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@millie butcher

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Mavis aurait dû parier que le choix de Millie se serait porté sur cet endroit. Ça ne la dérangeait pas pour autant d’être là, coutumière des fripes et des brocantes malgré ce qu'on serait en droit de penser en connaissant le train de vie de ses parents. Que ce soit pour se donner bonne conscience ou pas, que ce soit pour peaufiner les apparences ou par réelle appétence pour ça, une chose était certaine : fouiller dans des vieilleries, s’habiller avec des pièces uniques, un peu délavées par les années, mais regorgeant d’une histoire, heureuse ou non, ça affirmait mieux que quoi que ce soit d’autre son envie de se démarquer de ceux qui se reposaient sur les modes et les tendances. Elle n’avait rien d’originale Mavis. Petite, menue, blonde et bronzée, elle était le mix parfait entre ses deux pays d’origines dont elle avait hérité toutes les caractéristiques, à n’en pas douter. Malgré sa banalité, modèle standard d’une série qui n’en finissait plus d’être produite, et ce dans toutes les époques, elle se plaisait tout de même à croire qu’elle réussissait à laisser un souvenir certain à ceux qui croisaient son chemin et qui se demandaient où elle trouvait ses petites robes à fleurs et ses sweats touristique vintage, ceux-là même qui la rendaient si mignonne, et qui avaient agrémenté la garde-robe de sa propre mère durant des années.

Il y avait du monde ce matin à la foire Peace and Love de la ville, elle ne pensait pas le moins du monde s’en plaindre, traversant trottoirs et allées pour débusquer la pièce coup de coeur qu’elle porterait surement dés le lendemain pour prendre son service au St-Vincent et prouver ainsi, en se pavanant l’air de rien, que, malgré ce qu'on racontait, elle avait une vie sociale digne de ce nom et qu’elle ne faisait pas que travailler. Les mains plongées dans le premier bac de fripes au tarif dérisoire qu’elle avait trouvé, elle tourna légèrement la tête vers Millie qu’elle sentit s’avancer vers elle après quelques minutes de séparation qui n’avait guère contrariée la blonde. Elle restait heureuse d’être venue avec elle aujourd’hui, ça ne voulait pas dire qu’elles devaient se tenir par la main non plus — libres de leurs mouvements, elles l’étaient, assurément "Alors, t’as trouvé quelque chose de sympa ?" lui demanda-t-elle sur le ton de la conversation, l’un de ses propres bras recouverts de pièces qu’elle lui montrerait surement plus tard, toujours occupée à farfouiller dans le bac de fringues qu’elle remuait au gré de ses rejets. Détournant son attention de là, soupirant par dépit de ne rien trouver de plus à ce qu’elle avait sur le bras, elle se tourna entièrement vers Millie qu’elle observa quelques instants de plus pour lui faire, la pointant brièvement du doigt pour revenir sur une information qu’elle avait partagé avec elle tout à l’heure, quand elles s’étaient retrouvées sur la Bee Gee Ways, à décider de leur plan d’action pour la matinée "J’arrive toujours pas à croire que t’aies eu le cran de démissionner." Était-ce du cran, était-ce de l’inconscience, Mavis n’en savait trop rien en vérité. Elle savait en revanche que ça avait dû lui demander des heures, si ce n’était des jours, pour prendre cette décision qui, quelque part, devait lui arracher le coeur. Pouvait-elle lui demander pourquoi elle avait pris cette décision ? Mavis s’y risquerait plus tard, mais elle connaissait la réputation de son patron, et ce malgré le fait qu’Ambrose s’appliquait souvent à le réhabiliter, aussi peu objectif à l’encontre de celui qu’il considérait comme son frère que lorsqu’il se liquéfiait devant les grands yeux vert de Ruben. Laissant le loisir à la jeune femme de rentrer dans les détails suite à sa question, Mavis délaissa pour de bon le bac devant lequel elle se trouvait toujours pour passer au suivant, n’abandonnant pas son désir de trouver encore quelque chose à ajouter à sa collection de fripes.

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@mavis barnes

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« Alors, t’as trouvé quelque chose de sympa ? » Relevant lentement le nez des bacs dans lesquels elle s’était penchée en arrivant aux côtés de Mavis, Millie - dont l’air un brin sérieux était définitivement ancré sur son visage malgré elle - opina quelque peu du chef. « J’ai trouvé quelques robes, oui. J’aurais besoin de les retoucher, mais j’aime bien les motifs. » Parce-que en réalité contrairement à d’autres, elle venait de son côté non seulement pas que pour trouver des nouvelles pièces à porter, mais aussi et surtout des nouvelles pièces à repenser; elle avait fait ça toute sa vie, elle continuerait ce n’était pas parce-que les conditions extérieures avaient changé qu’elle se devait de l’être, elle, de son côté. Après tout, elle aurait tort de s’en priver: elle avait les capacités, autant s’en servir. « J’aimerais bien trouver un cardigan aussi, mais j’ai l’impression qu’ils ont tous déjà été achetés parce-que j’en ai pas vu un seul. » C’était de nouveau à la mode, il fallait s’y attendre. Pourtant, quitte à aller à un marché de fripes, elles étaient dans la bonne décennie associée pour trouver ce type d’élément. « Tu t’en sors toi ? » Qu’elle lança à la volée à la blonde à ses côtés, alors que ses mains continuaient leur affaire dans les empilements de vêtements.

Pour continuer la conversation, alors qu’elle n’était pas totalement concentrée sur elle jusqu’alors, Mavis décida de lui dédier son attention et de lui adresser une remarque qu’elle avait vu venir, il ne fallait pas mentir. « J’arrive toujours pas à croire que t’aies eu le cran de démissionner. » Pinçant ses lèvres un instant, elle les fit ensuite rouler l’une sur l’autre, laissant le silence les envelopper. Les mains de Millie s’étaient arrêtées dans leur élan, alors que ses bras les ramenaient contre son corps, la coupant bien sur dans son élan de recherches. Elle ne pouvait en vouloir à Mavis: elle lui avait donné l’information lorsqu’elle lui avait demandé si elle se rendait sur place pour le boulot ou non, et il était vrai que la réponse de la jeune femme était surprenante; il n’y avait pas longtemps, elle ne jurait encore que par Weatherton et par rien d’autre. Comme quoi, les choses évoluaient rapidement malheureusement. « J’ai du mal à le croire aussi, si ça peut te rassurer. » Presque de façon nonchalante, elle haussa les épaules, son regard de son côté porté sur les vêtements face à elle, n’ayant pas le courage de le tourner vers la blonde. « Mais c’était le mieux pour tout le monde. » Sauf pour sa carrière à elle, surement. « J’ai trop de respect pour James pour être quelqu’un qui lui nuit, et… » Elle plissa quelque peu le bout du nez. « Et comme j’ai décidé de ne plus laisser Ottie en faire qu’à sa tête, ça lui serait retombé dessus à un moment donné. C’est hors de question. » Il y aurait surement eu d’autres manières de s’en sortir dans cette situation, mais elle savait que c’était le plus simple et le plus efficace que d’arracher le pansement d’un coup.

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"Oh, excuse-nous, Anna Wintour." Mavis était intelligente, très intelligente, ça ne voulait pas dire pour autant qu’elle était cultivée. Tandis qu’elle se moquait juste un peu de Millie qui parlait de reprendre des vieilleries trouvées dans les bacs qui s’éparpillaient autour d’elles, elle se fichait pas mal de savoir si Anna Wintour était bel et bien une créatrice de mode — peut-être était-elle juste mannequin, elle ne se souciait pas de ce genre de choses à dire vrai, elle avait d’autres choses plus importantes en tête, c’était évident. Elle se souciait de Millie en revanche, la regardant les traits froncés le temps de quelques instants avant de détourner le visage pour fouiller brièvement dans le tas de vêtements qu’elle-même avait déniché pour enfin lui tendre un cardigan sur lequel elle avait mis la main de son côté "Tiens, j’en ai des tas, et il t’ira mieux qu’à moi, surtout quand tu l’auras fait passer par la case relooking." Elle insista pour qu’elle le prenne, le lui mettant presque dans les mains "Franchement, il me plaisait pas autant que ça, prends-le, et fais-en ce que tu veux." ajouta-t-elle de bonne volonté, lui adressant un sourire en même temps qu’elle la questionnait en retour. Elle froissa les quelques sweats qu’elle avait trouvé, ne les montra pas vraiment à la jeune femme à qui elle répondit cependant "Rien qui change de ce que j’ai l’habitude de mettre, mais ça égayera ma collection, et pour pas très cher, alors ça se prend." Pas qu’elle avait besoin de faire des économies, mais c’était le propre des enfants riches : de vouloir faire comme tout le monde en prétendant avoir besoin de faire attention quand c’était papa et maman qui payaient les factures.

Elle passait le plus clair de son temps avec une blouse blanche sur le dos, elle faisait quand même attention à ce qu’elle portait lorsqu’elle travaillait, mais une fois à la maison, le confort restait important à ses yeux, qu’importait qu’on la juge ou non, tant qu’elle se sentait bien. Millie n’avait pas l’air dans son assiette d’ailleurs, elle le remarqua, surtout quand elle remit sur le tapis la nouvelle qu’elle lui avait annoncé tout à l’heure "J’avoue que j’ai pas bien compris pourquoi tu l’avais fait." Démissionner. Elle haussa les épaules en le lui avouant, passant brièvement sa langue sur sa lèvre inférieure pour l’humecter "Enfin, j’ai compris que ça avait un rapport avec Ottie et tout ça, mais je sais pas, ça me semble un peu excessif." Elle continua, reporta son attention sur la jeune femme "Tu crains autant que ça que ça impacte ta vie d’ici là ?" Elle lui posait la question sans malice, elle était sincèrement curieuse de connaître son ressenti sur la question. Mavis vivait à mille lieues de tout ça, elle ne pouvait que brièvement s’imaginer ce qui se passerait quand la focale serait de nouveau mise sur la famille Butcher. Elle se mordit l’intérieur de la joue, hocha tout de même la tête à ce qu’ajoutait Millie avant d’oser lui demander "Vous avez réussi à vous voir finalement ?" Elle parlait de s’être décidée à ne plus laisser sa soeur n’en faire qu’à sa tête, aussi sa question était légitime : est-ce que, comme elle l’avait soulevé la dernière fois, elle avait trouvé le courage d’aller la confronter à nouveau à propos de tout ça ?

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« Oh, excuse-nous, Anna Wintour. » Levant les yeux au ciel, Millie esquissa un petit sourire en coin; elle savait que c’était là une façon de la taquiner et non en rien une envie de se moquer. « Autant profiter des compétences que j’ai, attends. » C’était l’avantage et ça l’avait toujours été aux yeux de la jeune femme: elle savait faire, alors elle n’avait pas besoin de s’arrêter sur des détails de ce genre. Si cela ne lui convenait pas ou si elle ne trouvait pas exactement ce dont elle avait besoin, elle avait l’opportunité d’améliorer pour que ça lui corresponde. La seule chose qu’elle ne pouvait pas inventer ou moduler, c’était les articles qui étaient disponibles - mais apparemment, Mavis avait une solution pour elle. « Tiens, j’en ai des tas, et il t’ira mieux qu’à moi, surtout quand tu l’auras fait passer par la case relooking. » Elle n’eut même pas le temps d’ouvrir la bouche ou de faire le moindre commentaire que déjà, elle lui mettait l’objet en question dans les mains. « Franchement, il me plaisait pas autant que ça, prends-le, et fais-en ce que tu veux. » Penchant un brin la tête sur le côté et soupirant, elle attrapa le cardigan pour ne pas qu’il tombe. « J’aurais pu en trouver un autre tu sais. » Elle le savait surement, mais elle ne semblait pas en avoir tant quelque-chose que ça à faire donc Millie resserra la prise sur ce dernier. « Merci. » Le remerciement autant que le sourire qui allait de pair avec étaient authentiques: ça lui faisait réellement plaisir. Peut-être qu’elle le retoucherait pour lui redonner par la suite, finalement, surtout - c’était l’idée qui lui semblait la plus juste en cet instant. « Rien qui change de ce que j’ai l’habitude de mettre, mais ça égayera ma collection, et pour pas très cher, alors ça se prend. » Elle étira un instant le cou pour voir ce qu’elle avait mis dans son panier, puis opina du chef. « Bons choix de couleurs, ça t’ira bien. »

Remettre en avant le fait que ces capacités là, à savoir rapiécer des tenues ou choisir des couleurs pour ces dernières n’était plus quelque-chose qu’elle pouvait appliquer potentiellement au quotidien puisqu’elle avait démissionné remuait forcément Millie. Ce n’était pas par gaité de coeur qu’elle en était arrivée là, mais les circonstances entour l’avaient poussé à agir de la sorte; elle n’aurait su être en accord avec elle-même si elle n’avait pas pris cette décision. « J’avoue que j’ai pas bien compris pourquoi tu l’avais fait. » Elle ne pouvait pas en vouloir à la jeune femme de ne pas saisir la raison pour laquelle elle en était arrivée là. « Enfin, j’ai compris que ça avait un rapport avec Ottie et tout ça, mais je sais pas, ça me semble un peu excessif. » Ca l’était surement, mais Millie n’était qu’on ne pouvait trop prudente surtout. « Tu crains autant que ça que ça impacte ta vie d’ici là ? » Elle sentait le regard de Mavis dans sa direction, mais elle ne croisa pas ce dernier. « La dernière fois qu’on a été autant mis en avant, on pouvait pas faire trois mètres dans la rue sans être alpagués par un journaliste. On a mis des années avec mon père avant de réussir à diner dans un restaurant sans avoir trop de regards dans notre direction. » Ce ne fut qu’à cet instant là que Millie reporta son regard sur la blonde à ses côtés. « Avec les informations accessibles facilement aujourd’hui, je sais qu’en quelques recherches les gens trouveraient où je travaille. » Ca n’effacerait pas le fait qu’elle avait été plusieurs années chez Weatherton et auprès de James, mais au moins cela ne serait pas conjugué au présent. « Si je travaille plus chez Weatherton, y’a plus de chances pour qu’ils laissent James tranquille. Autant personnellement que professionnellement, il a pas besoin de m’avoir dans ses pattes avec des vautours prêts à passer à l’attaque. » Cela compromettrait surement sa carrière et l’apprentissage qu’elle faisait auprès du jeune créateur pour sur, mais au moins elle arriverait à dormir en paix en sachant qu’elle n’accentuait pas le problème en restant là bas.

« Vous avez réussi à vous voir finalement ? » Avec Ottie, cette fois-ci. Pinçant ses lèvres, elle hocha quelque peu la tête. « J’ai forcé la rencontre. » Ce qu’elle n’aurait jamais pensé être capable de faire tant elle avait sa soeur en horreur et que cette dernière lui faisait presque peur. « J’ai appris qu’elle avait rendez-vous pour enregistrer un podcast un jour, j’avais l’adresse… Je me suis dit que c’était un signe et que c’était l’occasion d’aller lui parler. » Elle fronça quelque peu le bout du nez, délaissant ses recherches: elle n’était plus tant d’humeur que ça maintenant à trouver des pièces à retravailler. « Pas ma plus belle réussite, mais au moins j’ai pas reculé devant l’idée, alors je dois compter ça comme une victoire je suppose ? » Et pourtant, elle n’en était pas sure, parce-qu’avec sa soeur rien ne semblait destiné pour une victoire du côté de Millie - c’était l’histoire qui parlait là, rien de plus.

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"Je sais." Que Millie aurait pu se trouver un autre cardigan. Seulement, ses chances semblaient déjà compromises puisque la foire avait commencé il y avait de ça des jours maintenant, et que le stock de vêtements de seconde main commençaient doucement à s’épuiser pour laisser disponible que les fonds de tiroir. Ce n’était pas un trop gros sacrifice que Mavis faisait, à dire vrai ; elle n’avait pas encore payé ce cardigan, il ne lui appartenait donc pas. Millie semblait en avoir plus envie qu’elle sur le moment, elle pouvait bien lui faire ce cadeau — même si elle ne considérait pas que c’en était un, ce qu’il fallait retenir c’était que ça lui faisait plaisir, point. Elle lui sourit avec gentillesse, opina juste assez pour acquiescer à ce qu’elle lui disait à propos des choix qu’elle avait fait, se disant que c’était elle la pro, qu’elle savait mieux que quiconque juger ces choses-là. Elle vérifierait son jugement une fois qu’elle aurait payé ses articles, serait rentrée chez elle, et essayerait ses petites trouvailles.

Pour l’instant, elle n’en était pas encore là, appliquée à s’intéresser davantage à Millie qu’à ce qui se passait autour. Elle savait que ça la contrariait que le livre de sa soeur soit adapté à l’écran, la faisant prendre des décisions que Mavis trouvaient excessives juste parce qu’elle n’avait pas la notion de l’ampleur des choses. C’est pour ça qu’elle la questionnait d’ailleurs, pour mieux se rendre compte de ce que ça signifiait pour elle, mais aussi pour sa famille. Se baladant toujours dans les allées ourlées de bacs débordant de vêtements, elle écouta Millie "Tout ça parce que ton frère a disparu ?" Sa réaction était très certainement malvenue, et elle s’en rendit compte, clignant brièvement des yeux. Elle se reprit pour ajouter très vite "Pardon, c’est juste que je trouve ça dingue que les gens s’intéressent autant au malheur des autres." Une partie d’elle, celle la moins accessible à ceux qui la connaissaient depuis longtemps, était jalouse pourtant. Quand Marion avait disparue, elle, personne n’avait vraiment pris le temps de venir tourner autour des Barnes pour en savoir plus. Il paraissait évident qu’elle était morte, tombée de la falaise pendant la tempête ; aucun mystère à débusquer là-dedans, ce n’était qu’un pauvre accident qui ne ferait vendre pas grand-chose. Néanmoins, Baz s’inspirait beaucoup de ce qui s’était passé pour écrire dans son torchon, c’est que ça devait avoir un certain potentiel. Vivement, Mavis secoua la tête, chassa ça de son esprit en faisant mine de rien, et passa ses mains dans ses cheveux plus longs que d’habitude en continuant de suivre Millie "Les gens sont des vautours. Ils devraient aller prier, ça leur ferait du bien." Elle ne croyait pas en Dieu, ça lui allait bien de dire ça "En tout cas, c’est un sacré sacrifice de ta part." remarqua-t-elle, ses sourcils se haussant en prenant sens des velléités de la jeune femme qu’elle trouvait trop délicate, trop gentille — trop parfaite ? Elle poursuivit "J’en connais pas beaucoup qui seraient prêts à faire pour leur employeur ce que tu fais pour James." Elle marqua un léger temps de réflexion, finit par lui demander en reposant une robe sur laquelle elle venait de mettre la main "Comment il l’a pris ?" Il regretterait sans nul doute sa pouliche, alors la question n’était pas malvenue cette fois, si ?

Elle lui en avait posé une autre dans l’intervalle, et elle concernait cette rencontre avec sa soeur qu’elle avait mentionné l’autre fois qu’elles s’étaient vues. Mavis voulait savoir si elle avait mis son plan à exécution, si elle avait eu le courage d’aller la confronter. Visiblement, c’était le cas. Elle eut un sourire à cause de sa réponse "Ça, c’est ma copine." laissa-t-elle échapper, fière que Millie manifeste ses intentions en fonçant dans le tas. Elle écouta la suite de ses explications, se cala sur la mine qu’elle laissa poindre en fronçant le bout du nez et en intervenant brièvement pour objecter en sa faveur "En même temps, t’avais pas vraiment d’autres choix. T’as bien fait." la rassura-t-elle, se plaçant derrière un couple qui attendait pour payer leurs articles. Elles avaient écumé les bacs depuis un moment maintenant, à moins que Millie voulait encore faire un tour, Mavis estimait qu’elles avaient terminé. Elle lui demanda, dans la foulée "Et alors, comment ça s’est passé ? Je sais que c’est pas ton genre d’en venir aux mains, mais y a pas eu de crêpage de chignon à déplorer ?" Elle espérait presque que si, ça la rassurerait sur l’idée que ça passait comme ça chez tout le monde, et que toutes les soeurs du monde étaient vouées à se haïr, exactement comme elle, elle haïssait la sienne, même si elle était morte.

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« Je sais. » Mais elle avait quand même choisi de lui donner celui qu’elle avait trouvé, pour ne pas que de son côté elle reparte bredouille alors que c’était une pièce qu’elle désirait vraiment obtenir; alors bien sur qu’elle alignait les remerciements et les sourires de circonstances, avant de passer à autre chose.

Il y avait un sujet en particulier qu’elle se devait d’aborder avec Mavis depuis leur deniers entrevue, puisque bien des choses avaient changé de son côté depuis cette dernière - elle n’eut même pas le temps de se demander comment elle allait faire pour aborder le sujet que la blonde s’en était chargé de son côté en parlant de sa démission. Effectivement, c’était là une action qu’elle n’avait pas prévu au calendrier de sa carrière, mais qui était induite par les actions d’une soeur qui lui pourrissait la vie depuis des années maintenant. « Tout ça parce que ton frère a disparu ? » Elle haussa un sourcil, pencha quelque peu la tête sur le côté - tout ça, ce n’était pas rien non plus. « Pardon, c’est juste que je trouve ça dingue que les gens s’intéressent autant au malheur des autres. » Millie échappa un soupir; elle trouvait ça fou aussi, elle ne nierait pas cette partie là, mais avait malheureusement du s’y habituer depuis des années donc à ses yeux c’était là devenu presque une normalité que les gens s’intéressent de cette manière là à leur histoire de famille. Pas qu’elle cautionnait davantage d’en avoir l’habitude, mais elle était moins étonnée. « Si tu veux vraiment t’en rendre compte, va faire un tour sur Apple Podcast: ça image très bien le truc. » Elle avait fait l’erreur une fois, quelques temps auparavant - elle n’y avait plus remis les pieds. Etaient d’effet d mode les podcasts dits de true crime, relatant exactement des histoires comme celle des Butcher. Il y avait même fort à parier que la moitié des informations divulguées dans ces contenus média soit fausse. « Les gens sont des vautours. Ils devraient aller prier, ça leur ferait du bien. » Amen to that.

« En tout cas, c’est un sacré sacrifice de ta part. » Elle haussa vaguement les épaules. « J’en connais pas beaucoup qui seraient prêts à faire pour leur employeur ce que tu fais pour James. » - « Les contextes sont souvent assez différents du mien, je pense. » Ce n’était pas juste un travail pour elle, ça n’aura jamais été juste un travail; ils auraient été mille à tuer pour sa place, parce-qu’elle était privilégiée et qu’elle ne ressemblait à aucune autre. Alors forcément que la réaction et la décision de Millie ne ressemblait à aucune autre. « Comment il l’a pris ? » A cette question là - qui était légitime -, elle pinça les lèvres et resta silencieuse un instant supplémentaire. « Il a pas encore débarqué sur le pas de la porte de mon appartement, donc pas si mal je suppose ? » Le regard qu’elle lui lança était empli de culpabilité. « J’ai déposé ma lettre de démission et mes affaires sur son bureau un matin et j’ai pas répondu à ses appels depuis. » C’était lâche, elle le savait: elle souffla quelque peu. « C’est pas si courageux de ma part, mais je sais qu’il aurait essayé de me retenir et j’ai pas envie d’être influencée pour prendre une décision. » Toutes ces dernières pendant des années avaient été dictées par d’autres personnes et ce qui étaient plus avantageux pour eux sans qu’elle ne prenne part au débat; elle ne désirait pas que ce soit de la même manière aujourd’hui.

C’était d’ailleurs la raison pour laquelle elle était finalement allée voir Ottie, l’occasion s’était présentée d’elle-même plutôt facilement et sans même qu’elle ne la cherche; à croire que le Destin était motivé à ce qu’elle puisse enfin avancer dans sa propre histoire. « Ça, c’est ma copine. » Et le sourire qu’ajouta Mavis à ses paroles lui fit du bien. « En même temps, t’avais pas vraiment d’autres choix. T’as bien fait. » Elle n’aurait pas agi de la sorte si elle avait eu d’autre choix, de toute manière. « Et alors, comment ça s’est passé ? Je sais que c’est pas ton genre d’en venir aux mains, mais y a pas eu de crêpage de chignon à déplorer ? » Inspirant un premier instant, elle soupira le second, esquissant une petite moue. « J’ai mis trois jours à m’en remettre, à peu près. » C’était le retour due bâton qu’elle-même n’avait pas vu venir; elle savait que cela allait être éprouvant pour elle, mais elle ne s’était pas attendue à ce que ce soit à ce point là. « Et j’ai fait face à un mur, pour te donner une idée générale. » La discussion avait ressemblé à ce qu’elle avait imaginé: Ottie réfutant ses arguments. « Elle persiste dans l’idée que c’est la seule manière correcte d’avoir la situation en mains. Et si ça me faisait pas aussi mal, peut-être que je pourrais comprendre, mais… » Elle soupira, échappa un petit rire manquant clairement d’amusement. « Elle refuse de comprendre, elle refuse d’entendre, et j’aurais pas du être surprise mais je le suis quand même. Et déçue aussi. » En d’autres termes: cette entrevue n’avait rien apporté de réellement bon.

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Elle ne cherchait pas à mettre Millie dans l’embarras en s’étonnant du grabuge autour de la disparition de son frère. Pourtant, Mavis réagit tout de même un chouïa trop spontanément quand elles en vinrent à parler de ce sujet "Hm, j’ai pas prévu d’aller y faire un tour, merci. J’ai mon lot d’horreur quotidienne." À l’hôpital, c’était facile d’en avoir pour son argent en la matière. Ce n’était pas tant de ça que Mavis était friande cependant, et ce n’était pas à cause de ça qu’elle avait choisi la voie de la médecine, c’était aussi évident qu’elle ne s’échina pas à le dire à la jeune femme à ses côtés. Elle continua à la questionner d’ailleurs. Elle n’était pas surprise de la sollicitude dont elle faisait preuve à l’égard de son employeur, mais elle voulait qu’elle prenne conscience à quel point c’était rare de nos jours. Elle lui en fit la remarque, tint à savoir comment s’était passé les choses quand elle lui avait annoncé qu’elle partait. Ça n’avait pas dû être facile. Millie tenait à sa place, et elle avait noué des liens avec la maison dans laquelle elle avait fait ses classes. Ça devait avoir le même goût qu’avaient les séparations au sein de sa propre famille, bien que Mavis ne pouvait pas tant en être sûre que ça, pas attachée à la sienne au point de regretter de ne plus jamais les voir. Elle tourna la tête vers Millie, eut un léger sourire quand elle lui répondit "Tu t’attendais à ce qu’il le fasse ?" Elle voulut se mordre le bout de la langue, mais ne parvint pas à se retenir d’ajouter "T’aurais tant aimé ça, qu’il vienne te supplier de rester ?" À la place de Millie, Mavis aurait adoré ça, ça allait s’en dire. Se sentir désirée, c’était important dans ce genre de métier, le soupçonnait-elle. Ça l’était moins lorsqu’on avait des vies entre les mains, mais le sujet, ce n’était pas elle, aujourd’hui.

Elle eut une moue un tantinet réprobatrice à la suite des paroles de la jeune femme "Millie…" lui fit-elle, ne pouvant atténuer la pincée de jugement qui assaisonnait sa fausse réprimande quand elle apprit qu’elle avait laissé James sans nouvelles depuis sa démission. Elle la regarda un instant, et puis se dit qu’elle avait fait au mieux en vérité, alors ce n’était peut-être pas la peine d’en faire tout un plat "Bon, t’as fait ce qui te semblait le mieux pour te protéger." C’est de cette façon qu’elle justifiait ses actions, perspicace quant à l’effet que pourrait avoir sur Millie des réprimandes de la part de quelqu’un qu’elle prenait en exemple, comme elle prenait James en exemple. Elle tendit le bras pour l’éteindre brièvement, lui frictionna l’épaule opposée à sa position, et lui dit avec conviction "Tu trouveras une bonne place bientôt, j’en suis persuadée." Elle ne laissa pas vraiment de délai tomber, elle lui demanda dans la foulée, la lâchant en même temps "T’as des pistes pour rebondir après ça ?" Elle ne doutait pas qu’elle était pleine de ressources, elle avait juste envie de savoir.

Tout comme elle avait juste envie de savoir ce qui s’était passé avec sa soeur "Quoi ? C’était aussi terrible que ça ?" Millie avait l’air dépité quant au résultat de sa discussion avec Ottie. Mavis fronça les sourcils, attendant la suite de son récit qu’elle suivit d’une oreille attentive, poussée par la curiosité à le rester malgré le cadre dans lequel elles se trouvaient, et la file qui avançait lentement devant elles. Elle laissa un rire lui échapper, plus comme un pff qui fit remuer ses lèvres et secouer sa tête qu’elle garda légèrement inclinée sur le côté "Pourquoi ça m’étonne pas autant que ça ?" Qu’Ottie restait campée sur ses positions. A croire que toutes les soeurs étaient des plaies. Même si elle en aurait eu des choses à dire à ce sujet, Mavis choisit plutôt de continuer à écouter, et se permit d’intervenir que quand Millie termina sa tirade "Elles sont toutes comme ça de toute façon, à penser qu’à elles et qu’à ce qu’elles ressentent." Elle haussa les épaules "T’auras essayé. C’est pas de ta faute si elle est égoïste et auto-centrée." Autant dire que non, Mavis ne portait pas Ottie dans son coeur. Elle continua "T’en veux pas d’avoir tenté de la raisonner. T’es déçue, je le comprends, mais elle, elle devrait avoir honte de vous imposer ça, à ton père et toi." Elle glissa son bras dans le creux de celui de Millie pour un peu de réconfort, attendit qu’elle tourne la tête dans sa direction pour lui dire, sincère "T’es pas toute seule dans tous les cas, t’as pas besoin d’elle."

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« Hm, j’ai pas prévu d’aller y faire un tour, merci. J’ai mon lot d’horreur quotidienne. » D’autres auraient pu prendre la mouche à sa place face à une telle remarque, mais ce n’était pas là le genre de la maison alors elle se contenta d’esquisser une petite moue en haussant vaguement les épaules. Elle ne remettait pas non plus en question la parole de la jeune femme tant elle avait que c’était vrai - pour plus d’une raison, peut-être, sûrement; si Mavis ne développait pas seule ce n’était pas indiqué de son côté de plongé dans les spéculations et de poser des questions ici, en tous cas.

« Tu t’attendais à ce qu’il le fasse ? » James. La retenir, la supplier peut-être même de rester - même si ce n’était pas quelque-chose qu’elle arrivait à l’imaginer faire, une mince partie d’elle s’était demandé s’il le ferait malgré tout. Mais à la question de la blonde, elle secoua légèrement la tête. « Je m’attendais à rien de particulier. Peut-être qu’il insiste un peu plus pour qu’on en discute, mais il me doit rien. » Même si Millie savait qu’il ne retrouverait pas quelqu’un comme elle, autant parce-qu’il lui avait dit de façon détournée plus d’une fois que parce-que le temps qu’elle était restée en poste en disait long sur cette partie là de l’affaire, il ne lui devait rien. Elle inspira lentement. « Et j’aurais pas voulu qu’il me retienne, non. Parce-que je suis pas spécialement à l’aise avec le pourquoi quand les gens sont pas… au courant, on va dire. J’en ai pas discuté avec lui, je comptais pas le faire parce-que je voulais pas mélanger le pro et le perso. » C’était évidement un échec aujourd’hui, mais l’idée initiale était là. « Et s’il m’avait retenue, j’aurais pas su dire non et je m’en serais voulu après. » Elle se connaissait assez bien. « C’est mieux comme ça. » Elle essayait autant de convaincre Mavis que elle-même. « Millie… » Elle roula quelque peu des yeux, semblant dire qu’elle savait que ce n’était pas là une réaction qui aurait été nécessaire mais elle n’aurait su faire différemment. « Bon, t’as fait ce qui te semblait le mieux pour te protéger. » - « J’espère. » - « Tu trouveras une bonne place bientôt, j’en suis persuadée. T’as des pistes pour rebondir après ça ? » A cette question là en revanche, elle plissa le bout du nez. « Aucune idée pour le moment. C’était pas comme ça que j’avais envisagé ma carrière, et pour l’instant j’ai pas trop pris le temps de me pencher sur la question. » Elle prenait le temps de faire le deuil de ce qui avait toujours été une porte d’entrée chanceuse dans le monde de ce qui l’animait vraiment; alors quand le moment serait venu, elle se pencherait sur cette question là - mais ce n’était pas l’objectif du jour, pas encore.

« Quoi ? C’était aussi terrible que ça ? » Millie plissa quelque peu le bout du nez, haussa les épaules, eu toute l’attitude qui soulignait qu’effectivement, ça avait été aussi terrible que ça; le dessin n’était pas réellement nécessaire tant c’était une finalité qui avait été anticipée depuis le début. « Pourquoi ça m’étonne pas autant que ça ? » - « Parce-que c’était envisageable. Et que c’est moi qui te la décris, alors ça doit biaiser ta vision d’elle aussi. » Au moins, elle était lucide sur cette partie là du contexte. « Elles sont toutes comme ça de toute façon, à penser qu’à elles et qu’à ce qu’elles ressentent. T’auras essayé. C’est pas de ta faute si elle est égoïste et auto-centrée. » Le tacle en direction de sa propre soeur n’était pas passé inaperçu - et pas que cela étonnait Millie tant elle savait que Mavis et Marion ne s’étaient pas tant entendues que cela, même à l’époque, mais elle s’étonna tout de même un brin de la véhémence dont elle faisait preuve. « T’en veux pas d’avoir tenté de la raisonner. T’es déçue, je le comprends, mais elle, elle devrait avoir honte de vous imposer ça, à ton père et toi. T’es pas toute seule dans tous les cas, t’as pas besoin d’elle. » Pinçant ses lèvres un instant l’une sur l’autre, mordant quelque peu l’intérieur de sa joue, elle remonta son regard vers la blonde. « Tu ferais quoi toi maintenant ? » Peut-être n’avait-elle pas de réponse à lui donner, mais elle venait de dire qu’elle n’était pas seule dans cette situation, alors elle prenait cette partie là de son discours au pied de la lettre. « J’ai essayé, mais ça me laisse un goût amer maintenant. De… je sais pas, j’en ai pas assez fait ? » C’était surtout que maintenant qu’elle sacrifiait une partie de son avenir, elle n’était pas satisfaite d’en être restée là dans la discussion avec sa soeur. « Si je continue d’insister… peut-être que j’arriverais à un moment à faire entendre raison à Ottie. Ca m’a l’air mal parti, en vrai, mais… Peut-être ? Ou ça me ferait passer pour l’égoïste des deux, justement ? » Pas tant que son image publique - dont personne n’en avait réellement quelque-chose à faire désormais - lui importait, mais elle ne vouait pas véhiculer le mauvais message là où elle tentait de faire l’inverse. Elle soupira quelque peu. « Je me dis juste que maintenant que j’ai commencé quelque-chose, autant essayer d’aller jusqu’au bout. » Et arrêter d’abandonner en cours de partie.

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"Je comprends. C’était ton boss, pas ton amant." Oh. Ça tapait un peu trop près de la maison, et elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. C’était vrai pourtant, les relations employeur-employé était surement les plus faciles à envisager tant ça partait de devoirs et de clauses qui finissaient pas être rompues à la seconde où l’un décidait de virer l’autre, à la seconde où l’un décidait de partir. Millie ne devait rien à James tout comme James ne devait rien à Millie — si ce n’était du respect, ce que la jeune femme semblait toujours avoir pour son mentor "C’est pas bête." confirma-t-elle quand elle lui avoua avoir préféré ne pas mélanger le professionnel et le personnel. Elle aurait pu lui confirmer aussi que ça simplifiait beaucoup les choses de mettre des barrières pour garder son libre-arbitre et rester fidèle à ses principes, mais Millie avait un bon sens moral ; ce que Mavis n’avait pas véritablement, c’était plutôt elle qui aurait dû s’appliquer à recevoir des conseils, pas l’inverse "Je te juge pas, tu sais. Je trouve juste ça triste, t’avais l’air d’adorer ce boulot." Elle n’essayait pas de remuer le couteau dans la plaie, elle voulait juste lui apporter un peu de soutien et lui faire réaliser qu’elle était là pour elle si elle en avait besoin. Tout ça, ce n’était pas très juste, mais c’était certain qu’à son échelle, Mavis ne pouvait pas y faire grand-chose. Elles ne gravitaient pas dans les mêmes sphères, elles n’avaient pas les mêmes centres d’intérêts, elle ne pourrait pas glisser ses références à qui que ce soit pour l’aider à trouver un nouvel emploi. Ça l’ennuyait pour elle, mais elle la savait déterminée pour ne pas se reposer sur ses lauriers et vite remonter en selle pour ne pas laisser tout ça l’affecter trop fort — ça semblait déjà être le cas, constata-t-elle en l’entendant lui répondre qu’elle ne savait pas quoi faire après sa démission. Elle aurait pu lui répéter qu’elle n’était pas inquiète, qu’elle finirait bien par trouver quelque chose, mais comment savoir, vraiment ? Ce monde était difficile d’accès, l’exigence y était maîtresse, et les démissions faisaient toujours taches sur un curriculum vitae.

Elle ne le lui dit pas, se recentrant sur la suite de leur conversation "Tu dois avoir raison." Sur Ottie, et sur l’idée que, décrite par sa soeur, elle paraissait insupportable à Mavis qui avait déjà un problème avec les soeurs, qui ne boudait pas son plaisir quand il s’agissait d’alimenter son dédain à l’encontre de celle de Millie chaque fois qu’elle lui en parlait. Son expérience en la matière avait été éprouvante, elle l’était encore aujourd’hui alors qu’elle avait oeuvré pour que sa propre soeur ne l’empêche plus jamais de vivre. Cette pensée-ci se cala sur la question de Millie qu’elle regarda avec de grands yeux, pas certaine que la réponse qui lui traversa l’esprit ne soit adaptée à sa situation — elle avait déjà perdu un frère, peut-être que se débarrasser de sa soeur n’était pas raisonnable, elle était assez maline pour ne pas se poser la question. Elle pinça les lèvres, réfléchit un instant en sommant à ses ardeurs de rester dans les limites, et finit par lui dire "Je lui collerais un procès aux fesses, c’est ça que je ferais." Elle ne savait pas sur quelles bases exactement, mais c’était la seconde idée qui lui traversa l’esprit. Elle n’était pas moins extrême que son autre solution : les procès intra-familiaux étaient une mort lente, douloureuse. Elle haussa les épaules, tourna la tête vers Millie "Bien sûr que t’en as fait assez. Tu t’es dressée contre elle pour faire entendre ton avis et la pousser à voir les choses selon votre point de vue, à toi et ton père." lui rappela-t-elle, ses sourcils se fronçant fort, son débit de paroles accélérant au rythme du ressentiment qu’elle éprouvait pour Ottie "En plus, tu l’as fait dans les règles de l’art. A ta place, j’aurais pas opté pour la solution on s’assoit autour d’un café pour discuter tranquillement de ta trahison : je l’aurais trahie au moins aussi fort qu’elle le fait." avoua-t-elle, sans gêne, finissant tout de même par baisser la voix parce que ce n’était pas correct de l’admettre dans un tel endroit. Elle opéra un instant de silence pour penser à sa jumelle et ressentir cette pointe qui l’assaillait toujours chaque fois qu’elle songeait à ce que sa vie aurait été si elle avait toujours été là. Elle secoua la tête, redirigea son attention sur Millie "Et comment tu comptes faire ? T’as d'autres cartouches en réserve pour la faire plier ?" Ou attendait-elle les conseils d’autrui pour maximiser ses chances ? Mavis venait de lui donner la sienne, ou en tout cas, celle qui paraissait le mieux correspondre à ce que Millie était prête à faire pour convaincre sa soeur de cesser son petit manège.

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« Je comprends. C’était ton boss, pas ton amant. » Elle pinça les lèvres, ne se permettant pas le commentaire; mais sur l’idée Mavis avait effectivement raison: elle ne devait pas la même chose à James qu’elle avait pu en devoir à d’autres, parce-que si l’employé décidait de mettre un terme à sa présence au sein de l’entreprise, cette dernière ne devait pas la retenir même avec de bonnes raisons ou des prétextes infondés et tirés par les cheveux. Alors certes, cela devait être inconvénient pour le créateur, ce dernier lui ayant indiqué plus d’une fois qu’elle correspondait tant au job pourvu qu’il ne saurait plus faire sans sa présence à ses côtés - avec d’autres mots mais l’idée était là -, et cette situation là était finalement arrivée. Il s’en remettrait, il formerait quelqu’un d’autre, et elle n’aurait plus qu’elle tendre son CV aux prochains employeurs en précisant qu’elle avait gâché l’opportunité d’une vie. « C’est pas bête. » De ne pas mélanger le professionnel et le personnel. « Je te juge pas, tu sais. Je trouve juste ça triste, t’avais l’air d’adorer ce boulot. » Elle soupira longuement. « Je l’adorais, oui. » Son regard s’en alla un peu plus loin, se laissant un instant pour se recentrer. « Je trouverai pas une deuxième opportunité comme ça. Le job en lui-même, c’était pas le plus gratifiant, mais il m’offrait une voie d’accès à d’autres postes que j’aurais pas autrement. Et surtout l’opportunité d’apprendre comme je pourrais pas le faire ailleurs. » Elle pinça une petite moue, haussa brièvement les épaules. « Mais y’a d’autres choses plus importantes, je crois. » Disons que pour une fois, elle essayait de se convaincre que de faire passer les situations qui pourraient lui poser problème du côté personnel devait passer en priorité sur les problèmes à gérer au travail. En croisant les doigts qu’elle ne faisait pas fausse route.

« Tu dois avoir raison. » Ce n’était qu’une supposition, mais il était vrai quelle en dépeignait jamais avec de jolies couleurs sa soeur; il était donc plutôt probable que le dessin qu’elle en fait jusque maintenant ait altéré la vision que la blonde pouvait en avoir. Ce n’était pas tant le plus important: elle n’était pas sa soeur et n’avait aucune obligation de la porter dans son coeur, d’aucune manière.

La question de Millie en était vraiment une: elle n’était pas contre avoir un avis extérieur sur le comment mener sa barque par la suite, quel serait le comportement qu’elle endosserait de son ôté à rôles inversés. C’était peut-être quelque peu maladroit de la part de la brune de lui demander ça en prenant en compte l’histoire des Barnes, mais en même temps elle savait que Mavis ne la ménagerait pas et lui donnerait une réponse qui irait droit au but. Elle fut surement un brin surprise cependant, au premier regard qu’elle lui accorda. « Je lui collerais un procès aux fesses, c’est ça que je ferais. » Ce serait mentir si Millie disait ne pas y avoir  déjà pensé. « Bien sûr que t’en as fait assez. Tu t’es dressée contre elle pour faire entendre ton avis et la pousser à voir les choses selon votre point de vue, à toi et ton père. » Elle échappa un soupir: c’était pas pour autant que cela lui donnait un gout de satisfaction mais davantage un goût amer, justement. « En plus, tu l’as fait dans les règles de l’art. A ta place, j’aurais pas opté pour la solution on s’assoit autour d’un café pour discuter tranquillement de ta trahison : je l’aurais trahie au moins aussi fort qu’elle le fait. » Même si la réponse n’était pas de celles qui étaient socialement acceptables, puisque les gens tendaient naturellement vers le pardon d’ordinaire et non vers les actes de violences envers leurs paires, celle de Mavis lui tira un petit rire - qu’elle étouffa de sa main rapidement, pour ne pas se faire entendre. Peut-être n’aurait-elle pas réagi aussi rapidement si elle n’était pas tant dans une position qui la stressait, de discuter de tout ça. « Je suis pas bonne ne vengeance, elle aurait eu le temps de me voir venir et ça aurait été un échec. » Au moins, débarquer sur le plateau où elle enregistrait son podcast ne faisait pas partie des situations où elle attendait sa soeur; ça lui avait servi d’avance dans cette course. « Et comment tu comptes faire ? T’as d'autres cartouches en réserve pour la faire plier ? » A cette question là, Millie resta un instant silencieuse en haussant vaguement les épaules. « Aucune idée. C’est bien ça mon problème. » Elle soupira. « Je pensais pas la confronter un jour, comme j’imaginais que le livre et tout ce qu’il a provoqué était dernière nous. Mais avec le film… » Elle secoua quelque peu sa tête. « Je pourrais toujours faire la même chose qu’elle mais en le faisait plus vite. Mais ça voudrait dire m’exposer aux yeux du public alors que c’est ce que je cherche à éviter depuis dix ans… » Elle déglutit difficilement. « Plus de dix ans même maintenant. » Ce n’était pas le moment de se concentrer sur ce type de détail qui lui ruinerait forcément le moral. « Ca fonctionnerait: j’ai jamais donné mon point de vue directement, ça a toujours été grâce aux discours des journalistes qui tenaient des informations à notre insu. Battre le mal par le mal. » Mais ce n’était pas ce dont elle avait envie - elle n’appréciait que trop la tranquillité qu’elle s’était elle créée, à défaut de l’avoir reçu de la part des autres.

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Mavis aurait bien voulu dire à Millie qu’il y avait d’autres poissons dans l’océan, sauf que c'était une réplique d’un cliché qui lui donnait envie de hurler, alors elle s’abstint malgré le fait que ça lui traversa l’esprit pendant un moment donné. En plus, elle comprenait parfaitement le sentiment qu’elle partageait avec elle maintenant. Elle avait l’impression que cette place était celle de sa vie, qu’elle n’en trouverait pas deux comme celle-ci, et c’était peut-être vrai, mais Millie en avait sous la semelle, Mavis en était persuadée. Elle rebondirait tout en gardant un bon souvenir de ce qu’elle avait vécu dans ce boulot qui lui tenait tant à coeur, elle se servirait de ce qu’elle avait appris là-bas pour évoluer et avancer, mais en aucun cas ce n’était une conclusion à l’avenir qui se présentait à elle ; juste une embûche qu’elle surmonterait, comme toutes les autres "Tu vas ressortir grandie ton expérience là-bas, c’est ce qu’il faut te dire." Ça aussi c’était cliché de le dire à haute-voix, mais ça l’était encore moins que c’était la vérité, et que Millie pourrait au moins se vanter d’avoir travaillé dans cette maison en recevant l’intérêt direct de celui qui en était à sa tête. Et ça, contrairement à sa démission, ça ne ferait pas tache sur ses références.

Elle ne se faisait pas de souci pour elle à ce sujet en vérité. En revanche, l’histoire avec sa soeur, elle la chagrinait autant qu’elle l’irritait "C’est pour ça qu’elle en profite. Parce qu’elle sait que t’es gentille et incapable de lui faire autant de mal qu’elle, elle t’en fait." lui fit-elle remarquer. Elle parlait avec assurance à ce sujet, persuadée que les intentions d’Ottie ne pouvaient être que mauvaises étant donné la manière dont elle s’y prenait. Elle comprenait l’idée que chacun faisait son deuil comme il l’entendait, mais quand c’était au détriment des sentiments des autres, elle avait un peu plus de mal à l’accepter. Peut-être était-ce parce qu’elle appréciait vraiment Millie, peut-être était-ce parce que ça lui rappelait des souvenirs de sa vie avec sa propre soeur, peut-être était-ce juste un gros mélange des deux… en tout cas, ça la taraudait assez pour qu’elle en fronce les sourcils, écoutant la jeune femme à ses côtés avec un soin tout particulier lorsqu’elle lui avoua n’avoir aucune autre cartouche en réserve pour avoir gain de cause "Et ton père, il en pense quoi de tout ça ?" Lui avait-elle déjà posé la question ? Elle estima que ce n’était pas un mal de la lui reposer de toute façon, et continua en se basant sur ce qu’elle était en train de lui dire "T’as demandé à voir le film avant qu’il ne soit exploité en salle, ou tu préfères pas ?" Mavis était persuadée qu’elle en avait le droit le plus strict, il fallait qu’elle l’exige. Pendant un temps, la blonde resta silencieuse, écoutant le fil des pensées de Millie qui le lui partageaient à voix haute et qui l’enfoncèrent dans une réflexion profonde. Frustrée de ne pas pouvoir véritablement lui apporter son aide, elle se mit à cogiter pour tacher au moins de la soutenir dans ce qu’elle comptait mettre en place pour enfin en venir à bout de toute cette histoire. Relevant la tête, elle finit par lui demander, comprenant au fur et à mesure où elle voulait en venir exactement et ce qu’impliquaient les paroles qu’elle était en train de prononcer "Quand tu dis que tu pourrais le faire plus vite, tu parles d’accepter une interview, ou quelque chose comme ça ?" Elle vrilla la tête dans sa direction, la toisa très brièvement pour essayer de l’imaginer se débattre avec les questions d’un journaliste aux dents longues, qui essaierait à coup sûr de la piéger avec des interrogations auxquelles elle n’aurait même pas pensé à se préparer. Millie était douce, Millie était gentille, mais Millie était aussi intelligente et déterminée, alors c’était on ne peut plus à sa portée, c’est que Mavis pensait. Elle lui demanda "Tu penses à quel genre d’interview, presse écrite ou télé ?" Tout à coup, elle pensa à Baz. Mavis laissa filer l’idée sans vraiment y songer, se disant que placer Millie au centre de gens qu’elle connaissait l’aiderait surement à réussir son entreprise. Ainsi, précautionneusement, elle lui dit "Baz publie des interviews sur son webzine tu sais…" Baz était un abruti de premier ordre, mais Baz savait aussi comment rameuter le peuple et mettre la focale sur des causes qui avaient du sens, alors pourquoi pas, se dit-elle en gardant son regard plongé un instant dans celui de Millie.

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« Tu vas ressortir grandie ton expérience là-bas, c’est ce qu’il faut te dire. » Avec un léger soupir mais surtout un petit sourire quelque peu triste accroché à ses lèvres, elle haussa brièvement les épaules. Elle savait que Mavis avait parfaitement raison, et que même si la finalité n’était pas celle qu’elle aurait initialement espéré elle aurait quand même plus de choses acquises en repartant qu’en arrivant. « Il va me falloir encore un peu de temps pour le voir, c’est tout. » Mais elle finirait par le voir et le comprendre aussi.

« C’est pour ça qu’elle en profite. Parce qu’elle sait que t’es gentille et incapable de lui faire autant de mal qu’elle, elle t’en fait. » Millie fronça le bout de son nez; dit comme ça, cela n’avait pas l’air autant flatteur que ça pourrait l’être. Certes, ce n’était pas un défaut d’être gentil, mais cette configuration ça rendait surtout les choses bien plus compliquées pour elle: si ce n’était pas un trait de caractère qu’elle avait, elle aurait pu riposter par rapport à Ottie depuis bien longtemps. Et effectivement, sa soeur le savait parfaitement bien alors elle en profitait surement de trop - même si lorsque la brune lui en parlait, elle niait en bloc avoir jamais eu ce comportement là. « Et ton père, il en pense quoi de tout ça ? » Elle haussa quelque peu les épaules. « Il évite le sujet, détourne la conversation quand j’en parle. Je pense surtout qu’il est toujours bloqué tellement d’années en arrière qu’il envisage pas d’en discuter pour de vrai. » Parce-qu’à partir du moment où sa famille avait éclaté, son père était comme resté bloqué dans cette réalité qui n’existait plus aujourd’hui. Millie savait que ses paroles à elle auraient plus de poids s’il osait en dire quelque-chose aussi, de son côté - elle voyait bien dans son regard que bien des comportements de deux femmes qui n’étaient plus dans son quotidien aujourd’hui le blessaient -; mais ce n’était pas la façon de faire que lui avait choisi et donc il restait enfermé avec ses pensées et ses réflexions. « Je le tiens au courant à chaque fois, parce-que j’ai pas envie qu’il apprenne des choses d’autres personnes, mais j’ai pas l’impression que ça fasse grand chose. » Parce-qu’elle avait à coeur de ne pas lui faire subir ce qu’elle subissait en découvrant certaines informations ici et là par des biais qui n’étaient pas ceux qui pourraient réparer les blessures vieilles d’une décennie.

C’était justement parce-qu’elle était trop gentille et qu’elle avait peur des répercutions potentielles qu’un tel comportement pourrait avoir sur son quotidien que jusque maintenant elle n’avait jamais rien fait, pas dit un mot plus haut que l’autre; maintenant les choses seraient différentes puisque elle avait décidé de ne plus se laisser marcher sur les pieds. « T’as demandé à voir le film avant qu’il ne soit exploité en salle, ou tu préfères pas ? » Elle inspira longuement. « Je l’ai pas encore fait. Mais je compte le faire. » La date de sortie avait été annoncée mais le film n’était pas encore sorti de sa phase de post-production, elle était encore dans les temps. « Simplement parce-que j’ai pas envie de le découvrir dans une salle avec d’autres personnes autour de moi. » Elle connaissait d’avance comment elle allait se sentir, et ce n’était pas quelque-chose qu’elle avait à coeur de partager avec d’autres personnes - surtout bien des inconnus venus dans la salle avec une curiosité malsaine.

« Quand tu dis que tu pourrais le faire plus vite, tu parles d’accepter une interview, ou quelque chose comme ça ? » Avec un long et lourd soupir, Millie hocha la tête. « C’est entre autres ce qu’elle fait elle. » Après tout, c’était à l’ombre de l’enregistrement d’un podcast qu’elle avait été discuter avec sa soeur, alors ce n’était là qu’un exemple parmi tant d’autres de ce qu’elle était prête à accorder pour faire entendre son point de vue - ce serait idiot de la part de la cadette de ne pas songer aux mêmes façons de faire. Elle n’avait pas envie de le faire, mais elle savait que parfois il fallait soigner le mal par le mal. « Tu penses à quel genre d’interview, presse écrite ou télé ? » Le regard de Mavis accroché au sien, elle fronça le bout de son nez. « Aucune idée. Je sais que je serais plus à l’aise avec quelque-chose d’écrit, parce-que j’aurais pas à réagir en direct et que j’aurais pas à me montrer non plus. Mais des images sont souvent plus parlantes que des mots écrits, alors je sais pas. » Il n’y avait qu’à voir le nombre phénoménal de vues que pouvait obtenir chaque apparition de sa soeur au public, et ce depuis le jour où elle avait sorti son livre et commencé en faire la promotion. « Baz publie des interviews sur son webzine tu sais… » Elle haussa quelque peu un sourcil, pas tant surprise par l’information plutôt que par le fait qu’elle l’avait oublié. « C’est vrai que Baz est dans le domaine, j’y ai pas pensé. » Et il existait surement bien d’autres personnes qu’elle connaissait qui l’étaient aussi, mais auxquelles elle n’avait pas pensé simplement parce-que la réflexion était toujours en cours; et qu’elle essayait d’y aller à tâtons pour ne pas se retrouver submerger par les possibilités et par l’idée de rendre tout ça concret. « Rien que pour donner des conseils, je pourrais lui en parler en vrai. Tu penses que tu pourrais me donner son numéro pour que je vois s’il est dispo pour en discuter ? » Ca ne coutait rien de voir avec lui, rien que déjà pour connaitre son point de vue de personne dans le domaine. « Il connaitra surement mieux que moi ce qui pourrait bien fonctionner ou non. » Et répondre à la question que Mavis lui avait posé: à l’écrit ou en vidéo, si elle en venait à donner des informations de son point de vue et avec sa propre voix à l’exercice. « Je sais pas si j’irai au bout de l’idée, j’ai toujours espoir qu’Ottie mette de l’eau dans son vin, mais bon… » Savait-on jamais, après tout.

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Le débat autour de la démission de Millie semblait être un lointain souvenir, la conversation recentrée sur un tout autre sujet, pas plus important, mais plus grave d’après Mavis. Elle se surprenait à froncer les sourcils chaque fois qu’elle parlait de sa soeur, la jeune femme, et ce n’était pas pour rien, c’était une certitude, cette dernière n’en finissant plus d’enchaîner les affronts auprès de la famille qui lui restait. La blonde s’inquiéta de savoir comment le vivait le père de Millie et hocha la tête en entendant sa réponse, un hm précédant ce qu’elle ajouta entre deux de ses phrases "Il est dans le déni, je dirais que c’est pas si anormal que ça." Vu ce qui était arrivé à son fils, peut-être que cette phase de son deuil s’étendait plus longtemps dans le temps que celle des autres parce que tout ça avait été si soudain, si violent dans un sens, que la seule solution qu’avait trouvé son esprit de marchander autour de tout ça, c’était de rester figé dans un temps où tout ça n’existait pas. C’était un problème pour Anka, pas pour Mavis qui, elle, puisait sa passion pour le cerveau humain dans sa forme la plus primaire, pas en creusant dans les méandres de la psyché, mais ça l’intéressait tout de même de comprendre son ressenti, cultivant une affection particulière pour lui, pour cette dignité qu’elle lui reconnaissait, autant qu’elle la reconnaissait en Millie "Il aura peut-être un déclic un jour." finit-elle de commenter après que son amie eut terminé de lui expliquer. Elle aurait voulu lui dire que ça prenait du temps, tout ça, mais ça faisait déjà un moment maintenant, elle imaginait que cet argument ne prendrait pas.

Elles avancèrent d’un cran dans la file d’attente, Mavis attentive aux réponses que Millie lui donnaient pour ne pas en perdre une miette, investie dans sa cause autant que dans leur conversation. Au contraire de la dernière fois, elle ne lui proposa pas de l’accompagner si jamais effectivement, elle voulait voir le film tiré de l’histoire entourant la disparition de son frère, simplement parce qu’elle comprenait que c’était une épreuve qu’il fallait qu’elle vive seule. Peut-être que ce serait ça le déclic pour elle : de voir s’étaler sur écran géant la trahison de sa soeur pour enfin agir et se donner les moyens de revendiquer son droit à ne pas faire de tout ça un spectacle. Ça paraissait mal parti, ceci dit, Ottie déjà lancée dans la phase promotionnelle du fruit du conflit qui existait avec sa soeur. De l’avis de Mavis, elle ne devait pas continuer à laisser passer ça, alors bien sûr qu’elle l’encouragerait à envisager toutes les démarches nécessaires pour qu’on entende sa voix. Elle la questionna sur ses intentions à ce sujet, pinça les lèvres en décortiquant ses réponses dans son esprit, l’écoutant toujours aussi attentivement. Pensive, elle lui dit "Tu passerais tellement bien à l’écran — je sais, ton intention c’est pas de faire ta pub et de gagner en notoriété." Mais d’après ce que Mavis savait, ça comptait d’être beau pour attirer l'attention, et Millie avait clairement cette qualité de son côté. Ce n’était pas le sujet, cependant, aussi elle se reconcentra sur ce qui l’était "Je comprends que tu veuilles pas t’imposer les caméras, il faut avoir de l’entraînement. Y a d’autres moyens, c’est sûr." Et elle lui en proposa un d’ailleurs, pensant à son frère qui était dans le milieu et qui ne boudait pas les opportunités pour faire parler de son torchon. Millie prit en compte sa proposition, Mavis opina à sa requête "Bien sûr. Je te texterai son numéro dès qu’on sortira d’ici. Je peux tâter le terrain avant que tu le contactes si tu veux. Il trouvera ça bizarre que je me tourne vers lui pour ce genre de choses, j’ai jamais été tendre avec ce qu’il a choisi de faire pour gagner sa vie." Parce qu’une fois sur deux, il se servait de leur vie de famille pour écrire et faire passer ses histoires pour des récits fictifs, tout droit sortis de son imagination "Mais je sais qu’il crachera pas sur une bonne opportunité comme celle-là." Elle se rendit compte de ce qu’elle disait, mais ne jugea pas nécessaire de s’excuser de manquer autant de tact. Baz en avait encore moins qu’elle, il fallait que Millie se blinde si elle voulait parvenir à ses fins "C’est un idiot, mais un idiot avec un bon carnet d’adresses. Même si tu finis par pas vouloir de lui pour faire passer le message que t’as à passer, je suis convaincue qu'il te redirigera vers quelqu'un de plus adapté pour ce que tu recherches." De mémoire d’homme, c’était la première fois de sa vie qu’elle vendait les capacités de son frère avec autant de bonne volonté. Retournant la tête vers Millie, elle soupira à l’espoir qui perça dans le son de sa voix "Si je peux me permettre, ça fait des années maintenant que tu t’attends à ce qu’elle mette un peu d’eau dans son vin, non ? Il serait peut-être temps d’admettre qu’elle en est incapable, tu crois pas ?" lui demanda-t-elle, ne comptant pas un seul instant atténuer son avis qui trouvait sa source dans le rapport qu’elle-même entretenait avec sa propre soeur.

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« Il est dans le déni, je dirais que c’est pas si anormal que ça. » Elle fronça le bout du nez: non, ce n’était pas tant anormal que cela, mais ce n’était pas pour autant que c’était quelque-chose de plaisant à voir - surtout qu’elle voyait à quel point son père pouvait souffrir, malgré lui et en dépit de tous les efforts qu’il tentait de faire. « Il aura peut-être un déclic un jour. » Elle haussa les épaules. « Peut-être, oui. » Elle ne savait même pas si c’était une bonne chose que cela arrive, avec le temps écoulé désormais, qu’il ait l’occasion de sortir du déni dans lequel il était plongé depuis tout ce temps.

« Tu passerais tellement bien à l’écran — je sais, ton intention c’est pas de faire ta pub et de gagner en notoriété. » Malgré tout, elle étira un petit sourire: elle savait qu’elle rendrait bien à la télévision; autant parce-qu’on lui avait déjà souligné son potentiel à caméra, que parce-que sa soeur rendait bien à la caméra et qu’il y avait des chances pour que cela soit génétique. Mais comme elle le soulignait, et comme Mavis le répétait de son côté, ce n’était pas son intention de mettre son image en avant - elle avait lutté trop de temps et trop d’années pour se cacher des yeux du public pour plonger tête baissée bêtement dedans de nouveau. Si cela pouvait être pour une seule et unique bonne cause, elle le ferait, mais tant que cela ne permettrait pas de lui ramener son frère avec certitude, c’était hors de question. « Je comprends que tu veuilles pas t’imposer les caméras, il faut avoir de l’entraînement. Y a d’autres moyens, c’est sûr. » Et elle ne souhaitait pas s’entrainer, comme elle le clamerait à qui voulait bien l’entendre.

D’autres alternatives existaient, et celle que lui présentait la blonde aujourd’hui n’était pas mauvaise - elle n’y avait pas pensé, mais il était vrai que son frère à elle baignait dans le milieu et pourrait se révéler être un allier de taille. « Bien sûr. Je te texterai son numéro dès qu’on sortira d’ici. Je peux tâter le terrain avant que tu le contactes si tu veux. Il trouvera ça bizarre que je me tourne vers lui pour ce genre de choses, j’ai jamais été tendre avec ce qu’il a choisi de faire pour gagner sa vie. » Elle eut un petit rire soufflé par les narines. « A qui le dis-tu. » Elle était là de son côté à se plaindre de la manière dont sa soeur à elle avait décrété qu’elle mènerait sa barque, elle ne pouvait pas lui en vouloir de faire pareil à son tour. « Mais je sais qu’il crachera pas sur une bonne opportunité comme celle-là. » Millie opina du chef à son tour. « Si tu penses que vaut mieux, je veux bien que tu tâtes le terrain dans un premier temps et que tu me tiennes au courant. » Le but n’était pas qu’elle se mette elle dans l’embarras par rapport à son frère pour son amie, loin de là; mais effectivement si Baz pouvait lui venir en aide, quand elle jugerait opportun le moment, elle ne disait pas non à l’idée. « C’est un idiot, mais un idiot avec un bon carnet d’adresses. Même si tu finis par pas vouloir de lui pour faire passer le message que t’as à passer, je suis convaincue qu'il te redirigera vers quelqu'un de plus adapté pour ce que tu recherches. » - « D’autant plus, alors. » Ce n’était peut-être pas grand chose de prime abord, mais cela pourrait effectivement être une bonne opportunité autant pour Baz que potentiellement pour elle-même; avec toutes les cartes en mains, elle pourrait prendre une bonne décision, surement.

« Si je peux me permettre, ça fait des années maintenant que tu t’attends à ce qu’elle mette un peu d’eau dans son vin, non ? Il serait peut-être temps d’admettre qu’elle en est incapable, tu crois pas ? » Millie haussa brièvement ses épaules. « Peut-être. » Elle avait simplement l’espoir trop facile et les attentes concernant les autres qui ne se situaient pas forcément toujours au bon endroit. Là où tout le monde autour d’elle aurait surement admis depuis longtemps qu’Ottie n’était bonne qu’à être un obstacle dans leur tranquillité, même si une grande partie de Millie en était consciente elle n’arrivait pas à se résoudre à penser que c’était là quelque-chose de définitif. « Je sais que je suis trop optimiste, on me l’a déjà reproché. Mais… Je sais pas, je me dis que si moi je suis autant affectée par tout ça, elle doit l’être aussi d’une manière ou d’une autre. Et que je peux pas lui laisser cette porte là ouverte. » Elle remonta son regard vers Mavis. « J’ai surement tort, je sais aussi. » Elle se doutait qu’elle le pensait, en tous cas. « Ce que je sais surtout c’est que toutes ces discussions n’ont mené à rien pour le moment, et que peut-être qu’en prenant une méthode qu’elle connait et maîtrise mieux que moi, j’arrivais à la faire réagir. » Elle perdrait des plumes au passage, mais cette fois-ci elle saurait pourquoi c’était le cas.

it's coming back
around

@millie butcher

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Mavis haussa les épaules à la remarque de Millie "C’est pas ma faute si c’est un abruti." Et une balle perdue pour Baz. La dernière fois qu’elle l’avait vu, il était rond comme une queue de pelle ; un abruti alcoolique donc, seulement ça, elle le garda pour elle, alimentant un soupçon d’affection suffisant à son égard pour ne pas révéler ses secrets les moins glorieux, et Dieu savait qu’il y en avait à déterrer — c’était de famille, visiblement. Niveau reproches, il n’était pas en reste de son côté,  son frère, sauf qu'il était trop lâche pour les lui faire sans se cacher derrière des récits qu’ils saupoudraient de fiction pour se faire mousser auprès de ceux qui le voyaient comme un écrivain talentueux, plus que comme un grand critique. Elle n’avait de comptes à rendre à personne au sujet de sa relation avec son frère, elle ne comptait donc pas altérer son discours pour faire plaisir à qui que ce soit et répondre au cliché de la soeur qui admire son aîné à tout va : ce n’était pas le cas. Il n'était rien de plus qu’un tire-au-flanc, elle ne s’excuserait pas d’avoir une mauvaise opinion de lui. Il lui rendait plutôt bien la pareille au demeurant. Elle se concentra de nouveau sur Millie "Je le ferai. Il me doit bien ça." affirma-t-elle sans ciller. Baz le lui devait étant donné que ça faisait des années qu’il se servait d’elle pour générer des clics sur son webzine. Un service en valait un autre, même si celui-là, Mavis ne le lui rendait pas de gaieté de coeur, mise sur le devant de la scène sans que personne ne le sache, si ce n’était elle.

Le débat n’était pas là. Continuant d’écouter Millie, Mavis réalisa à quel point elle ne regrettait pas le geste fatal qu’elle avait eu à l’encontre de sa soeur lorsqu’elle l’entendait douter au sujet de la sienne. Elle s’était vraiment retirée la plus grosse épine qui soit de son pied "Non, t’as sans doute raison." Au sujet d’Ottie et de la manière dont tout ça l’affectait probablement. Tout en fronçant les sourcils, elle la contredit, s’arrêtant un instant sur ce qu’elle était en train de dire, poursuivant ensuite sur son raisonnement "Mais souffrir soi-même, c’est pas un passe-droit pour faire souffrir les autres. Je dirais même que c’est la pire des excuses." Ça suffisait de s’en trouver et de faire du mal aux autres pour soigner ses propres blessures. Peut-être était-elle un peu hypocrite de soulever ce point avec la jeune femme étant donné ce qu’elle-même faisait subir à certaine personne, mais Mavis était on ne peut plus dans le déni au sujet de ses propres démons. Elle savait de quoi elle était capable, elle ne le justifiait pas en montrant ses blessures, et pourtant, elles étaient tout de même la cause de nombre de ses décisions les moins raisonnables. Elle donna un petit sourire à Millie "T’es beaucoup trop gentille, ça me tue." Elle ne voulait pas qu’elle se méprenne sur l’intention derrière ce commentaire, aussi elle ajouta en la regardant "C’est pas une critique. C’est juste que ça m’impressionne." Qu’elle soit autant capable de jeter l’éponge sur les bassesses de ceux qui avaient le même sang qu’elle, qu’elle essayait de trouver du rationnel derrière la trahison… jamais Mavis n’en serait capable, ça la rendait un peu envieuse, mais elle le cachait bien, se reportant aux derniers propos de la jeune femme auxquels elle adhéra dans un léger hochement de tête "L’emmener sur son propre terrain, c’est pas une mauvaise idée." Elle n’ajouta rien de plus, ne faisant que confirmer ce dont elles discutaient depuis plusieurs minutes maintenant. Après un temps de silence, Mavis ajouta dans un profond soupir "Tout ce que je souhaite, c’est qu’elle ouvre les yeux et que tu puisses avoir gain de cause à propos de tout ça." Sincèrement, elle voyait comment les choses l’affectaient, même si elle restait droite et digne. D’une certaine façon, ça lui faisait mal au coeur, la bonne foi de Millie n’étant pas récompensée à sa juste valeur. Elle méritait plus de considération, c’est que Mavis pensait. Lui attrapant le bras, elle y frotta la paume de sa main pour lui apporter un soupçon de réconfort, et lui dit tout bas "Si je peux t’apporter mon aide autrement qu’en faisant appel à Baz, tu sais que tu peux compter sur moi, hm ?" Qu’importait comment. Si elle avait besoin de quoi que ce soit, Mavis se portait volontaire.