La route entre Toowomba et Brisbane ne t’a jamais paru aussi longue qu’en ce moment. Peut-être parce que c’est la première fois que tu es toute seule dans ta voiture depuis des semaines. Depuis son accident, tu joues à la chauffeuse de taxi pour ta mère, et tu dois admettre que c’est étrange après tout ce temps, de ne pas avoir sa présence à tes côtés, même si tu es soulagée de ne plus avoir à entendre tous les jugements qu’elle se permettait de faire sur les uns et sur les autres, accro au gossip comme elle l’a toujours été. Ou peut-être que les nerfs sont liés à autre chose complètement. Peut-être parce que tu ne sais pas trop à quoi t’attendre, une fois que tu auras remis les pieds en ville. Peut-être que cette distance forcée avec Joaquin dans les derniers mois t’a forcé à réaliser que ce que tu ressentais pour lui était plus fort qu’un simple crush, qu’une simple désillusion d’un fantasme comme tu en as eu des tonnes par le passé. Tu ne sais pas, et peut-être bien que c’est ça au fond, qui explique cette lourdeur dans le fond de ton estomac. Ça et une inquiétude qui ne t’a jamais lâché depuis que tu as quitté Brisbane. Inquiète pour ta mère oui, mais inquiète pour Joaquin aussi, pour son traitement qui le fatigue sans doute bien plus qu’il ne te le laisse entendre. Pour cette maladie qui frappe sans s’annoncer, qui défonce tout sur son passage sans se soucier des moindres conséquences. Il dit qu’il se repose, Quino, mais tu le connais. La caserne, c’est sa famille, son refuge, ses frères et bien plus encore et en tant que capitaine, tu sais combien il tient à ce que tout roule normalement, malgré ses circonstances compliquées. Tu espères seulement qu’il y avait quelqu’un là-bas pour l’empêcher d’en faire trop en ton absence.

Tu manges les kilomètres les uns après les autres, et bientôt il n’existe qu’une centaine de mètres de distance entre ta voiture et l’appartement de Joaquin, là où tu as temporairement établi résidence en attendant de te trouver un nouvel endroit où vivre. Sur la banquette arrière de ta voiture traîne deux sacs bien remplis de tes possessions, certaines que tu avais apporté avec toi pour la durée de ton temps passé chez tes parents, d’autres que tu as ramené de ta chambre d’adolescente, des souvenirs en vrac que tu avas laissé derrière lors de ton dernier déménagement de Toowomba, mais que tu avais envie de ramener avec toi cette fois-ci. Ce sont les bras chargés que tu entres dans l’immeuble et te dirige aussi rapidement que possible jusqu’à la porte d’entrée, là où tu uses de la sonnette à l’aide de ton coude, les mains trop pleines pour utiliser ton poing et cogner. Tu avais averti le pompier que tu rentrerais aujourd’hui, tu espères seulement que tu ne tombes pas à un mauvais moment, ou pire encore, qu’il n’est pas à l’appartement. Tu sais que tu as une clé quelque part dans tes affaires, mais tu préférerais ne pas avoir à déposer tes sacs et te mettre à fouiller dans le bordel qu’ils contiennent si tu peux l’éviter. Tu lâches un soupir de soulagement lorsque tu entends le bruit de pas derrière la porte, celle-ci s’ouvrant enfin sur la silhouette d’un Joaquin qui, comme tu t’y attendais, à l’air bien plus fatigué qu’il ne te l’a laissé savoir. Ça n’empêche pas toutefois un sourire radiant et sincère de s’installer sur tes lèvres alors que tu l’observes de près, subitement sereine de savoir qu’il est enfin devant toi. « Je te ferais bien un câlin, mais j’ai un peu les mains pleines. » que tu lances d’une voix qui se veut humoristique, soudainement figée sur place devant l’homme.

Il hésite pendant un moment, le pompier. Tu aimerais pouvoir savoir ce à quoi il pense, là, tout de suite, alors que son attention est posé complètement sur ta personne, sans que tu n’arrives à juger la teneur de ses pensées. Les secondes filent ainsi, sans que jamais le silence ne devienne lourd entre vous. Ce sont des retrouvailles qui se passent majoritairement dans les regards que vous vous lancez de part et d’autre, dans cette impression singulière d’être exactement la où tu dois être pour la première fois depuis trop longtemps. Puis la terre semble se remettre à tourner d’un coup quand Joaquin s’empare de tes sacs comme si ces derniers ne pesaient rien du tout, t’invitant ensuite à rentrer dans l’appartement. La porte se referme derrière toi et tu prends quelques secondes pour admirer l’appartement qui est devenu ta maison en quelque sorte, depuis la fin de l’année passé. Rien n’a changé et c’est réconfortant de le réaliser. Mais ce n’est rien en comparaison à ce que tu ressens lorsque ses bras viennent te serrer contre lui, l’une de ses mains se glissant doucement contre ta nuque, faisant naître une traînée de frissons sur ton épiderme. Tes bras viennent naturellement enrouler sa taille, tes mains se nichant dans le bas de son dos, t’agrippant à lui comme s’il était ta bouée de sauvetage dans cette marée imaginaire qu’est ta vie. C’est un peu ce qu’il est depuis que tu l’as rencontré après tout, lui qui a toujours su être une présence infaillible pour toi quand tu en avais besoin.

Ce que tu veux plus que tout maintenant, c’est pouvoir lui offrir la même chose.

Ton cœur est erratique mais ta respiration est calme alors que tu le sens s’éloigner légèrement de toi, sans pour autant couper complètement les contacts entre vos deux corps. Sa main sur ton omoplate, la tienne dans le bas de son dos, sa voix te semble plus rauque qu’elle ne l’était dans tes souvenirs lorsqu’il ouvre finalement la bouche. « Tu as fait bonne route? » Tu hoches la tête légèrement, les mots te manquant alors que vos visages sont si près l’un de l’autre, l’intensité de son regard te paralysant sur place le temps de quelques secondes. « Oui ça été, je suis partie assez tôt pour éviter les embouteillages de fin de journée. » Ce qui aurait transformé le petit 2h de route séparant ta ville natale de Brisbane en un voyage en durant facilement 2h de plus. « Comment tu vas toi? » Instinctivement, ta main libre vient se poser contre l’une de ses joues, caressant son visage dont la barbe est plus fine qu’elle ne l’a jamais été depuis que tu le connais. « Je sais que c’est pas ton look préféré, mais ça te va bien, la barbe comme ça. » que tu commentes, avant de finalement retirer ta main de son visage, craignant de n’agir trop impulsivement à cause de cette tumulte de sensations qui t’envahit maintenant que tu es de nouveau devant lui. « Hm, t’es sur que ça te dérange pas que je reste ici encore quelques temps? » Vous avez déjà eu cette discussion, plusieurs fois même, mais tu ne peux t’empêcher de te demander si tu n’abuses pas de sa gentillesse. Ou bien si c’est la meilleure des idées de rester ici, quand ton corps semble réagir fortement à votre proximité nouvelle.

À quel moment est-ce que tu es devenue si hésitante lorsqu’il s’agit de faire comprendre à un homme qu’il te plaît? Est-ce que ce sont toutes les rencontres en lignes, les dates qui n’ont jamais mené à plus qui ont fini par te convaincre que peut-être, tu étais mieux seule? Est-ce que ce sont les mots sévères et punitifs de Kieran qui résonnent encore dans un coin de ton esprit, malgré les nombreux mois qui se sont écoulés depuis votre dernier face-à-face? Un rappel cruel, des propos qui ont changé de la pire façon dans la dernière année, qui te murmure constamment à l’oreille que tu ne mérites pas une histoire heureuse, que tu ne mérites pas de te sentir bien auprès de quelqu’un après avoir détruit quelqu’un que tu clamais aimer. Est-ce que c’est pour ça que tu ne bouges pas alors que ta main couvre sa joue, que vos regards se trouvent dans un moment dont la tension semble monter tout autour de vous, sans qu’aucun geste ne vienne couper au travers de cette dernière? Est-ce les années qui vous séparent, Joaquin et toi? Est-ce que ce sont les signaux mixtes qui te forcent à rester sur tes gardes, malgré tes envies de plus en plus évidentes? Toutes des questions légitimes qui restent sans la moindre réponse, alors que la distance s’installe lentement mais sûrement entre le pompier et toi, que tu te rappelles que pour l’instant, vous avez encore à partager cet espace et que tu détesterais rendre le tout inconfortable en agissant d’une manière qui ne lui plairait peut-être pas.  

Alors oui, peut-être que tu te répètes, que tu poses la même question à plusieurs reprises, de peur que la réponse ne change. Mais elle ne change jamais, la réponse, et tu es toujours aussi soulagée de l’entendre. « J’aurais profité de ton voyage pour te faire comprendre qu’il était temps de te trouver autre chose si ça avait été le cas… » Tu hoches la tête, te promettant de faire de ton mieux pour accepter ces mots pour ce qu’ils sont, et cessée de douter de ta présence dans l’appartement. « Viens avec moi. » Tu n’hésites pas à le suivre jusqu’à la cuisine, ta main si naturellement jointe à la sienne. « Tu dois avoir soif. J’ai préparé ça ce matin, il paraît que c’est moins mauvais que le café… » Tu lui offres un sourire compatissant. Tu n’oses même pas imaginer tous les changements auxquels il doit faire face depuis qu’il a été diagnostiqué avec un cancer qui l’empêche de poursuivre son quotidien comme il l’entend. Tu l’observes te servir un verre et faire de même pour lui, n’hésitant pas à en prendre une longue gorgée. Tu n’as jamais été une grande fan de thé, mais tu es prête à prétendre et à le soutenir pendant qu’il lui est recommandé de ne pas boire de café. « Ça va, y’a pire quand même. » que tu le rassures, évitant de te trahir en grimaçant lorsque tu avales une nouvelle gorgée du thé froid. « T’as mangé? » Tu secoues la tête, mais l’arrête dans son mouvement avant qu’il ne se mette en tête de te préparer quelque chose. « Hey, tu sais que t’as pas besoin de faire tout ça pou moi. Je peux me débrouiller. » que tu lui rappelles, même si l’hospitalité est quelque chose qui semble venir plus que naturellement chez le Bates. « Et puis je ne recommence pas à travailler avant la mi-juillet, donc d’ici là, c’est plutôt moi qui vais s’occuper de toi, compris? » Tu le fixes d’un air qui se veut sévère, sans toutefois le convenir bien longtemps avant qu’un sourire ne vienne adoucir ton visage. « Et pense pas que j’ai pas remarqué que tu as évité ma question. » que tu le sermonnes gentiment. Ce n’est pas la première fois qu’il s’essaye après tout. Un homme et sa fierté, tout ça.

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The rain, it ain't permanent and soon, we'll be dancin' in the sun

« Je n’ai pas encore mangé, donc je me ferais à manger, mais en assez grosse quantité pour que tu puisses piquer dans mon assiette. » Les gros yeux que tu lui offres n’ont aucun effet, non pas que tu pensais pouvoir le convaincre de s’asseoir et de se relaxer. Il est vrai que tu n’as rien mangé depuis plusieurs heures, et que l’un des nombreux avantages de vivre avec Joaquin, c’est que tu as droit à des repas qui sont bien meilleurs que ce que tu es en mesure de faire, de là ta manie de venir piquer dans son assiette même lorsque tu prétends ne pas avoir faim. Alors tu le laisses faire, quand il se lève et qu’il se met derrière les fourneaux, attrapant une casserole qu’il remplit d’eau, te faisant comprendre son attention de cuisiner des pâtes. Tu observes ses mouvements, pas particulièrement intéressée par ce qu’il fait, mais bien plus par son allure, par les traits tirés sur son visage, ses épaules tombantes, le poids qu’il a perdu dans les dernières semaines. Tous des effets de la chimiothérapie et du cancer en général, mais tu détestes le voir si vulnérable, lui qui t’a toujours semblé si fort et en contrôle de tout depuis que tu le connais. Tu ne veux pas être cette personne qui le force à te parler, qui l’oblige à s’ouvrir s’il ne s’en sent pas prêt, s’il ne s’en sent pas capable, mais tu veux être là pour lui. Tu veux l’aider, être une source de réconfort pour lui comme il l’a si souvent été pour toi, mais tu ne sais pas quoi dire, tu ne sais même pas quoi dire. Quand il se retourne, tu es simplement dévastée par tout ce que tu es en mesure de lire dans son regard.

« Je suis fatigué Auty… Je me sens amoindri et j’ai horreur de cette sensation… » Tu hoches doucement la tête, compatissante sans toutefois avoir les bons mots pour le soulager de ce terrible sentiment. Tu viens poser une main sur son avant-bras, ressentant le besoin de le toucher, de lui prouver que tu es là que tu l’écoutes. « J’ai toujours été le pilier dans ma famille, même dans mes relations amicales ou au travail, j’ai toujours été celui sur lequel on peut compter, sur lequel on peut s’appuyer… Un roc… » Sa main libre vient frotter sa barbe avant de s’appuyer lourdement contre son torse. Tu suis les mouvements, silencieuse, comprenant qu’il a plus à dire et ne souhaitant pas l’interrompre dans un rare moment de vulnérabilité. « J’ai fumé quand j’étais plus jeune, je suis pompier, c’était normal que ça me rattrape un jour… Mais je pensais pas que ça arriverait en réalité… On espère toujours qu’on vivra longtemps, qu’on sera toujours là, enfin c’est ce que j’ai toujours espéré. Vivre longtemps, voir ma famille grandir, évoluer, connaître mes petits-enfants, voire mes arrière-petits-enfants, mais tout ça c’est un rêve qui ne se réalisera jamais de toute manière et ce cancer c’est peut-être un rappel pour me dire que j’ai merdé à un moment donné… » Tu secoues la tête, en complet désaccord avec les mots filant d’entre les lèvres du pompier, mais tu n’as pas le temps de le contredire qu’il a déjà repris la parole. « Je sais pas… J’ai affronté des immeubles en feu sans jamais craindre pour ma vie. Je ne me crois pas invincible, attention, mais je sais pas, j’ai jamais pensé à la mort quand j’exerçais mon métier tout en ayant conscience qu’à tout moment je pouvais ne jamais ressortir vivant de ces interventions… Mais quand ils m’ont dit que j’avais une tâche dans le poumon, j’ai ressenti une telle peur que ça m’a paralysé. » Tes doigts ont commencé à doucement caresser la peau de l’avant-bras du Bates, naturellement, dans un mouvement qui se veut réconfortant, mais qui te provoque une tonne de sensations que tu n’oses pas nommer. « Le déni. Mon père est mort d’un cancer. » « Quino… » Ta voix n’est qu’un petit murmure rapidement oublié pour le timbre plus sombre du pompier. « J’avais seize ans et mon monde s’est écroulé. J’ai vu ma mère dévastée et mes frères et sœurs perdus, j’ai été obligé de prendre sur moi pour les aider, c’était mon devoir… J’ai pas envie de mourir Auty, j’ai pas envie d’infliger cette douleur aux membres de ma famille, à mes proches… Je suis fatigué et effrayé… »

À nouveau, tes bras viennent s’enrouler autour de sa taille, et tu viens nicher ta tête contre son torse, sans réellement lui donner la chance de protester. Joaquin a toujours été un roc oui, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas besoin qu’on s’occupe de lui, que quelqu’un le prenne dans ses bras et le rassure que tout va bien aller, et ce rôle, c’est sans la moindre hésitation que tu le prends. Parce que tu y tiens, parce que tu tiens à lui, parce que tu as besoin de cette proximité autant que tu penses qu’il en a besoin lui. Et cette fois-ci, pas même l’eau qui bouille derrière vous ne sera une bonne raison pour lâcher prise. « Je suis désolée pour ton père Quino. Désolée que ce fichu cancer te ramène à cette époque, et je comprends que tu aies peur, c’est normal. Mais tu n’es pas ton père, tu ne vas pas mourir. » Tu n’es personne pour lui faire cette promesse, mais tu as besoin d’y croire. Besoin de t’y accrocher, sinon c’est toi qui risques de tomber en pièces devant ses pieds. « Ils ont décelé le cancer rapidement, tu reçois des traitements, et je ne connais personne de plus fort et entêté pour combattre ce truc. » que tu annonces avec force, relevant légèrement la tête pour croiser le regard du pompier. « Moi je dis que ce cancer, c’est pas un rappel que tu as merdé. Mais plutôt un son de cloche, pour te rappeler de vivre. T’agis comme si c’était la fin, mais qui te dit que tu ne vas pas avoir une famille, rencontrer tes petits-enfants, si c’est ce que tu veux vraiment? » Ton cœur pince légèrement à l’idée de voir Joaquin rencontrer quelqu’un de qui il tomberait amoureux, avec qui il fonderait une famille, mais si c’est ce qu’il veut, un désir qu’il pense impossible à atteindre, alors tu le lui souhaites, plus que tout. Parce que Joaquin mérite d’être heureux, d’abord et avant tout. « Tu es fatigué et tu as droit de l’être Joaquin. Laisse-moi t’aider. Laisse-nous t’aider. Ceux qui t’entourent et qui t’aiment veulent être là pour toi. » Et tu sais que ce n’est pas que toi, mais tu es certainement dans cette liste. Ta voix tremble légèrement sur tes derniers mots, alors qu’un soupir s’échappe de tes lèvres, tes yeux mouillés malgré ta promesse de rester forte et inébranlable. « Tu n’as pas besoin d’être un roc en tout temps. Appuie-toi sur moi. Je te laisserais pas tomber. » Peut-être que c’est trop. Peut-être que c’est trop sérieux. Peut-être qu’il n’a pas envie que tu sois cette personne pour lui, mais tu avais besoin de lui dire, et il avait le droit de le savoir.

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Chaque sourire de Joaquin semble être une bataille de gagner contre une guerre dont tu ne connais pas le résultat. Il n’y a aucune garantie que le cancer du Bates, bien que de stade un et rapidement diagnostiqué, ne connaisse pas une fin tragique, qu’il ne vainque pas le pompier et tout son bon-vouloir, toute la force que tu sais coule toujours dans ses veines. Mais tu veux croire que vous avez l’avantage. L’avantage du temps, l’avantage du savoir, l’avantage de vivre à une époque où les découvertes médicales se font continuellement et de nouveaux traitements deviennent disponibles bien plus souvent que ce n’était le cas quand le père de Joaquin était malade. Ce n’est pas une garantie, non, mais tu t’y accroches, et quand Joaquin te serre contre lui, une main dans tes cheveux, l’autre logée au creux de tes reins, tu as l’impression qu’il s’y accroche lui aussi. Qu’il s’accroche à toi, comme tu lui as permis de le faire. Et ça te fait du bien, de le sentir fondre contre ton embrassade. De savoir qu’il te fait assez confiance pour t’offrir ce côté de lui que tu suis rare et précieux. Ses bras te ramènent flush contre lui, vos regards ne se quittant pas un instant. C’est tout un tourbillon d’émotions que tu sembles lire dans les yeux du pompier, sans trop être certaine de pouvoir déchiffrer tout ce qui se passe dans sa tête en ce moment. Tout ce que tu sais, c’est que tu es éprise d’une trainée de frissons lorsque les doigts de Joaquin quittent ton dos pour venir effacée les traces des traîtres larmes coulant sur ton visage. Ses doigts s’attardent toutefois, d’abord sur ta joue, le mouvement si simple créant toutefois un émoi en toi, et puis il se fait plus aventurier que toi le pompier, lorsque son pouce vient effleurer tes lèvres, avant qu’il ne relève ton menton de son index, te forçant à lui faire face dans une proximité qui est nouvelle pour vous deux. Parce qu’il y en a eu, des rapprochements dans les derniers mois. Des embrassades, des mains sur les épaules, des baisers sur la joue au passage. Mais jamais rien d’aussi électrisant que ce qui est en train de se produire présentement. Jamais quelque chose d’aussi transcendant, d’aussi demandant que la charge qui existe présentement, alors que l’espace entre vous deux diminue de seconde en seconde, jusqu’à ce que ces lèvres prennent possession d’un baiser qui est à l’image même du moment.

Vulnérable. Hésitant.
Chargé.

La surprise ne te fige que pour quelques secondes avant que tu ne répondes au baiser de la même manière que Joaquin, subtil et doucement d’abord, avant que la conviction ne se fasse ressentir par une pression plus importante, un abandon qui témoigne de l’envie qui se cache derrière. L’envie de découvrir le goût des lèvres du pompier qui existe depuis plusieurs mois déjà, sans jamais que tu n’agisses sur cette envie. L’envie d’enfin donner un nom à ce crush qui est bien plus qu’une simple infatuation enfantine comme tu voulais tant te le faire croire. Tes pensées et tes émotions se bousculent d’un sens et de l’autre dans ton esprit que tu en oublies de profiter et de cataloguer chacun des mouvements, chacune des sensations procurées par le Bates. Et sans jamais obtenir ton accord, il se recule déjà, Joaquin, son corps en entier se déliant du tien dans un choc que tu n’avais pas vu venir. « Pardon Autumn… » qu’il s’excuse sans raison, alors que tes doigts viennent caresser tes lèvres légèrement boursoufflées du baiser volé, comme si tu peinais à croire ce que vient pourtant tout juste de se passer. « Je n’aurais jamais dû faire cela. » Te voilà de nouveau abasourdie, mais cette fois-ci, la surprise te tort le cœur. « Tu n’aurais jamais dû faire cela? » que tu répètes, donnant un moment à ton cerveau de comprendre l’entièreté de la situation. Un instant, il s’ouvre le cœur, t’embrasse et soudainement regrette? Est-ce que tu as dit ou fait quelque chose que tu n’aurais pas dû? Tu ne comprends pas. Ou peut-être que tu ne veux pas comprendre. Tu n’as jamais été très douée pour gérer le rejet. Surtout le rejet d’une situation dont tu n’as pas été – totalement du moins – l’instigatrice. « Je n’aurais jamais dû t’embrasser. » « Pourquoi? » que tu demandes d’une voix brusque et blessée, reprenant soudainement conscience de votre environnement. De l’eau qui bouille derrière vous, des pâtes qui n’ont pas encore commencé à cuire, de tes bagages qui traînent encore dans l’entrée. « J’veux dire, pourquoi est-ce que tu m’as embrassé si tu voulais pas? » Parce que c’est ça qu’il dit, non? Qu’il aurait pas dû. Que ça lui tentait pas. Qu’il s’est laissé aller dans un moment de vulnérabilité, que ses gestes ont dépassé sa pensée. Mais ça pique, de penser ça. Pourquoi est-ce qu’il ne devrait pas t’embrasser? La question est juste là, au bord de tes lèvres, mais tu la retiens celle-là, alors que tu sors un paquet de pâtes du garde-manger, l’ouvre avec bien trop de force, faisant tomber quelques morceaux sur le sol avant de vider maladroitement le reste du sac dans l’eau bouillante. « On est pas… On est pas obligé d’en parler. » Il y a beaucoup à dire pourtant, mais tu ne sais plus par quel bout prendre tout cela et tu as peur. Bien trop peur de l’entendre te dire que tout ça, que toi, toujours et encore toi, tu n’es qu’une erreur.

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Tu voudrais encore être dans le avant. Quand les émotions dans l’air étaient lourdes oui, mais que tu avais sa présence pour t’encrer dans le moment. Ses mains sur ton visage, ses lèvres contre les tiennes, une envie finalement assouvie après bien trop de temps passer à en rêver. Mais le retour à la réalité est douloureux, brutal même alors que l’espace qui s’immisce désormais entre vous semble rappeler que vous n’êtes que des amis. Ou qu’un homme qui est venu en aide à une femme et cette dernière s’est accrochée, imposée dans sa vie. C’est tout toi ça, d’envahir incessamment l’espace des autres, de vouloir te faire une place là où tu n’as pas lieu d’être. Comme bien trop souvent, comme une mauvaise habitude dont tu ne sais pas te défaire, tu passes d’un extrême à un autre, d’un état pratiquement euphorique à une déception amère en moins de cinq secondes, et ça se lit bien trop facilement dans chacun de tes mots, dans chacune de tes actions. Le dos tourné, c’est plus facile de garder la tête haute et de ne pas t’effondrer devant l’homme. Te concentrer sur les pâtes, c’est quelque chose que tu peux faire. Tu avais dit que tu t’occuperais de lui, il n’y a aucune raison pour que cela change après un simple baiser qui ne veut rien dire, pas vrai?

Right.

Le silence et l’absence de réaction de Joaquin semblent te prouver que la meilleure chose à faire est de ne pas en parler. Mais ce n’est pas ce que tu veux, pas vraiment. Tu ne sais pas ce que tu veux en fait, tout ce que tu sais c’est que ce n’est pas ce que tu espérais. L’éternelle optimiste en toi espérait déjà que Joaquin te dise que l’attraction est mutuelle, que l’envie était partagée, qu’il y a quelque chose là, entre vous deux, à creuser. Mais tu rêves Autumn, comme tu le fais tout le temps. « Ce n’est pas ça Auty… » Tu figes lorsqu’il s’approche à nouveau, n’osant pas te tourner vers lui, de peur de ce que tu pourrais lire sur son visage. « J’ai profité de la situation, de ta vulnérabilité, pour assouvir une envie… » L’envie d’embrasser quelqu’un, ou l’envie de t’embrasser toi. Ça aussi, c’est une question que meurt sur tes lèvres avant que tu n’oses la poser. « J’ai seize ans de plus que toi, j’ai un cancer, ce sont des raisons qui me poussent à… Je peux pas te faire souffrir Autumn… Je tiens à toi, beaucoup trop pour te voir partir parce que j’aurais dépassé les bornes comme je viens de le faire… » Ton regard vient finalement s’attacher au sien, l’honnêteté vibrante dans ses yeux foncés et tu ne sais pas ce qui prend le dessus: le soulagement de l’entendre te dire tout ce que tu ressens toi aussi à son égard, ou la frustration que tu éprouves de l’entendre insister une fois de plus sur cette différence d’âge que tu ne remarques même plus entre vous.

Les frissons s’accumulent et tu fermes involontairement les yeux lorsque Joaquin vient déplacer une mèche de tes cheveux, la plaçant derrière ton oreille, le mouvement si simple et t’enflammant sur place. « J’aimerais avoir seize ans de moins pour pouvoir t’embrasser et te dire toutes ces choses qui… Toutes ces choses que j’aime chez toi et qui m’ont manqué plus que je ne pouvais l’imaginer… » Tu déglutis, ton cœur débattant si fort contre ta poitrine que tu as l’impression qu’il va éclater d’une seconde à l’autre. Ça fait longtemps, si longtemps que tu ne t’es pas sentie de la sorte auprès d’un homme, et tu n’as pas envie de te cacher derrière la moindre excuse. « Et si tu me les disais quand même, malgré tes seize ans de plus que moi et ton cancer ou n’importe quelle raison derrière laquelle tu pourrais te cacher? » Un mince sourire apparaît sur tes lèvres alors que tu oses réduire la distance entre vous, l’une de tes mains attrapant l’une des siennes. « Parce que la différence d’âge me dérange pas Quino. Et je tiens déjà trop à toi pour savoir que si quelque chose devait t’arriver… » Les mots te manquent, refusant de penser à ce qu’il pouvait lui arriver, que ce soit dans le cas d’une intervention au travail ou les suites de son cancer. « Si tu m’as seulement embrassé parce que tu te sens seul et vulnérable… je serais déçue, mais je comprendrais. Mais si… si c’est plus que ça, je veux le savoir… » Un pas de plus dans sa direction, ton souffle se mêle au sien, sans que tu n’oses poser tes lèvres à nouveau sur les siennes, bien que tu en meures d’envie. « Parce que moi aussi, ça fait longtemps que j’y pense… » que tu lui admets dans un souffle, un murmure qui n’existe que dans les petits centimètres vous séparant l’un de l’autre.

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The rain, it ain't permanent and soon, we'll be dancin' in the sun

Tu peux pratiquement voir la tornade qui s’empare de Joaquin, qui le force dans une direction contraire à celle qu’il désire réellement prendre. La retenue dont il fait preuve malgré l’absence considérable de distance entre vous. Tu veux la faire disparaître complètement, cette distance. Franchir cette dernière barrière de quelques centimètres et retrouver ses lèvres contre les tiennes. Mais s’il y a une chose que tu retiens de ton passé désastreux, c’est que tu ne peux plus te permettre de prendre, encore et encore, sans te soucier de ce que la personne devant toi tente de te communiquer. Tu tentes de faire mieux, mais il est difficile de contrôler tes impulsions, surtout maintenant que tu connais la sensation de ses baisers, surtout maintenant que tu sais qu’une simple caresse de sa part peut t’enflammer sur place. « Comment peux-tu penser un seul instant que tu n’es pas désirable, Autumn? » Si Joaquin pouvait avoir un aperçu de ton passé, de tes erreurs, des moments qui hantent encore tes cauchemars, il comprendrait. Mais ce n’est pas une conversation que tu veux avoir maintenant, pas en plus de tout le reste qui semble se jouer entre vous présentement. « Au-delà de la beauté de tes traits… » Ton sourire s’étire un peu plus. Parce qu’il te trouve belle, Joaquin. Tu n’étais pas prête à l’admettre, mais tu le sais. Par la manière pas si subtile qu’il avait dernièrement de te dévorer du regard chaque fois qu’il pensait que tu n’étais pas tout aussi submergée par son charme à lui. « Tu es souriante, intelligente et tu es forte. Tu es sensible, empathique, supportive… » Chaque compliment agit comme un baume sur ton cœur meurtri par des années d’erreurs, de doutes, et de discours internes tous plus destructeurs les uns des autres. Mais Joaquin n’a pas connu cette Autumn, et tu aimes la version qu’il connaît, tu veux continuer d’être celle qu’il trouve surprenante, comme il vient de te le souffler.

C’est un combat sans vainqueur, quand il se retient pour ne pas t’embrasser à nouveau et que tu refuses d’être celle qui s’impose à lui. C’est une véritable torture, que de sentir ses doigts qui effleurent ta peau de manière tentative, sans réellement oser t’offrir ce dont tu as tant besoin. « La différence d’âge ne te gêne pas maintenant, mais plus tard… » Tu secoues la tête, réfutes ses paroles parce que tu n’y crois pas un seul instant. Parce que jamais tu ne t’es réellement arrêtée pour te dire que c’est impossible entre vous seulement parce qu’il a seize ans de plus que toi et que oui, peut-être qu’il est à un stade légèrement différent de sa vie, mais ça ne veut pas dire que vous ne pouvez pas vous retrouver, quelque part au milieu. Mais ce n’est pas ce qu’il croit, le Bates. Ou du moins, c’est ce dont il se convainc pour te protéger, qu’il dit. Ou peut-être que c’est pour se protéger lui, tu n’es pas certaine sur ce point. « Tu as déjà assez souffert Autumn… » A nouveau, la proximité t’embrouille l’esprit, surtout quand les gestes du pompier contredisent ses paroles. Il t’est nécessaire de reculer un peu, de prendre une longue inspiration qui n’est pas constituée pleinement de son parfum, de cette odeur qui est si particulièrement sienne qui tu saurais la distinguer n’importe où. Tu fais quelques pas dans la cuisine, cherches une distraction sans réellement en trouver une, avant de finalement te retourner vers le Bates. « Je pense que je suis assez vieille pour décider de ce que je peux gérer ou non. » Oui tu as souffert, oui ton passé t’a malmené plus que bien d’autres et si Joaquin t’a trouvé dans un moment de détresse, il ne connaît pas l’ampleur de ton historique. Il ne peut pas décidé pour toi de ce que tu veux, surtout pas lorsqu’il semble utiliser cet argument pour se cacher derrière ce qu’il veut réellement. « J’ai plus envie de me priver d’un peu de bonheur simplement parce que tout a une fin. » C’est inévitable après tout, et si quelqu’un a en fondamentalement conscience, c’est bien Joaquin. « Pour ce que ça vaut Quino, je pense que tu fais une erreur. » Mais tu ne forceras pas, pour une fois. Tu as dit ce que tu avais à dire, tu as rendu tes intentions claires sans dépasser les limites. Maintenant, la balle est dans son camp. « C’est quand ton prochain rendez-vous à l’hôpital? » que tu lui demandes finalement, te forçant à changer le sujet, préférant attirer l’attention sur autre chose plutôt que de risquer de vous faire du mal sur un sujet qui semble présentement sans issue.

I know you've been hurtin', waitin' on a train that just won't come
The rain, it ain't permanent and soon, we'll be dancin' in the sun

Tu ne t’attendais pas à ce que tout éclate de cette façon alors que tu viens à peine d’arriver, mais tu essayes de te convaincre que c’est pour le mieux. Que la tension des dernières semaines a maintenant éclaté, même si tu ne sais pas trop ce que ça fait de vous, désormais. Tu ne veux pas le perdre, même si ça veut dire te contenter de l’amitié qu’il t’offre depuis plus d’un an maintenant. Tu peux vivre avec ça, surtout maintenant que tu sais que tu n’étais pas seule dans ton attraction, pas seule à ressentir ce besoin de te rapprocher de lui, qu’importe la manière. Tu aimerais l’entendre te dire que tu as raison, qu’il a tort. Que même s’il y a des raisons qui vous éloignent l’un de l’autre, ce n’est pas une justification pour se priver d’un des rares plaisir de la vie. Même si ce n’est pas tout ce que tu veux, avec Joaquin. Est-ce que tu as souvent fantasmé, tard le soir, de franchir les quelques mètres qui séparent ta chambre de la sienne et découvrir ce que ce serait, que de tomber dans les bras du pompier? Bien sûr que oui. Mais ton attirance pour le Bates va bien au-delà du physique, bien plus loin qu’une simple envie de sexe, même s’il y a bien longtemps que tu n’as pas partagé un moment intime avec un homme. Joaquin est différent, spécial, et si tu n’as pas les mots pour le lui dire maintenant, tu espères qu’il sait. Qu’il ne pense pas que tout cela n’est que physique pour toi, qu’une envie à assouvir sans prendre en considération les conséquences que cela pourrait avoir sur votre amitié. Mais il reste silencieux, le pompier. Ne cherche pas à diminuer la distance entre vous une fois de plus, et c’est sans doute mieux ainsi. Mieux que tu te concentres sur ce que tu essayais de lui dire, avant tout ça. T’occuper de lui, être là pour lui, platoniquement. Tu peux faire ça. Les choses n’ont pas à changé, ce n’est pas un simple baiser qui va tout brisé. Tu le refuses tout simplement.

« Il faut que je regarde mon téléphone… » Tu acquiesces d’un signe de la tête alors qu’il sort de la cuisine. Tu ne le suis pas du regard, te concentrant plutôt sur le repas qui traîne à être préparer depuis que tu es arrivée. Tu brasses les pâtes dans la casserole pour t’assurer que rien ne colle, puis ouvre le frigidaire pour sortir les ingrédients nécessaires pour faire une sauce tout ce qu’il y a de plus basique. Ton cœur continue de s’énerver avec force contre ta cage thoracique, mais tu tentes de l’ignorer pour te concentrer sur ce que tu peux contrôler. Tu voudrais qu’il revienne dans la cuisine. Qu’il te fasse la conversation comme il a toujours eu l’habitude de le faire. Tu te demandes si c’est une bonne idée de rester. Peut-être que tu pourrais demander à Ginny si tu peux dormir sur son divan pour quelques jours, le temps que les choses se placent. C’est la dernière chose dont tu as réellement envie, mais tu ne sais plus quoi faire, tu ne sais plus quoi penser. Crème, beurre et fromage trouvent le chemin d’une seconde casserole, et tu as à peine le temps de sortir une cuillère en bois du tiroir que Joaquin se dirige vers toi, un air déterminé sur le visage. Tu n’as pas le temps de comprendre ce qui se passe que les mains de Joaquin reprennent leurs places sur ton corps, comme si c’était la chose la plus naturelle qui soit. L’une contre ta hanche, l’autre derrière ta nuque, venant te voler un baiser qui ne laisse pas place à la moindre hésitation cette fois. Tes bras viennent l’enlacer derrière son cou, et tu réalises à peine qu’il te soulève, tes jambes s’enroulant autour de ses hanches avant que tu ne sois posée sur le l’îlot central de la cuisine. Tu ne sais pas ce qui s’est passé pour le pompier dans les cinq dernières minutes, mais tu accueilles chaque nouvelle caresse, chaque nouveau baiser posé sur ta peau. Tes doigts s’attardent dans son cou, sur ses joues, se faufilant dans ses cheveux encore assez longs pour s’y perdre et tu espères que la chimiothérapie ne lui fera pas perdre sa chevelure. Vos lèvres se retrouvent à nouveau dans une danse enflammée, et c’est à contrecœur que tu t’en sépares. « Attends, attends, attends. » que tu murmures, sans réellement vouloir te défaire de son étreinte. « Les casseroles. » que tu ajoutes avec un léger rire, avant de déposer un nouveau baiser contre des lèvres, comme si tu craignais de perdre ce droit, ce privilège, dans les prochaines secondes. « J’ai pas envie qu’on se fasse interrompre par tes collègues. » Tu ris doucement contre son cou, là où tu déposes une traînée de baisers. « Ta chambre ou la mienne? » Tu n’attends pas une réponse de sa part, lorsqu’il te ramène contre lui et s’arrête assez longtemps pour que tu coupes le feu des casseroles, ses pas te guidant le long du couloir, dans cette pièce que tu as longtemps espéré découvrir.