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’’T’inquiète pas, ça va bien se passer.’’ il le dit d’une voix qui se veut détendue mais qui chevrote un peu sous la nervosité qui commence à poindre, même s’il tente de la dissimuler au mieux pour ne pas contaminer son compagnon qui est déjà amplement assailli par les monstres de l’inquiétude, quand bien même celui-ci l’a contrarié quelques instants plus tôt. ’’Helen est très gentille et elle avait vraiment hâte de te rencontrer ! T’es la première personne que je lui présente, elle va t’accueillir comme le messie…’’ est-ce que c’est une précision rassurante ou, au contraire, cela rajoute des miettes d’angoisse sur les appréhensions déjà vives de l’anglais ? Raclant discrètement sa gorge en fronçant ses sourcils, plutôt incertain de sa capacité à se dévoiler comme un soutien dans pareille situation, Izan se repositionne correctement sur son siège — conducteur, parce qu’il a profité de l’état anxieux de son homme pour avancer l’idée que ce dernier était bien trop fébrile pour tenir un volant, avant de dire, en inclinant légèrement son menton sur le côté comme si l’annonce le mettait lui-même mal-à-l’aise : ’’Par contre, faut que j’te dise… J’sais pas s’il sera là mais, son mec peut pas me blairer. Me demande pas pourquoi, j’en sais rien.’’ un vrai mystère si l’on en croit l’expression de ses lèvres qui se courbent dans un demi-sourire tout à fait évasif, tandis qu’il profite d’avoir stoppé leur voiture à un feu rouge pour saisir la main de Ash, entrelaçant leurs doigts tout en portant leurs mains liées à ses lèvres pour embrasser la surface de sa main, la sienne restée libre se positionnant sur le haut du volant. ’’Elle va t’adorer, j’en suis sûr. Tu lui apportes un fraisier donc tu vas direct devenir son ami.’’ non pas qu’elle ait de faibles standards, Helen, mais elle ne peut décemment pas résister à son gâteau favori et il est bien placé pour connaître Mini-Pouce Première Du Nom, qui est un véritable estomac sur pattes : elle va fondre pour la pâtisserie autant que pour son petit-ami. ’’Enfin, n’oublie pas qu’elle sait comment casser des os avec son métier…’’ si cette taquinerie presque murmurée ne fait pas rire Ash, ce n’est pas bien grave puisque Izan est suffisamment autonome pour rire de sa propre brimade, juste avant de relâcher la main de son homme pour reprendre sa conduite, sans trop insister sur l’accélérateur cette fois. Car même s’il s’efforce de se positionner comme un rempart face à la nervosité de Ash, il est lui-même traversé par quelques sursauts de malaises intérieurs presque palpables dans l’agitation de ses doigts, tant les aperceptions qui se succèdent dans son esprit le perturbent un peu. C’est la première fois qu’il présente officiellement quelqu’un a Helen, aussi, il lui apparaît nettement que sa relation amoureuse prend un sacré virage, et si aucun doute ne vient gâter l’évidence de ses sentiments amoureux, il ne peut s’empêcher d’en éprouver une furieuse traque.

Une fois la voiture immobilisée devant la demeure de la chirurgienne, Izan mordille l’intérieur de sa joue en tapotant un instant le cuir autour de son volant, tâchant de contenir le déploiement du stress qui se répand dans le milieu de son torse. C’est toujours le moment de fuir ou pas ? ’’Bon, vu qu’on a de l’avance sur mon retard — puisque tu m’as bousculé dans mes horaires, autant y aller tout de suite, non ?’’ faisant rouler ses lèvres l’une sur l’autre, il glisse l’une de ses mains entre ses boucles brunes pour tenter de les remettre correctement en place mais, quelques incorrigibles mèches retombent tout de même sur son front. ’’Allez, viens.’’ récupérant ses clefs et son téléphone portable, il s’extirpe de la voiture et la contourne pour aller ouvrir la portière à son anglais, tendant même sa main libre en sa direction pour qu’il puisse la saisir. Si Asher s’en empare, Izan entrelace leurs doigts et l’entraîne en direction de la porte d’entrée, contre laquelle il vient cogner quelques coups à l’aide de sa main repliée, appuyant ensuite son épaule contre le mur en posant ses iris sombres sur le visage anxieux de son compagnon. ’’Respire, tout va bien se passer.’’ du moins, il l’espère.

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T’inquiète pas, ça va bien se passer. Les mots qu’avaient prononcé son compagnon résonnaient encore et encore dans la tête de l’anglais tel un mantra. Habituellement, Ash était réputé pour ne pas se soucier de l’opinion des autres puisque ces derniers avaient tendance à l’apprécier du premier regard. Le guitariste était quelqu’un de doux, avenant et souriant. Il s’agissait d’une combinaison parfaite pour attirer les gens vers soi, même ceux à la carapace la plus coriace. Alors pourquoi se mettait-il autant de pression sur les épaules à la veille de rencontrer la fameuse Helen? Cette dernière était certes très importante pour Izan, parce qu’il la considérait comme sa sœur, alors il n’y avait aucune raison pour qu’elle ne l’apprécie pas, n’est-ce pas? Izan lui avait assuré que la jeune femme avait très envie de le rencontrer et qu’elle était très gentile. Ash n’en avait aucun doute. L’australien avait tendance à bien s’entourer normalement et il ne le voyait pas avec des gens qui ne représentaient pas ses idéaux. « Le messie? n’exagère pas quand même! » avait dit l’anglais en jouant avec ses mains. Habituellement, la seule présence de son petit ami l’apaisait. En ce moment, ce n’était pas suffisant. Son déficit d’attention faisait des siennes et il n’arrêtait pas de bouger sur le siège passager. Il n’était cependant pas au bout de ses tribulations, puisqu’ils étaient déjà presque arrivés chez Helen et qu’Izan en  avait profité pour  prendre  le volant. Ash n’avait même pas essayé de le convaincre du contraire, préférant capituler aussitôt. ’’Par contre, faut que j’te dise… J’sais pas s’il sera là mais, son mec peut pas me blairer. Me demande pas pourquoi, j’en sais rien.’’ le prévint le pianiste avec un demi-sourire. L’éventualité d’un nouveau malaise n’aida aucunement l’anglais à se calmer. « c’est sûrement la faute de ton charme indéniable…» tenta de dire Ash dans une tentative désespérée de décrisper sa mâchoire pour afficher un sourire sur ses lèvres.
La main de son compagnon alla rejoindre la sienne lorsqu’ils furent arrêtés à un feu rouge et Izan vint y déposer un baiser, ce qui aida un peu le jeune trentenaire à s’apaiser. Il se força à faire un sourire à son petit ami. ’’Elle va t’adorer, j’en suis sûr. Tu lui apportes un fraisier donc tu vas direct devenir son ami.’’  lui dit-il, ce qui arracha un sourire à Ash, qui se demandait si Helen était également un estomac sur pattes. « ça va bien se passer…» se dit de nouveau l’anglais, mais Izan se fit un malin plaisir à lui rappeler que par son métier de médecin, elle pouvait très bien le malmener également. « Arrête ! tu m’encourages pas!» lâcha Ash en le fusillant du regard, mais ce dernier avait pour une fois les yeux fixés sur la route. Sa main lâchant la sienne, elle vint se positionner sur le volant. On pouvait y lire les propres traces de son malaise, mais Ash n’en avait aucune conscience. De son côté, l’anglais n’avait jamais été présenté à qui que ce soit, puisqu’il n’avait jamais eu de relations assez sérieuses pour que cela n’arrive. Il n’avait jamais présenté qui que ce soit non plus à sa famille avant ce jour où Aubrey avait rencontré Izan. Heureusement, sa petite sœur l’avait aimé immédiatement et ils se voyaient même lorsqu’il n’était pas présent. Il pouvait se dire que aujourd’hui serait pareil? Qu’Helen allait l’aimer tout de suite? Non?

Asher poussa un profond soupire de désarroi lorsque son compagnon gara la voiture dans l’entrée de la demeure de la jeune femme. « je t’ai bousculé?» lui dit Ash en se tournant vers lui. S’il ne lui avait rien dit, il serait encore en train de se changer pour la énième fois. L’anglais sortit tout de même de la voiture après que son petit ami lui ait ouvert la portière, son coeur battant la chamade, mais pas pour les mêmes raisons auxquelles il était habitué. La main dans celle de son amoureux, cet homme qu’il aimait à la folie, il emboîta son pas jusqu’à la porte d’entrée. Son coeur manqua un battement dans sa poitrine lorsqu’Izan cogna à la porte. ’’Respire, tout va bien se passer.’’ lui assura son pianiste. Inspire. Expire. « oui, tout va bien se passer...» Cette fois-ci, il allait y croire, comme il croyait en son amour infini pour son compagnon. Il serra sa main dans la sienne et sourit enfin de manière sincère, chassant le malaise qui l'avait rongé depuis la veille et même la dernière semaine.


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Asher ne veut pas être le messie ; Izan est sur le point de lui faire remarquer que c’est vraiment dommage parce qu’il en a presque la coupe de cheveux et qu’il ne lui manque plus qu’à apprendre à changer l’eau en vin mais, sans trop savoir pourquoi, l’australien a comme l’impression que c’est le moment ou jamais de se taire s’il ne veut pas finir célibataire avant d’avoir pu présenter son premier copain à Helen ’’Ok, j’fais une croix sur le messie.’’ comme il trouve que c’est quand même super drôle comme tournure de phrase, il émet un petit rire de fierté en levant légèrement son menton sans quitter la route des yeux, même s’il redevient rapidement sérieux en abordant le sujet de Sam qui, pour une raison qu’il n’assimile toujours pas, ne le porte pas vraiment dans son coeur ; l’époux de la chirurgienne serait-il secrètement jaloux de son sens de l’humour ? « c’est sûrement la faute de ton charme indéniable… » c’est une  deuxième hypothèse tout à fait envisageable, et il hoche son visage en ce sens, ne prenant même pas la peine de réfléchir avant de répondre aussitôt ’’Bah il est vraiment pas mal non plus !’’ peut-être qu’il aurait dû réfléchir, du coup, parce que ça ne sonnait ainsi dans sa tête, il le jure ’’Enfin…’’ ne pas s’enfoncer, ne pas s’enterrer ’’Bref.’’ il ne s’aide pas lui-même donc il ne peut que difficilement aider Ash en retour, ils seront au moins d’accord sur ce point. En revanche, ils ne semblent pas avoir vécu la même matinée puisque le « je t’ai bousculé? » qui simule plutôt mal l’innocence de la part de l’anglais d’ailleurs, le qui pousse à lui lancer un regard courroucé dans lequel se lisent quelques reproches muets, qui ne comptent pas le rester bien longtemps ’’Tu m’as pressé comme un citron et tu le sais très bien.’’ dit-il tout d’abord d’un ton sec pour ne pas laisser planer de doute supplémentaire sur les évènements passés, rassemblant ses effets après avoir coupé le moteur de la voiture et poursuivant alors, en brandissant son index entre eux comme si c’était la preuve irréfutable que son discours est cousu de vérité absolue ’’Je dirais même que tu m’as harcelé jusqu’à ce que je sois prêt, ce qui implique que tu ne respectes pas mon rythme et ça, monsieur Thornhill, c’est vraiment moche.’’ est-ce qu’il a assez fait culpabiliser son homme ou il doit en rajouter une petite pellicule pour parfaire son rôle de victime-injustement-dérangée-dans-son-retard ? Heureusement qu’il l’aime suffisamment pour lui pardonner ce traitement aussi cruel qu’infondé. ’’Tu ne m’acceptes pas comme je suis, en fait.’’ songeant que c’est une belle façon de conclure son élan dramatique, Izan sort de la voiture en claquant la portière pour l’effet théâtral qui est nécessaire, allant tout de même ouvrir celle de son homme pour l’entraîner vers l’entrée, en lui répétant, une énième fois, que tout va bien se passer. Après l’avoir accusé comme un malpropre, c’est toujours utile d’essayer de le rassurer pour la suite, n’est-ce pas ?

Mais cette certitude de tout va bien se passer se réaffirme lorsque Helen apparaît dans l’encadrement de la porte, puisque la vision de ce visage familier lui provoque un sourire aussi naturel que suave, qui ne s’éternise en revanche pas. « Izan Da Silva, à l’heure ? Je dois être en train de rêver. » elle met les pieds dans le plat ou elle remue le couteau dans la plaie, celle-là ? Faisant rouler ses yeux vers le ciel en soupirant d’ennui, il se retient d’accuser son petit-ami par un ‘’c’est sa faute à lui’’, n’ayant finalement même pas besoin de le désigner pour qu’Helen l’identifie comme responsable « J’imagine que c’est grâce à ton influence Asher ? Je t’apprécie déjà énormément pour ça. » les lèvres closes, il fait glisser la pointe de sa langue sur ses dents du haut en se retenant de prendre la parole, prouvant bien qu’il est capable de se taire quand il le veut ; ce qui n’arrive pas souvent. Faisant tout de même signe à son petit-ami de passer le premier - parce que grognon et gentleman peuvent cohabiter, la preuve - il clôture la marche en refermant la porte du logement, libérant la main de son homme et entreprenant ensuite de retirer sa veste. « Je suis très heureuse de te rencontrer, Asher. C’est peut-être bateau à dire, mais Izan m’a déjà beaucoup parlé de toi. » POURQUOI ELLE LUI DIT ’’Non mais ça va, pas tant que ça non plus !’’ il tente de dégrossir l’obsession criante qu’il a pour son copain, et le regard insistant et légèrement écarquillé qu’il pose sur son amie a pour vocation de lui faire comprendre qu’elle devrait, elle aussi, apprendre à se taire. « Je vous sers quelque chose à boire ? J’ai fais de la citronnade. » ça commence à faire beaucoup de citrons pressés pour aujourd’hui, il trouve ’’Super Mario qui fait de la citronnade, j’avoue que j’avais jamais vu ça encore’’ la taquinerie est prononcée d’une voix pour le moins sérieuse, pendant qu’il dévisage la silhouette de son amie revêtue dans une salopette bleue ; avec son accoutrement et sa petite taille, elle ne pouvait pas y échapper ’’Ne me dis pas que Sam est habillé en Peach ? Oh. Si. Dis-le moi.’’ le simple fait de l’imaginer est suffisant pour le faire sourire d’un air mutin, et il hausse ses sourcils sous l’humeur amusée qui traverse rapidement son visage. ’’Nous aussi on a un cadeau pour toi, un…’’ fraisier, oui, mais ça meurt sur ses lèvres quand il baisse les yeux sur ses mains et celles de Ash, qui sont vides puisqu’ils ont oublié le précieux dans la voiture. Décidément, il n’a pas de chance ce gâteau. ’’Je reviens.’’ laconique, qu’il prononce tout en tournant les talons pour sortir de la maison d’Helen, abandonnant ainsi son amie et son compagnon pour quelques instants seulement, le temps de revenir avec la pâtisserie soigneusement emballée dans une boite blanche. ’’Tout va bien, il a survécu.’’ du moins, il faut l’espérer sinon Mini-Pouce ne va pas être contente…

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Asher entendait bien les mots que son compagnon prononçait. Son humour était tout à fait discutable aujourd’hui, mais l’anglais savait qu’il ne fallait pas trop qu’il lui réplique pour ne pas lui ouvrir de trop grandes portes. Il était tout de même difficile de passer outre le fait que visiblement Izan trouvait le copain d’Helen de son goût. Certes, le pianiste était tout en fait en droit de trouver qu’un autre individu que lui possédait des traits agréables. Ash n’était pas non plus aveugle, même si depuis qu’il lui avait enfin avoué ses sentiments, il ne remarquait plus personnes autour de lui. Il n’y avait qu’Izan et lui seul. Leur conversation se poursuivit donc avec une remarque de l’australien concernant le fait que Ash l’avait bousculé ce à quoi ce dernier répliqua avec une interrogation. De son point de vue, Izan avait tout fait pour les retarder. Il s’était changé plus de cinq fois, avait pris sa douche deux fois (une la veille et une le matin même), il s’était recoiffé au moins dix fois. Ce  cirque n’en finissait plus et Ash avait regardé l’horloge tellement de fois qu’il ne s’en souvenait plus. Il l’aimait éperdument, mais il refusait d’arriver en retard à cause de lui et ce, même si Helen devait être habituée depuis longtemps au fait que Izan était probablement né en retard. ’’Tu m’as pressé comme un citron et tu le sais très bien.’’ lui dit le pianiste sur un ton sec que Ash n’apprécia pas tout à fait. Il s’apprêta à répliquer, mais bien évidemment l’australien n’en avait pas fini et il enchaina sur un ’’Je dirais même que tu m’as harcelé jusqu’à ce que je sois prêt, ce qui implique que tu ne respectes pas mon rythme et ça, monsieur Thornhill, c’est vraiment moche.’’. S’il crispait déjà sa mâchoire, Ash ne put s’empêcher de grincer des dents au surnom que son petit ami venait de lui affubler. « Je ne t’accepte pas comme tu es? Justement, oui, parce que c’est bien la première fois que je te reproche ton retard! tu sais très bien à quel point je suis nerveux et toi, tu agis comme si c’était un premier rendez-vous galant…» lui dit-il, tentant de se contenir. Cela ne servait à rien d’hausser le ton, mais Izan faisait tout son possible pour que cela arrive.
Prenant de nombreuses respirations, Ash se retient une nouvelle fois de dire quoi que ce soit lorsque Izan claqua la porte de la voiture, mais il serra le poing dans sa main libre, l’autre tenant celle de son compagnon. Il y avait définitivement des claques qui se perdaient, mais Ash eut tout de même le sourire aux lèvres lorsque Helen leur ouvrit la porte. Entre la voiture et la porte d’entrée, l’anglais avait fini par se calmer un peu. Il n’avait pas le choix de toute façon.  Il ne savait pas si c’était sa nervosité qui parlait, mais Izan avait été aussi insupportable qu’adorable durant le trajet en voiture. Pourtant, ces mots n’avaient rien à voir l’un avec l’autre. S’il ne l’aimait pas tant, il l’aurait tout simplement poussé en dehors de sa voiture. Ce qu’il pouvait être drama queen parfois! Mais Ash savait très bien qu’il était un peu nerveux et que ces agissements pouvaient être facilement expliqués.

Lorsque Helen ouvrit enfin la porte, son sourire radieux lui fit oublier le pourquoi du comment il avait été nerveux de la rencontrer. « Izan Da Silva, à l’heure ? Je dois être en train de rêver. » dit-elle à un Izan qui grimaça, mais Ash n’en fit pas de cas. Il eut juste un petit sourire amusé à la réflexion qui n’allait pas plaire à son petit ami. « ça me fait plaisir d’avoir une aussi bonne influence sur lui… pour une fois…» dit Ash en souriant de plus belle. Il savait pertinemment que son homme n’aimerait pas sa réplique, mais il avait envie de l’embêter. Après tout, il n’avait vraiment pas été gentil avec lui dans la voiture. Un jeu, ça se jouait à deux. L’anglais entra en premier dans la maison, d’un pas rapide au cas où Izan ne lui fasse un croche-pied. La porte se refermant derrière eux, Ash eut un air de surprise en voyant la beauté de la maison. « C’est très beau ici!» s'exclama-t-il sans retenue. Il était habitué au luxe de l’appartement de Izan, mais la maison d’Helen était spectaculaire. « C’est tout à fait réciproque…» lui dit Ash, suivi d’un autre sourire. « tu peux m’appeler Ash sans problème en passant.» ajouta-t-il. Il était rare qu’on l’appelle par son prénom, pas qu’il ne l’aimait pas, mais “Ash” était plus familier et il ne voulait pas de formalité ici. « ah oui, on parle de moi souvent?» dit-il en lâchant un sourire espiègle en direction d’Izan qui semblait mal à l’aise désormais. ’’Non mais ça va, pas tant que ça non plus !’’ dit-il d’ailleurs ce qui arracha un autre sourire à Ash.  « Je vais en prendre, merci!» dit-il, poliment, ne comprenant pas sur le coup la référence au personnage de Nintendo et la tenue d’Helen.  ’’Ne me dis pas que Sam est habillé en Peach ? Oh. Si. Dis-le moi.’’ lâcha Izan, ce qui fit penser à Asher que ce dernier n’avait pas pointé le bout de son nez. Il n’était peut-être pas là? Il se demandait bien à quoi il ressemblait vu qu’il n’avait jamais vu de photos du fameux Sam. En étant un peu plus observateur, il remarqua des photos du couple et son regard fut tout de suite attiré vers l’homme qui y était affiché. Izan avait raison, il n’était pas laid à regarder…. ’’Nous aussi on a un cadeau pour toi, un…’’ mais Izan ne finit pas sa phrase. « oh merde…» lâcha l’anglais, comprenant l’erreur qu’ils avaient fait tous les deux. À force de se chamailler ils en avaient oublié le fameux gâteau. Izan se chargea d’aller le récupérer, le laissant seul quelques instants avec Helen. « j’avoue que j’étais nerveux à l’idée de te rencontrer. Je pense qu’on a été distrait…» avoua-t-il à la jeune femme tandis qu’ils étaient seuls. Autant être honnête avec elle. Heureusement, Izan revint avec le gâteau qui semblait sain et sauf! « j’espère qu’il te plaira. Izan m’a dit que c’était ton dessert préféré.» ajouta-t-il, toujours suivi d’un sourire sincère.


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« Je ne t’accepte pas comme tu es? Justement, oui, parce que c’est bien la première fois que je te reproche ton retard! » qui confirme que l’accusation portée à l’encontre de son compagnon est véridique, et s’il laisse un filer un ’’Et la dernière fois.’’ entre les mots de ce dernier, c’est uniquement pour appuyer le fait qu’il n’apprécie pas qu’on bouscule de la sorte ; la dernière fois que Lynda s’est risquée à le faire, elle a été abandonnée au bord du trottoir et il devrait s’en souvenir, Ash « tu sais très bien à quel point je suis nerveux et toi, tu agis comme si c’était un premier rendez-vous galant… » puisque c’est une expression dubitative qui vient brouiller son visage dans une grimace éphémère, il fronce durement ses sourcils au-dessus de ses yeux sombres, qui pétillent d’ordinaire d’un éclat délicieusement malicieux mais qui, en cet instant, se fardent d’un voile ombrageux, annonciateur d’une tempête qui gronde déjà dans l’intimité des pensées qu’il ne partage heureusement pas. Il pourrait argumenter et défendre son point de vue mais, craignant de perdre le peu de contenue qu’il lui reste pour faire bonne figure devant sa meilleure amie, il pince le bord de sa lèvre inférieure en la faisant rougir de colère, d’un élan peut-être symbolique pour s’obliger à garder le silence, avant de sortir de la voiture en marmonnant entre ses dents un ’’Voy a matarlo yo mismo.’’ qui accompagne le claquement brutal de sa portière. Contrairement à Asher, Helen a déjà été témoin de ses élans de fureur, autant qu’elle a soigné les larmes qui ont pu glisser sur ses joues au fil de la traversée de leur amitié mais, puisqu’il tient à soigner la première rencontre entre les deux, il ravale tant bien que mal la nervosité qui tend jusqu’au muscle de sa mâchoire, même s’il n’est que trop peu rompu à l’art de la retenue, le pianiste. Enfant prodigue acclamé aux quatre coins du monde, adulte privilégié habitué à ce que les autres se plient en quatre pour répondre à ses exigences, il n’est pas du genre à taire ses humeurs, Izan, alors l’effort qu’il fournit pour dissimuler l’ébullition de son irritation interne est particulièrement ardue mais, pour les deux personnes qui discutent autour de lui, il tâche de s’y astreindre. Pour la première parce qu’il serait âprement injuste qu’elle subisse les foudres de sa contrariété alors qu’elle n’est en rien coupable, et le second parce que, de toute façon, ils ne sont présentement pas capable de faire un pas l’un vers l’autre pour se comprendre.

Et même si la colère, mise en cage, enchaînée au silence et à l’immobilité, forme une boule noueuse dans son ventre, il s’efforce de donner le change en calmant les effusions flamboyantes dans ses yeux, qui évitent au possible l’homme qui l’accompagne - ses iris mordorés se concentrent alors sur son amie de toujours, dont la présence est certes douce mais guère suffisante pour lui faire oublier le monstre de nervosité qui s’entortillent autour de ses pensées et sous sa peau. « Quoi, elle te déplait ma salopette ? Je pensais qu’elle me faisait un fessier d’enfer. » les paroles et les gestes de la brune défroissent brièvement les traits fermés du pianiste, qui lui accorde la victoire d’un sourire sincère mais néanmoins éphémère, qui ne perdure que lorsqu’il répond, d’une voix simple et grave ’’J’ai toujours dit que tu avais le plus beau cul de la ville, tu le sais. J’crois même que je t’avais fait un diplôme en cours de musique, non ?’’ et le diplôme c’était clairement pas pour la musique qu’elle pouvait produire, mais l’évocation de ce souvenir lointain, oublié, ravivé par les circonstances de leur conversation, adoucit considérablement le feu de sa rancoeur, si bien qu’il baisse un instant le menton pour prendre une fine inspiration nasale, tournant enfin ses yeux calmés vers son homme « Sam n’est pas là, il a un conseil d’école jusqu’à 20h ce soir. » le même que son mec est en train d’admirer, du coup, dommage qu’il ne soit pas là ouais sortons les mouchoirs l’avantage c’est que, si Helen avait réussi à le calmer, Ash vient de souffler suffisamment sur les braises de sa colère pour en faire rejaillir les flammes. Faisant claquer sa langue contre son palais, il détourne le menton pour reposer les yeux sur Helen, lui répondant d’un insipide et bref : ’’J’vois.’’ ce qu’il ne peut plus voir, en revanche, c’est son petit-ami ; dire que leur première dispute s’oeuvre quand il le présente à sa meilleure amie est ironique mais, curieusement, il n’a pas franchement envie de rire, Izan. Puisqu’il gère toujours aussi mal ses émotions - surtout les plus négatives, il enlace ses propres bras en signe de réconfort, croisant ses bras contre son t-shirt en apposant ses mains sur chaque biceps opposés, s’éloignant de quelques pas pour mettre de la distance entre son propre corps et celui du guitariste, mais sans se rapprocher d’Helen pourtant. Il n’est pas suffisamment mesquin pour accaparer sa meilleure amie alors que Ash est déjà stressé, et il préfère largement les laisser parler du dessert pendant qu’il mordille le coin de sa lèvre inférieure, ne se faisant pas d’illusion concernant le fait que la chirurgienne va bien aisément deviner qu’il est la proie de quelques oiseaux d’animosité qui ne veulent pas s’envoler, et qui picorent plutôt toutes ses tentatives pour mettre son ressentiment de côté. « j’espère qu’il te plaira. Izan m’a dit que c’était ton dessert préféré. » gngngngn même de l’entendre parler ça l’énerve mais il sait, au fond, que ses émotions empoisonnées n’ont aucune logique, qu’elles ne sont aucunement le reflet d’une véritable haine mais plutôt l’écho de son incapacité à manier sa colère, et qu’à défaut de pouvoir l’exprimer comme il le voudrait, elle est en train de le pourrir de l’intérieur en prenant de l’ampleur, provoquant un désordre pas possible dans son coeur « Oh, je n’en doute pas. Merci Ash. » ouais merci c’est clair « Et merci Izan d’avoir partagé ce type d’informations. » il lève ses longs cils naturellement recourbés vers elle en haussant ses sourcils, dans un geste qui vaut comme une réponse, étant à la fois ‘’de rien’’ et ‘’merci d’oublier que j’existe pour les huit prochaines heures’’. Mais elle ne l’oublie pas, Helen, et s’il la suit c’est uniquement pour grimper sur l’un des tabourets qui bordent le plan de travail, sur lequel il dépose l’un de ses avant-bras pendant que sa main libre part sur sa nuque. « Vous voulez manger avant ou après vous être mis au travail ? Quoique, vous pouvez aussi le faire pendant, mais c’est peut-être pas très hygiénique. » les sourcils légèrement froncés, il redresse son menton vers Helen en faisant glisser la pointe de sa langue sur ses lèvres ’’Au travail ?’’ qu’il répète, incongru, ne sachant visiblement pas qu’il devait en effectuer un « Souviens-toi, je t’ai demandé si vous pouviez me prêter vos muscles pour m’aider à monter le vaisselier qui attend depuis des semaines dans le salon ? » aussi étrange que cela puisse paraître, non, il ne s’en souvient pas ’’J’crois que j’ai Alzheimer parce que j’me souviens pas que tu aies parlé de ça…’’ qu’il prononce sans agressivité aucune, mais qui ne détend pas ses épaules pour autant, même si son ton se fait un peu plus espiègle quand il s’illustre sous un ’’Qu’est-ce qui te fait croire que j’ai déjà monté des meubles dans ma vie ?’’ parce que ce n’est vraiment pas le cas : ses mains sont trop précieuses et rapportent trop d’argent à son label pour qu’on prenne le risque de les malmener ! ’’Mais j’vais essayer, vas y.’’ descendant de son tabouret en faisant glisser sa main le long du comptoir, il attend qu’elle lui montre la bête ; à défaut de calmer celle qui sévit dans son esprit, il va peut-être réussir à dompter celle là.

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Ash,  @Helen Stenfield & @Izan Da Silva #4

L’anglais avait tellement été perdu dans les méandres de sa nervosité qu’au final il avait sous-estimé ce que son compagnon pouvait ressentir. Ce qu’il avait pris pour une colère d’enfant grincheux était le résultat de son propre stress. Malgré lui, Asher avait attisé les tensions et le feu avait repris de plus belle. Le guitariste connaissait Izan depuis plus de six mois à présent. Il avait été témoin dès le premier jour de son caractère joueur et attachant. C’était ce qui l’avait rendu accro à son petit ami. Lorsqu’il souriait, Ash se perdait dans les replis de ses lèvres et de sa mâchoire. Lorsque ses iris dorés s’illuminaient, il pouvait se perdre dans l'éther de son regard, dans ces espaces célestes qui le faisaient perdre pied avec la réalité. Mais cette dernière était bien présente. Il y avait une noirceur en Izan et il lui avait été impossible de la détecter auparavant. Asher avait été témoin d’une facette de son pianiste qui l’avait déstabilisé sur le moment, mais qui avait été suffisante pour réaliser qu’il l’aimait à la folie. Bien que non prévue, sa vulnérabilité n’avait fait que renforcer ses sentiments déjà existants pour le pianiste qui lui permettait de voir une version plus nuancée désormais de l’homme de sa vie. Aujourd’hui, il n’avait aucunement prévu de se retrouver devant une toute nouvelle facette d’Izan. Elle lui faisait un peu peur par moment. L’australien lui avait un peu parlé de son passé. Bien qu’il en ignorait toujours une partie, il se disait qu’Izan avait manqué de beaucoup de choses étant plus jeune. Quelque chose que l’argent n’avait visiblement pas pu acheter. Peut-être que Ash y avait été un peu fort avec ses reproches. Peut-être l’avait-il vraiment bousculé avec trop de force dans ses retranchements? Peut-être l’avait-il même involontairement poussé au bord d’un gouffre? Cela n’avait été en aucun cas son intention. Il ne savait pas à quel point Izan avait du mal à gérer les émotions négatives et ce ne serait pas à son avantage.

La tornade qui se formait dans l’esprit d’Izan était sur le point de tout ravager sur son passage. Ash ne voyait pas de l’angle où il était la noirceur qui pointait dans le regard de son compagnon. Il ne voyait pas non plus ses traits rougissant de colère. Peut-être aurait-il un peu modéré ses paroles? Mais lui-même était blessé par l’attitude de son petit ami et surtout  le ton qu’il employait pour lui parler. La défensive restait sa principale défense puisque sa propre nervosité l’empêchait d’y voir clair. « Quoi, elle te déplait ma salopette ? Je pensais qu’elle me faisait un fessier d’enfer. » leur dit Helen en ayant un air visiblement faussement froissé, mais elle se cambra tout de même pour leur prouver ses dires. Ash n’eut pas le temps de répondre qu’Izan sortit une réplique dont lui seul pouvait être l’auteur. ’’J’ai toujours dit que tu avais le plus beau cul de la ville, tu le sais. J’crois même que je t’avais fait un diplôme en cours de musique, non ?’’ avait-il dit et Ash n’avait pu que froncer les sourcils. Pendant une seconde, ou même plusieurs, il se demanda si Izan cherchait à le blesser en disant cela à voix haute. Mais il n’avait jamais vu ces deux-là ensembles, alors peut-être étaient-ils toujours comme cela quand ils étaient tous deux dans les parages? Ash ne put s’empêcher d’ailleurs de percevoir la distance que son compagnon avait créé entre eux. Et cela n’avait rien à voir avec le fait qu’il était sorti pour aller chercher le fameux fraisier. Ses bras serrés contre lui n’envisageaient rien de bon non plus. Seuls durant quelques instants, Helen avait pris le temps de rassurer Ash qui lui avait souri malgré le nouveau malaise qui s’était installé, mais qui n’avait cette fois-ci rien à voir avec sa première rencontre avec elle. « Moi aussi, je suis ravi d’être là. Il m’a aussi beaucoup parlé de toi…» lui avait-il dit, mais Izan était déjà revenu, coupant court à leur brève discussion.

Ash sentait soudainement le besoin de le prendre à part pour qu’ils aient une discussion. Mais il savait qu’Izan ne le laisserait pas faire. Il était dans sa bulle funeste et ne semblait pas vouloir s’en échapper pour le moment. Peut-être que Helen pourrait trouver les bons mots pour le faire sortir de sa transe? L’anglais se sentait soudainement impuissant et ne savait pas quoi faire pour retrouver l’attention de son compagnon. « Vous voulez manger avant ou après vous être mis au travail ? Quoique, vous pouvez aussi le faire pendant, mais c’est peut-être pas très hygiénique. » leur avait-elle dit, ce qui suscita un questionnement sur les traits d’Asher qui se demandait de quoi Helen pouvait parler. Izan semblait tout aussi décontenancé que lui, mentionnant qu’il n’avait aucun souvenir qu’elle le lui avait demandé. ’’Qu’est-ce qui te fait croire que j’ai déjà monté des meubles dans ma vie ?’’ répliqua-t-il. Ash se retint de toutes ses forces pour ne lâcher un commentaire du genre « Ouais, faudrait pas que tu te casses un ongle…», mais il ne dit rien. ’’Mais j’vais essayer, vas y.’’ lui dit-il en descendant du tabouret sur lequel il était assis depuis quelques minutes déjà. « Je peux aider aussi sans problème.» lui dit Ash, qui était bien plus manuel que son compagnon. Mais il ne souhaitait pas le froisser en prenant les devants. Il le laissa donc faire, l’ombre de l’inquiétude dans ses yeux. Il ne s’était jamais disputé avec Izan, il était évident que cela allait se reproduire dans le futur, mais cela ne changeait rien au fait que son coeur se serrait face à la situation précaire dans lequel il s’était mis.

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D’ordinaire, c’est lui, le maître du sarcasme, et s’il n’a jamais douté de la vivacité d’esprit de la chirurgienne, il se retrouve largement pris au dépourvu lorsqu’elle lui rétorque « Ton esprit débrouillard » sans la moindre trace hésitation dans la voix ; une réponse qu’il considère autant comme une façon de l’amadouer que de se foutre de sa gueule. Il a un esprit débrouillard, lui ? Première nouvelle ! Ce n’est pas pour rien qu’on lui a collé une assistante revêche dans les pattes mais, comme Izan n’a jamais su résister à la frimousse de la brune, il ne tente même pas de mettre en exergue sa fourberie et admet sa défaite sans opposition aucune, si bien que ses épaules s’abaissent comme pour manifester physiquement cette capitulation, avant même qu’il ne la formule à voix haute « Je peux aider aussi sans problème. » il se retient tellement fort de demander ’’qui t’a sonné toi ?’’ qu’il a peur de choper un ulcère à l’estomac mais, au prix d’un effort inconsidérable, il garde ses lèvres closes et ses yeux rivés sur sa meilleure amie, qui reprend le flambeau de la parole en l’empêchant — fort heureusement — de blesser l’homme qu’il aime éperdument « Et si tu commençais à déballer les cartons pendant qu’Asher m’aide à couper le fraisier ? » pourquoi elle me fixe comme ça qui traverse le ciel de son esprit comme une comète incolore, lui faisant légèrement froncer les sourcils avec un air amplement confus. Elle maintient trop longtemps son regard dans le sien pour que leurs iris accrochés l’un à l’autre n’échangent pas des messages implicites et — enfin, oui — il comprend qu’elle a compris, et elle doit avoir compris qu’il a compris qu’elle a compris (bref) « Tu peux déchirer le carton, je n’en aurai pas besoin. J’irai te chercher les outils dans le garage quand tu auras fini de tout sortir. » il a saisi le sous-entendu mais ne sait pas vraiment s’il doit s’en réjouir ou non, si bien qu’il redresse sa nuque en prenant une fine inspiration nasale, son regard s’éloignant vers lesdits cartons dans un battement de cils. Sur le moment, il se contente seulement de remuer son menton de haut en bas en tâchant de ne pas oublier que défaire ses lèvres c’est prendre le risque qu’une attaque acerbe s’en extirpe, si bien qu’on peut aisément croire qu’il se mure dans le silence sous l’élan d’un caprice tout à fait risible, alors qu’il se fait muet pour ne pas être plus grossier qu’il ne l’est naturellement « Tu sais bien que ma conscience m’empêche de te donner la plus grosse part de fraisier pour te remercier de monter mon meuble mais… je vais essayer de t’en couper un plus gros morceau que toi la dernière fois. » ses yeux reviennent presque inconsciemment sur le sourire de représailles qu’elle lui offre, et Izan ferme lentement les paupières en souriant à son tour, avec moins d’essor jovial cependant, certes. Mais Helen doit savoir qu’elle vient d’accomplir un exploit, et qu’elle l’apaise suffisamment pour qu’il fasse de nouveau fonctionner la mécanique de son langage, en tâchant de mesurer chaque syllabe comme si elles étaient de possibles grenades dégoupillées ’’T’as quand même fini par tout manger, j’te signale.’’ qu’il prononce à moitié en s’éloignant, et en grimaçant sans que personne ne puisse le voir lorsqu’il se souvient du monstre poilu venu interrompre leur escapade printanière ; encore une fois, heureusement qu’elle était là, Helen.

Étant suffisamment éloigné d’eux pour ne pas entendre ce qu’ils se disent, il jauge la ribambelle de cartons rectangulaires avant de prendre la liberté de pousser la table basse, songeant qu’il va avoir besoin d’espace pour ses bricolages. Prenant place au bord du fauteuil — parce qu’il ne faudrait pas trop se fatiguer non plus —, il déballe le premier carton et étale les planches carrées (sans nul doute les étagères, il n’est pas si nul) devant lui, avec les petits sachets contenant les vis et tous les autres boulons de l’enfer sur la planche du haut. Quelqu’un pour noter que le grand bordélique essaye d’être organisé ? Réitérant avec les deux autres cartons, il met la main sur la notice et… elle n’est qu’en suédois. ’’C’est quoi ce truc…’’ la vraie question étant plutôt ’’pourquoi il continue de la scruter alors qu’il ne lit pas le suédois’’ mais, heureusement, il y a aussi des schémas ! Appuyant son coude sur son genou plié, il vient nicher son menton dans sa paume, ses doigts légèrement espacés contre sa joue, les paupières plissées alors qu’il tâche de comprendre la première image. ’’C’est chiant.’’ mais il va le faire quand même, faut juste le laisser râler dans son coin ! Descendant du canapé pour s’asseoir sur le tapis du salon, le dos accolé contre le sofa, il pose sa notice sur sa cuisse puis entreprend de disposer les deux plus grandes planches devant lui, prenant ensuite les vis, chevilles et autres ferrailles dont il ignore le nom et qui le gonflent tout autant que le reste, aux endroits indiqués sur ce foutu schéma ’’Bon euh… J’ai besoin d’un truc pour tourner les vis.’’ à deux phalanges d’inventer le concept du tournevis, oui. Il le demande sans lever les yeux de la notice, ses boucles brunes tombant sur son front pour cacher le haut de son visage, sa main remplie de boulons qu’il fait rouler entre son pouce et son index, visiblement davantage prompt à s’adresser à eux avec souplesse maintenant que son agacement est dirigé vers le meuble : la preuve qu’Helen sait comment il fonctionne, et comment le calmer surtout.

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Ash,  @Helen Stenfield & @Izan Da Silva #4

La situation s’était envenimée extrêmement rapidement et Ash n’avait pas su le calmer avant que la tempête ne s’abatte définitivement sur eux. L'accumulation de stress et les petites répliques et piques lancées par ci par là avait transformé leur journée en chaos. L’anglais essayait de ne pas flancher sous la pression et sous les tensions qui entouraient Izan comme un mur impénétrable. Il n’avait jamais vu l’australien agir de la sorte et ça le peinait énormément de ne pas avoir su calmer le brasier avant qu’il ne s’enflamme. Il se sentait impuissant devant tout ce chaos. Il ne savait pas quoi dire ni quoi faire pour désamorcer cette bombe. Il se disait que la seule raison pour laquelle Izan n’avait pas explosé était la présence d’Helen. Quelques jours auparavant, Ash avait pourtant réussi à le calmer, par sa présence. Aujourd’hui, il était la raison de ses tourments. Et ça lui faisait mal. Il sentait son coeur se fendre à chaque tension dans le corps du pianiste. Il se déchirait à chaque regard féral qu’il lui lançait du coin de l'œil. Cela lui était insupportable. Malgré tout, il essayait de bien paraître, mais l’image qu’il projetait s’effaçait dangereusement, laissant de plus en plus la place à son malaise grandissant. Son sourire n’était plus qu’une ombre sur ses lèvres et il n’avait qu’une envie, fuir. Mais il avait bien l’impression que ce n’était aucunement la solution à ses problèmes, bien au contraire. Il avait fait la promesse à Izan d’être toujours là pour lui. Il n’allait pas partir, il n’allait pas l’abandonner, mais la situation n’était pas facile.

Lorsque l’attention d’Izan se tourna vers le meuble qu’Helen lui avait demandé de monter, Ash s’éloigna avec la jeune femme dans la cuisine. Visiblement, le pianiste n’avait pas besoin d’aide et ne l’avait même pas regardé lorsqu’il s’était proposé. Autant le laisser seul dans sa bulle de colère pour le moment. Peut-être allait-il finir par se calmer? Ash avait l’impression que le simple fait de graviter autour de sa personne lui était insupportable. Et cela ne l’aidait pas à se sentir mieux, bien au contraire. Il avait envie de disparaître sous le plancher. Évidemment, aussitôt seul avec Helen, l’anglais sentit son regard perçant sur lui. Ash leva  ses yeux sombres vers elle, ne sachant pas trop par quoi commencer.  Elle le connaissait bien mieux que lui apparemment. « Sa colère n’augure rien de bon. » avait-elle dit. Asher pinça ses lèvres avec sérieux, ne sachant pas trop quoi répondre à cela. Sa jambe commença à trembler, signe de son stress qui continuait de nourrir ses angoisses malgré lui. « je ne l’ai jamais vu comme ça… je veux dire, aussi énervé, aussi en colère. » commença-t-il par dire, honnête. Même lorsque l’homme du bar l’avait embêté, il n’avait pas réagi comme cela. « Je l'ai déjà vu perdre pied, mais jamais comme en ce moment. Ça lui arrive souvent?» demanda-t-il, d’un ton inquiet. Il regardait son compagnon du coin de l'œil qui galérait visiblement avec les papiers d’instrument du meuble. Au moins, sa colère était désormais dirigée vers le fameux morceau de mobilier. « Je peux me permettre de te demander ce qu’il s’est passé pour qu’il soit ronchon comme ça ? » avait ajouté Helen, visiblement curieuse. Ash serra la mâchoire, tellement qu’il en avait mal aux dents. « Je pense que j’ai nourri son stress avec mes propres angoisses et j’ai laissé le monstre prendre de l’ampleur… Je l’ai pressé pour partir tout à l’heure… Il n’a pas apprécié que je lui dise cela…» dit Ash en soupirant. Il sentait la boule qu’il avait dans l’estomac grossir et cela lui donnait la nausée. « j’ai envie de lui parler, mais je pense que ça ne ferait qu’empirer les choses. C’est comme s’il y avait un mur qui l’entoure… Et il ne veut pas que j’accède à lui… ça me rend malade.» ajouta-t-il en soupirant. Ash regarda Helen dans les yeux, cherchant du réconfort, un conseil ou n’importe quoi d'autre parce qu’il souffrait également de toute cette histoire. Son coeur avait mal.

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« Tu veux la visseuse ou un tournevis ? Plat ou cruciforme ? » s’il a formulé sa demande en gardant les yeux rivés sur le papier blanc qu’il a apposé contre sa cuisse, tâchant de bien comprendre les schémas établis les uns à côté des autres à l’encre noire, le pianiste cligne plusieurs fois de ses longs cils recourbés avant de lentement redresser le menton pour toiser sa meilleure amie avec un mais qu’est-ce que tu baragouines suffisamment audible sur ses traits pour ne pas avoir besoin d’être formulé à voix haute. N’ayant aucune réponse précise à lui apporter, il pince le coeur de sa lèvre inférieure en baissant de nouveau les yeux sur le papier qu’il défroisse pour se donner de la contenance, mais aussi parce qu’il est presque sûr d’avoir vu un dessin de tournevis dans ce satané dépliant ; il le retrouve finalement à la troisième page et, comme l’illustration montre une petite croix dans un rond, il répond enfin, sans excès d’assurance ’’Cruciforme.’’ une petite pause qui lui permet de froncer davantage les sourcils ’’Je crois.’’ parce que la certitude est restée quelque part dans les cartons, et qu’il en a suffisamment conscience pour ne pas simuler une quelconque maîtrise qu’il n’a pas « Attends, je vais te chercher la boîte à outils. » il se demande un instant si la fameuse mallette contient, elle aussi, une notice pour l’aider à s’y retrouver dans tous les instruments de bricolage, parce qu’il aimerait mieux ne pas avoir à sortir son portable pour savoir qui est qui, et qui sert à quoi surtout, mais il réalise un peu trop rapidement qu’il va se retrouver en tête à tête avec celui qui a lancé les hostilités (du moins, dans sa conception des évènements). Et comme il soupçonne la chirurgienne d’avoir une idée sournoise en tête, il redresse son menton pour pouvoir la suivre du regard lorsqu’elle s’éloigne, non sans joindre, à sa silhouette fuyante, des yeux rancuniers. Il ne manquera pas de lui faire la remarque un peu plus tard mais, puisqu’il est soudainement devenu champion au jeu du silence — lui qui d’ordinaire est pourtant si bavard, il se contente de passer la pointe de sa langue sur le coeur de sa lèvre inférieure avant de se replonger dans sa notice tout à coup passionnante, en tâchant de ne pas paraître plus nerveux qu’il ne l’est en réalité. Heureusement que personne ne peut se rendre compte que son coeur bat bien plus vite qu’à l’accoutumée, même si le martèlement n’a rien de l’émoi amoureux qui tourbillonne si souvent autour de son palpitant lorsqu’il est en présence de l’être aimé ; c’est présentement un grondement furieux, un tambour presque douloureux, qui fait monter dans sa gorge comme un noeud de fébrilité et d’agacement mêlés. Mais s’il pense pouvoir se cajoler dans son mutisme salvateur pour son couple et lui-même, il est forcé de lever le nez de son papier pour décrocher son téléphone lorsque la sonnerie résonne dans le petit salon. ’’Fais-vite, j’suis en train de monter un meuble. Enfin, j’essaie.’’ au moins, c’est honnête autant sur la forme que dans le fond, et il cale son téléphone entre son oreille et son épaule musclée, le visage incliné sur le côté pour pouvoir le tenir pendant qu’il rassemble les vis par petits tas juste devant lui. Si Asher ne peut pas entendre ce qui se dit à l’autre bout du téléphone, il peut clairement voir que le pianiste fronce ses sourcils en mordant le coin de sa lèvre inférieure, comme si on lui racontait une histoire n’ayant pas beaucoup de sens ’’Sydney ? Demain ? T’es sûre de toi ?’’ Lynda — qui va bientôt partir en dépression — soupire avant de s’époumoner sur le fait qu’elle « lui fait un planning qu’il devrait suivre » mais pas de quoi le froisser outre mesure ’’Si je suivais le planning comme tu dis, tu serais au chômage à l’heure qu’il est, donc estime-toi heureuse. Bon, à quelle heure on part ?’’ elle lui donne la réponse et il fait suivre un pauvre ’’Ok’’ d’une voix détachée, avant qu’il redresse sa nuque en reprenant son portable dans sa main, sans l’éloigner de son oreille puisqu’elle continue de parler, un peu trop visiblement car le pianiste reste de longues secondes sans faire entendre le son de sa propre voix, jusqu’à ce que ça le gonfle aussi ’’C’est génial ce que tu me racontes mais, j’ai vraiment pas le temps. On en reparle demain.’’ comme il raccroche aussitôt, on peut considérer que ce n’était pas une proposition ; son assistante va survivre, de toute façon, comme les autres, elle n’a pas vraiment d'autres choix que de composer avec son tempérament capable de souffler le chaud et le froid, mais jamais le tiède. Et ce n'est probablement pas Asher qui dira le contraire.

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Ash,  @Helen Stenfield & @Izan Da Silva #4

Le silence. Ash ne l’avait jamais affronté jusqu’à présent. Deux êtres unis, que rien ne semblait pouvoir séparer, étaient désormais divisés par une absence de son et de mots. Être ignoré était selon l’anglais le pire des châtiments que Izan pouvait lui réserver. Bien qu’il ne pouvait pas en vouloir à Helen, mais bien à lui seul, il avait redouté le moment où elle allait les laisser tous les deux seuls. Le pianiste, son pianiste, l’était-il toujours ? ne lui adressa ni même un regard ni même un mot. Ash était emprisonné de l’autre côté de ce mur qu’il avait dressé entre eux. Il avait envie de lui crier dessus, de lui dire que cela ne faisait aucun sens. Il avait envie de lui hurler de lui crier des mots et ce, même s’ils n’étaient en rien plaisants. Il désirait simplement une réaction de sa part. Il souhaitait que Izan lui parle, tout simplement. Mais Ash restait figé sur place. Il ne bougeait pas, paralysé dans sa douleur. Ash tenait énormément à Izan. Il l’aimait à la folie, le voir comme cela le torturait. Il souffrait lui aussi, en silence, de ce silence. L’atmosphère était lourde, remplie d’ondes négatives qui ne tarissait pas. L’anglais finit par retrouver l’usage de ses muscles après plusieurs secondes et il tenta un pas en direction de l’homme qui semblait être à des années lumières de lui. La sonnerie de son téléphone commença à retentir dans la pièce, ce qui causa à Asher d’avoir un violent sursaut. Il en avait oublié l’endroit où il était. Il en avait oublié qu’en dehors de ces quatre murs, le monde continuait d’exister, de bouger et même, de vivre. Dans son univers à lui, l’espace était inerte et dans son cœur, c’était le chaos qui se mêlait au chagrin. Évidemment, il n’entendait pas ce qu’on lui disait de l’autre côté du combiné, mais il pouvait en croire par les expressions faciales d’Izan que c’était probablement Lynda à l’autre bout du fil. Son cœur se serra lorsqu’il comprit qu’il devait se rendre à Sydney le lendemain. Le temps allait lui filer entre les doigts. Il le regarda raccrocher, mais ne dit rien. Ses jambes avaient de nouveau cessé d'obtempérer. Ash avait peur. Il n’avait pas peur cependant d’Izan, il n’avait pas peur qu’il s’en prenne physiquement à lui. Il avait peur de ses mots, de son regard hostile. Il avait peur de voir les ténèbres dans ses iris. Il était déstabilisé par la situation. Cela ne lui arrivait jamais en d’autres temps. Il avait déjà eu des disputes avec d’autres personnes dans le passé, mais ces dernières n’avaient été que des gens de passage dans son existence. Izan représentait pour lui un point fixe dans le temps, immuable. Il n’avait jamais pensé à la possibilité de le perdre. Il n’avait jamais pensé qu’un jour, il serait possible qu’ils se disputent. oui, il était un peu naïf de croire cela. C’était bien la première fois qu’il était dépourvu de mots face à une telle situation. Et il savait pourquoi. C’était parce qu’il l’aimait et qu’il ne souhaitait pas le perdre.

Les mots d’Helen bourdonnaient soudainement dans son esprit. Elle lui avait clairement conseillé de ne pas lui parler, de le laisser dans sa bulle. Mais ça le tuait, Ash. Il ne voulait pas non plus envenimer les choses. Il se détestait de ne pas savoir quoi faire. Il se détestait de ne pas connaître Izan au point de savoir quoi faire. Il jalousait désormais Helen de le connaître suffisamment pour être son point d’ancrage. Est-ce que Ash était suffisamment important pour Izan? Il ne le savait pas. Il ne le savait plus. Les tempêtes dans sa propre tête le sommèrent d'aller s’asseoir à ses côtés et durant quelques secondes, il ne dit rien. Il gardait une distance avec lui, la même qu'il lui avait fait subir lorsque Helen était encore dans la pièce. « je ne veux pas partir, mais si jamais c'est ce que tu souhaites et que je te laisse seul avec Helen, je le ferai.» avait-il finalement Ash à contre-coeur. La fuite n'était pas la solution, mais si Izan ne voulait plus de sa présence, il obtempérerait.

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Ceux qui ont étudié le cerveau humain le savent : il est constitué de neurones qui transmettent les messages grâce à des impulsions électriques, mais toute la particularité de cette chaîne est que les fameux neurones ne se touchent pas entre eux ; il faut donc des messagers chimiques, appelés neurotransmetteurs, pour assurer la communication. Ça, c’est sur papier, et ça marche pour la grande majorité. Dans le cerveau d’Izan, les émotions négatives engendrent forcément un court-circuit quelque part, peut-être que les messagers sont un peu flemmards ou alors peu scrupuleux, parce que les mots qu’il se formule ne se répercutent pas sur sa langue comme il le voudrait. Certains se perdent en chemin, s’habillent d’une humeur qui n’est pas la sienne ou arrivent gravement cabossés, et dégringolent même de ses lèvres sans y avoir été invités. Pour lui, il est donc plus simple de les laisser filer, ces phrases de venin, quitte à blesser ou paraître désagréable, d’être le putain de sale gamin qu’il était déjà quand il répondait à ses professeurs et ses parents, le même qu’on exposait sur les plus grandes scènes sans y avoir été véritablement préparé, le même qu’on a condamné pour la mort de son frère et qu’on a rejeté sans aucune autre forme de procès. Alors, pour lui, se taire est bien plus difficile que de libérer les monstres verbaux qui sont retenus prisonniers derrière le barrage de ses lèvres closes, et même si son silence est douloureux pour son petit-ami, les mots qu’il pourrait lui cracher au visage seraient bien pires. Mais il sait aussi, par un éclat de lucidité qui n’est pas encore gangréné par la colère aveugle, que ces mauvais sentiments ne sont que passagers et qu’ils vont finir par s’émietter, reste à savoir quand et comment.

S’il l’a vu se rapprocher jusqu’à prendre place non loin de lui, le pianiste s’efforce de ne pas manifester de grande réaction physique, ne sachant pas tellement si ses mouvements seront assez mesurés pour dissimuler le fait que sa nuque s’est raidie, comme si l’air avait été tout à coup chargé d’une atmosphère bien trop lourde, même pour lui « je ne veux pas partir, mais si jamais c'est ce que tu souhaites et que je te laisse seul avec Helen, je le ferai. » comprendre que c’est l’impression qu’il donne  à Asher lui tord le coeur, puisque ce n’est non seulement pas ce qu’il souhaite mais, en plus, cela signifie que tous ses efforts pour taire ses élans coléreux ont été vains. Est-ce que la tristesse désarme totalement la colère ? Pas tellement, mais il identifie nettement que quelque chose s’étire dans le haut de son torse, comme une corde usée sur laquelle on tire avec acharnement, et s’il ne reconnaît pas tout de suite le noeud de la culpabilité, il tâche de faire fonctionner son cerveau pour rassembler quelques mots qui sauront, avec un peu de chance, défaire cette mauvaise croyance ’’J’ai jamais dit ça.’’ qui sonne avec plus de froideur qu’il ne le voudrait, et il s’en rend suffisamment compte pour papillonner de ses longs cils noirs, le menton toujours incliné vers le bas, les yeux fuyants — peut-être parce qu’il sait, dans le fond, qu’il lui fait de la peine pour quelque chose de totalement futile, et qu’il aurait pu passer outre s’il n’était pas aussi médiocre dans la gestion de ses propres émotions ’’J’veux dire… Je n’ai pas envie que tu partes.’’ cela ne lui arrache pas la langue mais presque, et s’il vient mordiller l’intérieur de sa joue en essayant de redresser sa nuque pour détendre la tension de ses épaules, c’est parce que l’exercice qu’on lui soumet est bien plus difficile que l’apprentissage des oeuvres de Balakirev ’’C’est juste que tu m’as stressé et…’’ et moi je ne sais pas quoi faire du stress mais il ne le dit pas, Izan, parce qu’il n’a pas envie et parce que, de toute façon, c’est déjà suffisamment compréhensible, non ? Il soupire une nouvelle fois - il va finir par ne plus avoir d’air dans ses poumons à ce rythme -, enfonçant sa main libre dans les fibres du tapis, sans encore poser les yeux sur son compagnon, regrettant de ne pas être davantage habile quand il s’agit d’exprimer ce qu’il ressent ; ce serait plus simple pour tout le monde, certes, mais en cet instant, il fait déjà de son mieux même si cela paraît être peu de choses pour les autres. ’’Ça va passer, c’est pas grave.’’