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C'est quelque chose de tout nouveau. Quelque chose d'inédit même. Pour la première fois en vingt-huit ans, Olive Sterling avait quitté le cocon familial, cela incluant son séjour chez son ainé bien évidement, pour rejoindre l'inconnu. Et pas que pour quelques jours, non, cette décision était plus que définitive. Enfin tant que quelque chose ne viendrait pas troubler cette tranquillité d’esprit. Le fait de se sentir bien amenait de grande nouveauté dans la vie d'Olive et elle voulait faire les choses différemment, pouvoir changer son quotidien. Et par le biais du hasard purement et simplement, Olive avait rencontré une jeune femme. Ce qui, en un sens ne semble pas si surprenant, des rencontres, elle pouvait en faire tous les jours, mais celle-ci était différente. Le genre de rencontre qui bouleverse une vie, pas littéralement, mais ça a bien bousculé celle d'Olive en tout cas, et elle l'espère, pour le mieux. Shiloh Atkins, elle est sortie de nulle part alors que la jeune Australienne bravait la tempête Olga un petit mois plus tôt. Shiloh, elle a été la sauveuse d'une Olive trempée jusqu'aux os et heureuse de trouver un endroit où se mettre à l’abri alors que l'enfer s'abattait sur la ville. C'était cette petite douceur blonde qu'Olive n'attendait plus alors qu'elle s'acharnait sans relâche sur la porte de cet hall d'immeuble qui venait de s'éclairer dans la pénombre. En outre, ça aurait pu être n'importe qui, et surtout d'une autre façon, mais les choses avaient été ainsi et avaient amenés ce renouveau. Non pas qu'Olive ne se sentait pas à sa place près de son ainé, non loin de là même. C'est juste qu'avec le temps, mais surtout le dernier échange avec Midas, elle s'était rendue compte qu'il était aussi l'heure pour elle de partir. Pas du genre à changer de ville et à ne plus donner de nouvelle, non. Simplement à trouver ce cocon qui l'accueillerait avec bonheur. Shiloh, ça a été ce petit plus. Après avoir ouvert sa porte à la brune qui prenait l'eau, et un bon repas chaud, les choses ce sont fait en douceur et naturellement. Comme si une connexion évidente régnait entre les deux jeunes femmes que le monde aurait pu ne jamais rapprocher. Olive pourtant timide, s'est sentie à l'aise et en confiance avec Shiloh, presque à sa place, ce qui était une chose assez rare pour le souligner finalement. Et puis voilà qu'après des échanges et un accord commun, Olive emménageait dans l'appartement que Shiloh partageait avec Freya, sa petite boule de poil. Ce n'était pas anodin, mais surtout c'était un grand pas pour Olive Sterling.

Cela faisait une semaine tout au plus qu'elle avait amené son dernier carton et pris sa place dans la deuxième chambre de l'appartement à Fortitude Valley. Ici, tout était moins grand que dans son ancienne demeure, mais étrangement, elle préférait ces pièces plus réduites. Au moins ici, elle avait plus de chance de croiser un être vivant autre que son propre reflet. C'était différent, et c'était tout aussi bien. Doucement, Olive avait pris ses marques tout en restant prudente sur la marche à suivre, après tout, elle ne se sentait pas encore complètement chez-elle, donc parfois, elle marchait sur des œufs pour être certaine de ne pas déranger son hôte, enfin sa colocataire. Un mot nouveau dans le vocabulaire d'Olive mais qui lui plaisait fortement. Elle avait un appartement et une colocataire, qui l'aurait cru ? Et ce bonheur, elle avait très envie de le partager avec Midas. C'est pour ça qu'elle sautillait à moité sur place, en réajustement les cousins sur le canapé du salon en attendant l'arrivée de son ainé. Elle avait hâte de lui montrer ce nouveau lieu de vie où elle ne manquerait pas de le convier, peut-être trop souvent, mais cela, elle y réfléchirait plus tard. En tout cas, cette nouveauté, elle n'avait qu'une envie, la partager, encore et encore jusqu'à ce que les autres en aient marre. Et cela commencerait par Midas, elle s'en excuserait plus tard. Dans ses réflexions, elle capta la sonnette de l'appartement avec un petit temps de latence. Un sourire radieux se dessina sur le visage de la brune qui se dirigea d'un pas rapide pour ouvrir la porte. « Midas ! » Un peu trop enjouée comme elle n'en avait plus l'habitude, Olive invita son ainé à entrée avant de lui déposer un baiser sur la joue pour le saluer. « C'est un peu drôle mais... » Olive se racla la gorge. « Bienvenue chez moi. » Oui, ça sonnait drôle mais elle adorait ça. C'était chez-elle.

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Ma propriété est trop grande pour ne pas sembler vide en temps normal, elle l’est d’autant plus depuis qu’Olive est partie. Alors, certes, la compagnie de Jo comble la solitude de la plus agréable des manières. Lorsque ses parents trainaient bien trop autour d’Ava, elle était fourrée chez moi autant qu’elle le pouvait et j’étais le dernier à m’en plaindre. Mais maintenant qu’ils sont partis ou, en tout cas, pris un peu de recul, la culpabilité de laisser sa grande mère ajoutée à nos deux emplois du temps prenant la pousse à ne pas être chez moi aussi souvent que je le voudrais – à savoir, strictement tous les jours. Et lorsque je me retrouve seul dans cette baraque bien trop grande pour un seul homme, après avoir invité Amos à passer une soirée pour fêter sa libération, passé une soirée en compagnie de Cassandra et, plus globalement, fait le tour de mon carnet d’adresse, force est de constater que je me sens un peu seul. Je m’y habituerais bien sûr, et loin de moi l’envie de partager ce sentiment nouveau à ma cadette : elle a déjà bien assez d’inquiétude sans que je ne vienne y ajouter les miennes.

Je suis ravi, qu’elle ait enfin eu le courage de sauter le pas de se trouver un nouveau logement. La tempête n’a pas apporté que du négatif dans le cas d’Olive qui, après s’être réfugiée chez une jeune femme qui jusque là lui était inconnue, a sympathisé avec cette dernière au point d’envisager d’emménager dans la chambre disponible de son appartement. Le hasard fait bien les choses et, alors que je profite d’une pause, d’un ralentissement de mon rythme de travail et de vie entre la promotion de mon album et mon futur voyage à Los Angeles pour assister aux Grammy Award et continuer à parler de Yours, je suis ravi de prendre la direction de son nouvel appartement.

Sa chambre en cité étudiante, lorsqu’elle était encore en médecine, je ne l’ai jamais visitée. Elle était trop petite pour y accueillir du public, si bien que nous nous retrouvions la plupart du temps chez nos parents pour le déjeuner du dimanche – quand je pouvais me joindre à ma famille – ou bien chez moi à l’occasion de rare visite de ma cadette. Au téléphone, elle avait l’air excitée à l’idée de pouvoir enfin me présenter un chez elle, un vrai, pour ce qui est finalement la première fois. Soucieux de ne pas attirer trop d’attention sur le domicile de ma cadette, je me suis déplacé dans la voiture la moins tape à l’œil que je possède, une casquette noire vissée sur le tête et un long t-shirt dans lequel me cacher le temps de traverser la route pour aller sonner à l’interphone. Heureusement, je n’ai pas été repéré par l’œil d’un fan ou, pire, d’un photographe ou journaliste. « Midas ! » Olive semble avoir retrouvé des couleurs ou, en tout cas, c’est l’impression qu’elle me donne alors qu’elle m’accueille avec un enthousiasme qui fait plaisir à voir. « C'est un peu drôle mais... Bienvenue chez moi. » Elle se racle à gorge et, moi, j’entre dans l’appartement dont elle ouvre la porte. Je jette un coup d’œil autour de moi, observant les lieux avec un grand sourire sur les lèvres. « Ta colocataire n’est pas là ? » Rencontrer la dénommée Shiloh ne me dérange pas, mais j’ignore si Olive a eu l’occasion de lui dire qui est son frère. Du reste, pour nos retrouvailles après les fêtes, je préfère être seul avec ma petite sœur. « Oh ! Je ne savais pas que vous étiez trois. » Je me baisse pour observer la boule de poil qui se frotte à mes jambes pour m’accueillir. Puisqu’elle ne semble pas sauvage, je l’attrape pour la prendre dans mes bras et la tenir contre moi. Elle a toujours aimé les animaux, ma petite sœur. Chez moi, elle ne pouvait pas en avoir puisque je ne suis pas assez souvent chez moi pour l’envisager. « L’appartement a l’air plutôt grand ! Tu m’étonnes que ça arrange ton amie d’avoir une colocataire. » Je n’ose imaginer le prix du loyer pour ce genre de bien. « Tu me fais un tour du propriétaire ? »

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Olive admet qu'elle a bien du mal à contenir sa joie alors que cette nouvelle vie commence enfin pour elle. Il faut dire qu'à vingt-huit ans, il était temps qu'elle prenne enfin son envol. Malheureusement, les mauvais éléments de ces dernières années ont eu raison de sa prise de décision si tardive. Non pas qu'elle le regrette loin de là, parce que c'est ce qui fait d'aujourd'hui un présent bien différent de ce qu'elle aurait pu vivre. Olive est consciente qu'enfin, après des années à broyer du noir, sa vie prend un nouveau tournant surprenant. Un tournant qui lui fait vraiment beaucoup de bien, et ce qu'elle a envie de retenir. Bien sûr, cela n'empêche pas les questions de tourner en boucle dans son esprit, de se demander si elle a fait le bon choix, si elle ne le regrettera pas, si elle ne finira pas par tout foutre en l'air comme à son habitude et tout ce qu'il est possible d'avoir de négatif en tête finalement. Elle reconnaît que ce n'est pas si facile de mettre de côté ce qu'elle a vécu pour avancer, que ce n'est pas si facile de se lancer si tardivement dans une aventure qui aurait dû être banale. Mais elle tente enfin les choses Olive, purement et simplement. Il y a cette joie immense d'être arrivée jusqu'ici. Ce bonheur sans nom d'être enfin au bout du chemin. Alors forcément, tout cela, elle a envie de le partager Olive. Elle a envie de dire enfin que les choses vont bien, et sont clairement sur la bonne voie pour elle. Donc il lui semblait évident que Midas serait le premier à partager son bonheur. À venir découvrir le nouveau monde d'Olive et ce qu'il pourrait être de beau à l'avenir. Après tout, son ainé avait été là dans les pires moments de ces dernières années, Olive se devait bien de lui rendre la pareille en mettant aussi un peu de soleil dans les ombres de sa vie. C'était sûrement surprenant, peut-être même un peu loufoque quand on y pense de voir à quel point le faire d'avoir son propre appartement rend Olive euphorique, mais en y repensant ce n'est pas si étrange quand on connaît son passif. Après tout, la jeune femme n'a jamais réellement eu le temps de vivre pour elle-même. D'abord, elle a voulu faire plaisir à papa et maman en s'engageant dans des études dont elle n'était même pas certaine. Puis par la mauvaise volonté des choses, elle s'est retrouvée à squatter chez son ainé alors que le monde allait mal. Et puis, finalement, l'orage avait fait place au soleil et tout semblait être au mieux dans sa petite vie si fragile. Du moins, Olive pouvait enfin admettre de vive voix qu'elle allait bien, et ça, c'était son plus beau progrès.

Olive est sûrement un peu trop fière alors que son frère aîné prend place dans ce qui est aujourd'hui la nouvelle demeure de la brune. C'est étrange de la voir ici, étrange de savoir qu'elle devra maintenant passer par des invitations officielles pour l'apercevoir, mais c'était un nouveau mode de vie qui faisait partie du changement dont elle avait besoin. « Ta colocataire n’est pas là ? » Olive lui sourit, l'invitant par la même occasion à se rapprocher du salon où ils seront plus confortable que dans l'entrée. « Non, elle a préféré nous laisser tranquille. » Pour qu'Olive puisse se sentir à l'aise de faire venir quelqu'un de l'extérieur dans ce petit cocon. La brune avait encore quelques difficultés à prendre ses marques, encore plus à faire totalement comme chez-elle. Shiloh avait donc décidé de s’éclipser le temps qu'Olive puisse recevoir son frère ce dont elle lui était reconnaissante. Parce que c'était aussi très important pour Olive de pouvoir retrouver son frère seule. « Oh ! Je ne savais pas que vous étiez trois. » Enfin, oui quatre avec cette beauté à poil qui fait également parti du décor. « Oh, oui. Je te présente Freya. » Ce petit chat est un vrai pot de colle, mais qu'Olive apprécie grandement. Freya, c'est aussi une partie très importante de cette colocation. La brune passe une main sur la tête du chat dans les bras de son ainé pour appuyer ses propos. « Tu risques de ne plus t'en dépêtrer si tu commences ainsi. » Elle émit un rire en songeant à la première fois qu'elle avait pris Freya dans ses bras pour un câlin. Depuis, la boule de poil ne la lâchait plus d'un centimètre. « L’appartement a l’air plutôt grand ! Tu m’étonnes que ça arrange ton amie d’avoir une colocataire. » - « Carrément même. » Elle marque une petite pause en se frottant la tête. « Tu me fais un tour du propriétaire ? » Évidement que oui. Olive allait justement lui suggérer. « Avec plaisir, mais laisse moi prendre ta veste avant. » Olive lui sourit timidement, débarrassant son frère de son vêtement pour le déposer sur le canapé du salon où elle se dirigea en suite. La brune lui présenta les pièces de l'appartement une par une, laissant de côté la chambre de Shiloh pour ne pas entrer dans l'intimité de sa colocataire. Pour le reste, elle ne se priva pas. De toute manière, l'appartement était beaucoup moins grand que la demeure de Midas, donc forcément, ils firent vite le tour, revenant dans la pièce principale. « Et voilà. » Olive sourit fièrement avant de poser ses yeux sur son frère. « Qu'est-ce que tu en penses alors? » Comme toujours, la brune avait besoin de l'aval de son frère. Besoin de son approbation. « Ce n'est pas un manoir, mais ça fait parfaitement l'affaire, et Shiloh est un amour. Sincèrement, je pouvais pas rêver mieux. » Ne pas rêver mieux pour se jeter dans la gueule du loup après avoir été dépendante de la protection de son ainé pendant presque trois ans. Il fallait dire que ce nouvel environnement était un grand changement, mais un changement novateur dans tous les domaines. Le début de quelque chose en tout cas. Au fond, Olive espérait que son frère était fier de ce progrès.

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Je ne suis pas devenu imbu de moi-même et amoureux du luxe au point de ne plus apprécier les choses simples et les intérieurs plus chaleureux que fastes et étincelants. Au contraire, je suis même plutôt mal à l’aise lorsque j’invite quelqu’un à visiter ma propriété pour la première fois. Je n’ai investi dans un tel endroit, démesuré à mon avis, que parce qu’il m’a été pointé du doigt que l’immobilier était un bon investissement que, qu’une fois que je ne pourrais plus mettre un pied dehors sans être encerclé par une bande de photographes sans scrupules, je serais bien content d’avoir tout ce qu’il me faut, même en termes de loisir, à l’intérieur des quatre murs d’enceinte de l’immense terrain. Force est de constater que ce n’était pas faux ; à défaut de pouvoir aller au cinéma comme n’importe quel individu, j’ai au moins le loisir de faire se déplacer le cinéma jusqu’à moi dans des conditions de confort bien supérieures. Le fait que cela en mette plein la vue aux femmes est lui bien secondaire dans mon esprit.

L’intérieur d’Olive et de sa colocataire – j’ai oublié son prénom – l’est sans l’ombre d’un doute, chaleureux, et ma cadette a l’air parfaitement à sa place au milieu de ce salon. Je m’en satisfais pour elle, et un franc sourire étire mes lèvres. « Non, elle a préféré nous laisser tranquille. » Je hoche la tête, quelque part soulagé : les rencontres n’ont plus rien de naturel, lorsque l’on est moi et, pour la première fois que je rends visite à ma petite sœur dans son nouveau chez-elle, je n’ai pas envie d’être le centre du monde – je le suis souvent lorsque j’entre dans une pièce, et je n’en tire aucune source de suffisance. « Elle a fait le rapprochement entre ton nom et… » Et moi ? A-t-elle demandé si nous étions parents ? Olive le lui a-t-elle confié pour arracher le pansement d’un seul coup ? La petite boule de poil qui vient se frotter à mes jambes se moque bien de qui je suis, elle. Et puisqu’avec la proximité de la ferme de mon oncle et ma tante j’ai grandi entouré d’animaux, je me baisse pour prendre la petite chose dans mes bras avec naturel. « Oh, oui. Je te présente Freya. Tu risques de ne plus t'en dépêtrer si tu commences ainsi. » - « Je comprends mieux pourquoi t’as choisi cet appart. » Sur un ton badin, je houspille ma petite sœur. Dans les faits, je me doute que la jeune femme qu’elle a choisi comme colocataire doit beaucoup lui ressembler : ce n’est pas une vieille amie, Olive vient de la rencontrer et il faut au moins ça pour qu’elle ai eu le courage de se jeter à l’eau et de faire confiance à une inconnue. La petite brune qui apparaît sur quelques photos accrochées sur les murs, je l’imagine douce et aussi discrète que ma cadette. « Carrément même. » - « Ca fait un moment qu’elle cherchait et qu’elle trouvait pas ou t’es juste arrivée pile au bon moment pour elle ? » Ne plus avoir à me soucier de l’argent ne m’a pas privé de tout sens des réalités : un appartement comme celui là dans le centre de Brisbane doit couter une petite fortune. A moins de gagner excellement bien sa vie, la jeune femme qui accueille ma sœur n’a pas dû vivre ici seule bien longtemps. Est-ce l’histoire triste et tragiquement courante d’une rupture ?

« Avec plaisir, mais laisse-moi prendre ta veste avant. » Je tends ladite veste à ma sœur avant d’enfoncer mes mains dans mes poches, et de la suivre le temps d’une brève visite. Sa chambre, la cuisine ouverte sur le salon, une salle de bain pour elle toute seule, l’affaire ne nous prend pas plus de quelques minutes ponctuées par mes questions avant de revenir au salon et de prendre place sur le canapé. « Et voilà. Qu'est-ce que tu en penses alors ? Ce n'est pas un manoir, mais ça fait parfaitement l'affaire, et Shiloh est un amour. Sincèrement, je pouvais pas rêver mieux. » Je secoue la tête, comme pour lui signifier que je ne méjuge pas son nouveau chez-elle simplement parce qu’il ne s’étend pas sur plusieurs hectares. « L’appart est vraiment très sympa. Et la vibe de la déco te ressemble. » Ce que j’ai ressenti à peine entré s’est confirmé au fil de la visite. Sa chambre à elle manque encore de personnalisation, mais je suis certain que cela ne saurait tarder. « T’as vraiment eu de la chance de tomber sur elle. Et pendant la tempête en plus, c’est comme si c’était le destin, en fait. » Une part de moi y croit, à ce concept difficilement tangible. « Et je suis sûre que Shiloh - » Elle me rappelle son prénom sans que je n’aie à avouer que je l’avais déjà oublié. « - est quelqu’un de super puisque toi tu l’apprécies. » Et qu’Olive a résolument la main sur le cœur et un bon flair concernant le genre humain. « Elle bosse dans quoi ? Vous allez pouvoir passer du temps ensemble à l’appart ou vous allez pas mal vous croiser ? »

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Ce nouveau départ reste tout de même assez perturbant. Olive ce n'est pas vraiment le genre de personne à aimer la nouveauté, à se jeter dans les possibilités d'un nouveau départ tous les jours. Non bien au contraire, Olive elle n'aime pas les surprises, elle n'aime pas ce qui est inattendu. Donc forcément, avoir son propre appartement après des années à vivre dans la protection de ses parents, puis de l'internat, puis de son frère et bien, ça change beaucoup de choses chez elle. Pour être totalement franche, elle n'aurait même pas pensé pouvoir être prête pour cela avant bien longtemps. À vrai dire, elle ne l'avait surtout même pas imaginé finalement. Ce sentir prête pour ce genre de changement, ce n'était pas vraiment dans ses cordes, surtout après ce qu'elle avait vécu. Olive, elle avait l'impression que la moindre nouveauté ne pouvait pas lui être bénéfique, et que c'était ainsi plus facile de rester terrer dans ce trou. Mais elle avait tort, complément tort. D'autant, plus maintenant qu'elle comprenait ce que c'était d'avoir un chez-elle. De participer à un loyer, et tout ce qui va avec évidement. En outre, c'était un changement qu'elle appréciait beaucoup et surtout, qui lui convenait. Doucement, elle reprenait enfin sa vie en main et ça n'avait pas été une mince affaire.

« Elle a fait le rapprochement entre ton nom et… » Olive émit un petit rire à la question de son ainé. « Je ne pense pas, ou alors, elle n'a pas osé demander. » Il est vrai qu'Olive était habituée à ce que son nom de famille la rapproche tout de suite de la starlette. Parce qu'après tout, il est assez facile de faire le rapprochement entre les deux. Peut-être qu'avec politesse, Shiloh n'avait pas osé lui demander si elle était liée à Midas, la vedette. « Et j'admets ne pas l'avoir dit non plus. J'ai tendance à oublier que les autres peuvent te connaître. » C'est sûrement un peu niais, parce qu'il est clair que ce n'est pas le genre de star à pouvoir passer inaperçu. Que ce nom, beaucoup le connaîsse et depuis les débuts du chanteur. À la différence des autres, Olive le voit simplement comme son ainé, alors parfois elle arrive à oublier que ce n'est pas le cas de tout le monde et que Midas n'est pas n'importe qui non plus. « Tu penses que ce serait mieux de le dire dès le début? » Olive avait toujours la crainte que les gens s'intéressent à elle parce que son frère était connu, c'était sûrement un peu bête. Alors, oui, naturellement, elle n'en disait rien, mais peut-être que c'était mieux si elle était sincère dès le début, non pas qu'elle avait quoi que ce soit à cacher de toute manière sur cette situation. Ce n'était juste pas son sujet préféré en quelque sorte. Même si elle adorait Midas plus que quiconque. Il ne faudrait pas non plus qu'il devienne son seul point commun avec les autres. Enfin, peu importe, ils avaient sûrement mieux à faire que d'indiquer à tout va que d'être une star ce n'était valable que pour un seul membre de cette famille.

« Je comprends mieux pourquoi t’as choisi cet appart. » Olive sourit. « C'était une très bonne raison de venir ici. » Disons au moins un point de plus pour cet appartement, c'est certain. La présence de Freya avait quelque chose en plus qu'Olive ne pouvait ignorer. « Ça fait un moment qu’elle cherchait et qu’elle ne trouvait pas ou t’es juste arrivée pile au bon moment pour elle ? » Olive haussa les épaules avant de répondre à son frère. « Y a sûrement un peu des deux finalement. Parce que si je n'étais pas tombée sur Shiloh pendant la tempête, elle aurait sûrement quelqu'un d'autre pour lui tenir compagnie à cet instant. » Une grimace se dessina sur le visage de la jeune femme. « Et je serai encore sur ton canapé. » Elle lui fit un clin d’œil avant de rire. Le départ d'Olive était aussi une opportunité pour son ainé de ne plus la voir zoné dans cet espace trop grand pour eux. Même si oui, Olive admettait que vivre avec son frère lui manquait. Les choses étaient juste différentes maintenant.

Olive ne voulait pas aller trop vite en besogne, à moins que Midas soit dans l'obligation de repartir aussi vite qu'il était arrivé. Alors, une fois la visite terminée, Olive interroge son frère. C'est un peu plus fort qu'elle, ce besoin de savoir ce qu'il en pense, ce qu'il en dit. Comme si même après toutes ces années, elle avait besoin de son approbation pour ce qu'elle fait. « L’appart est vraiment très sympa. Et la vibe de la déco te ressemble. » Olive sourit bêtement à la réponse de son frère. « T’as vraiment eu de la chance de tomber sur elle. Et pendant la tempête en plus, c’est comme si c’était le destin, en fait. » - « Sincèrement oui. Shiloh, c'est un peu moi finalement. » Olive s'était retrouvée plus que de raison dans la jeune femme. Et très rapidement, elle s'était sentie à l'aise, ce qui n'était qu'un cas très rare en général. Pour Olive, ce n'était vraiment pas rien. « Et je suis sûre que Shiloh est quelqu’un de super puisque toi, tu l’apprécies. » Olive hoche la tête de haut en bas pour confirmer les propos de son frère. L'Australienne n'est pas du genre à se tromper sur les intentions des autres, et elle a reconnu en Shiloh un vrai positif. Du moins, elle espère ne pas se tromper quand elle admet que la blonde est un amour. « Elle bosse dans quoi ? Vous allez pouvoir passer du temps ensemble à l’appart ou vous allez pas mal vous croiser ? » - « Elle est styliste. » Ce qui veut tout et rien dire, Olive en est consciente alors elle se permet d’ajouter. « Chez Weatherton. Il parait que c'est un grand nom de la couture ici. » À vrai dire, Olive avait appris l'existence de cet homme en rencontrant Shiloh. Autant dire que le milieu de la mode était à des kilomètres de ses centres d'intérêts. « Du coup, elle est autant là que pas là finalement. » Shiloh passait du temps dans l'atelier de ce monsieur, mais aussi du temps à l'appartement, travaillant sur des croquis en tout genre. « Et puis j'essaie aussi de m'occuper les mains pour ne pas trainer trop dans ses pattes. Donc on se croise plus ou moins oui. » Même si elles avaient aussi des moments à deux, c'était un peu comme un vieux couple finalement. « Ce n'est pas grand chose, mais c'est vrai que le dispensaire m'aide pas mal à reprendre contact avec le monde humain. » Ce qui clairement avait été un gros point négatif dans la vie d'Olive ces dernières années. Sa sociabilité avait été en chute libre jusqu'ici, et la solitude lui pesant encore, elle n'avait pas trouvé ça déconnant que de retourner à ses premiers amours. Même si cette fois, c'était plus facile, car la pression de bien faire était moindre. Personne ne lui collait au basque pour savoir si elle supportait bien la pression du monde médical. Peu à peu, Olive se retrouvait elle-même et c'était plaisant.

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« Je ne pense pas, ou alors, elle n'a pas osé demander. Et j'admets ne pas l'avoir dit non plus. J'ai tendance à oublier que les autres peuvent te connaître. » Ce qui n’est pas un mal, bien au contraire, je détesterai m’entendre rappeler que je suis une célébrité à tout bout de champs par ma petite sœur. Le mot me semble grotesque, lorsqu’il est prononcé par quelqu’un qui me connait bien mieux que le reste du monde et qui me connaissait avant tout ça, il est grotesque dans la bouche de ma famille, ou en tout cas c’est ma façon de voir les choses. « Tu penses que ce serait mieux de le dire dès le début ? » J’entrouvre les lèvres, avant de secouer la tête pour la détromper et finalement, j’accoue enfin d’une réplique qui se veut rassurante. « Non, non, je disais pas ça pour ça. » Elle fait comme elle le sent à ce niveau : je n’ai pas besoin de me faire mousser. « Je voulais simplement savoir où je mettais les pieds. Si je pouvais débarquer à l’improviste ou s’il valait mieux que je te prévienne pour l’instant. » Non pas que ce soit réellement mon genre : comme ma sœur, j’ai souvent bien trop peur de déranger pour le faire.

« C'était une très bonne raison de venir ici. » J’adresse un regard et une caresse au chat qui ronronne dans mes bras et tâche mon t-shirt noir de ses poils clairs, avant d’adresser un sourire à ma sœur. « Je devrais peut-être en prendre un. C’est pas comme si j’avais pas la place. » Mais après réflexion, je n’ai pas forcément le temps : je suis aux quatre coins de la planète un bon tiers de l’année, un animal s’ennuierait et, si je pourrais engager des gens pour s’occuper de lui à ma place, je n’y vois pas l’intérêt. « Y a sûrement un peu des deux finalement. Parce que si je n'étais pas tombée sur Shiloh pendant la tempête, elle aurait sûrement quelqu'un d'autre pour lui tenir compagnie à cet instant. Et je serai encore sur ton canapé. » - « Tu aurais fini par trouver un appart ou une colocation. » Je lui adresse un sourire qui se veut rassurant, pourvoyeur d’un peu plus de confiance en elle. « Mais tu as l’air d’être bien tombée. » Et j’en suis sincèrement ravi pour elle. « Sincèrement oui. Shiloh, c'est un peu moi finalement. » Mon sourire s’agrandit, et j’acte dans mon esprit que j’ai hâte de rencontrer la jeune femme avec laquelle ma petite sœur vit. Mais pour l’instant, je la laisse prendre ses marques en douceur.

« Elle est styliste. Chez Weatherton. Il parait que c'est un grand nom de la couture ici. Du coup, elle est autant là que pas là finalement. » Je plisse les lèvres dans un signe admiratif, bien que très peu au fait de ce que fait la marque. « Cassie s’y connait bien plus en haute couture que moi. » Moi, on se contente de me donner la marque de ce que je porte pour pouvoir répondre aux journalistes qui posent la question – Dieu merci, on la pose moins aux hommes – et je l’oublie presque aussitôt que c’est fait. « Et puis j'essaie aussi de m'occuper les mains pour ne pas trainer trop dans ses pattes. Donc on se croise plus ou moins oui. » - « Ça viendra. Vous aurez l’occasion de faire connaissance et de pouvoir passer du temps ensemble toutes les deux. » Et pour faire quoi que ce soit que les femmes font lorsqu’elles se retrouvent ensemble et qui nous est inconnu, à nous les hommes. Quoi qu’il en soit, Olive a le sourire jusqu’aux oreilles et je ne pourrais pas être plus heureux pour elle. « Ce n'est pas grand-chose, mais c'est vrai que le dispensaire m'aide pas mal à reprendre contact avec le monde humain. » - « C’est bien plus que pas grand-chose. » Elle n’a pas fait que reprendre de contact avec le monde humain, elle l’a aussi fait avec le milieu médical. « T’aurais été incapable de bosser là-bas y’a un an. T’as fait un chemin énorme, minimise pas. » Elle le fait trop souvent Oli, et je suis certain qu’elle gagnerait en confiance en elle à cesser de relativiser ses progrès de la sorte. Je m’assieds sur son canapé, avant de joindre mes mains dans les siennes. « Est-ce que ça te donne envie de… Je sais pas, d’envisager de remettre doucement un pied dans la médecine ? » Je songe à ce chirurgien qui a sauvé la vie de ma fille et avec lequel j’avais sympathisé, ne m’avait-il pas promis d’aider Olive si elle le sollicité, après tout ?

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Olive Sterling, elle en est rudement fière de son nouveau petit cocon. De cette nouvelle vie qu'elle ose enfin s'offrir. Cela aurait pris du temps, et elle n'a clairement pas encore tous les codes pour réussir, mais ça viendra grâce à ce genre de petit progrès. Du moins, c'est ce qu'elle espère particulièrement. Surtout, maintenant, que son ainé est là pour le découvrir de ses propres yeux. Elle n'aurait pas envie de lui faire tort en sombrant dans une nouvelle noirceur pour avoir fait un nouveau mauvais choix qui lui ferait bien trop de mal. Non, cette fois, elle était sur la bonne voie Olive. Mais elle devait encore apprendre à vivre avec quelques paramètres, et la vie en dehors de la maison très surveillé de Midas était bien différente. Au point qu'elle pouvait presque en oublier son statut de star. « Non, non, je ne disais pas ça pour ça. » Elle veut juste faire au mieux pour tout le monde Olive, comme à chaque fois. Et puis elle n'a pas non-plus envie qu'on pense qu'elle cache quelque chose alors que c'est juste une omission de sa part pour le coup. Ou peut-être qu'elle ne trouve juste pas l'intérêt de dire à haute voix et à tout bout de champs "Je suis la sœur de Midas Sterling, mais oui, le chanteur" non, trop pour elle. « Je voulais simplement savoir où je mettais les pieds. Si je pouvais débarquer à l’improviste ou s’il valait mieux que je te prévienne pour l’instant. » - « Nous n'avons pas vraiment mis de mot sur tout ça, c'est tellement nouveau. » L'Australienne hausse les épaules comme pour s'excuser de ne pas pouvoir répondre oui ou non à son ainé. « Mais tu seras toujours le bienvenu ici, ça, c'est une certitude. » Et puis s'il y avait bien une personne qui avait ce genre de droit, c’était Midas.

Olive n'a pas envie que la relation avec son ainé change sous prétexte qu'elle ne squatte plus chez lui dorénavant. Bien sûr, il faudra prendre plus de temps pour les éventuelles rencontres, mais ce n'est pas si différent qu'avant. Du moins, c'est ce dont Olive garde en tête alors qu'elle pose son regard sur la boule de poil qui sème ses poils sur le t-shirt de son frère. « Je devrais peut-être en prendre un. C’est pas comme si j’avais pas la place. » - « Et, tu ferais une heureuse. » Olive parle évidement de Posy qui lui semble toujours très animée par les animaux, et en tout genre. Alors forcément, un chat ne serait pas une mauvaise idée sur le papier, même s'il y avait pleins d'autres paramètres dont Olive n'était pas maitre. « Tu aurais fini par trouver un appart ou une colocation. » Olive grimace. « Peut-être oui, ou peut-être pas, sincèrement j'y avais pas plus réfléchie que ça jusqu'à maintenant, j'veux dire, à l'idée d'être indépendante tu vois? » Même si Olive atteignait la trentaine, elle manquait encore clairement de voir le monde sous un autre œil que quelque chose qui fait peur. Elle y va petit à petit Olive, et c'est déjà ça. « Mais tu as l’air d’être bien tombée. » Olive hocha vigoureusement la tête de haut en bas pour appuyer les propos de son frère. Oui, elle était vraiment très bien tombée.

C'est plaisant aussi de pouvoir faire le portrait de la personne qui partage maintenant la vie d'Olive. De parler d'autre chose que de ses problèmes finalement. Ça la rend impatiente, insouciante et heureuse surtout. « Cassie s’y connait bien plus en haute couture que moi. » Olive émit un petit rire à la réponse de Midas, comprenant parfaitement que ce ne soit pas sa tasse de thé. Ce n'est même pas celle d'Olive, mais elle apprend à découvrir ce monde grâce à Shiloh. « Ça viendra. Vous aurez l’occasion de faire connaissance et de pouvoir passer du temps ensemble toutes les deux. » - « Oh oui, j'ai peur que sans un bon argument, elle ne puisse pas se débarrasser de moi si facilement. » Olive pensait vraiment chacun de ses mots, parce qu'elle n'avait aucune raison de vouloir vivre ailleurs ou même de recommencer ce processus avec quelqu'un d'autre. Non, Shiloh était la bonne, elle le sentait. C'est un nouveau départ dans tous les domaines finalement, puisque Olive a enfin eu le déclic de retourner à son premier amour pour la médecine. Enfin pas complétement, mais le dispensaire offre cette possibilité sans trop se mouiller, et ça lui plaît. « C’est bien plus que pas grand-chose. T’aurais été incapable de bosser là-bas y’a un an. T’as fait un chemin énorme, minimise pas. » Olive en est consciente oui, plus ou moins. « Je me dis que c'est un bon début. » Elle manque de confiance, ça ne change pas ça par contre. « Est-ce que ça te donne envie de… Je sais pas, d’envisager de remettre doucement un pied dans la médecine ? » La jeune femme marque une pause en contemplant les mains jointes des deux protagonistes. Réfléchissant sincèrement à la question de Midas. « J'aurais aimé sincèrement pouvoir te répondre que oui, parce que mine de rien, c'était vraiment très intéressant. » Elle marque une pause pour se mordre la lèvre inférieure avant de reprendre. « Mais je me rends compte aussi que ce n'est pas ce que j'ai envie de faire de ma vie. Que finalement je ne connais rien d'autre que ce monde là. » Enfin plus ou moins, parce qu'Olive, elle a essayé de faire autre chose, mais ce n'était juste pas le bon moment. « Et je pense qu'aujourd'hui, j'ai besoin de sortir de ce milieu pour autre chose. » Le quoi, ça, c'était une autre question, mais ça viendrait. Après tout, y avait pas tant le feu au lac que ça, si ?

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Je crois pouvoir affirmer sans me tromper qu’il y a longtemps que je n’ai pas eu la joie de voir un tel sourire sur le minois de ma sœur. Il n’est pas uniquement là pour les apparences, je le sens, et si prendre son envol n’est certainement que le premier pas sur la voie de la reconstruction, il reste malgré tout un pas immense, un pas que je ne l’imaginais pas capable de faire avant ça. Peut-être qu’à sa façon, ma sœur a elle aussi été touchée et changée par la tornade. Je n’en sais rien, mais ne dit-on pas que ce genre d’expérience peut transformer quelqu’un en profondeur ? Elle n’a pas frôlé la mort, mais nous avons tous eu peur, peut-être que dans son cas c’était suffisant pour lui donner l’impulsion dont elle avait besoin pour décider de vivre sa vie pour de bon. « Nous n'avons pas vraiment mis de mot sur tout ça, c'est tellement nouveau. Nous n'avons pas vraiment mis de mot sur tout ça, c'est tellement nouveau » - « Je te préviendrai à chaque fois que j’aurais envie de venir te voir. » Je la rassure sur le fait qu’elle n’a rien besoin de précipiter. Je ne réalise pas toujours ce que c’est que de me compter comme proche, de m’avoir dans son entourage avec tout ce que cela implique comme contraintes. « C’est pas un problème. » Surtout que, pour être tout à fait honnête, j’ignore si j’aurais énormément l’occasion de le faire : le début d’année risque d’être bien rempli.

« Et, tu ferais une heureuse. »
« Oh tu sais, elle en a déjà un chez sa mère. »

Je conclus le sujet chaton qui n’en était pas vraiment un – qui s’en occuperai ? J’ai à peine assez de temps pour accorder tout celui que je voudrais à ma jeune relation – avec douceur, parce qu’il n’était guère important, de toute façon. « Peut-être oui, ou peut-être pas, sincèrement j'y avais pas plus réfléchi que ça jusqu'à maintenant, j'veux dire, à l'idée d'être indépendante tu vois ? » - « Et pourtant, tu t’y prends comme une chef. » Je la couve d’un regard tendre, un sourire sur les lèvres. Elle n’a demandé d’aide à personne pour payer le loyer, ce qui signifie qu’elle se prend en main d’une façon ou d’une autre et c’est tout ce que j’ai besoin de savoir pour être rassuré. Du reste, je me suis de toute façon promis de toujours veiller au grain, de ne jamais être bien loin d’elle – lorsque je le pourrai – au cas où elle en aurait besoin.

« Oh oui, j'ai peur que sans un bon argument, elle ne puisse pas se débarrasser de moi si facilement. » Je ne me départis pas de mon sourire, presque pressé de voir venir le jour où je rencontrerai la jeune femme qui a réussi à redonner autant de confiance en elle à ma petite sœur. La preuve en est : elle a même recommencé à travailler au dispensaire, qui cherchait des bras après la tempête. J’ignore si elle réalise l’immense pas qu’elle a fait en prenant cette décision. « Je me dis que c'est un bon début. » - « C’est plus qu’un début Oli, vraiment, c’est génial. » C’est plus que ce dont je l’aurais cru capable en si peu de temps. Peut-être est-ce un signe, peut-être est-elle prête à reprendre le chemin de l’hôpital ? Si elle me l’affirmait, je n’émettrais pas de doute à l’oral, mais je ne pourrais pas m’empêcher de m’inquiéter. Après tout ce qu’il s’est passé, je la pense réellement trop fragile pour ce genre de milieu. « J'aurais aimé sincèrement pouvoir te répondre que oui, parce que mine de rien, c'était vraiment très intéressant. » Je voudrais lui dire que ce n’est pas grave si ce n’est pas le cas, mais je n’ai pas envie de la couper alors que sa réflexion semble avancer. « Mais je me rends compte aussi que ce n'est pas ce que j'ai envie de faire de ma vie. Que finalement je ne connais rien d'autre que ce monde-là. » Soupir de soulagement silencieux. J’ai craint que, à cause de la pression familiale, elle fait dix pas en arrière. Par contre, je me demande ce qu’elle fait au dispensaire plutôt qu’à chercher une autre voie, dans ce cas. « Et je pense qu'aujourd'hui, j'ai besoin de sortir de ce milieu pour autre chose. » - « Honnêtement, je le pense aussi. » La pression qui vient avec le fait de presque détenir un pouvoir de vie ou de mort, les tragédies, tout ça n’est pas fait pour ma jeune sœur que j’imagine bien plus entourée de fleurs et de gens heureux que de cadavres et de tumeurs. « Pourquoi tu es retournée au dispensaire dans ce cas ? » Je ne veux pas lui donner l’impression de la juger, ou de critiquer ses choix, je ne cherche qu’à comprendre ses décisions. « Tu ne subis pas trop de pression là-bas ? » Je m’inquiète, c’est dans ma nature.

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Finalement, la nouveauté n'est pas si effrayante que cela. Finalement, Olive peut s'en sortir sans trop de dégâts et avec un peu de volonté. Du moins, c'est ce dont elle a l'impression maintenant et ça lui fait du bien. Bien sûr, ce n'était sûrement pas la démarche la plus difficile, mais ça a au moins le don d'être le début de quelque chose dont jusqu'à maintenant, elle ne s'était pas sentie capable d'accomplir. La jeune femme craintive du moindre bruissement de vent venait de franchir une étape importante dans sa vie, et il était temps. C'est pour ça qu'elle était si heureuse de faire découvrir son nouveau lieu de vie à son ainé. C'est pour ça qu'elle trépignait d'impatience à ce qu'il lui donne son avis sur sa nouvelle situation. Comme un commentaire sur un nouveau statut facebook finalement, mais dans la réalité. Parce que s'il y avait bien une chose qui comptait plus que le reste, c'était d'obtenir la bénédiction de Midas. Peut-être qu'un jour, elle arriverait à s'en détacher, à ne plus lui demander si elle agit de la bonne ou de la mauvaise façon. Mais pas maintenant, peut-être jamais même. Et ce n'est pas si grave si? « Je te préviendrai à chaque fois que j’aurais envie de venir te voir. » Olive hoche la tête sans douter un seul instant des attentions de son frère. Elle sait très bien qu'il n'est pas le genre à débarquer à l'improviste, ni le genre à débarquer tout court d'ailleurs. C'est l'avantage d'être finalement très souvent en vadrouille. « C’est pas un problème. » - « Y a quand même une part étrange à te présence ce cocon. » Parce qu'elle ne s'en serait jamais cru capable Olive. « Parce que j'avais jamais pris l'occasion de m'envoler finalement. » Il y avait eu l'université, avec un logement étudiant non-loin de l'hôpital pour quelque temps et puis il y avait eu la maison trop grande de Midas pour le reste. Autrement dit, Olive n'avait jamais eu un vrai chez-elle jusqu'à ce jour et c'était dingue.

« Et pourtant, tu t’y prends comme une chef. » Les mots de son frère lui font plaisir, au point qu'elle se met à sourire bêtement. Même si oui, dans le fond Olive doute d'être la bonne personne pour partager le quotidien de quelqu’un d'autre, un peu finalement comme elle doute de prendre trop d'air aux autres. C'est un peu son vilain défaut à elle. « J'espère que Shiloh est de cet avis également. » Une grimace lui échappe à cette pensée. Et si finalement elle était cette personne chiante qu'on a vite envie de voir partir ? Et si finalement, Olive n'était bonne qu'à être seule toute sa vie ? Elle soupira à cette idée, tentant de chasser le négatif de sa tête. Elle était bien et heureuse, ce qui n'avait pas été le cas depuis des années, pourquoi s'embrumer la tête ainsi ? Olive ne serait pas ici si c'était le cas, il faudrait qu'elle continue de s'en persuader chaque jour jusqu'à ce que ce soit totalement naturel. Puis l'Australienne, elle n'a pas envie de partir elle. « C’est plus qu’un début Oli, vraiment, c’est génial. » Si elle en est là aujourd'hui, c'est surtout grâce à lui. Parce qu'il a poussé la brune à se surpasser chaque jour, et cela même si ce n'était que de petites actions insignifiantes. « Je dois même admettre que ce n'est pas si effrayant d'être une adulte. » Olive se mit à rire doucement. « J'ai l’impression de découvrir de nouvelles choses. Un peu naze à vingt-huit ans non? » Elle interroge son frère même si elle ne s'attend pas à ce qu'il lui dise oui. A la différence des autres, Olive avait juste eu besoin de plus de temps et d'une bonne raison de commencer à vivre pour elle. La vie, même si elle n'a pas été dramatique, n'a pas été un cadeau alors il n'est jamais trop tard. En tout cas, ça lui convient à elle.

Il y a encore des choses qu'il faut qu'elle mette en ordre. Et elle sait que tôt ou tard, il faudra qu'elle retrouve un travail, quelque chose de stable, mais surtout quelque chose dans lequel elle se sent bien. Un boulot qu'on n'a pas choisi pour elle simplement. « Honnêtement, je le pense aussi. » L'avis de son ainé rejoint le sien et elle est soulagée. Jusqu'à présent Olive n'avait prit ce chemin que pour plaire à ses parents, mais ce n'était pas suffisant pour elle. Et c'était ça l'important aujourd'hui, qu'elle se sente bien dans son environnement, pas qu'elle se surcharge avec un milieu qui lui fait perdre ses repères. « Pourquoi tu es retournée au dispensaire dans ce cas ? » Elle pince ses lèvres. « A la base c'est pour filer un coup de main lors d'une soirée caritative pour Halloween. Olivia m'a un peu forcé la main pour que je sorte au début. » En y repensant, elle l'avait même trainé de force là-bas, parce qu'il n’était pas question pour Olive d'y remette les pieds de son plein gré. « J'avais peur de tomber sur.. » Elle marque une pause, revenant à ses pensées pour oublier sa rencontre avec Hélen. « Et j'ai accepté pour les enfants. Puis, ça a pas été si mauvais finalement, c'était même un très bon moment. Alors je me suis dit que ça me permettrait de voir du monde tout en étant loin des tumultes de l'hôpital. » Parce qu'au dispensaire tout était vraiment plus calme et ça lui allait bien. « Tu ne subis pas trop de pression là-bas ? » Elle secoue la tête. « Pas le moins du monde. » Elle laissa un sourire se poser sur son visage. « Je ne dois rien à personne, je viens quand je veux et je suis là pour les autres sans qu'on me hurle d'agir rapidement. » C'était tout l'avantage du bénévolat finalement. Ne pas avoir à intervenir quand les choses s'aggravent, être la présence rassurante pour les patients sans avoir à annoncer le pire. Être du bon côté en outre. « Ça m'occupe. » Lui évitant ainsi de tourner en rond dans cet appartement et de devenir dingue à ne pas voir le jour.

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« Y a quand même une part étrange à ta présence ce cocon. » - « Je suis juste un mec comme les autres, tu sais. » Peut-être pas pour le reste du monde, mais pour elle je le suis et je dois le rester. Olive est l’une des rares personnes avec lesquelles je peux être moi-même et avec laquelle je ne me sens pas mis sur un piédestal qui me met inévitablement à l’écart du reste du monde, et je tiens à ce que les choses restent ainsi. Je n’ai jamais cherché à devenir une icône, une célébrité inaccessible. Aujourd’hui encore, la seule chose qui m’anime, c’est le besoin de partager ma musique avec mes fans et rien de plus. « Parce que j'avais jamais pris l'occasion de m'envoler finalement. » La brune est dure avec elle. Certes, la plupart des gens quittent le nid avant d’atteindre l’âge qu’elle a à l’heure actuelle. Mais elle est loin d’être un poids, tout comme elle est encore jeune et j’aimerais qu’elle fasse preuve d’un peu plus d’indulgence à son égard, parfois. « Je dois même admettre que ce n'est pas si effrayant d'être une adulte. J'ai l’impression de découvrir de nouvelles choses. Un peu naze à vingt-huit ans non ? » - « Sois plus clémente avec toi-même. » Je pose une main sur son épaules, avant de la serrer d’une légère pression puis de laisser mes doigts la relâcher. « T’as même pas trente ans. T’as le droit d’avoir eu besoin d’un peu plus de temps que la moyenne. » Elle est encore jeune ; elle a la vie devant elle pour être une adulte. « Je suis fier de toi, tu sais ? » Parce que contrairement à toute attente, elle ne s’est pas effondrée. Elle a mis du temps à se relever certes, mais elle a fini par le faire.

« A la base c'est pour filer un coup de main lors d'une soirée caritative pour Halloween. Olivia m'a un peu forcé la main pour que je sorte au début. » Ses amis ont été là d’une façon différente de ce que j’ai pu le faire, et c’est de ça que ma petite sœur avait besoin. Que je crois en elle ne pouvait pas suffir et pour cause : elle sait que je manque d'objectivité lorsqu’il est question d’elle. « J'avais peur de tomber sur… » Je fronce les sourcils, me demandant qui elle pouvait bien craindre ou plutôt, le jugement de qui. Les anciens internes avec lesquels elle travaillait ? Ses anciens mentor ? Quelqu’un d’autre ? Elle ne se livre pas assez à coeur ouvert pour que je sache qui se cache derrière cette hésitation. « Et j'ai accepté pour les enfants. Puis, ça a pas été si mauvais finalement, c'était même un très bon moment. Alors je me suis dit que ça me permettrait de voir du monde tout en étant loin des tumultes de l'hôpital. » Ce n’est peut-être pas un métier fait pour elle, mais prendre soin des autres peut rester sa vocation pour autant et je suis heureux qu’elle l’ait découvert seule. Si je le lui avais affirmé, cela aurait eu bien moins de poids, quel que soit le crédit qu’elle porte à mon opinion. « De qui tu avais peur ? » Je n’ai pas besoin de tout savoir. Je cherche simplement à m’assurer que nous parlons bien d’une crainte bénigne, et pas d’une brute ou d’un ex la harcelant, ou d’autre chose de grave. Je ne veux pas être passé à côté d’une chose pour laquelle j’aurais pu intervenir et l’aider. « Pas le moins du monde. Je ne dois rien à personne, je viens quand je veux et je suis là pour les autres sans qu'on me hurle d'agir rapidement. Ça m'occupe. » Mes lèvres forment un sourire sincère. Je ne peux plus avoir Olive sous les yeux tous les jours maintenant, alors je suis rassuré de voir qu’elle va mieux et n’en a plus besoin. « Je suis heureux pour toi. Peut-être que c’est quelque chose que tu pourras continuer à faire. Peut-être que tu pourras faire du bénévolat pour une association, ou ce genre de chose. » Je ne suis pas assez renseigné sur le milieu pour l’affirmer avec plus de certitude, mais je ne doute pas qu’elle trouve de quoi satisfaire son besoin d’aider son prochain. « Être un grand chirurgien ou un brillant médecin, c’est pas la seule façon d’aider les gens qui en ont besoin. » Et n’est-ce pas au final ce qui la définit, bien avant ses études de médecine ou sa période de passage à vide, sa générosité ? N’est-ce pas simplement ça, sa vocation?

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En-tout-cas, elle retenait que c'était une nouvelle vie qui s'offrait doucement à elle. Qu'enfin, elle avait le courage de franchir cette nouvelle étape sans l'once de culpabilité. Ce qui pourtant faisait partie de son quotidien. « Je suis juste un mec comme les autres, tu sais. » Olive émit un petit rire à la réponse de son ainé. Oui, un mec comme les autres qui pourtant fait le tour du monde pour remplir des salles. Ce n'était sûrement pas la définition qu'elle aurait choisi pour désigner Midas, mais elle comprenait ce qu'il voulait dire par là. Oui effectivement, les choses n'étaient pas identiques pour eux, mais leur relation ne changeait pas malgré la célébrité d'un. Et cette relation, elle était plus qu'importante pour Olive. « Sois plus clémente avec toi-même. » Elle soupire la brune, parce qu'elle aimerait l'être, mais elle se rend compte qu'elle a sûrement raté un tas de choses en se terrant pendant ces dernières années. Qu'elle n'a sûrement pas eu la même vie "normale" que les autres. C'est sûrement ce qui lui fait le plus de mal finalement. Ils font quoi les autres à son âge ? « T’as même pas trente ans. T’as le droit d’avoir eu besoin d’un peu plus de temps que la moyenne. » Elle hausse longuement les épaules. « Tu as sûrement raison oui, mais tu sais que les pensées qui tourbillonnent dans mon esprit sont en contradictions permanente alors bon. » Une sorte d'habitude en outre. Parce que son esprit ne peut s'empêcher de se demander si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Recule qu'elle aurait sûrement dû avoir bien plutôt ce qui lui aurait évité de se retrouver dans cette situation. Mais elle ne pouvait pas défaire et refaire le passé. « Je suis fier de toi, tu sais ? » L'Australienne prend une grande inspiration, les mots de son frère lui allant droit au cœur. « Merci Midas. » Cela même si elle n'a pas l'impression d'avoir fait grand chose pour le mériter.

Elle fait le point sur les derniers instants de sa vie Olive, sur ce qui a changé, sur ce qui est nouveau. Et elle admet volontiers que ça lui fait du bien de reprendre un train de vie à peu près normale. Cette reprise au dispensaire lui avait plus de bien qu'elle ne l'aurait cru finalement. « De qui tu avais peur ? » Olive hésite un instant, même si elle n'a aucune secret pour son frère, elle n'a aussi jamais eu l'occasion de lui raconter la réalité du pourquoi elle est soudainement partie. Pourquoi elle a décidé de mettre un terme à ses études. C'était il y a longtemps, et avec le reste, elle en avait mis de côté la raison évidente. Enfin, elle avait surtout eu elle-même du mal à faire le point sur le pourquoi. Maintenant qu'elle était revenue, elle comprenait mieux ce qui avait provoqué cette énorme boule au ventre à l'idée de mettre les pieds à l'hôpital. « Tu te souviens de mon ancienne mentor ? » Elle grimace. « Le Docteur Stenfield. » Une nouvelle grimace à l'évocation de cette femme qui a marqué ses esprits pour toujours. Pas à la craindre, mais à l'éviter pour de bon. Ce n'était pas une femme horrible, loin de là, mais elle a rapidement fait comprendre à Olive que ce ne serait qu'un boulet tout au long de ses études. « C'est elle que je préfère éviter. » Pour toujours si possible, et cela même si Brisbane est une petite ville. C'est la seule chose qu'elle souhaite éviter du mieux que possible, pour le reste, elle retrouve doucement ses marques. Prenant le temps de bien faire son boulot de bénévole au dispensaire. Discutant avec les patients qui en ont le plus besoin et ainsi de suite. Ça lui va bien à Olive d'être totalement libre de ses mouvements. « Je suis heureux pour toi. Peut-être que c’est quelque chose que tu pourras continuer à faire. Peut-être que tu pourras faire du bénévolat pour une association, ou ce genre de chose. » - « J'aimerai beaucoup. En tout cas, j'ai clairement du temps à revendre en ce moment donc autant en faire le tour pour le donner aux autres. » Elle ne voulait plus rester à broyer du noir constamment, en attendant que le soleil perce les nuages de lui seul. Olive voulait reprendre sa vie en main, reprendre une activité normale, mais surtout voir du monde. Trop longtemps elle avait mis de côté sa vie personnelle, perdant ses amis les uns après les autres à cause de son silence trop long. Elle pouvait faire mieux maintenant. « Être un grand chirurgien ou un brillant médecin, c’est pas la seule façon d’aider les gens qui en ont besoin. » Olive hoche la tête. « J'imagine que oui, et je sais que maintenant papa et maman n'attendent plus de moi que je suive ce chemin, c'est aussi un grand soulagement. » Parce que la pression familiale avait aussi énormément joué un rôle dans cette affaire. « En tout cas, je me sens plus légère. » A l'idée de pouvoir être ce qu'elle veut. A l'idée qu'une nouvelle vie s'offre à elle. « L'appartement c'est déjà un début, pour le boulot, je me dis que j'ai encore un peu de temps pour faire le tour des possibilités et voir ce qui me rendrait vraiment heureuse. » Un boulot qu'elle fera toute sa vie et qu'elle ne regrettera pas le moins du monde. Une carrière remplie de positif qui s'offrira à elle. Olive tourne un visage souriant vers son frère. « Qu'est-ce que tu aurais voulu faire toi, si tu avais pas été chanteur ? »

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« Tu as sûrement raison oui, mais tu sais que les pensées qui tourbillonnent dans mon esprit sont en contradictions permanente alors bon. » Olive est une cérébrale et ce n’est en rien une surprise pour moi qui ai grandi avec elle. Il n’existe pas une seule décision qu’elle ait prise sans la tourner et retourner dans son esprit afin de s’assurer qu’il s’agissait de la bonne et qu’elle n’oublie pas de prendre en compte certains facteurs. Si je devais réfléchir comme ça, le simple fait de respirer me fatiguerait : je suis un homme d’instinct, un homme qui, la plupart du temps, écoute son cœur et ses envies bien plus que son cerveau ou le fruit de ses réflexions. « Faut vraiment que t’apprennes à décompresser. » Et à laisser les choses venir à leur rythme. Ce n’est pas parce que nos parents attendent de chacun d’entre nous une brillante carrière et au moins un premier enfant en route à l’âge de trente ans que nous sommes obligés de vivre selon leurs diktats. Moi, je me complais dans un mode de vie à l’opposé de celui de mon frère aîné et de ce dont ils auraient rêvé pour moi.

Je détecte une chose que je crois être inédite dans le discours d’Olive : la peur non pas du milieu médical dans sa globalité, mais d’une personne en particulier. C’est assez inquiétant pour que je rebondisse dessus et ne laisse pas couler cette confession-là. « Tu te souviens de mon ancienne mentor ? » Je devrais ? Je l’ignore et, décidant d’être honnête, je fronce les sourcils et secoue presque imperceptiblement la tête de gauche à droite. « Le docteur Stenfield. » L’identité de ladite mentor ne m’éclaire pas plus, et je ne cache pas ce fait à ma cadette. Je l’observe toujours avec les sourcils froncés, me demandant s’il s’agit du cas de figure où l’esprit fraternel devrait me pousser à intervenir pour défendre ma petite sœur. Toutefois, il ne semble pas s’agir d’un problème nécessitant la moindre intimidation. « C'est elle que je préfère éviter. » - « Elle t’a fait des remarques désagréables ? » Même en fréquentant intimement Jo, je reste incapable d’imaginer qu’une femme puisse être violente et attaquer autrement qu’en paroles et en sarcasme. Je n’ai pas été pétri par des valeurs progressistes et, si je m’emploie à rééquilibrer la balance, il n’en reste pas moins vrai qu’on ne change pas quelqu’un du tout au tout en quelques coups de cuillère à café. Ai-je manqué d’attention ? N’ai-je pas été assez attentif aux raisons qui ont poussé Olive à abandonner ses études ? « Si quelqu’un s’en prend ou s’en est pris à toi Oli… Tu sais que tu peux m’en parler. » Est-ce récent ? Quelqu’un qu’elle a recroisé depuis l’abandon de son internet ? Qu’elle garde sans en parler parce qu’elle à honte, ou que sais-je ?

« J'aimerai beaucoup. En tout cas, j'ai clairement du temps à revendre en ce moment donc autant en faire le tour pour le donner aux autres » - « Et t’en parle avec le sourire jusqu’aux oreilles. C’est que c’est forcément une bonne chose pour toi. » Peut-être devrait-elle tout simplement embrasser une carrière “alimentaire” - elle ne veut pas être entretenue - pour s’épanouir dans l’associatif et le don de soi en parallèle, à titre bénévole. Les possibilités sont multiples, c’est ce que je cherche à lui faire comprendre. « J'imagine que oui, et je sais que maintenant papa et maman n'attendent plus de moi que je suive ce chemin, c'est aussi un grand soulagement. » - « Je comprends. » Je le sais : c’est pour moi libérateur de savoir qu’ils n’ont plus aucune attente me concernant. Être une déception, c’est ironiquement ne plus avoir peur de les décevoir un peu plus encore. Me concernant, j’ai au moins donné une petite-fille à ma mère, raison pour laquelle elle m’a pardonné. « En tout cas, je me sens plus légère. L'appartement c'est déjà un début, pour le boulot, je me dis que j'ai encore un peu de temps pour faire le tour des possibilités et voir ce qui me rendrait vraiment heureuse. » - « Tu vas dans la bonne direction, c’est tout ce qui compte. » Pas le temps que ça mettra. Elle peut tout à fait vivre de petits boulots ou se reposer sur la chance de m’avoir le temps de trouver sa voie, elle sait très bien que je ne m’en formaliserai pas, tout comme je l’aiderai à réaliser ses rêves si elle avait besoin d’un soutien financier. A quoi bon posséder autant de ressources si je ne peux pas en faire profiter ceux qui comptent pour moi ? « Qu'est-ce que tu aurais voulu faire toi, si tu avais pas été chanteur ? » - « Bordel, ça c’est une bonne question. » Et je doute que la réponse qui s’impose l’aide à y voir plus clair : il n’y a jamais eu le moindre doute me concernant. C’était la musique ou rien, ou en tout cas rien d’aussi ambitieux. « J’aurais continué à bosser au disquaire. Peut-être que j’aurais réussi à mettre assez d’argent de côté pour reprendre l’affaire quand il aurait voulu s’en débarrasser. » Je l’ai évoqué avec Jo le soir où elle m’a fait cadeau de l’ancien local où j’ai fait mes premiers pas professionnels. « Ou peut-être que j’aurais fini par aller bosser à la ferme Taylor quand Bill en aurait eu besoin. J’ai jamais eu de grandes ambitions, tu le sais bien. » Ce qui est plutôt amusant, lorsqu’on sait que d’autres en ont nourri pour moi et que, grâce à leur prise d’initiative - grâce à la prise d’initiative de ma cadette - je suis là ou j’en suis aujourd’hui.

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Olive se rend compte doucement qu'il n'est jamais trop tard pour commencer à vivre pleinement. Ou du moins, qu'il n'est pas trop tard pour elle de vivre pleinement sa vie. Cela, sans attendre la validation de ses parents pour le moindre de ses faits et gestes. Olive, elle apprécie doucement cette indépendance que lui offre la vie, regrettant presque de ne pas avoir été assez courageuse pour le vivre bien avant. Mais elle sait que ce n'est pas bon que de ressasser encore et encore les actes du passé. Elle a compris que ça ne lui apporterait rien de bon que de s'acharner sur le "et si j'avais fais les choses autrement". Bien sûr ce n'est pas une partie évidente, parce qu'Olive, elle reste cette femme qui réfléchie constamment à tout, qui se pose trop de question alors que ça pourrait être simple, qui n'agit que si elle est pleinement consciente des risques de son action. C'est de cette façon qu'elle a progressé pendant vingt-huit ans, et il en faudra sûrement autant pour que les mauvaises habitudes ne partent complétement. Sauf qu'à la différence, c'est qu'elle en est consciente, et qu'elle est prête à ce changement. « Faut vraiment que t’apprennes à décompresser. » Olive émit un petit rire. Cette phrase, ce n'est pas la première fois qu'elle l'entend, mais comme on dit, c'est plus facile à dire, qu'à faire. « C'est donc ça la solution à mes problèmes? » Elle se voulait taquine, même si sa phrase pouvait paraitre un peu brute. Elle savait qu'il faudrait simplement souffler un bon coup et relâcher le poids sur ses épaules, mais ce n'était pas si facile. « Comment on fait au juste? » Et c'était une vraie question qu'elle posait à son ainé.

Olive se rend compte qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de discuter de la réalité qui l'avait poussé à fuir le Saint-Vincent, mais surtout la médecine dans son intégralité. Sa mauvaise conscience refait surface alors que Midas la questionne. Elle n'avait pourtant pas eu l'impression d'avoir laissé de côté cette partie de l'histoire. Ou peut-être que son cerveau avait simplement décidé d'y mettre un frein. Se rendant compte de son erreur, le sourire sur les lèvres d'Olive retomba. Elle se racle la gorge, dansant d'un pied à l'autre. « Elle t’a fait des remarques désagréables ? » La brune grimace. Le terme remarque n'était sûrement pas adéquate, mais c'était le plus approprié dans cette situation. « Oui, et non. Elle n'a jamais été gentille à vrai dire, mais avec qui que ce soit. » Ce qu'elle préfère admettre avant de penser que la chirurgienne était entièrement contre Olive. « J'avais juste l'impression que je ne serai jamais à la hauteur de ce qu'elle pouvait attendre de moi. Jamais assez bien pour être auprès d'elle dans un bloc. Il y avait toujours quelque chose à redire sur mon travail, sur ma tenue, sur ma façon d'être. » Ce n'était jamais méchant au point qu'Olive en perde ses armes, mais au bout d'un moment, les mots acerbes de la mentor avait eu raison du courage d'Olive. « J'ai fini par me dire qu'elle avait raison, et que je n'étais pas faite pour ce métier. » Parce qu'après tout, y avait-il quelqu'un de mieux placer que la chirurgienne pour lui dire si Olive était faite ou non pour ce métier? « Si quelqu’un s’en prend ou s’en est pris à toi Oli… Tu sais que tu peux m’en parler. » - « Non, c'est juste qu'on m'a fait comprendre que je dérangeais. » Voilà finalement le terme qui était correct. Olive était une bonne élève, elle était appliquée et ne rater jamais une occasion de faire bonne impression, ce n'était donc pas le problème. C'est juste qu'elle était de trop.

« Et t’en parle avec le sourire jusqu’aux oreilles. C’est que c’est forcément une bonne chose pour toi. » C'était vrai oui, et elle se sentait bien avec ce projet. Avec cette possibilité d'évolution. Il fallait juste qu'elle mette le doigt sur le quoi faire, et tout irait pour le mieux. « Et puis, j'avais jamais eu l'idée de faire autre chose. C'est un peu comme repartir à zéro dans le monde. » Une petite remise à niveau, de nouvelles possibilités, de nouveaux choix, voilà ce que ça voulait vraiment dire. Ce qui était excitant et effrayant en même temps. « Je comprends. » Midas était aussi concerné par la pression parentale, moins que la petite dernière, mais il avait eu le droit à la soupe à la grimace également. Olive avait juste eu le déclic trop tardivement pour se rendre compte que l'avis de ses parents n'était pas si important. « Tu vas dans la bonne direction, c’est tout ce qui compte. » Olive affiche un large sourire à la réponse de son ainé. Heureuse qu'il l'encourage dans cette nouvelle voie sans un seul mauvais jugement. « Dès que c'est fait, je ne manquerai pas de venir te trouver pour tout te raconter, c'est promis. » Une fois qu'elle aura compris qui elle est vraiment, et ce qui lui donne le bonheur suffisant chaque jour. Ça viendra, elle n'en doute plus.

« Bordel, ça c’est une bonne question. » Olive est curieuse de la réponse qu'il va lui fournir. Elle se rend compte que même cela, ils n'en ont jamais parlés. Parce que le monde de la musique était l'évidence de Midas, depuis toujours. Mais comme elle finalement, il avait juste eu besoin qu'on lui donne l'occasion de montrer sa valeur.  « J’aurais continué à bosser au disquaire. Peut-être que j’aurais réussi à mettre assez d’argent de côté pour reprendre l’affaire quand il aurait voulu s’en débarrasser. » - « Cela aurait été un très chouette projet. » Midas avait des rêves et de l'ambition, Olive ne douterait jamais qu'il trouverait toujours quelque chose à vivre dans ce genre. Mais la popularité avait embarqué Midas dans une autre tourmente dans laquelle il était plus qu'à son aise. « Ou peut-être que j’aurais fini par aller bosser à la ferme Taylor quand Bill en aurait eu besoin. J’ai jamais eu de grandes ambitions, tu le sais bien. » - « Finalement, tu es dur avec toi même. Tu as de l'ambition, ça aurait été énorme quoi que tu fasses de toute manière. » Parce qu'il avait le courage de faire ce que bon lui semble, ce qui le fait vibrer et tout le reste. Midas n'attendait pas qu'on lui dise comment se comporter, ou quoi faire pour s'en sortir. Il le faisait tout simplement. « Parfois, j'aimerai être toi. » Parce que tout semblait facile pour lui. Tout semblait lui réussir, quand à l'inverse, Olive perdait l'ensemble de ses repères. Midas avait toujours été son inspiration.

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Midas Sterling & @Olive Sterling ☆ crédit/gifcom

« Oui, et non. Elle n'a jamais été gentille à vrai dire, mais avec qui que ce soit. » Je grince des dents en entendant cela, nullement rassuré que le sort qui était réservé à ma sœur n’ait pas été exclusivement pour elle et elle seule. Au contraire, j’ai tendance à penser que les gens qui pratiquent la médecine devraient être les meilleurs d’entre nous : les plus performants et intelligents certes, mais également les plus empathiques, bons et généreux. Olive avait toutes ces qualités à la fois et, dans un monde peuplé par des enseignants plus bienveillants, nul doute qu’elle aurait été géniale et à la hauteur. « J'avais juste l'impression que je ne serai jamais à la hauteur de ce qu'elle pouvait attendre de moi. Jamais assez bien pour être auprès d'elle dans un bloc. Il y avait toujours quelque chose à redire sur mon travail, sur ma tenue, sur ma façon d'être. » - « C’est pas normal… Et c’était certainement pas à propos de toi. » Je n’en sais pas grand-chose, je ne connais pas cette femme, mais j’ai confiance en la valeur de ma petite sœur. « Si elle était comme ça avec tout le monde, je vois pas pourquoi elle est enseignante. Le but, c’est que vous appreniez, non ? » Et non pas de rabaisser à tout bout de champ ces mêmes personnes qui sont supposées apprendre à ses côtés. « J'ai fini par me dire qu'elle avait raison, et que je n'étais pas faite pour ce métier. » Je secoue la tête sans rien ajouter, le regard triste, persuadé que la réalité est toute autre. Préférant ne pas enfoncer le couteau dans la plaie, je me contente d’une réponse simple et laconique. « Peut-être que c’est mieux comme ça. Que c’est le métier qui est pas fait pour toi. » Le problème ne vient pas d’elle, autrement dit, mais bel et bien du milieu médical.

« Et puis, j'avais jamais eu l'idée de faire autre chose. C'est un peu comme repartir à zéro dans le monde. »
« Même si t’avais changé radicalement de domaine et que t’étais repartie à zéro, je suis certain que tu serais retombé sur tes pattes »

« Cela aurait été un très chouette projet. » Je hausse les épaules, illustrant ainsi à la perfection ma tendance à me laisser porter par la vague sans prendre de réelle décision moi-même, illustrant ma passivité. « J’aurais été heureux comme ça aussi. » J’en suis persuadé. Je n’aurais joué que pour moi et mes amis, j’aurais chanté devant mes proches mais, puisque je n’aurais jamais connu le contact avec le public, il n’aurait pas pu me manquer. J’aimais bosser là-bas et, sans Olive, je n’aurais certainement jamais cherché à pousser plus loin. « Le propriétaire a pris sa retraite l’an dernier d’ailleurs. Et Jo a racheté le local pour me l’offrir. » Pour l’instant, un employé a pris la tête du petit magasin et l’activité n’en est pas changée. Je dois encore découvrir ce que je désire faire de l’endroit dans le futur. « Quand je pense que mon portrait pour l’émission a été tourné là-bas… » Songeur, je me dis que le temps m’a bel et bien poussé à évoluer, même si je ne suis pas celui qui y ait mis la moindre impulsion. « Finalement, tu es dur avec toi même. Tu as de l'ambition, ça aurait été énorme quoi que tu fasses de toute manière. » J’éclate de rire, certain cette fois que ma petite sœur manque d’objectivité. C’est toutefois assez touchant ; elle a bien plus confiance en ma capacité à être force de proposition et audacieux que je ne le suis vraiment. « Parfois, j'aimerai être toi. » - « Tu sais que c’est en grande partie grâce à toi si j’en suis là aujourd’hui. » Ce n’est pas une question mais une affirmation ; comment pourrait-elle ne pas en avoir conscience ? « Si tu m’avais pas inscrit au casting, j’aurais pas sauté le pas tout seul. Ca me dérangeait pas de me contenter de jouer de la guitare et de chanter dans la boutique sur mes heures de pose. » Et cela ravissait les quelques clients qui assistaient à ce spectacle qui, parfois, postait ces vidéos sur les réseaux sociaux. Aucune d’entre elle n’est jamais devenue virale ; les individus dotés de talents sont nombreux, percer demande plus que ça. « Ce que t’as fait pour moi, tu sauras le faire pour toi aussi quand t’auras trouvé ta voie. T’es bien plus capable que tu le crois. »

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 @Midas Sterling ☆ crédit/lwld

 Il était plus facile de ne tenir rigueur du passé à personne. Peut-être qu'au fond, c'était juste une question de destin, ou une connerie du genre. Peut-être que si Hélen avait eu ce comportement avec elle, c'était pour une bonne raison. A dire vrai, elle n'en saurait de toute manière jamais rien puisqu'elle avait coupé les ponts avec tout ce qui pouvait être auprès de son ancienne mentor. Pour son propre bien avant tout, et elle n'avait clairement pas hâte de pouvoir recroiser son chemin un jour. « C’est pas normal… Et c’était certainement pas à propos de toi. » Olive hausse lentement les épaules, elle était résignée de toute manière. « Si elle était comme ça avec tout le monde, je vois pas pourquoi elle est enseignante. Le but, c’est que vous appreniez, non ? » - « Et j'suis totalement d'accord avec toi sur ce point, mais j'avais cru entendre qu'elle n'avait pas eu le choix. » Un genre d'ultimatum que sa direction lui avait proposé contre une bonne réputation. Bon, ce n'était que des bruits de couloirs, ce qui ne défendait en rien la chirurgienne bien évidement. « Peut-être que c’est mieux comme ça. Que c’est le métier qui est pas fait pour toi. » - « Je relativise tu sais. » Quelques mois plus tôt, Olive aurait sûrement fondu en larmes, elle n'aurait pas su comment voir l'avenir, mais ces derniers temps, elle commençait doucement à relativiser, et à ne plus s'arrêter sur ce malheur. « C'est bête mais, ça fait tellement d'année maintenant que si je ne passe pas à autre chose aujourd'hui, j'ai peur de jamais pouvoir le faire. » Elle avait eu besoin d'un déclic, besoin d'un nouveau départ pour comprendre que ce n'était pas la fin du monde, cela même si ses parents n'étaient toujours pas de cet avis, mais ça viendrait. Et de toute évidence, il était certain qu'Olive Sterling ne remettrait pas les pieds en médecine. « Même si t’avais changé radicalement de domaine et que t’étais repartie à zéro, je suis certain que tu serais retombé sur tes pattes » Olive hoche la tête de haut en bas, complétement d'accord avec les propos de son frère. Mais que lui arrivait-il ? Shiloh avait donc un effet si positif sur elle? Ne plus se voiler la face, et prendre son avenir en main étaient de bons objectifs.

Olive, elle se rend compte qu'elle n'a jamais eu l'occasion d'aborder certain sujet avec Midas, comme le fait qu'il aurait pu être totalement autre chose qu'un chanteur. Cela lui fait drôle de se rendre compte que la vie de son ainé est une belle ligne d'aventure, alors que ça aurait pu être une différence totale. « J’aurais été heureux comme ça aussi. » - « Je n'en doute pas un seul instant. » Puisque de n'importe quelle manière que ce soit, la musique était la destinée de Midas, peu importe qu'elle soit avec un grand fan-club, ou avec seulement Olive pour l'encourager. Il était doué, et il était maintenant reconnu à sa juste valeur. « Le propriétaire a pris sa retraite l’an dernier d’ailleurs. Et Jo a racheté le local pour me l’offrir. » La brune écarquille les yeux surprise de cette révélation. « Wah, c'est carrément super de la part de Jo. Tu devais être comme un gosse en l'apprenant. » Ce n'était pas rien, et Olive imaginait que la starlette avait tapé juste en offrant ce cadeau à Midas. « Quand je pense que mon portrait pour l’émission a été tourné là-bas… » Olive émit un rire franc à ce souvenir. « Oh je me souviens, tu n'étais pas du tout à l'aise face à une caméra, c'était drôle. » Et cela avait bien changé depuis surtout.

« Tu sais que c’est en grande partie grâce à toi si j’en suis là aujourd’hui. » Olive grimace. « J'ai juste écris ton nom sur un bulletin en ligne, le reste tu le dois uniquement à ton talent. » Disons qu'elle avait fait le premier pas, le plus facile du moins pour que son frère puisse être aujourd'hui propulsé de la sorte. Même si, à l'époque, elle n'aurait jamais imaginé que la vie de son frère devienne si différente. Mais c'est une bonne chose, et si elle devait le refaire, ce serait sans hésitation. « Si tu m’avais pas inscrit au casting, j’aurais pas sauté le pas tout seul. Ca me dérangeait pas de me contenter de jouer de la guitare et de chanter dans la boutique sur mes heures de pose. » - « Et ça me dérange pas de partager le statut de fan avec les autres. » Elle lui fit un clin d’œil avant de rire. Elle n'était plus la seule maintenant à s'enthousiasmer sur les couplets que pouvaient écrire son ainé. « Ce que t’as fait pour moi, tu sauras le faire pour toi aussi quand t’auras trouvé ta voie. T’es bien plus capable que tu le crois. » Un long soupire franchit les lèvres de l'Australienne. Oui, ça elle l'espérait grandement. Elle croisa les doigts devant le visage de son frère comme pour attester que la chance finirait par tourner. Elle l'espérait.