fin août 2023

’’Je me demande encore pourquoi je me tue à te poser la question.’’ Le ton employé par Lynda, alors qu’elle se laisse choir sur la banquette arrière de la voiture en soufflant un air agacé, est si coléreux qu’il aurait pu faire trembler tout l’habitacle entier. C’est un rire désinvolte qui lui répond quand l’homme qui l’accompagne, bien moins nerveux, la rejoint en ayant les yeux de l’innocence, bien que le sourire mutin qu’il tente de réprimer, mais qui rehausse le coin de ses lèvres, le trahisse lourdement en lui conférant un air enfantin tout à fait charmant. ’’Je me pose la même question.’’ - ’’Je vais te tuer de mes propres mains, dans cette voiture, si tu continues.’’ elle le fulmine du regard en le faisant pouffer de rire, puisque les lèvres du pianiste se décrochent l’une de l’autre pour dévoiler ses dents blanches parfaitement alignées, tandis que l’assistante se tourne vers le chauffeur en changeant diamétralement de visage : arborant une mine souriante et chaleureuse, elle s’adresse à lui d’une voix étonnamment calme et affable, le corps légèrement avancé vers le bord de la banquette pour se rapprocher de lui. ’’Bonjour, merci d’avoir fait aussi vite…’’ Lynda sauve les apparences face à l’inconnu, passant une main dans son épaisse chevelure brune comme si cela pouvait ôter la nervosité qu’elle prend dans les gencives chaque fois qu’elle doit côtoyer le pianiste qui a le nez penché vers son téléphone, et qui ne se formalise pas vraiment du ralentissement qu’ils ont dans leur programme. Le musicien ne s’est pas levé avec l’intention d’être en retard puisque c’est une constante chez lui : ce n’est pas de sa faute si les autres ne s’acclimatent pas à son rythme ! ’’Le campus universitaire, s’il vous plaît.’’ retombant sur son côté de la banquette, elle croise ses bras en même temps que ses jambes infiniment longues, dévoilées par la robe élégante qu’elle porte. ’’Sois gentil quand on sera là-bas.’’ dit-elle après quelques secondes de silence, l’infantilisant au point qu’il marmonne, d’une voix laconique ’’Je comptais mordre le doyen mais maintenant que tu m’as dit ça…’’ un grognement furieux résonne dans la gorge de Lynda et, plutôt que de s’en prendre physiquement à sa source d’énervement — parce qu’elle sait qu’il est trop précieux aux yeux de son label pour être abîmé, elle accroche ses deux mains au bord du siège conducteur en revenant auprès de lui, demandant d’un ton qui est partagé entre l’ordre et la supplication ’’On peut s’arrêter ? J’ai besoin d’un décaféiné sinon j’vais lui rouler dessus avec votre voiture.’’

Difficile de savoir qui est le plus soulagé.e lorsque le véhicule s’immobilise sur le bas-côté, permettant à Lynda de s’en extirper dans un chapelet de jurons qu’elle contenait depuis quelques minutes déjà. Passant la pointe de sa langue sur ses lèvres finement dessinées, le musicien la suit brièvement des yeux avant d’abandonner son téléphone à côté de lui sous l’impulsion d’une idée farceuse qui l’oblige à profiter de l’absence de sa comparse pour glisser le haut de son corps dans le maigre espace entre les deux sièges avants ’’Pardon…’’ son bras s’allongeant jusqu’à atteindre le bouton de verrouillage des portières et il mordille le coeur de sa lèvre inférieure avec espièglerie, s’apprêtant à se retourner vers sa fenêtre pour vérifier que Lynda ne revient pas tout de suite mais, il s’arrête soudainement sur le visage de celui qui se trouve derrière le volant, les prunelles happées par le paysage harmonieux de sa figure. ’’Euh… Salut…’’ il est presque sûr que c’est ce qu’on doit dire quand on rencontre une nouvelle personne, mais entre le grain de beauté qui orne le coin des lèvres et les yeux mordorés de son chauffeur, il a perdu de son vocabulaire, Izan, ce qui est quand même ironique quand on sait qu’il est bilingue ’’Dîtes…’’ souffle-t-il en appuyant sa main sur le haut du fauteuil, ses yeux aux longs cils noirs recourbés ne cessant de vagabonder sur les traits gracieux et délicat de l’inconnu. ’’Je n’ai pas trop envie d’aller là-bas, du coup,’’ deuxième idée foireuse en approche ’’ce serait possible de me déposer ailleurs ? Mais sans le pitbull décaféiné.’’

fin août 2023

Son plan visant à éviter la rencontre aussi barbante qu’inutile est une réussite, et l’exploit l’est davantage quand on sait qu’il n’avait rien prévu pour arriver à ses fins ; Izan n’avait nullement anticipé que Lynda s’extirperait de la voiture aussi soudainement mais, force est de constater qu’il a suffisamment d’imagination pour composer avec ce que le hasard veut bien lui offrir. ’’Permettez…’’ il le marmonne d’une voix à peine audible en se permettant, justement, de verrouiller les portières pour empêcher son assistante de revenir à l’intérieur de l’habitacle, et si c’est une blague que font souvent les enfants à leurs parents, à plus de trente ans, le musicien s’amuse encore et par avance de la tête qu’elle va faire en tirant infructueusement sur la portière, bien qu’il se détache (trop) rapidement de cette image pour s’émouvoir intérieurement de celle que lui offre le conducteur, et qui rétorque un « Salut…» lui faisant courber le coin de ses lèvres avec davantage de malice.
Se murmurant néanmoins que ce n’est pas vraiment le moment de se pencher sur la question du charme de son chauffeur — bien qu’il ait déjà la réponse en tête, il poursuit plutôt son plan d’évasion en espérant qu’il veuille bien en être le complice « Allez ailleurs? ça ne me dérange pas, mais il va falloir m’assurer que la femme qui vous accompagne ne me mette pas une note en conséquence sur l’application. » pendant quelques secondes, il ne réagit pas vraiment, Izan, donnant l’impression d’être plongé dans une réflexion quant à la possibilité que Lynda fasse quelque chose d’aussi mesquin ; ses longs cils noirs battent vers le bas et il fronce légèrement ses sourcils avant d’affirmer finalement, d’une voix sans inflexion ’’Elle sera trop en colère après moi pour penser à ça.’’ ce qui, vu le sourire mutin qu’il porte, ne l’inquiète pas le moins du monde : elle a l’habitude d’être énervée et il a l’habitude d’en être responsable, ils forment donc une bonne équipe ’’Elle ira boire un deuxième café.’’ songeant qu’elle va peut-être revenir sous peu avec le premier, il passe la pointe de sa langue sur ses lèvres avant de tourner son menton vers la fenêtre de sa portière pendant un court instant, juste pour s’assurer que la silhouette familière de Lynda est toujours statique derrière le comptoir. « Où souhaitez-vous aller? » comme fugitif, il est plutôt mauvais puisqu’il n’avait pas songé à cette question au préalable, et c’est lisible sur son visage quand il plisse ses paupières en espaçant ses lippes de quelques degrés, semblant chercher une réponse qu’il ne possède pas encore. ’’C’est une excellente question…’’ non, il n’essaie pas du tout de gagner du temps tout en sachant qu’il n’en a plus beaucoup ’’Fête foraine ?’’ il le dit sans grande conviction et avec une grimace hésitante, ne cherchant même pas à savoir pourquoi c’est la première chose qui lui a traversé l’esprit. ’’Mais c’est maintenant ou jamais parce qu’elle est en train de payer, là…’’

fin août 2023

Si Lynda est la première à reconnaître le caractère tout à fait talentueux du pianiste qu’elle accompagne depuis des années, et qu’elle n’a pas hésité plus d’une fois à défendre son nom auprès des autres musiciens qui tentaient de le dénigrer, force est d’admettre qu’elle est de plus en plus agacée par son comportement enfantin, qu’elle ne juge pas digne de la noble et glorieuse réputation qu’il s’est forgé ; comment quelqu’un d’aussi adulé peut être aussi chiant ? Dire qu’il ne manque pas une occasion de lui rendre la vie impossible serait un euphémisme mais, alors qu’elle ressort du café en tenant son gobelet dans la main, l’esprit apaisé et s’apprêtant même à lui faire des excuses pour s’être emportée de la sorte quelques minutes plus tôt, elle ne s’attend sûrement pas à ce qu’il ait disparu en même temps que leur chauffeur. ’’Oh c’est pas vrai…’’ peste-t-elle entre ses dents en faisant malencontreusement tomber son précieux gobelet, qui se renverse sur le trottoir sans qu’elle n’y accorde la moindre importance, préférant plutôt sortir son téléphone de son sac-à-main de luxe afin de composer le numéro de celui qu’elle a de nouveau envie de tuer, et auquel elle ne présentera finalement aucune excuse.

’’Décroche…’’ elle le marmonne en faisant résonner les talons de ses escarpins sur le bitume, puisqu’elle fait les cent pas en espérant que le fugitif lui réponde mais, assis à l’arrière de la voiture, le pianiste se contente de mettre son téléphone en silencieux, sans perdre l’éclat de son sourire mutin. Il a réussi à échapper à la journée barbante qu’on avait défini pour lui et, tant pis pour la colère de Lynda : elle a connu bien pire par le passé, et c’est toujours grâce (ou à cause, c’est un sujet à débat) de lui. « ça vous arrive souvent de la fuir ainsi? » la question lui fait lever les yeux de son écran, et il entreprend de glisser son portable dans la poche de son pantalon blanc, avant de tirer machinalement sur sa chemise en lin de la même couleur, dont les deux premiers boutons sont défaits et permettent de voir la peau halée de son torse musclé. ’’Tout de suite les grands mots…’’ il hausse les épaules avec nonchalance, étant aussi convaincant que convaincu ; c’est-à-dire vraiment pas grand-chose ’’Ce n’est pas une fuite, je réorganise simplement le programme.’’ comme il réorganise la vérité, oui, et même s’il doute que l’inconnu veuille bien le croire, cela ne l’empêche pas de lui lancer un sourire teinté d’amusement par le rétroviseur. « je m’appelle Asher… si jamais. » une main posée sur ses cuisses et l’autre appuyée juste à côté de sa jambe, il plisse légèrement ses paupières avant d’imposer un silence de quelques secondes, au terme duquel il répond enfin, d’une voix plus calme. ’’Enchanté, Asher. Je m’appelle Izan.’’ il prononce son prénom correctement, ce qui phonétiquement donne un ‘’Isahn’’ qui n’est peut-être pas vraiment accessible pour une langue ne pratiquant pas l’espagnol, mais il ne s’attend pas à ce que Asher essaie d’en respecter les syllabes : il y a longtemps qu’il a abandonné ce combat.
Surpris de voir le décor de la fête foraine qui se profile dans son champ de vision, il penche légèrement sa tempe vers la fenêtre de sa portière en faisant rouler ses lèvres l’une contre l’autre, sans pouvoir s’empêcher de se demander pourquoi il a eu cette idée farfelue « j'espère que vous allez vous amuser.. » les lèvres pincées l’une contre l’autre, il dévie son menton sur le côté en ne pouvant s’empêcher de noter que le timbre de voix de son interlocuteur est curieux, mais il est davantage doué pour déchiffrer une partition qu’une expression ’’Vous voulez venir ?’’ Il s’entend faire cette proposition parce qu’il n’a pas réfléchi avant de parler, comme bien souvent ’’Enfin, j’dis ça mais vous devez être occupé avec d’autres trajets.’’ réfléchir avant, parler après ; toujours pas acquis pour lui mais, peut-être que pour une fois, ce sera bénéfique…

fin août 2023

Est-ce qu’il culpabilise d’avoir aussi injustement et cruellement abandonné sa dévouée assistante sur le bord du trottoir, avec pour seule possibilité de se déplacer d’appeler un autre véhicule ? Il devrait, puisqu’il a été élevé dans le respect des autres même s’il semble avoir oublié quelques enseignements en grandissant, mais Izan ne parvient pas à se séparer du sourire mutin qui courbe ses lèvres en lui conférant un air férocement enfantin, et qui trahit le fait qu’il n’éprouve aucun remord pour la fuite délibérée qu’il vient d’orchestrer. « Je vois… » il n’ose peut-être pas le contrarier, le chauffeur, mais sa demi-réponse soufflée laisse clairement entendre qu’il éprouve de sérieux doutes quant à l’argument brandit par le client, qui ne rougit nullement de l’incertitude dont il est la cause. Le musicien pourrait expliquer qu’il n’a pas envie de passer la journée à serrer des mains, faire face à des sourires hypocrites et visiter des salles de classe pour qu’on lui vante les mérites de sa venue auprès des étudiants en musicologie puisque tout cela, il s’en moque, Izan ; la seule chose qui compte réellement pour lui, le seul endroit au monde où il se sent véritablement à sa place, la seule activité qui l’apaise suffisamment pour qu’il oublie tout le reste, c’est lorsqu’il est derrière un piano. Et cela, il ne le comprendrait probablement pas, l’inconnu. Il n’y a que Anna qui le comprenne, de toute façon.

Alors, il ne répond pas, se contentant de lever légèrement le menton en détournant les yeux pour observer le paysage qui défile derrière la fenêtre, sans se préoccuper davantage de son portable qui est rangé dans sa poche, et dont l’écran d’accueil doit être envahi de bulles de notifications cinglantes de la part de Lynda. Laissant ses pensées vagabonder quelques secondes, ses iris mordorés suivent le décor auquel il n’a pas vraiment le temps de s’attacher, jusqu’à ce que l’inconnu décide de l’être un peu moins, sa voix ramenant le visage du musicien en sa direction. « Enchanté de même, Izan. » presque se murmure-t-il en entendant l’effort de prononciation, qui décline un sourire plus franc sur ses lèvres tandis qu’il ne quitte plus le reflet du chauffeur dans le rétroviseur. ’’C’est chiant à dire, je sais’’ un prénom chiant pour une personne chiante, c’est rationnel ’’Prononcez-le comme vous voulez, ce n’est pas grave, j’ai l’habitude.’’ haussant ses épaules avec légèreté, comme pour sous-entendre que le sujet n’est pas si important que cela, il redresse finalement les épaules quand ils arrivent (déjà) à destination. Et s’il décroche sa ceinture de sécurité en se demandant si c’était finalement une bonne idée de choisir la fête foraine,  il poursuit avec les fausses-bonnes idées en proposant à Asher de l’accompagner, sans véritablement s’attendre à une réponse positive mais « étonnamment, j’ai du temps… » difficile de dire qui est le plus étonné des deux, du coup. ’’Vraiment ?’’ qu’il demande en le regardant sortir et contourner la voiture, s’apprêtant à en faire de même mais, devancé par le chauffeur, il s’étonne du geste hautement attentionné auquel il a droit ’’Euh… Merci…’’ accompagnant son mot d’un sourire plus tendre, il s’extirpe de la voiture en levant légèrement le menton vers la grande roue, dont les nacelles colorées chancèlent dans le vide. « Je suis sûr et certain que je n’aurai pas d’autres clients aussi divertissant que vous cette semaine.» le sourire amusé de Asher se répercute sur ses lèvres et il secoue légèrement son menton de gauche à droite, sans véritablement savoir si c’est un compliment ou non ’’Je suis ravi d’être votre divertissement de la semaine !’’ il ne sait pas à quel point cette phrase va s’avérer cruellement ironique par la suite…

’’Je veux des bonbons.’’ il l’annonce d’une voix enfantine en levant le menton pour apercevoir les différents stands et, au fur et à mesure qu’ils s’avancent vers ces derniers, de joyeuses musiques et éclats de rire viennent ricocher à leurs oreilles ; l’ambiance est plutôt festive et légère, suffisamment pour que le musicien oublie qu’il n’est pas en compagnie d’un illustre inconnu rencontré quinze minutes plus tôt. ’’Tu as le vertige ?’’ il l’a oublié au point de passer au tutoiement, mais sans le regarder puisque ses yeux se baladent sur les différents manèges. ’’La maison de l’horreur, ça te dit ? J’ai mordu le gars, quand j’étais petit. Il est sorti de je-ne-sais-où et mon réflexe pour me défendre a été de le mordre.’’

fin août 2023

« Vous ne croisez pas beaucoup de gentleman sur votre route, à ce que je vois? » - ’’Euh…’’ on l’a connu bien plus éloquent, Izan, et même lui s’étonne de ne pas savoir quoi répondre pour justifier son air quelque peu décontenancé, si bien qu’il s’attache d’abord à replier correctement le col de sa chemise tout en levant le menton pour observer la grande roue pendant quelques secondes, avant de reporter ses iris dorés sur le tatoué, avouant finalement ’’On dirait bien que non.’’ Il n’est pas suffisamment versé dans les mensonges pour en abattre un pour si peu et, de toute façon, l’air malicieux qu’arbore Ash lui donne un air bien trop charmant pour qu’il veuille l’ôter.

Et, de toute façon, son attention est rapidement portée sur le stand de bonbons qui étale des confiseries sur une longue table en forme de L sous un chapiteau, et un instant, on peut presque voir des étincelles pétillantes qui éclatent dans ses yeux ; assurément, il est en train de se faire la liste mentale de tous les bonbons qu’il va acheter sous peu. « tu as l’embarras du choix… » pressant ses lèvres dans un sourire complice, il tourne son menton vers Ash en disant, avec mutinerie ’’Ce qui me laisse la possibilité de ne pas en faire un, de choix.’’ si, c’est logique : s’il achète un peu de tout, il n’aura pas choisi mais il sera très heureux. Ne pas faire de choix est un choix ; suffit de le croire. Mais puisqu’il se doute que Ash préfère se tourner vers les manèges avant de se gaver de sucreries, le musicien prend le temps de se renseigner sur ce qu’il préfère, même si « Non, je ne crois pas avoir le vertige. Je pense… » ne l’aide pas vraiment à savoir, puisqu’il ne voit pas comment la question du vertige peut être autant entourée d’incertitudes, et cela le conduit à plisser légèrement ses paupières d’un air suspicieux, sans que sa curiosité ne vienne entacher le sourire qu’il porte ’’T’as jamais été dans les grandes roues ?’’ c’est un peu difficile de le croire puisque son interlocuteur semble avoir plus ou moins son âge, mais il n’y a pas vraiment de moquerie ou de jugement dans sa voix, seulement la surprise légitime puisque, dans son esprit, il est admis que tout le monde est allé, au moins une fois, dans une fête foraine.

Et s’il prévoit déjà de faire un détour par la grande roue, c’est d’abord en direction de la maison hantée que leurs pas se mêlent, non sans qu’il lui relate un évènement plus ou moins grotesque de son enfance, même si cet évènement est la preuve qu’il était déjà un gamin terrible « On peut y aller si tu veux, mais ne me mord pas. s’il te plait? » ne résistant pas à l’envie de claquer des dents d’un air faussement menaçant pour imiter une morsure, il marmonne aussi, avec un petit sourire espiègle, qui décrédibilise fortement le sérieux de ses mots ’’Je ne peux rien te promettre à ce sujet.’’ laissant son sourire grandir sur ses lèvres, il attrape son bras pour le tirer délicatement à travers la foule, parvenant devant la fameuse maison hantée sans trop de difficulté. « Es-tu plus courageux qu’avant? Sinon, je te protégerai. » tandis qu’il achète deux tickets pour l’entrée du manège, il est d’abord saisi de l’enfant de préciser ’’j’avais huit ans’’ pour se dédouaner de toute responsabilité concernant l’homme-mordu (qui l’avait bien cherché), mais c’est la fin de la phrase du chauffeur qui retient toute son attention et, pivotant sur ses jambes pour lui faire face, il plonge ses yeux dorés dans les siens en lui répondant, d’une voix plus calme mais dans laquelle résonnent des accents malicieux ’’Même si je n’ai pas peur, je ferai peut-être semblant, alors.’’ gardant ses yeux cadenassés aux siens quelques secondes après son silence, il se perd un instant dans la couleur si douce de ses iris, étant seulement ramené à la réalité par la clochette qui les invite à monter dans leur wagon. ’’Allons-y…’’ souffle-t-il en secouant légèrement son menton, donnant les deux tickets à l’employé du manège avant de grimper dans le wagon qu’on leur désigne, en prenant une fine inspiration comme pour se donner du courage. ’’Après, on fait la grande roue ! Je veux savoir si tu as le vertige ou non.’’ appuyant son dos dans le fond de leur wagon, il appuie ses poignets sur la barre en métal qui les empêche d’en sortir, en tordant sa bouche dans une grimace d’appréhension lorsque les rails s’enclenchent et qu’ils s’avancent vers l’intérieur du manège…

Outre la pénombre, les fausses toiles d’araignées et les rires macabres beaucoup trop forts qui sont crachés par les haut-parleurs dissimulés dans le décor, c’est les grincements des roues sur les rails qui le font réagir, et baisser le menton d’un air suspicieux. ’’Il grince ce truc, non ?’’ désignant le sol avec son index renversé, il redresse son menton pour se rapprocher de Ash, non pas parce qu’il a peur mais… parce qu’il n’est pas rassuré, et non, c’est pas la même chose (si). ’’Pourquoi t’as suivi mon idée ?’’  qu’il lance alors que l’obscurité envahit davantage le décor, si bien qu’ils doivent à peine se discerner l’un l’autre. ’’Oh putain… J’espère que tu connais les gestes de premiers secours hein !’’ ne jamais être dramatique, c’est la clef.

fin août 2023

Les centaines de bonbons colorés qui sont disposés dans des petits bacs transparents lui crient « mange-nous, mange-nous » et il s’apprête à répondre à leur demande mais, comme son compagnon du jour l’opprime d’un « Mais rien ne t’empêche  de les prendre plus tard? Pour tous les goûter? » aussi raisonnable que mesuré, le musicien se contente d’agripper le bord de sa lèvre inférieure en levant un regard presque déçu vers lui, semblable à un enfant contrarié qui n’a pas d’autres choix que de se plier aux exigences de l’adulte responsable ’’Okay…’’ mais il retrouve rapidement son sourire, l’affreux garnement accroc aux sucreries, l’éclat joyeux dans ses yeux étant ravivé par le fait qu’il va passer toute la journée dans une fête foraine, en compagnie de celui qui a croisé sa route par hasard. S’il n’a pas provoqué cette rencontre, ni même espéré qu’elle se fasse, il ne peut s’empêcher de ressentir une étrange sensation chaque fois qu’il pose les yeux sur lui, comme si le simple fait de le regarder faisait disparaître le reste du monde, comme s’il y avait un lien invisible reliant leurs deux âmes, leurs deux coeurs, et qu’ils s’étaient enfin trouvés.

« Non, je n’y suis jamais allé avec ma famille ni aucune autre personne d’ailleurs… » la voix de son interlocuteur le sortant de ses suaves pensées, il cligne de ses longs cils noirs en levant ses iris vers lui, véritablement surpris d’apprendre que c’est sa première fois dans un tel endroit. Il lui semble, pourtant, que c’est une sortie plutôt habituelle pour les familles avec des bambins, et il ne peut réprimer quelques interrogations concernant l’enfance de Ash, sans se sentir suffisamment intime avec ce dernier pour oser les formuler à voix haute. « Et honnêtement, je n’y ai jamais pensé d’y aller par moi-même… » il peut comprendre, même si lui l’aurait fait aujourd’hui juste pour échapper à la journée barbante savamment préparée par Lynda ’’C’est plus amusant avec quelqu’un d’autre.’’ phrase à ne pas sortir de son contexte, oui, mais il est trop accaparé par le fait de ne pas bousculer un autre visiteur qu’il ne pense même pas à relever le caractère graveleux de sa propre phrase, et heureusement « Mais je suis prêt à essayer et me faire ma propre opinion. C’est plus plaisant aussi d’y aller avec quelqu’un d’intéressant… » c’est moi la personne intéressante ? se demande-t-il sans s’arrêter de marcher, se contentant de tourner son menton vers lui, visiblement pris au dépourvu ; il a l’habitude des éloges concernant ses talents de pianiste, Izan, mais les compliments visant sa propre personne, détachée de l’artiste, le font toujours sentir comme un imposteur, illégitime dans l’idée d’en être digne. ’’J’espère ne pas te décevoir, alors.’’ il le sera probablement, Ash, puisque c’est toujours ainsi et il le sait : il finit toujours par décevoir son entourage, et sa mère s’est appliquée à lui imprimer l’idée.

Une fois installés dans leur wagon, il regrette un peu de s’être embarqué dans cette affaire ; la grande roue, en définitive, aurait été plus sûre ! « Si on survit à la maison hantée… Je ne dis pas non. Ça ne peut pas être pire que ce manège… » - ’’Pourquoi t’as dit que tu voulais faire ce manège, alors ?’’ il est né avant le culot mais après la honte, Izan, et s’il affiche une expression d’appréhension vivace, puisque ses sourcils se sont courbés vers ses paupières, il mordille l’intérieur de sa joue en balayant les alentours d’un regard presque fuyant ; mais la fuite n’est pas possible puisque la barre de sécurité à déjà été abaissée au-dessus de leurs cuisses. ’’On est prisonniers…’’ prisonniers d’un wagon qui grince dangereusement, si bien qu’il ne tarde pas à le faire remarquer : le point positif est qu’il a suffisamment peur que le wagon déraille pour ne pas avoir peur du décor ! « Essaie de ne pas y penser… » et comment on fait, au juste ? ’’Ben fais-moi penser à autre chose, alors !’’ il le dit sans y réfléchir, puisque le sursaut silencieux qu’il a au détour d’un virage l’empêche de le faire correctement, et c’est presque inconsciemment qu’il se rapproche d’Ash, jusqu’à ce que leurs épaules se collent. « Je me trouve con, t’inquiète… On aurait dû aller tout de suite dans la grande roue. Je pense que ça aurait été mieux. » il pense très exactement la même chose mais, comme il surveille les alentours - oui, même le plafond, comme si un avion menaçait de s’écraser sur eux, c’est pas la peine de le formuler à voix haute, n’est-ce pas…

Ash sursaute donc Izan sursaute par ricochet, sans vraiment savoir de quoi il faut avoir peur parce qu’il regardait de l’autre côté ; mais comme il baisse d’abord les yeux sur leurs mains liées, il oublie, pendant un bref instant, l’endroit où ils se trouvent. Hésitant un bref instant, il fait glisser sa main pour la redresser contre celle d’As, paume contre paume, espaçant suffisamment ses doigts entre eux pour les glisser entre ceux de son comparse, pour la toute première fois. « Désolé…. » d’avoir crié ou pour la main ? Dans le doute et dans les deux cas : ’’C’est pas grave.’’ le rassure-t-il d’une voix amusée en espaçant ses lèvres dans un sourire infiniment tendre, n’accordant plus trop d’importance au décor autour d’eux tant le visage du chauffeur, même traversé par l’obscurité, même perdu dans ce paysage horrifiant, lui apparaît comme la plus belle des peintures. « Je n’ai aucune objection à essayer de te réanimer si tu t’évanouis… Si je ne tombe pas dans les pommes avant toi… » c’est à la fois mignon et inquiétant, mais Izan préfère se concentrer sur la première, allez savoir pourquoi. ’’C’est bientôt fini ?’’ il le demande par désespoir, se doutant que Ash n’a pas la réponse à cette question mais, de toute façon, comme un homme couvert de sang, avec un maquillage suffisamment réaliste pour donner l’impression que sa peau a été arrachée, sort d’un décor, il sursaute en resserrant ses doigts autour du chauffeur, en jurant un ’’Te voy a dar una hostia!’’ qui vient suffisamment du coeur pour qu’il n’ait pas besoin de traduire. Heureusement, après cette dernière frayeur, deux portes battantes s’ouvrent pour leur permettre de retrouver la lumière extérieure, et l’agitation paisible et rieuse de la fête foraine. ’’Amen, c’est fini’’ dit-il en s’extirpant du wagon avec précipitation, profitant d’avoir encore sa main dans la sienne pour l’entraîner avec lui. ’’C’était génial, j’ai même pas eu peur.’’ ben quoi ? ’’On fait la grande roue ?’’ il le propose avec un sourire mutin, desserrant son étreinte dans la main de Ash pour lui laisser la liberté de défaire leur lien, s’il le souhaite.

fin août 2023

Maintenant que les cris machiavéliques, les hurlements apeurés et les hululements de chouette n’obscurcissent plus ses oreilles, il a presque l’impression que c’était facile, Izan, et l’idée d’avoir été courageux est brandie de ses lèvres avec un aplomb plutôt téméraire, et un peu fallacieux puisqu’il sursautait encore il y a quelques secondes à peine. « tu es sûr et certain de cela? » la question ne se pose même pas, pense-t-il en plissant légèrement ses paupières le temps que ses yeux s'habituent à la clarté du soleil, tandis qu’il hausse ses épaules avec un dédain affirmé ’’Pourquoi, tu as des doutes ?’’ - « On va pas se voiler la face, mais si on avait été réellement dans un film d’horreur, on aurait pas été les final girl… » l’optimisme dont fait preuve son acolyte colporte un léger rire à sa bouche, qui dévoile ses premières dents blanches avant qu’il ne secoue son menton de gauche à droite, ses yeux dérivant vers leurs mains toujours attachées l’une à l’autre, sans qu’aucun des deux ne veuille, visiblement, rompre ce lien si délicat, fragile, mais hautement tendre. ’’J’ai mordu personne en tous cas, t’es fier de moi ?’’ n’ayant pas vraiment besoin de la chercher des yeux pour la trouver, Izan n’attend guère davantage avant d’attirer son comparse vers la grande roue, dont les nacelles colorées gondolent dans le vide au gré du vent. « Si j’ai le vertige, tu vas pouvoir me rassurer? » inconsciemment, le musicien resserre ses doigts autour des siens comme pour lui promettre son soutien, avant que ses lèvres n’articulent un ’’Promis, j’essayerai.’’ qui se veut suave et qui est accompagné d’un sourire qui l’est tout autant.

Et nul besoin de l’observer avec minutie pour remarquer les élans d’appréhensions qui parcourent le corps de l’anglais, si bien que l’australien tente un ’’Tu vas voir, la vue est incroyable.’’ qui est pointé d’une voix joviale, mais peut-être pas un argument suffisant pour le rassurer « On dirait que ce n’est pas ta première fois dans la grande roue… » levant machinalement ses longs cils vers le manège, Izan marmonne un bref ’’J’aime bien être là-haut.’’ que Ash n’entend peut-être pas puisqu’il est le premier à s’installer dans la nacelle, suivie de près par Izan qui prend place à ses côtés, en laissant un espace entre leurs deux corps. ’’Ça va ?’’ il le demande avec un sourire qui n’est point moqueur mais seulement amusé, qui s’attendrit quelque peu lorsqu’il entend les demandes qui lui sont formulées « Veux-tu bien me parler plus on va monter en altitude? Au cas où? Pour me rassurer... tu peux crier des insultes en espagnol ou bien me parler un peu de toi? » - ’’D’accord…’’ souffle-t-il sans perdre son sourire, posant un regard affable sur celui qui est en proie à une appréhension qui n’est heureusement pas partagée par le pianiste, qui reprend la parole sitôt que la nacelle entame son ascension, tâchant de garder l’attention de son interlocuteur braquée sur lui, sans être certain de réussir ’’Tu savais que Beethoven n’était pas né sourd ? Il l’est devenu à 27 ans.’’ c’est sûrement pas ce que Asher voulait entendre, mais c’est la première chose qui a traversé l’esprit d’Izan ; tout en parlant, il a remonté leurs mains liées pour décroiser leurs doigts, tenant celle de l’anglais entre les siennes durant un court instant pour l’amener à regarder leurs paumes plutôt que le décor autour d’eux, puisqu’ils surplombent désormais tous les manèges. ’’C’est comme Mozart, c’était un putain de flemmard. Il paraît qu’il a composé l’Ouverture de l’Opéra Don Giovanni la veille de la répétition générale. Comme quoi…’’ ses yeux cadenassés aux siens, il fait glisser le bout de ses doigts dans les lignes de sa paume, laissant son ongle coupé court retracé chacune d’entre elles avant que ses propres phalanges ne partent à la rencontre de celles de Ash, les petites boules formées par ses os, le contour lisse de ses ongles, le renflement entre ses doigts, distillant des caresses aériennes presque sans s’arrêter de parler, en espérant qu’il ne réalise pas qu’ils sont à présent au sommet, et qu’ils surplombent toute la ville dans une nacelle qui est traversée par le vent, si bien que les bouclettes brunes du musicien chavirent tout autant que le col de sa chemise entrouverte. ’’Je suis pianiste. Je sais que beaucoup de personnes trouvent la musique classique comme snob, ennuyante, dépassée… Moi, je la trouve pure, noble, incroyablement bouleversante.’’ leur nacelle s’immobilise pour leur laisser le temps d’admirer la vue, et tandis qu’il fait glisser la pointe de sa langue sur ses lèvres, Izan continue de faire courir lentement ses doigts contre la main de son interlocuteur, retraçant les contours de sa peau, de ses ongles, et de sa paume, en progressant plus ou moins vers son poignet, là où palpite le coeur ’’La musique permet d’en dire beaucoup plus que toutes les langues du monde réunies, selon moi. Je ne crois pas être doué pour autre chose, dans la vie. Il n’y a que mon piano.’’

fin août 2023

« j’ai bien hâte de voir cela. Je te crois. » s’il n’était pas autant préoccupé par l’idée que son interlocuteur est la proie d’une angoisse grandissante, Izan lui rétorquerait probablement un ’’tu peux, j’ai toujours raison’’ malicieux qui, en cet instant, se traduit plus silencieusement par l’ébauche d’un sourire qui se dessine sur ses lèvres avec une certaine tendresse, puisqu’il ne compte pas tourner en dérision la possible phobie de Ash, lui qui a une peur décriée par beaucoup de personnes ; les chiens c’est mignons, oui. Loin de lui. « Pour l’instant, ça va… Mais parle moi s’il te plait… » et il s’y emploie avec toute la bonne volonté du monde, le pianiste, oeuvrant à relater des informations concernant le domaine qu’il connaît le mieux : le sien. S’il possède clairement des penchants irrévérencieux, largement couplés à une insolence aussi charmante que grisante, sa voix se fait curieusement plus calme et basse, comme si le simple fait d’évoquer ce qui anime sa vie d’une passion sans lassitude le poussait à dévoiler une facette plus conciliante de sa personnalité, que peu ont l’occasion de côtoyer. Et ses gestes suivent alors la même mesure que sa voix : les mouvements de ses mains, qui manient délicatement celle du chauffeur, ne sont que cajoleries et caresses à son encontre, ne précipitant aucune démonstration de douceur puisque sa peau s’attache plutôt à découvrir la sienne comme s’il s’agissait d’une nouvelle partition de musique, assurément l’une des plus belles qu’il ait pu parcourir.

Mais alors que leur nacelle poursuit sa progression en tanguant parfois d’avant en arrière, il lève très légèrement le menton en capturant le regard de son interlocuteur, priant intérieurement pour que les billes du chauffeur ne dévient pas sur les côtés et découvre le paysage qui donne désormais une vue imprenable sur la ville, qui s’étend aussi loin que le regard peu porter. Pour tenter de garder son attention, le pianiste continue donc de parler, lentement, calmement, sur un ton aussi quiet que possible, puisqu’il n’est nullement inquiété par la hauteur de leur berceau de fer suspendu dans le vide « J’aimerais beaucoup t’entendre en jouer. » cette phrase lui arrache un nouveau sourire, et s’il continue de faire valser la pulpe de ses doigts contre la peau de Ash, c’est en accompagnant ses caresses d’un ’’Je ne crois pas qu’il y ait un piano, ici. Peut-être une prochaine fois.’’ s’il y a une prochaine fois, pense-t-il en observant une nouvelle fois le beau visage de son complice, redoutant secrètement que le caractère tout à fait magique de leur rencontre ne trouve pas de suite, sans trop savoir lui-même ce qu’il espère de cette suite. « tu es doué pour me changer les idées…. » tellement doué qu’il va accomplir l’exploit pendant plusieurs mois mais, comme il ne le sait pas encore, il farde simplement ses lèvres d’un élan amusé pour murmurer ’’Merci, Ashouille.’’ qui est trop taquin pour ne pas se dévoiler ainsi. i les caresses ne suffisent plus à détourner son attention, il y a désormais le surnom largement discutable qu’il vient de lui octroyer ; la preuve qu’il ne manque pas de ressources !

Mais, sur son visage, il ne reste que les vestiges de l’amusement lorsque le corps de son interlocuteur se rapproche du sien, lui provoquant un tressaillement qui fait dégringoler des frissons de sa nuque jusqu’au milieu de son dos, et le contact de leurs mains lui apparaît alors comme un éclair brûlant, suffisamment euphorisant pour que les sursauts de son coeur expédient quelques battements rapides dans sa cage thoracique, lui donnant l’impression de résonner dans ses oreilles pour étourdir ses pensées, à moins que ce soit à cause du parfum masculin qu’il respire et qui l’enivre, ou de la main caressante qui explore le bas de son visage, si bien qu’il en oublie de respirer pendant quelques secondes, et ce qui suit ne l’aide pas vraiment à refaire fonctionner ses poumons correctement « Je ne sais pas ce qui me prend…. mais j'ai vraiment envie de t'embrasser.... » son coeur chavire en même temps qu’il tambourine sous sa peau, et ses lèvres s’espacent de quelques degrés sous la caresse qui leur est offerte, les yeux du pianiste dérivant dangereusement vers la bouche charnue qui vient de prononcer ces mots, et dont il admire la courbe avec une convoitise flamboyante dans les yeux, caressant visuellement ses lippes pleines, charnues, ornées d’un grain de beauté en son coin, sur lequel ses iris s’attardent quelques secondes secondes supplémentaires. N’ayant même pas réalisé qu’il s’était rapproché à son tour, comme s’il avait été irrémédiablement captivé par le charme magnétique de son interlocuteur, Izan relève finalement ses longs cils vers les yeux de Ash, murmurant tout contre ses lèvres, dans un effleurement qui est comme une caresse, l’aveu d’un baiser qui n’ose pas encore en être un. ‘’L’altitude, peut-être…’’ qui est prononcé sans conviction, puisque ses yeux crient « embrasse-moi »