rumors fly through new skies

@millie butcher

(c): kylieverzosa (gif), luleaby (codage).

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"Et ils sont nombreux, ces gens-là ?" Ceux qui forçaient Millie à parler de la disparition de son frère ? Mavis lui posait la question par simple curiosité. De toute façon, elle ne pourrait pas faire grand-chose pour elle si ce n’était lui répéter qu’il en allait de sa santé mentale de ne pas se laisser parasiter par la volonté des autres à faire d’elle un âne qui parle pour assouvir leur besoin morbide de savoir ce qu’elle avait dans le coeur et dans la tête. Ça ne regardait qu’elle, la blonde n’en démordrait pas. Elle laissa un rire lui échapper quand elle lui dit qu’elle aimerait être plus comme elle. L’amertume qu’elle ressentait à cette idée la fit réfléchir un instant pour enfin lui répondre "T’as d’autres qualités, et pas des moindres, si tu veux mon avis." Elle était trop fière pour lui faire comprendre qu’être froide comme elle, ce n’était pas toujours une bonne chose, que c’était au contraire une tare profonde qui la rendait bien moins fréquentable qu’il n’y paraissait. Elle trouvait tout son équilibre dans sa gestion impitoyable de son destin Mavis, elle entendait toutefois parfaitement que si elle laissait un peu plus de lest à l’imprévu, elle serait plus apte à ressentir tendresse et compassion pour autrui. A de rares exceptions près, comme avec Millie, ça lui venait plutôt naturellement, aussi dans une majorité des cas, elle devait puiser bien loin en elle pour se connecter à cette fonction somme toute humaine que tout un chacun avait par défaut dans son système. Pas elle. D’où la nécessité qu’elle continue à consulter, encore fallait-il qu’elle en ressente l’envie.

Elle avait autre chose à faire. Sur l’instant présent, c’était d’être aux côtés de Millie qu’elle aidait à démêler les agissements de sa soeur pour essayer de mieux les comprendre. Elle aurait aimé prétendre le contraire, mais Mavis n’avait pas la science infuse. Son savoir s’arrêtait à la limite de ce qu’elle avait appris dans les livres, de fait mettre des mots sur la manière dont Ottie gérait son deuil, c’était hors de sa portée. Elle tentait de le faire autant que faire se peut, ne serait-ce que pour soulager Millier qui souffrait indéniablement de tout ça "Peut-être que ça vous ferait du bien de discuter toutes les deux, en tête-à-tête." Elle haussa les épaules, lâchant celles de Millie pour se remettre convenablement droite, dans le sens de cette marche le long des rangées de livres au milieu desquels elles déambulaient depuis tout à l’heure, leurs recherches étant devenues le cadet de leurs soucis "Tu sais, au moins pour qu’elle prenne conscience que tu veux rester la plus éloignée possible de l’histoire qu’elle raconte." Ses yeux se posèrent sur les tranches des livres qu’elles dépassaient lentement, absorbées par leur discussion "Parce que même si c’est vrai qu’il est trop tard maintenant, t’as quand même toujours le droit de t’opposer à ce qu’elle raconte, à ce qu’elle racontera quand le film sortira. Il faut qu’elle l’entende, qu’elle l’accepte, surtout." Fronçant les sourcils, Mavis tourna enfin la tête vers Millie pour lui proposer "Je pourrais t’accompagner si tu veux. Juste pour que quelqu’un soit pas trop loin, au cas-où." Elle ne craignait pas que les soeurs Butcher se battent comme des chiffonnières, ce n’était pas ça le contexte de sa proposition. Elle voulait simplement qu’au cas-où des choses déplaisantes soient dites, Millie ne soit pas seule pour les accuser. Elle prendrait sa défense assurément, le débat n’avait même pas besoin d’exister, pas même quand elle lui demanda ce qu’elle, elle ferait. Là, Mavis laissa un sourire en biais fendre très subtilement ses lèvres "Je suis pas sûre d’être la mieux placée pour donner ce genre de conseils au fond." Elle ne voulait pas avoir à admettre qu’à la place de Millie, elle aurait déjà tout fait pour détruire la jeune femme, et ce au sens propre du terme. Alors elle préféra la version la plus acceptable, ajoutant en substance "Je pense que j’irais, oui. Au moins pour confirmer que j’ai fait tout ce que j’ai pu, et avoir la conscience tranquille." Ça te ferait pas de mal Millie, d’alléger la tienne, songea-t-elle, très brièvement, dans l’intimité de ses pensées.

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@mavis barnes

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« Et ils sont nombreux, ces gens-là ? » Elle fronça le bout de son nez; elle aurait aimé que la réponse soit négative à cette question. « Tu sais, avec les réseaux sociaux maintenant, ils sont même plus nombreux qu’avant. » Parce-qu’à l’époque où Reggie avait disparu, les journalistes embêtant étaient ceux qui attendaient devant leur maison avec leur appareil photos et leur microphone; maintenant, n’importe qui ayant un téléphone portable et réussissant à faire un post devenant viral sur les réseaux pouvait être une bête noire pour les personnes ayant une histoire un brin croustillante. Peut-être était-elle devenue paranoïaque avec les années et les expériences, mais il arrivait encore aujourd’hui à Millie de changer de trottoir à certains moments lorsqu’elle n’était pas sure qu’un regard trop insistant dans sa direction ne soit pas annonciateur d’un moment oppressant pour elle si elle continuait dans cette direction. « T’as d’autres qualités, et pas des moindres, si tu veux mon avis. » Elle eut un petit rire. « Elles m’aident pas beaucoup malheureusement. » Si elle avait l’assurance et l’aplomb de Mavis, elle pourrait mieux s’en sortir qu’elle ne le faisait aujourd’hui, pour sur.

« Peut-être que ça vous ferait du bien de discuter toutes les deux, en tête-à-tête. » Elle échappa un soupire, long mais presque silencieux; elle se doutait bien que c’était là la réponse raisonnable à ce genre de question, mais ce n’était pas pour autant que c’était ce qu’elle désirait entendre. « Tu sais, au moins pour qu’elle prenne conscience que tu veux rester la plus éloignée possible de l’histoire qu’elle raconte. » - « J’avais espéré qu’elle s’en rende compte avant que j’ai besoin de lui répéter en face, mais c’était idiot de ma part. » Parce-que ce n’était pas comme si la mésentente entre les deux soeurs partaient initialement du fait qu’elles n’avaient pas la même vision de la situation, justement. Ottie avait simplement décidé que ce n’était pas nécessaire de prendre cette information à en compte. « Parce que même si c’est vrai qu’il est trop tard maintenant, t’as quand même toujours le droit de t’opposer à ce qu’elle raconte, à ce qu’elle racontera quand le film sortira. Il faut qu’elle l’entende, qu’elle l’accepte, surtout. » Le regard de Millie passait sur les livres sans en voir les titres, alors qu’elle s’imaginait arriver devant sa soeur pour discuter avec elle; cela lui fila un froid dans le dos. « Je pourrais t’accompagner si tu veux. Juste pour que quelqu’un soit pas trop loin, au cas-où. » Ce ne fut qu’à ce moment là qu’elle releva son regard vers la blonde. « Au cas où me vienne l’envie de m’en prendre à elle ? » Elle ajoutait là ce commentaire avec un petit sourire, parce-qu’il ne sait jamais évidemment question de ça: elle n’était pas apte à faire mal à la moindre mouche. Et promis, le commentaire était là uniquement pour décharger l’atmosphère de son côté, pas pour l’alourdir ou faire référence à quoi que ce soit. Elle finit par esquisser un petit sourire. « Ca me ferait pas de mal, de pas être seule. Au moins de savoir que quelqu’un est dans le coin. » Pas qu’elle avait peur de sa soeur ou de ce qu’elle serait capable de faire, mais disons que leurs discussions l’anéantissaient à chaque fois - si Millie avait quelqu’un sur qui se reposer en bout de course, ça pourrait lui faire du bien, pour une fois.

« Je suis pas sûre d’être la mieux placée pour donner ce genre de conseils au fond. Je pense que j’irais, oui. Au moins pour confirmer que j’ai fait tout ce que j’ai pu, et avoir la conscience tranquille. » Elle inspira. « Je vais la contacter déjà. En espérant qu’elle ait pas changé de numéro de téléphone. » Elle haussa vaguement les épaules. « Je suis même pas sure qu’elle acceptera de me voir, mais j’ai trop attendu un miracle qui viendra clairement jamais. » Millie avait tenté par des moyens et chemins annexes de se sortir de ce pétrin, sans succès; prendre le taureau par les cornes étaient peut-être nécessaires, désormais. « Ca me fatigue déjà d’avance. » Qu’elle laissa échapper dans un soupire; elle s’était tant battue pour garder cette partie là de sa vie loin d’elle, de rester elle à l’abris des regards - et voilà que pour réussir peut-être une bonne fois pour toutes à ce que ce soit le cas, elle allait devoir volontairement se montrer à visage découvert.

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Mavis avait omis les réseaux sociaux. Elle hocha simplement la tête pour acquiescer à ce que Millie ajouta donc pour qu’elle se retrouve enfin avec toutes les cartes en mains, et l’espace d’un instant, elle réalisa vraiment ce qu’avait dû être sa vie ces dix dernières années. Leur situation avait été différente, la disparition de Marion n’avait pas été médiatisée si ce n’était au travers des récits romancés de Baz qui n’était pas assez courageux pour écrire d’un point de vue autobiographique comme l’avait fait Ottie. Personne ne s’était tout à fait intéressé à ce qui s’était passé pour la famille Barnes si ce n’était leurs proches, peut-être parce qu’ils jouissaient de ressort ici où là pour ne pas ébruiter des faits et des soupçons. Elle n’en savait rien, elle savait juste qu’elle n’aurait pas aimé se retrouver dans la position de Millie aujourd’hui, bien qu’elle aurait certainement trouvé le moyen de le tourner à son avantage et de prendre l’ascendant sur ce qu’on essayait de lui faire subir.

Millie y arriverait, elle aussi. Mavis ne mentait pas lorsqu’elle la disait capable de tout "C’était pas idiot." lui fit-elle remarquer, secouant la tête de droite à gauche en fronçant les sourcils pour bien marquer sa désapprobation "T’es trop dure avec toi-même." remarqua-t-elle encore une fois, se souvenant qu’elle lui avait déjà fait cette réflexion une fois, il n’y avait pas si longtemps que ça. Millie avait le droit de nourrir des espoirs en ce qui concernait ses proches, en ce qui concernait sa soeur. Mavis parvenait à le comprendre sans aucun mal, parce que quand Marion était encore en vie, et qu’elle espérait qu’elle lui laisse un peu de place, elle s’était souvent retrouvée déçue de se rendre compte que c’était en vain. C’était ça qui avait alimenté sa haine au fil du temps, alors en effet, elle réussissait à le comprendre sans avoir besoin de trop s’enfoncer en elle-même — ça dormait toujours quelque part, ça n’était pas parti en même temps que sa jumelle dont l’image lui traversa l’esprit quand, proposant à Millie de se joindre à elle si jamais elle comptait s’entretenir avec Ottie, cette dernière lui fit une réflexion qui la rendit suspicieuse. Elle tourna la tête vers elle "Non." lui répondit-elle, la voix blanche, le regard fixé sur elle "Je te crois pas capable de faire du mal à qui que ce soit, surtout pas à ta soeur." Pas comme moi, pensa-t-elle en sourdine, détournant enfin le regard pour décréter, sans délai "Alors si ça te ferait pas de mal de pas être seule, tu le seras pas ; je viendrai, compte sur moi." Et si c’était Ottie qui tentait quoi que ce soit pour déstabiliser sa soeur, Mavis s’en chargerait. Elle ne savait pas encore de quelle façon, mais rien ne lui faisait vraiment peur à ce sujet, était-ce utile de le préciser ? Prenant de nouveau Millie par les épaules lorsqu’elle l’informa qu’elle allait faire le nécessaire pour contacter Ottie, elle laissa échapper un "Je sais." en réponse à l’expression de la fatigue anticipée qu’elle ressentait, et lui proposa dans le même temps, sans la lâcher "Bon, tu veux pas prendre une pause dans tes recherches pour le boulot et aller manger un morceau ?" Tournant et levant la tête vers elle, elle ajouta "On a tout le reste de l’après-midi, les livres ne vont pas s’envoler."

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Depuis le début, dès lors que Reggie avait disparu, Millie avait toujours été ferme sur un point mais qui semblait ne pas être entendue: elle n’appréciait pas la couverture médiatique que leur apportait cette histoire, leur histoire. Certes, il y avait du bon à exposer les faits, puisque cela pouvait peut-être permettre de retrouver son frère plus rapidement avec l’aide de tout le monde et n’importe qui; mais à eux, à elle, cela lui avait fait plus de mal qu’elle ne l’aurait jamais imaginé. Et avec l’expérience qu’il avaient tous vécu à l’époque, elle s’était naïvement dit que sa soeur n’essayerait pas d’aller au delà, d’en ajouter une couche supplémentaire - et pourtant, une fois de plus, elle avait réussi à la décevoir. C’était étrange, comment certaines personnes réussissaient toujours à faire pire de fois en fois. « C’était pas idiot. T’es trop dure avec toi-même. » Elle plissa quelque peu le bout de son nez: c’était quand même pas très malin de sa part, elle aurait du savoir mieux. Qu’importe ce que Mavis aurait à dire sur ce point, elle savait qu’elle aurait du se préparer davantage à ce que ce retournement de situation arrive - et qui n’en était un que pour elle, qui plus était.

« Non. » Elle haussa un sourcil. « Je te crois pas capable de faire du mal à qui que ce soit, surtout pas à ta soeur. » Elle esquissa un petit sourire, reflétant que les paroles de la jeune femme lui allaient en réalité droit au coeur. « C’est gentil. » Et c’était surtout vrai: elle serait pas vraiment capable de faire du mal à qui que ce soit, même si elle y mettait toute sa bonne volonté, ce n’était pas dans son caractère ou ses habitudes. « Alors si ça te ferait pas de mal de pas être seule, tu le seras pas ; je viendrai, compte sur moi. » Son regard remonta en direction de la blonde, empli de la reconnaissance qu’elle éprouvait à son égard. « Me dis pas de pas le dire cette fois. » Parce-que cela devait au moins lui faire douze fois qu’elle lui demandait d’arrêter, rien que dans cette conversation. « Merci. » Elle n’avait pas senti autant de soutien dans cette situation depuis une période qui lui semblait bien trop longue pour réellement être prise en compte et calculée; savoir pour une fois qu’elle ne serait pas seule pour faire face à ce qui pourrait être considéré comme sa plus grosse bête noire, ça faisait du bien. « Je sais. » - « Et je sais aussi qu’elle aura du mal à comprendre où je veux en venir et pourquoi j’agis comme ça. » Faisant rouler ses lèvres l’une contre l’autre, elle finit par hausser les épaules. « Au moins j’aurais peut-être un peu plus de réponses que d’habitude à la prendre de court. » Millie ne pouvait en être sure, mais comme elle le disait: jusque maintenant, les méthodes qu’elle avait utilisé n’avaient pas fonctionné, alors autant changer de tactique.

« Bon, tu veux pas prendre une pause dans tes recherches pour le boulot et aller manger un morceau ? On a tout le reste de l’après-midi, les livres ne vont pas s’envoler. » A la proposition de Mavis - qui permettait également de changer de sujet, elle dirait presque amen à cette option là -, elle laissa un petit rire lui échapper. Il était sincère, et plutôt léger. « Je dis pas non à cette idée. » Alors déjà, ses doigts arrêtaient de parcourir les arêtes des livres qu’elle avait devant elle pour replacer son sac sur son épaule et orienter sa marche vers la sortie de la bibliothèque. « Je dis pas non à un café non plus. » Parce-que si ses recherches ne composaient qu’une partie de sa journée et que cette dernière n’était effectivement pas terminée, elle savait très bien qu’elle ne trouverait pas le sommeil ce soir ou que bien tard - il lui fallait de quoi anticiper et affronter ce moment de vide en ayant au moins l’énergie d’être productive. « Tu choisis où on déjeune mais c’est moi qui invite. » Ce n’était pas une question, et bien sur que c’était pour la remercier - pour aujourd’hui, et pour ce qui arriverait surement prochainement aussi.