Bitch please ft @Carmine Cavendish

If I was out flashing my dollars ; i'dd be a bitch, not a baller ; they paint me out to be bad ; so it's okay that i'm mad ∆ Taylor Swift, The man

Mabel hocha la tête tout en essayant d'imaginer ce que recouvrait ce terme. Les Cavendish était une maison de luxe, plutôt ancrée dans ses traditions et sa nobilité. Malgré le fait que leur nom était connu, ils régnaient sur un domaine relativement restreint - pas de politique, de musique ou de magnats de l'industrie.

« D'expérience, je te dirais que si tu veux réussir loin de leur influence, il faut le faire avec un autre nom. »

Elle avait eu beau partir à Londres, de l'autre côté de la terre, là où son père n'avait pas d'influence, elle avait quand même senti sa présence à chaque rencontre professionnelle. Il n'était peut-être pas actif à Londres, elle restait sa fille et l'une de ses héritières, bien qu'à l'époque déjà, elle n'ait pas voulu de tout ça. Les Cavendish étaient encore plus ancrés dans le paysage mondial, sans doute plus que Carmine ne le percevait tant qu'il suivait la ligne familiale et ne se rebellait pas.

Elle pressentait aussi que ce séjour à Londres pour "mettre les choses au clair" allait être un coup d'épée dans l'eau. La famille allait sans doute tenter de le remettre dans le droit chemin, et elle les savait prêt à tout pour garder cette unité familiale si chère à leur cœur. Elle s'étonnait toujours du fait que leur amitié ait survécu aux manigances de sa famille, elle qui était considéré comme un mouton noir par la noble famille - ou tout au plus un cloporte à écraser pour ne pas avoir à supporter sa vision. Ou peut-être que sa présence, même désavouée par le clan, avait un certain intérêt pour eux - une modernité à laquelle ils ne voulaient pas accéder, une façon de se rapprocher de leurs clients potentiels sans se mouiller.

Mabel se figea ensuite, tapotant sur le banc de bois du sauna alors qu'elle réfléchissait à la proposition de Carmine. Elle savait qu'il avait réalisé une publicité pour Gibson - elle l'avait vue et même partagée sur ses réseaux. Il commençait à s'approcher du milieu du cinéma, mais elle n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait vouloir promouvoir comme idées ou comme concepts dans un film.

« En toute honnêteté, ça dépend de ce que tu mets dans ton film. T'as un scénario ? Ou au moins une idée de projet, de valeurs à défendre ? »

Elle était loin, l'époque où Mabel plongeait tête la première dans n'importe quelle entreprise, prête à tout pour faire parler d'elle - un bad buzz était toujours un buzz, elle avait appliqué cette philosophie de travail bien trop longtemps. Désormais, elle tentait de prendre des décisions plus réfléchies, pour défendre des projets qu'elle soutenait. (Nine était une erreur de parcours qu'elle avait du mal à s'expliquer.)

« Quel regard tu auras sur le film en tant que producteur ? Et quel serait mon rôle là-dedans ? Parce que me choisir moi, c'est un message envoyé à ta famille, et ils n'apprécieront pas. »

Surtout qu'elle était dans une période où elle parlait de plus en plus de sa bisexualité, en interviews notamment. Si leur amitié n'était pas choquante, la choisir elle dans un de ses films à lui alors qu'il venait de se faire taper sur les doigts pour semer le doute sur sa propre sexualité était un message ambigu qui allait faire jaser, et qui n'allait pas plaire aux Cavendish.

« Je ne refuse pas » nuança-t-elle. « Je veux juste savoir où et dans quoi je mets les pieds avant de m'engager. »

Elle était totalement prête à mettre le feu aux idéaux arriérés de la famille de Carmine, mais elle ne le ferait pas sans son consentement. Elle savait combien c'était difficile de tenir tête à ses parents, et elle avait réussi assez tôt à détacher son image de celle de ses géniteurs pour en retirer une certaine liberté. Carmine n'en était pas encore là...