Lacy, oh, Lacy, skin like puff pastry. Aren't you the sweetest thing on this side of hell ? Dear angel Lacy, eyes white as daisies, did I ever tell you that I'm not doing well ?
Ce n’est pas la première fois que je me retrouve ici. Loin de ça même. Il y a quelques semaines de ça lors de mon dernier rendez-vous de contrôle avec mon cardiologue celui-ci m’avait déjà suggéré une première fois de prendre des vacances et de me reposer. Sauf que le repos n’est pas vraiment envisageable quand on a trois enfants en bas-âge, un pré-ado, une maison à entretenir et un restaurant à gérer. Ma vie n’est pas de tout repos et je ne m’en plains pas vraiment, je l’aime ainsi et c’est aussi peut-être un peu moi qui l’a décidé ainsi. Les médecins voulaient prévenir ma femme dès mon admission aux urgences, mais ils ne connaissent pas Alex. Ils ne savent pas comment elle est, ils ne savent pas que si elle apprend par une autre personne que son mari que celui-ci est à l’hôpital parce qu’une nouvelle fois son cœur fait des siennes, elle paniquera tellement qu’elle serait capable de retourner la salle d’attente. Un peu comme Diana lorsqu’Heather a eu son accident. Alors quand ils m’ont demandé s’il y avait une personne à prévenir de mon arrivée aux urgences, j’ai préféré leur demander de ne pas prévenir ma femme. Pas parce que je ne compte pas la tenir informée de mon malaise, mais simplement parce que je sais très bien qu’il est préférable que je lui annonce moi-même être à l’hôpital.
Comme la dernière fois, les événements sont assez flous et je ne me souviens pas vraiment de tout. Simplement de cette douleur thoracique, cette gêne respiratoire et cette sensation horrible d’étouffement. Et pour le reste c’est encore assez vague, les médicaments que les infirmiers m’ont injectés sont assez rapides à faire effet mais pour le reste, il me faut un long moment pour me sentir de nouveau bien. Enfin…bien. À peu près bien, disons. Plus ou moins. Au téléphone j’ai essayé de rassurer Alex, mais je me sens toujours très faible. Rien d’anormal pas vrai ? Après tout il y a encore une heure et demie mon cœur battait dans ma cage thoracique à environ 200 battements par minute. Ce qui est beaucoup trop pour le commun des mortels mais aussi lorsqu’on est déjà diagnostiqué avec une tachycardie comme moi. L’agitation quasiment perpétuelle du service des urgences dégage cette dimension anxiogène qui n’aide pas vraiment à ce que je puisse réellement me reposer comme le médecin qui vient de quitter le boxe m’a demandé. D’ici à peine quelques minutes, je serai apparemment transféré dans le service de cardiologie pour quelques jours. Pas plus que quelques jours en tout cas je l’espère, car j’ai encore beaucoup de choses à gérer à l’Interlude et en plus de ça je ne veux pas laisser Alex seule à la maison avec les enfants, Dobby et Nala. Elle ne sera pas vraiment seule, je le sais, Romane est là elle aussi et je suis sûr que si elle en avait besoin elle pourrait faire appel à son cousin pour qu’il lui file un coup de main. C’est d’ailleurs quand on vient me transférer dans le nouveau service que je connais déjà d’une précédente hospitalisation, que je demande combien de temps j’y passerai. Ils n’en savent rien, et bien évidemment qu’ils ne le savent pas. J’aurais peut-être dû m’en douter leur réponse me semble d’un coup assez logique.
L’installation dans la nouvelle chambre prend quelques minutes, les infirmières me rejoignent tout de suite pour me brancher au scope de la chambre. « Je vais bien, vraiment, je vous assure… » je m’entends leur dire alors qu’elles s’agitent à mes côtés avec les électrodes et les perfusions. « 130 de pulsations, c’est encore trop Monsieur Anderson. Un médecin va passer vous voir, en attendant essayez de vous reposer, d’accord ? » Elles sont gentilles et plutôt bienveillantes mais je sais que si je veux batailler pour sortir et pouvoir rentrer rapidement chez moi ce n’est pas auprès d’elle que je dois argumenter. Une fois enfin seul et installé dans la chambre, comme je lui avais promis j’envoie à Alex par message l’étage et le numéro de ma chambre – numéro qui, d’ailleurs, devrait lui rappeler quelques souvenirs car il s’agit de la même chambre que j’ai occupé il y a quelques années. Lucy et Lena n’étaient même pas encore nées Alex était enceinte, Nathan pas encore de retour dans nos vies. Les minutes passent, Alex devrait bientôt arriver et avant même que la porte ne s’ouvre je suppose déjà qu’il s’agit bien d’elle qui vient de frapper frénétiquement à la porte de ma chambre. Je reconnais ses pas énervés et rapides. Et j’avais bien raison et c’est un petit sourire qui s’étire sur mes lèvres lorsque je la vois pousser la porte. « Je me doutais que c’était toi. » je lui dis dans un premier temps. Les traits de son visage sont tendus, tirés, ses sourcils froncés et si de par notre court appel téléphonique je ne doutais pas de son inquiétude, maintenant j’en ai clairement la certitude. Doucement, je me redresse dans le lit et tends mes bras vers elle. « Tu vois, ça va, je vais bien. » je la rassure doucement en la serrant dans mes bras. Et ce n’est pas totalement un mensonge, du moins il y a une heure j’étais dans un bien moins bon état que ça mis je doute qu’une telle affirmation puisse la soulager. « J’étais dans cette chambre aussi la dernière fois, j’ai de très bons souvenirs de la salle de bain. » Je lui souris, et oui, j’essaie clairement de faire bonne figure même si tout ce que je lui dis est vrai : j’étais dans cette chambre lors de ma précédente hospitalisation et oui, j’ai gardé d’excellents souvenirs de la salle de bain. Ou plutôt du moment que nous y avions passé tous les deux.
Ooh, I care, I care, I care Like ribbons in your hair, my stomach's all in knots You got the one thing that I want
Je n'avais jamais fais le chemin entre la salle de sport ou j'ai mes habitudes et le Saint Vincent's hospital. Je ne savais pas à quel point ce trajet pouvait être interminable. Ou du moins à quel point il pouvait donner l'impression de l'être. La boule au ventre, alors que je passe mon temps à regarder mon téléphone pour m'assurer que je n'ai pas un nouvel appel de Caleb ou pire de l’hôpital pour me prévenir que l'état de Caleb s'est détérioré. Je pensais que son cœur allait bien, je pensais qu'il allait bien, je n'ai rien vu encore une fois et aujourd'hui, j'étais loin de penser en décrochant mon téléphone que j'apprendrais que mon mari est à l’hôpital. Son cœur encore. Et tout ce que je sais c'est qu'ils veulent le garder en observations pour d'autres examens, encore et je ne peux que penser que c'est pas anodin. Ils connaissent ses problèmes de cœurs et je ne peux m'empêcher d'imaginer le pire. Et je déteste chaque voitures qui respectent les limitations de vitesse, je maudis chaque personnes qui m'obligent à ralentir parce qu'elles ont le culot de traverser la route, j'insulte chaque feux, tous ce qui me ralenti. Je me sens impuissante et je revis les souvenirs de cette fameuse soirée ou je l'ai vu s'écrouler devant moi, ou pendant de longues minutes, j'ai cru perdre l'homme de ma vie. Aujourd'hui, j'ai cette peur qui revient, plus intense qu'une simple peur, j'ai le souffle presque coupé alors que cette pensée s'immisce dans mon esprit. Il n'est pas immortel, pas invincible, il a une santé fragile et aujourd'hui cet appel vient me le rappeler avec un peu trop de violence. Il a raccroché depuis trop longtemps pour que je n'ai pas le temps de me faire des tonnes de scénarios dans mon esprit, et alors que je me gare sur le parking de l’hôpital, je reçois un sms. Il est de Caleb et si ça devrait être rassurant, je ne peux m'empêcher d'hésiter quelques secondes avant d'ouvrir le sms. Et si c'était pour m'annoncer une mauvaise nouvelle ? Personne ne ferait ça, personne n'enverrait un sms à une femme pour lui annoncer qu'elle vient de devenir veuve. Je le sais, et pourtant, une part de moi pense à ça, au pire. Et si je venais d'entendre pour la dernière fois sa voix, s'il venait de me dire qu'il m'aimait pour la dernière fois ? Je panique, je surréagis, je le sais, et le pire c'est d'en avoir conscience mais de malgré tout être impuissante face à ces émotions et à ces pensées qui me font perdre le contrôle. Je suis ridicule, je le sais mais je n'ai jamais su gérer les émotions fortes et celles ci le sont réellement. La peur de le voir mourir dépasse tout le reste et j'ai beau tenter d'utiliser toutes les techniques de respirations que j'ai pu apprendre au cour de mes différentes thérapies, aujourd'hui j'ai l'impression d'être incapable de respirer. Pourtant je respire mais j'ai cette boule à l'estomac qui m'oppresse. Et si c'était pour me prévenir qu'un malheur va arriver ? Si c'était mon corps qui réagissait aux événements, qui venait m'alerter, qui se mettait en mode survie pour ce qui va arriver ? C'est n'importe quoi, je le sais. C'est n'importe quoi, j'en ai conscience. Mes pensées n'ont aucun sens, elles ne sont fondées sur rien, juste sur cette peur de le perdre et sur les souvenirs de cette nuit passée traumatisante. Mais, je n'ai aucune raison de croire tout ça, et je tente de me calmer en ouvrant enfin ce sms reçu par Caleb. Il s'agit du numéro de sa nouvelle chambre, et c'est quelque chose qui devrait en toute logique me calmer, mais quand je vois le numéro, ça ne me rassure pas vraiment, au contraire même, je me rappelle de cette chambre parfaitement et je me rappelle parfaitement du chemin jusqu'à cette chambre pour l'avoir fait à plusieurs reprises il y a quelques années. Je remarque pourtant une différence notable, je parcours la distance entre l'entrée de l’hôpital et la chambre de Caleb bien plus rapidement qu'à l'époque. Je ne suis pas enceinte aujourd'hui et ça change beaucoup de choses, ma démarche est bien plus rapide, plus bien assuré et déterminé aussi et pourtant à mesure que j'approche de sa chambre, j'ai cette boule au ventre que devient de plus en plus oppressante. Je soupire, j'inspire et j'expire plusieurs fois pour essayer de chasser les signes d'angoisses, de peurs ou de stress pour ne pas inquiéter Caleb mais c'est pas une franche réussite puisqu'au moment ou je suis devant sa porte, c'est avec un peu trop d'énergie que je frappe sur sa porte et quand j'entre, j'ai comme l'impression de revivre un souvenir que j'aurais aimé oublié. Lui allongé sur un lit d’hôpital, la fatigue visible sur son visage et ce malgré le sourire qui s'affiche sur son visage. Je lui souris aussi, un petit sourire, crispé mais un sourire tout de même parce que je suis soulagée de le voir, et pourtant rapidement, trop rapidement mes yeux sont attirés par les appareils médicaux et par cette machine et ce qu'elle indique. « Je me doutais que c’était toi. » Je n'ai pas bougé, figée les yeux bloqués sur la machine et ce n'est qu'au moment ou j'entends sa voix que mes yeux cessent de fixer son rythme cardiaque pour se poser sur lui. En temps normal j'aurais sans doute fais une petite blague, mais je ne parle pas, je le regarde, je l'observe, je fixe les traits de son visage, je veux m'assurer de ne rien rater, de desceller les signes de souffrance, de malaise, ou de faiblesse parce que je doute qu'il me le dise de peur de m'inquiéter. Mes mains qui s'agitent sous l'effet du stress, et sans même que j'en ai conscience, me voilà en train de gratter mes ongles et la peau autour comme pour gérer la tension que je ressens et que je tente de maitriser et canaliser. Il se redresse dans le lit, et c'est quand je le vois bouger et me tendre les bras que je bouge à mon tour pour réduire la distance entre nous et venir me blottir dans ses bras, je profite de ce moment pour déposer un baiser au coin de ses lèvres avant. « Tu vois, ça va, je vais bien. » Je secoue la tête contre lui, peu d'accord avec lui, non il ne va pas bien, sinon il ne serait pas là. J'ai envie de lui dire à quel point j'ai eu peur, à quel point il n'a pas le droit de me faire de tels frayeurs, à quel point je vis mal cette situation, mais je garde mes craintes pour moi parce que je ne veux pas qu'il se sente mal, qu'il se culpabilise parce qu'il n'est pas fautif. « Il va falloir revoir tes critères chéri, parce que les gens qui vont bien ne sont pas à l’hôpital. » J'aurais pu le dire avec une pointe d'ironie dans la voix, mais c'est avec beaucoup de sérieux que je lui réponds. « Et je sais pas qui je dois croire, toi ou la machine ? Mais 130, ton cœur me dit que ça va pas si bien. » Son cœur, voilà la source de toutes nos angoisses, enfin des miennes et je ne doute pas que pour lui aussi ce soit inquiétant, mais il veut me rassurer et me protéger sans doute, sauf que je n'aime pas ça. « J’étais dans cette chambre aussi la dernière fois, j’ai de très bons souvenirs de la salle de bain. » Il sourit et je sais à quoi il fait référence, je le sais très bien, mais si ce moment est un bon souvenir, j'aurais clairement préféré ne jamais le vivre parce que le reste de cette chambre, le reste des souvenirs ici ne sont clairement pas aussi positifs. « Je sais oui, et personnellement j'ai pas que des bons souvenirs dans cette chambre. » Il y a ce moment dans la salle de bain certes mais il y a aussi tous les autres moments, enceinte, cette culpabilité d'avoir été responsable de son malaise, la peur, l'incompréhension, les angoisses et les nuits seules sans lui pendant son hospitalisation. Voilà les premiers souvenirs que j'ai mais je ne veux pas l'angoisser, ou l'inquiéter alors c'est en m'asseyant sur le bord de son lit que je finis par tenter moi aussi d'être un peu plus légère, même si ça sonne faux. « Si tu voulais que l'on revive ce souvenir dans une salle de bain, tu pouvais le demander directement sans avoir à nous faire une telle frayeur. » Je souris mais mes yeux laissent transparaitre de toute l'inquiétude que je ressens et cette machine qui vient sans cesse nous rappeler que son cœur ne va pas si bien qu'il semble vouloir le dire. Mes yeux finissent par se planter dans les siens, les sourcils froncés par l'inquiétude que je n'arrive pas à oublier, et c'est en prenant sa main que je finis par le questionner réellement sur son état, l'air peut-être un peu trop inquiète mais c'est réellement l'émotion que je ressens et ça se transmet à ma façon de parler. « Plus sérieusement chéri, je t'interdis de me mentir, comment tu vas ? Qu'est-ce que le médecin a dit ? Qu'est-ce qui s'est passé ? » Trop de questions, mais je n'arrive pas à me mesurer, j'ai besoin de réponses, j'ai besoin de savoir, de comprendre et lui seul peut venir apporter certaines réponses.
Lacy, oh, Lacy, skin like puff pastry. Aren't you the sweetest thing on this side of hell ? Dear angel Lacy, eyes white as daisies, did I ever tell you that I'm not doing well ?
C’est d’un pas rapide et inquiet qu’Alex traverse le couloir pour venir frapper à ma porte. J’aurais pu reconnaître son arrivée parmi mille, je savais qu’elle serait inquiète à l’idée de me voir à nouveau allongé dans un lit d’hôpital des suites d’un malaise. Mais mon cœur est fatigué et au lit de me faire comprendre gentiment qu’il a besoin de repos afin d’éviter le pire, il a préféré la manière forte. Ce n’est pas la première fois que je me retrouve hospitalisé dans ce service, bien que cela fait maintenant quelques années que je n’y avais pas mis les pieds. Alex était encore enceinte à l’époque et ce qui m’avait mené à cette première hospitalisation était finalement assez similaire aux événements d’aujourd’hui. Dans les faits directs en tout cas : le myocarde qui s’emballe beaucoup trop, bien plus qu’à l’accoutumée, des vertiges, une sensation d’étouffement, des douleurs thoraciques…et j’en passe. La seule chose qui diffère de ma première expérience avec la tachycardie est le fait que cette fois Alex n’était pas présente à mes côtés lorsque la crise est survenue. Et c’est tant mieux comme ça car la dernière fois, la panique était beaucoup trop forte pour elle et en aucun cas je ne veux qu’elle ne subisse une nouvelle fois par ma faute. Mais lorsqu’elle pousse la porte, je suis soulagé de voir ce petit sourire prendre place sur ses lippes. Il est petit, il est léger, mais il a au moins le mérite d’exister. En revanche il va presque en contradiction avec tous ses autres gestes : ses doigts viennent nerveusement gratter la peau autour de ses ongles et elle reste là, muette, plantée à l’entrée de la chambre sans oser bouger le moindre muscle. Réaction étrange et qui m’intrigue grandement, j’aurais sincèrement pensé que la possibilité de la voir se ruer dans mes bras est bien plus importante que celle où elle ne bouge absolument pas. Ce n’est que quand je parle à nouveau tout en ouvrant les bras vers elle qu’elle ose enfin s’avancer vers moi. « Il va falloir revoir tes critères chéri, parce que les gens qui vont bien ne sont pas à l’hôpital. » qu’elle me répond enfin, alors qu’elle est venue se réfugier dans mes bras. Je vais mieux du moins, c’est peut-être ainsi que j’aurais dû formuler ma phrase qui avait pourtant pour but premier de la rassurer. « Et je sais pas qui je dois croire, toi ou la machine ? Mais 130, ton cœur me dit que ça va pas si bien. » Sa réponse m’arrache un soupir. Elle a raison. Médicalement parlant mon cœur est toujours en tachycardie mais si elle refuse de me croire lorsque je lui dis que physiquement, je me sens mieux et que je me ressens aucun malaise je ne sais pas ce que je pourrais faire pour gagner sa confiance. « J’ai mal nulle part, je t’assure que je me sens bien. Je pourrais rentrer et cuisiner pour toute la famille sans aucun problème, je me sens juste un peu fatigué c’est tout. » Nouvelle tentative. Et encore une fois, je suis sincère, je ne lui mens pas. Je vais bien. Ou du moins, je vais mieux avec certes, un myocarde tapant à 130 par minutes mais c’est aussi un peu la base de ma maladie. Mon cœur bat trop vite, et si on compare aux pulsations qui m’ont poussées au malaise tout à l’heure on pourrait presque dire que celles-ci sont parfaitement normales. Bien qu’elles ne le soient pas réellement. Elles sont juste moins alarmantes. J’essaie d’enchaîner légèrement afin de lui montrer que je ne vais pas si mal qu’elle semble le penser, et pour ça je choisis d’évoquer un souvenir intime vécu tous les deux dans la salle de bain de cette même chambre il y a presque quatre années de ça. Mais je fais face à un nouvel échec cuisant. Pas un rire, pas un sourire. Rien. Et sa réponse risque de me prouver qu’elle n’a en aucun cas envie de rire aujourd’hui. « Je sais oui, et personnellement j'ai pas que des bons souvenirs dans cette chambre. » Bien évidemment que je n’ai pas que des bons souvenirs dans cette chambre moi non plus, je ne disais pas le contraire. J’essaie simplement d’instaurer une ambiance un peu moins lourde – qui n’a en plus, pas réellement lieu d’être. À court d’idées pour rassurer Alex et lui montrer que je vais bien, je me contente d’hausser les épaules sans un mot de plus. « Si tu voulais que l'on revive ce souvenir dans une salle de bain, tu pouvais le demander directement sans avoir à nous faire une telle frayeur. » Alex essaie-t-elle enfin de relativiser ? On dirait bien que oui et c’est seulement lorsque je la vois essayer de sourire que je comprends qu’elle tente enfin de se détendre. Mais je la connais assez pour savoir qu’elle n’y parvient absolument pas. Si je réponds moi aussi plus légèrement va-t-elle me faire les gros yeux en me disant que je ne peux pas me sentir bien parce que je suis à l’hôpital ? Je me pose sûrement trop de questions. Beaucoup trop de questions, mais je ne sais plus vraiment comment agir pour qu’elle puisse enfin me croire. « On a pas vraiment besoin d’être ici pour ça de toute façon. » Pas du tout même. « Plus sérieusement chéri, je t'interdis de me mentir, comment tu vas ? Qu'est-ce que le médecin a dit ? Qu'est-ce qui s'est passé ? » « Mais je vais bien. » je lui réponds une nouvelle fois, soupirant légèrement. « Pourquoi est-ce que tu penses toujours que je te mens ? Depuis quand je suis de ces mecs qui mentent toujours à leur femme ? » Ou la question devrait être : depuis quand me pense-t-elle ainsi. « Je t’ai déjà tout dit, Alex. Les médecins veulent que je fasse quelques examens supplémentaires, c’est pour ça qu’ils me gardent quelques jours ici. » Elle n’apprend rien car ce sont des informations que je lui ai déjà données tout à l’heure par téléphone et pour le moment je n’en sais pas plus. « Sérieusement, qu’est-ce que je vais devoir faire pour que tu me croies ? » Elle pense que je lui mens quand je lui dis que je vais bien, alors que c’est la vérité. Je me sens faible et fatigué, mais je n’ai plus aucun symptôme, plus aucune douleur : je vais bien.
Ooh, I care, I care, I care Like ribbons in your hair, my stomach's all in knots You got the one thing that I want
Le voir dans ce lit d’hôpital, dans cette chambre précisément fait remonter des souvenirs, mais surtout des angoisses que je pensais avoir réussi à gérer depuis le temps mais visiblement je ne vais jamais réussir à m'habituer à voir Caleb dans un lit d’hôpital. En même temps, ma réaction est normale non ? Je panique, j'ai peur pour lui, j'ai peur de le perdre, j'ai peur que son cœur s'arrête alors que pour le moment il bat trop vite et les machines me le montre de façon claire et ne fait qu'alimenter mes peurs pour lui. Il est l'homme de ma vie, mon mari, le père de mes enfants, celui avec qui je construis ma vie, le seul avec qui je veux être aujourd'hui et pour le restant de mes jours alors chacun de ces moments ne font que venir me rappeler qu'il n'est pas immortel, qu'il n'est pas intouchable et qu'un jour je pourrais le perdre et je ne peux pas vivre avec cette pensée. Pourtant, personne n'est invincible, personne n'est immortel mais Caleb doit l'être parce que je ne peux pas penser ma vie sans lui, cette simple pensée suffit à me figer sur place et à faire monter en moi des angoisses que je ne sais pas gérer. Et, je pense qu'à cet instant, mon cœur ne bat sans doute pas aussi vite que le sien, mais il s'emballe pourtant aussi alors que je dois faire bonne figure devant lui pour ne pas l'inquiéter. J'ai eu peur et j'ai toujours peur, même quand il me dit qu'il va bien, même quand je le vois sourire, même quand je me retrouve dans ses bras. Pourtant, je ne dois pas paniquer, pas lui montrer, pas lui faire ressentir cette peur intense qui m'envahit, je me doute qu'il a conscience que je suis inquiète mais je ne veux pas qu'il essaye de penser à moi avant de penser à lui, il le fait déjà tout le temps. Il essaye sans doute de me rassurer, ou peut-être qu'il dit juste la vérité, mais j'ai du mal à concevoir qu'il aille bien alors que je vois son cœur battre trop vite, que je le vois dans un lit d’hôpital et que je sens la fatigue dans ses yeux. Il se veut rassurant, mais les signes extérieurs me donnent une autre lecture de la situation, une lecture qui ne semble pas lui plaire puisqu'il soupire. « J’ai mal nulle part, je t’assure que je me sens bien. Je pourrais rentrer et cuisiner pour toute la famille sans aucun problème, je me sens juste un peu fatigué c’est tout. » Je le regarde longuement comme pour vérifier ses dires, comme pour voir aussi s'il est sérieux ou s'il essaye de plaisanter un peu. Mais, je me dis qu'il ne peut pas être sérieux, il ne peut pas être en train de penser que je le laisserais rentrer et cuisiner alors que son cœur et sa fatigue viennent de le conduire à l’hôpital. « Je sais que tu plaisantes, mais même si tu n'as mal nul part, tu as intérêt à te reposer un peu. S'il te plaît, prends soin de toi. » Je ne l'engueule pas mais je ne plaisante pas non plus, c'est peut-être le seul point positif de le savoir ici, il ne peut rien faire d'autres que se reposer et visiblement il en a besoin puisqu'il le dit lui même qu'il est un peu fatigué. Et quand on connaît Caleb, on peut aisément savoir que le « un peu fatigué » signifie qu'il est réellement fatigué. Et après la cuisine, c'est sur un autre sujet léger et pourtant important pour nous qu'il tente de plaisanter, sauf que là encore j'ai du mal à rire. J'ai ce souvenir en tête moi aussi, mais aussi bon et agréable (et torride) soit ce souvenir, pour le moment je n'ai pas vraiment la tête, ou le cœur pour penser à ce souvenir en particulier alors que pleins d'autres beaucoup moins agréables m'envahissent l'esprit et m'empêchent d'être plus légère ou du moins de l'être en première réaction. Je sais qu'il n'a pas besoin de mes inquiétudes, de ma panique, de ma crainte, qu'il n'a pas besoin de sentir que je vis pas très bien de le voir de nouveau être ici, alors je tente moi aussi de flirter sur sa légèreté, sur sa tentative de rendre la situation moins dramatique, j'essaye mais je sais que ça ne sonne pas si bien que ça. Mais, au moins j'essaye et c'est tout ce qui compte non ? « On a pas vraiment besoin d’être ici pour ça de toute façon. » Clairement pas en effet, au contraire même, ce lieu pourrait avoir l'effet inverse. « On a pas DU TOUT besoin d'être ici, je n'ai jamais trouvé les hôpitaux très sexy et cette couleur de blouse ça ne met pas ton teint en valeur. » J'essaye la légèreté dans ma réponse, mais les appareils, l'odeur de l’hôpital, la tenue de patient, j'ai connu bien plus sexy comme lieu pour ce genre de chose. Je dépose un baiser sur sa joue et j'en profite pour caresser sa barbe quelques secondes, alors que je le regarde, les yeux tentant de faire abstraction de l'appareil derrière lui, essayant d'oublier pendant quelques minutes que son cœur vient de l'envoyer à l’hôpital pour la seconde fois et ce sans aucune raison particulière, enfin autre que sa maladie qui vient l'affaiblir aujourd'hui. Et c'est sans doute ça le plus dur à réaliser, qu'à partir d'aujourd'hui, il pourrait m'appeler n'importe quand pour me dire que son cœur a encore eu des problèmes et qu'il est à l’hôpital. « Mais je vais bien. » Il soupire, encore et je réalise que mon inquiétude semble l'agacer. « Pourquoi est-ce que tu penses toujours que je te mens ? Depuis quand je suis de ces mecs qui mentent toujours à leur femme ? » Je grimace, je n'ai jamais voulu qu'il pense ça, je n'ai jamais pensé ça pour ma part. Ou du moins, je n'ai jamais pensé qu'il me mentait comme ces mecs dont il parle, mais j'ai toujours eu cette peur qu'il ne me dise pas tout pour me protéger. Pour éviter de m'inquiéter, que ce soit moi ou sa famille d'ailleurs. Mais, il m'a déjà fait cette remarque, il m'a déjà demandé de le croire et d'arrêter d'insister ou de douter. « C'est pas ce que je pense, mais j'ai toujours peur que tu veuilles nous protéger et que tu ne dises pas tout pour pas nous inquiéter. Je veux juste m'assurer que tu ailles bien, vraiment bien. » Mais je dois le croire, parce qu'il me le dit et que je n'ai que sa parole, et cette machine qui vient le contredire, mais il va bien et c'est finalement tout ce qui compte non ? Tout ce à quoi je dois penser parce que j'ai besoin qu'il aille bien. Besoin qu'il puisse rentrer vite à la maison, qu'il puisse quitter cet hôpital que je commence à sincèrement détester. « Je t’ai déjà tout dit, Alex. Les médecins veulent que je fasse quelques examens supplémentaires, c’est pour ça qu’ils me gardent quelques jours ici. » Quelques jours, deux, trois, quatre, plus ? Je n'aime pas cette idée et pourtant je vais devoir faire avec et espérer que les quelques jours ne soient pas plus et que les examens ne révèlent rien de plus grave que ce qu'ils ont déjà trouvé la première fois. Attendre, voilà ce que je vais devoir faire ces prochains jours et c'est clairement pas quelque chose que j'apprécie et que je vis bien mais est-ce que j'ai le choix ? Je sais que pour Caleb ça ne sera clairement pas des jours agréables non plus, loin de sa cuisine, loin de nos enfants, et je sais que ça sera dur pour lui et pour eux aussi et ce n'est que maintenant que je pense à eux, et je pense à ce que je vais devoir leur dire, comment leur dire, quoi leur dire aussi pour ne pas les inquiéter alors que je le suis réellement. Mais, ce n'est pas le plus important pour le moment et Caleb m'interpelle alors que je commençais à me perdre dans mes pensées. « Sérieusement, qu’est-ce que je vais devoir faire pour que tu me croies ? » Je le regarde, je l'observe, il a l'air fatigué mais il va bien, il me le dit et me le répète alors je veux le croire. « Je te crois, mais j'aime pas te voir ici. Mais tout ce qui compte c'est que tu ailles mieux et j'arrête de t'embêter avec ça. » Il va mieux et je le crois, il me parle, il est conscient, il est là à côté de moi et c'est tout ce qui compte même si l'endroit me rappelle des mauvais souvenirs, même si son cœur risque de venir encore et encore me donner des inquiétudes mais actuellement il va bien (mieux) et je veux juste être avec lui et profiter de lui parce que je sais d'or et déjà que ce soir je vais être seule. « Tu me fais une petite place contre toi ? J'ai besoin de profiter de toi pour ne pas être en manque ce soir. » Je lui souris en venant déposer un baiser sur ses lèvres, j'essaye de me détendre, j'essaye d'apporter un peu de légèreté, j'essaye vraiment et si je dis ça avec douceur, j'ai pourtant vraiment besoin de ce câlin, de cette proximité, de lui tout simplement et je viens me blottir contre lui, dans ses bras comme ce fut le cas déjà quelques années plus tôt, mais je prenais bien plus de place dans le lit ce soir là. « Le lit paraît presque petit par rapport à il y a quatre ans. » C'est peut-être la première blague que je fais, la première vraie remarque drôle ou qui se veut drôle depuis que j'ai débarqué dans sa chambre en panique. Son cœur ne s'est pas calmé et je pense qu'il ne se calmera pas, et que finalement tant qu'il ne s'emballe pas, je dois me contenter de ça et alors qu'en voyant son rythme toujours aussi haut, j'ai peur, j'essaye de ne pas lui montrer et c'est avec une nouvelle remarque légère que je m'adresse à lui. « C'est ma présence qui t'empêche de te calmer ? Je sais que je suis canon mais ton cœur peut se calmer maintenant. » Je sais qu'il ne pourra pas le calmer, je sais qu'il ne contrôle rien, mais je voudrais tellement que son cœur cesse de nous faire peur de la sorte, chose impossible puisqu'il est malade. Je dois faire abstraction de ça, ne penser qu'à lui, qu'à ses quelques instants avec lui ce soir, je veux juste profiter d'être contre lui, d'être avec lui, je dois me calmer et oublier ces dernières minutes, et c'est ce que j'essaye de faire. Sans grande réussite finalement, parce que je me surprends à lui murmurer quelques mots. « J'ai tellement peur de te perdre. » J'ai eu peur, j'ai peur et j'aurais peur, voilà ce que son appel génère en moi, et je sais qu'il n'y ait pour rien, mais je l'aime tellement que je ne peux imaginer vivre sans lui, voilà pourquoi j'ai si peur et pourquoi j'ai tant de mal à me détendre même en étant là contre lui. @Caleb Anderson
Lacy, oh, Lacy, skin like puff pastry. Aren't you the sweetest thing on this side of hell ? Dear angel Lacy, eyes white as daisies, did I ever tell you that I'm not doing well ?
« Je sais que tu plaisantes, mais même si tu n'as mal nul part, tu as intérêt à te reposer un peu. S'il te plaît, prends soin de toi. » Oh, je plaisante à moitié. Si les médecins venaient à entrer dans ma chambre pour me dire qu’après réflexion ils m’autorisent à sortir pour rentrer chez moi je le ferais sans hésitation. Et en plus de tout ça je me mettrais derrière les fourneaux pour cuisiner pour toute ma famille ce soir. Malgré ma fatigue. De toute façon tant que je suis coincé ici me reposer reste la seule chose possible pour moi alors comme Alex me le suggère, c’est ce que je vais faire. Me reposer. Passer mes journées, allongé dans ce lit d’hôpital avec comme seule occupation la télévision. Clairement pas celle que je préfère faire durant mon temps libre habituellement. « On a pas DU TOUT besoin d'être ici, je n'ai jamais trouvé les hôpitaux très sexy et cette couleur de blouse ça ne met pas ton teint en valeur. » En même temps, est-il réellement possible de trouver les hôpitaux sexy ? J’en doute et de toute façon, ce n’est pas pour cela qu’ils existent. En revanche sa réflexion quant à la blouse d’hôpital que je me suis retrouvé contraint à porter, je ne peux m’empêcher de laisser un léger rire ressortir de mes lippes. « Ah bon ? Moi qui pensais que j’allais te vendre du rêve habillé comme ça, Anderson. Tu me brises le cœur. » je rebondis, essayant de profiter du ton léger qu’elle aborde bien qu’il ne dure pas très longtemps puisque la voilà qui me demande à nouveau comment je vais. Me précisant même qu’il est inutile que je lui mente, mais le problème étant que je lui dis la vérité. Bien évidemment que je ne suis pas au top de ma forme, mais je n’ai plus mal nulle part. Je ne suis plus en danger alors puisque ces deux critères sont cochés je lui affirme une nouvelle fois aller bien. Il est possible que je ne m’exprime pas très bien quand je lui dis tout ça. Dire que je vais mieux serait certainement bien plus approprié mais ce ne sont pas les mots que j’utilise. Alex est inquiète, je le sais et je le comprends. Lui tenir compte de cela serait tout simplement ridicule de ma part et bien évidemment que je ne lui en veux pas réellement. Tout ce que je lui demande c’est de ne plus poser ce regard rempli de suspicions sur moi comme si elle pensait sincèrement que chaque mot ressortant de ma bouche ne sont que des mensonges. « C'est pas ce que je pense, mais j'ai toujours peur que tu veuilles nous protéger et que tu ne dises pas tout pour pas nous inquiéter. Je veux juste m'assurer que tu ailles bien, vraiment bien. » Son inquiétude est légitime, je le sais. Mais je comprends aussi qu’elle ne me croie pas alors que je lui assure me sentir bien, et à ce stade je ne vois tout simplement pas ce que je pourrais faire ou même dire pour qu’elle me fasse confiance. Elle pourtant voir que je ne suis pas en train de lui mentir pour la rassurer : les traits de mon visage ne sont pas tirés, mes sourcils pas froncés. Je me tiens droit devant elle – aussi droit que ce lit d’hôpital peut me le permettre, mes mots et mon attitude devraient être suffisants pour plaider ma cause. « Je te crois, mais j'aime pas te voir ici. Mais tout ce qui compte c'est que tu ailles mieux et j'arrête de t'embêter avec ça. » Au final, Alex semble être bien plus inquiète que moi-même quant à ma propre santé. « Tu me fais une petite place contre toi ? J'ai besoin de profiter de toi pour ne pas être en manque ce soir. » Je lui souris et c’est sans hésiter que je me décale au d’un côté du lit pour la laisser s’allonger contre moi. « Oh moi je sais que ce soir, je serai en manque. » je lui réponds tout en venant déposer mes lèvres dans son cou. Libre à elle d’interpréter cette phrase comme bon lui semble : en manque de sexe ? Ou simplement en manque de ses baisers et ses câlins pour m’endormir ? Peut-être que finalement je parle un peu des deux. Peut-être. Sûrement. « Le lit paraît presque petit par rapport à il y a quatre ans. » Sa remarque me fait doucement rire et c’est presque au tac-au-tac que je lui réponds. « Est-ce que tu sous-entends que j’ai grossi ? » lui demandais-je d’un faux air presque offensé. Je ne me pèse jamais – je ne préfère pas, mais il est tout à fait possible que depuis toutes ses années mon corps ait gagné un ou deux kilos – voire même plus. « C'est ma présence qui t'empêche de te calmer ? Je sais que je suis canon mais ton cœur peut se calmer maintenant. » Je ne sais pas si Alex s’est enfin réellement détendue ou si elle fait toujours illusion mais je préfère largement la voir comme ça. « C’est vrai que tu es beaucoup trop canon. » c’est clairement indéniable. « Surtout avec ce legging de sport, il met en valeur tes fesses ça te rend encore plus sexy. J’espère que les mecs à la salle n’en profitent pas trop. » Parce que tu es possessif mais surtout car tu ne supporterais pas que l’on traite ta femme comme un vulgaire morceau de viande. Elle est précieuse, c’est une reine, une reine canon au corps divin, mais une reine quand même. « J'ai tellement peur de te perdre. » Doucement, j’écarte ma tête pour pouvoir venir plonger mon regard dans le sien. Mes yeux se perdent dans ses iris vertes alors que mes mains remontent pour se poser sur ses joues comme pour l’empêcher de rompre ce contact visuel. « Tu ne vas pas me perdre, mon amour. Je suis là. Je ne bouge pas. » Et je ne compte pas la laisser seule avec quatre enfants. Mes lèvres viennent cette fois se poser sur les siennes pour l’embrasser avec douceur et tendresse mais surtout, avec beaucoup d’amour. Si je n’arrive pas à la rassurer par les mots peut-être que ce baiser aura plus de chance. « Demain tu pourrais venir avec les enfants ? Et m’apporter des vêtements. Et un livre. » je ne sais pas si elle acceptera d’amener les enfants à l’hôpital mais je sais que les voir me ferait le plus grand bien.
Ooh, I care, I care, I care Like ribbons in your hair, my stomach's all in knots You got the one thing that I want
« Ah bon ? Moi qui pensais que j’allais te vendre du rêve habillé comme ça, Anderson. Tu me brises le cœur. » Il rit un peu à ma remarque et si son rire à toujours eu un effet positif sur moi, aujourd'hui, ça ne marche que moyennement. « Laisses ton cœur en dehors de ça chéri. » Je sais que c'était une façon de parler, une blague de sa part mais son cœur a déjà été brisé trop de fois et il n'est pas en très grande forme, il nous le prouve encore aujourd'hui. « Mais, désolée de te décevoir, c'est pas ta plus belle tenue et je veux pas que ça devienne une tenue quotidienne. » Clairement pas. Le look hôpital et fatigue, ce n'est pas la version que je préfère de mon mari, et pourtant je vous assure que je l'aime énormément et dans toutes les circonstances, mais mon désir pour lui aujourd'hui n'est clairement pas ce qui domine quand je le regarde assit dans son lit d’hôpital. La peur, l'inquiétude, la crainte, les doutes aussi, voilà ce que je ressens depuis que j'ai eu son appel. Il a fait un malaise, il est dans un lit d’hôpital, les médecins veulent le garder quelques jours, c'est ça qui occupe mes pensées, mon esprit et j'ai beaucoup de mal à me calmer. Il va bien, c'est ce qu'il tente de me répéter, mais j'ai du mal à entendre ses mots, non pas que je doute de ce qu'il me dit, mais les signes extérieurs viennent m'apporter des preuves contradictoires et mon inquiétude m'empêche de penser sereinement. Je n'ai jamais été vraiment capable de penser sereinement ou rationnellement, mais quand il s'agit de la santé de Caleb, c'est encore pire. Je vois bien que mes doutes ont tendance à l'agacer mais c'est plus fort que moi, Caleb est encore à l’hôpital, et je n'ai rien vu venir, et je me retrouve confrontée une nouvelle fois à ce que je redoute le plus ; le perdre. Mais, il va bien, selon ses dires, et je dois le croire, lui faire confiance, et de toute façon je n'ai aucune emprise sur cette situation. Je suis dépassée, et impuissante, je n'ai aucun élément que ce soit pour comprendre son malaise ou pour comprendre pourquoi les médecins veulent lui faire d'autres examens, ou même encore pourquoi son cœur bat toujours trop vite même au repos. Je n'ai aucune emprise sur tout ça et c'est difficile à accepter, difficile de savoir que je ne peux rien faire pour améliorer la santé de Caleb, rien faire pour le protéger ou pour l'aider à aller bien. Je suis inquiète, je le serais toujours finalement, mais à part le stresser, je ne l'aide pas en lui partageant toutes mes angoisses et mes craintes, alors je finis par me taire, ou du moins par éviter de trop l'accabler avec mes ressentis négatifs. Il n'a clairement pas besoin de ça et j'aurais bien d'autres moments pour laisser mes pensées vagabonder, pour le moment je veux juste être contre lui, être avec lui et profiter du fait qu'il soit là, et qu'il aille bien selon ses dires. Je n'hésite pas une seconde, j'enlève mes chaussures et je m'allonge sur le lit à ses côtés, pas top niveau hygiène mais à cet instant précis c'est clairement le dernier de mes soucis, parce qu'il n'y a qu'à ses côtés que je vais pouvoir m'apaiser un peu. « Oh moi je sais que ce soir, je serai en manque. » Il arrive à me faire rire, même si je lève les yeux au ciel quelques secondes en sentant son baiser dans mon cou ce qui donne un côté encore plus clair à ses propos, du moins à mon sens. « Toi ce soir, tu vas reposer ton cœur, interdit même de te branler chéri, aucun effort physique pour toi. » Je suis un peu plus détendue, du moins c'est l'impression que je donne alors que je ris à sa remarque et que je ris en lui répondant aussi. Il est clair que ce soir, ni lui, ni moi n'allons passer une bonne nuit, mais il est sur aussi que ni lui, ni moi n'allons passer une soirée riche en plaisir. Je viens me coller à lui un peu plus, alors que pourtant le lit n'est pas si petit que ça, et c'est en repensant à ces moments passés dans ce même lit il y a quelques années que je le réalise, perdue dans mes pensées, je me revois énorme dans ce lit à ses côtés, le corps douloureux et l'esprit paniqué par la frayeur qu'il venait de nous faire vivre. Je pense à ce lit qui semblait si petit, à nos corps serré l'un contre l'autre pour pouvoir tenir ensemble. « Est-ce que tu sous-entends que j’ai grossi ? » Je le regarde, les sourcils froncés ne comprenant pas sa réaction. « Non, non pas du tout, tu as pris du muscles mais non, j'ai jamais dis ça. » Je suis presque gênée, ne comprenant pas ce que j'ai pu dire pour lui faire penser ça, et ce n'est qu'après quelques secondes de réflexion que je réalise mon erreur et je ris un peu gênée. « Je crois que je me suis mal exprimée, désolée j'étais perdue dans mes pensées, je me disais que le lit semblait bien plus petit y'a quatre ans, je prenais bien plus de place à l'époque. » J'étais énorme, déjà presque incapable de bouger librement avec ce corps de femme enceinte de jumelles. Aujourd'hui, je n'ai jamais retrouvé ma silhouette d'avant grossesse, pas exactement du moins et je l'ai accepté mais je suis bien plus en forme et j'aime mon corps malgré quelques moments difficiles dans cette étape d'acceptation. Mais aujourd'hui j'en joue de nouveau auprès de Caleb, je vante mes atouts, je le sais réceptif et je m'en amuse. Du moins j'essaye de le faire et si habituellement c'est simple, aujourd'hui, ça me demande un peu d'effort parce que je n'ai pas vraiment la tête à ça, mais pour lui, pour ne pas l'accabler avec mes peurs, je fais cet effort et j'essaye d'être légère même face à son rythme cardiaque qui me semble toujours trop haut. « C’est vrai que tu es beaucoup trop canon. Surtout avec ce legging de sport, il met en valeur tes fesses ça te rend encore plus sexy. J’espère que les mecs à la salle n’en profitent pas trop. » Je souris à ses compliments, je suis toujours sensible à ses compliments malgré qu'ils soient nombreux et courants, mais l'entendre me dire que je suis trop canon, sexy et tous les autres compliments qu'il peut me faire me fait toujours de l'effet. « Il n'y a qu'un seul mec qui peut poser ses yeux sur ce corps de rêve et c'est toi. » Je ne suis pas sérieuse en lui disant ces mots, pas sur le fait qu'il soit le seul qui ait le droit de me regarder, ça c'est vrai, mais sur la manière dont je parle de mon soit disant corps de rêve, je ne peux définitivement pas lui dire ça avec sérieux. « Mais si tu me trouves sexy en legging, tu devrais venir plus souvent à la salle avec moi, pour surveiller mes arrières. » J'ai essayé plus d'une fois de le faire venir avec moi, de le motiver mais il n'aime pas vraiment ça (pas du tout même) et nos emplois du temps respectifs sont tellement chargés que je doute qu'il prenne du plaisir à passer son temps à la salle avec moi. Et il a déjà son activité avec Channing pour le sport, ce qui me vexerait presque de voir que lui a réussi, là ou moi j'ai échoué à motiver Caleb, mais le plus important étant qu'il puisse trouver du plaisir dans le sport et qu'il prenne soin de lui aussi, surtout en ce moment. Surtout, alors que son cœur nous rappelle qu'il ne va pas bien, et malgré tous mes efforts pour penser à autre chose, pour oublier mes inquiétudes, son rythme cardiaque, la chambre d’hôpital, je n'y arrive pas. J'essaye vraiment, j'ai ris avec lui, j'ai fais des blagues, je veux vraiment l'aider à se détendre un peu et à oublier cette dernière heure, mais y'a rien à faire, j'ai cette peur qui revient sans cesse et je l'exprime, doucement, presque honteusement ou peut-être est-ce la peur de ses mots que je m'apprête à lui dire. L'exprimer, le rendre réel, oui j'ai peur de le perdre et ce n'est pas une peur liée à aujourd'hui spécialement, mais qui est en moi, sauf qu'aujourd'hui, cette peur vient de se raviver et j'ai beaucoup de mal à contrôler mes émotions. Les mots sont murmurés, mais il les a entendu, je le sais et je sens la douceur dans chacun de ses gestes, je sens la douceur dans ses yeux qui viennent chercher les miens et je laisse entraîner dans cet échange de regard, cherchant cette douceur et ce calme que son regard parvient à me faire ressentir. Ses mains sur mes joues, je viens poser ma tête sur la paume de sa main doucement et pendant une seconde en sentant ce contact je ferme les yeux, mais je les ouvre très vite pour plonger mes yeux verts dans ses yeux. « Tu ne vas pas me perdre, mon amour. Je suis là. Je ne bouge pas. » Tu ne choisis pas ça Caleb, demain peut-être que mon téléphone sonnera et cette fois ça ne sera pas ta voix au téléphone mais une voix inconnue pour m'annoncer que je viens de te perdre. Je voudrais lui répondre, mais avant même que je n'ai pu parler, il me fait taire, avec douceur, avec tendresse, il me fait taire et il fait taire cette montée d'angoisse en venant poser ses lèvres sur les miennes. Et cette fois je ferme les yeux et je les maintiens fermés le temps de ce baiser, je me concentre sur lui, je me concentre sur ses lèvres sur les miennes, je me concentre sur ses paumes de mains sur mes joues, je me concentre sur le présent, sur sa présence surtout. Lui, et seulement lui. « Je t'aime tellement. » Ce sont mes premiers mots avant de venir déposer un baiser sur le coin de ses lèvres et de venir me blottir contre lui, mon dos contre son torse, tout en prenant ses bras pour les passer autour de mon corps pour qu'il me serre contre lui. J'ai besoin de me sentir contenue, de me sentir rassurée, de me sentir avec lui, contre lui, près de lui pendant quelques secondes et après quelques secondes, minutes, je finis par me retourner vers lui, un léger sourire aux lèvres. « Tu as dis que tu ne bougeais pas mais je t'interdis de rester ici trop longtemps, j'ai besoin de toi à la maison. » Je souris, je me détends, je plaisante même et ce moment m'a fait du bien, vraiment du bien même si je sais qu'une fois à la maison seule, mes doutes reviendront pour le moment, je suis avec lui et je veux profiter de ce moment. « Demain tu pourrais venir avec les enfants ? Et m’apporter des vêtements. Et un livre. » Je secoue la tête pour répondre. « Je peux aller t'acheter un livre et quelques affaires ce soir si tu veux, tu me fais une liste et je vais t'acheter ça, et je t'amènerai un sac demain matin. Mais oui bien-sur que je vais venir avec les enfants, je pense que Lucy va te réclamer dès ce soir. » Oh c'est certain ça, et je pense aussi que Nathan risque de s'inquiéter lui et je doute d'être la bonne personne pour le rassurer. « Il va falloir que je leur explique pourquoi tu n'es pas à la maison ce soir à moins que tu veuilles le faire pour Nathan ? » Parce qu'ils ont un autre lien, parce que Nathan peut avoir des réactions imprévus avec moi et son histoire avec les hôpitaux n'aide pas, mais c'est mon rôle et je peux le faire, je peux être présente pour lui, mais je ne sais pas ce que Caleb en pense, il connaît Nathan bien mieux que moi, il est bien plus doué avec lui et je crois que j'ai besoin de ses conseils pour ça.
Lacy, oh, Lacy, skin like puff pastry. Aren't you the sweetest thing on this side of hell ? Dear angel Lacy, eyes white as daisies, did I ever tell you that I'm not doing well ?
«Laisses ton cœur en dehors de ça chéri. Mais, désolée de te décevoir, c'est pas ta plus belle tenue et je veux pas que ça devienne une tenue quotidienne. » Moi non plus, si ça peut la rassurer. Porter une tenue d’hôpital quotidiennement n’est clairement pas dans le top choix de mes priorités, mais la vie en a décidé autrement. Pour les prochains jours seulement, parce que j’espère pouvoir sortir le plus rapidement possible pour pouvoir retrouver notre maison à Bayside et surtout, nos enfants. Sauf qu’il ne fait malheureusement aucun doute que les prochains jours, c’est à l’hôpital que je vais devoir les passer et donc, les prochaines nuits également alors à défaut de pouvoir m’endormir en serrant ma femme dans mes bras elle profite que nous soyons seuls dans la chambre pour se glisser dans mon lit. « Toi ce soir, tu vas reposer ton cœur, interdit même de te branler chéri, aucun effort physique pour toi. » Son franc parlé a toujours eu le mérite de me faire rire et aujourd’hui n’est pas une exception. Le lit n’est pas très grand ce qui nous oblige à devoir nous coller l’un à l’autre – et de toute façon soyons honnête, le lit chez nous a beau être bien plus spacieux mais ce n’est pas pour autant que nous en occupons tout l’espace. « Ce n’était pas vraiment dans mes plans de toute façon, si tu voulais tout savoir. » Je lui avoue, en riant un peu, et puis surtout il y a plus glamour comme lieu qu’une chambre d’hôpital dans laquelle le risque de se faire interrompre à n’importe quel moment est très élevé pour s’adonner à ce genre de petit plaisir en solitaire. « Mais comme que je ne serai pas là pour toi ce soir, toi, tu as le droit. » je précise lui murmurant ces quelques mots à l’oreille un petit sourire aux lèvres. Mais en réalité je connais assez Alex pour savoir que ce soir, elle sera encore assez inquiète et n’aura sûrement pas la tête à tout cela. D’ailleurs je suis presque sûr que c’est ce qu’elle va me répondre. Rapidement notre conversation a dévié sur le sexe mais rien de bien étonnant pour nous, et au contraire, c’est presque une preuve qu’elle est en train de me donner : Alex commence à se détendre et bien que je sois à peu près persuadé qu’elle soit toujours aussi inquiète sa peur ne l’empêche pas de rire un peu avec moi. « Non, non pas du tout, tu as pris du muscles mais non, j'ai jamais dis ça. » Voilà une précision à laquelle je ne m’attendais pas et surtout, dont je doute assez fortement. Ai-je réellement pris du muscle ? Je ne pense pas, non, mais ce n’est finalement pas ça le plus important. « Je crois que je me suis mal exprimée, désolée j'étais perdue dans mes pensées, je me disais que le lit semblait bien plus petit y'a quatre ans, je prenais bien plus de place à l'époque. » De toute façon je savais qu’elle n’essayait pas de me faire passer un message quant à mon poids, mais l’entendre mentionner ainsi la grossesse de Lucy et Lena suffit à me décrocher un grand sourire. « Grossesse gémellaire en plus, quelle idée… » que je souffle, sans un mot de plus. Et oui, je sais qu’elle risque encore de dire ou simplement de penser que je suis le seul et l’unique fautif de cette grossesse gémellaire, et si on pourrait penser qu’elle n’a pas tout à fait tort moi, je ne suis pas totalement d’accord avec cette pensée mais ce débat a au moins le mérite de m’amuser toujours autant. « Il n'y a qu'un seul mec qui peut poser ses yeux sur ce corps de rêve et c'est toi. » Je profite d’ailleurs que ce corps de rêve soit mentionné pour poser un regard tout aussi amoureux qu’admiratif dessus tout en me pinçant les lèvres. « Mais si tu me trouves sexy en legging, tu devrais venir plus souvent à la salle avec moi, pour surveiller mes arrières. » « Et quel arrière magnifique en plus… » j’ajoute sans laisser une seule seconde de latence entre sa phrase et ma réponse et oui, encore une fois je profite de cette conversation pour caresser ses fesses tout en accrochant son regard. « Mais je pense que tu tiens un bon argument pour que je me mette réellement au sport. » Ce n’est pas faute d’avoir essayé plusieurs sports pourtant, et si depuis quelques mois je me suis pris au jeu de quelques séances de boxe avec Channing, je ne me qualifierais pas pour autant de sportif. Alors que l’atmosphère semblait s’être grandement apaisée les angoisses d’Alex reviennent alors qu’elle me fait de nouveau part de sa peur de me perdre. Là-dessus, je ne peux que la comprendre et je suis presque sûr que mes tourments à ce sujet sont bien plus forts – sûrement parce que je suis déjà passé par-là et que je sais donc que je ne serais pas assez fort pour subir une telle catastrophe une seconde fois. « Je t'aime tellement. » Un demi-sourire s’étire lentement sur mes lippes tandis que mon regard se perd dans celui de ma femme. Mon rôle en tant que mari et père de famille est celui de protéger ma femme et mes enfants et c’est ce que j’essaie de faire au mieux. Si je suis hospitalisé aujourd’hui je ne veux pas qu’Alex ne s’inquiète plus qu’il ne le faudrait. « Je t’aime aussi, mon amour. » je murmure, tout en laissant mes pouces caresser avec tendresse et douceur ses joues. Je la laisse bouger et changer de position et une fois confortablement installée, je ne perds pas une seconde pour l’approcher d’elle encore un peu plus. « Tu as dis que tu ne bougeais pas mais je t'interdis de rester ici trop longtemps, j'ai besoin de toi à la maison. » Rester hospitalisé plusieurs semaines – voire même mois, ne fait de toute façon clairement pas parti de mes plans pour l’avenir. « Je peux aller t'acheter un livre et quelques affaires ce soir si tu veux, tu me fais une liste et je vais t'acheter ça, et je t'amènerai un sac demain matin. Mais oui bien-sur que je vais venir avec les enfants, je pense que Lucy va te réclamer dès ce soir. » Les enfants vont forcément s’inquiéter mais quelque chose me dit que celle pour qui mon absence va être le plus compliqué sera sans aucun doute Lucy. J’embrasse doucement la joue alors que ma main vient chercher la sienne. « Appelle-moi en visio au pire ce soir, ça pourra peut-être la rassurer un peu. » Me voir pourra la rassurer ou bien au contraire Alex pourrait la voir pleurer davantage quand le moment sera venu de raccrocher, mais malheureusement il n’y a aucun moyen de savoir quelle théorie est correcte avant de faire cette expérience. « Il va falloir que je leur explique pourquoi tu n'es pas à la maison ce soir à moins que tu veuilles le faire pour Nathan ? » Je secoue doucement la tête. « Non, tu peux lui dire toi. » Et puis de toute façon je n’ai aucun moyen de prévenir Nathan alors Alex va devoir le faire elle-même. « Tu vas devoir faire le ménage et la vaisselle…ça va aller ? » bien évidemment que le son de ma voix démontre clairement que cette question est à prendre avec humour bien que ce n’est un secret pour personne : Alex et le ménage ne sont pas très amis. C’est clairement moi qui m’occupe principalement de tout ça à la maison. « Et il faudra aussi que tu m’amènes de quoi me raser. » Et au moins cette fois elle ne pourra pas dire que je ne l’ai pas prévenue avant de raser ma barbe.
Ooh, I care, I care, I care Like ribbons in your hair, my stomach's all in knots You got the one thing that I want
« Ce n’était pas vraiment dans mes plans de toute façon, si tu voulais tout savoir. » L'ambiance est un peu plus légère, et c'est sur le sexe que nous laissons un peu la tension retomber. Comme souvent finalement. Et son rire vient adoucir un peu l’atmosphère, un rire qui me fait du bien et qui vient donner un peu de normalité entre nous malgré la situation et le lieu dans lequel nous sommes. « Mais comme que je ne serai pas là pour toi ce soir, toi, tu as le droit. » Je secoue la tête doucement en souriant. J'en ai le droit, je le sais mais je sais aussi que ce soir je n'aurais clairement pas la tête à ça. Le savoir dans un lit d’hôpital, le cœur malade avec le risque que l'on puisse m'appeler à tout moment pour m'annoncer qu'il a refait un malaise plus grave cette fois, c'est clairement pas une situation qui est propice à l'excitation et au plaisir solitaire. « Par solidarité pour toi, je vais me retenir, mais ne reste pas trop longtemps ici, je ne veux pas devoir trouver quelqu'un pour remplir le lit et me satisfaire. » Je ris doucement en lui disant ces mots et je dépose un baiser sur sa joue pour lui montrer que je ne suis pas sérieuse et que ce n'est qu'une manière pour moi de ne pas être trop sérieuse et garder un peu de légèreté dans la discussion. Malgré mes craintes, malgré mes angoisses, malgré cette sensation qui ne me quitte plus et me serre le ventre, je n'arrive pas à m'apaiser, mais je donne le change et c'est déjà bien. Je maîtrise comme je peux mes émotions pour le protéger et le préserver de mes excès, je m'accroche à lui, je me concentre sur sa présence, sur ses bras autour de moi, sur l'instant présent dans ce lit à ces côtés. Je pense à nous et si je tente de me concentrer sur le présent, c'est pourtant vers le passé que mes souvenirs dévient et dérivent. Cette grossesse non voulue, non prévue qui est venue donner une toute autre direction à ma vie, à notre vie. Comme un cadeau dans un moment inattendu qui a renforcé notre couple, là ou quelques années plus tôt, une grossesse était venue détruire notre couple. Cette grossesse a renforcé notre amour et si aujourd'hui, je partage le même lit, c'est sans aucun doute grâce à cette grossesse finalement. Une grossesse gémellaire, comme il le rappelle si bien. « Grossesse gémellaire en plus, quelle idée… » Une grossesse qui aurait même pu être plus que gémellaire, je ne sais même pas comment on parle d'une grossesse de triplés, je n'ai jamais eu vraiment à y penser puisque j'ai appris l'existence de cette grossesse et de ces trois bébés, le jour ou l'un a décidé de cesser d'exister. Mon regard se fige et un voile de tristesse vient remplir mes yeux, et je suis heureuse d'être contre lui pour ne pas avoir à gérer ces émotions. L’hôpital, le lit d’hôpital, l'odeur de l’hôpital, être ici ne me rappelle pas que des bons souvenirs et j'aimerais ne pas avoir à penser à tout ça, à cet instant précis. Je chasse ces pensées et c'est avec un sourire que je réponds à Caleb, un sourire que j'essaye de figer sur mon visage pour ne pas montrer mes inquiétudes, pour ne pas montrer les pensées qui me viennent et qui n'ont rien de joyeuses ou légères. « Tu ne fais jamais rien à moitié toi, mais c'est aussi pour ça que je t'aime. » Et c'est vrai, si pour la grossesse gémellaire, j'ai pu par moment haïr sa capacité à faire les choses en grand et en gros surtout, dans la vie de tous les jours c'est une chose que j'aime chez Caleb. Sa capacité à vouloir toujours faire les choses en grand, à toujours vouloir donner le maximum aux autres et ça le rends passionné, intense, généreux, incroyable. La présence de nos deux corps serrés l'un contre l'autre, lui donne sans doute des idées puisqu'il parle de mon corps et réagit plutôt rapidement à mes propos. « Et quel arrière magnifique en plus… » Je lève les yeux au ciel en riant, amusée et flattée par ses propos, et mes yeux se baissent ensuite sur sa main qui caresse mes fesses. Il est le seul qui peut poser ses yeux sur moi je lui ai dis, et il est bien entendu aussi le seul à pouvoir poser ses mains sur moi. « Mais je pense que tu tiens un bon argument pour que je me mette réellement au sport. » Je n'ai pas l'intention de lui mettre la pression sur le sport, surtout pas aujourd'hui, mais l'idée qu'il se mette réellement au sport me plaît, surtout si je peux le faire venir avec moi. Notre temps est précieux, et l'idée de pouvoir partager ce temps avec lui pourrait être un autre moment ou je pourrais être avec lui et profiter de sa présence. « Oh c'est bon à savoir ça, et pour te motiver, on peut même mettre quelques petits défis avec récompenses à la clef. » Et je n'ai pas vraiment besoin de préciser de quelles types de récompenses je fais allusion, il devrait le deviner et le comprendre dans la manière avec laquelle je lui parle de ça. C'est une manière comme une autre de le motiver non ?
La discussion était légère, et pourtant à chaque petit moment de silence les angoisses reviennent, cette peur ancrée en moi vient occuper mes pensées et me tendre. J'ai peur de le perdre et à chaque alerte de son cœur, cette peur se renforce encore un peu plus et aujourd'hui je n'arrive pas à oublier, à ne pas y penser, à faire taire ces pensées qui me reviennent en boucle. J'ai tellement besoin de lui, il a une place primordiale dans ma vie, si importante que la vie sans lui me semble insurmontable et c'est bien pour toutes ces raisons que j'ai mal à l'idée de le perdre, que j'ai si peur de cette pensée. « Je t’aime aussi, mon amour. » Je n'en doute pas, il m'a aimé très vite, très fort, et son amour a toujours été ma plus grande force. Je le regarde, je lui souris tendrement, un sourire pleins de douceur, d'affection et d'amour, un sourire qui signifie que tant qu'il m'aime, tant qu'il est là pour me le dire, tout va bien aller. Et c'est bien ça le principal. Lui, sa santé, notre famille, nos enfants, voilà tout ce qui compte et je sais que nos enfants risquent d'être eux aussi affectés par cette annonce, et voilà une nouvelle crainte qui grandit en moi : devoir leur annoncer, devoir les rassurer, devoir gérer cette inquiétude de nos enfants alors que je peine à gérer mes propres peurs. Je suis leur mère, mais niveau gestion des émotions et des inquiétudes, je n'ai jamais été un modèle pour eux et sans Caleb je vais devoir me débrouiller. « Appelle-moi en visio au pire ce soir, ça pourra peut-être la rassurer un peu. » Je ne sais pas ce qu'elle va comprendre ou pas de ce que je vais pouvoir lui dire, mais il a sans doute raison, le voir devrait la rassurer et je me mets à sa place, j'aurais moi aussi besoin de le voir au moins en visio je n'avais pas pu venir jusqu'ici. « Je pense même que je peux t'appeler pour leur dire, au moins elles verront que tu vas bien et tu pourras les rassurer en même temps. » Je n'essaye pas de me décharger de cette responsabilité, mais je veux le meilleur pour nos filles, je veux qu'elles puissent se sentir rassurées et je sais que Caleb aura les mots justes, et que sa présence, même derrière un écran devrait apaiser les filles et Nathan, même si pour lui, je me demande si Caleb ne serait pas plus à même de le prévenir. « Non, tu peux lui dire toi. » Caleb semble me faire confiance pour prévenir notre fille, alors pour lui, je vais devoir le faire, et lui expliquer, il comprends, il est plus grand et son rapport à l’hôpital est bien différent de celui des filles. Son lien avec moi aussi est bien différent et je sais que je ne suis pas la personne avec laquelle il se sent le plus en confiance et à l'aise, bien au contraire, mais cette période de cohabitation sans Caleb risque de nous obliger à nous soutenir, en tout cas, risque de l'obliger à s'adresser à moi et à me solliciter plus qu'il ne le fait en temps normal. « Tu vas devoir faire le ménage et la vaisselle…ça va aller ? » Je me retourne en entendant le son de sa voix un peu moqueur. Et si c'est avec humour qu'il dit ça, la crainte devient réelle chez moi. Non pas que ce soit une remarque que je prenne mal, au contraire, mais c'est une réalité, je ne suis pas la parfaite femme au foyer. « Ah ah très drôle, le ménage, la vaisselle, à manger, le linge, c'est moi qui vais finir à l’hôpital pour épuisement. » Je ne suis pas sérieuse, mais pourtant je vais devoir faire tout ça, sans lui, sans aide, enfin si, il y a Romane, mais elle n'a pas vocation à gérer notre maison. « Si tu es absent plus de 3 jours, je prends une femme de ménage, tu pourras pas dire que je t'ai pas prévenu. » On a déjà eu cette discussion, il ne veut pas que l'on emploie quelqu'un pour faire le ménage, il n'a pas été élevé ainsi, alors que moi, j'en ai vu passé des gens pour tous un tas de choses différentes d'ailleurs et je n'ai jamais eu à apprendre à gérer un foyer. J'ai appris avec Caleb, mais sans lui, c'est une autre histoire et je doute d'être capable de tenir le coup trop longtemps. « Et il faudra aussi que tu m’amènes de quoi me raser. » Je le regarde, sourcils froncés, ma main qui se pose sur sa barbe. « Raser comment ? Parce que si tu veux tout raser, je pense que je vais malencontreusement oublier ta tondeuse chéri. » Je n'ai pas vraiment mon mot à dire, du moins je n'aurais pas le dernier mot et je lui amènerai sa tondeuse quoiqu'il me réponde, mais sa barbe je l'aime, et si je l'ai connu sans, désormais rare sont les fois ou je le vois sans barbe et je le préfère nettement avec.
Lacy, oh, Lacy, skin like puff pastry. Aren't you the sweetest thing on this side of hell ? Dear angel Lacy, eyes white as daisies, did I ever tell you that I'm not doing well ?
« Par solidarité pour toi, je vais me retenir, mais ne reste pas trop longtemps ici, je ne veux pas devoir trouver quelqu'un pour remplir le lit et me satisfaire. » De toute façon pour ce genre de chose, elle n’a clairement pas besoin de mon autorisation, ni même de se priver de quoique ce soit par solidarité pour moi. Mais sa réponse me fait tout de même doucement rire. Je sais qu’elle essaie sûrement de faire bonne impression afin de me prouver qu’elle va bien et qu’elle parvient à gérer ses émotions mais je la connais assez pour savoir que ce n’est pas le cas. Enfin pas pour la première chose en tout cas, parce que ces dernières années, Alex a fait beaucoup d’efforts quant à la gestion de ses émotions et ça, c’est indéniable. D’ailleurs il me semble lui avoir dit plusieurs fois être fier d’elle et j’espère sincèrement qu’elle s’en souvient et surtout qu’elle ne doute pas de mes mots lorsque je lui dis cela. « Tu ne fais jamais rien à moitié toi, mais c'est aussi pour ça que je t'aime. » Si aujourd’hui Alex semble vouloir affirmer ne pas être dérangée par mon envie de toujours faire les choses en grand, je pense qu’il est assez sûr de dire que ça n’a pas toujours été le cas. L’exemple de la grossesse étant parfait pour ça, elle m’a longtemps tenu pour responsable pour cette grossesse gémellaire et même si la plupart du temps elle n’était pas vraiment sérieuse dans ses reproches je suis persuadé que parfois elle a pu l’être. Alors que disons-le, je ne suis en rien responsable des gênes des Anderson. « Oh c'est bon à savoir ça, et pour te motiver, on peut même mettre quelques petits défis avec récompenses à la clef. » Je sais qu’Alex aimerait sûrement que je fasse plus de sport ou que je fasse plus attention à mon corps, mais il n’est pourtant pas faute d’avoir essayé : je n’aime pas le sport. J’ai essayé de courir mais en plus d’avoir une endurance qui laisse à désirer je n’ai jamais compris comment il était possible d’apprécier ce sport en particulier. Plus d’une fois et durant plusieurs mois, j’ai essayé d’accompagner Alex lors de ses séances à la salle de sport mais si je suis totalement honnête il s’agit sûrement de ce que j’ai le moins apprécié. Cet endroit dont je n’ai jamais été certain de l’hygiène impeccable mais aussi et surtout, le regard des autres m’angoissait plus que tout – et puis disons-le, je me sentais complètement ridicule à côté de tout le monde. Ce n’était d’ailleurs pas qu’une simple impression mais il s’agissait bien d’un fait établi. « Hm…oui peut-être. Enfin, ne t’emballe pas non plus. » je lui réponds tout en forçant un léger rire. Je n’étais pas vraiment sérieux lorsque je lui disais que l’idée de l’accompagner à la salle pour surveiller que d’autres hommes ne la regardent pas pourrait être une bonne motivation. De toute façon si un homme habitué des lieux (et donc certainement sportif et musclé) venait à la draguer je ne serais clairement pas en mesure de faire la moindre chose, soyons honnête.
Alex a raison sur un point : mon absence non préparée risque d’inquiéter les enfants, et si je ne m’en fais pas vraiment pour Lena et Mael il en est tout autre pour Lucy et Nathan. Lucy parce qu’elle et moi avons une relation fusionnelle et que c’est généralement vers moi qu’elle se tourne lorsqu’elle ne se sent pas à l’aise, voire même triste. Et Nathan parce qu’il a lui, un lien particulier avec les hôpitaux et je ne sais pas vraiment comment il pourrait réagir. Aussi car même si sa relation avec Alex s’améliore doucement, elle n’est pas encore assez forte pour qu’il se sente totalement à l’aise ni même en sécurité avec elle. « Je pense même que je peux t'appeler pour leur dire, au moins elles verront que tu vas bien et tu pourras les rassurer en même temps. » Je reconnais ce genre de technique, c’est du Alex tout craché et j’ai la désagréable sensation qu’encore une fois elle se dédouane complètement et ainsi me donne la responsabilité de tout gérer. C’est ce genre d’action qui peut être fatigante au quotidien, tout comme celle de s’enfuir en me laissant gérer la crise de larmes de Lucy lors de leur première journée à l’école. Mais de peur de la vexer je ne dis rien, me contentant d’acquiescer laissant la conversation dévier sur un autre sujet. « Ah ah très drôle, le ménage, la vaisselle, à manger, le linge, c'est moi qui vais finir à l’hôpital pour épuisement. » Cette fois, elle me fait rire et je m’empresse d’ailleurs de lui répondre. « C’est ce que je fais au quotidien depuis qu’on vit ensemble, mon amour. » Je lui rappelle, un sourire aux lèvres. Ce que je fais au quotidien depuis que j’ai quitté la ferme de mes parents pour emménager en ville, d’ailleurs. « Si tu es absent plus de 3 jours, je prends une femme de ménage, tu pourras pas dire que je t'ai pas prévenu. » Sauf que ce sourire qui venait de retrouver place sur mon visage disparait à l’instant même où Alex évoque la possibilité d’engager une femme de ménage. Un de mes sourcils se lève et c’est tout en secouant la tête que je lui réponds. « Il est hors de question d’engager une femme de ménage. » Je ne sais pas si elle disait ça sérieusement ou non, mais connaissant Alex elle pourrait clairement l’être. « On en a déjà parlé, je ne veux pas payer quelqu’un pour nettoyer derrière nous. » C’est bien dans ce genre de moment qu’on voit que nous avons tous les deux eu une éducation bien différente. Et puis comme je lui avais déjà précisé la première fois que ce sujet fut évoqué entre nous, j’aime faire le ménage alors il est pour moi encore plus inimaginable que quelqu’un le fasse à ma place. « Raser comment ? Parce que si tu veux tout raser, je pense que je vais malencontreusement oublier ta tondeuse chéri. » Elle n’a pas toujours aimé ma barbe, quand j’ai commencé à la laisser pousser elle me la très clairement sous-entendu plus d’une fois. Mais je sais qu’aujourd’hui elle l’a adopté. « S’il te plaît. » Je lui demande tout simplement, et au bout de quelques secondes, je reprends. « Le temps que je suis ici c’est plus simple. » Je précise, tout en me redressant légèrement dans le lit et c’est à mon tour de me frotter doucement la barbe. Devoir me raser ne m’enchante pas non plus, mais je pense préférer cette option plutôt que l’idée de lui demander de m’amener tous mes produits qui sont restés à la maison pour l’entretenir.
Ooh, I care, I care, I care Like ribbons in your hair, my stomach's all in knots You got the one thing that I want
« Hm…oui peut-être. Enfin, ne t’emballe pas non plus. » Il semble déjà calmer mon enthousiasme à l'idée de le voir m'accompagner au sport. Je ne l'ai jamais forcé et je ne le forcerai jamais, même si j'aimerais qu'il m'accompagne, s'il ne le veut pas, s'il préfère continuer à s’entraîner de temps en temps avec Channing et ne pas mettre un pied à la salle ou venir faire du sport avec moi, j'accepterai ça. C'est bien ce que je fais depuis quelques années, et je ne veux pas qu'il se sente obligé de faire quelque chose qu'il n'aime pas ou ne veut pas juste pour me faire plaisir. « Après si tu ne veux pas venir faire du sport avec moi, on peut trouver un moyen de faire venir le sport à toi chez nous, on est plutôt doués pour faire du sport ensemble. » Pas le même sport autant je faisais référence, mais l'idée de faire du vrai sport avec lui chez nous, rien que tous les deux à notre rythme, et sans pression, ça peut être une solution aussi pour combler mon besoin de sport et tenter de lui donner un peu envie. Mais ce n'est de toute façon pas pour aujourd'hui, alors, je n'insiste pas et de toute façon, il y a bien des choses plus importantes à l'heure actuelle.
« C’est ce que je fais au quotidien depuis qu’on vit ensemble, mon amour. » Oui bon il marque un point, même si j'essaye de faire de plus en plus, j'ai appris beaucoup depuis que je vis avec lui, mais je n'ai jamais été très douée pour gérer le quotidien. « Oui c'est vrai, mais tu sais t'organiser toi, et j'essaye de t'aider un peu. » Je range, je fais le linge et même l'aspirateur, mais on peut pas vraiment dire que ce soit quelque chose que j'aime, mais c'est important pour les enfants alors je le fais. Mais, les fois ou j'ai vraiment fais le ménage entier sont très rares, et je ne suis même pas sûre qu'on puisse dire que je l'ai déjà fais une fois finalement. Laver les salles de bains, les toilettes, faire les vitres, c'est clairement pas mon truc, j'ai grandi avec des gens qui faisaient ça pour nous, et ce passé reste encore un peu ancré en moi, et se ressent dans ma façon de concevoir ce genre de tâche. Je n'aime pas, je déteste même ça et Caleb le sait, sauf qu'il n'a jamais voulu déléguer ces tâches. Et quand je l'évoque l'idée d'engager une femme de ménage durant son absence, je vois directement que cette idée ne lui plaît pas, pas du tout. Il arrête de sourire et il ne tarde pas à me répondre. « Il est hors de question d’engager une femme de ménage. » Pourtant ce serait une solution tellement plus simple et c'est pas comme si nous n'avions pas les moyens, et puis bon entre nos quatre enfants, nos boulots respectifs et cette villa immense, un peu d'aide ne serait pas de refus non ? Mais Caleb refuse, et refuse même l'idée d'en parler. Je n'étais pas vraiment sérieuse, je n'allais pas engager quelqu'un après 3 jours d'absences de sa part sans lui en parler, mais sa réaction m'agace légèrement. Je sais son point de vue, mais qu'il soit si fermé à cette idée au point de ne pas vouloir en discuter, ne me plaît pas. « Je n'allais pas le faire, mais ça serait tellement plus simple et tu pourrais te reposer un peu.» Et le temps qu'il passe à nettoyer, il pourrait le passer avec nous, avec ses enfants, avec moi, mais non il n'en démords pas. « On en a déjà parlé, je ne veux pas payer quelqu’un pour nettoyer derrière nous. » Je lève les épaules, je connais sa position, je la comprends, enfin presque. Parce qu'il aime faire le ménage et ça j'ai du mal à le comprendre, du moins je ne vois pas ce qu'il y a de sympa dans le ménage, mais je respecte ça. Par contre je ne suis pas d'accord avec son argument de ne pas payer quelqu'un pour nettoyer derrière nous. « On paye quelqu'un pour nous aider à s'occuper des enfants, on pourrait payer quelqu'un pour d'autres choses. » Et en soit c'est pire non, une chose que l'on devrait vraiment faire totalement nous, on le délègue un peu parce que nous n'avons pas trouvé d'autres moyens pour concilier vie privée et vie professionnelle. On est présent pour nos enfants et jamais je ne laisserais quelqu'un d'autres élever nos enfants, j'ai connu ça et je ne le veux pas pour eux, mais dans l'idée c'est payer quelqu'un pour faire à notre place. « Mais, c'est pas grave, j'étais même pas sérieuse, c'était juste pour que tu n'ai pas l'envie de rester trop longtemps ici, parce que la maison a besoin de toi. » Et pas que la maison d'ailleurs. Parce que sans lui, je sais que je risque d'être dépassée et perdue assez rapidement, faut dire que comme il l'a si bien dit, c'est son quotidien tout ça, pas le mien. Mais, pendant les prochains jours, je vais devoir gérer, apprendre, m'en sortir, parce que je ne peux pas lui amener une autre source d'inquiétude alors qu'il sera ici et qu'il devra penser à sa santé et à se reposer, au moins à l’hôpital, il n'a que ça à faire et je sais qu'il est en sécurité ici. Bien que je le préfère nettement avec moi chez nous, mais ce n'est pas une option, et si je ne sais pas pendant combien de temps il va rester, je vais faire en sorte de le rassurer et de rendre son séjour ici le moins frustrant et stressant possible. Je lui amènerai de la lecture et tout ce dont il a besoin pour s'occuper, et il me demande aussi sa tondeuse. Pour se raser la barbe, et je ne suis pas certaine de vraiment aimer cette idée. Je n'ai pas vraiment mon mot à dire, même si je lui dis avec une ironie dans la voix. « S’il te plaît. Le temps que je suis ici c’est plus simple. » Il n'a pas à se justifier ou à me donner des raisons, je vais lui amener dans tous les cas parce qu'il est le seul à décider de ce qu'il veut faire de sa barbe. « Je te l'amènerai t'inquiète pas, ça et tout ce dont tu as besoin. » Il peut me demander ce qu'il veut, je ferais en sorte qu'il puisse l'avoir parce que je veux le meilleur pour lui, l’hôpital n'étant clairement pas le meilleur mais c'est ce dont il a besoin pour le moment. « Tu faisais quoi quand tu as fais ton malaise ? Tu as perdu connaissance ?» Je reviens sur ce sujet, mais je ne lui ai même pas demandé finalement. Je ne sais même pas qui a prévenu les secours, ni même s'il a perdu connaissance ou pas. Finalement dans la panique, je ne lui ai posé que très peu de questions et même si j'aimerai pouvoir ne plus y penser, tout ici me rappelle la réalité de ce qu'il vient de vivre et j'ai encore des questions qui m'inquiète et me perturbe sur sa santé et son malaise. « Tu te sentais plus fatigué ces derniers temps ? Ou tu as eu d'autres alertes avant ton malaise ? » Toujours contre lui, je gère mes émotions, je gère mes inquiétudes, je gère pour ne rien laisser transparaitre mais ce n'est pas simple, mais je me concentre sur lui et sur sa présence et c'est tout en jouant avec son alliance que je lui pose ces questions.
Lacy, oh, Lacy, skin like puff pastry. Aren't you the sweetest thing on this side of hell ? Dear angel Lacy, eyes white as daisies, did I ever tell you that I'm not doing well ?
« Après si tu ne veux pas venir faire du sport avec moi, on peut trouver un moyen de faire venir le sport à toi chez nous, on est plutôt doués pour faire du sport ensemble. » Étonné de l’entendre me répondre cela, je secoue doucement la tête avant de lui répondre rapidement. « Ce n’est pas avec toi que je n’ai pas envie de faire du sport, bébé. » je lui assure sans hésiter la moindre seconde. En effet, je ne veux surtout pas qu’elle puisse penser que ce qui me dérange dans cette idée est sa présence, parce que c’est tout sauf le cas. S’il y a bien une personne qui pourrait parvenir à me motiver pour le sport c’est bien ma femme, mais je pense que je n’ai toujours pas trouvé le sport qui me plait assez pour me lancer sans traîner des pieds à chaque fois que l’heure de l’entraînement arrive. Chacun son truc, et pour ma part je ne suis toujours simplement pas un grand sportif. Et c’est très bien ainsi.
« Oui c'est vrai, mais tu sais t'organiser toi, et j'essaye de t'aider un peu. » Elle m’aide un peu oui, bien qu’Alex n’ait jamais été une grande amatrice de ménage elle ne me regarde pas nettoyer la maison de fond en comble sans lever le pouce. Et heureusement, d’ailleurs. Car si faire du ménage a toujours aidé à m’apaiser lors de certaines périodes plus difficiles que d’autres, je doute que j’apprécierais devoir gérer seul la propreté de notre villa. Alex s’occupe des petites tâches rapides et moi du reste. Elle n’a pas pour habitude de s’occuper de l’entretien des toilettes, des salles de bain ou encore le passage de la serpillère et même si je n’espère pas rester très longtemps cloué dans ce lit d’hôpital, il y a des chances pour qu’elle n’ait pas d’autres choix que de s’en occuper durant mon absence. Sauf si elle pense sérieusement à engager une femme de ménage, discussion que nous avons déjà eue à plusieurs reprises et sans surprise aucun de nous ne semble avoir changé d’avis. Alex est toujours pour l’idée d’avoir une aide-ménagère alors que je suis totalement contre. C’est encore dans ce genre de moment que la différence de nos deux éducations se fait ressentir. Alex a grandi avec des aides un peu partout chez elle alors que de mon côté, ce sont mes parents qui devaient tout gérer. « Je n'allais pas le faire, mais ça serait tellement plus simple et tu pourrais te reposer un peu.» Plus simple certainement oui, et si je ne reprendrai pas le travail dès ma sortie de l’hôpital je me vois mal rester plusieurs jours, affalé sur le canapé à ne rien faire. Donc bien évidemment que je compte m’occuper du ménage le temps que je sois encore à la maison. « On paye quelqu'un pour nous aider à s'occuper des enfants, on pourrait payer quelqu'un pour d'autres choses. » À l’entente de cet argument, mes sourcils se froncent légèrement accompagnement un petit mouvement de recul. « Qu’est-ce que tu veux dire par-là ? » je lui demande, arquant un sourcil. « Tu sous-entends qu’on ne s’occupe pas assez de nos enfants ? » Que je ne m’occupe pas assez d’eux ? Non Caleb, pas du tout non. C’est surtout ta propre insécurité qui ressort, tu as tellement peur de ne pas être assez présent pour vos enfants que la moindre réflexion pouvant laissant penser cela te tord le ventre.« Mais, c'est pas grave, j'étais même pas sérieuse, c'était juste pour que tu n'ai pas l'envie de rester trop longtemps ici, parce que la maison a besoin de toi. » C’est déjà la deuxième fois qu’Alex parle de la possibilité que je puisse avoir envie de rester longtemps ici et j’avoue avoir du mal à comprendre. Doucement, j’hausse les épaules avant de lâcher un léger soupir. « Bébé, je n’ai juste pas envie que nos enfants soient habitués à ce qu’il y ait toujours quelqu’un derrière eux pour nettoyer ou ranger. Ce n’est pas comme ça que je veux les élever. » les mots ont été choisis avec précaution pour qu’Alex ne puisse pas se vexer. Le vrai fond de ma pensée serait sûrement que je refuse que nos enfants aient une éducation similaire à celle d’Alex : il y avait toujours quelqu’un chez elle pour faire les choses à sa place ou à celle de ses parents, et ce n’est clairement pas comme ça que je vois l’éducation de nos plus jeunes. « Et j’aime vraiment faire le ménage de la maison, ça a un côté satisfaisant, ça me détend. » Même si je sais qu’elle a beaucoup de mal à le comprendre. « Je te l'amènerai t'inquiète pas, ça et tout ce dont tu as besoin. » Je lui souris doucement et comme premier remerciement je viens poser mes lèvres sur sa joue. « Merci. » Et alors que je pensais en avoir fini avec les questions, les interrogations reprennent. « Tu faisais quoi quand tu as fais ton malaise ? Tu as perdu connaissance ? Tu te sentais plus fatigué ces derniers temps ? Ou tu as eu d'autres alertes avant ton malaise ? » Mes yeux s’écarquillent quelques secondes, encaissant toutes ces nouvelles questions. Je me redresse, m’adossant contre la tête du lit et puis je lui réponds. « Non je ne suis pas plus fatigué qu’habituellement et je – » je n’ai pas le temps d’en dire plus, le médecin fait son entrée dans la chambre. Comme ça si Alex a des questions, il sera sûrement celui vers lequel elle se tournera. « Monsieur Anderson, bonjour. » À mon tour je le salue d’un simple signe de tête alors que son regard se pose sur Alex, et avant qu’il ne puisse dire quelque chose je reprends. « C’est ma femme, allez-y, vous pouvez parler devant elle. » je lui assure. Son regard se pose cette fois sur le scope, puis de nouveau sur mon dossier. « Les examens que vous avez passé aux urgences ne montrent rien d’alarmant. Comme la dernière fois, une tachycardie et une arythmie, ce qui semble changer en revanche c’est votre tension. Elle était élevée aux urgences mais les infirmières m’ont dit qu’elle n’était pas encore redescendue. On va donc surveiller ça, et investiguer sur les causes de l’hypertension si besoin. Vous fumez ? » Me demande-t-il en relevant les yeux vers moi, je lui réponds donc d’un signe de tête positif. « D’accord… Vous vous doutez bien que je vais de nouveau vous conseiller d’arrêter, surtout au vue de votre situation actuelle. » Bien sûr que oui je m’en doute, et j’ai presque honte en entendant ses mots, je n’ose même pas regarder Alex.
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« Ce n’est pas avec toi que je n’ai pas envie de faire du sport, bébé. » Je lève les épaules, ce n'est pas vraiment important en soit, qu'il veuille ou non faire du sport, et qu'il veuille ou non en faire avec moi. J'accepte ça, et je ne lui en tiens pas rigueur. Je ne le force pas, je ne lui en parle pas, je ne lui propose même plus, sauf quand il en parle comme il l'a fait. Je sais qu'il n'aime pas le sport, je l'ai toujours su et ce n'est pas quelque chose qui me surprends ou avec lequel je dois m'adapter. Il a essayé, il essaye encore avec Channing, et tant qu'il aime ce qu'il fait, moi c'est tout ce qui compte finalement. « Je sais, mais si un jour tu changes d'avis, tu sais que tu es mon partenaire de sport préféré et l'unique pour le sport à l'horizontal. » C'est finalement ça le plus important en soit, qu'il soit mon partenaire de vie, mon partenaire au lit et pour le sport c'est une activité que nous n'avons pas en commun mais ce n'est pas si grave. Nous sommes finalement assez habitués à ne pas avoir les mêmes centres d'intérêts, et à ne pas concevoir les choses de la même manières. Nos passions sont différentes, notre éducation a été différente, nos conceptions de la vie sont sans doute différentes aussi mais ça ne nous empêche pas de nous aimer et aujourd'hui, après cette nouvelle alerte de son cœur, cet amour que je ressens pour lui est la seule chose qui me semble importante. Enfin, c'est ce que je croyais, jusqu'au moment ou la différence entre nos modes de vie et nos éducations viennent se croiser et jeter un léger froid entre nous. Nos deux visions du monde se heurtent et l'incompréhension entre nous grandie, jusqu'au moment ou je le sens même mettre une distance entre nous, quand j'évoque le fait que l'on accepte l'aide pour les enfants mais qu'il refuse l'aide pour le ménage. « Qu’est-ce que tu veux dire par-là ? » Je l'imite un peu, prenant du recul pour le regarder et comme dans un mouvement de mimétisme, je fronce les sourcils, surprise par sa réaction et je cherche à comprendre sa question, tout en réfléchissant à ce que j'ai pu dire qui aurait pu encore être maladroit et déplacé. Parce que c'est ma spécialité ça, et je sais que je peux l'être, sauf que je n'ai pas à trop réfléchir puisqu'il précise sa pensée et ses doutes en même temps. « Tu sous-entends qu’on ne s’occupe pas assez de nos enfants ? » Je secoue la tête d'abord sans même réfléchir, comme pour enlever ce doute de son esprit et du mien aussi. Enfin pour qu'il n'ait pas le temps de s'immiscer en moi à cet instant précis. « Non, c'est pas du tout ce que j'ai voulu dire. » Maladroite, je vous ai dis … « Je sais qu'on est tous les deux très attentifs sur ça, et que les enfants seront toujours notre priorité. » C'était ma grande crainte en reprenant le travail, en me lançant dans un nouveau projet, ne pas réussir à gérer mon rôle de maman et ma vie professionnelle, j'ai failli même abandonner mon projet tellement j'avais peur de ça, mais aujourd'hui je sais que nous avons tous les deux cette même inquiétude, celle de donner le meilleur à nos enfants et celle d'être investis au maximum dans leur vie pour être présents pour eux. « Ce que je voulais dire, c'est juste qu'un peu d'aide dans d'autres domaines de la vie quotidienne, ça peut fonctionner pour nous soulager un peu, mais tu veux pas, j'ai entendu. » Et je respecte ça même si ça impacte aussi ma vie et que je ne comprends pas toujours son positionnement mais il est chez lui dans notre maison et je ne pourrais pas lui imposer quelqu'un. De toute façon comme je lui dis, je n'étais pas réellement sérieuse, je l'ai été plus d'une fois quand nous avons eu cette discussion, mais aujourd'hui, je ne l'étais pas parce que je connais sa position sur le sujet. « Bébé, je n’ai juste pas envie que nos enfants soient habitués à ce qu’il y ait toujours quelqu’un derrière eux pour nettoyer ou ranger. Ce n’est pas comme ça que je veux les élever. » Je grimace un peu à l'entente de ses explications. Il ne veut pas que nos enfants soient élevés avec quelqu'un pour faire à leur place, pour faire plus simple, il ne veut pas qu'ils aient la même enfance que moi, et si c'est un peu blessant, je partage son point de vue la dessus parce que je ne veux pas que nos enfants aient les mêmes valeurs que moi, mais plutôt celles de Caleb parce qu'il est un humain bien meilleur que moi, ça ne fait aucun doute la dessus. Mais malgré tout, nos enfants ont bien plus que ce que Caleb a pu avoir en étant enfant, et je me dis que ce n'est pas la présence d'une femme de ménage qui viendra bouleverser leur éducation, surtout qu'elle ne ferait rien de plus que ce que fait Caleb finalement. « Je sais, je comprends. » Je sais, c'est vrai. Je comprends, en partie en tout cas. « Mais, tu sais ça ne changerais pas grand chose à leur éducation, que ce soit toi qui nettoie les 150 baies vitrées de la maison, plutôt qu'une autre personne, mais j'insiste pas, je sais que tu ne veux pas et j'accepte ça. » Je n'ai guère le choix non ? Et puis, il a de toute façon l'argument pour clôturer la discussion. « Et j’aime vraiment faire le ménage de la maison, ça a un côté satisfaisant, ça me détend. » Que répondre à ça ? A part une grimace d'incompréhension et un rire parce que vraiment c'est une chose qui m'échappe. Comment il peut aimer passer des heures à nettoyer les 3 salles de bains de notre maison, ou faire les vitres, ou d'autres choses encore pire ? « Parfois, je me demande si tu es humain, mais si ça te détend, je vais pas t'enlever ton moment détente. » Mais, il aime ça et ça le détends, j'aurais bien d'autres idées d'activités pour le détendre, mais s'il veut continuer à prendre du temps à faire le ménage pour se détendre, alors je lui laisse son activité, après tout, je pense qu'il pourrait tenir exactement le même discourt à mon sujet à propos du sport non ? Voilà un sujet sur lequel nous ne pourrons jamais tomber d'accord ou du moins un sujet sur lequel je ne pourrais jamais vraiment le comprendre, puisque je sais que si lui ça le détends, moi au contraire, ça m'agace, et m'énerve fortement. Il y a un autre sujet sur lequel nous n'avons pas toujours été en total accord, c'est sur sa barbe, mais aujourd'hui elle fait l'unanimité auprès de nous deux, et je l'ai adopté, et bien plus encore. Sauf, qu'en me donnant la liste des premières choses dont il aura besoin durant son séjour, il m'annonce aussi son intention de se raser et pas un peu, totalement et à chaque fois qu'il se rase complètement, je repense à ce jour ou les jumelles ont mis du temps avant de le reconnaitre alors qu'elles étaient toutes petites, c'est dire à quel point ça le change. Mais, il me l'a demandé et je ferai tout pour que son séjour ici soit le moins désagréable possible. C'est difficile de savoir qu'il va devoir rester ici plusieurs jours, sans être près de nous, sans l'avoir à nos côtés au quotidien et ces pensées ne font que me rappeler que si je vais devoir me passer de lui pendant quelques jours, son cœur pourrait un jour me priver de lui complètement et cette réalité revient brutalement me rappeler toutes mes peurs et mes angoisses et les raisons de notre présence ici. Finie les discussions sur une femme de ménage, qui deviendrait indispensable si le pire venait à arriver, parce que je suis incapable de gérer sans lui. Le ménage mais tout le reste aussi. Et je n'aurais plus de discussions autour de sa barbe, plus moyen de caresser son menton piquant et jouer avec les différentes sensations au fur et à mesure que sa barbe repousse. Je n'aurais plus la possibilité de me blottir dans ses bras quand je me sens dépassée par mes émotions, par mes craintes, par ces insécurités qui me font me sentir si nulle par moment. Sans lui, je ne sais pas ce que je deviendrais, ce que nos enfants deviendraient, parce que sans lui, nous ne serions plus une famille, il est le pilier, le ciment, le socle de notre famille et son cœur fragile, pourrait faire vaciller tout ça. Je déteste cette sensation, je déteste ces peurs qui me hantent, je déteste penser ainsi et je sais qu'il détesterait m'entendre dire de telles choses parce que je sais qu'il se sentirait mal, que ça l'angoisserait et qu'il me détesterait de lui faire porter une telle charge sur les épaules, mais c'est pourtant la réalité. Il doit aller bien pour que notre famille aille bien, pour que nos enfants grandissent dans un environnement serein et stable, pour que je ne gâche pas tout avec eux. Mes craintes prennent trop de places, et c'est au travers de questions que j'essaye de les gérer, d'extérioriser en gardant le contrôle, et le calme alors que je ne le suis pas. Mais, j'apprends à gérer, ça fait des années que j'apprends, que j'essaye d'apprendre plus exactement et peut-être qu'enfin je vais réussir un peu. Ou pas. Mais si j'étais bien proche de lui, il bouge suite à mes questions et s'adosse contre la tête du lit, m'obligeant à me redresser à mon tour et à m'assoir sur le bord du lit. « Non je ne suis pas plus fatigué qu’habituellement et je – » J'attends la suite mais la porte de la chambre vient couper Caleb dans ses explications, explications que je n'aurais donc pas. Je tourne la tête vers le médecin et alors qu'il salue Caleb, je profite que Caleb me présente pour me lever, quitter le lit de Caleb, saluer le médecin à mon tour, et je finis par m'installer sur la chaise à côté du lit, le temps que le médecin s'adresse à Caleb. Je suis silencieuse, mais attentive, à chaque mot, à chaque geste, à chaque regard du médecin. Vous vous doutez bien que je ne comprends rien, que c'est inutile, si ce n'est m'angoisser encore un peu plus en croyant lire un haussement de sourcil ou un regard plus soutenu sur le dossier qui laisserait présager d'un problème. Je pourrais interpréter n'importe quoi parce que je n'y connais rien et que mon inquiétude est déjà en train d'influencer la compréhension que je fais de cette situation. Et finalement, il parle, il s'exprime et c'est à Caleb qu'il s'adresse. « Les examens que vous avez passé aux urgences ne montrent rien d’alarmant. Comme la dernière fois, une tachycardie et une arythmie, ce qui semble changer en revanche c’est votre tension. Elle était élevée aux urgences mais les infirmières m’ont dit qu’elle n’était pas encore redescendue. On va donc surveiller ça, et investiguer sur les causes de l’hypertension si besoin. Vous fumez ? » Voilà les premiers mots du médecin, ils sont rassurants, ou du moins ils devraient l'être. rien d'alarmant Pourtant à mon sens tout semblait alarmant. Le malaise, l’hôpital, les examens, le cœur qui bat trop vite, mais ce n'est rien de plus que la dernière fois. Si ce n'est une fois de plus finalement et c'est alarmant pour moi. Je ne le coupe pas, je le laisse parler avec Caleb, écoutant le médecin et chacun de ses mots. Et après le cœur, voici un autre problème. La tension. Son cœur bat trop vite, sa tension est trop haute. J'ai coutume de lui dire qu'il aime en faire beaucoup et parfois trop, mais là c'est vraiment pas quelque chose que j'aime chez lui. Bon, ce n'est pas de sa faute. Quoique ? Tu réponds à cette question ou je le fais? Je le regarde et il hoche la tête pour répondre, je sais qu'il n'est pas fier de ça, et je sens même la culpabilité, parce que je sais que c'est mon influence qui l'a entrainé à fumer et que sans moi, il n'aurait sans doute jamais été addict à la cigarette. Encore une belle réussite à mettre à mon actif. Mais, c'est ni le moment de me sentir coupable, ni le moment de le culpabiliser et il suffit que je le regarde pour voir qu'il le fait déjà de son côté tout seul. Je le regarde, je pose ma main sur sa cuisse pour le montrer que je suis là même s'il ne me regarde pas, j'ai envie de réagir mais le médecin le fait avant moi. « D’accord… Vous vous doutez bien que je vais de nouveau vous conseiller d’arrêter, surtout au vue de votre situation actuelle. » Quel est ce médecin qui conseille d'arrêter ? NON il doit l'obliger à arrêter, c'est son médecin, c'est son rôle, si lui ne le fait pas qui va le faire ? Et c'est à ce moment que je décide d'intervenir, je n'ai pas forcément ma place entre le médecin et son patient, mais le patient est la personne qui compte le plus au monde pour moi alors je me dois de réagir. « Quels sont les risques s'il continue de fumer ? Concrètement, entre son cœur et son nouveau soucis d'hypertension ? » J'ai besoin de l'entendre, et peut-être aussi besoin que Caleb l'entende pour réaliser que non ce n'est pas juste un conseil. « C'est son cœur ou l'hypertension qui est à l'origine du malaise vous savez ? Il n'était pas plus fatigué, il prends ses médicaments, vous devez bien avoir une raison pour expliquer le malaise et éviter que ça ne se reproduire non ? » J'essaye d'être calme, mais mon manque de réponse, mon manque de compréhension de cette situation et de ce nouveau malaise ne m'aide pas à le rester. J'ai besoin qu'on me dise qu'il y a une raison précise juste pour éviter de me dire que ça peut arriver n'importe quand sans prévenir parce que cette pensée est un peu trop (beaucoup trop) désagréable et angoissante.
Lacy, oh, Lacy, skin like puff pastry. Aren't you the sweetest thing on this side of hell ? Dear angel Lacy, eyes white as daisies, did I ever tell you that I'm not doing well ?
tw: maladie cardiaque, addiction à la nicotine
« Je sais, mais si un jour tu changes d'avis, tu sais que tu es mon partenaire de sport préféré et l'unique pour le sport à l'horizontal. » Cette précision qui n’était pourtant pas vraiment nécessaire ne manque pas de m’arracher un rire. En réalité, je n’en doutais même pas vraiment surtout que ce n’était même pas réellement l’objet de notre conversation. « Ça ne doit pas obligatoirement toujours être à l’horizontal. » je réponds, l’air de rien, accompagnant mes mots d’un léger haussement d’épaules. Et c’est vrai, nous sommes tous les deux bien placés pour le savoir. Le sexe étant clairement le domaine sur lequel nous n’avons jamais – ou presque – eu de problèmes ni même des désaccords. Mais cette conversation est en tout cas bien plus légère et plus plaisante que celle qui suit. « Non, c'est pas du tout ce que j'ai voulu dire. Je sais qu'on est tous les deux très attentifs sur ça, et que les enfants seront toujours notre priorité. » Là-dessus je la rejoins. En ce qui concerne l’éducation de nos enfants nous avons également toujours été d’accord, alors la nôtre fut radicalement opposée. Dans ce cas, pourquoi compare-t-elle le fait que nous ayons une fille au pair pour nous aider avec les enfants, à son envie d’engager une femme de ménage ? Elle dit que quelqu’un s’occupe de nos enfants à notre place, ce qui n’est pas totalement faux, en revanche jamais nous nous reposons entièrement sur Romane. Je ne le fais pas en tout cas. Elle s’occupe des enfants quand nous sommes au travail, c’est elle qui les conduit et va les chercher à l’école quand ni Alex ni moi pouvons le faire mais dès que mes heures de travail sont terminées et que je rejoins tout le monde chez nous, je considère que la journée de travail de Romane est terminée. Alors j’attends les explications d’Alex, car là-dessus, je ne comprends pas où elle veut en venir. « Ce que je voulais dire, c'est juste qu'un peu d'aide dans d'autres domaines de la vie quotidienne, ça peut fonctionner pour nous soulager un peu, mais tu veux pas, j'ai entendu. » Sauf que je ne ressens pas le besoin d’avoir de l’aide quant au ménage à faire à la villa. Je sais qu’Alex a du mal à le comprendre car contrairement à moi elle a toujours grandi avec tout un tas de personne autour d’elle et de ses parents qui étaient payés pour faire les choses à sa place. Une femme de ménage, une nounou qui s’est plus occupée d’elle que ses propres parents, je ne doute pas vraiment du fait que les Clarke avaient également un jardinier ou encore un cuisinier à leur service tous les jours. C’est l’éducation qu’elle a reçue, et Alex a tellement toujours été assistée par des personnes payées pour durant toute son enfance et son adolescence que je ne serai pas étonné d’apprendre qu’à son arrivée à Brisbane elle a dû apprendre à faire la lessive ou même passer l’aspirateur car elle ne l’avait jamais fait de sa vie avant. Ce n’est pas une vie que je souhaite pour nos enfants, et je pensais que nous étions sur la même longueur d’onde à ce sujet. « Je sais, je comprends. Mais, tu sais ça ne changerais pas grand chose à leur éducation, que ce soit toi qui nettoie les 150 baies vitrées de la maison, plutôt qu'une autre personne, mais j'insiste pas, je sais que tu ne veux pas et j'accepte ça. » Je ne partage pas vraiment son point de vue, je ne le partage même pas du tout pour dire vrai. Mais voyant bien qu’il s’agit là d’un dialogue de sourd je ne relance pas le sujet, me contentant simplement de secouer la tête. « Parfois, je me demande si tu es humain, mais si ça te détend, je vais pas t'enlever ton moment détente. » Elle parvient une nouvelle fois à m’arracher un rire. « Tu te demandes si je suis humain parce que j’aime faire le ménage, et moi je me demande comment courir ou faire je ne sais pas trop quoi sur je ne sais quelle machine de sport peut réussir à te détendre. » je réplique, en riant un peu. Alex et moi sommes différents sur bien des points, mais j’ai toujours considéré nos différences comme étant un point fort de notre relation.
La conversation prend de toute façon fin lorsque le médecin fait irruption dans ma chambre avec ce que je suppose être mon dossier en main. Son arrivée soudaine pousse Alex à quitter le lit pour s’asseoir sur le fauteuil juste à côté. Il nous annonce que les examens déjà effectués ne montre rien de très grave mais souligne un nouveau problème pas encore découvert jusqu’ici : une tension soi-disant trop élevée et si j’en crois sa question et le petit commentaire qui suit, la cigarette en est sûrement légèrement fautive. « Quels sont les risques s'il continue de fumer ? Concrètement, entre son cœur et son nouveau soucis d'hypertension ? » Ma main vient attraper la sienne qui vient de se poser sur ma cuisse pour entremêler nos doigts, et c’est sans aucune surprise qu’Alex est la première d’entre nous à poser des questions. « Le tabac n’aura pas de réelle incidence sur sa tachycardie. En revanche, la cigarette peut entraîner une hypertension. » C’est donc à cause de ma consommation de tabac que je me retrouve avec un nouveau problème qui vient s’ajouter à mon cœur ? Je soupire légèrement tandis que de ma main libre je viens me frotter doucement les paupières. « C'est son cœur ou l'hypertension qui est à l'origine du malaise vous savez ? Il n'était pas plus fatigué, il prends ses médicaments, vous devez bien avoir une raison pour expliquer le malaise et éviter que ça ne se reproduire non ? » « Son malaise est clairement dû à une tachycardie trop importante. Si les crises de tachycardie sont toujours aussi intenses et surtout, si elles sont nombreuses, le risque est que votre cœur finisse par se fatiguer, ce qui pourrait créer une insuffisance cardiaque. C’est une complication qui reste rare, mais elle n’est pas à prendre à la légère. Les crises sont régulières ? » Si le médecin s’adresse beaucoup à Alex pour répondre à ses questions, cette fois son regard se pose sur moi. « Non pas tant que ça. Je peux parfois avoir de légères douleurs à la poitrine ou ressentir quelques palpitations mais c’est assez rare et ça dure seulement quelques minutes. Ce n’est que la deuxième fois qu’une crise m’amène à l’hôpital. » Je ne suis même pas sûr que ce qu’il m’arrive de ressentir de temps en temps puisse être considéré comme étant des crises en tant que telle. Le médecin acquiesce, puis reprend. « Je vais changer votre traitement, vous passerez demain une échographie cardiaque et si votre tension n’est pas redescendue je prévoirai d’autres examens pour investiguer ça. Vous avez d’autres questions ? » Son regard passe d’Alex à moi, mais lorsqu’il cherche à savoir si nous avons d’autres questions c’est sur Alex qu’il s’attarde – il a sûrement compris qu’elle était bien plus angoissée que moi par cette hospitalisation. Mon pouce caresse avec douceur le dos de sa main. « Moi j’en ai une ! » Son regard se pose sur moi, et je me pince les lèvres avant de continuer. « J’ai déjà essayé d’arrêter de fumer plusieurs fois, mais je replonge toujours après seulement quelques semaines… Est-ce qu’il y aurait un médecin, ou…quelqu’un qui pourrait m’aider ? » Avouer être incapable d’arrêter le tabac par moi-même est presque un aveu de faiblesse et je me sens presque honteux en lui faisant cette demande. « Oui bien sûr, je vais contacter un confrère addictologue qui passera vous voir dans les prochains jours pour discuter de tout ça avec vous. » J’acquiesce sans un mot, me tournant vers Alex afin d’essayer de déceler dans son regard la moindre chose qui pourrait me montrer une inquiétude de sa part.
Ooh, I care, I care, I care Like ribbons in your hair, my stomach's all in knots You got the one thing that I want
« Ça ne doit pas obligatoirement toujours être à l’horizontal. » Je ris à ses mots et surtout à son air presque innocent alors que le sujet est tout sauf innocent justement. « Non, c'est vrai et tu es plutôt doué à la verticale aussi, et rassures toi, à l'horizontal ou à la verticale tu es mon seul partenaire. » Le seul depuis des années maintenant et je n'ai jamais été aussi épanouie et heureuse dans ma vie et sur le plan sexuel aussi, parce que le sexe avec Caleb a toujours été spécial et différent. Parce que lui, je l'aime et je veux partager avec lui, parce que je me sens connectée à lui et c'est ce qui fait que nos moments d'intimité sont si forts.
Mais, si sur certains sujets nous avons réussi à tomber d'accord, notre éducation, nos milieux d'origines, nos différences, se font parfois ressentir et c'est le cas quand vient la question de la femme de ménage et de ce que nous acceptons comme aide chez nous ou pas. Et si pour les enfants, l'arrivée d'une fille au paire s'est amenée à nous comme presque étant une évidence au vue de nos besoins et de notre mode de vie, Caleb refuse toujours que l'on demande de l'aide pour le ménage, ce qui est en soit son droit mais que je ne comprends pas vraiment. Je le respecte, je n'ai jamais été contre sa volonté, et je ne le ferais pas mais le ménage a toujours été une chose que je n'aime pas faire et que de toute façon, je ne sais pas faire. Enfin, je sais techniquement comme on doit faire mais je n'ai jamais été organisée pour ça et si pour Caleb c'est une activité satisfaisante, c'est tout l'inverse pour moi et savoir que l'on a les moyens pour éviter de le faire mais que Caleb refuse d'utiliser nos ressources parce qu'il préfère le faire lui même, restera toujours une énigme pour moi. Mais, c'est un sujet sur lequel je sais que sa position n'évoluera pas et ce n'est pas parce qu'il est à l’hôpital qu'il va changer d'avis et je respecte ça, de toute manière, il y a bien plus important à l'heure actuelle et il n'a pas intérêt à rester longtemps à l’hôpital. Non pas parce que je déteste faire le ménage, mais surtout parce que je déteste l'idée de devoir rester loin de lui trop longtemps. « Tu te demandes si je suis humain parce que j’aime faire le ménage, et moi je me demande comment courir ou faire je ne sais pas trop quoi sur je ne sais quelle machine de sport peut réussir à te détendre. » Il rit un peu en me répondant et je le regarde en souriant à mon tour. Non pas que ce qu'il dise me fasse vraiment sourire, mais l'entendre rire en revanche, ça me fait sourire. J'ai besoin de ça, surtout aujourd'hui, surtout en ce moment. « Pourtant les bienfaits du sport dans la gestion du stress et pour le bien-être sont prouvés scientifiquement chéri. Ce n'est pas quelque chose de si fou tu sais. » Je me moque un peu de lui, parce que ça me semble bien plus normal d'aimer faire du sport et de ressentir un bien-être après le sport qu'après avoir fait du ménage. Mais, c'est lié à mon expérience personnelle.
La discussion est portée sur autre chose que son état de santé mais pourtant c'est bien à l’hôpital que nous sommes et ça je ne peux pas y faire abstraction. L'ambiance, les machines, l'odeur, le lieu, les souvenirs ici, le visage de Caleb, tout me rappelle les raisons de notre présence ici et je n'arrive pas à rester sereine et calme plus de cinq minutes finalement. Les doutes reviennent sans cesse, les questions aussi. Cette inquiétude ou plutôt cette terreur que j'avais ressenti l'espace de quelques minutes il y a de ça presque quatre ans, semble s'être ravivée et je sens que mes émotions sont difficilement contrôlables mais je donne le change, ou du moins j'essaye même si je sais bien que Caleb peut réussir à voir ce que je tente de cacher. J'ai peur pour lui. Et je pense que pour une fois c'est légitime comme émotion, une femme a le droit d'avoir peur quand son mari se retrouve hospitalisé non ? Et surtout quand en plus, elle ne sait pas réellement la raison de ce malaise, ou du pourquoi il a eu lieu. Le médecin nous rejoins dans la chambre et le semblant d'informations qu'il donne ne me semble pas rassurant et surtout pas assez complet comme information. Et surtout, il ramène une autre problématique, une nouvelle pour la santé de Caleb et chacune des annonces me rappelle qu'il n'est pas invincible et qu'il doit prendre de lui parce que j'ai besoin de lui et je doute d'être capable de prendre soin de lui. La preuve il est encore à l’hôpital, ce n'est pas ma faute mais je n'ai pas pu voir les signes, je n'ai pas pu éviter qu'il ne se fatigue pas trop et surtout je n'ai pas pu l'aider à ne pas fumer, pire encore, j'ai introduis la cigarette dans sa vie et aujourd'hui, c'est un danger pour lui. C'est ce que le médecin nous fait comprendre, même s'il n'est pas assez catégorique à mon sens et je finis par poser les questions, espérant qu'il le soit cette fois pour que Caleb comprenne. Peut-être que je veux qu'il ait peur parce que moi j'ai peur, et c'est con et égoïste, je le sais mais j'ai besoin de savoir et besoin qu'il sache aussi, les risques pour lui. « Le tabac n’aura pas de réelle incidence sur sa tachycardie. En revanche, la cigarette peut entraîner une hypertension. » Une hypertension qu'il a déjà aujourd'hui visiblement et ma première pensée est de me dire que c'est trop tard désormais. Que les problèmes sont déjà là et que la cigarette a déjà fait les dégâts sur lui. Sa main a attrapé la mienne, et je la serre, d'abord doucement et à mesure que les mots de médecin font grimper mon inquiétude, je serre un peu plus fort. Je ne suis pas conne, je sais qu'il existe des traitements pour l'hypertension, que des gens vivent très bien et normalement avec de l'hypertension, mais quand il s'agit de Caleb, ce n'est plus avec ma logique ou ma tête que je pense. Je crois bien que je ne suis même pas vraiment en mesure de penser réellement. La peur n'est pas rationnelle, et je ne le suis pas quand il s'agit de la santé de Caleb. Surtout quand en plus de ma peur, j'ai pleins de questions qui restent sans réponse, et notamment celle sur la raison de son malaise. « Son malaise est clairement dû à une tachycardie trop importante. Si les crises de tachycardie sont toujours aussi intenses et surtout, si elles sont nombreuses, le risque est que votre cœur finisse par se fatiguer, ce qui pourrait créer une insuffisance cardiaque. C’est une complication qui reste rare, mais elle n’est pas à prendre à la légère. Les crises sont régulières ? » Cœur qui se fatigue. Insuffisance cardiaque. Complication. Pas à prendre à la légère. C'est bon je peux légitimement paniquer cette fois ? Je connais la réponse, et je sais que c'est non, et pourtant en moi c'est la panique. Mon cœur n'est relié à aucune machine, il n'a pas de problème, et pourtant je le sens qui tape fort dans ma poitrine et je sens aussi que ma main resserre encore un peu plus son étreinte sur celle de Caleb alors que je le laisse répondre au médecin, écoutant toujours avec attention la discussion. « Non pas tant que ça. Je peux parfois avoir de légères douleurs à la poitrine ou ressentir quelques palpitations mais c’est assez rare et ça dure seulement quelques minutes. Ce n’est que la deuxième fois qu’une crise m’amène à l’hôpital. » Ce n'est certes que la deuxième fois que son cœur l'amène à l’hôpital, mais c'est deux fois de trop à mes yeux. Je sais qu'il a parfois des palpitations, je le vois quand il est avec moi, ou il m'en parle mais quand il n'est pas à la maison ou quand je ne suis pas avec lui, je ne sais pas comment son cœur se porte et l'entendre dire qu'il a des douleurs à la poitrine ne me rassure pas.« Je vais changer votre traitement, vous passerez demain une échographie cardiaque et si votre tension n’est pas redescendue je prévoirai d’autres examens pour investiguer ça. Vous avez d’autres questions ? » Son regard se pose sur moi quelques secondes, il a du comprendre que si c'est Caleb qui est le patient, je suis la plus angoissée des deux au sujet de la santé de Caleb. Sans doute parce que je ne suis pas rationnelle ou qu'encore une fois, j'en fais trop et mes émotions me jouent des tours, mais je n'y peux rien, j'ai peur pour lui. « Si son cœur se fatigue, il y a des risques qu'une crise puisse entraîner des complications plus grave type crise cardiaque ? » C'est toujours avec de la peur dans la voix que je m'adresse au médecin. « Est-ce qu'il y a quelque chose à faire pour éviter les crises ou l'aider à éviter que son cœur ne se fatigue ? » Parce qu'il l'a dit lui même, son cœur pourrait finir par se fatiguer et je me sens bien démunie et impuissante face à cette information. Je ne peux pas contrôler le rythme cardiaque de son cœur, personne ne le peut, mais pourtant il le faudrait, c'est une situation qui est tout sauf confortable, et surtout pour Caleb finalement. Et alors que je partage mes angoisses et mes questions avec le médecin en profitant de sa présence pour le questionner, Caleb le fait à son tour. « Moi j’en ai une ! » Je me tourne vers lui, presque surprise finalement par sa prise de parole et le fait qu'il ait une question. Je ne devrais pas être surprise, il s'agit de sa santé. « J’ai déjà essayé d’arrêter de fumer plusieurs fois, mais je replonge toujours après seulement quelques semaines… Est-ce qu’il y aurait un médecin, ou…quelqu’un qui pourrait m’aider ? » Je l'entends parler d'arrêter de fumer et je dois dire que je me sens soulagée par ses mots. Il a entendu comme moi les mots du médecin, il a comprit comme moi les dangers que ça représente pour lui et il semble décider à arrêter et à se faire aider pour ça. Je n'aurais pas supporté le voir fumer encore après avoir entendu les mots du médecin, je n'aurais pas eu le choix, mais je sais que ça aurait été difficile comme situation pour nous. « Oui bien sûr, je vais contacter un confrère addictologue qui passera vous voir dans les prochains jours pour discuter de tout ça avec vous. » Caleb va se faire aider et je vais l'aider aussi, enfin essayer en tout cas et quand il se tourne vers moi pour me regarder, je lui souris. Un sourire discret mais qui existe, parce que c'est peut-être la chose la plus rassurante que je viens d'entendre et la meilleure chose qu'il pouvait dire.
Le médecin finit par nous laisser après nous avoir demandé si nous avions d'autres questions, et si des questions je pourrais encore en avoir des tonnes, je le laisse partir pour me retrouver seule avec Caleb et à peine la porte fermée derrière le médecin que je retrouve Caleb sur son lit. « Je suis tellement soulagée que tu veuilles essayer d'arrêter de fumer, je suis fière de toi chéri, je sais que c'est pas simple pour toi. » Je fais attention à ce que je dis, je précise bien essayer parce que je ne veux pas qu'il se mette trop de pression, je sais que c'est quelque chose de compliqué pour lui et je ne veux pas lui ajouter du stress supplémentaire. « Je vais faire ce que je peux pour te soutenir et essayer de t'aider à te détendre quand tu te sens trop stressé ou en manque.» Et ça commence par lui épargner tous stress supplémentaire, et aussi arrêter de fumer moi aussi, même si je ne fume pas autant que lui et pas aussi régulièrement que lui, je vais tout faire pour l'aider à se débarrasser définitivement de la clope, après tout c'est un peu (beaucoup) moi qui ait amené cette merde dans sa vie. « Je compte sur toi pour venir me parler quand ça ne va pas. » Que ce soit en lien avec la cigarette ou son cœur ou tout le reste d'ailleurs. « Va falloir que tu prennes soin de ton cœur chéri, parce que s'il se fatigue trop on ne pourra plus faire des folies à deux et je sais que c'est la meilleure des motivations pour toi ça, je me trompe ? » J'essaye de faire de l'humour, j'essaye d'être légère parce que je sais que je vais rentrer chez nous sans lui et je veux juste profiter d'être là avec lui malgré mes doutes, mes peurs et cette crainte en moi.
Lacy, oh, Lacy, skin like puff pastry. Aren't you the sweetest thing on this side of hell ? Dear angel Lacy, eyes white as daisies, did I ever tell you that I'm not doing well ?
tw: maladie cardiaque, addiction à la nicotine, anxiété
Alex et moi sommes différents, c’est un secret pour personne et si pour certains qui se ressemble s’assemble, j’ai toujours eu tendance à croire au dicton inverse. Les points communs nous reliant Alex et moi sont assez peu nombreux. Issue d’une famille riche et aisée Londonienne, il lui a fallu du temps pour s’habituer et surtout découvrir la vraie vie. Comprendre que tout le monde n’a pas eu les nombreux privilèges que sa vie jusqu’ici lui avaient offerts. Elle aime le sport et a toujours été à l’aise avec les gens, qu’elle les connaisse déjà ou non, et n’oublions pas que lorsque nous étions plus jeunes elle n’était clairement pas la dernière à sortir. De mon côté, je suis son opposé sur presque tous ces points. Ma famille n’est pas aisée, loin de là, j’ai grandi dans un petit village dans une ferme retapée par mon père, je n’aime pas le sport, je n’aime pas sortir et d’une nature bien plus solitaire qu’elle je n’ai jamais été très à l’aise avec les personnes que je ne connais pas. On est différent, Alex et moi, et si ces différences font selon moi notre force elles peuvent tout de même se faire ressentir par moment. « Pourtant les bienfaits du sport dans la gestion du stress et pour le bien-être sont prouvés scientifiquement chéri. Ce n'est pas quelque chose de si fou tu sais. » Oh ça je le sais, je n’ai jamais nié le fait que faire de sport soit connu comme étant l’une des meilleures méthodes quant à la gestion du stress pour bien des personnes, mais ; « Tout comme faire le ménage aide à la gestion du stress pour énormément de gens. Ce n’est pas quelque chose de si fou, tu sais. » Je reprends bien évidemment volontairement ses propres mots, non seulement je me moque un peu d’elle mais aussi pour essayer de lui faire comprendre que si elle trouve une certaine satisfaction à aller courir, moi je la trouve en récurant la maison de fond en comble et j’aimerais qu’elle puisse l’accepter.
La conversation avec le médecin n’est pas bien plus agréable. Si je savais déjà que ma santé n’était pas au top de sa forme je ne m’attendais pas à passer le reste de la semaine enfermé entre les murs de cet hôpital pour enchaîner les examens médicaux. Mon cœur c’est une chose, et qui n’est finalement pas si nouvelle que ça. En revanche que le médecin commence à suspecter une hypertension en plus de tout le reste, je m’en serais bien passé. « Si son cœur se fatigue, il y a des risques qu'une crise puisse entraîner des complications plus grave type crise cardiaque ? » C’est Alex. Je ne peux pas lui en vouloir, je pense que les informations données par le médecin étaient pourtant censées être rassurantes et ce qu’il y a surtout à retenir c’est que rien de grave n’a été détecté par les examens réalisés un peu plus tôt aux urgences, mais elle ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter et de toujours grossir les choses. Pas une seule seconde je n’aurais pu penser à la possibilité d’une crise cardiaque, mais c’est pourtant quelque chose qui lui passe par la tête, apparemment. Chose qui fait rapidement réagir le médecin qui commence par secouer la tête avant de lui répondre. « Il y a très peu de chances qu’une chose pareille puisse arriver. » Connaissant Alex, je suis sûr que sa réponse ne va pas la rassurer, pour cela il aurait sûrement fallu qu’il lui dise que les chances sont nulles. « Est-ce qu'il y a quelque chose à faire pour éviter les crises ou l'aider à éviter que son cœur ne se fatigue ? » « Comme je l’ai dit tout à l’heure, nous allons dans un premier temps changer le traitement. » je laisse Alex poser autant de questions dont elle a besoin pour se rassurer, la seule chose que je demande au médecin avant qu’il ne parte c’est de me faire aider de professionnels pour cette fois, réussir à arrêter définitivement la cigarette. Requête à laquelle il accède avant de quitter la chambre.
Le médecin part, nous laissant enfin seuls dans la chambre et à peine la porte fermée qu’Alex se lève du fauteuil sur lequel elle était installée et c’est sans un mot que je la regarde s’asseoir sur mon lit. « Je suis tellement soulagée que tu veuilles essayer d'arrêter de fumer, je suis fière de toi chéri, je sais que c'est pas simple pour toi. » Doucement, je fronce légèrement les sourcils tout en secouant la tête. « Ne sois pas fière de moi, c’est loin d’être réussi. » C’est un fait qu’elle ne peut pas nier, elle sait tout aussi bien que moi que jusqu’ici je n’ai jamais réussi à arrêter de fumer, alors les chances que cette énième tentative ne soit pas différente sont très grandes. « Je vais faire ce que je peux pour te soutenir et essayer de t'aider à te détendre quand tu te sens trop stressé ou en manque.» Ma jambe bouge déjà nerveusement, comme si mon corps commençait déjà à ressentir le manque de nicotine. C’est psychologique, clairement. Puisque ma dernière cigarette date d’il y a seulement trois heures. « Je sais. » Je lui réponds simplement, plongeant mon regard dans le sien. Je sais qu’Alex va tout faire pour m’aider, je m’en doute pas une seule seconde, mais je sais aussi que sans le vouloir elle pourrait trop en faire. Parce qu’elle est comme ça et que la demie mesure n’a jamais été sa meilleure amie. « Je compte sur toi pour venir me parler quand ça ne va pas. » Ses mots sont doux et bienveillants je le sais, mais pourtant en entendant tout cela une boule d’anxiété refait son apparition dans mon estomac. Comme si elle venait m’attraper par les tripes pour m’immobiliser, voilà un bon moment que je n’avais pas autant ressenti le besoin de prendre un anxiolytique. Sans même que je ne m’en rende compte mon visage commence petit à petit à se fermer et je me perds complètement dans mes angoisses qui remontent. « Va falloir que tu prennes soin de ton cœur chéri, parce que s'il se fatigue trop on ne pourra plus faire des folies à deux et je sais que c'est la meilleure des motivations pour toi ça, je me trompe ? » Sa voix me ramène à la réalité et il me faut sûrement un peu trop de temps pour réagir. « Oui, oui clairement… » je lâche un petit rire et tout en venant passer une main dans mes cheveux je regarde rapidement chaque recoin de la chambre comme si j’essayais de trouver une issue de secours par laquelle s’enfuir en courant. « Tu veux bien sortir deux minutes avec moi ? J’ai besoin de prendre l’air… » Peut-être que c’est la retombée de toute les informations que je viens d’avoir. Je dois arrêter la cigarette, je le sais, je l’ai compris, mais il y a encore quelques heures je n’en avais pas la moindre envie et je ne me sens pas encore prêt mentalement pour ça. Je quitte le lit, tirant avec moi les perfusions encore reliée à mon bras et une fois ma veste et mes chaussures enfilées, j’attrape la main de ma femme. « Ce n’est pas ta faute. » je la rassure, parce que je la connais assez pour savoir qu’elle risque de se sentir coupable de ma montée d’angoisse. « C’est…tout ça. » je précise tout en désignant l’environnement d’un geste de la main. L’hospitalisation oui, mais surtout ce besoin si soudain – et pas réellement désiré – d’arrêter la cigarette dès aujourd’hui. Ou dès demain, pas vrai ?