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@Scarlett Bridgers ☆ crédit/ssoveia

"Tu as pris ta décision à propos de Tried & True ?" Lentement, beaucoup trop, Jo tourna la tête vers Thomas, son attaché de presse, avec son expression habituelle. A la limite de rouler des yeux, elle s’en empêcha en frictionnant tout aussi lentement ses lèvres l’une contre l’autre pour mieux estomper la nuance de rouge à lèvres mat qu’elle portait. Elles claquèrent en même temps que sa langue contre son palais quand, son impatience pointant, là aussi comme à son habitude, elle lui répondit dans la foulée "Je croyais que j’avais le temps d’y réfléchir puisque j’aurais peu d’interviews ce mois-ci ?" "Tu as le temps d’y réfléchir puisque tu auras peu d’interviews ce mois-ci, c’est vrai. Mais tu sais, par rapport à l’histoire avec Mi —" D’un bond en avant, la jeune femme se leva de la chaise qu’elle occupait depuis quelques minutes déjà et s’éloigna de quelques pas avant de se retourner pour désigner de la main la silhouette élancée du jeune homme qui l’accompagnait "Ravale immédiatement ce que tu t’apprêtes à me cracher à la gueule. Je veux rien entendre de tout ça ni aujourd’hui ni demain." Il soupira en inclinant la tête sur le côté, le poids du regret qu'il ressentait à l’idée d’avoir entamé le sujet rendant brusquement sa nuque douloureuse. Pendant quelques secondes, il donna l’air de peser le pour et le contre de sa décision de continuer tout de même à argumenter conte sa cliente. C’était soit il se faisait salement envoyer paître, soit il se faisait salement insulter, aussi entre la peste et le choléra, il choisit la réflexion poussée, en bon homme intelligent et magnanime qu’il était. Elle n’était pas la plus facile, Josephine Carter, mais elle valait le coup de regarder au-delà du caractère difficile qu’elle mettait en exergue pour asseoir son autorité, et c’est ce qu’il gardait à l’esprit pour la représenter comme il le faisait depuis quelques mois désormais. Il avait besoin d’aide cependant étant donné que Jo n’était pas facile, donc, et que sa politique d’honnêteté, c’était du quitte ou double : elle pouvait lui valoir les honneurs comme le contraire, il fallait donc lui apprendre à doser pour maximiser ses chances de rester dans les bonnes grâces d’un public conquis par ce qu’elle proposait. Hors de question de la faire changer, elle devait garder la personnalité qui faisait sa réputation, mais l’aider à canaliser son énergie revendicatrice au travers d’une formation de relation publique, ça lui ferait le plus grand bien, et son équipe entière en était convaincue. Quelques secondes encore, il garda le silence en la regardant de là où il se trouvait, et la toisa sans luxure, malgré l’ourlet trop court de sa tenue du jour qui mettait en avant une plastique pas désagréable à l’oeil, c’était une évidence. Elle le dominait sur l’instant simplement parce qu’il était assis, encore que même sans ça, elle réussirait à paraître bien plus grande que lui quand, en vérité, elle était à peine au-dessus du mètre cinquante ; le charisme, c’était sa force à Jo, et même lui ne pouvait rien contre ça. Enfin, il prit son courage à deux mains, mais resta bel et bien assis, à quoi bon de toute façon "Tu vas détester ce que je vais te dire, mais tu dois l’entendre." Tendant l’oreille en se redressant sur sa chaise, il était certain de l’avoir entendu grogner "Depuis la sortie de Nonsense, TikTok est en ébullition. Ils sont convaincus qu’il y a un message subliminal adressé à —" Sans délai, elle le fusilla du regard, un sourcil en accent circonflexe lui donnant un air aussi sévère qu’agacé "— à tu sais qui, et ça va attirer les questions. Ton album sort dans moins de trois semaines, tu dois te roder si tu veux éviter les débordements." A défaut de pouvoir éviter les spéculations, ça prouverait au moins qu’elle était prête à faire des efforts et à éteindre le feu ardent des rumeurs concernant toute cette histoire autour de Micah, Midas, et elle-même. Là, elle roula des yeux, puis elle fit jouer les jointures de ses doigts guéris depuis janvier dernier pour vérifier que tout allait bien de ce côté, mais aussi pour se rappeler à quel point c’était parti loin, toute cette histoire. Elle releva la tête "À quel point j’ai le choix ?" "Tu sais que ce n’est pas le pire move à envisager, Jo. Le pire move, ce serait de te laisser répondre aux questions sans préparation avant." D’un coup de langue sur sa rangée de dents du haut, elle jeta un regard au plafond en se détournant brièvement de lui, écoutant tout de même la suite de ce qui lui disait en même temps "Avec tout le respect que je te dois, et tu sais que ce n’est pas des paroles en l’air : personne ne remet ton talent en doute, mais en ce qui concerne ta façon de gérer l’attention des journalistes, même ceux qui se nourrissent de ce qu’ils trouvent dans le caniveau, tu as énormément de progrès à faire." Ça la fit résumer dans un rire enroué, qui n’avait rien de joyeux au demeurant, qui était gorgé d’une certaine amertume suintant de son égo légèrement écorché, sa menue silhouette pivotant pour se remettre dans le bon sens, presque face à lui "Ouais, t’aurais juste pu te contenter de me répondre que j’ai pas le choix."

Elle n’avait pas elle-même contacté Scarlett suite à cette discussion, c’était Thomas qui c’en était chargé. En revanche, installée dans le fauteuil à dossier haut derrière lequel elle était entièrement cachée, c’est elle qui accueillit la jeune femme avec une théâtralité qui lui ressemblait bien ; puisqu’à peine avait-elle posé le pied dans le bureau de son attaché de presse que Jo, toujours assise et faisant pivoter le dossier de la chaise, se retourna vers elle avec un sourire en coin sur le visage, recluse derrière le bureau en verre du jeune homme qui préférait pour l’heure les laisser discuter toutes les deux que d’imposer ses doléances en matière de collaboration étroite avec la jeune femme ; ça viendrait plus tard "Hey." lui lança-t-elle sur le ton de la badinerie qui évolua bien vite — au contraire de sa posture qui resta la même, reine auto-proclamée installée sur son trône qu’elle avait investi les jambes croisées, la tête haute, le bout de ses doigts allongés par ses ongles brillants de nacre battant la mesure sur les bras en cuir du fauteuil dans lequel elle était assise "T’as de la chance que j’ai une équipe relativement douée pour s’adresser à moi avec les bons arguments. Moi, je comptais te faire mariner quelques temps encore avant de te rappeler." Elle avait beau être encore sur son petit nuage post-Grammys, elle était sobre, et pas ici pour enfiler des perles, aujourd’hui.

LA et ses pailettes se sont petit à petit effacés au profit du soleil frais de Brisbane. Scarlett voyage assez, pour sa vie professionnelle ou personnelle, pour ne pas craindre le décalage horaire. Elle a ses habitudes, sa mélatonine, ses power naps. En trois jours, la voilà remise sur pieds. Elle n’a jamais été une grande dormeuse, de toute façon, convaincue que son temps est trop précieux pour le gaspiller à fermer les yeux. Elle préfère se lever tôt pour aller surfer, se coucher tard pour avancer sur ses dossiers. L’awards saison touche enfin à sa fin, et Scarlett a été parfaite sur toute la ligne, elle le sait. Les agents sont ravis de son travail, les clients voient les résultats. Sa vie suit le chemin qu’elle a tracé à force de travail et d’obstination, et tout se déroule parfaitement - si elle continue simplement d’ignorer que parfois, quand elle se couche le soir, elle sent une immense fatigue qui l’avale.

Scarlett préfère habituellement recevoir les clients dans son bureau. Mais elle est habituée à se déplacer, consciente qu’elle gère un portfolio d’égos qui préfèrent que l’on vienne à eux. Alors elle a mis sa plus belle tenue et a vérifié son maquillage dans le retroviseur de sa tesla, a inspiré, et est partie pour rejoindre Jo Carter sur son territoire.

Scarlett n’aime pas crâner, mais il serait mentir que de dire qu’elle est complètement surprise d’avoir été recontactée. Elle a observé de loin toute l’effervescence autour de la chanteuse depuis sa victoire au Grammys, la sortie de nonsense, les rumeurs autour de Midas, de Micah - qui aurait lui aussi bien besoin d’un peu de pr, mais pas de chance pour lui, Scarlett a déjà jeté son dévolue pour Jo, et n’a pas encore réussi à cerner si représenter l’un l’empêcherait de représenter l’autre. Les choses ont l’air mouvementées, en tout cas. Et Scarlett se doute que les équipes de Jo sont à cran, inquiètes qu’elle parle un peu trop librement, qu’elle sabote le moment de gloire dont elle jouit. Scarlett sait qu’elle a fait bonne impression à LA, sait que sa réputation la précède. Mais elle n’est pas non plus complètement narcissique, elle sait que rien n’est jamais gagné dans ces milieux-là. Les gens prennent souvent des décisions suprenantes, surtout les célébrités qui se pensent intouchables. Mais Scarlett a eu l’impression, via leurs conversations, que Jo est loin d’être naïve sur son honnêteté légendaire.

Evidemment, arrivée dans le bureau, Scarlett est accueillie par une Carter théâtrale, digne d’une méchante sexy de James Bond. Elle arrive à tirer un sourire à l’anglaise. "Hey." elle lance telle une reine à peine distraite. « Jo », lui répond Scarlett d’un signe de menton, s’approchant pour s’installer face à elle. "T’as de la chance que j’ai une équipe relativement douée pour s’adresser à moi avec les bons arguments. Moi, je comptais te faire mariner quelques temps encore avant de te rappeler." Elle n’en attendait pas moins de Jo - qu’elle n’avoue pas frontalement vouloir rappeler Scarlett, le mette sur le dos de son équipe, peu importe que cela soit vrai ou non. Scarlett s’installe sur le fauteuil en face du bureau, le dos droit contre sa chaise. « J’aime bien l’idée que tu ais une bonne équipe autour de toi. Cela facilitera mon job, si nous travaillons ensemble. » Jo a lancé les hostilités directement, et Scarlett ne prend donc pas la peine de parler de la pluie et du beau temps. « Et je dois dire qu’ils te conseillent plutôt bien. Les yeux sont braqués vers toi, et pas seulement à cause des grammys. C’est le bon moment pour songer à une stratégie, non ? » Elle souligne de cette phrase qu’elle a gardé un œil sur Jo et sa vie.

@Jo Carter  

we're from a long line of people we'd describe as inconsolable we don't know how to be helped, yeah, we're from a whole huddle of households, full of beds where nobody cuddled, we don't know how to be held

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@Scarlett Bridgers ☆ crédit/ssoveia

"Je soupçonne même Thomas d’avoir le béguin pour toi, il tarit pas d’éloges au sujet de ton boulot." En fait, elle ne soupçonnait Thomas de rien du tout, seulement c’était facile de jouer la comédie parfois. Ce milieu, ce n’était que ça ; elle pouvait se barricader derrière son honnêteté mordante Jo, il fallait cependant un soupçon de faux-semblant pour évoluer au milieu des requins de ce monde. Elle était immensément friande de ce genre de choses, de jeux de rôle qu’elle maîtrisait à la perfection, oscillant entre l’innocence et le piquant. Si elle n’avait pas été chanteuse, peut-être aurait-elle été actrice, il fallait de toute façon avoir une dose de théâtralité en soi pour interpréter des chansons, et elle l’avait — sur scène ou pas, elle avait souvent été catalogué comme étant une drama queen. Alors elle s’amusait, elle faisait semblant de la façon la plus pure qui était — tout est relatif, ça dépendant des circonstances —, celle similaire à ce que faisaient les enfants quand ils jouaient à faire semblant, et repartait très souvent avec la satisfaction d’être assez bonne pour ça pour en plus laisser un souvenir impérissable à ses interlocuteurs. Elle resta bien droite, son dos quitta néanmoins le dossier du fauteuil sur lequel elle était assise pour pouvoir s’avancer vers le bureau et s’y incliner, joueuse, toujours, un murmure quittant ses lèvres maquillées quand elle ajouta à l’adresse de la jeune femme "Tu feras semblant de pas le savoir quand il nous rejoindra tout à l’heure." Et le petit clin d’oeil qui allait de paire avec le rôle qu’elle jouait aujourd’hui lui échappa avec malice, le bout de sa langue venant ensuite creuser dans une cavité de l’une de ses dents du fond tandis qu’un léger rire se joignait au reste.

Elle ne pouvait pas prétendre être surprise que Scarlett soit au courant de ce qui se passait autour d’elle ces derniers temps. Pour autant, elle reprit à sa suite, ses yeux clignant d’une surprise feinte "Aw, t’as suivi de près ce qui se passait autour de moi ces derniers temps, on dirait." L’une de ses mains se posa sur le haut de sa poitrine découverte par un décolleté relativement sage et opéra un temps de silence pour surjouer l’émotion. En vérité, ça l’emmerdait tellement de devoir essuyer les conneries de Micah alors que jusque-là, elle avait réussi à rester relativement en dehors des radars, sa relation avec Midas étant un point positif qui, si elle s’autorisait un peu de cynisme saupoudré d’opportunisme malvenu, avait redoré son blason entaché par ses sorties de route de l’an passé. A cause de l’autre, elle savait parfaitement ce qui se dessinait, ce qu'on racontait, et bien sûr que ça la dérangeait. Heureusement, personne n’avait appris quel genre de représailles elle lui avait fait subir, et elle était bien déterminée à ce que ça ne change pas. Cependant, elle ne tenait pas non plus à ce que la sortie de son album soit accompagnée par l’odeur nauséabonde de cette histoire dont ils voulaient se débarrasser, elle et Midas. De fait, effectivement, c’était peut-être bien le bon moment pour réfléchir à une stratégie, laquelle lui donnait déjà des sueurs froides, sauf qu’elle ne serait pas elle-même si elle ne prétendait pas le contraire, tête-brûlée qui préférait ne pas montrer qu’elle avait peur. Elle n’avait pas peur à dire vrai, elle se savait juste assez mauvaise élève pour ne pas réussir là où c’était essentiel. Pour l’heure, les deux avants bras posés l’un sur l’autre au bord du bureau en verre, elle demanda à Scarlett à qui elle ne confirma pas l’idée qu’en effet, le moment était venu "T’es au courant de quoi ?" Elle n’avait pas envie de parler de tout ça, mais elle n’ignorait pas qu’accepter de travailler avec Scarlett, c’était aussi devoir accepter de se livrer dans une certaine mesure, un exercice qui lui, lui faisait peur, mais encore une fois, plutôt crever au bord de la route que de l’admettre. Elle se redressa, reprit en même temps "On sait toi et moi que tu vas finir par me poser des questions, autant le faire le plus rapidement possible pour rentrer dans le vif du sujet, et comment t’as dit déjà ?" Son nez se froissa par le haut, sa tête pivota très subtilement "Songer à une stratégie ?"

"Je soupçonne même Thomas d’avoir le béguin pour toi, il tarit pas d’éloges au sujet de ton boulot." Scarlett lève légèrement les yeux au ciel, consciente que Jo plaisante probablement. Mais c’est le jeu de ce genre de conversations, entre le professionnel et les badineries plus légères. « C’est le risque quand on est belle et douée dans son métier, je suppose », elle réplique en haussant les épaules comme pour chasser l’idée avec dédain. Elle a un sourire en coin, pourtant. "Tu feras semblant de pas le savoir quand il nous rejoindra tout à l’heure." Un clin d’oeil qui fait briller les yeux strassés de Jo. Scarlett penche la tête, comme si elle considérait la situation. « Un premier de tes secrets à garder », approuve Scarlett en hochant la tête, un sourire mesquin en coin, comme si cette histoire avec Thomas faisait partie du dossier pr de Jo.

Mais le dossier Jo Carter a des choses beaucoup plus intéressantes et complexes à traiter, en réalité. Scarlett a déjà une myriade de questions, mais elle sait rester professionnelle et patiente, laissant doucement le sujet. Elle doit voir l’attitude de Jo avant d’attaquer, pour savoir comment celle-ci se positionne - la défensive, l’honnêteté ? "Aw, t’as suivi de près ce qui se passait autour de moi ces derniers temps, on dirait." Scarlett hoche la tête.  « J’espérais que tu me rappelles et je voulais être préparée », elle réplique. Elle ne dit pas la vérité : qu’elle était sûre que Jo la rappellerait. Scarlett n’aime pas jouer la fausse humilité, mais il ne faut pas non plus écraser la pièce de son égo.

"T’es au courant de quoi ?" La question de Jo est ouverte mais plus risquée qu’il n’y paraît, car toutes les informations de Scarlett ne sont pas forcément vérifiées, rumeurs et faits s'entremêlent. Elle sait que Jo peut se braquer très vite. « De ce que le public connaît. Midas, Micah, l’altercation, ta relation passée avec lui. Et quelques théories tiktok tellement tirées par les cheveux que je serais presque gênée de les répéter à voix haute », avoue Scarlett avec un soupir amusé. C’est nécessaire pour elle de suivre l’opinion du grand public sous toutes ses coutures. Elle a elle-même certaines idées, se doute que le public est loin de savoir toute la vérité. Dieu sait qu’il n’y a rarement qu’une seule vérité, d’ailleurs. "On sait toi et moi que tu vas finir par me poser des questions, autant le faire le plus rapidement possible pour rentrer dans le vif du sujet, et comment t’as dit déjà ? Songer à une stratégie ?" Scarlett hoche légèrement la tête. « Je ne te demande pas de me révèler les moindes secrets et détails de toute ta vie, mais oui, si nous travaillons ensemble, il me faut forcément de la transparence, et je vais devoir poser des questions qui fâchent », admet Scarlett. « J’ai été surprise de voir Midas le golden boy en venir aux mains. Il a des anger issues que le public ignore ? Le sujet de leur dispute, c’était quoi, exactement ? Une histoire de jalousie ? » Elle demande frontalement. « Et quelles sont tes relations avec Micah, actuellement ? »

@Jo Carter  

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D’un mouvement d’épaule fier, l’angle droit de son visage se dressant pour offrir brièvement son plus beau profil à Scarlett, Jo fit virevolter une longue mèche de cheveux entre ses omoplates "M’en parle pas." Pas née pour faire dans l’humilité, Jo se mettait dans le panier des gens beaux et talentueux dont Scarlett faisait visiblement partie, elle aussi. Difficile de vivre avec ce poids sur les épaules ? Ça ne semblait pas être le cas si on s’en remettait au battement de cils de la chanteuse qui se redressa sur son siège avec le sérieux qui s’imposait, pas mal à l’aise de faire preuve d’autant d’orgueil quand elle n’était même pas encore tout à fait le sujet de conversation — ce n’était jamais bien longtemps le cas, patience "Dors sur tes deux oreilles, j’en ai pas autant que ça." Des secrets, certains restant moindres en comparaison d’autres, même si celui qui lui donnait le plus de fil à retordre était une bombe qu’elle ne mettrait pas entre toutes les mains. Ça n’intéressait pas Scarlett pour l’heure, et finalement, bien que ça lui donnait envie de se tirer une balle dans la bouche à l’idée de devoir s’appesantir sur l’histoire qui attirait toute son attention, elle se disait que c’était encore le prix à payer pour dorloter cet autre secret, donc. C’était une tactique qui se valait, de faire diversion, et ce serait celle sur laquelle elle camperait tant qu’elle n’aurait pas la certitude de pouvoir se confier à propos de la plateforme de lancement dont elle avait joui pour enfin rejoindre la cour des grands. Si tant était qu’elle se confierait un jour d’ailleurs, elle avait Midas pour ça, et il lui était suffisant "Tu m’impressionnes toujours autant par ton professionnalisme." lui confia-t-elle dans un murmure surjoué, son nez se froissant en même temps, en réalisant qu’elle était restée aux aguets à son sujet. Elle se demandait s’il fallait forcément être une midinette pour faire le métier de Scarlett. Se délecter des ragots autour des célébrités et autres pour mieux les représenter, ça devait faire partie des aptitudes à avoir pour ne pas faire les choses à moitié, non ? A quel point ça devait être chronophage d’être forcé de toujours rester au fait, à quel point ça autorisait à juger aussi ? Jo n’en savait foutrement rien, et sur le moment, c’était même le cadet de ses soucis.

Que savait Scarlett à propos des rumeurs qui circulaient dans la presse à son sujet, mais aussi au sujet de Midas et de Micah ? Parce que c’était bien de ça dont il était question maintenant, elle n’était pas demeurée au point de ne pas être capable de s’en rendre compte toute seule, comme une grande. Bien sûr, la lassitude à ce sujet la força à laisser filer un soupir profond, son dos se courbant dans l’autre sens pour épouser la forme épurée du fauteuil sur lequel elle était assise alors que la jeune femme lui déroulait les informations qu’elle avait en sa possession "Les répète pas alors. J’ai eu ma dose." Et concrètement, elle s’en foutait pas mal. Ce qu’elle retenait dans tout ça, c’est que le public préférait prendre son parti et celui de Midas plutôt que celui de Micah qui était l’unique responsable de tout ça. Elle tenait d’ailleurs à ce que Scarlett le sache, cette dernière ayant mésinterprété les faits pour les incomber à Midas. Jo fronça les sourcils, ses jambes se croisant sous le bureau pendant qu’elle s’enfonçait plus confortablement dans son fauteuil "T’as fait ton boulot de travers si tu crois que Midas y est pour quelque chose. C’est l’autre qui a attaqué, Midas n’a pas de genre de vices." Au contraire de sa copine dont les yeux lançaient des éclairs par défaut, mais c’était un autre sujet. Elle ajouta "Je compte pas te révéler le moindre de mes secrets, surtout quand ils concernent ma vie privée, mais tu peux être certaine d’une chose, je serai jamais ailleurs que du côté de Midas." Elle le savait déjà, seulement deux avertissements valaient mieux qu’un. Elle se redressa pour venir poser ses deux avant-bras sur le bord du bureau, et sa tête s’inclina sur le côté comme pour donner à ses paroles une certaine valeur "Il me facilite la tache dans cette histoire parce qu’il a rien à se reprocher." Elle avait fini par le comprendre, elle pouvait le revendiquer sans en douter. Elle haussa les épaules, reprenant en gardant la même posture, ses yeux trouvant ceux de Scarlett "C’est Micah qui se croit toujours au siècle dernier et qui est convaincu que cogner sous le prétexte de vouloir protéger une femme qu'il soupçonne d’être manipulée, c’est être un gentleman." C’est être un débile profond surtout, mais pouvait-elle se permettre d’émettre ce genre de conclusion quand elle avait la main lourde, elle aussi ? Elle roula ses lèvres maquillées l’une sur l’autre, ces dernières esquissant un sourire inversé quand elle répondit à la dernière question de Scarlett dans la foulée, ses yeux dérivant de son axe pour se poser sur sa droite "J’en ai aucune, et je compte plus en avoir." Le dernier contact rapproché qu’elle avait eu avec lui, c'était quand son poing avait trouvé sa mâchoire tellement fort qu’elle s'en était fracturée deux doigts, sauf que c’était un épisode sur lequel elle ne voulait pas revenir. Se réinstallant bien au fond de son fauteuil, légèrement sur le côté, elle entoura ses mains jointes autour de l’un de ses genoux en enchaînant "Je sais que les gens peuvent pas s’empêcher de m’associer à lui, mais dans l’absolu, je veux que ça change." Dans l’absolu, elle voulait même l’effacer de sa mémoire.

"Dors sur tes deux oreilles, j’en ai pas autant que ça." Scarlett lève un sourcil. « Tout le monde dit pareil, au début », elle commente avec un petit rire. D’expérience, elle sait que non seulement tout le monde a des secrets, mais les personnes qui réussissent à percer de telles sphères semblent en avoir encore plus. Elle sait qu’il n’est qu’une question de temps avant qu’elle découvre ce qui se cache derrière le minois piquant de Jo. Mais Scarlett peut être patiente, elle a beaucoup d’égo, mais pas assez pour croire que Jo va commencer à pleurer sur son épaule en lui racontant traumas et secrets. Pour l’heure, il est d’abord question de la carrière de Jo, et le nuage de rumeurs qui l’entourent ces derniers temps et, soyons honnête, la plupart du temps. "Tu m’impressionnes toujours autant par ton professionnalisme." Scarlett penche légèrement la tête, prenant le compliment. C’est son métier, elle sait bien le faire, elle n’a pas menti à Jo de ce côté-là.

Elle s’est renseignée sur les affaires récentes, s’est perdue sur twitter, tiktok, instagram. Elle est toujours fascinée par ce que l’opinion public peut construire, inventer, ou parfois avoir complètement viser juste sans jamais le savoir. Dans cette situation, cela dit, elle sait que les gens spéculent bien plus qu’ils ne devinent. "Les répète pas alors. J’ai eu ma dose." Scarlett a un sourire entendu. Elle imagine qu’être la cible de ces ragôts est épuisant, mais n’a pas pour autant de peine pour les célébrités, qu’elle considère responsables de leur statut de figure public. Ils ont fait ce choix. "T’as fait ton boulot de travers si tu crois que Midas y est pour quelque chose. C’est l’autre qui a attaqué, Midas n’a pas de genre de vices." Scarlett pousse un léger soupir. Evidemment, Jo recommence à ne rien laisser passer. « Je n’ai jamais dit que Midas avait lancé l’altercation. Mais il y a répondu, et ça le rend en parti responsable aussi, que vous le vouliez ou non. » Aux yeux du public, pour commencer. Mais Scarlett laisse également parler son propre jugement : elle considère que c’est trop simple de repousser la faute sur “celui qui a commencé”. Midas a aussi fait un choix en réagissant.

"Je compte pas te révéler le moindre de mes secrets, surtout quand ils concernent ma vie privée, mais tu peux être certaine d’une chose, je serai jamais ailleurs que du côté de Midas." Jo se fourvoie si elle pense que sa vie privée pourra échapper au pr, qui malheureusement ne différencie pas toujours la célébrité et l’intime, mais Scarlett n’a pas envie de le souligner. « Je l’ai déjà bien compris, ne t’inquiète pas. Et il faudra que je rencontre Midas, dans ce cas », elle indique, franc-jeu. Il est si important pour Jo, sa future cliente, et elle doit donc le connaître aussi.

"Il me facilite la tache dans cette histoire parce qu’il a rien à se reprocher."  Scarlett lève un sourcil, pas tout à fait sûre d’être d’accord. Mais elle a trop bien compris le fonctionnement de Jo, et ne compte pas argumenter. Elle sait choisir ses batailles, Scarlett. "C’est Micah qui se croit toujours au siècle dernier et qui est convaincu que cogner sous le prétexte de vouloir protéger une femme qu'il soupçonne d’être manipulée, c’est être un gentleman." Cette fois-ci, les sourcils de Scarlett se froncent. Elle analyse la situation. Micah la croit donc manipulée ? Elle demande frontalement à Jo si elle est encore en contact avec le jeune homme, et la réponse est sans appel. "J’en ai aucune, et je compte plus en avoir. Je sais que les gens peuvent pas s’empêcher de m’associer à lui, mais dans l’absolu, je veux que ça change." Scarlett ne réplique pas tout de suite, processe les informations. Elle a du répondant, Scarlett, mais quand il s’agit du pro, elle sait aussi prendre le temps de se poser. « On peut le faire changer », elle affirme. « Tu dis que tu n’as plus de contact avec lui, mais est-ce que tu serais prête à le critiquer ouvertement ? » Questionne Scarlett, consciente que Jo et Micah ont un passif. « Je ne dis pas que c’est la stratégie à adopter, loin de là. Mais je ne sais pas comment son camp va vouloir tourner l’affaire, et je veux être préparée à toutes les options. » Même si c’est loin d’être à l’avantage de Micah que d’essayer de s’attaquer à Jo, actuellement. « Pourquoi est-ce que Micah pense que tu es manipulée ? » Ca, c’est aussi l’une des informations clefs qui aidera Scarlett à comprendre ce qui l’attend.

@Jo Carter  

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Elle s’en foutait de tout le monde Jo, elle en avait déjà bien assez avec son propre monde pour vouloir s’appesantir sur celui des autres et qu’importe que si ça la plaçait par défaut dans la case de ceux trop imbus d’eux-mêmes pour prendre en compte leur environnement. Que les clients de Scarlett cultivent leur secret, c’était leur problème, qu’elle les soupçonne d’en avoir plus encore, ça l’indifférait. Elle avait des secrets pour sûrs, comme tout le monde, ils ne regardaient en rien celle qui lui faisait face à cet instant précis pour l’heure, pas certaine dans tous les cas d’accepter pour de bon l’offre qu’elle lui avait mise entre les mains "Il y a répondu verbalement, ce que je crois moins condamnable que de le faire physiquement, mais c’est toi la professionnelle, alors dis-moi —" Joignant lentement ses dix doigts les uns avec les autres, elle inclina la tête très doucement pour capter le regard de la jeune femme, le sien se plissant pour bien faire le point, intéressée pour de faux par ce qu’elle avait à dire au sujet de la manière dont Midas aurait dû réagir aux propos d’un Micah vindicatif au sujet d’une histoire qui ne le regardait même pas. Elle avait sa propre idée Jo, laquelle l’avait menée à se chamailler avec Midas, mais là encore, ça n’avait rien à faire ici " — qu’est-ce qu’il aurait dû faire ? Ça m’intéresse." Absolument pas. Elle savait comment il aurait dû réagir et comment elle, elle n’aurait pas dû réagir par la suite, elle tenait juste à remettre l’église au milieu du village en réfutant la possibilité qu’une tierce personne vienne remettre en cause le comportement de celui qu’elle aimait ; elle pouvait se permettre de le faire, du reste si quelqu’un d’autre osait s’y risquer, elle prendrait son parti sans aucune hésitation "Ce sera pas utile. C’est moi que tu vas potentiellement représenter, pas lui." rétorqua-t-elle lorsqu’elle remis les choses à leur place en revendiquant la sienne aux côtés de Midas que Scarlett envisageait de rencontrer. Pourquoi faire si ce n’était assouvir sa curiosité ? Tranchante, elle continua sur sa lancée "On est un couple, pas un duo. Pas tout le temps, en tout cas." interjeta-t-elle, basculant sur sa chaise pour la faire pivoter doucement en arrière "Il a sa propre équipe de communication et il interfère pas dans mes affaires. L’inverse est vrai, alors t’auras pas besoin de le rencontrer." Elle ne le ferait que s’ils envisageaient de sortir une nouvelle chanson tous les deux, ce qui arriverait sans aucun doute dans les prochaines années, mais dans l’immédiat, et ce pour l’année à venir en tout cas, ils se concentraient chacun sur leur carrière respective.

"Non, j’en vois pas l’intérêt." Scarlett connaissait son métier certes, elle ne la fera pour autant pas pencher vers des ressors aussi pathétiques que la critique publique d’un homme qu’elle a considéré comme un ami pendant de très nombreuses années. Elle en voulait à Micah, elle l’avait menacé de le détruire s’il se servait de cette histoire pour lui nuire en retour, sauf qu’entre ce qu’elle disait et ce qu’elle faisait, il y avait parfois un petit fossé qu’elle ne comptait pas dépasser, surtout quand il impliquait de faire du mal à quelqu’un qu’elle a aimé, qu’elle aime surement encore un peu dans une certaine mesure "Je compte pas bâtir ma réputation sur la critique facile. Cette histoire, c’est une vraie épine dans mon pied, et je ferai tout mon possible pour qu’on me laisse l’opportunité de passer à autre chose, mais je crois pas que m’abaisser à alimenter ce qui bouillonne déjà sur les réseaux sociaux en rajoutant de l’huile sur le feu, en sautant sur toutes les occasions pour le mépriser au vu et au su du monde entier, ce soit la stratégie du siècle." Elle leva les mains devant elle, paumes vers l’extérieur, repoussant d’emblée la rebuffade imminente d’une Scarlett qu’elle mettait à l’amende "Désolée, tu connais ton métier, mais moi je me connais : je suis en rogne contre lui comme je l’ai jamais été, sauf que ça nous regarde au fond. Ça dépassera pas le stade où je peux me permettre de le piquer au travers d’une phrase dans une chanson parce que j’écris sur ce que je vis, mais à côté de ça, j’ai autre chose à foutre que de le descendre publiquement sous le prétexte que je sais pas à quelle sauce son équipe va vouloir me bouffer." Elle ajouta, ses épaules se haussant en même temps "Et entre nous, j’ai pas peur de ce qu’ils décideront de faire à ce sujet. J’ai qu’une seule chose à me reprocher, et je sais qu’il s’en servira jamais contre moi." Bizarrement, son ton sembla vaciller en songeant à l’idée que Micah pourrait révéler au monde entier qu’elle était venue pour lui coller une raclée après avoir appris ce qui s’était passé avec Midas. Elle décida de faire comme si elle ne s’en rendait pas compte, et trouva une porte de sortie en riant à la question que la jeune femme lui posa "Parce que c’est pas un secret : on couchait ensemble il y a un million d’années, qu’il me connait aussi bien que je le connais, et qu’il supporte pas que je puisse vouloir faire des efforts pour quelqu’un qui n’est pas lui." C’était presque simple, dit de cette façon "Ça va pas plus loin que ça." Peut-être un petit peu plus tout de même. Seulement, sur l’instant, elle estimait que comme résumé de la situation, c’était tout ce qu’il y avait à retenir.

Scarlett n’est pas dupe, elle sait que la volonté de Jo de travailler avec elle ne signifie pas qu’elle va tout à coup se montrer arrangeante et docile, bien au contraire. La chanteuse continuera à prouver qu’elle sait ce qu’elle fait, et ne compte pas se faire dicter sa conduite. Sur ce point, elle a été très claire, et Scarlett accepte le deal comme on accepte les règles d’un jeu compliqué où l’esprit de compétition nous pousse à participer. "Il y a répondu verbalement, ce que je crois moins condamnable que de le faire physiquement, mais c’est toi la professionnelle, alors dis-moi —" Scarlett se retient de lever les yeux au ciel, parce qu’elle est dans un setting professionnel, et qu’elle est passée dans son rôle de chargée pr, mais elle n’en pense pas moins face à l’attitude piquante de Jo " — qu’est-ce qu’il aurait dû faire ? Ça m’intéresse." Scarlett secoue la tête. « Ce que je pense ne compte pas. Quoi que Midas aurait pu faire, chaque réponse sera disséqué et jugé par le public de toute manière, même s’il s’est mieux comporté que Micah. »

Et vu combien Midas semble être important pour Jo, il est évident que son nom est lié au sien, et que Scarlett va vouloir mettre le nez dedans. Elle sait, au moment où elle l’annonce à Jo, que celle-ci va refuser. "Ce sera pas utile. C’est moi que tu vas potentiellement représenter, pas lui." Potentiellement, potentiellement, on y retourne. Le jeu n’est pas terminé, et Scarlett est aussi admirative qu’agacée. "On est un couple, pas un duo. Pas tout le temps, en tout cas. Il a sa propre équipe de communication et il interfère pas dans mes affaires. L’inverse est vrai, alors t’auras pas besoin de le rencontrer." Scarlett pince les lèvres, et lève un sourcil. Jo n’a pas l’air d’avoir bien cerné la situation, sur ce coup là. « Jo, si tu me dis que ta place ne sera, je cite, jamais ailleurs qu’auprès de Midas, il interfère dans tes affaires et dans ton image publique. » Et Scarlett sait que Jo n’est pas assez naïve pour ne pas le comprendre. « Et si, potentiellement, je te représente, cela fera parti des choses que je devrais connaître et maîtriser pour anticiper au mieux. » Elle pose ses termes, mais sait qu’il faut négocier, elle ajoute donc : « Je ne te dis pas que je veux un rendez-vous avec lui et son équipe dans la minute. Mais ça risquera d’arriver. » A vrai dire, elle se cache bien de préciser à Jo qu’elle a déjà un oeil sur l’équipe avec qui Midas travaille.

Mais pour l’instant, il n’est pas question de Midas, mais bien de Micah, et son geste qui est aujourd’hui, condamné par la plupart des internautes. Mais Jo sait que le vent peut tourner rapidement, surtout pour une femme comme Jo qui assume d’avoir une vie sexuelle.  Scarlett a besoin de savoir où la jeune femme se positionne. Et étonnement, elle est beaucoup plus mature que Scarlett se l’imaginait, et l’anglaise est satisfaite d’entendre comment se positionne Jo, malgré son caractère de feu qui aurait pu s’embraser sur le sujet. "Et entre nous, j’ai pas peur de ce qu’ils décideront de faire à ce sujet. J’ai qu’une seule chose à me reprocher, et je sais qu’il s’en servira jamais contre moi." A cet aveu, Scarlett lève un sourcil. Elle ne prend pas de suite la balle au rebond, mais elle sait qu’elle va le remettre sur le tapis. Mais pour l’instant, elle se doit de tout saisir, y compris pourquoi Micah pense que Jo est manipulée. "Parce que c’est pas un secret : on couchait ensemble il y a un million d’années, qu’il me connait aussi bien que je le connais, et qu’il supporte pas que je puisse vouloir faire des efforts pour quelqu’un qui n’est pas lui. Ça va pas plus loin que ça." Jo est peut-être quelqu’un d’assurée, mais Scarlett est trop perspicace pour ne pas percer la coquille. Et elle voit bien qu’il y a plus que ce que la chanteuse l’affirme. « Je ne pense pas qu’il faille ouvertement le critiquer. Au contraire, je suis plutôt raccord avec toi, tu vois, comme quoi  », dit Scarlett avec un sourire, en référence à leurs discussions houleuses et leurs précédents débats sur se tenir tête si elles travaillaient ensemble. « Tu as une  image de quelqu’un d’un peu trop honnête, voire grande gueule, et je pense que ça serait tout à ton honneur de take the higher road dans cette situation. » De ne pas être la drama queen, en somme. « Même si j’imagine que des fans de Midas pourraient t’accuser de ne pas assez le défendre, et les fans de Micah de n’être qu’une harpie, mais bon, je ne t’apprends rien en te disant que tu ne pourras jamais plaire à tout le monde. » Surtout en étant une femme. « C’est quoi, la seule chose que Micah pourrait te reprocher ? » Elle pose la question en étant consciente que Jo ne va peut-être pas vouloir être honnête, et rajoute donc : « Tu as peut-être confiance en Micah malgré tout, mais pas moi. J’ai besoin de savoir quelle carte l’adversaire d’en face peut jouer, Jo, même si tu penses qu’il ne le fera jamais. »


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"Exactement. Ce que tu penses ne compte pas." Jouissif d’entendre Scarlett le lui dire sans qu’elle ne soit obligée de le souligner autrement qu’en haussant les sourcils. Elle le fit d’ailleurs, et ce avec un léger sourire au coin des lèvres qui ne dura pas, ses yeux roulant dans leurs orbites en entendant la suite tandis qu’elle se replaçait dans son fauteuil avec l’aisance qui était la sienne, chacun de ses mouvements travaillés pour correspondre à la situation, le bout de ses doigts tapotant les accoudoirs en cuir "Cette histoire s’est passée en décembre, on est en mars." S’impatientant, Jo laissa un gros soupir lui échapper tout en reprenant la parole. Elle l’avait dit à de maintes reprises à Midas qu’elle en avait plus qu’assez de parler de tout ça, que ce soit dans un cadre plus professionnel ne changeait pas les choses : ça l’emmerdait à un niveau jamais égalé, et dieu savait pourtant qu’elle était du genre à trouver à peu près tout chiant à crever, surtout quand ça bavassait au sujet de sa vie privée, laquelle était plutôt facile à suivre en réalité, sauf qu’elle avait toujours était la source de rumeurs et de fantasmes en tous genre "Le public a déjà disséqué et jugé ce qu’il y avait à juger, et ils sont pas les seuls. Micah a perdu toutes ses opportunités de remporter des prix au cours des quatre derniers mois à cause de tout ça, alors je vois même pas pourquoi on en discute encore : absolument tout le monde s’est fait son avis, et il est plutôt favorable en ce qui me concerne puisque ça m’a pas empêchée de remporter un Grammy." Un petit rappel qu’elle lui faisait, la tête penchée, pas pour nécessairement se faire mousser, juste parce que c’était un fait.

"Non, il le fait pas." Intransigeante, elle ne laisserait personne prétendre que l’influence de Midas jouissait à sa carrière. C’était vrai pourtant, seulement elle n’était prête à l’admettre qu’en face du principal concerné qu’elle remerciait beaucoup trop souvent parce qu’elle savait ce qu’elle lui devait, que ça devait rester un secret, et qu’elle n’avait pas assez confiance en ceux qui les entouraient pour en discuter librement. Ça remettait son talent en perspective qui plus est, et l’ego de Jo ne le supportait qu’à très petites doses "Je reformule, parce que t’as pas l’air d’avoir saisi ce que je veux dire : du point de vue personnel, je serai toujours à ses côtés, qu’importe ce qui se passe, ou ce qui se passera." Cessant de tapoter les accoudoirs avec ses doigts, elle continua "Du point de vue professionnel, je le soutiendrai tout autant évidemment. Mais soutenir n’inclus pas que je m’engage à quoi que ce soit. J’ai pas signé de contrat avec lui, malgré ce que t’as l’air de penser." L’idée était ridicule, elle en rit d’ailleurs, poursuivant toujours "On a toujours voulu travailler ensemble, et c’est ce qu’on a fait, c’est ce qu’on fera certainement à nouveau dans quelques mois, dans quelques années : à ce moment-là, ce sera utile de mettre en place une stratégie pour communiquer autours de notre duo en effet, mais en attendant —" Elle fit un mouvement des épaules, un air de dire en attendant qui vivra verra "Le jour où on fusionnera pour devenir un vrai duo, tu seras la première au courant. Mais si tu connais tes classiques tu devrais savoir que Fleetwood Mac a plutôt mal terminé, alors on va éviter." Cependant, si Scarlett avait envie de rencontrer Midas, elle ne l’en empêcherait pas. Le mouvement d’épaules qu’elle avait fait quelques secondes avant, il se changea en un léger haussement qu’elle accompagna d’un sourire inversé, son dos épousant la forme de son fauteuil quand elle bascula en arrière, ses yeux dérivant de ceux de Scarlett pour se poser ailleurs le temps d’un court instant "Si t’as envie de le rencontrer, vas-y, après tout. Je suis pas sa patronne, et il est plus accessible que je le suis, ce sera pas compliqué à organiser." Mais "Mais prétends pas que c’est en mon nom que tu le fais, et prétends pas que c’est parce que je t’ai soufflé qu’on avait besoin de concerter son équipe pour accorder nos violons parce que tu passeras pour la reine des connes."

"Parfait." Que Scarlett ne veuille pas l’obliger à parler publiquement de Micah et à le descendre parce que c’est ce que les gens attendaient d’elle. Elle n’avait pas envie de ça, même si elle pourrait sans nul doute lui nuire de cette façon et que ce serait facile. Quand elle disait ne plus vouloir rien à faire avec lui, elle ne mentait pas "Je veux que ma musique plaise, du reste j’ai pas la prétention de vouloir autre chose que ça." Étonnement, elle pensait ce qu’elle disait là "Et puis tu sais qu’on m’aime ou pas, tant qu’on parle de moi…"  Elle laissa filer un sourire, les points de suspension imposés à la fin de sa phrase s’entendant dans le son doucereux de sa voix naturellement brisée. Elle roula à nouveau des yeux quand Scarlett lui posa une question, revenant sur ce qu’elle avait laissé échapper tout à l’heure. Ça aurait été étonnant qu’elle laisse filer cette information, mais le temps d’un instant, Jo y avait cru — naïve "Toi non plus, tu laisses rien passer, hm ?" lui fit-elle, sans ironie, plutôt agacée au fond qu’elle décide de creuser quand elle n’avait pas envie le moins du monde d’admettre ce qu’elle finit par lui dire pourtant, presque contrainte pour avancer "Il se pourrait que j’ai quelques problèmes pour gérer la colère. Trois fois rien." C’était un euphémisme dont elle ne dit rien, préférant pendant un instant jouer l’innocente en regardant autour d’elle plutôt que donner le moindre détail à ce sujet, et d’admettre que Micah en avait fait les frais.

Jo est impatiente que l’histoire de Micah soit enterrée, et cela est compréhensible. Elle a d’autre choses à célébrer, à souligner, une carrière qui décolle, une histoire d’amour qui fait rêver les tabloïds et les fils twitter. Mais ce n’est évidemment pas assez pour les gens, qui veulent toujours plus de scoops, d’histoires, d’indices et de théories. Scarlett sent que Jo apprécie la célébrité, l’attention sur elle, mais qu’elle va devoir apprendre à compenser avec ses mauvais côtés, notamment le fait que les gens feront d’elle et son histoire ce qu’ils voudront, au rythme qu’ils le désiront. Certaines stars n’arrivent jamais à décoller certaines étiquettes de leur carrière. Heureusement, Scarlett est là pour ça, pour aider. Et elle sait très bien le faire. "Le public a déjà disséqué et jugé ce qu’il y avait à juger, et ils sont pas les seuls. Micah a perdu toutes ses opportunités de remporter des prix au cours des quatre derniers mois à cause de tout ça, alors je vois même pas pourquoi on en discute encore : absolument tout le monde s’est fait son avis, et il est plutôt favorable en ce qui me concerne puisque ça m’a pas empêchée de remporter un Grammy." Scarlett a un sourire en coin, à la fois amusée de la confiance qu’éxude Jo, et amusée par ce qu’elle juge être une forme de naïveté. « On en discute parce que les histoires se disséquent parfois sur des années et qu’il faut toujours être préparé. Si Micah est bien entouré, je t’assure qu’il est en train de préparer un retour. Et de plus, les avis du public peuvent toujours changer, il faut anticiper. Pour l’instant, tu as le vent en poupe, Jo, et on fera tout pour que cela dure. Mais chaque histoire qui pourrait revenir te causer du tort sont à prendre en compte. » Et c’est pour cela que Scarlett veut bosser son sujet à fond, comprendre les rouages du cerveau de Jo.

Elle voudrait aussi connaître sa relation avec Midas, ce que vaut ce fameux golden boy à la voix et au nom d’or. Mais Jo semble vouloir le garder à distance, se lançant dans un grand discours sur leur lien pro et perso mais pas exclusif, blablabla. Scarlett hoche légèrement la tête, parce qu’elle écoute tout ça avec attention, même si cela l’amuse et l’agace. "Le jour où on fusionnera pour devenir un vrai duo, tu seras la première au courant. Mais si tu connais tes classiques tu devrais savoir que Fleetwood Mac a plutôt mal terminé, alors on va éviter." Scarlett lève un sourcil. « Pour leurs couples, peut-être. Mais c’est leur messiness qui leur a permis d’écrire l’un des plus grands albums de tous les temps et de ne jamais tomber dans l’oubli », elle souligne, amusée. Elle trouve que Fleetwood Mac s’en sort en réalité parfaitement bien, malgré le fait que le groupe s’est dissoud. « We never got away from the sound a woman that loved », paraphrase Scarlett, changeant légèrement les paroles pour appuyer son propos.

Mais Scarlett ne perd pas de vue son objectif, cette histoire de rencontrer Midas, de mieux le comprendre. Jo finirait presque par concéder un peu de terrain pour la bataille. "Si t’as envie de le rencontrer, vas-y, après tout. Je suis pas sa patronne, et il est plus accessible que je le suis, ce sera pas compliqué à organiser." Ce n’est pas difficile à faire, pense Scarlett, qui sait pourtant qu’elle risque de trouver Midas mou et trop gentil, et préfère malgré elle les têtes brûlées comme Jo. "Mais prétends pas que c’est en mon nom que tu le fais, et prétends pas que c’est parce que je t’ai soufflé qu’on avait besoin de concerter son équipe pour accorder nos violons parce que tu passeras pour la reine des connes." Scarlett secoue la tête. « Et comme tu l’as compris, je déteste passer pour une conne, donc pas d’inquiétude de ce côté-là », elle sourit, presque un peu séchement. Elle a besoin que Jo arrête de la sous-estimer, mais sait que cela fait parti du jeu.

"Je veux que ma musique plaise, du reste j’ai pas la prétention de vouloir autre chose que ça. Et puis tu sais qu’on m’aime ou pas, tant qu’on parle de moi…" Scarlett n’était pas sûre d’à quel point elle y croyait, à cette idée, Jo, mais elle la laissa jouer avec l’idée.

Sauf que Scarlett avait besoin de savoir sur quoi on pourrait parler, quand on mentionnait Jo. Et visiblement, il y avait un peu plus que la jeune femme ne voulait faire croire. "Toi non plus, tu laisses rien passer, hm ?" Scarlett penche la tête, réplique : « Ce n’est pas mon genre, non », et fait un signe du menton pour que Jo continue. "Il se pourrait que j’ai quelques problèmes pour gérer la colère. Trois fois rien." Hmmm. Le visage de Scarlett reste neutre, parce qu’elle est assez professionnelle pour ne pas laisser ses émotions la trahir. Et si elle est tout à fait honnête, elle n’est pas vraiment surprise de l’aveu de Jo. Tout le monde a ses vices et la colère semble une bonne drogue de choix pour quelqu’un de son tempérament. « Je vois », réplique Scarlett, la voix posée. « Un peu comme avec Laurie, j’imagine ? » Elle demande, sans aucun jugement. « Ce sont ce genres d’informations dont j’ai besoin, Jo, si tu veux que je fasse bien mon boulot. » Il faut que Jo accepte de se livrer un peu. « Pourquoi est-ce que tu penses que Micah n’en parlera pas ? »



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"Je sais. Je sais." répéta-t-elle deux fois, le faisant dans un gros soupir, consciente qu’en devenant une personnalité publique, elle devenait la propriété de ceux qui la suivaient de près et qui attendaient d’elle qu’elle se comporte selon leur bon-vouloir. Malheureusement, Jo n’était pas assez docile pour ça. A l’aube d’une carrière exponentielle, elle devait apprendre à l’accepter. Elle acceptait déjà qu’on lui prête des défauts qu’elle n’avait pas,  pas la dernière à revendiquer ceux qu’elle traitait comme des animaux de compagnie, des histoires qu’elle n’avait jamais vécues, il suffisait simplement qu’elle se convainc elle-même de faire un effort supplémentaire, et le tour serait joué, non ? En théorie, ce n’était pas une mauvaise idée. Seulement, elle se connaissait par coeur, et elle avait un esprit de contradiction chevillé à son envie de se démarquer de la populace ; elle savait que ça ne fonctionnait pas comme ça, qu’elle ne fonctionnait pas comme ça. Elle n’était pas facile, ça avait toujours été le cas, et ça le serait toujours dans une certaine mesure et elle ne prétendrait pas le contraire pour donner une bonne image d’elle.

En revanche, elle tenait à remettre l’église au milieu du village assez vite, la mention d’histoires lui nuisant étant soulevée par Scarlett qu’elle regarda au travers de son insolence naturelle "Commençons par mettre les choses au clair alors : j’enchaîne pas les frasques, comme j’ai pu le lire à plusieurs reprises sur les réseaux." Les gens qui se contentaient de lire en transversal ce qui sortait sur elle et qui prenaient pour argent comptant les conneries rapportées pour faire vendre du papier, elle les considérait à peine. Cela dit, elle n’ignorait pas que c’était eux qui faisaient le plus de mal à une nouvelle carrière comme la sienne "J’ai fait, en tout et pour tout, trois erreurs au cours de l’année dernière. Franchement, je trouve que y a plus alarmant comme ratio." Scarlett pourrait lui répondre que le meilleur ratio, c’était de ne pas faire d’erreur du tout, mais elle lui dirait de fermer sa gueule. Elle poursuivit "Je suis pas le cliché de la nouvelle star qui se pavane en soirée et qui accumule les conneries pour faire parler d’elle. Je fais parler de moi pour autre chose, j’ai pas besoin de ça." Ses doigts se dressèrent devant elle et elle décompta "Je bois une fois tous les dix-huit mois, je fume pas, je me drogue pas et je suis déjà casée. A côté de ça, y a pas grand-chose à savoir sur ce qui j’ai fait dans le passé — je suis pas une sainte, mais je suis pas la pire non plus." Pas de sex-tape en ligne, encore moins des nudes, et pas d’enfant caché non plus — surement quelques anecdotes de coups d’un soir à débusquer ici où là, mais elle ne s’excuserait jamais d’être une jeune femme en phase avec sa sexualité, n’en déplaise aux phallocrates qui vivaient encore chez leur maman et qui s’astiquaient la nouille sur ses passages télé en la traitant ensuite de salope sur Internet. Elle haussa les épaules, reprenant comme si elle ne s’était pas interrompue "J’estime que ce sera pas difficile de démonter les histoires qui se raconteront sur moi dans un futur proche, et tu sais pourquoi ? Parce que j’ai rien à me reprocher." Concrètement, c’était vrai ; elle avait fait des bêtises durant son adolescence, mais comme tout le monde, après tout. Maintenant, elle n’était pas sans savoir qu’elle était au centre d’une magouille dont on la rendrait forcément responsable si elle venait à être exposée. Mais encore une fois, elle ne la prenait pas en compte pour l’instant, pas assez à l'aise avec l’idée de citer des noms et mettre le doigt sur des erreurs qui n’étaient pas le siennes.

Elle en avait déjà bien assez avec celle qui lui pourrissait la vie et qui était la source de tous ses emportements. Merci papa Carter. Est-ce qu’elle devait parler de lui d’ailleurs ? Putain, même pas en rêve "Première connerie que j’ai faite l’an dernier, ouais." Elle avait encore moins envie de parler de Laurie que de Micah ou de son père. Elle se rassit sur sa chaise plus confortablement, s’aidant des accoudoirs pour le faire, et continua après un silence, sa mauvaise humeur perçant "Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Quand je raconte l’histoire et que j’explique que j’ai fait que réagir aux conneries qu’elle m’a dite, on me répond qu'il faut que j’apprenne à me canaliser. En plus, je veux pas tomber dans la facilité en me donnant le beau rôle, mais elle m’a giflée, elle aussi, tout le monde a tendance à l’oublier en la traitant comme la pauvre petite chose qui a essuyée la colère de Jo Carter. Mon cul, ouais." Cette radasse famélique, opportuniste de premier ordre qui bâtissait sa carrière sur ce que les autres lui donnaient pour la contraindre à battre en retraite "Mais merde, j’en sais rien, moi. T’as qu’à lui demander si ça t’intéresse autant que ça." Micah fût de nouveau mentionné. Ça la fit pousser un gros soupir, puis se pincer entre les deux yeux pour éviter que la moutarde ne monte trop. Elle tacha de se calmer pendant quelques secondes, et enfin, prenant à nouveau une profonde inspiration, elle se ranima pour d’abord se redresser, ensuite joindre tous ses doigts ensemble, se courbant doucement face au bureau de Thomas pour s'y accouder "Je l'ai frappé, lui aussi, et avant que tu me fasses la morale en me servant le couplet du la violence, c’est mal, je te l'ai dit : je sais que j’ai un gros problème." Pressant ses lèvres l’une sur l’autre très brièvement, elle conclut en plongeant tout aussi brièvement son regard dans le sien "J’y travaille."

Jo peut prétendre ce qu’elle veut sur comment elle s’en fiche de ce que les autres pensent d’elle, au fond, elle cherche tout de même à se justifier, à s’expliquer. Personne n’aime être le méchant de l’histoire, c’est un fait, et Scarlett constate chaque jour combien les gens sont capables d’une gymnastique mentale pour éviter toute dissonance cognitive. Cela amuse l’anglaise qui, en réalité, veut juste savoir ce qu’il en est pour pouvoir mieux cerner sa future cliente - future, oui, car la discussion d’aujourd’hui est toujours une sorte de test, Scarlett le devine bien, et elle en accepte les termes. "Commençons par mettre les choses au clair alors : j’enchaîne pas les frasques, comme j’ai pu le lire à plusieurs reprises sur les réseaux. J’ai fait, en tout et pour tout, trois erreurs au cours de l’année dernière. Franchement, je trouve que y a plus alarmant comme ratio." Scarlett lève un sourcil, presque amusé. « Quelqu’un tient le score ? » Elle demande, face au chiffre parfait que Jo est capable de lui donner. Elle est curieuse de ce que ces erreurs sont, mais elle sait aussi qu’il ne faut pas brusquer la chanteuse en lui demandant toutes les réponses d’un coup. Pour l’instant, elle se contente d’écouter ce que Jo lui présente, un portrait à la fois sincère mais qui omet le fait que, comme tout le monde, elle a des vices qui pourraient bien ressortir la mordre si elle ne faisait pas attention. Du reste, Scarlett a bien senti que Jo n’était pas exactement la diva qu’on voulait faire d’elle. « J’ai bien compris que tu n’étais pas une starlette qui s’est retrouvée là pour taper des rails gratuits ou agrandir sa communauté Instagram, Jo. Ni la diva que les gens projettent sur toi. T’es plus complexe que ça, mais dommage, le complexe, ce n’est pas la tasse des gens. Ils préfèrent mettre dans des cases, c’est plus facile à comprendre. Il faut juste anticiper et maîtriser la case qu’ils vont vouloir t’assigner. » Et c’est d’ailleurs ce qui plaît à Scarlett, la complexité du personnage de Jo, sa volatilité. C’est plus difficile à gérer, certes. Mais ça la change des clientes habituelles.

"J’estime que ce sera pas difficile de démonter les histoires qui se raconteront sur moi dans un futur proche, et tu sais pourquoi ? Parce que j’ai rien à me reprocher." Scarlett hoche la tête. « Et si c’est réellement le cas, ça facilitera mon travail. Mais j’ai bien peur que ça soit un peu plus compliqué que ça, que qui est fautive ou non », fait remarquer Scarlett, ne prenant pas le risque de sous-estimer l’intelligence de Jo de ce côté. Si le star system était si simple, qu’il suffisait d’être parfait, personne n’en serait là aujourd’hui.

"Première connerie que j’ai faite l’an dernier, ouais." Scarlett fait un signe de tête pour que Jo continue, malgré son air dédaigneux de celle qui ne veut pas en dire trop. "Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Quand je raconte l’histoire et que j’explique que j’ai fait que réagir aux conneries qu’elle m’a dite, on me répond qu'il faut que j’apprenne à me canaliser. En plus, je veux pas tomber dans la facilité en me donnant le beau rôle, mais elle m’a giflée, elle aussi, tout le monde a tendance à l’oublier en la traitant comme la pauvre petite chose qui a essuyée la colère de Jo Carter. Mon cul, ouais." Scarlett retient un sourire amusé face à l’énervement de Jo, entière dans son caractère assurée. "Mais merde, j’en sais rien, moi. T’as qu’à lui demander si ça t’intéresse autant que ça." Cette fois-ci, Scarlett se retient de lever les yeux au ciel. « Cela risque d’être mon métier, que de m’y intéresser », elle souligne, pour rappeler à Jo qu’elle n’est pas là pour chercher rumeur et ragot.

Jo semble chercher à garder son calme : de toute évidence, malgré les mois passés, cette histoire de Micah la remue toujours. "Je l'ai frappé, lui aussi, et avant que tu me fasses la morale en me servant le couplet du la violence, c’est mal, je te l'ai dit : je sais que j’ai un gros problème. J’y travaille." C’est au tour de Scarlett d’inspirer et se redresse légèrement, ne lâchant pas le regard de Jo. « Je ne suis pas là pour te faire la morale. Ça ne m’intéresse pas. Tu l’apprendras avec le temps : je ne suis pas du genre à porter de jugement moral sur ce que mes clients font. Je suis juste là pour limiter les dégâts et pour les faire apparaître sous leur meilleur jour. » C’est pour cela qu’on la paie, c’est son métier. « Et comme toujours, loin de moi l’idée d’insinuer que tu es commune, mais tu n’es ni la première ni la dernière à avoir des anger issues. » L’anglaise hausse légèrement les épaules, l’air de dire qu’elle a vu pire. « Et je ne vais pas te faire passer un interrogatoire non plus, mais avec le temps, ces erreurs récentes dont tu parles, j’aurais sûrement besoin de les connaître. Il faudra qu’on forme une équipe et que tu me fasses confiance sur ces aspects-là. Sache qu’en retour, je serais honnête avec toi, certes, mais je ne jouerais pas au momager à te dire que les choses sont bien ou mal, ce n’est pas le but. » Et elle fait confiance à Jo pour ne pas se comporter comme une enfant. Elle s’écarte légèrement, s’appuyant sur le dossier de son siège. « Tu dis que tu travailles sur ta colère… Tu mets quoi, en place ? J’ai du mal à t’imaginer faire de la médiation, mais tu pourrais me surprendre », plaisante Scarlett.


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"Je consigne tous mes méfaits dans un petit carnet, tu veux le voir ?" Connerie, elle ne consignait rien de tout ça dans un petit carnet, elle avait clairement mieux à foutre de son temps. C’était juste qu’on lui avait assez rabattu les oreilles avec sa propension à s’emporter pour savoir exactement ce qu’elle avait fait, quand elle l’avait fait. Elle rentra le menton d’un geste, ses sourcils se haussant en même temps "Vraiment ? À t’écouter parler, j’ai l’impression que tu t’attends à ce que je sois comme toutes ces starlettes justement. C’est bien toi qui m’as dit que personne n’était unique, non ? T’as changé d’avis sur la question ? T’es prête à croire que j’ai autre chose à offrir que les autres ?" Est-ce que l’aura de Jo avait poussé la jeune femme à être moins cynique à ce sujet, ou se perdait-elle dans sa façon de voir les choses ? "Je suis complexe." Elle rit doucement, levant les yeux au ciel en secouant la tête et en se décalant du bureau de Thomas, pas prête à bouffer de ce pain-là, suffisamment rodée en la matière pour savoir reconnaître les figures de style et les pièges verbaux des journaleux "Complexe, c’est un nom de code pour dire chiante. Je suis pas pro-délire féministe-woke-de-mes-deux, mais est-ce qu’on dit de Micah qu’il est complexe ? Pourtant, crois-moi, je le connais sur le bout des doigts, et il est aussi chiant que moi." Une balle perdue pour le jeune homme, elle espérait que ses oreilles sifflaient forts à cet instant-là "J’ai jamais entendu qui que ce soit le lui reprocher. C’est des conneries ça." Comme quand Midas lui disait qu’elle était difficile à comprendre. Jo avait tendance à s’en offusquer parce que c’était faux : elle avait juste les couilles d’endosser ce qu’elle pensait en le revendiquant, pas assez lâche pour vouloir se cacher derrière de la tranquillité d’esprit en contournant les problèmes, préférant cent fois mettre les pieds dedans, même si ça l’éclaboussait fort au passage. Elle haussa les épaules "Je suis déjà dans une case, et j’ai déjà anticipé qu’on m’y place bien avant de participer à l’émission de l’an dernier. Je suis lucide : je sors d’un télécrochet." En somme, à partir du moment où elle avait foutu les pieds dans le bureau des producteurs pour son pré-casting, elle avait su qu’elle serait marquée de cette lettre écarlate à vie, et que la suite de sa carrière, elle se dessinerait en fonction du personnage qu’on voudrait lui faire jouer au sein du concours dans lequel elle avait mis les pieds "Que je sois complexe —" Elle dessina des guillemets au-dessus de sa tête "— ou que je sois autre chose que ça, ça changera pas grand-chose. Ma petite case m’attend bien au chaud, et tu le sais aussi bien que moi. Le truc, c’est que je compte pas m’y installer sur la durée." Elle s’appliquait déjà maintenant à avoir un pied à l’extérieur de cette case. Du moins, c’était ce qu’elle croyait.

Jo souffla brusquement très fort "Mais c’est quoi ton genre, exactement ?" Elle commençait à s’impatienter et ce n’était pas bon signe. Posant à plat ses mains sur le bureau en verre de son attaché de presse, elle se redressa sur son fauteuil en fronçant les sourcils, visiblement agacée "C’est vrai, chaque fois que je te dis un truc, tu me réponds que c’est pas ton genre. Je veux bien te croire, mais sois précise sur la manière dont t’envisages ton boulot alors, parce que là, tu me donnes juste l’impression de vouloir me vendre une image de toi qui va à l’encontre de tout ce que j’ai connu histoire de me convaincre et de m’appâter." Un sourire carnassier remplaçant son expression courroucée, elle compléta "Je suis pas facile à appâter. Je suis complexe, t’as oublié ?" Complexe et assez indépendante pour ne pas vouloir qu’on la cajole au sujet de ses défauts. A l’exception d'un seul, elle n’avait honte d'aucun d'entre eux "Ouais, j’ai compris que nous autres, les artistes, on est tous des clichés ambulants qui partagent les mêmes névroses, ce serait le moment de changer de disque Scarlett, sinon je crains qu’on avancera jamais." Inclinant la tête sur le côté, elle l’écouta dérouler son laïus et l’arrêta au milieu, une main se dressant dans l’espace qui les séparait. Un peu plus, elle inclina la tête, un peu comme si elle l’entendait mal, la grimace qu’elle fit calée sur la même impression "T’en connais déjà deux, et je t’ai avoué que j’avais un problème pour gérer ma colère, qu’est-ce que tu veux que je partage de plus avec toi ? Je crois pas que ce soit dans tes prérogatives de connaître ma vie dans les moindres détails. Ta fonction, c’est d’agir uniquement quand on essaye de me nuire via les médias, ou alors je me plante totalement sur la définition de ton métier." Elle comprenait la notion d’anticipation, mais ça valait quand on avait quelque chose de caché sous le tapis. D’accord, Jo avait quelque chose de caché sous le tapis, sauf que ça ne la concernait pas qu’elle alors la décision d’en parler ou non, elle devait la prendre avec le principal concerné. C’est peut-être ça qui la força à redescendre juste un peu lorsque Scarlett la questionna sur la manière qu’elle avait trouvé pour gérer sa colère "J’ai dit que j’y travaillais, mais c’est toujours en cours de réflexion." admit-elle, n’ayant pas envie de lui dire qu’elle faisait ce travail-ci avec Midas, craignant donc qu’elle veuille s’en mêler en lui disant que ce n’était pas le rôle du jeune homme — ce n’était pas celui de Scarlett non plus, aux dernières nouvelles. Après une pause dense, replaça la plus grosse bague qu’elle avait aux doigts en même temps, évitant de se confronter directement au regard de la jeune femme en face d’elle quand elle lui dit "J’ai déjà réussi à admettre que j’avais besoin d’aide, c’est pas rien."

"Vraiment ? À t’écouter parler, j’ai l’impression que tu t’attends à ce que je sois comme toutes ces starlettes justement. C’est bien toi qui m’as dit que personne n’était unique, non ? T’as changé d’avis sur la question ? T’es prête à croire que j’ai autre chose à offrir que les autres ?" L’agressivité à peine déguisé et la verve infatigable de Jo pourraient en épuiser plus d’un, mais Scarlett sait parfaitement composer avec ces interractions. Pire encore, elle les adore, habituée aux joutes verbales et à s’imposer, toujours à la recherche de quelqu’un qui pourrait être son égale. Elle se demande parfois vaguement si elle a été programmée pour ça, en grandissant aux côtés de sa mère et leur relation décousue et confrontationnelle ; mais Scarlett n’aime pas s’attarder sur sa propre psychologie, encore moins sur son passé. Elle décide juste d’assumer jusqu’au bout qui elle est, peu importe les raisons. « Ce n’est pas parce que tu n’es pas comme toutes les starlettes que tu es unique non plus, Jo. Et je sais que t’as d’autres choses à offrir, sinon je ne perdrais pas mon temps ici à des joutes verbales pour travailler avec toi », elle réplique calmement sans ciller.

Jo ne semble pas comprendre que Scarlett peut la trouver complexe et à la fois commune, que ces deux choses co-existent. Scarlett n’est pas dans la confrontation par provocation, elle se sent capable de complimenter Jo en une phrase et l’attaquer lors de la suivante. "Je suis complexe. Complexe, c’est un nom de code pour dire chiante. Je suis pas pro-délire féministe-woke-de-mes-deux, mais est-ce qu’on dit de Micah qu’il est complexe ? Pourtant, crois-moi, je le connais sur le bout des doigts, et il est aussi chiant que moi. " Scarlett a un sourire en coin. « Je n’ai aucun doute à imaginer qu’un homme est chiant », commente Scarlett avec un sourire en coin. "J’ai jamais entendu qui que ce soit le lui reprocher. C’est des conneries ça." Scarlett agite sa main, comme pour balayer ce que Jo vient de dire, parce que ce n’est pas là où elle voulait aller. « T’es peut-être pas pro-délire féministe, mais je ne vais pas t’apprendre qu’on ne traite pas les hommes et les femmes pareil, et que de ce côté-là, on cherchera toujours à te piéger. » Y compris lorsque l’imbécile, c’est Micah, et non elle - même si Scarlett se doute que Jo est loin d’être la petite colombe blanche parfaite non plus.

"Je suis déjà dans une case, et j’ai déjà anticipé qu’on m’y place bien avant de participer à l’émission de l’an dernier. Je suis lucide : je sors d’un télécrochet." Sur ça, Jo est lucide, et elle a raison : c’est une case qui l’a propulsée mais pourrait la pénaliser, ce côté moins sérieux, plus télé. "Que je sois complexe ou que je sois autre chose que ça, ça changera pas grand-chose. Ma petite case m’attend bien au chaud, et tu le sais aussi bien que moi. Le truc, c’est que je compte pas m’y installer sur la durée." Scarlett lève un sourcil, légèrement sceptique. « Je ne sais pas si faire un duo avec un membre du même télécrochet aide vraiment à sortir de la case », elle note, sincère, parce qu’elle n’est pas là pour caresser l’égo de Jo - ce n’est pas son genre et elle a bien compris que ça serait inutile - « mais si c’est ton objectif, il y a des léviers à mettre en place. » Elle ne les révélera pas immédiatement, aucun contrat n’a encore été signé, et Scarlett n’est pas du genre à abattre ses meilleures cartes en premier.

Du moins, pas avant qu’elle ai terminé de convaincre Jo, qui lui donne du fil à retordre. "Mais c’est quoi ton genre, exactement ? C’est vrai, chaque fois que je te dis un truc, tu me réponds que c’est pas ton genre. Je veux bien te croire, mais sois précise sur la manière dont t’envisages ton boulot alors, parce que là, tu me donnes juste l’impression de vouloir me vendre une image de toi qui va à l’encontre de tout ce que j’ai connu histoire de me convaincre et de m’appâter. Je suis pas facile à appâter. Je suis complexe, t’as oublié ?" Scarlett se retient, en cet instant, de lever les yeux au ciel. « Mon genre, c’est ça », elle dit en agitant sa main entre les deux, « discuter, te tenir tête, te donner franchement mon avis tout en sachant que je ne pourrais pas te contrôler. Et faire mon taf, au passage, ce que je pourrais te prouver si tu acceptes enfin que je te représente », elle note.  Et Jo pourrait le savoir si elle la laissait faire son boulot au lieu de disséquer chaque mot que Scarlett utilise, mais tant pis, l’anglaise sait être patiente.

Et si elle veut un jour bosser avec Jo, il faudra qu’elle connaisse les vices de la chanteuse, qu’elle anticipe toute presse négative qu’elle pourrait avoir ."T’en connais déjà deux, et je t’ai avoué que j’avais un problème pour gérer ma colère, qu’est-ce que tu veux que je partage de plus avec toi ? Je crois pas que ce soit dans tes prérogatives de connaître ma vie dans les moindres détails. Ta fonction, c’est d’agir uniquement quand on essaye de me nuire via les médias, ou alors je me plante totalement sur la définition de ton métier." Scarlett lève un sourcil. Jo n’a en effet pas compris ce que voulait faire exactement Scarlett. « Je ne compte pas réagir seulement quand on essaie de te nuire. Je compte anticiper, te propulser au rang de star que tu ambitionnes. Et ça inclue de bosser, avec toi et ton équipe, sur ta communication, ton image de marque, garder un oeil sur l’opinion publique, l’influencer, te placer dans les bons events et les bonnes unes de magazines. Bref, faire du pr, c’est ça, mon genre, en fait », elle relève, piquante, en référence à la question que Jo lui avait posée plus tôt. « Et pour ça, je devrais apprendre à connaître tes forces et tes faiblesses du mieux que je peux. Ou du mieux que tu m’y autorises, je suppose », elle admet avec un sourire en coin.

"J’ai dit que j’y travaillais, mais c’est toujours en cours de réflexion."  Ah, donc Jo n’a pas beaucoup avancé sur la colère, relève Scarlett. "J’ai déjà réussi à admettre que j’avais besoin d’aide, c’est pas rien." Scarlett penche légèrement la tête. « On dit que c’est la première étape, oui », elle note, parce que c’est les banalités qu’on répond et, qu’en cet instant, elle ne compte pas enfoncer Jo. « On pourra en rediscuter, si tu le souhaites, si tu cherches des pistes », elle propose, sérieusement et sans jugement.

Elle se redresse sur sa chaise, et fait signe à Jo. « Du reste, j’ai déjà des idées sur comment te sortir de ta case de télécrochet et d’aimants à drama-Micah. A commencer par le choix des interviews dans le cadre de la sortie de ton album », elle note, décidant de montrer à Jo que de ce côté-là, elle sait être dans l’action aussi. « Zane Lowe me doit un service, à vrai dire, et je pense qu’il est exactement le genre de journalistes qui s’éloigne des ragôts et se concentre sur la musique, le projet artistique, tout en ayant assez de répondant pour te faire face. Et il a la réputation d’interviewer des musiciens en vogue et sérieux. » Bref, l’image que souhaitait Jo, apparemment. « Ce n’est qu’une idée parmi d’autres pour capitaliser sur la sortie de ton album. J’en ai d’autres et je pourrais te les exposer, mais pour commencer, je pensais envoyer une proposition de contrat, que toi et ton management voudront sûrement relire, amender, négocier, évidemment. »


@Jo Carter  

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@Scarlett Bridgers ☆ crédit/ssoveia

"T’as quand même une façon bien particulière de traiter tes clients." En leur rappelant sans cesse qu’ils n’étaient pas uniques, pas sûr qu’ils se sentent suffisamment dorlotés pour lui faire confiance sur la durée ; c’était comme dans le commerce ce genre de choses, il fallait donner le sentiment à celui qu’on convoitait qu’il était le seul à trouver grâce aux yeux de celui qui lui faisait la cour, c’était une méthode vieille comme le monde, non ? Mais soit, Scarlett devait savoir comment faire son métier, et sur le fond, Jo n’avait rien à redire sur le sujet. Elle avait beau ne pas aimer la complaisance, elle avait beau ne pas aimer qu’on la complimente à tout bout de champ sans que ça ne parte d’une vérité immuable, elle aimait plus que tout qu’on lui donne raison pourtant, et pire encore, elle aimait avoir le dernier mot, c’était bien pour ça qu’elle s’accrochait tant au conflit qui éclatait souvent quand elle mettait sa capacité à rebondir sur tout et n’importe quoi en route ; que Scarlett vienne du même moule ne viendrait pas entacher sa volonté de garder le contrôle de ce qui l’entourait, qu’importe qu’elle lui rabâche qu’elle n’était pas unique. Jo croyait assez en ce qu’elle était pour savoir que ce n’était pas vrai, et rien ne la ferait changer à ce propos, pas même l’éthique de travail d’une femme de son âge qui, tout en tachant de lui faire croire qu’elle n’était pas unique, se cramponnait néanmoins à l’idée qu’elle valait qu’on travaille avec elle, et qui s’obstinait. La logique de Scarlett était particulièrement difficile à suivre.

Moins que celle de Jo qui n’avait pas besoin de décodeur pour entendre ce que la jeune femme sous-entendait ici, parlant de Midas comme d’un membre du même télécrochet qu’elle. Dans les faits, c’était le cas, ça faisait partie de son parcours, et ce n’était pas une anecdote, encore moins une insulte. Ce qui l’était en revanche, c’était le dédain qu’elle voyait poindre du côté de Scarlett et qui la fit hausser les sourcils d’une façon particulière, puis lui dire, plus intransigeante avec ce qu’on disait de Midas qu’avec ce qu’on disait sur elle "Sauf que j’ai pas fait un duo avec un membre du même télécrochet que moi." la corrigea-t-elle, déterminée à aller au bout de son raisonnement "J’ai fait un duo avec le plus gros vendeur de disques du pays de ces dix dernières années. Je vais pas te faire l’affront de te lister ses accomplissements, ses statistiques et son palmarès de récompenses, t’es supposée connaître ce genre de choses, non ?" Presque dix ans s’étaient écoulés depuis que Midas avait remporté The X Factor, et s’il avait refait un détour par son plateau il y avait un an de ça, il s’était départi de cette étiquette avec un talent que Jo lui enviait et qui l’inspirait à faire la même chose, aussi vite. Il l’y avait aidé avec leur collaboration, Scarlett oubliait-elle où ce duo l’avait mené ? Elle ne laissa aucun délai s’installer quand elle ajouta sur un ton beaucoup plus sérieux, sortant du dialogue autour d’elle pour mettre quelque chose au clair, et ce serait peut-être bien la dernière fois qu’elle le ferait d’ailleurs "Tu veux travailler avec moi ? Le sous-estime pas, et c’est pas un conseil, c’est un ordre." Dans d’autres circonstances, elle aurait ajouté un petit bitch qui faisait bien, mais force était de constater que, malgré la rumeur fondée qui racontait que Jo Carter était incapable de prendre sur elle, elle était parfois capable de le faire, mais dans une certaine mesure seulement.

Elle s’impatientait, recentrant le dialogue sur ce qui les réunissait ici, passant très vite sur son problème avec la colère sur lequel elle ne préférait pas conférer maintenant. Sa langue claqua contre son palais, signe que son flegme déclinait "J’ai compris ça, c’est pas ce que je te demande." Elle balaya la réponse qu’elle lui accorda pour remettre sa stratégie en avant d’un geste vaporeux de la main et reprit dans la foulée "Ce que je veux savoir, c’est si tu sauras rester à ta place. Faire de la relation publique, c’est pas être assistant personnel ou agent de célébrité. J’ai pas besoin que t’interviennes dans ma vie privée, encore moins que tu te sentes pousser des ailes en me donnant ton avis ou en me donnant des conseils sur autre chose que sur ma communication dans les médias, c’est clair pour toi ?" Elle restait traumatisée par le comportement de Cassandra, supposée n’être qu’une assistante personnelle, qui s’autorisait bien plus auprès de Midas que ce que son statut officiel lui incombait en vérité "Je comprends l’idée d’anticipation, surtout si on prend en compte ma personnalité." Elle hocha la tête, continuant en même temps "Je comprends le besoin de connaître des choses à mon sujet pour mieux nous représenter, moi et mes intérêts. Mais j’ai jamais été un livre ouvert, c’est difficile pour moi." admit-elle, sérieuse, ne s’y arrêtant pas cependant, et poursuivant "Je le deviendrai pas du jour au lendemain sous le prétexte que t’es du genre à pousser dans les retranchements pour obtenir ce dont t’as besoin pour faire du bon boulot. Je suis honnête, reste que j’ai pas envie d’exposer certaines choses à propos de moi." Un très court instant, elle pressa ses lèvres l’une contre l’autre, l’écoutant lui dérouler la suite de sa méthode de travail que Jo assimila, un sourire inversé et la tête inclinée accompagnant ce qu’elle laissa échapper "Et donc, c’est quoi la différence entre ton boulot et celui d’un agent ? Parce que là, j’ai beau savoir que je suis pas demeurée, j’ai du mal à faire la distinction. J’ai l’impression que ce que tu me proposes là, c’est déjà ce que fait mon agent, et je saisis pas la nuance, alors explique-moi pour m’aider à prendre ma décision et envisager de te faire confiance." Elle ne changerait pas d’agent, il faisait déjà un travail remarquable en ce qui la concernait, et avait réussi à la placer sur tellement d’événements, d’interviews prestigieuses et de talk-show que ce que Scarlett lui donnait l’impression de faire dans l’immédiat, c’était rien de moins que de la surenchère dont Jo n’avait pas besoin. Néanmoins, elle lui avoua "Je vais pas te mentir en te répondant que je suis pas intéressée par Zane Lowe." Elle savait reconnaître les bons plans Jo, et celui-ci en était un qui l’aiderait à polisser un tantinet son image à la sortie de son album ; il la forcerait aussi à une certaine forme d’introspection, et ce n’était un secret pour personne : ce n’était pas son fort, comme elle l’avait dit quelques instants plus tôt "Mais je sais pas, j’ai un mauvais pressentiment avec toi." finit-elle par lui avouer, les paupières plissées, le regard porté sur elle, en ne réussissant pas à savoir pourquoi exactement, elle ne réussissait pas à réellement saisir les intentions de la jeune femme qui se trouvait face à elle.