ont donné un sens à ma vie, et sans eux, sans Caleb surtout, je serais sans doute encore cette femme qui me dégoûte et qui était sur cette vidéo. Sans Caleb, je n'aurais rien de ce que j'ai actuellement, et sans Caleb, je n'aurais pas nos enfants aussi. Je reprends sa main, je viens la serrer doucement pour lui montrer que je suis là et que malgré mes dires, je ne compte pas m'enfuir. « Je suis là et tant que tu ne me demandera pas de partir, je ne le ferai pas, je peux pas vivre sans toi et sans nos enfants. » La preuve c'est sans lui que j'ai fais tous mes pires choix, c'est sans lui que ma vie a commencé à s'écrouler et partir en lambeaux et c'est depuis qu'il est de nouveau dans ma vie que j'arrive à être une femme épanouie et heureuse. Grâce à lui que j'ai pu devenir mère malgré mon passé et cette relation à la maternité que j'avais. Grâce à lui que je sobre, que je suis clean, grâce à lui que j'ai trouvé le courage de me lancer dans une activité professionnelle qui me plaît et dans laquelle je m'épanouis. Grâce à lui que je suis assez stable pour réussir à gérer mes crises, à gérer les moments de doutes, à gérer face à la tentation aussi. Et c'est sans aucun doute parce qu'il est là, que je suis encore sobre à cet instant précis alors que je meurs d'envie de boire, une autre information que je lui ai partagé, non pas pour lui faire peur, mais parce que pour ça aussi j'ai besoin de lui, parce que je me sens faible et je sais que si je m'étais écoutée, si vraiment j'avais décidé de fuir pour éviter cette discussion, je serais sûrement déjà en train de boire quelque part. Et cette pensée me dégoûte autant qu'elle m'attire, putain d'addiction, putain de faiblesse. « Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider dans ton envie de boire ? » Je me rapproche de lui, je sais ce dont j'ai besoin et si je sais que ça ne va pas faire passer l'envie, ça va au moins m'aider à rester forte ou en tout cas à ne pas être totalement faible et lâche. « Juste être là, ne pas me laisser seule ce soir, j'ai juste besoin de sentir que tu es là, et le reste je dois gérer avec moi-même. » Parce qu'il n'y a malheureusement rien qu'il puisse faire de plus, et je lui en demande déjà beaucoup finalement. Je l'oblige à rester près de moi alors que je sais que ma compagnie ne va pas être des plus agréable ce soir. « Ah, si y'a une chose que tu peux faire, tu peux vérifier dans les cadeaux de mon père, il est du genre à offrir de l'alcool à une ancienne alcoolique et j'y pense depuis tout à l'heure. » A l'idée qu'il y ait peut-être de l'alcool dans mon bureau emballé. J'aurais pu les fouiller un à un tout à l'heure, j'aurais pu tant j'ai envie de boire, je ne l'ai pas fais mais désormais j'y pense, encore et encore. Nous n'avons pas d'alcool chez nous et pour une soirée comme celle d'aujourd'hui, c'est bien mieux pour moi, mais l'idée qu'une bouteille puisse être présente dans mon bureau me perturbe beaucoup trop et j'aurais pu garder cette information pour moi, sans doute qu'avant ma cure je l'aurais fais, je n'aurais rien dis pour aller boire en secret mais aujourd'hui, je sais qu'il faut que je lui dise pour qu'il m'empêche de faire n'importe quoi. « Je veux pas laisser mon père gagner, je veux pas le laisser nous atteindre. » Il a réussi à m'atteindre moi, c'est indéniable et je ne peux pas le cacher, mais il y a Caleb, et il y a ce nous, cette entité de nos deux êtres qui fait ma force et je ne veux pas que mon père puisse nous affaiblir. « Ca va aller nous deux ? On va réussir à gérer ça ? » Je lui ai fais des fausses promesses, celles de pouvoir tout arranger et il a su que je mentais ou plutôt que je ne pouvais pas lui promettre de telles choses, mais cette fois c'est à lui que je demande de me rassurer parce que je sais que si notre couple arrive à surmonter ça, je pourrais surmonter ça aussi grâce à lui. @Caleb Anderson
« On fera face à tout ça ensemble, mais par contre je vérifierais le contenu de chaque document, je ne veux pas que tu tombes sur des choses que ni toi, ni moi n'avons envie que tu vois.» Là-dessus je ne l’arrête pas et si elle veut passer devant moi pour tout vérifier de peur que je puisse tomber sur d’autres informations compromettantes à son sujet, je la laisserai faire. De toute façon nous savons tous les deux qu’Alex est bien trop têtue pour que je puisse l’arrêter sur quoi que ce soit. Le fait que j’ai tout de même réussi à m’imposer pour ne pas la laisser tout gérer seule relève presque du miracle selon moi. Quand Alex a une idée en tête il peut parfois être presque impossible de l’arrêter dans son élan.
Mais ce n’est finalement pas le plus important à retenir, surtout quand quelques minutes plus tard elle m’avoue avoir pensé à fuir. Ça n’aurait malheureusement pas été la première fois qu’elle choisit cette option. « Non, non c'est pas ce que j'ai voulu dire. Je n'ai pas voulu vous quitter, ni toi, ni les enfants. » Je fronce les sourcils. C’est pourtant ce qu’elle vient de dire, pas vrai ? Elle vient bien de me dire qu’elle a pensé à fuir et la dernière fois qu’elle a fui loin de moi et de notre couple c’était pour elle synonyme de rupture. Donc je ne comprends pas pourquoi maintenant elle revient sur ses mots en me disant qu’elle va jamais voulu me quitter. Si la tendresse de ses gestes avec sa main qui se pose doucement sur ma joue pourrait suffire à me rassurer, ce n’est absolument pas le cas et j’attends un peu plus d’explications pour y voir plus clair. « J'ai trop besoin de toi chéri, et ma place est ici avec vous, je veux pas que tu doutes de ça. J'ai eu peur de ce que tu aurais pu penser de moi. J'ai eu peur que tu m'en veuilles ou que tu n'oses plus me regarder après cette histoire, et j'avais tellement peur de cette discussion que l'idée de sortir m'a traversé l'esprit parce que je supporte pas l'idée que tu puisses ressentir ce que je ressens et que tu sois dégoûté par mon corps ou par moi. Mais, je n'ai jamais pensé te quitter, ou vous laisser, y'a personne avec qui j'ai plus envie d'être à cet instant. » Mes yeux s’accrochent désespérément à son visage tout en écoutant avec attention ses explications. Par fuir elle voulait donc simplement sous-entendre qu’elle a pensé à sortir s’aérer ? L’utilisation de ce terme me semble complètement démesuré de sa part alors qu’elle sait très bien plus que personne les antécédents qu’elle a à ce sujet. À moins qu’elle veuille simplement me rassurer en voyant la peur dans mes yeux et dans ma voix lorsque je l’ai questionné à ce propos ? C’est bien ça qui me semble plus le plus logique. Malheureusement. Alors sans un mot je me pince les lèvres tout en acquiesçant, peu convaincu. « Je suis là et tant que tu ne me demandera pas de partir, je ne le ferai pas, je peux pas vivre sans toi et sans nos enfants. » Je la regarde dans les yeux. Je ne doute pas vraiment de sa sincérité mais pourtant, je suis presque sûr qu’il y a douze ans quand elle a fui, deux jours avant elle ne pensait pas non plus me quitter comme ça et pourtant c’est bien ce qu’elle a fait. Les circonstances étaient différentes certes, mais il y a donc maintenant toujours un doute qui persiste. « D’accord… » je me contente de répondre, ne voulant pas relancer le sujet. Pour moi à présent le plus important étant de savoir en quoi je peux potentiellement l’aider pour lutter contre son envie de boire. « Juste être là, ne pas me laisser seule ce soir, j'ai juste besoin de sentir que tu es là, et le reste je dois gérer avec moi-même. » J’acquiesce, sans un mot. Ne l’ayant toujours pas quitté des yeux, mon pouce vient caresser en douceur le dos de sa main. « Ah, si y'a une chose que tu peux faire, tu peux vérifier dans les cadeaux de mon père, il est du genre à offrir de l'alcool à une ancienne alcoolique et j'y pense depuis tout à l'heure. » Imaginer que pour une personne offrir une bouteille d’alcool à une ancienne alcoolique sobre depuis plusieurs années puisse être une idée plaisante me répugne, mais pour le peu que j’ai pu connaître son géniteur, ce n’est finalement pas si étonnant que ça. « Bien sûr, j’irai voir ça après le repas de ce soir. » que je lui réponds tendrement tout en l’attirant contre moi. Et puis je la serre dans mes bras sans un mot de plus. Je ne sais pas si le fait de la garder dans mes bras durant de longues minutes puisse calmer mon envie de borie de l’alcool mais je suis prêt à tout ce soir pour l’aider à apaiser cette envie, ce besoin. Après tout c’est également ça, mon rôle de mari. « Je veux pas laisser mon père gagner, je veux pas le laisser nous atteindre. » Je resserre mon étreinte autour de son corps. « Rien ne pourra nous atteindre. » je répète pour appuyer son propos. Notre couple est fort, et nous l’avons prouvé plus d’une fois. Pourtant les disputes ont été fréquentes quand nous nous sommes retrouvés. On aurait pu abandonner mais notre amour l’un pour l’autre a toujours été plus fort que tout et ce ne sont pas les tentatives pitoyables de son père qui pourront avoir un impact sur notre couple. « Ca va aller nous deux ? On va réussir à gérer ça ? » « Bien sûr. » Je sens une réelle crainte, une vraie peur dans le son de sa voix. Je la libère doucement tout en venant déposer un léger baiser sur le haut de son crâne, plaçant mes deux mains sur ses joues comme pour l’obliger à me regarder dans les yeux. « Rien ne pourra nous séparer, Alexandra Anderson. Je t’aime, pour le meilleur et pour le pire. » Je souffle ces mots avant de venir poser mes lèvres sur les siennes pour un baiser tendre et rempli d’amour.
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