« Je ne me sens pas très à l'aise.. » Oui, ça, tu pouvais le voir aisément. Il ne fallait pas être un expert pour remarquer sa respiration plus rapide, ses pupilles qui s’affolent, et le ton de sa voix paniquée. Mais la raison de cet état surprenant, tu n’en savais rien. Et t’as du mal à le comprendre. Alors tu tentes de la rassurer comme tu peux. Tu la complimentes, lui offres ton plus doux sourire. Et t’espères que ça fonctionne au mois un peu. En tout cas, ses joues rougissent, t’accordant la bénéfice du doute. « Tu trouves ? Merci. » « C’est vrai. » Que tu réponds sans réfléchir pour enfoncer le clou. Si ça permettait de la mettre à l’aise, tu pourrais même ajouter des choses que tu ne pensais pas, et ce, sans aucune honte.
Tu la gardes près de toi l’invite à te suivre dans quelques mouvements de danse, tu prends parfois quelques gorgées de ta boisson alors que ta main vient trouver la sienne pour la faire tourner sur elle même. L’avantage de fréquenter ce genre de lieu, et souvent accompagné, c’est que tu savais esquisser une danse correcte, et tu savais guider ta partenaire autant à distance que tout contre toi. Et tu jongles entre ses deux phases, lui laissant parfois de l’air, et parfois, l’approchant contre toi pour qu’à peine quelques centimètres vous séparent, imposant une certaine proximité avant de la faire tourner pour pour rendre votre espace vital. Tu chantes souvent les paroles des musiques qui s’enchainent, et heureusement pour toi, la musique couvre ta voix. Alors elle peut simplement constater tes lèvres réaliser un playback des plus expressifs, l’enthousiasme marquant tes traits enjoués.

Tu te penches à nouveau vers elle lorsque tu lui poses ta question. « J'ai envie de me surpasser, d'apprendre à connaître mes limites. » Un nouveau sourire éclot sur tes lèvres amusées. C’était le genre de phrase qui aurait pu te concerner. Sauf que tes limites, tu les testes au volant d’une voiture, dans l’alcool, ou dans un saut entre deux immeubles. Et ce décalage, il te fait rire. C’était tout à fait honorable de sa part. Mais si loin d’être une performance à tes yeux. Et ça, tu ne pouvais pas le nier. Tu te retenais simplement d’en faire la remarque. « J'ai toujours eu tendance à me renfermer sur moi-même, à ne pas m'ouvrir aux autres et rester seule plutôt que de profiter des plaisirs de la vie.. » Tu avoues que là, tu ne sais pas tellement quoi répondre. Vous étiez deux opposés, si différents. Ça en était presque étonnant de vous voir dans une si bonne entente. Tu ne sais pas si tu aurais été si indulgent avec elle en l’ayant rencontré dans d’autres circonstances. Parce que tu avais noué un certain lien d’affection avec Aubrey, même virtuellement. Donc tu avais perdu cette objectivité de la première rencontre. « Et j'en ai assez maintenant. J'ai envie de m'amuser, de rattraper toutes ces années que j'ai perdu. » Tu supposes que ça ne pourrait lui faire que du bien de s’ouvrir à autre chose. Ce n’était pas franchement évident tant elle a frôlé la crise de panique. Mais peut être qu’à long terme, du positif en ressortira. « Y’a d’autres choses que tu veux faire alors? Qu’on profite de cette motivation. » Parce qu’elle nous lâche facilement cette motivation souvent éphémère. C’était un peu comme les bonnes résolutions du premier de l’an. Au début on était toujours plein de bonnes intentions pour finalement les oublier le lendemain. Alors autant enchainer sur la suite, si au moins elle avait une idée précise des nouvelles expériences qu’elle souhaiterait réaliser. Ou alors se laissait elle simplement porter par les propositions comme elle l’avait fait ce soir, dans une recherche passive d’évolution. « Comment tu penses t’amuser et rattraper le temps? » Tu lui demandes, curieux de sa vision des choses. Parce que toi, tu t’amusais en faisant hurler les pneus de ta voiture -que tu dois d’ailleurs changer trop régulièrement-, en sortant jusqu’à pas d’heure avec trop d’alcool dans le sang, et faisant battre ton coeur à tout rompre au sommet d’un immeuble, les pieds dans le vide. T’avais une vision particulièrement de l’amusement, et qui ne plairait sans doute pas à Aubrey. Déjà qu’elle semble peiner à trouver un réel intérêt aux boites de nuit. « J’peux bien te proposer quelques trucs. Mais j’pense que ça te plaira pas. » Que tu ricanes. Elle te l’avait déjà fait savoir en hurlant dans ta voiture quand tu t’étais décidé à accélérer soudainement.