addicted to betrayal

@mavis barnes

lieu: death before decaf, spring hill.
(c): jericho-gifs (gif), luleaby (codage).

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Ce n’était pas difficile de voir à quel point la disparition de son frère affectait encore et toujours Millie aujourd’hui. Elle ne cherchait pas à le cacher: ça faisait partie de son histoire et de qui elle était désormais. Ce n’était pas pour autant qu’elle était réellement à l’aise d’en parler, pas de façon si directe et encore moins dans une conversation qui n’était pas dédiée à ce sujet là initialement. Si certains sujets ne la rendaient pas pudique, ce dernier avait une ascendance sur elle toute particulière; et si elle ne comptait pas laisser Mavis pantoise parce-qu’elle n’était pas malpolie, elle ne s’étendrait pas sur ce sujet là pour autant. Elle préférait en quelques mots clôturer cette partie là de la discussion. « Je m’en doute, oui. » Elle remercia la blonde dans un petit sourire de ne pas creuser de ce côté là alors qu’elle n’en avait aucune envie. Peut-être un jour, elle arriverait à s’ouvrir à elle et elle lui expliquerait toute la complexité que la situation pouvait apporter en son sein. Aujourd’hui n’était pas ce jour.

Elle savait d’avance qu’elle ne tomberait pas loin de la vérité en supposant qu’il s’était effectivement passé quelque-chose entre Mavis et Ambrose; ce dont elle n’était pas tout à fait certaine, c’était qu’elle lui confirme que c’était le cas. Elle n’avait pas sa langue dans sa poche, mais elle aurait pu éviter cette partie là de la discussion et des confessions - Millie n’aurait pu lui en vouloir. « Y a eu ce qu’il y a souvent entre deux adolescents qui se plaisent bien ; pas grand-chose d’un point de vue extérieur. » Elle ne sut retenir non plus un petit sourire de son côté. « C’était différent de l’intérieur. Il a toujours été ambitieux, je le suis devenue par la force des choses, ça a fait qu'on s’est assez vite bien entendus. » Son sourire prit une teinte taquine. « Je suis pas vraiment étonnée. » C’était là un trait de caractère qu’ils partageaient et qu’elle avait su identifier chez les deux sans mal aucun. C’était d’ailleurs quelque-chose qu’elle respectait énormément chez autrui, l’ambition; la sienne était présente également, mais en rien aussi développée que celle des deux autres. « Hm. Je crois même que c’est souvent ces histoires-là qui comptent un peu plus que les autres. » Elle joignit son rire au sien sans se forcer d’aucune façon. « Je sais pas trop au fond. Je suis pas tellement une experte tu sais. » Millie n’attendit pas un seul instant pour rebondir sur ce commentaire là. « Si ça peut te rassurer, je suis pas une experte non plus. » Les histoires qu’elle avait pu connaître n’étaient que passagères, ayant bien trop de mal à faire confiance aux autres. Ambrose détonnait dans ce décor, en réalité - avec lui, peut-être parce-que les choses n’étaient pas vraiment séreuses, cela avait été plus simples d’être plus naturelle. « Premier petit copain. J’en ai pas eu beaucoup d’autres si je dois être honnête — les études, c’est un bon remède au coeur d’artichaut. » Faisant une petite moue de côté, elle se retint cependant de faire le moindre commentaire. Cela voulait dire qu’elle ne considérait pas sa relation avec l’autre homme dont elle lui avait parlé comme une vraie relation - parce-qu’elle se devait de compter quand même, avec les épreuves qu’elle avait traversé, c’était indéniable.

« S’il était pas fiancé, tu voudrais le revoir ? » Elle remonta son regard dans celui de Mavis, et peut-être qu’elle rougit quelque peu; à peine assez pour que cela puisse être perceptible, juste assez pour qu’elle sente une certaine chaleur sous sa peau cependant. « Honnêtement, j’aurais bine voulu ne pas arrêter de le voir. » Ambrose lui avait proposé que ce soit le cas, c’était ça le pire. Mais elle ne voulait pas que ce soit le cas dans ces conditions là. Elle inspira longuement. « Maintenant que les choses ont été… rompues - » Ce n’était pas vraiment ce mot là qu’elle aurait désiré mettre sur ce ressenti, mais elle ne s’arrêta pas plus longtemps que nécessaire sur ce détail. « - pendant aussi longtemps, c’est pas ce que j’envisage non. » Ce qu’elle souhaitait et ce qui serait d’actualité n’étaient pas les deux mêmes choses. L’affection qu’elle pouvait porter en elle pour lui brouillait l’idée d’une réponse limpide à cette question, mais ce n’était pas quelque-chose de grave à ses yeux; elle savait de quel côté se tenir de cette ligne. Elle finit par faire rouler ses lèvres l’une sur l’autre, penchant un brin son minois sur le côté sans pour autant lâcher le regard de la blonde face à elle. « Et toi ? » Ce n’était pas un concours, ce n’était pas une façon d’établir quelconque ligne ici non plus. Elle souhaitait juste savoir où Mavis se tenait, parce-que cela faisait référence à quelque-chose de bien différent: souhaitait-elle être une présence positive dans la vie d’Ambrose ou être tout son contraire ? C’était ce qui intéressait Millie en cet instant, parce-que cela pouvait changer sa façon de voir sa présence aux côtés du brun. « T’as envie de renouer comme à l’époque avec lui ? »

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@Millie Butcher (crédit gif/leejiuen)

Elles ne parleraient pas davantage de la disparition du frère de Millie, comme elles ne parleraient pas davantage de l’historique de Mavis avec Ambrose. Maintenant, c’était on ne peut plus clair qu’il s’était passé quelque chose, elle ne ressentait cependant pas le besoin d’être plus précise, ou de raconter toute l’histoire du début à la fin pour faire la conversation. Qui plus est, elle n’était pas une experte, tout comme Millie ne semblait pas l’être, elle non plus, aussi ce n’était peut-être pas une mauvaise chose qu’elles se cantonnent à une discussion en surface à propos de tout ça. Et puis en toute honnêteté, Mavis sentait que ce sujet était délicat pour Millie, la sentant tendue sans trop savoir si c’était à cause de la mention de la disparition de son frère qui l’avait braquée, ou si c’était la confirmation de Mavis concernant sa relation avec Ambrose qui la mettait dans l’embarras. Elle aurait pu la rassurer à nouveau sur l’idée que ça s’était passé il y a longtemps, mais elle ne le fit pas.

Elle ne lui demanderait pas si tout ça la perturbait, si tout ça l’ennuyait. Mavis porta son regard sur sa tasse de thé refroidi, préférant lui poser une autre question à laquelle la jeune femme n’était pas préparée. Elle ne remarqua pas qu’elle rougissait, en revanche elle remarqua qu’elle se montrait plus magnanime que jamais, et prit ça pour un signe évident qu’en effet, si Ambrose n’était pas soi-disant fiancé, la porte serait restée ouverte de son côté. Une bonne copine aurait profité de cette occasion pour lui révéler que ses fiançailles étaient désormais de l’histoire ancienne, mais puisque ça ne la regardait pas, et qu’elle n’était sans doute pas une bonne copine, elle se garda bien de dire quoi que ce soit, ne grillant par les cartouches d’Ambrose si jamais il comptait en faire part à son ancienne flamme. Mavis continua à la regard pendant quelques secondes, ayant relevé les yeux de son thé pour confronter les siens, et un sourcil légèrement levé pour appuyer ce qu’elle lui dit dans la foulée, elle commença "Je veux pas avoir l’air de te donner de conseil, mais si j’ai retenu quelque chose des derniers mois, c’est que s’amouracher d’un homme sur le point de se marier, c’est une très mauvaise idée." Elle n’avait pas besoin de faire dans le détail, là encore. Millie était au courant d’une partie de l’histoire sur laquelle elle ne voulait pas s’attarder. Presque brusquement, elle se replaça sur sa chaise, et du bout des doigts, elle repoussa sa tasse de thé dont elle ne voulait plus ; enfin, elle cala son coude au bord de la table pour appuyer son menton dans la paume de sa main, prenant sens des paroles de la jeune femme en face d’elle "Tu l’envisages plus parce que tu crois que c’est plus possible à cause de ses fiançailles, ou parce que t’en as vraiment plus envie ?" La nuance méritait d’exister, aussi Mavis ne pouvait pas ne pas la souligner, curieuse de connaître la réponse de la jeune femme qui lui retourna sa question, comme elle s’y attendait.

Un sourire s’accroche à ses lèvres, son menton toujours posé dans la paume de sa main "Comme je te disais tout à l’heure, je compte pas réitérer l’erreur de m’amouracher d’un type sur le point de se marier." Elle jouait avec les faux-semblants Mavis puisqu’elle, elle n’ignorait pas qu’Ambrose avait mis fin à son histoire avec sa fiancée et que concrètement, il était maintenant un homme libre. Restait que sa position sur la question était assez tranchée, et qu’elle n’anticipait rien de ce qui se passerait avec lui, quoi que ce serait. Peut-être reprendraient-ils contact pour de bon dans les semaines à venir, peut-être qu’ils n’en verraient pas l’utilité, elle n’en savait rien encore, et elle comptait le dire à Millie qui se montrait plutôt intéressée par ce qu’elle avait à dire sur la question "Je me dis que ce serait pas désagréable de le compter de nouveau dans la liste de mes amis. Mais rien de plus." Si c’était ce qui titillait la curiosité de la jeune femme, Mavis était prête à lui assurer que l’affection sincère qu’elle ressentait à l’égard d’Ambrose Constantine ne resterait plus jamais que ça, de l’affection.

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Il n’y avait aucune raison pour que Millie ne soit pas honnête envers Mavis lorsque cette dernière lui posait des questions - même si certaines d’entre elles étaient plus délicates que d’autres, c’était à elle de potentiellement arranger ses réponses pour qu’elles soient au pire expéditives pour ne pas s’attarder sur l’affaire. Ce fut de cette façon là qu’elle opéra lorsque ce fut les questions à propos de son frère et de la façon dont elle avait vécu pendant toutes ces années, comment elle vivait encore aujourd’hui la situation, parce-qu’elle ne désirait pas spécialement discuter de tout cela aujourd’hui. Elle restait honnête, mais elle balayait rapidement le sujet pour en aborder d’autres.

Pour tout ce qui concernait Ambrose, elle était honnête mais ne cherchait pas à éviter la discussion sur le sujet; au contraire: c’était autour du brun qu’elles s‘étaient réunies aujourd’hui. « Je veux pas avoir l’air de te donner de conseil, mais si j’ai retenu quelque chose des derniers mois, c’est que s’amouracher d’un homme sur le point de se marier, c’est une très mauvaise idée. » Le petit sourire que Millie lui accorda en cet instant fut teinté d’une certaine tristesse, parce-que malheureusement elle ne savait que trop bien de quoi elle parlait, ayant été à ses côtés ce jour là. « Je prends quand même le conseil. » Parce-que justement elle savait qu’elle était bien placée pour lui en donner un. Les circonstances n’étaient pas exactement les mêmes, mais le résultat le serait: ce n’était effectivement pas une bonne idée. « Tu l’envisages plus parce que tu crois que c’est plus possible à cause de ses fiançailles, ou parce que t’en as vraiment plus envie ? » Elle serait une fois de plus honnête, mais il fallait avouer qu’elle prit un instant pour répondre à cette question là. Pas parce-qu’elle ne savait pas ce qu’elle devait dire ici, mais plutôt parce-que c’était le cas. « Parce-que ce n’est pas l’option raisonnable. » C’était le plus proche de ce qui se passait réellement, elle ne trouverait pas de façon plus succincte de décrire ce qu’elle en pensait. « Le moment est passé, ça m’attriste mais c’est comme ça. Je suis une adulte, je m’en remets, c’est la vie. » Il n’y avait pas grand chose de plus à ajouter là; elle en avait voulu à Ambrose de la manière dont il avait décidé de jouer ses cartes sur cette partie là, mais depuis de l’eau avait coulé sous les ponts et même si ce n’était pas comme ça qu’elle avait envisagé les choses la question ne posait plus pour elle désormais.

En revanche, elle pouvait se poser pour Mavis, puisque Millie n’était pas la seule à avoir eu une quelconque accroche avec le brun à un moment de sa vie. Bien sur que le monde était aussi petit que cela, sinon ce ne serait pas amusant. Au moins, lorsqu’elle lui retourna la question, elle esquissa un sourire - ce qui en arracha un à la brune au passage, un brin amusé. « Comme je te disais tout à l’heure, je compte pas réitérer l’erreur de m’amouracher d’un type sur le point de se marier. » Elle plissa quelque peu le bout de son nez; elles avaient effectivement déjà statué que ce n’était pas la meilleure des idées. En revanche, si c’était effectivement d’actualité pour Millie lorsqu’elle et Ambrose avaient arrêté de se voir, il y avait un détail qui ne l’était plus pour Mavis. Elle resta silencieuse un instant de plus, et prit parti de ne pas révéler le détail qui pourtant avait son importance - à savoir que les fiançailles de Rose n’étaient plus d’actualité. Parce-qu’il lui avait demandé de ne pas en parler, de garder l’information pour elle, tant qu’il ne l’avait pas annoncé à sa famille. Et à la vue des derniers événements dans cette dernière, il y avait fort à parier qu’ils avaient eu d’autres sujets de discussion que les fiançailles avortées du dernier de la fratrie. « Regarde nous: on apprend de nos erreurs, c’est bien. » Le ton se voulait quelque peu taquin et amusé, parce-qu’il n’était pas nécessaire de tirer un résumé dramatique de cette partie là de la conversation. D’autres, pourquoi pas, mais pas ici. « Je me dis que ce serait pas désagréable de le compter de nouveau dans la liste de mes amis. Mais rien de plus. » Leurs regards restèrent accrochés un instant de plus. « Tant qu’il peut compter sur toi, c’est ce qui importe en ce moment je pense. » Et en réalité, elle ne serait pas fâchée si elle finissait par apprendre qu’elle portrait une affection plus particulière à Constantine lorsqu’il lui aurait avoué que ses fiançailles n’en étaient plus, parce-qu’ils méritaient tous les deux quelque-chose de plus doux et de plus adaptés pour eux après les dernières épreuves.

« A cette question là t’as le droit de botter en touche. » Qu’elle finit par dire, inspirant quelque peu, haussant un brin un sourcil. Elle savait que le sujet été sensible, mais elle ne se voyait pas ne pas au moins lui poser la question, tendre une perche si elle souhaitait la saisir. « Comment tu te sens, depuis… » Devait-elle vraiment mettre des mots ici ? « Tu lui en as parlé ? » Pas à Ambrose, mais c’était évident et même pas nécessaire d’être précisé ici.

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"Un conseil reste un conseil." conclut Mavis avec un petit sourire, amusée que Millie prenne ses paroles pour argent comptant, et pour cause. Elle avait été aux premières loges du désastre de sa grossesse, et Mavis ne lui avait absolument rien caché à ce propos. Elle avait été honnête sur les causes et les raisons de sa décision, abordant en surface cette relation qu’elle vivait avec un homme qui avait certes tout pour être défini comme étant pour elle, mais dont le coeur appartenait clairement à une autre. Ça ne la rendait pas amère, elle était prévenue. Pourtant, même si c’était le cas, elle ne s’était pas imaginée à quel point ce serait dur de se lancer dans une histoire pareille. Tout avait échappé à son contrôle, et ça restait une donnée suffisamment humiliante pour qu’elle ne veuille pas que quelqu’un qu’elle appréciait fasse les mêmes erreurs qu’elle. Millie était plus mesurée qu’elle, la manière dont elle lui répondit au sujet de ce qui animait vraiment son envie de ne rester que l’amie d’Ambrose en étant la preuve concrète "T’es devenue une vraie adulte. J’aime pas l’avouer, mais j’en suis encore à faire des erreurs de jugement par fierté, et toi, t’es là, à faire ton affaire de ce qui te tombe dessus en concluant par un philosophe c’est la vie." Elle marqua une toute petite pause juste pour que son regard s’ancre un peu plus dans celui de Millie tandis qu’elle ajoutait, sincère "Tu m’impressionnes, Mills." Et ce n’était pas donné à tout le monde d’impressionner Mavis.

En retour de ce que lui disait Millie, Mavis partagea son ressenti au sujet de sa reprise de contact avec Ambrose et mis un point d’honneur à ce qu’elle comprenne qu’elle ne comptait pas, elle non plus, redevenir autre chose que son amie. Elle laissa un rire lui échapper à la constatation de la jeune femme, ne préférant pas souligner de nouveau qu’elle, elle en faisait tellement des erreurs ces derniers temps, qu’elle apprenait beaucoup. Elle s’aligna sur le ton taquin et amusé de Millie, rétorqua à sa suite "Il faut voir le bon côté des choses, ça nous permet de nous améliorer. C’est pas donné à tout le monde, il paraît." Faisant mine d’en tirer une certaine fierté, elle releva le menton avec un petit air pincé sur le visage, mais ne tenant pas plus que quelques secondes, sa bouche se fendit d’un sourire qui se fana délicatement quand elle entendit Millie lui dire encore une fois que, l’important, c’était qu’Ambrose soit entouré "Entre toi et moi, je crois qu’il le sera pendant un bon bout de temps." Et c’était tant mieux, il le méritait.

Elle aurait dû se douter que la conversation finirait par vriller pour se concentrer sur elle. L’entrée en matière de Millie lui fit hausser les sourcils, recaler ses avant-bras sur le bord de la table, et attendre, le coeur battant doucement sous le liseré en coton de ce qu’elle portait sur le dos. Lorsqu’elle prit sens des paroles de la jeune femme, elle fit dévier ses yeux de trajectoire et pressa ses lèvres l’une contre l’autre, sa jambe s’agitant frénétiquement sous la table pendant qu’elle regardait un peu partout. Elle ne botterait pas en touche, elle répondrait à sa question, mais ça restait un sujet qui provoquait quelque chose en elle, preuve sans doute que ça avait compté bien plus qu’elle n’aurait été capable de l’exprimer à voix haute. Elle cessa de faire remuer sa jambe sous la table "J’en ai pas eu le temps, mon père s’en est chargé pour moi." Brièvement, elle se mordit la lèvre inférieure, et puis retournant la tête vers Millie, elle ferma les yeux très fort pour recentrer ses idées avant d’enchaîner "Je rentrerai pas dans les détails, mais pour résumer : il l’a appris, il a cru que ce serait une bonne idée de charger quelqu’un de me réconforter, et son choix s’est porté sur celui que je fréquente et dont il est très proche." Elle ne se souvenait plus si oui ou non Millie avait cette information, mais elle ne s’arrêta pas dans son récit "Ça a été une succession de choses qui m’a coupée l’herbe sous le pied, j’ai été obligé de lui dire alors que j’étais pas encore tout à fait prête. J’ai mal calculé mon coup, ça a été horrible." Ruben s’était montré plutôt conciliant, restait que ça n’avait pas été facile d’argumenter en faveur du secret qu’elle avait préféré garder pour elle pendant un temps, bien que tout s’était bien terminé au final. Elle prit une petite inspiration, un sourire lui échappant quand elle retrouva les yeux de Millie "Je vais bien, c’est de l’histoire ancienne." A peine, n’osant pas avouer que depuis l’interruption de sa grossesse, elle faisait des ponts réguliers sur le stade auquel elle était supposée être à l’heure actuelle si elle avait décidé de garder son bébé. Elle refusa d’y penser tout de suite, et avec plus de bonhommie, mais aussi une pointe de malice qui lui fit froncer le nez, elle demanda à Millie "T’as envie d’un cookie ?" Elles n’avaient qu’à terminer leur thé et flâner jusqu’à la boulangerie la plus proche. Après tout, elles avaient tout le temps aujourd’hui.

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« Un conseil reste un conseil. » Lorsqu’il était prodigué par quelqu’un qui était bien placé pour le faire, ce dernier avait bien plus d’impact que dans d’autres cas; c’était le cas présentement - elle aurait pu deviner toute seule que ce n’était pas une idée de génie, mais l’entendre d’expérience était quelque peu plus pressant sur la réalité l’entourant. « T’es devenue une vraie adulte. J’aime pas l’avouer, mais j’en suis encore à faire des erreurs de jugement par fierté, et toi, t’es là, à faire ton affaire de ce qui te tombe dessus en concluant par un philosophe c’est la vie. » Peut-être qu’elle haussa vaguement l’un de ses sourcils à la réflexion que Mavis était en train de faire à haute voix; elle ne s’attendait pas vraiment à de telles paroles de sa part. « Tu m’impressionnes, Mills. » Lentement, alors qu’elle penchait quelque peu sa tête sur le côté, son sourire s’agrandit sur ses lèvres et prenait une teinte plus douce. « C’est gentil Mavis, merci. » Parce-qu’il était vrai que l’adulte qu’elle était devenue n’avait plus tant à voir avec la jeune fille qu’elle avait pu un jour être. Certes, elle restait la même dans le fond, mais c’était sur la forme que les changements qui s’étaient lentement opérés pouvaient être perçus et c’était agréable que ces derniers soient légitimement mis en avant de cette façon.

« Il faut voir le bon côté des choses, ça nous permet de nous améliorer. C’est pas donné à tout le monde, il paraît. » Elle eut un petit rire. « C’est vrai oui. » Elles auraient surement une liste longue comme le bras de personnes qu’elles pourraient citer, avec qui elles avaient grandi, et qui n’avaient pas fait partie de la sélection. « Entre toi et moi, je crois qu’il le sera pendant un bon bout de temps. » Elle opina quelque peu du chef, pinçant quelque peu ses lèvres. « C’est tant mieux. » Au moins, elles auraient une cause à mener en commun pour le bien d’autrui, et ce n’était pas rien.

Et si Millie avait effectivement l’intention d’être présente aux côtés d’Ambrose et pour lui, ce n’était pas la seule personne qui pouvait bénéficier de ce privilège, tant qu’il n’était pas nécessaire d’aller chercher plus loin que de l’autre côté de cette table. Les semaines s’étaient enchainées plutôt rapidement et un élément en entrainant un autre, elles n’avaient pas remis sur la table le sujet de conversation qui les avait pourtant réunies quelques temps plus tôt. Elle statuait de suite: Mavis n’était pas obligée de répondre à la question si cette dernière ne tombait pas dans le spectre de ce qu’elle se sentait capable d’aborder. Elle ne lui en voudrait pas, loin de là; mais elle se devait de prendre de ses nouvelles. « J’en ai pas eu le temps, mon père s’en est chargé pour moi. » A cette réponse là, Millie ne sut si elle désirait lever les sourcils en guise d’étonnement ou les froncer tant elle ne saisissait pas l’entièreté de ce qu’elle soulignait avec ces mots. « Je rentrerai pas dans les détails, mais pour résumer : il l’a appris, il a cru que ce serait une bonne idée de charger quelqu’un de me réconforter, et son choix s’est porté sur celui que je fréquente et dont il est très proche. » Damn aurait été sa réaction si elle ne savait pas un minimum contrôler ses mots. De tous les choix que son père avait pu un jour faire, celui-ci avait surement été le pire de tous. « Ça a été une succession de choses qui m’a coupée l’herbe sous le pied, j’ai été obligé de lui dire alors que j’étais pas encore tout à fait prête. J’ai mal calculé mon coup, ça a été horrible. » Elle retrouva le regard de Mavis à cet instant là. « Je vais bien, c’est de l’histoire ancienne. » Ce fut à la brune de pincer ses lèvres un instant. « Je suis désolée. Je sais à quel point tu voulais garder ça pour toi. » Et c’était son choix que de ne pas l’en informer; ce dernier lui avait été retirée façon sauvage et sans préavis. Millie se sentait réellement désolée pour elle, là où elle avait joué dans la cour de ceux qui préféraient protéger le silence. Et si elle ne désirait pas rentrer dans les détails, elle ne le ferait pas; mais elle appuya un brin davantage son regard dans le sien pour lui faire comprendre que de son côté, ce n’était pas une porte fermée.

« T’as envie d’un cookie ? » Au maigre sourire teinté d’une sorte d’espièglerie chez Mavis, elle laissa les traits de son visage se détendre quelque peu. « Je dis pas non. » Une touche sucrée ne se refusait jamais; et puis pour une fois qu’elle avait le temps de prendre le temps, elle n’allait pas s’en priver: ce genre de journée était rare. « Peut-être même que j’en prendrai deux: j’ai la chance de bosser pour une maison de haute couture mais de pas défiler pour eux. » Haussant un sourcil sur son visage, elle se permit de lever les yeux au ciel de façon un brin exagérée pour souligner le trait d’une façon quelque peu dramatique. « Tu verrais comment certains mannequins sont vraiment obsédés par leur régime alimentaire, je pourrais pas à être à leur place. » Et ce qu’elle ne dirait pas à haute voix ici mais qui faisait du bien aussi, c’était de rebondir sur une discussion qui lui semblait presque banale - le genre de choses que deux copines pourraient faire en rattrapant les dernières nouvelles de la semaine autour d’un thé, justement.