La nuit est tombée depuis un moment sur Brisbane, plongeant la ville dans l'obscurité. Lucas se trouve seul chez lui, assis sur le rebord de son canapé, la respiration saccadée. La douleur qui pulse dans son corps est insupportable, semblable à une vague incessante qui menaçait de l'engloutir à chaque instant. Il lutte si fort, depuis plusieurs semaines contre son addiction. Il avait réduit les doses d’antidouleurs, ne gardait des prises que pour les cas d’extrême douleur, comme après avoir prêté main forte pendant la tempête, par exemple. Mais parmi ses bonnes résolutions pour la nouvelle année, il s’était promis de décrocher définitivement. De ne plus rien prendre du tout. Cela faisait quarante-huit heures qu’il avait tout arrêté et il regrettait déjà. Les murs de son salon semblaient se refermer sur lui, l'étouffant dans un sentiment d'isolement. L’ancien pompier contemple la boîte d'antidouleurs sur la table basse, tentant de résister à la tentation. Cependant, la voix obsédante de la dépendance résonne dans son esprit, l'incitant à céder à la douce illusion de soulagement immédiat. La sueur perle sur son front tandis qu'une vague de frissons parcourt son corps. Les muscles tendus, il se lève, titubant vers la fenêtre. Les lumières de la ville brillent en contrebas, éclats lointains d'une normalité qu’il envie si fort. Désespéré, il se saisit de son téléphone portable perdu au fin fond de la poche de son jean. Il pianote dessus quelques instants, fébrile, avant de trouver le nom de la personne qui pourrait l’aider à affronter tout ça. Il s’en voulait d’avance de contacter Olive dans une telle situation - comme si elle était là uniquement pour le sortir d’une mauvaise passe. Ils ne s’étaient pas donnés de nouvelles depuis un moment maintenant, mais il en allait de sa sobriété.

lun. 01h17

Lucas
je sais que je suis qu'une merde pour t'envoyer un message maintenant

Lucas
surtout après tout ce temps

Lucas
mais je crois que ça va pas très fort là

La brune ne tarde pas à lui répondre. Les mots d'Olive agissent comme une bouée de sauvetage dans une tempête. Son corps épuisé se traine de nouveau jusqu’à son canapé, où il s’allonge, grelottant. Il se sent nauséeux, chaque mouvement d’un de ses muscles le fait souffrir. Il trouve la force de s’enrouler dans un plaid qui traînait là, tandis que Jazz, son chien, bien malheureux de voir son maître dans un tel état, s’installe à ses pieds, comme pour veiller sur lui en attendant l’arrivée d’Olive.
La sonnette retentit, faisant sursauter Lucas, mais il n’a même pas la force de se lever pour lui ouvrir. Par chance, Jazz, lui, court vers la porte en aboyant, comme pour exprimer la jeune femme qu’elle peut entrer, ce qu’elle fait. Un instant qui lui paraît une éternité plus tard, Olive se tient, accroupie devant lui, les yeux empreints de préoccupation. Lucas sent les larmes lui monter aux yeux, sans pouvoir y faire quoique ce soit. La présence de la jeune femme est comme un baume apaisant pour son âme tourmentée. « J'ai besoin de toi, Olive. Je vais pas y arriver. » avoue-t-il d'une voix brisée.

@Olive Sterling

Le téléphone a retentit en plein milieu de la nuit, dans un vacarme qui la surprise. Ses yeux ce sont ouvertes avec frayeur alors qu'elle s'attendait au pire. Le sommeil encore bien trop présent, Olive avait ouvert un œil avec difficulté pour prendre connaissance de la cause de son réveil nocturne. Elle eut d'abord du mal à saisir les mots qui venaient de s'afficher sur son écran alors qu'elle en prenait lentement connaissance. Puis la panique s'empara plus rapidement de son esprit alors qu'elle comprenait enfin de quoi il s’agissait. Sur l'instant, elle s'était attendue à tout, sauf à découvrir des messages alarmants venant de son ex petit-ami de lycée. Autant dire que oui, elle aurait clairement pu s'attendre à tout, sauf à cela. Il était même sûrement la dernière personne à laquelle elle s'attendait, surtout à cette heure tardive. Sauf qu'Olive, elle ne pouvait l'ignorer, elle ne pouvait faire semblant d'avoir vu cet appel à l'aide dans les mots de Lucas. Non, ce ne serait pas bien si elle refermait les yeux pour retrouver Morphée alors qu'on avait besoin d'elle. Olive ne se le pardonnerait jamais, cela même si elle avait tant souffert à cause de lui. Mais Olive, elle n'était pas rancunière, non, bien au contraire. Olive, elle était altruiste, et prête à tout pour les autres, même pour les pires personnes de ce monde. Lucas avait fait une erreur, et il s'était excusé, alors autant admettre que ce n'était que du passé et une leçon par la même occasion. Parce que depuis cet instant, Olive avait promis de ne plus faire confiance à un homme de la même manière, et ça la sûrement protégée durant ces dernières années. Tant pis si le dernier échange avec le jeune homme était vieux, Olive ne le laisserait pas ainsi. Alors l'Australienne sauta dans une tenue bien moins confortable que son pyjama, transmis un petit mot à Midas au cas où il se ferait du soucis et sortit de la maison pour rejoindre l'adresse de son ancien amant. La nuit n'était pas rassurante, mais Olive ne se démonta pas alors que la chaleur extérieure était déjà accablante. Il n'y a pas de temps à perdre, alors elle augmente la cadence de son pas pour rejoindre au plus vite sa destination. Craignant sûrement le pire au fond d'elle, parce qu'elle n'a aucune idée de ce qu'elle va trouver en arrivant là-bas. Elle n'a aucune idée de l'état de Lucas et la brune s'interroge sûrement trop. Au point que le trajet passe rapidement et qu'enfin elle se retrouve devant le domicile du jeune homme. Elle reprend son souffle un léger instant avant de sonner trois coups à la porte d'entrée. Espérant qu'elle ne s'est pas trompée de logement et qu'elle est au bon endroit.

Les aboiements tirent la jeune femme de ses réflexions quand elle comprend que c'est le signal d'entrée. Alors timidement, elle se fraie un chemin dans la pénombre de l'appartement, refermant la porte derrière-elle. Elle le remarque quelques secondes plus tard, cette silhouette dans le canapé qui ne semble être pourtant qu'une ombre. Mais les frémissements de cet ombre lui font comprendre que c'est l'homme des messages derrière cela, et qu'effectivement, il ne semble pas au meilleur de lui-même. Olive s'approche doucement, s’accroupit en face de lui et attend. « J'ai besoin de toi, Olive. Je vais pas y arriver. » Le ton de Lucas lui brise le coeur, mais elle tente de toutes ses forces de ne pas se démonter. De garder la tête froide pour l'aider du mieux que possible. Finalement, elle se demande même si elle est la mieux adaptée pour cette situation, s'il n'aurait pas été préférable qu'il contact quelqu'un d'autre. Elle inspire la brune, venant poser une main délicate sur l'avant-bras de Lucas. « Dis-moi comment je peux t'aider. » Lui fallait-il un bon repas ? Des antalgiques pour une quelconque douleur ? Tout ce qui lui demanderait, elle le ferait et cela sans rechigner. Olive caressa de son pouce l'avant-bras du jeune homme, espérant que ce petit geste était déjà un début dans cette lourde bataille dont elle n'avait pas connaissance.

@Lucas Allen

Il ne s’est jamais senti aussi mal. Même dans ses pires cauchemars, son corps ne le faisait pas autant souffrir. Il aimerait qu’on lui coupe la jambe, qu’on l’assomme violemment pour qu’il ne se réveille que quelque jours plus tard, soulagé. Il sait que la boîte de médicaments posés sur la table basse pourrait le délivrer, mettre fin à toute cette souffrance. Il s’était douté que d’arrêter totalement de prendre ces pilules allait le mettre dans un état de manque. Mais il ne pensait pas que cela allait arriver si vite et que cela serait si douloureux. Il lutte malgré tout, tâchant de s’accrocher à cette volonté qu’il avait quelques jours plus tôt de mettre fin définitivement à son addiction. Il croise les doigts pour qu’Olive rapplique vite pour l’aider dans cette très mauvaise passe. La sonnerie de son appartement, puis le bruit des pas de la jeune femme le soulagent un peu. Quand elle s’approche de lui, il se sent un peu moins seul. Il aurait aimé paraître un peu plus fort, ne pas avoir l’air si misérable, enroulé dans son plaid, grelottant, le front perlé de sueur. La jeune femme vient poser sa main sur l’avant-bras de l’ancien pompier, appliquant une douce caresse avec son pouce. Ce n’est pas grand chose, mais ce geste a au moins le mérite de faire sourire Lucas. Lorsqu’elle lui demande comment elle peut l’aider, il ne peut réprimer un rire, qui en réalité ressemble davantage à un sanglot. « Je sais pas… Tu t’es déjà retrouvée face à un camé en manque ? », demande-t-il, essayant de faire un peu d’humour. La situation était bien inhabituelle, tant pour lui que pour Olive, il l’imaginait bien. Il grelotte toujours autant, le coeur au bord des lèvres. Il jette un nouveau coup d’oeil au flacon d’antidouleurs posé sur la table. Il faut qu’ils disparaissent de sa vue. « Le flacon, derrière-toi… », dit-il, en lui montrant du bout du menton. « Faut que tu le prennes, sinon, je vais tout avaler. » Son ton est suppliant. Il meurt d’envie de les garder avec lui, mais s’il a fait venir Olive jusqu’à chez lui en pleine nuit, c’est pas pour ruiner tous ses efforts. « Je vais clamser, Olive. Je vais vraiment y rester… », délire Lucas. Évidemment, personne n’est jamais vraiment décédé d’une crise de manque, mais l’ancien pompier a réellement l’impression que sa fin est proche. Il lui faut une distraction, pour l’empêcher de s’accrocher à des idées bien trop noires. « Raconte-moi quelque chose. », lui demande-t-il. « N’importe quoi, pour que je pense à autre chose. », l’intime-t-il.

@Olive Sterling

Olive n'a aucune idée de ce qui l'attend alors qu'elle débarque chez Lucas. C'est même la première fois qu'elle met les pieds là-bas, alors forcément, elle tâtonne un peu. D'ailleurs, elle ne sait même pas à quoi s'attendre réellement vis-à-vis du message d'au secours de son ancien amant. Il peut s'agir de tout et de n'importe quoi, mais elle imagine facilement que s'il fait appel à elle, ce n'est pas pour une petite crise existentielle. Alors forcément, elle n'a pas perdu une seconde, cela même s'il était difficile d'ouvrir les yeux. Cela même si son corps entier n'avait qu'une envie, se recoucher. Mais Olive devait aider le jeune homme et ne pas faire comme si elle n'avait pas eu les messages, comme si elle n'était pas sensible à sa demande. Sauf que c'était loin d'être le cas, le mal qui avait pu être fait n'était qu'un lointain souvenir maintenant. Olive n'ayant de remords que pour ce qui lui vraiment du tort. Mais peu importe, l'Australienne n'est clairement pas ici pour régler ses comptes, elle est là pour venir en aide à cet homme qui semble au bout de sa vie sur ce canapé. Olive comprend très vite l'état dans lequel il se trouve, ses cours de médecine n'ayant finalement pas été si inutile que cela. Et puis, elle a déjà vu ce comportement, cette réaction du corps, alors il n'y aucune doute sur le mal qui habitude Lucas. Pas plus qu'elle ne devrait en avoir en tout cas et elle est désolée pour cela. Mais Olive, elle a perdu quelqu'un à cause de cette saloperie, donc forcément ça la touche aussi plus que de raison. Ça lui brise le cœur même. Ce n'est pour autant pas le moment de perdre la face, pas le moment de faire faux-bond au jeune homme. Non, elle doit être présente, ne pas flanche à son tour. Ils auraient l'air bien malin sinon. Olive dégage ses pensées négatives de son esprit pour se concentrer sur le brun, continuant de caresser son avant-bras dans un signe protecteur et rassurant. « Je sais pas… Tu t’es déjà retrouvée face à un camé en manque ? » Olive hoche malheureusement la tête de haut en bas. Oui, ça a déjà été le cas et à chaque fois ce n'est pas une chose très sympa à voir. A la place de lui répondre quoi que ce soit, elle insiste un peu plus sur le mouvement de son pouce sur l'avant-bras de Lucas. Ce ne serait de toute manière pas un cadeau que de lui dire oui à haute-voix. Il n'avait pas besoin d'entendre ça, seulement de savoir qu'elle ferait tout son possible pour l'aider. « Le flacon, derrière-toi… » Olive se retourne au même moment pour visualiser le fameux flacon. « Faut que tu le prennes, sinon, je vais tout avaler. » La brune inspire bruyamment avant de se retourner pour attraper le flacon et le fourrer dans son sac à main. Il avait raison, ce n'était pas une bonne solution que d'avoir ça sous les yeux, mais en même temps, il en avait aussi besoin. « Ça fait combien de temps Lucas ? » Combien de temps que son corps réagissait mal au manque. Combien de temps qu'il n'avait pas ouvert la lumière de son appartement pour mieux y voir. Combien de temps qu'il n'avait pas dormi. Olive passa une main sur le visage de son ancien amant, il était brûlant. « Je vais clamser, Olive. Je vais vraiment y rester… » Elle cherche ses mots pour le rassurer. « Non, pas aujourd'hui. Attend. » Comme s'il pouvait bouger de toute manière. Olive se releva, attrapa un torchon qui trainait dans la cuisine et l'imbiba d'eau. Elle retourna près du brun. « Commence par mettre ça sur ton front ok? » La fraicheur du tissus permettrait de faire descendre la fièvre un petit peu, mais surtout stabiliserait le corps de Lucas un instant. Elle reprit place les genoux au sol, la main contre l'avant-bras du brun. « Raconte-moi quelque chose. N’importe quoi, pour que je pense à autre chose.  » Bien sûr oui, elle pouvait faire cela. Prendre la réflexion de ce qui allait suivre. « J'ai, une nièce, Posy. » Elle marqua une pause, avant de se lancer dans la suite de son histoire. « Elle va avoir cinq ans. C'est une vraie princesse, toujours à l'affût de la moindre bêtise. » Olive émit un petit rire en pensant à sa nièce. « Elle ressemble comme deux gouttes d'eau à mon frère, c'est impressionnant. Mais c'est une beauté même s'il lui manque quelques dents sur le devant. » Elles venaient tout juste de tomber, et la petite fille était au ange de recevoir sa première pièce grâce à cela. C'était tout ce qui lui était venue en tête et elle espérait que cela puisse servir à son ami en retour.

@Lucas Allen

Sa tentative de faire un peu d’humour tombe à l’eau quand la jeune femme fait un signe de tête qui lui indique que, non, ce n’est pas la première fois qu’elle se trouve dans cette situation. Il se sent désolé pour elle. Désolé qu’elle ait déjà eu à vivre ça, et désolé qu’elle ait à le vivre une nouvelle fois à cause de lui. Son attention se reporte sur le flacon d’antidouleurs posé sur la table basse et il demande à Olive de les prendre, ce qu’elle fait. Son corps le supplie de les lui rendre, mais son cerveau sait quelque part que c’est la seule chose à faire. Il tremble toujours, il aimerait que tout s’arrêter, tout de suite. Il entend la brune lui demander depuis combien de temps… depuis combien de temps quoi ? Depuis combien temps est-il dans cet état ? Depuis combien de temps est-il accro à ces médocs ? Depuis combien il n’a rien pris ? Les réponses se mélangent dans son esprit qui ne pense qu’à cette douleur qui a pris possession de tout son corps. La main d’Olive qu’elle pose doucement sur son front lui semble glacée. Il n’a pas le temps de dire quoi que ce soit qu’elle se lève, pour revenir quelques secondes plus tard, un bout de tissu humide entre les mains. Elle le dépose sur son front, lui apportant un soulagement momentané à la chaleur qui brûlait en lui. Pourtant, il sait que c'était un répit temporaire, un calme fragile avant la prochaine vague de douleur. « Merci. », arrive-t-il à murmurer. Il plonge son regard dans le sien, reconnaissant. Il a besoin d’une diversion, il a besoin de l’entendre lui raconter quelque chose, n’importe quoi. Alors, Olive fait ce qu’il lui demande et lui parle de sa nièce. Lucas fait tout son possible pour rester concentré sur sa voix douce, sur ce qu’elle lui raconte. Lucas prend une profonde inspiration, essayant de repousser la vague de douleur qui menaçait de l'engloutir. « Elle doit être une petite merveille, Posy. J'imagine qu'elle te donne de nombreuses raisons de sourire. », dit-il d'une voix faible mais sincère. « Je suis sûr que t’es une tata d’enfer. Toujours à t’occuper des gens qui t’entourent. » Ses dents claquent sous l’effet de ses tremblements incontrôlables. Il s’en veut de l’avoir prévenue, de l’avoir fait venir jusqu’ici pour s’occuper de lui, dans cet état misérable. « Même moi. Tu t’occupes de moi, alors que je le mérite même pas. », finit-il par lui dire, la culpabilité de lui demander son aide, à nouveau, se mêlant avec les pensées de son cerveau malmené par le manque. « Tu me sauves tout le temps. Tu gardes tous mes secrets. Je suis désolé, Olive. Encore une fois, je me sers de toi… » Même s’il est dans un état second, ses excuses sont sincères. Ce n’est certainement pas le moment de faire son mea culpa pour son comportement passé, mais c’est bien la seule chose censée qu’il arrive à lui dire, là, tout de suite. 

@Olive Sterling

Il ne sera pas possible de regretter cette décision de venir en aide à son ami. Olive ne pourrait au contraire que regretter de ne pas avoir donner son maximum pour lui, de ne pas avoir fait tout ce qu'il était possible pour qu'il s'en sorte. Parce qu'elle doit bien admettre que ça lui fait mal au cœur de voir le jeune homme dans cet état, elle se sent impuissante, incapable de savoir comment agir pour lui faciliter la vie du mieux possible. Ce qu'elle sait, ce qu'elle n'a pas envie qu'il y reste, elle n'a pas envie qu'il succombe parce que malgré tout le mal qu'il a pu lui faire, elle serait anéantie Olive de perdre encore un proche de cette façon. Elle refuse catégoriquement de rester statique, choisissant d'agir au mieux et au vite pour soulager son ami. La boite de médicament dans sa poche lui semble lourde, comme une bombe à retardement prête à exploser. Ça ne lui plait guère mais c'est déjà un début. Elle temporise du mieux qu'elle le peut cet homme, parce que c'est ce qu'on lui a appris à faire. A agir vite et avec précision, sans rien lâcher, sans avoir peur. Mais elle est terrorisée Olive. La ligne est trop mince entre la réalité et les conséquences de tout ce bordel, elle le sait que trop bien. Même si cette fois, elle peut agir, et c'est sûrement ce qui la pousse à faire tout son possible pour sauver la vie de cet imbécile de Lucas. « Merci. » Olive ne relève pas ce remerciement, parce que pour elle, ça lui semble normal d'agir ainsi. Même si elle aurait clairement préféré voir le jeune homme dans une autre situation que celle-ci. Mais les choses étaient ainsi et elle ne pouvait pas le faire retourner en arrière, d'ailleurs, elle ne poserait même pas la question de comment s'est arrivée, puisque clairement ça ne la regarde pas. Et elle n'est même pas certaine d'avoir envie de savoir de toute manière. A la place, elle se concentre sur les battements de cœur de son ancienne amant, tentant de relever quelque chose qui pourrait clocher. Olive raconte ce qui lui vient en tête, parce qu'elle n'est pas très douée pour les histoires, parce qu'elle a l'impression que sa vie n'est pas assez passionnante pour en dire quoi que ce soit. Donc naturellement, le sujet de sa nièce lui semble bienvenu. Elle tente de partager tout l'amour qu'elle a pour cet enfant à travers son récit, cela même s'il ne dure pas pendant des heures. « Elle doit être une petite merveille, Posy. J'imagine qu'elle te donne de nombreuses raisons de sourire. » Olive sourit, les yeux pétillants de passion et d'amour pour cet enfant. « Oh oui, c'est une petite fille merveilleuse. Je me retrouve un peu en elle étrangement. » Ce qu'elle ne savait pas Olive, c'est si c'était une bonne chose ou non. Parce qu'elle n'avait pas envie que Posy lui ressemble plus que de raison à l'avenir, caractériellement parlant bien sûr. Parce qu'elle ne souhaite à personne d'être aussi craintive du monde. « Je suis sûr que t’es une tata d’enfer. Toujours à t’occuper des gens qui t’entourent. » Elle hausse les épaules l'Australienne. « J'essaie du moins, c'est important pour moi. » Elle tente de ne pas relever le comportement de Lucas qui semble au plus mal. De continuer cette distraction comme il lui a demandé. C'est important de ne pas flancher même si elle aimerait lui rendre la boite pour qu'il se soulage. « Même moi. Tu t’occupes de moi, alors que je le mérite même pas. » Olive pose son regard sur Lucas, des yeux pleins de tristesse face à cette révélation. Bien sûr, elle ne peut pas lui dire que c'est faux, mais en même temps, elle n'est pas de ces personnes qui font semblant de ne rien voir, et qui n'aident personne d'autre qu'eux-mêmes. « Tu me sauves tout le temps. Tu gardes tous mes secrets. Je suis désolé, Olive. Encore une fois, je me sers de toi… » - « Tu as fait ce qui te semblais juste et j'en fais autant maintenant. » La brune soupire. « Donc ne t'excuse pas pour ça, c'est oublié. » Enfin pas totalement, parce que c'était une douleur qu'elle n'arrivait pas à oublier. Parce qu'au fond, il avait été le premier déclencheur de cette peur de l'abandon, et depuis, elle avait peur de s'attacher, pire d'être amoureuse. Mais c'était ainsi, et elle pourrait changer cela peut-être un jour. « Pour l'instant, il n'est question que de toi. De rien d'autre. » Elle lui sourit tendrement, comme pour lui faire comprendre qu'il avait mieux à faire que de s'inquiéter pour elle. « J'ai juste besoin de savoir une chose Luca, et je sais que ça va pas te plaire, mais c'est important. » Un nouveau soupire avant de reporter complétement son attention sur le brun. « Depuis quand cette "boite" est ton seul remède ? » En fonction de la durée, le traitement serait forcément différent, donc elle avait besoin de savoir. « Tu es dans une étape difficile de ce sevrage, et le pire reste à venir, mais j'ai besoin de plus d'indications pour agir, je suis désolée. » Et elle l'était sincèrement, parce que ça n'allait pas être facile du tout pour lui. Il allait beaucoup souffrir et ça lui faisait mal plus que de raison à Olive de le voir comme ça.

@Lucas Allen

La présence d’Olive lui apporte autant de réconfort que possible. Elle prend soin de lui, veille sur lui, alors qu’elle a toutes les raisons du monde de lui en vouloir. Il l’a brisée, il y a plusieurs années, alors qu’ils étaient des adolescents. Et pourtant, elle est là, à la soutenir quand il est au plus mal. La culpabilité le ronge autant que la douleur qu’il ressent et il ne peut pas s’empêcher de s’excuser auprès d’elle. La tristesse qu’il lit dans son regard lui fait comprendre qu’il n’a pas tout à fait tort, mais elle se garde bien de lui dire. Au contraire, elle le rassure à la place, ce qui n’arrange rien. « Non, non, c’est pas oublié… Je suis tellement désolé, Olive. Je m’en veux tellement de t’avoir fait tant souffrir. Je sais qu’on était que des gosses, mais ça excuse rien… » Il tourne en boucle, comme un vieux disque rayé. Elle préfère ignorer ses paroles et lui sourire. La discussion se reporte sur lui et il se sent pris au piège. Les questions d’Olive sont tout à fait légitimes. Il l’a appelée au secours, elle a le droit de savoir. Il sait qu’elle ne le jugera pas, de toutes façons, il a fait bien pire que ça. « Je sais plus trop… », commence-t-il. Se concentrer, donner des informations factuelles et véridiques lui demandent un effort surhumaine, alors la douleur dans sa jambe lui donne envie de vomir. Mais il lui doit des explications et le regard de la brune lui fait clairement comprendre qu’il ne pourra pas s’échapper - de toutes façons, vu son état, il ne pourra rien faire. « Ça fait un peu plus d’un an… », avoue-t-il, honteux. Il n’arrive même pas à la regarder dans les yeux pour lui dire. « Je m’étais dit que cette année, j’allais arrêter. Ça fait deux jours et j’ai juste envie de crever. Je suis vraiment trop faible. » Ses mots sont durs envers lui-même. Cette addiction est la responsable de sa descente aux enfers, de sa relation manquée avec Greta.  Soudain, il a peur qu’Olive l’abandonne, lui aussi. Il attrape la main de la jeune femme, pour la serrer dans la sienne. Il s’y accroche comme à une bouée de sauvetage. « Tu vas pas me laisser, hein ? », la supplie-t-il. « Je vais aller mieux, je te le promets. Je veux être une meilleure personne. Mais il faut pas que tu me laisses tout seul, sinon… », il n’arrive pas à finir sa phrase, les mots restent coincés dans sa gorge serrée. Ses mots, il aurait aussi voulu les dire à Greta, mais sa fierté le lui a empêché. Son coeur est en miettes, sa dignité aussi. « J’ai trop mal… Je t’en supplie, assomme-moi, coupe-moi la jambe, n’importe quoi… Je veux que ça s’arrête… Je ferais n’importe quoi pour que ça s’arrête… », gémit-il. Il sait qu’Olive ne peut malheureusement par accéder à ses demandes. Il mène un combat contre lui-même et elle ne peut que l’empêcher de céder à ses démons, ce qu’elle fera une bonne partie de la nuit.

***

La nuit a été si difficile, tant pour l’un que pour l’autre. Mais à force de douceur, de soutien, de patience, ils y sont arrivés. Les premiers rayons du soleil passent par le fenêtre du salon et vient illuminer petit à petit l’appartement de Lucas. Les tremblements ont cessés et même s’il ne se sent pas encore totalement lui-même, il a l’impression que le pire est derrière lui. Son corps le fait toujours souffrir, mais la douleur est plus sourde, plus lointaine que quelques heures plus tôt. Il a même réussi à prendre une douche, histoire de retrouver forme humaine, dont il sort à l’instant. Ses cheveux sont encore trempés et viennent coller à son front, ici et là. Lorsqu’il revient dans le salon, il retrouve Olive, somnolant dans un fauteuil, Jazz à ses pieds. Lui a veillé sur eux deux, à sa façon. Lucas s’avance doucement, essayant de faire le moins de bruit possible. Il s’accroupit pour caresser son chien entre les deux oreilles. Puis, il pose sa main sur le genou de la brune, avant d’y appliquer une légère pression, pour la réveiller. « Euh… tu veux boire un truc ? Du café ? », lui propose-t-il, gentiment. Sa voix est toujours faible et son corps lui réclame du repos, mais ce qui compte pour lui, là, maintenant, c’est de s’assurer qu’Olive pouvait avoir un petit moment de répit.

@Olive Sterling

Olive ne sera jamais prête à lui en vouloir plus longtemps qu'il ne faudrait, tout simplement parce qu'elle n'est pas rancunière, cela même quand elle devrait l'être. Elle reste persuadée que les gens sont bons, même s'ils l'ont fait un jour souffrir. Alors forcément, elle ne peut pas en espérer moins de Lucas. « Non, non, c’est pas oublié… Je suis tellement désolé, Olive. Je m’en veux tellement de t’avoir fait tant souffrir. Je sais qu’on était que des gosses, mais ça excuse rien… » La brune soupire. Qu'il s'excuse autant qu'il en a envie si cela l'enchante, ça ne changera pas son point de vu. Pour elle, c'est entièrement du passé et c'est mieux comme ça. Et puis, ce n'est pas comme si elle n'avait jamais eu la moindre explication, il avait finir par lui dire la vérité, par une coïncidence, certes, mais c'était mieux que de vivre dans l'attente de quelque chose qui ne viendra jamais. Au moins, il avait été clair, et comme convenu, elle avait tenu sa langue pendant toutes ces années. Ne reparlant de lui à personne, comme s'il avait tout bonnement disparu de la surface de la Terre. Ça avait été mieux ainsi et Olive, elle ne regrettait rien. Au pire, seulement d'avoir trop souffert. L'important, ce n'est pas ce qui a été, mais qu'il se sente mieux. Alors au diable son cœur brisé à tout jamais pour cette fois. « Je sais plus trop… » - « Réfléchis, c'est important. » Elle avait besoin de précision, cela même si c'était trop difficile pour le jeune homme de faire cet effort. Il voulait être sauvé non? Alors il devrait l'aider pour ça, il n'avait pas d'autre choix. Sinon, elle lui enfoncerait une gélule au fond de la gorge sans consentement. C'était à prendre ou à laisser. Par chance, la langue du brun se dénoua. « Ça fait un peu plus d’un an… Je m’étais dit que cette année, j’allais arrêter. Ça fait deux jours et j’ai juste envie de crever. Je suis vraiment trop faible.  » Bien, ce n'était donc pas si alarmant. La réaction de son corps était tout à fait normale, même si c'était douloureux. C'était trop récent pour que le manque ne soit pas présent. Trop récent pour qu'il ne souffre pas. « Tu vas pas me laisser, hein ? » - « Je resterai aussi longtemps que tu auras besoin de moi, je te le promets. » Et elle tenait toujours ses promesses Olive, quoi qu'il en coute. Et cela même si elle ne lui devait absolument rien. « Je vais aller mieux, je te le promets. Je veux être une meilleure personne. Mais il faut pas que tu me laisses tout seul, sinon… » - « T'as pas besoin de me prouver quoi que ce soit, tu iras mieux c'est certain, faut juste être courageux. » Ce qu'il n'avait pas toujours été, mais Olive garda soigneusement ce passage pour elle. Elle ne voulait pas l'offusquer ou rendre des comptes, ce n'était ni l'endroit, ni le moment pour ça. Il était jeune, il survivrait avec de l'aide et une surveillance régulière. « J’ai trop mal… Je t’en supplie, assomme-moi, coupe-moi la jambe, n’importe quoi… Je veux que ça s’arrête… Je ferais n’importe quoi pour que ça s’arrête… » Olive hocha la tête de gauche à droite. Malheureusement, il souffrirait, et seul le temps lui accorderait la paix dont il a besoin. Olive espérait juste que la douleur finisse par l'assommer avant qu'elle ne s'en charge.

Par grâce, la nuit avait fait place au jour et un silence pesant c'était amené avec. Olive était épuisée et avait lutté toute la nuit pour ne pas laisser Morphée l'emporter alors qu'elle devait veiller sur Lucas. Pourtant, maintenant que le jour avait pointé le bout de son nez, elle n'avait pas résister longtemps, fermant ses yeux alors que le brun s'affairait à autre chose, ce que finalement, elle n'avait même pas remarqué. Ce qui la fit sursauter, ce fut la main qui venait de se poser sur son genoux, la ramenant dans le présent. « Euh… tu veux boire un truc ? Du café ? » - « Oh pardon, je me suis endormie. » Elle frotta ses yeux endormis. Une tentative pour reprendre un peu de lucidité. Une fois sa vision moins trouble, elle posa son regard sur son ancien amant. Il semblait en meilleure posture que quelques heures plus tôt ce qui la rassura. « Comment tu te sens? » En outre, y avait-il quoi que ce soit qu'elle puisse faire. La brune passa une main dans ses cheveux pour remettre un peu d'ordre et surtout tourner son attention vers quelque chose. « Je suis partante pour un café oui, merci. » Cela lui permettrait de rester un peu plus dans ce monde sans succomber au sommeil. Elle se reposerait plus tard, quand elle en aurait le temps. Olive se leva du fauteuil pour rejoindre Lucas dans la cuisine. « Je peux t'aider pour quoi que ce soit ? » Elle ne voulait pas rester à se tourner les pouces. Olive n'était pas là pour ça de toute manière, alors autant se rendre utile.

@Lucas Allen

Évidemment, il est normal qu’Olive ait fini par s’assoupir. Lucas s’en veut de devoir la réveiller. Il aurait pu la laisser dormir dans ce fauteuil, lui poser un plaid sur les genoux. Mais l’incertitude sur l’emploi du temps du jour de la jeune femme a pris le dessus et l’ancien pompier ne voulait pas risquer de se faire disputer pour ne pas l’avoir réveillée. « T’excuses pas. On est crevé tous les deux. », répond-il à la brune lorsqu’elle s’excuse de s’être endormie. Il l’observe frotter ses yeux, essayant d’éloigner le sommeil qui y avait pris place. Ils se regardent dans les yeux un instant, sans rien dire. La jeune femme brise le silence pour lui demander comme il se sent. Lucas ne peut s’empêcher de grimacer. Il a l’impression d’être dans le corps d’un homme de 70 ans, douloureux et ankylosé. « Horrible. Mais un peu mieux que cette nuit alors… c’est toujours ça de pris. Et toi ? », lui demande-t-il. Il est sincèrement inquiet pour elle, après l’appel à l’aide qu’il lui a envoyé hier soir, et la longue nuit qu’elle a dû subir par sa faute. Il a l’impression que ce qu’il s’est passé n’est pas réel. Comme un cauchemar qui n’aurait pas eu de fin. Finalement, Olive décide d’accepter sa proposition pour un café. « Je t’apporte ça. », dit-il, avant de la laisser pour aller dans la cuisine. Il sort sa cafetière italienne du placard et la remplit d’eau, avant de placer du café moulu dans le petit contenant prévu à cet effet. Son corps fait ses gestes par automatisme, tandis que son cerveau tente de retrouver les idées claires. Si la sensation de manque s’est légèrement calmée, sa jambe le fait encore énormément souffrir. Il essaie de ne pas y prêter attention, se concentrant sur la préparation du café pour Olive. Sa voix derrière lui le surprend et il sursaute, ne s’attendant pas à ce qu’elle l’ait rejoint. Elle est venue lui proposer son aide, évidemment. Lucas pose la cafetière sur le feu de la cuisinière, avant de se retrouver vers la jolie brune. « T’en as déjà fait bien assez, cette nuit. Juste assieds-toi et attends que je te serve. » Cela sonne presque comme un ordre, alors qu’il veut seulement prendre soin d’elle à son tour. Mais la jeune femme ne semble pas prête à obéir. « Tu vas pas m’écouter, hein ? », lui lance-t-il, avec un petit sourire. « Tu peux sortir des tasses du placard, là-haut, si tu veux. » En vérité, il aurait préféré qu’Olive reste dans le salon, car s’il avait proposé de préparer du café, c’était aussi pour pouvoir fumer une cigarette tranquillement dans sa cuisine. Et la présence de la jeune femme ne lui rendait pas cette tâche forcément facile. Il ouvre la fenêtre et ose en sortir une d’un paquet qui traînait là, avant de la porter à ses lèvres et de l’allumer. Il s’attend à une remarque de la brune, qui avait posé les deux tasses vides sur le plan de travail, mais elle ne dit rien. « Merci pour cette nuit. », finit-il par dire, sans la regarder pour autant. Il a envie de redevenir cet homme fort et invulnérable devant elle, alors qu’il a passé la nuit à gémir de douleur et délirer devant elle. Le retour en arrière semble impossible. « Je suis désolé que t’aies dû me voir… dans cet état. Ça arrivera plus, je te le promets. » Il fait passer ça pour un accident, alors que tout est bien plus compliqué que ça. Lucas Allen, tu ne devrais pas faire de promesses que tu n’es pas sûr de tenir…

@Olive Sterling

Olive n'avait pas pris conscience que son corps abandonnait la partie en cédant au sommeil. Elle n'avait pas eu le temps de réagir alors que les bras de Morphée l'enveloppait doucement. « T’excuses pas. On est crevé tous les deux. » Lui sûrement plus qu'elle d'ailleurs, c'est pour ça que la brune ne préfère rien dire de plus. Elle se frotte les yeux pour chasser le sommeil qui la garde encore un peu emprisonnée. Prête à céder si c'est le mieux finalement pour elle, mais elle sait que ce n'est pas encore le moment. Pas encore l'instant idéal pour se caler confortablement contre un oreiller. Cela viendra plus tard. D'abord, elle devait revenir à la réalité du monde, mais surtout à son ancien amant qui a l'air de se sentir mieux. Son visage est encore marqué par les ténèbres qu'il a combattu toute la nuit, mais il a l'air moins hanté, c'est déjà ça. « Horrible. Mais un peu mieux que cette nuit alors… c’est toujours ça de pris. Et toi ? » Elle fut rassurée de l'entendre dire qu'il sentait un peu mieux car oui, en effet, c'était déjà ça de pris. « Je vais bien, merci. » De toute manière, ce n'était pas vraiment elle le sujet principal. Lucas n'avait pas à s'en faire de savoir comment elle se portait alors que le monde semblait bien trouble autour de lui. Du moins, c'était ce dont Olive pensait. « Je t’apporte ça. » L'Australienne le remercie alors qu'il s'éloigne déjà dans la cuisine pour préparer le tout. Préférant ne pas laisser ses fesses sur le fauteuil pour éviter de replonger dans un sommeil non-voulu, Olive s'en leva pour retrouver le brun. Se dégourdir les jambes un instant lui semblait une bonne idée alors qu'elle tentait de faire comprendre à son corps que ce n'était pas lui qui avait l'emprise sur sa volonté à rester éveiller.  « T’en as déjà fait bien assez, cette nuit. Juste assieds-toi et attends que je te serve. » Olive grimace pour seule réponse. Elle ne le forcera pas à lui donner quelque chose à faire ça c'est certain, mais elle ne retournera pas sur ce fauteuil à moins qu'on la force pour pleins de raisons. « Tu vas pas m’écouter, hein ? » Ses épaules se haussent bien haut, histoire de dire que non, il n'en est pas question. « A moins que tu me chasses d'ici, je ne bougerai pas Lucas, j'en suis navrée. » Elle ne voulait pas paraitre soulante, ou pire, elle voulait juste rester en alerte au cas où une nouvelle crise de manque surviendrait. Elle voulait être là pour son ami malgré ce passif difficile entre eux. Parce qu'il méritait qu'on prenne soin de lui pour une fois. Qu'on soit prêt à rester éveiller des jours entiers pour qu'il se porte mieux. Du moins, c'est ce qu'Olive avait envie de faire, qu'il le veuille ou non. « Tu m'as fait venir pour ça non? » Omettant le fait qu'il était dans un très mauvais état bien évidement. Olive émit un petit rire. « Tu peux sortir des tasses du placard, là-haut, si tu veux. » Elle accepta volontiers cette nouvelle tâche qui lui semblait à sa hauteur. Olive ouvrit le placard à la recherche de tasse, se trompant une première fois sur le rangement avant de trouver le bon. Deux tasses en main, elle se tourna vers le brun. La fumée de la cigarette qu'il vient d'allumer lui chatouille les narines mais Olive ne se permet aucun commentaire. Après tout, cette mauvaise manie du brun ne la regarde absolument pas et elle ne se permettrait pas de le sermonner. S'il en a besoin, alors que grand bien lui fasse. « Merci pour cette nuit. » - « Ce n'est pas grand chose. » Olive n'est pas modeste, c'est juste qu'elle a l'impression que c'est naturel de venir en aide à un ami. De mettre en parenthèse une nuit de sommeil pour veiller sur quelqu'un qui lui est chère. Cela même si ça semble trop, ou inapproprié. Olive ne l'aurait pas fait si cela ne lui avait pas tenu à cœur.  Je suis désolé que t’aies dû me voir… dans cet état. Ça arrivera plus, je te le promets. » Olive plisse le front. Elle n'a pas besoin d'une promesse, elle a besoin qu'il se sorte de cette mauvaise passe. La brune soupire. « Si tu tentes de te convaincre toi, tu sais que c'est perdu d'avance. » Elle marque une pause. « J'suis pas désolée d'avoir été là pour toi, et je le serai pas d'être de nouveau là quand tu auras besoin. » Une nouvelle pause pour reprendre le fil de ses pensées, pour tenter de ne pas être brutale dans ses mots. « Parce que la crise reviendra, parce que le manque disparaitra pas comme ça faut que tu en sois conscient. Et quand tu auras besoin, je serai là. » Elle ne le promettait pas parce que c'était simplement la pure vérité. Les choses n'iront pas mieux tout de suite, et la médecin en Olive en est bien trop consciente. Olive contourne le comptoir de la cuisine pour venir se positionner devant le brun. « Si tu ne veux pas, tu n'as qu'un mot à dire et je repartirai. Je ne te forcerais jamais la main, pas plus qu'avant Lucas. Mais sache que si tu ne me mets pas à la porte, je resterai là jusqu'à ce que tu sois vraiment en état d'être seul. » Parce qu'il était hors de question qu'elle l'abandonne à son propre sort. Hors de question qu'elle tourne les talons en sachant pertinemment que cette nuit ne serait que la première d'une longue série dans la vie de Lucas. Olive n'aurait clairement pas l'esprit tranquille à savoir son ami dans cette posture pour les jours à venir, alors autant le prévenir de suite qu'elle ne bougera pas à moins que ce soit vraiment le souhait du jeune homme. Les cartes étaient entre ses mains, et seulement entre les siennes.

@Lucas Allen

Même si la douleur laisse peu à peu sa place à la culpabilité, Lucas se sent reconnaissant et chanceux d’avoir Olive à ses côtés, là, tout de suite. Elle est une présence réconfortante à ses yeux ; un lien bien particulier les unit, issu d’un passé qui lui semble si lointain. Il a un peu honte d’en profiter, alors il essaie de tout faire pour prendre soin d’elle : lui proposer un café, lui demander de rester installée dans le fauteuil confortable du salon. Mais la brune ne l’entend pas de cette oreille, évidemment et le rejoint dans sa cuisine. À nouveau, il cède et la laisse l’aider dans la tâche qu’il s’est lui-même imposé. Face à elle, il sait qu’il peut laisser tous ses vices s’exprimer, sans qu’elle ne le juge. Lorsqu’il s’allume une cigarette, elle ne dit rien. L’odeur du café qui coule petit à petit dans la cafetière vient se mélanger à celle du tabac et il profite du silence qui s’est installé pour s’excuser auprès d’elle et lui promettre qu’elle n’aura plus à assister à une scène similaire à celle qu’elle a vue cette nuit. Comme toujours, elle voit clair en lui et soupire. Elle a toujours su déceler lorsqu’il mentait, que ça soit lui mentir à elle ou bien à lui-même. « Et te convaincre toi, c’est perdu d’avance aussi ? », demande-t-il, osant plonger ses orbes noisette dans les siennes. Il pense connaître plus ou moins la réponse, mais il tente quand même. Il tire une nouvelle bouffée de nicotine sur sa cigarette, avant de la poser contre le cendrier. Elle est là pour lui et l’entendre lui dire apaise son coeur et ses angoisses, sans qu’il ne s’y attende. Un sourire en demi-teinte s’affiche sur le visage de Lucas, tandis qu’il remplit les deux mugs sortis plus tôt par Olive de café. L’idée d’une prochaine crise lui donne des frissons d’horreur et il espère sincèrement ne pas avoir besoin d’appeler à nouveau la brune, désespéré. « C’est très gentil, mais j’aimerais bien qu’il n’y ait pas de prochaine fois. », finit-il par dire, en lui tendant une tasse fumante. Ses mots sonnent étrangement, comme s’il lui disait qu’il ne voulait plus la voir, alors que c’était tout le contraire. « Je veux dire, j’aimerais bien qu’il n’y ait pas de prochaine crise. », précise-t-il. Les mots, ça n’avait jamais été son point fort. Il a toujours été extrêmement maladroit, déjà à l’époque où ils sortaient ensemble, et le temps semble n’y avoir rien changé. Olive, en revanche, sait y faire. Il l’observe s’approcher de lui, déterminée. Il s’attend à se faire sermonner, mais il n’en est rien. Bizarrement, elle lui offre une porte de sortie. Lucas se rend compte en cet instant à quel point elle a toujours été plus courageuse et téméraire que lui, qui a fini par faire carrière en tant que pompier. Son courage face aux flammes et aux situations dangereuses n’est plus à prouver, mais quand il s’agit de considérations plus personnelles, le brun s’est toujours trouvé en difficulté. Olive, elle, a toujours su le mettre face à ses contradictions, ses faiblesses, et dire les choses. Il n’a pas envie qu’elle parte, il n’a pas envie de rester seul. Sa fierté lui interdit de lui dire. Il culpabilise déjà bien assez de l’avoir tant sollicité, cette nuit, et pourtant… « Non, reste. », finit-il par dire, saisissant sa main du bout des doigts, comme pour la retenir. Ça lui a pris un effort quasi-surhumain de le lui demander, à tel point que le ton employé sonne comme une prière, murmurée du bout des lèvres. Le vent de panique qu’il a ressenti en l’entendant évoquer la possibilité qu’elle puisse partir, là, tout de suite, a commandé son corps. Il se racle la gorge, pour y chasser les tremolos qui pourraient encombrer sa voix. « Je veux dire… Tu peux rester. S’il te plaît. » Il ne sait pas s’il lui demande ou s’il lui pose la question. Sa main lâche doucement la sienne, pour ne pas lui imposer davantage sa vulnérabilité et il en profite pour boire une gorgée de café, dont il espère qu’il l’aidera à retrouver les idées un peu plus claires. Il repense à ce qu’il a dit un instant plus tôt - qu’il n’aimerait pas qu’il y ait de prochaine fois. Il se sent obligé de revenir là-dessus, souhaitant réparer quelque chose qu’il a sans doute cassé, sans le vouloir. « Tu sais, j’aimerais bien qu’on se revoit dans d’autres circonstances, une prochaine fois. », souffle-t-il. Son regard se noie dans sa tasse de café, comme s’il avait honte de lui demander. Sa demande sonne comme une proposition étrange, au regard des anciens amants qu’ils ont été, il y a comme un siècle déjà. Pour autant, Lucas ne fait qu’exprimer quelque chose qu’il pense sincèrement. S’il avait tant fait souffrir la brune par le passé, il ne voulait pas que ça se reproduise et ne voulait plus que leur relation se résume à elle qui lui porte secours et lui sauve les miches quand il en a le besoin. Le fait qu’elle soit venue cette nuit lui prouvait bien qu’elle ne ressentait pas que de la rancoeur à son égard et il y voit peut-être là un terreau fertile pour rebâtir une amitié qu’ils auraient pu nouer il y a longtemps.

@Olive Sterling

L'important c'était avant tout d'être là, peu importe le motif finalement de sa venue. Peu importe que la nuit ait été trop courte pour qu'elle se sente en forme. Peu importe que le monde brûle dehors tant qu'elle est là. Voilà ce qui traverse l'esprit d'Olive alors qu'elle se retrouve près du brun. Ils n'ont pas besoin d'être deux pour faire couler un café, elle en est largement consciente, mais Olive n'arrive pas à garder cette distance entre elle et le brun. Pas après ce qu'ils ont traversés cette nuit. Elle n'a pas envie qu'il replonge seul dans cette folie qu'est le manque. Elle n'a pas envie qu'il se retrouve seul dans ces circonstances. Cela même si elle devrait retourner chez-elle et fuir cet endroit qui éveil en elle un tas de souvenirs douloureux. « Et te convaincre toi, c’est perdu d’avance aussi ? » - « Si tu veux que je parte, dis-le moi juste. » Et alors peut-être que le ferait, peut-être qu'elle accepterait de quitter ce logement sans un seul regard en arrière, mais le cœur lourd. Olive ne veut pas du mauvais rôle. Celui de l'amie qui insiste trop pour prendre soin de l'autre, qui s’inquiète pour un rien, qui en fait trop. Olive, elle veut juste être l'amie qui compte pour une fois plus que le reste. Qui est là parce que c'est nécessaire et c'est tout. « C’est très gentil, mais j’aimerais bien qu’il n’y ait pas de prochaine fois. » La brune accepte la tasse avant de souffler dessus. La seule réponse qu'elle peut fournir à Lucas n'aurait pas de sens alors elle préfère se taire devant sa réflexion. Elle n'est pas là pour lui donner de faux espoirs, car ça, ce ne serait pas juste du tout. « Je veux dire, j’aimerais bien qu’il n’y ait pas de prochaine crise. » Olive hocha la tête de haut en bas. « Je te le souhaites sincèrement. » La brune marqua une petite pause pour souffler de nouveau sur le café dans ses mains. « Mais le sevrage, ce n'est pas quelque chose de magique. » Mais ça, elle était persuadée qu'il le savait et que ce n'était peut-être pas important d'insister sur ce point. Le seul problème, c'est qu'il devait comprendre qu'il souffrirait encore, que des nuits comme celles-ci, il y en aurait d'autre. Olive, elle ne souhaitait que le meilleur pour son ami, rien de plus. Sauf qu'Olive, elle est entièrement consciente que sa propre présence ici ne peut-être que la volonté de Lucas. Que sans cela, elle n'a aucunement sa place dans cet endroit et qu'alors toutes les paroles du monde n'auraient aucun poids. « Non, reste. » Ce serait la seule fois qu'il aurait à prononcer cette sentence. La seule fois qu'elle lui demanderait s'il était d'accord pour qu'elle reste ou non. En tout sens, la suite de cette aventure, pénible fut-elle, n'était que entre les mains de Lucas. « Je veux dire… Tu peux rester. S’il te plaît. » La brune lui sourit tendrement. « Oui, d'accord, je ne bouge pas. » Et elle le ferait, sans jamais revenir sur ses mots. Jusqu'à ce que le jeune homme ne puisse plus la voir, jusqu'à ce qui la supplie de partir. Alors là, peut-être qu'elle changerait de cap pour retrouver le silence de son propre logement. Le silence de ses propres pensées, de sa solitude. « Tu sais, j’aimerais bien qu’on se revoit dans d’autres circonstances, une prochaine fois. » Olive n'y voit pas d’inconvénient. Et même s'il y en avait réellement, elle aurait fort du mal à refuser cette proposition qui semble sincère. Pouvoir reprendre contact convenablement avec Lucas lui fait un bien fou, plus de bien qu'elle ne l'aurait pensé d'ailleurs. Cet homme a eu un impact important à un moment dans sa vie, et même s'il n'a pas été le compagnon le plus sympa du monde, l'amour qu'elle lui a porté est suffisant pour qu’aujourd’hui elle n'y voit aucune mauvaise chose. Après tout, ils étaient jeunes et c'était il y a longtemps. Ils ont changés tous les deux. Ce sont deux adultes maintenant qui ne méritent pas de revenir constamment sur un passé douloureux. « Je n'y voit pas d’inconvénient écoute. Ce serait même avec grand plaisir ! » Olive lui sourit avant de porter la tasse à ses lèvres. « J'en serai même très heureuse tu sais. » Les personnes avaient de l'importance pour Olive, d'autant plus quand il y avait un petit quelque chose entre eux. Elle ne refuserait jamais de passer du temps avec l'un de ses amis. Encore moins dans d'autres circonstances que celles de cette nuit. « Tu m'as manqué. » C'était une révélation qu'elle n'avait pas de raison de garder pour elle. Autant être sincère avec lui dès maintenant, à moins de le regretter malheureusement plus tard. Olive était vraiment heureuse de le retrouver, peu importe le contexte. Peu importe la manière.

@Lucas Allen

L’idée qu’Olive le laisse seul l’a fait paniqué en une fraction de secondes et il n’a pas pu s’empêcher de lui demander de rester. Son ton s’était fait implorant, comme un enfant qui se serait réveillé d’un cauchemar en pleine nuit et qui aurait demandé à dormir dans le lit de ses parents. Alors qu'il observe Olive accepter sa demande de rester, Lucas sent un poids disparaître de ses épaules. Il sait qu'il a pris la bonne décision en lui demandant de rester, même si cela va à l'encontre de son instinct de vouloir la protéger de tout ce chaos et de sa fierté. Mais il a besoin d'elle, plus que jamais, et il est reconnaissant qu'elle soit là pour lui, malgré tout. « Merci. », lui dit-il, doucement. Il prend une gorgée de café pour apaiser ses nerfs alors qu'il écoute Olive lui répondre avec un sourire chaleureux. Ses mots résonnent doucement dans son esprit, lui rappelant à quel point il a manqué d'une présence comme la sienne dans sa vie tumultueuse. Il sait qu'il a fait des erreurs par le passé, qu'il a blessé ceux qui lui étaient chers, y compris Olive. Mais maintenant, il est déterminé à faire les choses différemment, à reconstruire les liens qu'il a brisés. « ‘faudra se prévoir ça, alors. Il y a quelque chose en particulier que tu aimerais faire ? », demande-t-il à la brune. Les mots qu’elle prononce ensuite le surprennent. Un sourire timide étire ses lèvres tandis qu'il fixe Olive, cherchant le courage de lui exprimer ce qu'il ressent. Il veut lui dire à quel point sa présence lui a manqué, à quel point il est reconnaissant de l'avoir à ses côtés. Mais les mots se bousculent dans sa tête, incapables de franchir le seuil de sa bouche. « Tu m'as manqué aussi. », murmure-t-il, ses yeux noisette plongeant dans les siens avec sincérité. Il veut qu'elle comprenne à quel point sa présence compte pour lui, à quel point il est reconnaissant de l'avoir à ses côtés en ce moment précis. Si tout n’était pas encore si fragile et compliqué entre eux, il l’aurait serrée dans ses bras, sans hésiter, mais il ne voulait pas abuser encore de sa gentillesse ou la mettre mal à l’aise. À la place, il vient lier les doigts de la jeune femme aux siens, comme quelques secondes auparavant, mais dans un geste bien moins désespéré, cette fois. Il y applique une douce pression, comme pour lui transmettre tout ce qu’il est bien incapable de dire, avant de les relâcher. Il reprend entre ses doigts la cigarette qu’il avait posé contre le cendrier, il y a quelques minutes, et la remet entre ses lèvres. « Alors, comme ça… t’as une nièce ? C’est la fille de Midas ? », demande-t-il, en tirant une nouvelle bouffée de nicotine. Le nom du frère d’Olive n'était pas sorti de sa bouche depuis de nombreuses années et en parler maintenant donnant à Lucas l’impression vertigineuse de replonger dans son passé à une vitesse folle. S’il avait repris contact avec la brune peu de temps après son départ, ce n’était pas le cas de son frère, qu’il avait fréquenté au lycée. Bien sûr, il l’avait vu de loin ; à la télévision, à l'affiche de certains magazines, mais c’était bien les seules nouvelles qu’il avait. Son ventre se met alors à gargouiller, comme pour leur éviter à tous les deux une conversation qui les mettrait mal à l’aise. Maintenant qu’il y réfléchit, Lucas ne se souvient pas de la dernière fois qu’il a avalé quelque chose. La nausée qui l’a secoué les dernières vingt-quatre heures ne l'avait pas aidé à avoir de l’appétit, alors le fait que son estomac se réveille à nouveau ne pouvait être qu’un bon signe. « Désolé. », finit-il par dire, un peu gêné. « Je crois que j’ai un peu faim. » Il fait un petite pause. « Je peux nous préparer un truc à manger, si t’as faim ? Enfin, on peut le préparer ensemble. », reprend-t-il, sachant pertinemment que la brune n'allait pas rester les bras ballants à l’observer cuisiner pour le petit déjeuner.

@Olive Sterling

Olive n'a pas envie de partir, pas plus qu'elle n'a réellement pas envie de quitter Lucas plus qu'autre chose finalement. C'est cette idée qui la retient à cet endroit où elle ne devrait sûrement pas être. Son ami a eu besoin d'elle, ce même ami qui pourtant lui a fait bien du mal des années auparavant, mais pour une raison qu'elle ignore encore, Olive n'arrive pas à se résoudre à partir. Peut-être que cela aurait été préférable, peut-être que finalement elle n'aurait pas le besoin imminent de se demander si elle fait le bon choix en restant encore un peu, juste un peu. Mais elle sait que même si le brun termine par la mettre dehors par la force, elle reste plantée là à se demander si ce n'est pas une erreur. Pour l'instant, elle tente de mettre cette mauvaise idée de côté en s'appliquant à la tâche. En occupant ses mains et son esprit par la même occasion. Ce n'est pas facile pour elle de s'arracher du passé, d'oublier dans son ensemble ce qu'elle a vécue, ce qui fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui parce qu'au fond, cela reste douloureux. Sauf que c'était hier tout cela, et qu'aujourd'hui est différent. Olive pardonne. Olive avance. C'est ce qu'il faut retenir finalement. « ‘faudra se prévoir ça, alors. Il y a quelque chose en particulier que tu aimerais faire ? » - « J'admets ne pas avoir d'idée pour l'instant, mais on a le temps d'y réfléchir non ? » Parce que rien ne presse maintenant. Ils ont le temps de mettre cette possibilité en place, le temps d'apprendre à se connaître, le temps de construire un avenir. Olive en tout cas n'a pas envie de tout boucler maintenant, parce que ce serait trop rapide pour que ce soit réel. Elle aurait l'impression que demain est déjà là alors que la journée commence à peine. C'est une nouvelle relation qui commence aujourd’hui, et elle a hâte de découvrir ce qui l'attend Olive, mais elle ne peut s'empêcher de lui exprimer ce sentiment étrange qui bloque encore sa poitrine et la réponse du brun réchauffe un peu tout ça. « Tu m'as manqué aussi. » C'est un petit pas vers quelque chose de plus grand. Des mots qui montrent qu'au moins Olive n'a pas été totalement insignifiante pour lui. En outre, ça lui fait du bien de savoir cela à la brune. Elle sait que le plus dur a été fait, que le reste sera sûrement plus facile parce qu'elle a envie que ce soit le cas. Elle a envie de retrouver cet homme dans sa vie, d'une manière ou d'une autre, peu importe. Le contact des doigts de Lucas contre les siens lui fait monter le rouge aux joues. C'est rassurant et bienveillant, tout ce dont elle a besoin actuellement. Elle le laisse reprendre sa place avant de prendre une grande inspiration. Prête à affronter la suite de cette journée particulière. Mais la réalité est telle que cette journée n'en est qu'une parmi tant d'autres pour Lucas, que cet enfer ne s'éloigne pas dans un simple geste de la main. Ce serait si facile pourtant, elle le sait. « Alors, comme ça… t’as une nièce ? C’est la fille de Midas ? » Olive apprécie ce changement de conversation. Elle n'est jamais fermée à l'idée de discuter de sa nièce, bien au contraire. Un sourire large comme le monde se dessine sur le visage de l'Australienne à l'évocation de Posy. « Oui absolument. Et c'est son portrait craché, tu verrais c'est dingue. » Le sujet Midas n'était pas le plus facile, mais elle ne pouvait s'empêcher de parler de lui. De parler d'eux. Parce qu'il a été l'élément le plus solide dans sa vie ces dernières décennies alors forcément, elle ne peut omettre son ainé dans cet échange. « Cet enfant est incroyable, mais je suis sûrement pas très objective dans cette affaire. » Olive émit un petit rire. Sa nièce avait une place immense dans son cœur et elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour protéger ce petit être. Olive, c'est un peu l'équivalent de la tata gâteau finalement. « Désolé. » La brune émit un petit rire à ce mot, ne comprenant pas pourquoi Lucas lui devait des excuses pour avoir le ventre vide. « Je crois que j’ai un peu faim. Je peux nous préparer un truc à manger, si t’as faim ? Enfin, on peut le préparer ensemble.  » La jeune femme secoua positivement la tête. « Ce n'est pas une mauvaise idée, je meurs de faim également. » Elle soupire à l'idée de ne même pas avoir fait attention à ses propres besoins. « Je te proposes de m'en occuper, pendant que toi tu te méninges. Et avant que tu refuses, sache que ça me fait plaisir parce que j'adore cuisiner. » Même si elle n'est pas très douée pour être totalement honnête, mais ça, le brun finira par vite le découvrir. Pour autant, elle tient à ce qu'il se repose pendant qu'elle se met aux fourneaux. « Dis-moi juste de quoi tu as envie, et où sont rangés les ustensiles de cuisine surtout. » Elle rit se rendant compte qu'elle n'est pas chez-elle et que par conséquent, elle en sait aucunement où sont les choses utiles.

@Lucas Allen

L’idée de renouer petit à petit une amitié avec Olive lui semblait aussi réconfortante que terrifiante. Comme si elle le ramenait des années en arrière. Certes, ils ont tâché de se donner des nouvelles, de se voir de temps à autres, mais le mal que Lucas avait fait à la brune lorsqu’il était adolescent - même si ce n’était pas pour de mauvaises raisons - avait clairement brisé quelque chose entre eux. Et il ne tient absolument pas à la faire souffrir de nouveau, alors s’ils sont amenés à redevenir amis, l’ancien pompier veut vraiment faire les choses pas à pas, en douceur. Elle n’avait pas réellement hésité lorsqu’il lui avait envoyé un appel à l’aise cette nuit, ce qui était certainement le signe qu’elle tenait encore un peu à lui - du moins, il l’espérait. Alors quand Olive lui répond qu’elle est d’accord pour qu’ils revoient, Lucas se sent un peu soulagé, même si elle ne semble pas encore décidée sur une idée d’activité à faire ensemble. « Oui… mais je crois que j’ai une petite idée, finalement. », finit par dire Lucas. Oui, il a bien une idée en tête. Une chose qu’il pourrait partager avec elle et qui lui plairait certainement. Néanmoins, vu son état actuel, il allait devoir attendre quelques jours avant de lui proposer quoi que ce soit.
Les mots d’Olive à son égard apportent du baume au coeur au pompier, ce qu’il lui signifie en venant doucement serrer ses doigts entre les siens pendant un court instant. Il ne peut réfréner un sourire lorsqu’il la voit rougir légèrement. Il rompt le contact aussitôt, ne souhaitant pas la mettre mal à l’aise et décide de changer de sujet. Il se souvient que la brune a évoqué sa nièce, cette nuit, et se dit qu’il s’agit là d’une conversation dans laquelle elle devrait se sentir plus à son aise. Son hypothèse se confirme quand il voit son visage s’illuminer d’un franc sourire. « J’arrive pas à croire que Midas a une gamine… », dit-il, pensif. Lucas ne s’est jamais imaginé avec des enfants et ne souhaite pas en avoir. Pour autant, de voir son entourage avec des enfants en bas âge le ramène à une réalité parfois difficile à accepter. S’il parlait encore à ses parents, il les imagine déjà lui faire la morale, le presser de questions sur quand est-ce qu’il leur donnerait des petits-enfants… Le commentaire d’Olive sur la petite Posy le sort de ses pensées. « Je suis sûre qu’elle te ressemble aussi. », répond Lucas avec un sourire. Leur conversation est soudainement interrompue par l’estomac du pompier, criant famine. Le rire de la brune détend immédiatement l’atmosphère et il lui propose de leur préparer un repas. Évidemment, elle ne tarde pas à proposer de faire la cuisine elle-même, pendant qu’il se repose. « Hors de question. Tu es mon invitée. Et moi aussi, j’adore cuisiner. », répond-il, du tac au tac. Il se sentait bien trop coupable de l’avoir plus ou moins forcée à rester éveillée toute la nuit pour lui, alors il n’allait pas la laisser cuisiner pour eux deux toute seule. « Est-ce qu’on fait un dîner très tardif ou un petit-déjeuner aux aurores ? », demande-t-il avec un sourire. En attendant sa réponse, il réfléchit au contenu de son frigo et de ses placards, tâchant de trouver ce qu’ils pourraient bien préparer avec ce qu’il y a à disposition. « Je peux t’apprendre ma recette de houmous, sinon. Un secret très bien gardé, puisque c’est le meilleur houmous. », propose-t-il avec un clin d’oeil. « Mais si t’aimes pas le houmous, c’est ok, on peut… on peut faire des oeufs au plat… ou juste manger des céréales et des chips devant un film ? » À vrai dire, il n’avait pas la force de cuisiner quoique ce soit de plus élaboré, mais son estomac réclamait quelque chose pour permettre à son corps de continuer à fonctionner. Alors, il espérait secrètement que l’une de ses propositions satisferait la brune et qu’elle n’insisterait pas davantage pour cuisiner.

@Olive Sterling