aptitude test: what kind of friend are you ?
ft @Cecilia Barker

« Et si on s’inscrivait dans une salle de sport ? On est déjà évidemment canons mais ça nous permettrait de le montrer à un max de monde non ? » Ce n’était que lorsque Cecilia avait enfin daigné ouvrir la bouche qu’il avait réalisé qu’il était en train de piquer du nez. Ce n’était pas étonnant, il accumulait les heures de sommeil à rattraper et la visite de son amie s’était avérée soporifique.  « Gouttière. Y a un bon plan en plus là, écoute ça : si tu payes plein pot, moi je peux bénéficier de trois mois gratuits. On fait ça ? » Peut-être que s’il restait silencieux, Diego réussirait à lui faire réaliser à quel point tout ce qui sortait de sa bouche était absolument condescendant. Peut-être même que Cecilia réaliserait que ce n’était pas en tentant de lui extorquer de l’argent, et encore moins en allant à la salle de sport, que tous leurs problèmes s'arrangeraient. La blonde avait penché la tête, elle fixait le plafond et lui la fixait elle, se perdant dans ses propres pensées. Il se savait au point mort depuis plus d’un an maintenant et ne trouvait rien qui pourrait lui donner assez d’impulsion pour se convaincre que tout ce qu’il entreprenait avait un sens. « On se fait chier Diego. Alors qu’on pourrait être à la salle de sport en train de suer et de faire envie à une multitude de gens. Par pitié dis-moi que t’as quelque chose de croustillant à me raconter sur ta vie ; j’ai besoin de gossips et de dramas pour me sentir exister. Aide-moi. » Il y avait ça aussi, ce sentiment de tourner en rond qui l’empêchait de pleinement recharger ses batteries avant de reprendre le travail. Difficile, donc, de se remettre sur pieds et de retrouver l’épanouissement qui était le sien lors de ses premiers jours d’internat. C’était un cercle vicieux qui ne laissait finalement que peu de place à l’imprévu et il allait devoir décevoir Cecilia. « J'ai rien à dire, moi, toi aide moi ! Règle numéro une, on peut pas être déprimés tous les deux en même temps tu te souviens ? » Parce qu’ils n’étaient plus des adolescents et que tenter de faire passer leur crise existentielle en restant cloîtrés entre les quatres murs d’une chambre n’avait plus rien de charmant. Au contraire, ils témoignaient là d’une santé mentale en chute libre et ils n’étaient clairement pas en train de se tirer vers le haut. « Elle est passée où la Cece qui me propose d’aller m’incruster dans des soirées mondaines en passant par l’entrée des employés ? » Il s'était accoudé sur le rebord du lit en continuant de toiser la blonde, et son sourire se voulait rassurant et encourageant. Il avait besoin de sa fougue naturelle, et il ne serait pas toujours aussi enclin pour l'aventure alors elle se devait de saisir l'occasion. « J’ai pas le temps d’aller à la salle de sport, et ça ne ferait qu’ajouter un maillon de plus à ma routine. On est capables de trouver un truc qui sort de l’ordinaire, j’en suis certain. » Devant l’étonnement de Cecilia face à sa proposition - qui ne lui ressemblait absolument pas, ils en étaient tous les deux conscients - il avait haussé les épaules. Peut-être qu’une idée s’était glissée dans son esprit après ce long moment passé ensemble dans sa chambre mais il préférait attendre de voir si elle pourrait être à l’origine de cette demande farfelue.

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Ce n’était pas quelque chose d’habituel, que ces deux-là soient avachis à-même le sol de la chambre de Diego et cela en disait long sur leur état d’esprit. Depuis le début de leur amitié, ils avaient changé, et le problème était que rien de tout cela n’était positif. Cece proposait des solutions mais tout sonnait faux même dans la bouche de celle qui ne se laissait jamais aller. Peut-être qu’il la connaissait maintenant assez bien pour savoir lire au travers de son masque. « Oh arrête. On a un accord tacite depuis que j’ai perdu tout le fric de mes parents et que je dois vivre comme la dernière des misérables : j’ai le droit d’être déprimée H24 si je veux. » La situation ne prêtait absolument pas à rire mais l’intonation dramatique de son amie ainsi que la façon dont elle résumait la situation lui avait arraché un rire. Un sentiment qui venait faire mûrir cette idée qu’il avait eu, qui lui permettrait de passer à autre chose. « Et je te la laisse ta déprime saisonnière gouttière. D’où est-ce que tu sors que je suis déprimée ? Révoltée, énervée, borderline violente, souvent insultante oui. Mais la déprime, elle est tout à toi. » « Même là-dessus t’es pas solidaire. » avait-il simplement répondu en lui adressant un petit haussement d’épaule et un sourcil arqué. Si elle n’était pas déprimée, elle était alors au moins à mille lieux de la personne qu’elle avait un jour été, surtout aujourd’hui, à évoquer une inscription à la salle de sport comme une échappatoire valide à leur ennui. « Jetée par-dessus bord par sa mère indigne j’imagine. » Cette fois-ci, il avait incliné la tête, lui adressant un regard compatissant qui l’avait évidemment fait grimacer tant elle haïssait ce qui ressemblait de près ou de loin à de la pitié. « Tu sais bien que je te proposerais ce type de plan sur le champ si je le pouvais…mais j’ai plus vraiment les relations qu’il faut pour ça. » Il était assez rare que Cecilia laisse paraître rien qu’un peu de son désarroi, alors il avait mis en pause ses tentatives d’humour et le cheminement de ses pensées qui allait l’amener à faire quelque chose qu’il regretterait probablement. « Tu vas rebondir. » Une affirmation lancée à la volée, qu’elle choisirait ou non d’accueillir.

Diego avançait ses pions, probablement bien trop à l’aise avec celle qui avait un jour été la collègue de son père. « Un truc qui sort de l’ordinaire ? » Il avait pris le temps de ce moment de flottement chez Cece pour l’observer et la trouver belle, bien plus belle qu’attirante et c’était ce point qu’il voulait clarifier. « Si Monsieur le ministre est trop pris pour ajouter ça à sa routine j’imagine que tu parles de quelque chose qui puisse se faire en one shot ? Pour ne pas trop en ajouter à ton agenda ? » Son regard cherchait à se faire plus intense, comme si cela l’aiderait à lire dans ses pensées et à accéder à sa requête sans même qu’il ne le demande. « Va falloir être un peu plus précis que ça si t’as une idée en tête ou des conditions particulières à respecter. Parce que là je t’avoue qu’à part aller verser du laxatif dans les verres des clients du DBD… » Ses rires étaient brefs mais ils avaient le mérite d’exister au milieu de toute cette bataille mentale qu’il menait. « Non j’avais pas d’idée précise en tête. » Mensonge. « Mais je viens de me souvenir que je t’ai pas raconté la dernière sur Hartfield, tu sais le fiancé de mon amie Nina. » Il avait planté son regard dans le sien cette fois-ci pour s’assurer qu’elle savait de qui il s’apprêtait à parler. « Figure toi qu’il m’a parlé de son ex. » Premier scoop, Hartfield s’était confié. « Un mec. » Second scoop, Hartfield jouait sur tous les terrains. « Et forcément ça m’a mis mal à l’aise, et cet abruti en a profité et a carrément flirté avec moi. » Comment avait-il pu le sonder aussi rapidement ? Etait-ce un jeu ou une façon de lui annoncer qu’il connaissait ses états d’âme ? Diego avait espéré réussir à donner le change. Son regard avait totalement quitté Cecilia pour se fixer au mur alors qu’il repensait à cet événement qui était fâcheux pour bien des raisons. Cela agrémentait encore une fois les différends avec Nina et, surtout, l’opération ne l’avait pas laissé indifférent. Sans même s’en rendre compte, il grimaçait en repensant à tout cela et il était prêt à annoncer à Cece la raison qui l’amenait à évoquer ce point - il y avait forcément une raison, il aurait sinon tout gardé pour lui, ne laissant rien sous-entendre à une Cece qui était pourtant sa seule alliée sur ce point.

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CeCe était bien plus présente dans sa vie depuis qu’elle avait perdu tous ses laissers passers dans le monde de la haute société. Finalement, Diego était probablement devenu la personne la plus haut placée qu’elle connaissait avec son statut de médecin, et il aimait plutôt ça. Tout ce qui pouvait redorer un peu un blason qu’il amochait lui-même en se posant trop de questions et qui l’amenait à être assis sur le sol de sa chambre, à écouter son amie divaguer dans un élan désespéré de trouver de quoi s’occuper. « Evidemment. » avait-elle répondu quand il avait tenté de la rassurer, et c’était un point complexe chez Cecilia, il n’était jamais possible de totalement cerner ce qu’elle ressentait. La jeune femme maniait l’art du sourire comme personne et l’éclat de celui-ci était le même peu importe les circonstances mais Diego ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour elle. « Evidemment. » avait-il répété en rendant son regard encore un peu plus insistant, comme pour lui sommer d’être honnête. Il était évident que cela n’arriverait pas, alors, à la place, il avait trouvé de quoi nourrir sa curiosité maladive. « Merde alors c’est bien mieux qu’une quelconque inscription à une salle de sport. Merci pour ton implication Gouttière. » L’hôpital était un lieu réputé pour être le centre de diverses histoires, mais il était vrai que celle entre Ruben et Nina l'intéressait davantage. Elle avait été claire, elle n’avait pas besoin d’être protégée, mais à l’instar de CeCe, Diego avait le sentiment que tout finirait par changer et cela s’ajoutait à la liste conséquentes de ses préoccupations. Mais le point le plus important à évoquer était ce moment avec Ruben. « Ca me rappelle une bien veille conversation ça. Du coup ma question est évidente : et alors ? C’était bien ? Ou t’es resté mal à l’aise quand il s’est mis à flirter avec toi ? » Une vieille conversation. Une conversation qu’il n’aurait jamais voulu avoir, qu’il remerciait CeCe chaque jour de l’avoir rendue possible. Bien sûr que ses défauts prenaient parfois le pas sur ses qualités, mais une chose était sûre, il avait besoin de cette oreille attentive depuis ce baiser qui avait tout remis en perspective. Pour autant, trois années après, il n’était toujours pas plus enclin à assumer. Ni même à dire les choses telles qu’elles étaient. « Comment ça “c’était bien” ? » Il avait secoué la tête, plus énervé contre lui-même que contre les affirmations de son amie. « Bien sûr que j’étais mal à l’aise, il était là à me dire qu’à une époque il m’aurait bien mordu et bla bla je te taquine, bla bla si tu veux en parler aaah il m’énerve pourquoi il fait ça ? » Son regard désespéré avait trouvé celui de CeCe qui avait poursuivi. « Et pourquoi c’est le fait qu’il te parle de son ex copain qui t’a mis mal à l’aise Diego ? Quand une personne normalement constituée aurait certainement été plus gênée par le fait qu’il te drague alors que c’est le fiancé de ta pote… » C’était la scène dans son entiéreté qui l’avait mis mal à l’aise, parce que depuis Mateo, Diego n’avait plus jamais ressenti cette attirance et face à Ruben, il se sentait capable d’admettre qu’il trouvait du charme à un homme. Mais ces pensées-là, il les garderait pour lui, car la simple idée d’y penser lui donner l’impression de trahir Nina. « Et je sais pas, genre il m’a balancé ça comme si c’était logique qu’il ait eu un mec avant sa fiancée ? » Ca l’aurait été pour lui plus facilement s’il ne se torturait pas l’esprit avec cette éventualité depuis tout ce temps. « Pas tenté par un plan à trois du coup j’imagine ? Peut-être que Nina serait partante, sait-on jamais. » S’il en avait eu un à portée de main, Diego lui aurait balancé un coussin à la figure. « T’es consciente que Nina est l’une de mes plus proches amies, hin ? » Il préférait demander, le sourcil arqué en option pour bien souligner la façon dont elle dépassait les bornes, une habitude chez la blonde. Devant sa moue boudeuse, il avait ajouté. « Oui, après toi, CeCe. » Ses yeux s’étaient levés au ciel mais ce moment lui avait décroché un rire. « Et même si je sens pas son mec du tout, je ferais rien avec sa meuf, finies les conneries. » Et il ne piquerait pas non plus son futur mari à Nina, cela allait sans dire et il ne s’était pas donné la peine de le préciser. Il était resté silencieux après cela, la discussion ayant totalement dépassé le propos qu’il voulait initialement tenir et qu’il avait finalement ajouté. « Comme je lui ai dit, je mange pas de ce pain là. C’était une fois, c’était une erreur, basta. Et lui est pas au courant alors je comprends pas son petit manège. » Les grimaces se succédaient en songeant à Hartfield et, au fond de lui, il avait encore plus envie de se prouver à lui-même qu’il croyait en ses affirmations.  « Je te montre ? » avait-il ajouté dans un rire qui s’était terminé par eux deux, se fixant, les yeux écarquillés. Venait-il de prononcer tout haut ce qu’il pensait tout bas ?

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C’était probablement une qualité que de tout tourner à la dérision ou de ne rien dramatiser comme le faisait CeCe et pourtant, Diego était incapable de s’approprier rien qu’une infime partie de la personnalité de son amie. Une personnalité qui lui était propre, qui faisait d’elle qui elle était mais qui verrait le monde brûler dans le chaos si elle était celle de tous.  « Donc j’imagine que tu ne voulais pas en parler ? C’est con, je suis sûre que la discussion aurait été super intéressante. Surtout s’il était question de te mordre ? C’est vrai que tu as un visage à croquer Gouttière. » Bien sûr que la situation l’amusait, si elle avait été à sa place, elle aurait probablement sauté sur l’occasion sans penser un seul instant aux conséquences. Une spontanéité qui faisait défaut au mexicain et qui l’aurait sûrement sauvé de ce moment étrangement gênant qu’il était persuadé avait donné de fausses idées à Ruben. Mais, justement, étaient-elles fausses ? C’était là tout le sujet du questionnement du médecin qui formulait presque le fond de ses pensées tout haut sans réellement penser à qui il avait en face de lui. Il fulminait rien qu’en se remémorant le moment mais les doigts de la blonde venant attraper son visage l'avaient énervé encore un peu plus et il avait attrapé sa main pour l’en enlever. « Tu connais pas Hartfield, faut surtout pas rentrer dans son jeu. » Il tentait d’être sérieux, reprenant la discussion et expliquant son désarroi quant à la décontraction de Ruben concernant son passé. « Mh. Probablement une technique de drague comme une autre pour tâter le terrain et attirer ton attention. Ou alors une simple envie de te provoquer, parce que c’est assez facile de le faire. Il me faudrait plus d’éléments de contexte pour juger. » Son sourcil s’était arqué à l’évocation d’une possible tentative de drague, son égo flatté durant une fraction de seconde avant qu’il ne se reprenne et balaye ensuite la proposition indécente de Cecilia. « Ca aurait pu être fun et divertissant, mais je comprends ton point de vue. J’ai pas le même. Mais je le comprends. » Il avait secoué la tête en laissant s’échapper un rire avant de se tourner vers elle : vivre par procuration n’avait rien de fun et divertissant de son point de vue. « Tu dis ça comme si tu t’imaginais participer. » avait-il lancé sur un ton accusateur alors qu’au fond de lui, Diego menait petit à petit la discussion vers la requête qu’il mourrait d’envie de prononcer tout haut alors même que simplement l’imaginer le mettait mal à l’aise. Tout comme l’idée que Ruben ait pu deviner une erreur de son passé et la transformer en une caractéristique de Diego. Comment aurait-il pu prendre conscience de quelque chose que le mexicain réfutait avec tant d’acharnement ? Le combat interne qu’il menait devenait bien trop intense et il avait coupé court à tout cela en lançant la fameuse proposition. Comme ça. Sans détour. Et il avait été le premier étonné de constater qu’il se torturait tellement l’esprit que demander à CeCe de coucher avec elle ait pu apparaître aussi simple. « Me montrer quoi ? Que tu ne manges pas de ce pain là ? » Il avait haussé les épaules comme si la demande était la plus banale du monde et, évidemment, plutôt que de reculer ou de ressentir ce même malaise que lui avait ressenti face à Ruben, CeCe s’était approchée de lui. « Des années d’amitié et il t’aura fallu un mec qui te drague pour enfin t’intéresser à moi ? C’est vrai que je le vaux bien, mais je méritais aussi que tu t’en rendes compte par toi-même et sans l’aide de personne. Quelle déception. » Ils étaient bien trop proches maintenant pour ne pas chuchoter et créer une tension qu’ils n’auraient absolument jamais dû vivre. « J’ai pas attendu ça pour te trouver canon, mais si je couchais avec tous les canons que je connais il me resterait pas beaucoup d’amies. » Oh il ne réussirait pas à tromper Cecilia avec sa tentative de paraître sûr de lui alors que déjà son coeur s’accélérait de se savoir aussi proche de ses lèvres. « J’ai juste peur que tu tombes amoureuse si je te prouve quoique ce soit. » avait-il terminé en posant les lèvres sur les siennes après un regard entendu entre eux, dans un geste peu assuré qui faisait suite à ce flirt inattendu entre eux. Il avait quitté la bouche de CeCe avant de la fixer dans les yeux. « Ok, c’était bizarre, non ? » avait-il demandé en grimaçant, déjà prêt à renoncer à sa propre idée. Le geste avait été bizarre parce qu’il s’agissait d’une amie qui comptait pour lui, pourtant, il ne pouvait nier l’effet que cela avait eu sur lui. Un bon début, malgré tout.

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Les raisons de ce qui était en train de se tramer dans son esprit étaient nombreuses : le comportement de Ruben, les retrouvailles avec Mateo, cet ennui mortel dans lequel ils étaient plongés et l’idée de devoir aller affronter des petites filles ayant les mêmes traits que Maria et la même maladie. Diego était devenu extrêmement doué pour remplacer un problème par un autre sans jamais essayer d’en résoudre rien qu’un seul, et maintenant qu’il essayait de lever le voile sur l’un d’entre eux, il s’y prenait de la pire des façons. Mais il savait au fond de lui que la personnalité de Cecilia ne rechignerait pas à ajouter ce semblant de piment dans leur amitié, encore moins si cela aidait son ami à démêler les nœuds qu’il se faisait au cerveau. « Argument somme toute très logique et convaincant, je te l’accorde. » Sa première réaction aurait été étonnante si elle ne venait pas d’elle parce que, bien sûr, CeCe ne pensait qu’au fait qu’il n'avait jamais franchi cette barrière avant. Comme si le problème ne se situait que là. «  Que tu… » Il ne lui avait pas laissé le temps de finir parce que son jeu préféré qui consistait à toujours obtenir le dernier mot n’avait pas sa place dans le plan sordide qu’il avait élaboré dans sa tête. C’était déroutant, de goûter aux lèvres de quelqu’un avec qui aucune ombre d'ambiguïté n’existait, mais c’en était d’autant plus excitant. Ils étaient deux adultes consentants et à en juger par leurs deux caractères opposés, le plus grand risque qui résidait dans le fait de tomber amoureux avait été balayé depuis bien longtemps. Alors il ne leur restait plus qu’à tenter d’agir comme si tout cela était parfaitement normal et à en juger par le regard de Cecilia après ce baiser, l’exercice allait être difficile. « Ok alors déjà je te permets pas de traiter mes baisers de bizarres. » La nervosité et l’intensité du moment associées à la remarque de la blonde l’avaient obligé à rire.  « Et ensuite…qu’est-ce que tu viens de nous faire Diego ? » Il avait haussé les épaules, comme s’il assumait pleinement ses agissements. « Est-ce que tu viens de te servir de moi comme cobaye ? Tu essayes de te prouver quoi exactement ? » Il avait haussé les épaules, l’embrasser l’avait empêché de réfléchir et peut-être qu’il espérait maintenant qu’aller plus loin ferait plus que lui prouver qu’il n’aimait que les femmes : il l’aiderait à arrêter totalement ses pensées. « Je te l’ai déjà dit, ce que j’essayais de prouver. Ca fait longtemps que … bref je vais pas te faire un dessin, mais j’en ai marre de me perdre. » De se perdre dans son propre discours et dans ses contradictions, mais il était bien plus aisé d’accuser une période d’abstinence bien trop longue à laquelle il voulait mettre fin pour clarifier ses doutes. « Non pas que je sois contre l’idée. Mais préviens si tu veux que ce soit à la hauteur de tes espérances. » Et c’était elle, cette fois-ci, qui l’avait empêché de parler davantage en venant l’embrasser - réellement - avec la main sur la nuque et toutes ces bêtises de films romantiques. « C’est déjà à la hauteur de mes espérances. » Ses mains sur ses cuisses puis ce baiser langoureux, Diego envoyait maintenant des signes qui n’avaient plus rien d’amicaux. « Et on est amis, on peut se rendre service, non ? » Chasser l’ennui, chasser les doutes et assouvir ce désir qui avait maintenant remplacé sa volonté principale. « Parce que tu vois, là, je pense plus du tout à mes problèmes. » avait-il annoncé avec un sourire se voulant un peu plus charmeur qu’à l’accoutumée. Il avait gentiment poussé son épaule jusqu’à ce qu’elle se retrouve sur le dos et avait placé ses mains de chaque côté de son corps et c’était bel et bien la seule chose à laquelle il pensait maintenant. Game on.

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Quitte à avoir le sentiment de ne plus rien contrôler, Diego préférait user et abuser de ce moment de flottement dans sa vie pour s’autoriser à peu près tout, sauf de ressentir vraiment. CeCe était divinement séduisante, il ne l’avait jamais nié, s’étant simplement contenté de respecter leur amitié sans que jamais aucune arrière pensée ne le gagne. Aujourd’hui, c’était différent, parce qu’elle était la seule pouvant lui permettre de répondre à une question qui n’avait de cesse de le tirailler depuis quelques jours.  « Mhmh. C’est important de se rendre service entre amis, t’as raison. » Le sourire satisfait qui s’affichait sur le visage de Diego participait à lui donner l’impression d’être redevenu lui-même. La version de lui qu’il avait eu tendance à oublier avec les derniers événements, son assurance s’étant envolée à la seconde où il s’était de nouveau retrouvé face à Mateo. Il avait été désarçonné quelques instants de la voir répondre à sa demande sans ciller, et finalement, leurs baisers étaient devenus plus langoureux, et leurs mouvements s’étaient accordés jusqu’à arriver à leurs fins. « Et dire que ça a commencé avec une discussion au sujet d’un abonnement à la salle de sport. C’est ça qui t’a inspiré ? » Il savait que Cecilia ferait tout sauf se taire après les faits, loin d’être le genre de personne à regretter ses actes parce qu’elle n’agissait qu’en fonction de ses envies. « C’est toi qui m’a inspiré, beauté. » Oh qu’il adorait l’énerver, et ce moment était si mal choisi que cela rendait le tout encore plus amusant à ses yeux. Elle avait accueilli sa remarque de coup d’un soir de pacotille avec un haussement de sourcils avant de reprendre.

« Alors verdict ? »
« T’es sérieuse ? Tu veux qu’on débriefe ? »

Plaçant son bras sous sa nuque afin de surélever sa tête et pouvoir la regarder en face, Diego avait poursuivi. « Déjà sache que y’a probablement que toi pour être aussi détendue après avoir couché avec un ami. » Elle était là, face à lui, dévoilant encore bien trop de peau pour que Diego ait les idées claires et son sourire ne cessait pas. Il faisait presque peur, s’il devait être sincère, et il y avait fort à parier qu’elle attendait un réel argumentaire détaillé de ce qu’il venait de se passer et de son ressenti. « Arrête de me fixer, on a adoré tous les deux, c’est évident. » Personne n’avait coupé court à la scène qui s’était déroulée sous les draps, et ils avaient même pris un malin plaisir à la faire durer. Mais il préférait parler pour eux deux, plutôt que pour lui seul, parce qu’il était loin d’assumer autant que CeCe ce qu’il venait de se passer. Le front plissé de la blonde avait fini par l’interpeller, et s’il n’était pas étonné de la voir demander son avis sur ses performances, sa question était finalement peut-être un peu moins égocentrique qu’il ne l’imaginait, un peu plus profonde même. « Tu veux que je te dise quoi de plus ? Que j’aime les femmes et que ça vient d’être prouvé ? » Diego était presque fier de lui, mais la portée de la discussion le renvoyait inévitablement à Mateo, son visage apparaissant brièvement dans ses pensées à un moment plus que mal venu. Venant passer sa main sur son visage, il aurait voulu se lever et mettre un terme à ce moment là mais il en était bien incapable. « Tu m’as jamais dit ce que tu lui avais raconté, au mariage. Tu sais quand je t’avais demandé d’être discrète. » avait-il finalement demandé, la question surgissant après qu’il ait laissé ses pensées divaguer un peu trop longtemps. Il était la raison de tout cela, et elle répondrait si elle entrevoyait l’espoir que Diego se confie un peu plus.

« T’es sérieuse ? Tu veux qu’on débriefe ? » Je hochais vivement la tête tout en lui lançant un regard qui signifiait clairement "Duh ? Evidemment que je veux débriefer." et qu’il me complimente et admette objectivement quelle incroyable partenaire je faisais avant d’ajouter que c’était la meilleure partie de jambes en l’air de sa vie. « Déjà sache que y’a probablement que toi pour être aussi détendue après avoir couché avec un ami. » J’affichais un sourire satisfait avant de rétorquer : « Je vois pas le mal à ça. On est des adultes et y a pas de mal à se faire du bien, ou une connerie dans ce genre non ? » C’était l’avantage de notre relation : on avait beau avoir dérapé, j’étais persuadée que cela ne changerait en rien notre attitude l’un envers l’autre. Enfin peut-être que Diego se sentirait frustré par la suite de ne pas avoir mon corps à portée de main H24 mais il allait devoir apprendre à vivre avec ça. « Arrête de me fixer, on a adoré tous les deux, c’est évident. » Mon sourire s’étira un peu plus encore et je daignais admettre : « Oui on est d’accord. Pourquoi on n’a pas pensé à faire ça plus tôt dis-moi ? » Une question qui méritait d’être posée finalement. Mais ça n’était pas la seule qui méritait d’être posée : « Tu veux que je te dise quoi de plus ? Que j’aime les femmes et que ça vient d’être prouvé ? » J’approchais mon index de son nez tout en le secouant de gauche à droite avec un air désapprobateur : « Non non. Je ne suis pas "les femmes" Gouttière, je suis bien mieux que ça. » Oui bon. Mon estime de moi était assez élevée mais pas suffisamment pour que je me considère comme la reine du sexe, supérieure à toutes les femmes ayant foulé cette terre. Pour une fois, l’humour était palpable. « Oui oui ok. T’aimes les femmes. Mais ça prouve pas que c’est la seule chose que tu aimes, t’es au courant ? » Je n’y allais pas par quatre chemin et je m’attendais à tout moment à être jetée  en travers du lit, engueulée puis mise à la porte sans cérémonie à cause de ce genre de réflexions. « Tu m’as jamais dit ce que tu lui avais raconté, au mariage. Tu sais quand je t’avais demandé d’être discrète. » Mes sourcils se froncèrent l’espace d’une demi-seconde mais je ne mis pas bien longtemps à comprendre à qui il faisait référence. En revanche je ne me pus retenir un sourire satisfait en constatant que la transition "j’aime les femmes" et "Mateo" s’était faite seule dans sa tête. « De qui tu parles ? » lançais-je avec un air faussement innocent, me rapprochant un peu plus encore du moment où il finirait par me mettre dehors. Mais comme la conversation m’intéressait, je daignais répondre à la question assez rapidement malgré tout : « Tes instructions étaient pas claires. J’étais pas au courant que tu allais lui dire qu’on sortait ensemble. Pourquoi tu lui as fait croire ça ? » Ca ne répondait pas à sa question, et étant donné que la future réponse n’allait de toutes façons pas lui plaire, je préférais récolter les informations qui m’intéressaient tant que je le pouvais encore. A quel moment avait-il jugé nécessaire de me faire passer pour sa copine auprès de Mateo ? Pourquoi ?

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Ils auraient pu se lever, se rhabiller, se râcler la gorge et pincer les lèvres pour s’adresser un sourire gêné avant de reprendre leurs occupations chacun de leur côté. Mais il s’agissait de Cecilia Barker et avec elle, rien ne se passait jamais vraiment comme la logique le voulait et c’était presque rassurant, surtout pour quelqu’un comme Diego qui avait tous les maux du monde à relâcher un peu la pression… Mais elle venait de l’être de manière radicale. « Je vois pas le mal à ça. On est des adultes et y a pas de mal à se faire du bien, ou une connerie dans ce genre non ? » Il avait levé les mains pour les placer de chaque côté de son torse : elle marquait un point. « Oui on est d’accord. Pourquoi on n’a pas pensé à faire ça plus tôt dis-moi ? » « Je te vois venir, je vais pas devenir ton sex friend ou une connerie du genre, j’ai besoin que tu gardes les idées claires quand on se voit. » Ce n’était de toute façon pas la question qui lui brûlait réellement les lèvres et pour cause, il avait clairement indiqué les raisons qui l’avaient mené à s’accorder un tel moment avec elle. Se prouver quelque chose, trouver des réponses à une question qui n’en possédait pas. « Non non. Je ne suis pas "les femmes" Gouttière, je suis bien mieux que ça. » Diego n’avait pas pu retenir un rire, cette confiance en elle ne la quittait jamais, peu importe les circonstances, et c’était assez fascinant à observer. « Oui oui ok. T’aimes les femmes. Mais ça prouve pas que c’est la seule chose que tu aimes, t’es au courant ? » Il avait placé ses paumes sur son visage en laissant s’échapper un cri qu’il aurait voulu inaudible. Foutu Mateo. « De qui tu parles ? » N’avait-elle pas entendu ses pensées ? La façon dont il avait bougé son visage avec un soupir trahissait l’évidence, le fait qu’elle poursuive sans qu’il ne la précise la confirmait. « Tes instructions étaient pas claires. J’étais pas au courant que tu allais lui dire qu’on sortait ensemble. Pourquoi tu lui as fait croire ça ? » Parce qu’il était un lâche, ils étaient deux à le savoir, probablement trois si Cecilia avait réellement manqué de discrétion et c’était exactement ce qu’il essayait de comprendre. « Je lui ai pas dit, c’est lui qui l’a pensé et je l’ai laissé le croire. » Il avait haussé les épaules, comme si tout ce petit jeu était logique. « Je lui ai même pas dit qui j’étais. Il a oublié qu’on s’était déjà vus, qu’on s’était embrassés alors que moi j’arrête pas d’y penser. Je le déteste ce cabrón. » Sa main jouait nerveusement avec les coussins du lit qu’il n’avait pas quitté et si son énervement aurait pu l’éloigner de ses questionnements initiaux, il s’était rapidement ressaisi. « Attends, t’as joué le jeu, hin, CeCe ? » Il s’était redressé pour la fixer, les sourcils froncés, maintenant inquiet de savoir si elle avait confié à Mateo des informations compromettantes à son sujet.

« Je te vois venir, je vais pas devenir ton sex friend ou une connerie du genre, j’ai besoin que tu gardes les idées claires quand on se voit. » « Dis donc ça va les chevilles ? Tu t’accordes beaucoup de crédit je trouve… » Qu’il ne se mette pas en tête que je n’allais soudainement plus pouvoir me passer de ce genre de moments avec lui, même si je devais lui reconnaître que : « …mérité le crédit certes. Mais c’est pas la question. » De toutes façons, j’étais bien capable de lui donner mon avis de façon honnête et sans y mettre les formes (évidemment) en toute circonstance. Même, par exemple, quand il me laissait boire une bouteille de vin entière à moi seule parce que soit disant il ne buvait pas d’alcool (rabat-joie)…Surtout quand il me laissait boire une bouteille de vin entière à moi seule finalement. Peut-être était-ce ce qui me manquait à ce moment précis pour essayer de lui faire dire ce qu’il ne voulait pas admettre.
Je ne pus retenir un sourire en le voyant étouffer un cri dans ses mains. Ha. L’amour. Oui bon d’accord peut-être pas (encore) l’amour mais a minima la très très très (très très) forte attirance. « Je lui ai pas dit, c’est lui qui l’a pensé et je l’ai laissé le croire. » Mensonge par omission donc. C’était du pareil au même. « Je lui ai même pas dit qui j’étais. Il a oublié qu’on s’était déjà vus, qu’on s’était embrassés alors que moi j’arrête pas d’y penser. Je le déteste ce cabrón. » A deux doigts de lâcher un hijo de puta pour frimer avec les seuls mots d’espagnol que je connaissais. Mais au lieu de ça j’eus l’air sincèrement surprise que quelqu’un puisse oublier l’avoir embrassé. Oui je me jetais régulièrement des fleurs, mais je ne trainais pas non plus avec n’importe qui et Diego méritait lui aussi ses propres fleurs. « Sérieusement ? T’es sûr que c’était pas du bluff ? Parce que selon moi il était loin d’être insensible à l’information ô combien ridicule selon laquelle toi et moi étions en couple. » Non pas que l’information soit restée véridique très longtemps de toutes façons hein. Oups. « Attends, t’as joué le jeu, hin, CeCe ? » Hihi. Il avait soudain l’air de prendre cette question très au sérieux. Je jetais un rapide coup d’œil en direction de la porte pour déterminer combien de secondes il me faudrait pour attraper mes vêtements et partir en courant pour éviter de répondre à cette question. Je soupirais et abandonnais cette idée bien vite. Trop de cardio. Que je n’avais pas. Puisque Diego ne voulait pas me payer mon abonnement à la salle de sport. « Non je pense que la surprise qu’il a constatée sur mon visage en me disant qu’on faisait un joli couple a pas trop joué le jeu. » Encore une fois, il n’avait qu’à me donner des instructions plus précises et me prévenir AVANT. « Mais ça l’a pas empêché de me parler beaucoup de toi. » Un peu trop pour quelqu’un de parfaitement désintéressé.