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"Je vais avoir besoin du compte-rendu de la réunion le plus vite possible." Elle se laissa couper par le soupir profond de Kennedy, son assistant. Chaque fois qu’il se trouvait dans la même pièce qu’elle, il donnait l’impression de vivre le pire calvaire de son existence, ses yeux se révulsant presque quand elle ouvrait la bouche pour s’adresser à lui "Merci, Kennedy." lui fit-elle dans le même temps, insistant gentiment pour qu’il comprenne que sa requête était un ordre, quand bien même il était prononcé sur le ton poli et bienveillant qui était le sien. Il faisait très certainement des efforts, lui qui était connu pour être proche de Saül à l’époque de son règne de terreur, mais ce n’était pas assez pour qu’Evelyn se sente parfaitement en confiance avec lui. Pour autant, elle préférait ne rien faire du ressenti qui était le sien depuis sa prise de fonctions, se référant davantage au travail plutôt qu’à son instinct. Le premier l’avait fait se rendre ici, à l’Emerald Hotel, où une réunion importante avait lieu pour remettre les choses dans le contexte de la nouvelle direction de la MHI, et se présenter aux fournisseurs qui, pour la plupart, étaient des hommes d’un certain âge qui avaient trouvé leur salut dans les méthodes de négociations douteuses de leur ancien collaborateur. Avec Evie, le changement était presque trop radical pour plaire, mais ça ne lui faisait pas peur, encore moins les regards et commentaires un tantinet moqueurs qu’elle avait reçu tout au long de la réunion qui venait de se terminer — enfin, osa-t-elle penser, ajoutant à l’intention de son assistant "Une fois que tu auras fait ce que je t’ai demandé, tu pourras prendre le reste de ta journée si tu le souhaites. Profite du beau temps, ça te fera le plus grand bien." l’encouragea-t-elle en le voyant quitter la pièce avant elle pour rejoindre une annexe qui lui servait de bureau éphémère, et ce sans qu’il ne daigne véritablement lui accorder le moindre regard. Elle ne s’en formalisa pas, elle attendit simplement qu’il referme la porte de la salle de conférence mise à disposition de la MHI durant le reste de la journée, et se réinstalla dans son siège en laissant enfin filer une respiration salutaire pour ses nerfs mis à rude épreuve.

Elle eut à peine le temps d’en profiter "Evelyn Pearson, je présume ?" Une  petite femme replète était rentrée dans la salle de conférence une longue seconde à peine après Kennedy "Vous présumez bien, je peux vous aider ?" enchaîna la jeune femme sans craindre rien d’autre que de ne pas réussir à remettre cette nouvelle arrivante qui la regardait de là où elle était. Ce qui alarma Evie en premier, ce fût la posture d’attaque qu’elle avait prise ; les bras et jambes écartés, elle donnait presque l’air de vouloir lui bondir dessus, remettant en route des mauvais souvenirs chez Evelyn qui, aussitôt, empoigna son téléphone portable pour porter ses doigts au bouton d’urgence de ce dernier, ayant appris les gestes qui pourraient la sauver si, à nouveau, elle venait à se faire agresser ; ce qui l’alarma davantage ensuite, ce fût le ton qu’elle employa pour s’adresser de nouveau à elle "Moi non. Mais les quelques victimes de l’homme abject dont vous avez pris la place, certainement que oui." Oh "Écoutez, vous devriez vous asseoir." Evelyn se leva très doucement de son siège, son téléphone toujours tenu dans sa main, l’autre se levant en direction de la femme qui continua son laïus sans prétendre en avoir quelque chose à faire de ce qu’elle voyait briller dans les yeux de celle qu’elle alpaguait avec agressivité "Pour quoi faire ? Pour que vous me bassiniez avec des clichés à propos des points qui vous différencient ? Vous avez lu l’article à son sujet, je suis même sûre que vous en savez plus que la moyenne à propos de tout ce qu’il a fait, et vous n’avez pas honte ?" On l’avait prévenue Evelyn, qu’elle serait susceptible de rencontrer ce genre d’individus vindicatifs en reprenant la tête de la MHI, mais elle avait vu les choses du bon côté en comptant sur sa bonne nature pour les éviter. Jusqu’alors, ça avait bien fonctionné, mais le manque de prudence amenait les intrusions de ce type, et elle s’en voulait atrocement à ce moment-là d’avoir congédié Avery il y avait quelques semaines de ça en prétendant que ce n’était plus utile, qu’il pouvait à nouveau se consacrer à La Fondation sans plus jamais se soucier de sa sécurité "Je vous en prie, on peut discuter de tout ça tranquillement si c’est ce que vous voulez." s’entendit-elle dire, presque suppliante, ses doigts crispés autour de son téléphone, et ses yeux cherchant une solution autour d’elle, plus efficace, pour calmer les ardeurs de la femme qui, de l’autre côté de la longue table de conférence, commençait à s’approcher d’elle.

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Fermant les yeux, Malone posa l’arrière de sa tête sur le haut du dossier de sa chaise. Il avait l’impression que les minutes et les heures s’étaient liguées contre lui pour faire en sorte qu’il ressente autant que possible le temps s’écouler, ce dernier faisant en sorte à son tour d’être le plus lent possible dans l’exercice de ses fonctions. Ce n’était que le premier jour de travail de sa semaine, et pourtant il avait l’impression de l’avoir passée assis dans ce fauteuil, derrière un écran, à arpenter les couloirs… Il fallait qu’il se lève sinon il allait finir par s’endormir ici. Se redressant vivement, il fut sur pieds en moins de temps qu’il ne lui en fallut pour s’en rendre compte. « Je vais faire un tour. » - « Encore ? » - « Ferme là c’est pas toi le patron. » Pas qu’il ne s’entendait pas avec ses collègues, mais disons qu’il n’était pas spécialement friand de ces derniers donc il ne faisait pas tant d’efforts que cela.

Le silence qui régnait dans le hall d’accueil de l’hôtel était inhabituel et en rien rassurant; il donna même un long frisson le long de la colonne de Malone. Il n’avait jamais particulièrement apprécié l’endroit - aussi peu que ses collègues, à dire vrai -, mais il avait appris à le connaitre avec le temps et une chose était sure: le hall n’était que rarement aussi vide et aussi silencieux. Le seul avantage qu’il réussit à tirer de ce dernier, ce fut le bruit des pas précipités qui s’éloignaient de l’endroit où lui se tenait, en direction de ce qui lui semblait être le couloir des salles de réception. Malone fronça quelque peu les sourcils: ce n’était pas là un bruit habituel, les employés ne se comportant pas de cette façon ou n’ayant pas de chaussures faisant autant de bruits. C’était donc un client qui se baladait à cette vitesse, et la précipitation dans le bruit des talons n’était pas forcément quelque chose de plaisant à l’oreille; alors, peut-être guidé par son instinct ou par manque cruel d’action et d’occupation ces dernières heures, avec un temps de retard sur la personne qui provoquait ce bruit, Malone suivit le chemin tout tracé dans son esprit.

« Je vous en prie, on peut discuter de tout ça tranquillement si c’est ce que vous voulez. » Contrairement à ce qui aurait pu être le cas, il ne reconnut pas de suite la voix à qui appartenaient ces paroles prononcées de l’autre côté de la porte derrière laquelle il se tenait, s’étant arrêté lorsque du bruit avait été perceptible depuis le couloir. En revanche, ce qu’il reconnut sans effort ce fut le sentiment d’urgence que portait cette dernière - assez pour qu’il ne perde pas un instant supplémentaire pour tirer à son tour sur la poignée de la porte et pour pénétrer dans la salle de réunion. Son regard se posa aussitôt sur les deux silhouettes présentes ici, et il se sentit idiot de ne pas avoir reconnu la voix qu’il avait entendu plus tôt, car ce fut sur un visage familier que se posa ses prunelles. Davantage, ses sourcils se froncèrent sur son visage, alors que ses yeux naviguaient de l’une à l’autre des deux femmes présentes devant lui. « Y’a un problème ici ? » Il avait sa voix de professionnel, allant parfaitement de paire avec le badge qu’il portait sur sa poitrine et qui indiquait qu’il faisait partie de l’équipe de surveillance de l’endroit. Un instant plus tard, son regard s’arrêtait sur Evie. « J’ai entendu ta voix depuis le couloir quand je suis passé devant… » Et le sentiment d’urgence provenait de cette dernière, ce qui insufflait en silence que ce n’était pas elle l’élément perturbateur de cette situation; instinctivement, Malone avança de quelques pas à l’intérieur de la pièce pour tenter subtilement d’aller se positionner entre l’inconnue et la brune qui ne l’était plus après leurs rencontres conjuguées au pluriel. « Je peux t’aider à quelque-chose ? »

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L’expérience la faisait surréagir sur le moment. Le traumatisme, plus précisément. Aussi, l’envie de se sortir de cette situation la faisait se précipiter vers des conclusions hâtives qu’elle n’aurait jamais caressé d’ordinaire, beaucoup trop délicate pour ça "C’est de l’argent que vous voulez ?" Sans doute pas, elle n’avait pas besoin de se concentrer sur l’expression d’aigreur qui voilait le visage de la jeune femme qui s’était introduite ici. Mais qu’était-elle supposée faire, Evie ? Elle regretta d’avoir congédié Avery il y avait quelques semaines de ça, elle regrettait que Kennedy ne soit pas là, encore qu’il n’aurait pas trouvé grand-chose à faire de plus, aussi frêle qu’il semblait lâche, et plus profondément encore, elle regretta de ne jamais avoir pris le temps de se former pour gérer ce genre de situations. Elle avait appris sur le tard, une fois qu’elle était au sol à espérer que la personne qui frappait ne le ferait pas trop fort. D’un coup, elle sentit un étau lui enserrer la poitrine, et le souvenir de ses deux agressions consécutives creusèrent leur chemin jusqu’à ses craintes pendant qu’en face d’elle, la jeune femme reprenait en riant avec goguenardise "C’est toujours la même chose avec les gens comme vous. Vous pensez que, parce que vous êtes obsédés par le fric, c’est le cas de la totalité de la population mondiale. Mais je vous parle pas d’argent ici, je vous parle d’amour propre." Elle avait eu à faire à un déséquilibré à l’époque, mais de là à pouvoir prétendre les reconnaître aujourd’hui, elle ne s’attribuerait pas des talents qu’elle n’avait pas. Elle semblait sensée cette jeune femme, même s’il brillait dans ses yeux quelque chose d’inquiétant qui fit battre rapidement le coeur d’Evie. Elle le sentait cogner fort contre sa paume posée sur sa poitrine, mais elle ne baissa pas les yeux, confrontée au discours de son interlocutrice. Elle fit un pas de recul lorsqu’elle la vit approcher, puis elle s’éloigna de la table en l’entendant ajouter, le ton aussi cryptique que si elle était en train de la maudire sur plusieurs générations "Il se porte comment Evelyn, votre amour propre ? Comment vous faites pour vous regarder dans le miroir en sachant que la personne dont vous avez pris la place était un monstre ? Vous n’avez pas peur de le devenir ?" Elle y avait pensé Evie, cette femme ne pouvait pas l’accuser de ne pas avoir peser le pour et le contre de sa décision de reprendre le poste de Saül et de vivre avec la menace de son ombre au-dessus d’elle. Elle ne la connaissait pas, et elle la trouvait injuste de sauter aux conclusions à son tour.

Elle voulut se défendre, elle voulut le faire avec la douceur qui était la sienne, mais sans amoindrir la volonté qu’elle voulait mettre dans ses affirmations, seulement la porte de la salle de réunion s’ouvrit, et ses yeux rencontrèrent ceux de Malone "Ah, la cavalerie arrive." que laissa filer la jeune femme qui accorda à Malone un regard de bas en haut. Qu’était-elle supposée répondre au jeune homme, est-ce qu’avouer tout haut qu’elle était dans une situation délicate, ça n’aurait pas l’effet d’une goutte de sang sur la jeune femme et ne la forcerait pas à agir comme elle l’entendait en lui sautant dessus ? D’un mouvement de tête, elle tacha de faire comprendre à Malone que ça ne servait à rien de s’énerver pendant, qu’avec un petit sourire de convenance fendant son expression, elle décidait de lui dire "On ne fait que discuter." "Si polie et bienveillante, ça m’étonne pas au fond que leur choix se soit porté sur vous, ça attirera les naïfs à la mémoire courte." Evelyn fit glisser son regard de Malone à la jeune femme, cette dernière n’étant guère impressionnée par la présence de quelqu’un d’autre, et s’approchant de quelques pas supplémentaires en direction d’Evie. D’un geste défensif, elle se recula encore, la main posée sur sa poitrine se dressant devant elle pour retenir quoi que ce soit qu’elle prévoyait de lui faire ; elle entendit sa voix partir dans les aiguës quand, précipitamment, elle dit à Malone "Je crois que tu devrais l’escorter jusqu’à la sortie." S’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît — ça, elle ne le dit pas à voix haute, mais la manière qu’elle avait de rentrer la tête dans ses épaules et de la détourner démontrait qu’à défaut de savoir à quoi s’attendre vraiment, elle anticipait le pire.

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« Ah, la cavalerie arrive. » La cavalerie en question n’avait absolument aucune idée dans quoi elle mettait les pieds, et cela se voyait dans le regard de Malone qui naviguait d’une des deux femmes présentes à l’autre en tentant de comprendre ce qu’il se passait ici. Lui avait eu le nez peut-être un peu trop fin, c’était tout ce qu’il se passait ici - et accessoirement, il travaillait sur place et c’était son rôle de vérifier que tout se déroule pour le mieux entre ces murs. « On ne fait que discuter. » - « Si polie et bienveillante, ça m’étonne pas au fond que leur choix se soit porté sur vous, ça attirera les naïfs à la mémoire courte. » - « Et si on faisait en sorte de chacun rester dans son coin, hm ? » Il n’avait pas plus d’informations sur ce qui se passait dans ce bureau, mais il sentait bien qu’une tension était en train de s’ériger - chose surement non-nécessaire.

Ce qui dérangea surtout rapidement Malone, ce ne fut pas que le ton soit en train de monter mais bien que le comportement de la femme qu’il ne connaissait pas soit en rien sur la défensive mais plutôt tout le contraire; car l’instant d’après elle n’hésita pas à se mettre à avancer comme si elle avait l’intention d’en venir aux mains là où ce n’était même pas quelque-chose d’envisageable; autant parce-que ce n’était pas quelque-chose de toléré au sein de l’établissement que parce-qu’il n’était pas question que l’inconnue lève la main sur Evie. La brune avait d’ailleurs réagit avant même qu’il n’ait eu le temps d’ajouter le moindre geste ou la moindre parole, prenant l’initiative de reculer de quelques pas - et instinctivement il se décala légèrement pour se mettre le plus possible en travers du chemin entre les deux femmes. « Je crois que tu devrais l’escorter jusqu’à la sortie. » Elle qui montrait une assurance assez impressionnante en temps normale n’en était rien en ce moment, et il n’en fallut pas plus à Malone pour ne pas attendre un instant supplémentaire. « Je pense que ce serait sage oui. » Jetant un coup d’oeil à Evie, il indiqua d’un mouvement de la tête l’une des portes se trouvant sur le côté de la pièce. « Je te rejoins après. » - « Après quoi, monsieur, hein ? » - « Après vous avoir escortée jusque la sortie de l’hôtel madame, je vous laisse me suivre. » Sa main indiquait la porte par laquelle ils étaient tous les deux entrés, et le regard qu’il lui accordait ne laissait pas de place à la négociation. La femme face à lui avait l’air motivée, mais elle était clairement en position de faiblesse par rapport à Malone; si bien qu’elle tenta de s’avancer quelque peu vers lui mais il ne laissa aucune chance. « C’est terminé demi-tour maintenant. » Il la saisit par les épaules. « Lâchez moi vous avez pas le droit de me toucher ! » - « En tant qu’agent de sécurité ici j’ai le droit de faire tout ce qui me chante si ça me permet de garder les clients de l’hôtel en sécurité, alors maintenant c’est dehors. » - « Vous savez pas à qui vous avez à faire ! » - « Et vous non plus alors maintenant, dehors. »

Une fois la femme escortée à l’extérieur du bâtiment et ses collègues informés de ne pas la laisser rentrer de nouveau de si tôt, Malone fit le chemin inverse pour traverser de nouveau la salle de réunion et rejoindre le petit buteur attenant dans lequel il avait indiqué à Evie pouvoir se réfugier le temps qu’il s’occupait de remettre à sa place l’élément perturbateur. Il toqua doucement contre le bois de la porte avant d’entrer dans la pièce, pour ne pas lui faire la moindre peur. « Sacré caractère, hein. » Il tentait l’humour, petit sourire en coin de paire avec ses paroles, parce-qu’il n’avait pas envie de la mettre mal à l’aise. « Elle a pas eu le temps de te faire du mal au moins ? » Parce-que ce n’était pas la motivation qui semblait lui manquer, apparemment - il lui semblait être arrivé à temps, mais cela ne coutait rien de s’assurer que c’était effectivement le cas.

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Elle s’en voudrait plus tard d’avoir été incapable de désamorcer une situation comme celle-ci, elle s’en voudrait encore plus de s’être sentie aussi fragile face à quelque chose qui n’était critique que parce qu’elle se faisait tout un monde de ce qui aurait pu se passer, marquée par ce qu’elle avait vécu dans un passé pas si lointain. Mais les intentions de cette femme n’étaient pas claires, et elle paraissait déterminée. A partir de ce constat-là, c’était facile d’imaginer le pire, et c’est ce qu’Evelyn avait fait en suppliant presque Malone de se charger de l’escorter pour que rien ne devienne réalité. Elle n’assista à l’échange qu’il eut ensuite avec la jeune femme que d’une oreille, l’autre se mettant à tinter tant la peur l’avait transie de part en part, convaincue au fond que ce n’était qu’une question de temps avant que quelque chose de dramatique ne se passe. Elle revit des scènes désagréables de ses agressions consécutives, et se dit que finalement, elle n’avait pas appris de ses erreurs, et qu’elle ne demandait de l’aide que parce qu’on prenait son agresseur en flagrant délit. Heureusement, Malone se chargea de remettre les choses dans l’ordre, avec une fermeté dont elle ne pourrait que le remercier plus tard, quand elle aurait recouvré ses esprits, et que la pression serait redescendue au moins un peu. La tête toujours détournée de la scène qui se jouait dans la salle de réunion, elle préféra ne pas assister au départ de la jeune femme dont les propos continuaient à résonner dans les couloirs de l’hôtel, et relâcha sa respiration en prenant en décalée l’information que Malone avait laissé échapper en partant. Elle pouvait rejoindre le bureau attenant à la salle pour se reprendre si elle le désirait, et bien que sur le moment, elle fût incapable de bouger, elle finit par se résonner.

Il n’y avait rien de grave, elle avait échappé à quelque chose qui ne serait bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Pourtant, elle avait les jambes flageolantes, et le coeur douloureux de trop cogner dans sa poitrine. Elle harponna son téléphone portable sur la longue table de la salle de réunion, et rédigea un message à destination de Rhett pour lui demander de passer la prendre, sans pour autant l’affoler en lui parlant de tout ça, prétextant juste qu’elle avait envie de le voir plus tôt, et qu’elle ne pouvait pas attendre de devoir rentrer à la maison pour le serrer dans ses bras. Elle prit une profonde inspiration, se rendit compte que c’était un peu difficile d’expulser l’air sans que ça ne lui fasse mal, et se décida enfin à marcher jusqu’au bureau pour s’isoler et reprendre sur elle. Elle ne compta pas les minutes jusqu’à ce que quelqu’un ne vienne la retrouver, espéra un peu que Malone soit celui-là, et leva la tête vers sa voix quand enfin il arriva. Plus par réflexe qu’autre chose, elle rit à l’entame qu’il utilisa "Les femmes d’aujourd’hui ont la voix qui porte." Ça en dérangeait plus d’un d’ailleurs, mais inutile de se lancer dans des discours féministes qui n’avaient pas leur place ici. Elle s’encouragea mentalement à reprendre une inspiration, joignit ses genoux tandis qu’elle était assise dans un coin de la pièce, ses deux mains sagement nouées et posées dessus comme si elle cherchait à se faire la plus petite possible ; pour que personne ne soit tentée de la fustiger à nouveau, ou juste pour mieux reprendre sur elle, c’était difficile à dire sur l’instant. Gardant le silence une seconde de plus, elle releva la tête vers Malone à la question qu’il lui posa, et se trouva idiote de réagir comme ça. Elle le lui dit d’ailleurs, un autre rire s’échappant de sa gorge "Je me sens stupide, ça ne méritait pas de réagir comme je l’ai fait." Elle pinça les lèvres, essaya de trouver le courage de le regarder pour de bon, et une fois que ce fût fait, elle le rassura dans la foulée "Elle est restée à une distance de sécurité, elle n’a pas eu le temps de faire ce qu’elle avait décidé de faire." Si elle avait décidé de faire quoi que ce soit d’ailleurs, là encore, c’était difficile à dire. Elle secoua la tête "Je vais bien, j’ai juste eu peur." avoua-t-elle après un froncement de sourcils, ce dernier se lissant quand accordant son attention à Malone, elle ajouta "Très impressionnant de te voir dans l’exercice de tes fonctions, tu es tombé à pic." Une remarque qui était faite davantage pour détendre l’atmosphère qu’autre chose, tandis que dans la foulée, elle lui murmura avec reconnaissance "Merci."

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Au moins, les paroles de Malone eurent le don de tirer un faible rire à Evie - c’était toujours ça de pris, même si cela pouvait en faire douter plus d’un quand à la qualité de son humour. « Les femmes d’aujourd’hui ont la voix qui porte. » Il plissa le bout de son nez; pas que c’était quelque-chose de dérangeant, mais disons que dans le cas présent ce n’était pas pour les arranger puisque cela avait poussé l’inconnue à se sentir pousser des ailes et à se dire qu’elle pouvait tout se permettre dans un lieu public de la sorte. Faute à elle, heureusement pour le reste des personnes présentes, Malone ne se tenait pas loin et il avait pu arrêter la scène qui aurait pu tourner macabre avec une pointe d’énergie supplémentaire. « Je me sens stupide, ça ne méritait pas de réagir comme je l’ai fait. » Constantine fronça quelque peu les sourcils alors que le regard de la brune le fuyait encore un instant. Il ne comprenait pas pourquoi elle s’en voulait elle dans cette situation, alors que de ce qu'il avait vu, ce n’était pas elle dont le comportement était à remettre en cause. « Elle est restée à une distance de sécurité, elle n’a pas eu le temps de faire ce qu’elle avait décidé de faire. » - « C’est pas pour autant qu’elle donnait pas l’impression d’en avoir envie. » La virulence de son comportement et de ses propres - qu’il n’avait pas entendu distinctement, mais il n’y avait qu’à prendre en compte la façon dont ils avaient été prononcés pour comprendre que leur contenu se devait d’être du même acabit.

« Je vais bien, j’ai juste eu peur. » Il tenta d’esquisser un petit sourire qui se voulait rassurant. « C’est le principal alors. » Parce-que le but de toute cette situation, in fine, était que personne ne se retrouve blessé.

« Très impressionnant de te voir dans l’exercice de tes fonctions, tu es tombé à pic. » Bien sur que cette remarque tira un rire chez Malone - qu’il ne chercha pas à dissimuler, son regard prenant une brillance associé à cette réaction là. « Merci. » - « Pas de quoi. » Il la avait sincère mais se devait de rebondir sur cette partie là de son discours. « Comme tu le dis: c’est mon job d’intervenir dans ces situations là. » Surtout là où ils étaient présents, puisque c’était l’Emerald qui servait de scène de spectacle aujourd’hui et que c’était l’endroit où Malone se devait de se rendre plusieurs jours par semaine pour réussir à payer son loyer à la fin du mois. « Et surtout que je bosse là, alors j’ai pas de mérite. » Il haussa vaguement les épaules, enfonçant désormais ses mains dans les poches de sa veste où était écrit Sécurité en gros dans le haut de son dos. « T’as surtout eu de la chance que je passais par là à ce moment là. Parce-que c’est pas mon poste du jour, cette aile là de l’hôtel. » Cela lui arrivait d’être posté de ce côté là du bâtiment, mais aujourd’hui était purement et simplement un coup de chance: un besoin de se dégourdir les jambes et d’échapper à ses collègues qu’il pouvait de moins en moins voir en peinture - et qui risquaient de trop lui courir sur les nerfs assez prochainement s’ils continuaient tous à être aussi idiots. « Je devrais presque te remercier de donner un sens à ma journée de boulot. » Le petit sourire qu’il étira était rieur, parce-que c’était bien sur là dans le but de tirer un trait d’humour dans la conversation.

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Evidement que Malone ne serait qu’une chose avec elle, et c’était bienveillant. Elle n’en attendait pas moins de lui, ayant déjà été témoin de la capacité du jeune homme à se montrer aussi conciliant que juste dans sa façon de traiter ce qui lui tombait entre les mains, il avait un talent indéniable pour apaiser ceux qui l’entouraient, et retirait de toutes les situations une philosophie à laquelle il était judicieux de se référer. Se sentant stupide sur l’instant, elle n’aurait pas aimé se trouver en présence de qui que ce soit d’autre que lui. Nul doute que si Kennedy avait sorti le nez de son bureau éphémère, elle aurait eu droit à un regard critique qui voulait dire ah ces bonnes femmes, et le sentiment qu’elle ressentait maintenant ne serait pas parti d’aussi tôt. Avec Malone, c’était différent. Il ne la faisait pas culpabiliser d’avoir eu peur, en fait il lui disait même que c’était normal, et ça rassura la jeune femme qui de nouveau, lui accorda un sourire en espérant reprendre bientôt sur elle pour mener une conversation comme il se devait.

Elle prit une profonde inspiration, tint à le remercier assez rapidement d’être intervenu, refusant d’imaginer plus longtemps ce qui aurait pu se passer si personne n’était entré pour mettre un terme à l’entreprise de la jeune femme qu’Evie espérait, avait été prise en charge en sortant de l’Emerald. Pas parce qu’elle craignait pour elle et sa propre sécurité, mais parce qu’au-delà de son discours sensé, elle paraissait trop vindicative pour que ça ne soit pas inquiétant "Tu l’as laissée repartir seule ?" demanda-t-elle alors au jeune homme, tournant sa tête dans sa direction avant qu’il ne minimise son rôle dans tout ça. Elle secoua la tête, tenant à tout prix à ce qu’il ne restreigne le bon effet qu’avait eu son intervention sur la situation "Peut-être, mais d’autres l’auraient fait avec plus de virulence. Je t’ai trouvé diplomate, même si tu étais agacé par sa façon de se comporter." Une remarque qu’elle accompagna d’un nouveau sourire, et d’un léger coup de coude dans sa direction pour le dérider "Si on fait une enquête de satisfaction à propos de la sécurité de l’hôtel, promis que c’est sur le petit bonhomme vert qui sourit que j’appuierais." Il fallait détendre l’atmosphère, ne pas s’appesantir sur ce que ça lui faisait d’avoir été prise à partie de cette façon-là ; elle essaierait les retombées plus tard, quand elle rentrerait à la maison, et que Rhett lui demanderait comment s’est passée sa journée. Sur l’instant, elle préférait se concentrer sur Malone "Et tu y bosses depuis longtemps, à ce propos ?" Glaner des informations pour déplacer le curseur de ses émotions sur autre chose, et recouvrer ses esprits de la façon la plus saine qui était : en discutant, tout simplement "On m’a toujours dit que c’était effrayant de travailler dans les hôtels, qu’il s’y passe toujours des choses surnaturelles." Accusez son abonnement Netflix, ou ses visionnages intempestifs de Shining quand elle était adolescente, mais une légende partait souvent d’une certaine forme de réalité, alors qui savait ? Peut-être que Malone avait des anecdotes à lui raconter, une supposition qu’elle exprima à voix haute en lui disant, jouant un peu le mystère en même temps "Je suis sûre que tu as des histoires à me raconter." Plus passionnantes qu’une agression verbale dans une salle de réunion en tout cas. Il décidait de tourner ça à la rigolade, et Evie lui en était tellement reconnaissante qu’elle rentra dans son jeu "Je suis disponible tous les jeudis après-midi si jamais tu veux sortir de ta routine. On trouvera bien d’autres personnes vindicatives pour me reprocher tout et son contraire, je ne me fais pas de soucis là-dessus." Tendant la main pour tapoter le genou de Malone, elle laissa un clin d’oeil filer en même temps que, doucement, elle reprenait possession de tous ses moyens.

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« Tu l’as laissée repartir seule ? » Il secoua son visage de gauche à droite. « Je l’ai raccompagnée jusqu’à la sortie pour être sur qu’elle s’en aille, et les gars de l’accueil gardent un oeil sur la porte d’entrée pour être sure qu’elle ne rentre pas de nouveau. » Ce qui aurait normalement du être son travail du jour, mais n’étant pas à son poste actuellement, il avait délégué à ses collègues présents sur place. Il n’était pas particulièrement fana de ces derniers, mais ils saisissaient l’importance de leur travail une majeure partie du temps - et cette fois-ci, Malone avait été assez convainquant rien qu’avec un regard pour qu’ils ne prennent pas les choses à la légère. « Elle reviendra pas ici aujourd’hui. » Et pas si tôt: ce n’était pas le genre d’endroit où les erreurs étaient tolérées, ni les comportements problématiques. De toutes manières, le plus important pour aujourd’hui était qu’Evie n’ait pas été blessée et qu’elle s’en sorte bien au bout du compte - même si effectivement, tout dans le comportement de l’inconnue indiquait qu’elle aurait voulu en découdre aujourd’hui. « Peut-être, mais d’autres l’auraient fait avec plus de virulence. Je t’ai trouvé diplomate, même si tu étais agacé par sa façon de se comporter. » Il eut un petit rire railleur. « J’ai tendance à pas être très ouvert d’esprit quand ça concerne la défiance de l’autorité. » Parce-qu’il faisait partie de ceux qui obéissaient facilement aux ordres: il avait été formaté pour ça. Même lorsqu’il était au plus bas de toute son existence, s’il y avait bien quelque-chose à quoi il continuait de se raccrocher autant que possible, c’était le fait de se plier à l’autorité.

« Si on fait une enquête de satisfaction à propos de la sécurité de l’hôtel, promis que c’est sur le petit bonhomme vert qui sourit que j’appuierais. » Il se permit un petit rire. « J’en connais une qui sera contente de savoir que ça se passe bien sous son toit. » Parce-que c‘était tout à fait le genre de retour que Cristina attendait - que les choses soient à la hauteur du nom de l’hôtel. « Et tu y bosses depuis longtemps, à ce propos ? » Pinçant ses lèvres un instant, ce fut son nez qu’il se trouva être plissé un instant dans le foule avant qu’il ne reprenne la parole. « Trop longtemps à mon goût. » Ce qui ne devait être qu’une solution temporaire trainait dans le temps, et ce n’était pas pour son plus grand plaisir. « Ca va faire quatre… cinq ans si je me trompe pas. » Dans ces eaux là, en tous cas: il n’était plus à une année à tourner en rond comme un lion en cage dans son résumé. « On m’a toujours dit que c’était effrayant de travailler dans les hôtels, qu’il s’y passe toujours des choses surnaturelles. Je suis sûre que tu as des histoires à me raconter. » Cette fois-ci, ce fut avec un petit rire qu’il accueillait les paroles d’Evie. Elle n’était pas la première à lui souligner ce genre de croyances, et à chaque fois cela avait le don de le faire sourire. « Ca dépend: tu veux bien dormir ce soir ou pas ? » Parce-que ce n’étaient pas tant des histoires surnaturelles qu’il aurait à lui raconter, mais des histoires qui avaient tendance à faire perdre foi en l’espèce humaine tout court par la suite - autant les garder pour lui celles de cette catégorie là. « Mais sur les journées qui s’éternisent, qu’on ait entre nous quelques histoires à se raconter c’est pas mal ouais. » Ca passait le temps. « Je suis disponible tous les jeudis après-midi si jamais tu veux sortir de ta routine. On trouvera bien d’autres personnes vindicatives pour me reprocher tout et son contraire, je ne me fais pas de soucis là-dessus. » Il eut un petit sourire reconnaissant à son tour, mais détourna rapidement le regard de la brune. « Si ça me permet d’échapper un peu à ici, je vais te prendre au mot. » Parce-que ce n’était pas le job de rêves pour Malone, de bosser ici: cela avait été le job pratique et où son CV troué ici et là n’était pas dérangeant. Mais s'il avait pu choisir, il aurait tout fait pour ne pas tomber dans la juridiction d’une partie de sa famille. « Et tu vas m’avoir sur le dos tous les jeudis après-midi. » Comme s’il avait du temps à tuer en réalité, là où il faisait absolument tout en son possible pour ne pas que ce soit le cas.

Laissant un silence supplémentaire se poser entre eux, Malone finit par laisser échapper un petit rire, secouant quelque peu sa tête, remontant son regard avec un semblant de sourire en direction de la brune. « Tu veux rester encore là un peu ou tu veux que je t’escorte jusqu’à ta voiture ? » Il resterait là toute la journée à discuter, ce n’était même pas une question pour lui; mais elle devait avoir mieux à faire que de se coltiner les histoires de fantômes comme elle les appelait presque. Il ne prenait même pas en compte le fait qu’il avait réellement du travail de son côté, dans son discours et son positionnement. « On peut aller faire un tour par le café de l’hôtel si tu veux prendre un remontant avant de repartir, aussi. » Il haussa les épaules. Tout ce qu’il sous-entendait, c’était qu’il suivait son mouvement et qu’il irait là où elle déciderait de se rendre tant qu’elle se tenait sous le toit de l’Emerald. Il avait bien compris que certaines personnes semblaient levées du mauvais pied à son égard, et qu’il n’était pas question que la scène déroulée plus tôt ne soit de nouveau sur le devant de la scène aujourd’hui.

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@Malone Constantine ☆ crédit/harley

"Tu fais bien ton travail, je n’aurais pas dû remettre ça en doute." fit-elle seulement, sans juger nécessaire de s’excuser non plus, mais la crainte sous-jacente qu’elle ressentait à l’idée d’être confrontée à nouveau à cette femme lui avait fait un instant oublier qu’elle était en présence d’un professionnel en qui elle pouvait avoir confiance. Elle vantait d’ailleurs ses mérites sans trouver ça exagéré, définissant sa façon d’agir comme assez diplomate pour être impressionnante. Malone expliqua sa démarche avec quelques mots qui la firent sourire, puis ajouter juste ensuite "La moi adolescente t’aurait beaucoup jugée d’être aussi rigide." À son niveau, perchée dans sa tour d’ivoire, Evie avait été une rebelle de pacotille qui préférait cent fois s’attirer des ennuis que composer avec ce qu’on attendait d’elle. Elle avait dépassé des limites, elle l’avait payée par des années d’internat au sein duquel elle ne s’était pas vraiment calmée, aussi véhémente que l’avait été la femme qui s’était présentée à elle tout à l’heure. Aujourd’hui, la elle adolescente ne supporterait pas la personne qu’elle était devenue pour être tout à fait honnête, mais elle ne voulait même pas y penser maintenant.

Elle choisit de détourner la conversation pour la faire tourner autour de Malone, s’intéressant à son parcours ici, mais surtout au temps qu’il y avait passé "Attention, je vais te poser un certain nombre de questions auxquelles tu pourras choisir de ne pas répondre, mais tu me rends très curieuse." lui fit-elle, retrouvant un peu de couleur en même temps qu’un sourire qu’elle lui accorda en tournant la tête dans sa direction "Sois honnête, d’accord ?" Première question, certainement pas la plus difficile tant il lui paraissait impossible que le jeune homme soit du genre à ne pas l’être, honnête "Tu aimes travailler ici, ou tu vois ça comme un moyen facile de payer tes factures ?" Elle ne minimisait pas son poste en choisissant l’adjectif facile, elle mettait juste en avant qu’à ses yeux, Malone pourrait manifestement espérer autre chose. Sans le connaître sur le bout des doigts, elle sentait qu’il avait plus à offrir que des confrontations musclées avec des téméraires de la trempe de la jeune femme qu’il avait escorté tout à l’heure "Tu as des perspectives d’évolution ici, ou ça te convient tel quel ?" Ne pas vouloir atteindre le haut de la chaîne alimentaire, ce n’était pas un signe de faiblesse, et si Malone lui disait être heureux à son poste, elle ne le jugerait pas.

Entre deux, elle nota à haute voix que les hôtels étaient des nids à histoires surnaturelles "Hm, c’est aussi effrayant que ça, ou tu bluffes ?" lui demanda-t-elle en se calant sur son rire lorsqu’il s’inquiéta de son sommeil. Elle fit mine de réfléchir, et puis après un petit temps, elle finit par lui dire "J’ai les épaules assez larges pour supporter quelques histoires de fantômes." À l’internat, c’était les nuits qu’elle préférait, quand elle et ses copines se racontaient des histoires à faire peur, et que des nuits durant après, elles se serraient l’une contre l’autre parce qu’elles avaient encore la trouille de ce qu’elles s’étaient racontées sous les draps, éclairées par le faisceau orangé d’une lampe de poche avant de se faire gronder par les soeurs qui leur tiraient les oreilles en les poussant à la prière supplémentaire le lendemain matin. Le rendez-vous semblait d’ailleurs être pris, Malone prenant sa proposition de rencontre au sérieux "Je note que mes jeudis après-midi vous seront consacrés, à toi et à tes histoires de fantômes. Tu aimes le thé ?" Cette question-ci ne rentrait pas dans l’interrogatoire qu’elle lui avait subrepticement fait passer tout à l’heure, c’était juste pour l’accueillir avec la distinction qui s’impose, et noyer leur frousse dans un peau d’eau chaude, et quelques grammes de sucre.

Ça laissa l’occasion à un léger temps de latence de s’installer, Malone reprenant ainsi les rênes tandis qu’Evie se sentait apaisée "C’est le moment où je t’apprends qu’en plus de ne pas savoir me défendre, je n’ai pas permis de conduire." Elle leva les mains devant elle, sa défense prête pour que les reproches ne pleuvent pas, et qu’elle prononça avec la voix légèrement plus aiguë "J’ai toujours vécu dans des grands villes, et j’aime les transports en commun." Elle n’avait pas pris le bus depuis des années, puisque de retour ici, elle jouissait des services non seulement d’Avery, mais aussi des différents chauffeurs privés de sa mère, et maintenant de ceux de la MHI — comme quoi, elle avait beau prétendre le contraire, elle ne serait jamais rien d’autres qu'une enfant gâtée. Elle relâcha un autre rire, roula ses lèvres l’une sur l’autre en accueillant la proposition de Malone en même temps "Le temps que je prévienne mon chauffeur que c’est l’heure pour moi de rentrer, on peut prendre un café, oui." accepta-t-elle, se levant déjà de l’endroit où elle s’était assise avant de se reprendre précipitamment, sa tête se tournant vivement vers lui faisant virevolter une longue mèche de ses cheveux bruns "Sauf si tu as des impératifs évidemment, je suppose que tu dois avoir mieux à faire que de me suivre à la trace — je le comprends, et je ne me vexerais pas." Loin de là. Elle demanderait juste à Kennedy d’arrêter de faire sa mauvaise tête, et de l’accompagner, s’avouant pas très rassurée de déambuler seule dans les allées de l’Emerald.

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@evelyn pearson

lieu: emerald hotel, bayside.
(c): ssoveia (gif), luleaby (codage).

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« Tu fais bien ton travail, je n’aurais pas dû remettre ça en doute. » Autant en secouant quelque peu son visage qu’en balayant d’un revers de la main, il réfuta les excuses d’Evie. Il n’avait en rien pris ses paroles pour une remise en question du travail qu’il effectuait; elle s’inquiétait de la méthode qu’il avait employé parce-que justement, elle était inquiète et c’était là on ne pouvait plus légitime. « La moi adolescente t’aurait beaucoup jugée d’être aussi rigide. » Malone eut un petit rire. « La toi adolescente se serait bien entendue avec le moi adolescent, tu sais. » Parce-qu’il n’avait pas toujours été à autant se plier aux ordres: ça lui était venu avec le temps et les épreuves. Si ses parents étaient toujours de ce monde, surement auraient-ils du avoir à faire avec un jeune garçon turbulent et animé d’une volonté de s’engager dans toute idée et dans aucun projet à la fois. Les circonstances dans lesquelles il avait grandi par la suite, et la famille vers laquelle il avait décidé de se tourner finalement avaient fait que les ordres étaient la seule chose sur laquelle il savait véritablement se reposer depuis trop longtemps maintenant.

« Attention, je vais te poser un certain nombre de questions auxquelles tu pourras choisir de ne pas répondre, mais tu me rends très curieuse. » Il haussa un sourcil dans sa direction. « Sois honnête, d’accord ? » - « J’ai plutôt eu tendance à l’être un peu trop depuis qu’on se connait avec toi, tu sais. » Parce-que certaines circonstances de rencontre vous faisaient devenir davantage honnête, sans même réellement vous en rendre compte. « Tu aimes travailler ici, ou tu vois ça comme un moyen facile de payer tes factures ? Tu as des perspectives d’évolution ici, ou ça te convient tel quel ? » Relâchant les traits de son visage, il eut un petit rire, secouant quelque peu son visage de gauche à droite. « Pas besoin de me demander d’être honnête, c’est des questions faciles. » Et des pour lesquelles il n’était pas désolé de donner son avis de but en blanc. « Ca paie facilement les factures, la grande patronne c’est la femme de mon cousin, et j’ai aucune envie d’avoir des perspectives d’évolution ici. » Cela résumait plutôt bien la situation dans laquelle il se trouvait, en réalité; cela n’avait jamais été un job rêvé pour lui, mais comme elle le disait: il payait ses factures - difficilement mais il le faisait - avoir et c’était amplement suffisant pour le moment. « Si j’avais pu bosser ailleurs qu’ici, je l’aurais fait… » Il inspira profondément pour soupirer par la suite. « Mais avec les trous dans mon CV entre les années où j’étais en rééducation et celles où j’étais trop défoncé pour bosser… C’est pas super pour trouver un taf. » Esquissant une petite moue sur le côté, il haussa brièvement les épaules. C’était une réponse on ne pouvait plus honnête, au moins. C’était une réponse qui était tout à fait adéquate avec sa situation.

« Hm, c’est aussi effrayant que ça, ou tu bluffes ? » Un petit sourire s’étira malgré lui sur ses lèvres. « J’ai les épaules assez larges pour supporter quelques histoires de fantômes. » - « Alors c’est peut-être pas aussi effrayant que ça. » Bien sur qu’il bluffait. « Je note que mes jeudis après-midi vous seront consacrés, à toi et à tes histoires de fantômes. Tu aimes le thé ? » - « Seulement quand il est servi brulant. » C’était donc un rendez-vous.

A défaut de se voir offrir un thé aujourd’hui, il pouvait lui, de son côté, lui offrir un quelque-chose à voire si elle ne souhaitait pas repartir d’ici de suite. Elle semblait quelque peu chamboulée à peine quelques minutes plus tôt par l’incident évité, alors si elle préférait rester dans une certaine bulle de protection tant que cela lui semblait nécessaire, c’était quelque-chose que Malone était en mesure de lui proposer. « C’est le moment où je t’apprends qu’en plus de ne pas savoir me défendre, je n’ai pas permis de conduire. » Retirant l’air inquiet de ses traits, il eut un petit sourire - pas vraiment moqueur, plutôt et surement amusé. « J’ai toujours vécu dans des grands villes, et j’aime les transports en commun. » - « Excuse acceptée alors. » Même si cela lui semblait impossible à lui de vivre sans avoir son permis, puisqu’il utilisait la voiture tous les jours et ce depuis des années maintenant. « Le temps que je prévienne mon chauffeur que c’est l’heure pour moi de rentrer, on peut prendre un café, oui. » Avec un sourire cette fois ci véritablement ravi, il l’observa se lever pour être sur qu’elle le fasse sans encombre. « Sauf si tu as des impératifs évidemment, je suppose que tu dois avoir mieux à faire que de me suivre à la trace — je le comprends, et je ne me vexerais pas. » Sans même hésiter un seul instant, il secoua la tête. « Rien qui peut pas attendre plus tard, t’en fais pas. » Et si quelqu’un voulait lui dire quelque-chose - qu’ils osent, seulement. Malone n’en avait que peu à faire de son travail ici, ce n’était plus à prouver: il le faisait avec brio, mais dès que l’occasion était donnée d’échapper à ses tâches pour d’autres, il n’hésitait pas un seul instant. Attrapant la poignée de la porte pour l’ouvrir, il indiqua d’une main le chemin à Evie. « Après toi. »

Le café se situait derrière la réception, après un long couloir et quelques ascenseurs qui allaient et venaient toute la journée. L’endroit était étonnement désert, alors que pourtant réputé pour être le lieu de rencontre de bien d’hommes d’affaires à tout heure de la journée - il n’était pas fréquenté uniquement par les clients de l’hôtel, ce qui soulignait à quel point l’endroit était prestigieux et qu’il savait s’adapter pour accueillir toute clientèle. « Je te conseille une des tables vers la droite là-bas. Y’a moins de passage mais tu vois mieux les gens qui entrent et qui sortent de là. » Il connaissais par coeur chaque fauteuil. « Si tu veux pas louper l’arrivée de ton chauffeur. »

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Leur eux adolescents se seraient bien entendus, fait qui n’était pas tant contraire à l’époque actuelle puisque que leur eux adultes s’entendaient plutôt pas mal eux non plus. La pensée arracha tout de même à Evelyn un sourire qu’elle adressa à Malone tandis qu’elle le questionnait avec délicatesse, intriguée par son ambition et par ses perspective d’évolution au sein d’un endroit comme l’Emerald Hotel. C’était un endroit chic où les employés se devaient de respecter certaines règles, en somme il s’inscrivait parfaitement dans la politique de la maison, ne faisant guère tache au milieu des gens avec un pécule plus important que le salaire moyen d’un habitant de la ville, et qui venaient traiter des affaires ou autres ici. C’était une drôle d’image, pourtant Evie avait le sentiment que Malone était du genre caméléon ; à savoir s’adapter à son environnement, même quand il était pris de cours. A son sens, c’était une grande qualité qui le rendait redoutable — tout comme son honnêteté qu’elle ne lui reprochait pas, bien au contraire "Et je t’en remercie d’ailleurs, c’est important de rester honnête." Elle voulait le rassurer sur l’idée qu’on ne l’était jamais assez et que jamais elle ne lui ferait une telle remarque si elle n’appréciait pas qu’il se montre aussi ouvert avec elle. A dire vrai, ça lui faisait du bien, mais ça elle ne le lui dit pas, préférant s’arrêter sur ce qu’il lui répondait là et qui lui fit hausser les sourcils "Je t’écoute alors." l’encouragea-t-elle à répondre, prenant son rôle d’auditrice très au sérieux et lui accordant un regard examinateur sans être trop insistant non plus, occupée à déchiffrer ses micro-expressions plus par habitude que par crainte qu’il galvaude la vérité "Cristina fait partie de te famille ? C’est drôle." Un commentaire qu’elle n’expliciterait pas, même si elle connaissait la jeune femme depuis quelques temps déjà, ne serait-ce que de nom, son empire frôlant l’indécence autant que d’autres bien connus de la communauté de Brisbane dont sa propre famille faisait partie, d’ailleurs. Elle pinça les lèvres, sentant que le sujet pouvait être délicat, et compléta les dires du jeune homme par quelques mots prononcés avec un sourire en biais "Tu préfères être considéré comme un self-made man plutôt que de compter sur les facilités portées par les accointances de ta famille ? Intéressant, ça me rappelle quelqu’un que je connais bien." Elle, en l’occurence. Elle avait toutefois fait la paix avec ça, le prouvait son poste à la MHI aujourd’hui "J’imagine. C’est dommage d’ailleurs. Je n’estime pas que les trous dans un CV soient un défaut personnellement, c’est plutôt une preuve qu’un candidat potentiel s’est occupé de vivre et d’expérimenter, c’est autant important que d’enchaîner les stages et les formations si tu veux mon avis." Il ne le voulait surement pas, mais elle le lui donna quand même. Elle marqua une courte pause pour lui demander finalement, toujours aussi curieuse "Dis-moi c’est quoi, ton métier de rêve ? Promis, si c’est éleveur de licornes au pays imaginaire, je ne me moquerais pas." Malgré le fait que le petit rire qu’elle laissa filer prouvait absolument tout le contraire.

Ils partageraient un thé un jour où l’autre, histoire que Malone la gracie de ses histoires effrayantes sur son lieu de travail, c’était un projet qu’elle notait dans son carnet mental, juste à côté de l’entrée qui stipulait de le remercier avec un cadeau pour tout ce qu’il lui avait porté ces derniers temps, entre ses conseils et sa bienveillance. Pour l’heure, c’était le café qui les attendait, la réponse de Malone à l’invitation d’Evie ne la surprenant pas plus que ça, convaincue qu’il faisait toujours son possible pour satisfaire celui qu’il avait en face de lui, même si ça mettait en péril ses projets immédiats. Il était altruiste Malone, c’était évident "Tu connais mieux les lieux que moi." lui fit-elle remarquer quand il lui proposa d’ouvrir la marche ; ce qu’elle fit docilement néanmoins, finissant par se mettre à ses côtés pour lui demander dans la foulée "Vous êtes beaucoup à travailler à la sécurité ? Ils peuvent se permettre de se passer de toi pour une durée illimitée, ou notre temps est compté ?" A nouveau, elle lui adressa un sourire, inclinant la tête sur le côté en suivant les dédales de l’Emerald avec lequel elle s’était familiarisée ces derniers temps, le cadre offrant aux entrepreneurs de Brisbane une vue sublime sur la côte. S’arrêtant à bonne distance du restaurant de l’hôtel, elle suivit les directives de Malone après avoir pianoté sur l’écran de son téléphone portable pour demander à son chauffeur de venir la récupérer plus tôt. La réflexion qu’il lui fit en même temps, ça la mena à lui dire "Je dois te donner l’impression d’être une vraie assistée, entre le chauffeur et la petite scène de tout à l’heure." Ça la gêna un peu sur le coup, ses avant-bras se croisant au bord de la table après avoir abandonné son téléphone portable dessus, ses yeux bruns rencontrant à nouveau ceux de Malone "Je suis prompte à accepter qu’on me juge, alors si tu en ressens le besoin, libre à toi." C’était pour détendre l’atmosphère parce qu’au fond, une partie d’elle savait pertinemment que Malone ne la jugeait et ne la jugerait pas — peut-être parce que la mention de Cristina tout à l’heure lui faisait songer au fait qu’il ne venait pas de n’importe quel milieu lui non plus, c’est d’ailleurs ce qui lui donna l'audace de lui demander, les paupières très légèrement plissées "Tu as dit que Cristina faisait partie de ta famille tout à l’heure, c’est bien ça ? A quel degré ?"

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« Et je t’en remercie d’ailleurs, c’est important de rester honnête. » Il étira un petit sourire; il ne l’avait pas toujours été, avait longtemps caché trop de choses derrière de faux sourires et des mensonges, alors désormais il s’attelait à ce que ce ne soit plus le cas car il savait que ce type de comportement n’apportait rien de bon. « Je t’écoute alors. » En ce qui concernait son travail ici, bien sur qu’il y avait des points positifs - mais ce n’était pas ces derniers qui ressortaient le plus aux yeux de Malone tant il y avait des tâches du passé qu’il ne saurait retirer de sa vision. Il savait que ce n’était pas juste et qu’il y avait bien des points où il devrait mettre de l’eau dans son vin; mais il n’était pas équipé pour y arriver, pas encore bien qu’un nombre d’années conséquent se soit écoulé. « Cristina fait partie de te famille ? C’est drôle. » Il haussa quelque peu un sourcil. « Tu la connais ? » Pas que ce soit là une grande surprise, en vérité: Cristina était connue de bien des personnes, avait les bras longs et touchait un peu à tout; avec un empire comme le sien, il n’était en réalité que probable que Malone en vienne à connaitre des personnes qui naviguaient déjà dans son environnement plus ou moins proche.

« Tu préfères être considéré comme un self-made man plutôt que de compter sur les facilités portées par les accointances de ta famille ? Intéressant, ça me rappelle quelqu’un que je connais bien. » Il plissa le bout du nez, jouant avec ses doigts en les accrochant les uns aux autres. « J’aime pas trop dépendre d’eux. » Parce-que cela ne lui renvoyait qu’à de mauvais souvenirs de son enfance où ils s’étaient vus, ses frères et soeur et lui, devoir dépendre du côté Weatherton de la famille lorsque leurs parents n’avaient plus été en capacité de prendre soin d’eux. Depuis, le moins il pouvait faire appel à son cousin et aux autres membres de la famille de façon élargie, le mieux il se portait - mais en l’occurence, avec son CV où il manquait quelques cases, c’était plus compliqué de trouver du travail alors quand il lui avait été proposé un poste ici lorsqu’il était dans le besoin, il n’avait pu refuser. « J’imagine. C’est dommage d’ailleurs. Je n’estime pas que les trous dans un CV soient un défaut personnellement, c’est plutôt une preuve qu’un candidat potentiel s’est occupé de vivre et d’expérimenter, c’est autant important que d’enchaîner les stages et les formations si tu veux mon avis. » Il eut un petit rire. « Si vivre et expérimenter comprend devenir dépendant et addict, alors je rentre pile poils dans tes critères. » Parce-que c’était ça, le gros soucis de Malone: ce n’était un manque de motivation pour travailler ou un manque d’outils pour le faire, ayant de grandes capacités et la volonté de réussir - c’était surtout qu’il n’avait pas été physiquement apte à tenir le moindre job pendant quelques temps à cause de son addiction. « Dis-moi c’est quoi, ton métier de rêve ? Promis, si c’est éleveur de licornes au pays imaginaire, je ne me moquerais pas. » Relevant son regard vers Evie, il eut un petit rire qu’il ne retint pas - il ne s’était ni attendu à cette question, ni à ce qu’elle la tourne de cette manière là. « C’est une idée marrante ça, éleveur de licornes au pays imaginaire. » Comme si cela lui irait au teint. « Non, en vrai… » Il coinça sa lèvre inférieur un instant entre ses dents. « L’armée me manque. J’adorais faire partie d’une équipe, être soudés entre nous. » Il y avait plein de points négatifs, mais là-bas Malone avait eu l’impression de vraiment trouver une famille. « Et j’avais l’impression d’être utile à quelque-chose, au moins. » Ce qui n’était clairement pas le cas ici.

« Tu connais mieux les lieux que moi. » Il reprendrait les devants dès qu’ils auraient quitté le petit bureau où ils étaient retranchés. « Vous êtes beaucoup à travailler à la sécurité ? Ils peuvent se permettre de se passer de toi pour une durée illimitée, ou notre temps est compté ? » Il eut un petit rire. « Ils peuvent se passer de moi, il se passe rien en plus aujourd’hui c’est le calme plat. » Il tourna son regard vers la brune. « Vraiment, tout mon travail du jour consiste à faire en sorte que toi tu ailles bien pour l’instant. » - « Je dois te donner l’impression d’être une vraie assistée, entre le chauffeur et la petite scène de tout à l’heure. Je suis prompte à accepter qu’on me juge, alors si tu en ressens le besoin, libre à toi. » Ils s’installèrent à l’une des tables mentionnées par Malone, et ce dernier tira un petit sourire, secouant sa tête de gauche à droite. « Pas du tout. Je te dis: c’est mon boulot, franchement t’en fais pas. » Il interpella l’un des serveurs, qui lui fit signe d’être en chemin pour prendre leur commande. « On a tous besoin d’un coup de main un jour ou l’autre, c’est pas pour autant qu’on est assisté. » Et il était bien placé pour parler de ça, puisqu’il faisait partie de ces personnes qui avaient un jour extrêmement eu besoin d’un coup de main, qui avait saisi les mains tendues pour être celui rendant la pareille désormais. Ce n’était pas parce-qu’une aide était nécessaire à un moment donné que c’était là notre entière personnalité - il ne jugeait en rien Evie pour ça, pour le coup.

« Tu as dit que Cristina faisait partie de ta famille tout à l’heure, c’est bien ça ? A quel degré ? » La pulpe de son index jouait avec le bord de la table, lissante dernier, jonglant mentalement avec les différentes manières qu’il avait de répondre à cette question. Toute autre personne en face de lui aurait été envoyée voir ailleurs - elle n’avait pas besoin de ça aujourd’hui, et qui plus était ce n’était pas de cette façon là qu’il désirait se comportait à ses côtés. « La femme de mon cousin. » Le nom de James ne devait pas être inconnu, puisque toute personne assez âgée en Australie connaissait le nom de Weatherton; il ne s’appliqua donc pas à donner de détails sur ce point là. « Donc pas si proche que ça sur le papier. » Il inspira longuement. « Mais on a grandi chez les Weatherton, alors c’est presque comme si c’était ma belle-soeur. » Presque comme si parce-qu’il ne la considèrerait jamais comme telle, tout comme il ne considèrerait jamais James comme son frère - contrairement à ce que pouvait faire d’autres membres de la fratrie Constantine. Il ne pouvait vraiment leur en vouloir, ils n’avaient pas le même rapport avec leur cousin; mais parfois il avait envie de refaire le portrait de James à avoir obtenu une place qui était supposée être sienne par droit de naissance.

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@Malone Constantine ☆ crédit/harley

"La vraie question est : qui ne connaît pas Cristina ?" Un moyen comme un autre de dire comme tout le monde, non ? donc. Sauf que ce n’était pas tout à fait vrai, Evelyn connaissait Cristina un peu plus que tout le monde, seulement raconter des histoires sur son passé n’avait jamais été son fort. Elle barricadait ses secrets, elle choisissait ce qu’elle voulait bien partager et même si là, c’était elle qui avait soulevé la coïncidence, elle ne s’attarderait pas sur l’anecdote de sa rencontre avec la jeune femme. En plus, elle ne savait pas véritablement ce qui la liait à Malone, aussi restant toujours délicate, elle préférait encore tabler sur l’évasif que mettre Cristina en porte-à-faux. Ce n’était pas très important de toute façon au contraire de qu’elle essayait de glaner auprès d’un Malone dont elle devenait curieuse, sa stature d’homme droit lui donnant envie d’en savoir plus à son sujet. Il était du genre indépendant, ce n’était pas bien difficile à se l’imaginer, mais l’entendre le lui préciser la fit sourire et cultiver l’attachement évident qu’elle lui réservait depuis quelques temps, quand bien même il restait timide et distant, apporté par la seule certitude qu’elle avait qu'il était quelqu’un de bien. Elle opina du chef, ne relevant pas davantage à ce sujet, mais s’autorisant à rire légèrement à ce qu’il ajouta à propos de la manière dont il avait vécu sa vie au point de laisser quelques tous dans son curriculum vitae "Si la vie était linéaire au point d’en devenir simple, ça se saurait." Elle arqua brièvement un sourcil, coulant un regard dans sa direction en poursuivant sur sa lancée "J’ai arrêté d’être pieuse depuis bien longtemps, mais tu connais l’adage : seul Dieu peut nous juger." Elle se détestait de dire quelque chose pareil en dehors du champ de ses propres pensées, mais elle n’avait pas envie de fustiger un Malone qui semblait s’en vouloir bien assez d’être tombé dans des travers comme ceux dont il ne se cachait pas. Elle lui sourit juste après, continuant son petit interrogatoire sans juger ça déplacé de s’intéresser à celui qui venait de la sauver d’un épisode compliqué. Elle était plus détendue désormais, se permettant de faire un peu d’esprit au passage, chose que Malone appréciait dans une moindre mesure comme le prouvait ses paroles qui devinrent plus sérieuses après qu’il se soit amusé du poste d’éleveur de licornes qu’elle n’aurait pas moqué s’il avait fait partie de son job rêvé "Quand est-ce que tu as quitté l’armée exactement ?" Elle ne se souvenait plus s'ils avaient déjà discuté du timing de tout ça et si ça avait quelque chose à voir avec son addiction. Elle n’osa pas lui poser la question cette fois, comptant sur l’intelligence de Malone pour qu’il comprenne que ça lui brûlait la langue néanmoins "Et puis tu es toujours utile. Tu aides des gens aujourd’hui. La preuve, tu m’as aidée, moi." lui fit-elle remarquer sans nécessairement parler d’aujourd’hui ; ça faisait déjà quelques déjà qu’il l’aidait sans tergiverser.

"Et je vais bien." précisa-t-elle lorsqu’il lui dit que sa tache d’aujourd’hui était de s’en assurer. Elle se redressa sur la chaise qu’elle venait d’investir comme pour convaincre quiconque passant près d’eux que c’était bel et bien le cas, puis elle détourna brièvement le regard en l’invitant à la juger puisqu’il semblait qu’elle n’était rien de plus qu’une assistée aujourd’hui. Entre l’incident de tout à l’heure et la manière qu’elle avait de parler de son chauffeur, elle mettait bien en avant que le milieu duquel elle venait était bien moins simple que ce qu’elle prétendait pour se donner bonne conscience, et peut-être que ça la gênait un peu dans le fond. Elle s’était souvent appliquée à se défendre de venir d’une certaine forme de bourgeoisie, pourtant c’était une vérité que son nom mettait plus en exergue que tout ce qu’elle serait capable de dire au sujet de la richesse de sa famille dont la noblesse s’était construite sur une tragédie "Les clients d’ici ont de la chance de t’avoir, je te trouve très indulgent." Et à nouveau, ça la faisait se questionner sur ses accointances, surtout à la vue de ce qu’il avait laissé échappé à propos de son lien de parenté avec Cristina Weatherton ; le mystère fut éclairci par Malone lui-même qui n’hésita pas à répondre à sa question. Ses yeux s’écarquillèrent juste un peu, et elle laissa échapper un "Incroyable, je l’ignorais." Le monde était petit ceci dit. Elle ajouta dans un sourire en biais "Je comprends mieux ton indulgence maintenant. On a quasiment évolué dans les mêmes sphères finalement, tu sais comment ça fonctionne." C’était un raccourci qu’elle se permettait de faire uniquement à cause de sa réponse de tout à l’heure à propos de l’indépendance qu’il voulait garder compte tenu de ses liens familiaux. Encore un peu, ça la rendit coupable de lui accorder un tantinet plus d’attention en lui demandant "Tu n’as jamais été tenté par tout ça alors ?" Et par tout ça, elle parlait des soirées mondaines, de l’attention décuplée d’une certaine catégorie de personnes, et de la richesse à ne plus savoir qu’en faire.

another day, another drama-drama

@evelyn pearson

lieu: emerald hotel, bayside.
(c): ssoveia (gif), luleaby (codage).

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« La vraie question est : qui ne connaît pas Cristina ? » Et c’était d’une évidence même que cela le laissa pantois un instant, avant qu’il ne dodeline quelque peu de la tête. Elle n’avait pas tort: qui ne connaissait pas Cristina en réalité. Que ce soit de près ou de loin, la jeune femme faisait partie des discussions de bien des personnes, naviguait dans bien des endroits qui permettaient justement qu’elle soit vue. C’était là l’une de ses manières de vendre son nom et de vendre ce qu’elle avait en magasin, que d’être présentée de part et d’autres des événements. Tout ce que Malone détestait avec ce côté là de sa famille, puisqu’il n’avait pas cette envie de son côté d’être mis au vu et au su de tous - pour lui, être le moins exposé était la meilleure façon de vivre tranquillement. « Si la vie était linéaire au point d’en devenir simple, ça se saurait. » Peut-être même que ce serait ennuyant, finalement; mais parfois Malone ne dirait pas non à revenir sur quelque-chose de plus simple. « J’ai arrêté d’être pieuse depuis bien longtemps, mais tu connais l’adage : seul Dieu peut nous juger. » Il balaya d’un geste gentil mais ferme de la main les paroles de la brune. « C’est ce qu’on dit, mais tout le monde juge. » L’humain était propice à cet exercice, justement, et à ensuite en tirer ses propres conclusions. Il était à peu près sur que l’ouverture d’esprit d’Evie en cet instant ne relevait que du simple fait que leurs chemins se soient croisés sur le terrain qu’il mettait en avant au moment où elle arpentait ce dernier d’une certaine façon. Elle aurait réussi à être du côté de la barrière de ceux qui tiraient leurs propres conclusions sinon, surement. « C’est pas un reproche: je le fais surement trop souvent aussi. » Et comme pour tous, surement pas pour les bonnes raisons.

« Quand est-ce que tu as quitté l’armée exactement ? » Ses dents appuyant sur la pulpe de sa lèvres inférieure, il y eut un instant de décalage entre la question et la réponse - temps qui était nécessaire de manière générale à Malone pour se remettre face à toute cette partie de lui dont il était loin d’être fier. « Ils m’ont mis à la porte en deux-mille seize. » Parce-qu’il n’avait pas vraiment quitté l’armée: c’était eux qui n’avaient plus voulu de lui, de part son incapacité physique à pouvoir servir pour son pays. « Une blessure trop importante pour pouvoir continuer dans les rangs. » Qu’il ajouta; elle n’avait pas besoin de connaître toute l’histoire en détail là de suite maintenant, mais il comprenait les sous-entendus de la question dans le contexte de leur discussion. « C’est suite à ça que j’ai plongé. » Parce-qu’à se raccrocher uniquement et de trop à un quelque-chose et le voir être retiré sous votre nez, cela ne donnait jamais de bons résultats. Mais ce n’étiat pas quelque-chose qui avait paru être important aux yeux de l’armée, pas assez pour être pris en compte dans leur décision en tous cas. « Et puis tu es toujours utile. Tu aides des gens aujourd’hui. La preuve, tu m’as aidée, moi. » Il pencha quelque peu sa tête dans sa direction, haussa un brin un sourcil. Il entendait ce qu’elle disait, mais ce n’était pas suffisant à ses yeux pour réussir à le convaincre de façon définitive et réelle: cela faisait des années que bien d’autres tentaient d’utiliser ces arguments là pour qu’il se rende compte qu’effectivement, il y avait effectivement bien d’autres façons d’aider les gens et de se rendre utile. « J’ai pas tous les jours l’impression que c’est le cas. » L’armée n’était pas autant concret que tout ce qu’il pouvait faire désormais sur une base quotidienne, mais il y avait en permanence de bien faire.

« Et je vais bien. » Il esquissa un petit sourire. « Tant mieux. » Il était sincère.

« Les clients d’ici ont de la chance de t’avoir, je te trouve très indulgent. » Il leva les yeux au ciel - peut-être avec un léger sourire esquissé, mais il le fit tout de même. « C’est pas par gaité de coeur ici. » Plus parce-qu’il n’avait pour le moment toujours pas véritablement le choix que d’agir de cette manière là, s’il souhaitait garder son poste et l’entrée d’argent qui s’y associait. Et puis malgré tout, il avait obtenu ce poste grâce à la famille et il n’était pas non plus question de déraper pour mettre cette dernière dans l’embarras. « Incroyable, je l’ignorais. » En réponse aux liens qui unissaient Cristina et Malone; il pouvait voir dans sa réaction et son regard qu’elle était sincère et que sa surprise en était vraiment une. « Je comprends mieux ton indulgence maintenant. On a quasiment évolué dans les mêmes sphères finalement, tu sais comment ça fonctionne. » Il plissa le bout du nez, fronça un brin ses sourcils. « Je connais comment ça fonctionne par défaut, de mon côté, je dois t’avouer. » Parce-qu’il avait pu avoir le choix il n’aurait pas évolué dans ce domaine là justement - ce qui fit écho dans la foulée à la question d’Evie. « Tu n’as jamais été tenté par tout ça alors ? » Sans y réfléchir un seul instant, parce-que pour lui la réponse était on ne pouvait plus évidente, il secoua la tête de gauche à droite. « Excuse moi du langage, mais pour moi c’est un monde faux-culs tout ça. » Il balaya d’un geste vague de la main l’hôtel qui les entourait, et tout ce que ce dernier représentait. « Je sais que je dois être reconnaissant de tout ce que ça m’a apporté avec les années, et blablabla. » Littéralement, si Norman n’avait pas pris les enfants Constantine sous son toit et qu’il n’avait pas eu les moyens de le faire, ces derniers auraient été dispersés dans des familles d’accueil et ils n’auraient pas eu la même histoire à raconter sur leur enfance aujourd’hui. « Mais ça apporte plus d’emmerdes que ça contribue au bonheur, je trouve. » Il haussa vaguement les épaules. Malone était tout à fait conscient que ce n’était pas là un avis partagé par bien des personnes, mais comme il avait dit à Evie plus tôt: il n’avait fait qu’être honnête avec elle depuis le début et il ne dérogerait pas à cette idée. « Mais ouais, j’ai connu de longues années les coulisses, et même j’ai le nez dedans maintenant. Je sais que c’est grâce à tout ça que j’ai un job stable aujourd’hui et que je suis plus en situation de précarité, alors… » Il inspira longuement: alors il ne pouvait pas réellement se permettre de cracher sur tout ça comme il le faisait là en réalité.

another day, another drama-drama
@Malone Constantine ☆ crédit/harley

Tout le monde juge. C’était une vérité qu’Evelyn aurait aimé pouvoir démentir en prétendant que non, elle, elle ne jugeait pas. Sauf qu’elle était aussi humaine que l’homme qui se trouvait face à elle à ce moment-là et qui était bien plus humble qu’elle pour admettre sans rougir que, s’il regrettait la propension de tout un chacun de donner son avis sur des faits qui ne regardait personne, il n’était pour autant pas mieux que quiconque dans le genre. Il en fallait du recul sur soi-même pour être capable d’en faire la conclusion sans passer par des pirouettes verbales pour l’avouer, et encore un peu, ça incita Evie à ressentir beaucoup d’admiration pour Malone dont le parcours l’intriguait plus qu’elle ne serait en droit de l’avouer.

"Ils ne t’ont jamais proposé un poste dans l’administratif ?" La tête délicatement penchée, elle se trouva idiote de poser la question, mais ça lui avait échappé "J’ai dû voir beaucoup trop de films, je pensais qu’au moins dans cette institution, on laissait sa chance à ceux qui ont donné de leur temps en ne les mettant pas à la porte comme des mal propres." Sincèrement étonnée, ça lui faisait aussi de la peine que c’était suite à cette mésaventure au sein de l’armée que sa vie avait changé — non seulement de façon générale, aussi en le faisant plonger dans des travers dont il avait indéniablement honte, elle n’avait pas besoin de le connaître par coeur pour le savoir tant ça revenait à chaque fois dans son discours "Combien d’années tu y as passé ?" Elle voulait à peu près se figurer le temps que ça lui avait pris pour se faire à l’idée qu'il devait revoir radicalement son plan de carrière, elle voulait aussi se figurer si au fond, son addiction n’avait pas été appelée par le besoin qu’il avait dû ressentir de combler le vide laissé par la place que prenait son travail à l’époque — et sans le vouloir, elle fit le parallèle avec Rhett.

Il se dégageait de Malone une mélancolie qui la bouleversait. Elle se savait pas assez adroite avec la gestion des sentiments des autres pour y remédier cependant, alors quand il démenti l’impression qu’elle, elle avait qu’il remplissait totalement son rôle de main tendue, elle ne sut quoi lui dire de plus. Elle ne put que s’en désoler en silence, sa tête se baissant brièvement sur ses propres mains jointes pour lui laisser le temps d’accuser le coup de l’erreur qu’il faisait en estimant qu’il n’en faisait pas assez pour les autres. C’était faux de l’avis d’Evelyn, mais elle était consciente qu’elle n’avait aucune espèce d’autorité pour le lui faire entendre. Aussi, elle le questionna d’une autre façon, et se rendit compte que sous sa carapace somme toute un peu rustique, il se cachait quelque chose de plus rutilant qui n’attirerait pas davantage l’oeil d’Evie, mais qui la rendait on ne peut plus curieuse au sujet de ses choix de vie. Elle laissa un léger sourire effiler ses lèvres, ses sourcils se fronçant quand elle constata, amusée sans l’être véritablement "Tu me donnes vraiment l’impression de détester travailler ici." Ça se sentait, elle ne saurait l’expliquer autrement que comme ça "Tu ne penses pas à, je ne sais pas, envisager quelque chose d’autre ? Les trous dans ton CV doivent être comblés depuis le temps, non ? Ça fait combien de temps maintenant que tu travailles dans les parages ?" Elle ferma les yeux, ses deux mains se dénouant pour se lever très légèrement devant elle "Je m’excuse. Tu dois avoir l’impression de passer un interrogatoire. Promis, je ne travaille pas pour les services secrets, je suis juste curieuse." Je vais me calmer, semblait dire la manière dont elle dégagea son visage de ses longs cheveux bruns, son dos venant reposer nonchalamment contre le dossier de sa chaise.

Elle ne put s’empêcher de continuer à lui poser des questions toutefois, et chaque fois, il y répondait sans même hésiter. Il la fit rire avec sa façon de définir le milieu dans lequel ils évoluaient chacun de façon différente de fait, et ne lui tint pas rigueur de son écart de langage qu’elle ne jugea pas, lui disant simplement "J’aurais certainement dit les choses avec plus de tact que ça, mais crois-moi que sur le fond, je pense exactement la même chose." Ça en disait donc très surement long sur elle de se complaire dans ce milieu tout de même, mais elle préférait ne pas y penser, se concentrant sur ce que Malone lui disait et sur quoi, là encore, elle ne pouvait pas être moins d’accord "Je vais encore une fois utiliser une phrase toute faite pour résumer ton analyse, mais elle se prête plutôt pas mal à tout ça je trouve : l’argent ne fait pas le bonheur, c’est comme ça qu’on dit ?" De la bouche de quelqu’un qui avait de l’argent, c’était risible — pauvre petite-fille riche, vraiment "On peut être reconnaissant de quelque chose tout en se permettant d’être critique à ce sujet, ça ne fait pas de nous des personnes ingrates pour autant. De mon point de vue en tout cas." Elle ne prétendait pas qu’elle avait parole d’évangile, mais une partie d’elle était prête à revendiquer savoir de quoi elle parlait alors au fond, elle pouvait se permettre de l’avancer sans rougir de réussir à faire la part des choses, tout comme Malone semblait être capable de le faire. Elle lui sourit, prenant conscience qu’ils étaient assis depuis plusieurs minutes, mais qu’aucun d’eux n’avait commandé quoi que ce soit "Je monopolise ton temps sous un faux prétexte, on dirait." remarqua-telle, à voix haute.