Toute fatiguée des émotions qui t’ont submergé ces dernières heures, cumulé à ton manque de sommeil, autant dire que le joint a l’effet thérapeutique voulu. T’es toute engourdie de celle qui prend sa dose pour la première fois. Il faut dire que ça fait longtemps que tu n’en avais pas fumé et que t’es particulièrement plus faible et donc sensible aux effets. Ça ne te dérange pas. Si ça t’apaise, tu ne vois pas pourquoi tu t’en priverai.

La deuxième (ou la première) chose qui t’apaise et cela, malgré ce qu’il s’est passé tantôt, c’est Jordan. Les tensions se sont effilochées et le calme est aussi apparent que réel. Ça fait du bien. T’avais peur que quelque chose soit brisé. Tu sais ta capacité à pouvoir briser ce qui t’entoure quand tu ne vas pas bien. Mais d’habitude, tu as bien plus de mordant, tu ne te mets pas à pleurer à la moindre contariété. Si tu le pouvais, tu te secouerai toi-même. Tu n’arrives pas à accepter cette nouvelle facette de toi-même. La pleurnicheuse. Tu n’aime pas ça et tu n’aimes pas le faire subir à tes proches. Tu n’aimes pas non plus te sentir à cran, sous tension, observée, avec une épée Damoclès sur la tête. Il n’y a rien d’appréciable dans cette situation.

A part le cadre dans lequel vous vous trouvez actuellement. C’est un beau cadre. Tu avais oublié que la vue était si belle. « Tu veux pas un plaid ? » Jordan te frotte le bras alors que, sous la question, tu frissonnes légèrement. “Pourquoi pas. Y’a une petite brise, j’avais pas fait gaffe.” Vous êtes au bord de l’eau et en automne, après tout, il ne faut pas l’oublier. « Je peux chanter un truc ouais… » Tu as un jukebox humain à tes côtés et quoi de mieux pour combler ce silence qui est loin de l’être dans ta petite tête ? Tu t’écarteras sans sourciller quand Jordan se lèvera pour aller te chercher un plaid, un qui vous appartient et que tu portes jusqu’à ton nez pour le renifler avant de reposer la tête sur ses cuisses quand il sera de nouveau installé. « Tu as des demandes particulières pour les chansons ? » Tu hausses une épaule, les paupières flirtant déjà avec le précipice du sommeil. “Comme tu veux. Même une comptine m’irait.” Ta main va sur ses genoux avant de tendre le plaid jusqu’à ton nez mais uniquement pour le protéger un peu aussi. “Je pense pas…”, un baillement s’étire. “...Que je vais tenir toute la première chanson. L’herbe m’a explosé.” Que t’affirme en frottant de nouveau ton oeil avant de reprendre sa main autour de toi. “Je veux juste ta voix. Elle m’a manqué. Tu m’as manqué. Tu m’as fait tenir aussi…” Tu dis, déjà à moitié comateuse, sans vraiment prendre conscience de tes propos. Même s’ils sont vrais car la perspective de le retrouver, de retourner à cette vie que vous avez construite t’a donné la force nécessaire à t’enfuir, à établir une stratégie de fuite. Il est important, Jordan. En haut de ta liste personnelle. C’est la personne de ta vie. Y’a pas de doute possible.

« I'm 11 minutes away… » Tu ne connais pas la chanson, ou alors tu l’as oublié, mais en tout cas, rien que l’entendre te fredonner pas loin pour t’aider à te plonger complètement dans le sommeil, ça te suffit entièrement. Jordan aurait pu te chanter la chanson de Petit Papa Noël que ça t’aurait convenu aussi. Tu utilises les bords de la couverture sur vous en guise de doudou, ton doigt retournant dans ta bouche comme tu étais gosse alors que tu te recroquevilles du mieux que tu peux avec ton plâtre. T’es clairement en train de redevenir à l’état de foetus. Ca serait bien trop idyllique que tu te réveilles sous un jour nouveau, comme une renaissance ; mais ça ne fonctionne pas comme ça. Cependant, à la lumière jour éclatant, au bruit de la voix de Jordan et bercée encore plus par ses doigts contre toi, en plus de son torse que tu sens derrière ton crâne, tu ne mets pas longtemps à partir vers Morphée.

Et c’est bien, ça fonctionne, tout se déroule à la perfection. Tu dors plus d’une heure sans te réveiller, sans bouger, sans cauchemar, sans peur. T’es juste détendue sur les cuisses de ton fiancé dans un lieu sûr qui respire l’odeur d’iode mélangé au cadburien. Tout sonne comme la maison. De toute façon, tu n’as pas vraiment de maison. La tienne a maintenant une histoire trop lourde à porter ; elle en avait déjà une auparavant mais là, tu es pleinement touchée, c’est beaucoup moins excitant et carrément plus flippant.

Quand t’émerge, tu sens qu’on t’embrasse les cheveux. Tu frottes de nouveau ton oeil puis tu passes ta main sur ta bouche car t’as un peu bavé, oopsie. « Tu m’avais dit que Sasha faisait du piano nan ? » “Uh ?” T’es un peu déphasée et la question de Jordan te fait un peu (beaucoup) bugué. “Quoi? Un piano ?” Tu bailles tout en te retournant sur le dos afin de pouvoir le voir. “Ouais, il en fait.” Tu réponds en passant tes mains sur tes joues et sur tes yeux pour les réveiller un peu plus. “T’es déjà en manque ?” Tu demandes avec un petit sourire en jouant avec les pans du plaid remonté contre toi. N’empêche, tu prives ton fiancé de sa chérie Mona Lisa. Ce n’est pas étonnant qu’il soit en manque.

« Il a un piano ici ? Je demanderai à Aurora si je peux en ramener un sinon. » T'essaie de te rappeler s'il y en a un ou pas. A vrai dire, il ne serait pas surprenant que Sasha ait un piano électrique dans sa chambre. Aurora doit lui rappeler souvent de s'entraîner entre ses cours. Elle lui parle souvent de Malachi, du grand violoniste et pianiste qu'il est. En tout cas, tu la visualises bien faire ça car elle était déjà pareille avec Lila quand, plus jeune, cette dernière s'était mise en tête de vouloir faire de la guitare. Inutile de préciser que ton aînée a plus d'impact autoritaire sur son fils que sur votre sœur. « Pas Mona Lisa bien sûr. » Ah, en pensant à la bestiole, elle pointe le bout de sa queue, tu penses avec un léger sourire. « T’imagine ? Quelle tête elle ferait Aurora si je ramène un piano à queue dans sa maison. » Ton sourire devient amusé face à l'image que ça te procure. Oh tu imagines bien la tête d'aurore, oui. « Elle m’aimerait plus. » Alors là… “Dramaqueen.” Tu ne peux pas t'empêcher de souffler en le pinçant légèrement au flanc.

« Sinon j’achèterai un petit piano électronique mais la salle de jeu est assez grande pour le caser là. » Puis t'es quand même surprise. “Mais t'en as pas un portatif déjà? Je sais pas pourquoi j'ai cru que t'en avais un.” Tu marmonnes en fronçant le nez. Puis tu hausses les épaules. “Tant que t'en fais pas dans la nuit et Sasha n'en est pas distrait de ses cours, Aurora devrait avoir aucun problème.” Il faut tout de même que vous respectiez les lieux et l'endroit, c'est sûr. Elle est gentille de vous accueillir déjà et Jordan a autant conscience, voire plus, que toi.

Tu finis par te redresser complètement en grimaçant légèrement, main en bas du dos, avant de te tirer les bras dans les airs. Puis de retomber contre Jordan, son épaule cette fois. Tu risquerai de te rendormir si tu te rallonges. “J'ai bien dormi. Tu fais un bon oreiller.” tu dis, le menton sur son épaule avant de déposer un bisou sa joue avant de poser ta tête contre son épaule. Tu profites de ces instants de paix que ton cerveau te procure. Ou plutôt que tu lui forces. “Par contre, ramène pas Mona Lisa. Aurora risquerait de te foutre à la porte et en plus, je te veux pour moi pour le moment.” tu formules avec une voix protectrice en l'emprisonnant de tes deux bras autour de lui. Jordan est bien là, ça te fait toujours autant de bien de le remarquer et constater.

« Ouais j’en ai un mais il en existe des plus petit si jamais la place est un problème. » Ah, donc tu n’avais pas rêvé. Il faut dire que tu ne fais pas plus attention aux pianos, tant qu’ils ne viennent pas envahir votre maison au point d’en croiser à tous les coins, tu n’es pas regardante dessus. En tout cas, tu comprends que Jordan n’a pas un piano pour toutes les circonstances et ça te fait un peu sourire, voire ça t’amuse car qui aurait cru. Certainement pas toi.

Puis son bras vient autour de toi pour te presser un peu plus contre lui, son baiser dans tes cheveux qui te fait brièvement fermer les yeux. « Tu m’auras toujours pour toi. » Tu l’espères. Tu feras tout pour. Tu ne conçois pas ta vie sans lui dedans. Et, égoïstement, tu veux être sa priorité à tous les instants. Comme lui l’est pour toi. Tu ne dénigres pas le reste de tes proches et de ta famille, mais tu ne peux pas dénier que celui qui t’a insufflé le plus de force et de motivation à t’en sortir par toi même est celui là même qui te tient contre lui. Tu n’avais pas de but concret auparavant - oh, tu n’en as toujours pas, à vrai dire. Mais tu as l’ambition de continuer de vivre, et à ses côtés surtout. Non pas que tu manques de rage de vivre, même si par moment, tu te retrouves à caresser l’idée qu’être morte ne serait pas si terrible, mais une motivation supplémentaire n’est jamais de trop dans une situation pareille.

« Mais j’ai besoin de jouer pour ma santé ça me… C’est comme la thérapie, le piano, jouer du piano c’est une de mes béquilles. » Tu mords ta joue. Tu entends bien que c’est en grande partie à cause de ce qu’il t’est arrivé que Jordan a perdu ses repères. Tu sais qu’il a besoin d’une situation stable dans sa vie pour être bien dans sa tête et, ce n’est pas le cas actuellement. A cause de toi. La réalisation fait mal. Mais c’est normal ; Jordan est celui qui te porte mais il faut bien qu’il réussisse à se porter lui même aussi. Tu prends conscience que tu n’as même pas demandé ce qu’il avait vécu. Il faut dire que tu as été très muette au point d’être amuïr face à tout ce qu’il s’est passé. Le moins t’en sais, le mieux tu te portes, tu ne le répétera jamais assez. « J’irai en récupérer un demain. Tu me diras si y’a des trucs que tu veux que je ramène que j’ai pas pensé. » Tu hoches lentement la tête même si tu ne penses pas que quoi ce soit manque pour l’instant, t’en sais rien. « Je sens que je vais squatter son jardin, la vue est tellement apaisante. » Il dit alors que toi, tu cogites encore sur ses mots d’avant. Sur la réalisation. T’as été tellement dans ton malheur et dans tes propres émotions quand t’en oublie que Jordan, et tous tes proches, ont subi aussi. “Comment tu vas ? Genre… Vraiment ?” Tu demandes en tournant la tête vers lui, ta main allant se poser sur son torse que tu caresses à travers son vêtement. “Je… Je réalise pas que ça a été aussi un impact pour toi, pour les gens autour de moi.” Tu avoues en fronçant le front. “Je sais que t’as besoin de stabilité sur tous les plans et je… Je suis désolée de t’avoir enlevé tout ça.” Tu dis en pinçant tes lèvres… Tes yeux piquant de nouveau. For godsake. Tu vas frotter ton nez contre son épaule avant d’y déposer un baiser. “A cause de ma naïveté et mon manque de jugement, tout le monde pâtit.” Que t’ajoutes en reniflant, mais sans laisser les larmes envahir son visage. Tu ne les laisses pas. T’as assez évacué comme ça. T’en as marre de pleurer.

« C’est pas de ta faute Bird. C’est toi la victime dans tout ça. » Tu as forcément dû attiser quelque chose malgré tout. Ce n’est pas possible qu’Alistair en soit venu à de tels extrêmes sans que tu n’y sois pour quelque chose d’une façon ou d’une autre. Tu lui as peut-être fait croire à une ouverture ou une possibilité à un moment donné ou un autre. Tu te refais ici et là les scènes que tu as eu avec lui, ces moments où il venait t’aider, où t’apportait le petit déjeuner ou même le déjeuner. Quand il t’emmènait au restaurant certains midis. Qu’est-ce que tu avais pu être conne. Tu es juste optimiste quant aux hommes et leurs façons de penser. Ce n’est pas la première fois que tu te fais avoir alors le problème doit forcément venir de toi. Tu as forcément dû jouer un rôle là-dedans.

En guise de réponse, tu hausses une épaule. Tu n’es pas totalement convaincue, même si tu sais que tu l’es, une victime. « Il faut juste que je réajuste plus rapidement, que je ne cherche pas à voir la stabilité sur le long terme pour l’instant. Voir que le plan du lendemain ça m’aide car c’est concret ça. » Alors que toi, tu ne visualises même pas le plan du lendemain. Mais si Jordan le connait, tant mieux, ça en fera l’un de vous deux. Tu le laisses en pleine charge, tu te laisses totalement guider par ton fiancé car devant toi, il n’y a qu’une énorme brume dans laquelle tu avances en tâtonnant. « Je me rends compte que ça va pas trop mais dès que je me souviens que j’aurai pu être en train de préparer tes funérailles ça me donne un peu plus de répit et mon cerveau me donne plus de capacité à tenir. » Toute cette phrase te fait mal au cœur et te tord le ventre. T’essaie de ne pas en être trop émotive mais… C’est violent quand même. Jordan ne le réalise pas car il est parfois brute et pure dans ce qu’il pense, son honnêteté faisant toujours surface ici et là, qu’importe le contexte. Tu ne lui en veux pas ; tu lui as demandé comment ça allait et t’es contente de voir qu’il n’essaie pas de minimiser les choses. Ça fait mal mais, comme il le dit, ça prouve que tu es vivante. Ca te fait quelque chose parce que tu peux encore partager ce genre de moments. Même si cela n’atténue en rien tout ce que ce merdier amène avec lui.

Jordan caresse ta joue et embrasse ton front, dans un geste doux qui te fait du bien malgré les pensées incessantes en toi et toutes ces ondes négatives qui reviennent en force dans le creux de ton être. « C’est pas facile mais on va retrouver un nouvel équilibre à un moment donné. Et puis là ça. » Tu tournes ta tête en suivant sa direction vers le paysage qui s’offre à vous. « Ca ça va aider de fou. C’est… Une belle béquille. » La terre. L’eau. Les éléments. Il suffit de la base de la vie pour se rappeler à quel point elle est belle. Ouais enfin pour l’instant, t’es loin de trouver la vie belle. Si déjà tu pouvais ravaler l’eau qui menace sur la lisière de tes yeux, ça serait déjà très beau. « Ca va aller ici. Faut juste que je fasse de cette salle de jeu une pièce un peu plus à nous… Mais… J’en parlerai avec Aurora et Sasha avant, je veux pas changer drastiquement mais juste… Rajouter des meubles peut être et enlever certains jeux aussi pour que la place soit à nous mais… On verra. Je veux pas m’imposer non plus. » Tu hoches la tête en te remettant contre lui. “J’espère que t’as raison.” Pour tout. Surtout sur le fait que ça ira. Qu’il tiendra et que tu t’en sortiras. Le chemin te paraît tellement long. Tu es une telle boule de tristesse dans le corps. “Je suis contente que tu sois là. Je… Je sais pas comment j’aurai fait sans toi.” Il est ta lumière te guidant à travers la brume, très clairement. C’est niais mais tu n’as pas meilleure image en tête. “C’est toi ma béquille et je sais que je t’en demande beaucoup.” Tu souffles avec une voix un peu enrouée car ça t’attriste profondément. Tu peux être un poids, une lourdeur, tu le sais ; là, tu vas l’être encore plus. Tu n'arrives pas sans lui, tout simplement. Ça ira avec le temps mais pour le moment, l’espoir n’est pas encore au rendez-vous. Pour l’instant, c’est l’acceptation le plus compliqué.

« Tu peux me demander ce que tu veux. » Malheureusement, tu ne peux rien lui demander de concret qui pourrait te faire aller mieux. C’est juste une lutte entre toi et toi-même ; la seule chose que tu veux de Jordan est sa présence. Ses câlins, ses bras, ses baisers, son soutien. L’assurance qu’il est là, près de toi, ça aide pour apaiser ton âme. Seulement, tu as vu tout à l’heure que lui aussi peut être à cran ; t’as conscience que ça peut être beaucoup. Il ne le réalise pas non plus lui-même. Et si d’ici une semaine tu es encore dans cet état ? Dans un mois ? Est-ce que ça sera toujours viable ? Même toi, tu ne te supportes pas toi-même. « Et t’as pas à te demander comment t’aurais fait sans moi parce que je serai toujours là. » Tu pinces tes lèvres en camouflant un peu plus ton visage contre lui. Il n’était pas là quand t’étais dans cette maison abandonnée et t’as vu les conséquences. Plus jamais tu ne veux revivre ça. « No matter what. » T’as un bref ricanement. Tu bouges ton bras gauche pour laisser apparaître le tatouage de ces mêmes mots sur ta peau. T’as jamais été aussi heureuse d’un tatouage que celui-là. Il a été un soutien incroyable. Un rappel que l’on t’attendait de l’autre côté. Que tu avais encore une vie à vivre sur cette planète. Avec quelqu’un qui aurait été dévasté si tu ne t’en sortrait pas. “No matter what.” Que tu répètes, tout bas, dans un petit souffle. Il n’est jamais assez de le rappeler.

« You’re my best friend I’m here for you. You’re my person. » Ton coeur fond à ses mots. Tes paupières se ferment alors que de l’eau coule brièvement et silencieusement. “You’re my person too. I’m here mostly because of you. That tattoo reminded me that you were out there worrying sick about me and I couldn’t let him destroying you…” En me faisant du mal, en me faisant disparaître, que tu penses sans pouvoir le dire. Comme si les mots restaient coincés. Ça aurait été le pire des scénarios. “I’m just feeling like a giant pain in the ass for now but I’ll get better. As soon as possible.” Ne commence pas à te foutre la pression comme ça. C’est contre productif. Mais tu n’aimes tellement pas être comme ça… Il y a une colère qui dort en toi mais qui est tellement submergée par le reste, notamment une déprime qui ne veut pas te laisser. L’un dans l’autre, ce sont des émotions fortes et tu ne sais pas comment tu vas gérer, ou pas gérer d’ailleurs, quand ça ressortira ou non.

« Shhh… You’re not a giant pain in the ass, you’re my fiancée who is also a hero cos she saved herself like the queen, no, the princess she is. She didn’t need anyone, she did it all on her own, she is super strong and she is alive. And she’ll get better. With time. » Dans quelques mois voire années, ça sera un super conte à raconter autour de toi. Mais pour l’instant, tu ne peux que te contenter de l’écouter parler. Jordan dit de jolis mots, forts et puissants, positifs en plus. Ca t’émeut un peu car c’est ce qu’il s’est passé ; tu t’en es sortie toute seule. T’étais dans le trou et t’as trouvé le moyen de t’échapper sans l’aide de personne, outre ta tête et ta volonté. Seulement, il ne faut pas oublier que tu ne t’en serai jamais sortie si tu n’avais pas eu de motivation pour faire tout ce que tu as fait. Pour te rappeler de ce qu’il y a à l’extérieur qui t’attend et qui s’inquiète pour toi.

Mais cela n’empêche pas que le petit conte de ton fiancé est doux et te glorifie bien trop alors que t’as simplement essayé de t’en sortir avec le peu que tu avais. Ce n’est pas étonnant que maintenant, tu te laisses portée ; déjà parce que tu es toujours sous le choc. Aussi, parce qu’il y a une réalisation que tu ne mesures pas pleinement. Et enfin, ton cerveau et tous tes nerfs ont été tellement tendus pendant quatre jours que là… Ils se tendent qu’une fois à l’extérieur, dans le monde, mais sinon, il n’y a plus aucune retenue quant à tes émotions. Tu le prouves encore là alors que tu frottes ton visage contre lui pour essuyer les traces de larmes qui peuvent joncher dessus. « Shall we go try your sister’s shower ? Does she have a bath tub? » Tu déglutis avant de secouer la tête tout en te redressant. “Elle en a une, ouais.” La baignoire, lieu magique où vos problèmes ont l’air de ne pas venir vous toucher. “On peut. Ca me fera du bien.” Après une petite sieste, ça te donnera au moins l’impression que tu repars sur de bonnes bases. Même si ce n’est qu’une illusion, c’est une belle illusion.