I don't drink coffee I take tea my dear

Elle entra dans le café de Fortitude Valley et commença par donner un regard panoramique sur la salle. Sinead n'était pas encore là. Lorelai se dirigea vers le comptoir et commanda un grand cappuccino. Les derniers évènements dans sa vie n'avaient cessé de la mettre à l'épreuve, elle comme toute la stabilité de son existence, et il fallait absolument que Sinead soit au courant.

Bien qu'au départ, leur différents styles de vie auraient pu les éloigner, ça n'avait au contraire fait que les rapprocher, particulièrement parce qu'elles se compensaient l'une l'autre. Là où Sinead était extravertie quand il s'agissait de sa passion pour la langue française, Lorelai avait beaucoup de réserve et de timidité à vanter cet amour. Et plus intimement parlant, là où Sinead rendait les hommes cocus, Lorelai en avait été une. Une histoire bien amusante. Ou presque.

Elle avait dans son sac la pièce maîtresse de ce rendez-vous, la cerise sur le gâteau de potins, qu'elle aurait préféré ne pas avoir à lui montrer, mais qu'elle devait désormais. Elle avait besoin d'aide, et elle avait pensé pendant les quelques jours où elle avait été la seule à savoir, qu'elle pourrait passer au-dessus des mains tendues de ses amis, mais après tout, elle était seule face à deux familles réunies, et elle voulait à tout prix gagner la bataille. Non pas pour elle-même, mais pour son fils, pour Simon.

Elle s'assit à la table la plus proche de la fenêtre et posa son cappuccino sur le bois au moment même où la porte s'ouvrait sur sa rouquine préférée. Elle lui sourit et la salua d'un geste de la main. Lui laissant le temps de s'installer, elle se pencha légèrement en avant.

— Ok, avant toute chose, je veux que tu me promettes de surtout ne pas parler à qui que ce soit et surtout pas au travail de ce que je vais te raconter. On est ok ?

Non pas que Sinead allait la balancer, mais elle voulait être sûre qu'elle savait que c'était un sujet secret et indiscret. Elle sortit de son sac l'enveloppe ouverte et la glissa devant son amie, l'incitant à la lire. La lettre, écrite en français et cacheté par le tribunal de Lyon, stipulait clairement que les familles des deux parents de Simon souhaitaient que l'enfant revienne auprès du père qu'il n'avait jamais connu, de ses grands-parents, et surtout, que cela soit en France, loin, bien loin de sa mère. Un choc, quand elle avait découvert la lettre. Lorelai n'aurait jamais imaginé que le père de Simon referait surface, encore moins de cette manière. Elle fixait Sinead dans les yeux, attendant de connaître sa réaction.