@Lincoln Reddington

C'est vrai, il aurait pu être en colère contre ceux qui l'insultent au lieu d'en vouloir à Jesse.

C'est comme une immense rupture dans la réalité, un mur qui s'est effondré en-dessous. Il a toujours admiré Jesse sur ce point-là, d'être capable de se mettre devant les murs qui sont en train de s'effondrer et toujours demeurer debout. Parfois, comme un peu abîmé, comme un peu usé, comme un peu fatigué mais finalement, toujours debout. Bran trouvait cet entêtement à vivre une vie comme factice, exagérée, caricaturée grotesque malgré tout. Il lui lançait parfois qu'il allait se faire « emmerder » à sortir dans la tenue qu'il avait choisie, il le prévenait et l'autre homme semblait s'amuser à osciller entre tous les univers, tous les genres et tous les styles pour faire chier le monde entier.

Il n'a rien obtenu de cet être disparu dans le flou de deux années entre parenthèses : pas de solution, pas de marche arrière, pas d'excuses, pas d'aveu... Et finalement, Jesse est devenu une partie du mur que Bran est en train de se prendre. En sortant, il a enfoui le visage dans sa main, histoire de reprendre correctement son souffle. Il a besoin de reprendre la main sur les événements. Il va faire une vidéo, ou un live, une FAQ ! Ouais voilà, une vidéo où il répond aux questions, il va poursuivre ce torchon et il va s'afficher avec Nieves. Tout ça va se tasser et dans un mois ou deux, ils en rigoleront...

Ouais, il va pas se laisser aller. Il va pas se laisser abattre ! Il va pas se laisser faire ! Rentré chez lui, il se sert un verre et s'installe sur son ordinateur. L'influenceur se dit qu'après tout, c'est sa parole à lui qui compte. Ceux qui sont trop cons pour réfléchir trois secondes valent pas la peine qu'il s'apitoie sur leur sort à eux ! Ils vont sérieusement regretter d'avoir osé l'insulter, lui. Il va pas laisser tout ça comme ça... Il va pas... Bran se prépare succinctement, il passe un simple jean et une chemise noire avant de se rendre au cabinet de Lincoln Reddington, qui a bonne réputation. Il a réussi à avoir un rendez-vous, via des amis d'amis, parce que l'avocat semble pris et libère pas des plages horaires du jour au lendemain avec un claquement de doigts.

Alors, bon... Bran s'est renseigné, normalement la diffamation relève du code civil, mais peut-être que   Reddington aura quand même une solution pénale à lui proposer... Il prend une longue inspiration et se présente au secrétariat, en demandant à voir M.  Reddington.

Une journée banale pour Lincoln qui se trouvait à son cabinet pour avancer sur certains dossiers ainsi que pour faire les tâches hebdomadaires comme des réunions, des rendez-vous administratifs et financiers avec les autres associés. Des réunions qui semblaient parfois durer toute la journée alors que cela ne prenait même pas une heure. Mais parler finances ne paraissait pas être le sujet idéal pour passionner le jeune homme qui pouvait très vite s’ennuyer en écoutant tous ces chiffres. « D’après ce que je comprends, notre bilan financier est plutôt bon pour le moment et ce malgré notre nouvelle branche d’activité où nous avons dû investir. Heureux de l’entendre. » Conclut-il en refermant son dossier, mettant ainsi fin à la réunion budget de la matinée. L’avocat put alors se consacrer à ses autres tâches de la journée en se dirigeant vers son bureau personnel. En entrant dans la pièce, il ne s’attendait pas à trouver une demoiselle assise, attendant semblait-il sa venue. Refermant la porte derrière lui, il vint se poser dans son siège, regardant droit dans les yeux son interlocutrice qui ne paraissait pas très bavarde aux premiers abords. « Bonjour ? Que puis-je faire pour vous ? Avions-nous rendez-vous peut-être ? » La demoiselle bougea légèrement les sourcils avant de répondre d’un ton sec. « Bonjour Mr Reddington. Nous n’avions pas rendez-vous, mais je pense que la raison de ma présence va vous pousser à accepter ce tête-à-tête imprévu. » Très sure d’elle à première vue, analysa le jeune homme. « Et quelle est la raison de votre venue ? » La demoiselle avait réussi à attiser la curiosité de Lincoln, ce qui n’était pas chose simple. « Je vais aller droit au but si vous me le permettez. Je suis venue à Brisbane dans le cadre d’une enquête que je mène officieusement. » Officieusement ? Certainement le mot le plus important dans la phrase que l’avocat venait d’entendre, avec le mot enquête également. En quoi cette enquête avait-elle un lien avec lui ? Il préféra garder le silence, la laissant ainsi continuer. « Je suis détective au sein de la police américaine et disons que je suis actuellement en vacances sur le sol australien. » En vacance venait-elle de dire ? Cela fit légèrement sourire Lincoln qui resta cependant silencieux. « Comme je vous l’ai dit plus haut, je suis là dans un cadre officieux. Je suis ici pour votre frère. » Le sourire qui s’était dessiné sur le visage de l’avocat disparut aussitôt en écoutant le mot frère. Avait-il mal compris ? « Mon frère ? Comment ça ? » « De votre frère en effet. Mais laissez moi vous expliquer plus en détail les raisons de ma présence à Brisbane. » Plus de détails ? Lincoln en avait besoin car il n’en revenait pas de ce qu’il venait d’entendre. Choqué de voir que son frère semblait avoir refait surface, de nombreux souvenirs remontèrent du passé, surtout le soir où ses parents furent tués de la main de ce qu’il appelait auparavant frère. « Mon père était en charge de l’enquête de la mort de vos parents. Lorsque le double homicide s’est produit, j’étais encore à l’école de police et j’ai vu l’acharnement de mon père quant à retrouver votre frère. Cependant, il y a un an, mon père a trouvé la mort dans l’exercice de ses fonctions et l’enquête a été un peu mise aux oubliettes dirons-nous. » « Toutes mes condoléances. Votre père était quelqu’un de bien. Il m’appelait chaque année pour me donner des nouvelles de l’enquête, mais si celle-ci semblait être vaine. J’ai toujours apprécié l’engagement de votre père … Mais quel rapport avec vous ? » Beaucoup d’informations en si peu de temps, mais il comprenait un peu plus les raisons de la présence de la demoiselle en face de lui. « J’ai toujours promis à mon père que je continuerais l’enquête s’il venait à s’éteindre avant d’avoir retrouvé votre frère. Je l’ai aidé les derniers mois avant son décès et après sa mort, j’ai décidé de la reprendre officiellement, mais également officieusement. » Deux mots assez contradictoires qui laissa perplexe Lincoln. « Comment ça à la fois officiellement et officieusement ? » « Ce que je veux dire par là, c’est que j’ai hérité officiellement de l’affaire et je suis en charge de retrouver votre frère. Cependant, au vu du temps qui s’est écoulé depuis cette tragédie, la police ne compte pas mettre énormément de moyen à ma disposition. Alors, j’ai décidé d’avancer de mon côté, en sous-marin comme on dit. Vous voyez ? » Elle semblait déployer tant d’efforts pour cette affaire qui remontait à cinq ans maintenant. « Je vous remercie de votre dévotion quant au fait de retrouver et de traduire en justice mon frère, mais vous savez, j’ai peu d’espoir qu’on le retrouve un jour. Et vous avez certainement d’autres choses plus importantes à vos yeux à faire. » Lincoln appréciait l’investissement de la demoiselle, mais voulait tourner la page de cette sombre histoire familiale. Il lui arrivait encore d’y penser parfois, mais préférait aller de l’avant. « Je ne vous ai pas tout dire Mr. Reddington. L'une de mes pistes concernant votre frère m’a conduite ici, à Brisbane. » Ecartelant ses yeux, Lincoln n’en revenait pas de ce qu’il venait d’entendre. Son frère, ici, à Brisbane ? Etait-ce possible ? Et pourquoi ? Pour le revoir peut-être. Mais cette nouvelle le bouleversa grandement. « Vous en êtes sûr ? Après tant d’années, il serait dans la même ville que moi ? Mais pourquoi ? » « Je l’ignore, mais je suis ici pour le découvrir et le trouver. Je ne vous promets pas que j’y arriverai car peut-être a-t-il déjà quitté le continent australien. Mais je vais me donner corps et âme à mettre un terme à sa cabale. Et je me devais de vous informer de ces nouveaux éléments. » La conversation ne dura que quelques minutes, après l’énoncé de ces nouvelles qui laissa sous le choc l’avocat.

Cela faisait plusieurs minutes que la demoiselle était sortie du bureau et Lincoln était toujours en train de faire les cent pas dans son bureau. Légèrement en sueur, il ne comprenait pas ce qu’il venait de se passer. Son frère était de retour et il ignorait la raison de sa possible présence ici, à Brisbane. Cependant, Lincoln dut remettre ses idées au clair rapidement car sa secrétaire débarqua dans son bureau pour lui dire que son prochain rendez-vous était arrivé. Le jeune homme lui répondit simplement de le faire entrer et alla s’installer à son siège, inspirant et expirant un bon coup. Une nouvelle affaire ! Voilà ce dont il avait besoin pour penser à autre chose. Un jeune homme qui devait être plus jeune lui entra dans le bureau. Lincoln regarda le nom du client sur le dossier et l’invita à s’asseoir. «  Mr Ragsdale ! Prenez place ! Alors que puis-je faire pour voir ? Si je me souviens bien de ce que vous avez dit à ma secrétaire, cela concerne une histoire de diffamation ? » Demanda-t-il, voulant connaître davantage de détails sur les raisons qui ont poussé cette personne à venir le voir. La diffamation n’était pas forcément le domaine de prédilection de Lincoln, mais il avait quelques connaissances en la matière. Et si cela était trop pointu pour lui, il pouvait toujours faire appel à un confrère.

@Lincoln Reddington

▬ Mr Ragsdale ! Prenez place ! Alors que puis-je faire pour vous ? Si je me souviens bien de ce que vous avez dit à ma secrétaire, cela concerne une histoire de diffamation ?

Il pose les mains sur ses genoux, jette une œillade au bureau qui s'offre sous son regard pas vraiment connaisseur. Même s'il a un jour apprécié de se balader chez des antiquaires ou dans quelques musées, ce goût du beau n'a jamais vraiment été cultivé et comme tout, ça se perd. À un moment donné, il a aimé les belles couleurs, il a aimé ce qui attire l’œil, il a aimé les feux d'artifice et les visites où on connaît le point de départ mais pas l'arrivée. À un moment donné, tout cela lui a semblé fade – ou peut-être trop édulcoré au contraire – et ça a commencé à l'agacer. D'ailleurs, il voyait d'un mauvais œil les tenues masculines trop fleuries, trop colorées, trop ceci, trop cela, comme si les gens voulaient compenser quelque chose qu'ils n'ont même jamais perdu. Il inspire un coup sec puis tourne son regard vers l'avocat. Ça a l'air d'être un jeune, mais un mec solide, il a une bonne réputation.

▬ Vous êtes lié par une sorte de secret professionnel, pas vrai ? demande Bran en premier lieu. Il a conscience que poser cette question d'entrée de jeu peut éveiller la suspicion, d'ailleurs même lui se montrerait méfiant si c'était la première question qu'on osait lui poser. Il a un sourire un peu crispé, il sait pas exactement par quel morceau il doit commencer et quels éléments il doit évincer de sa requête. Déjà, Jesse n'en fera pas partie. D'eux deux, c'est certainement lui-même qui s'est conduit comme un enfoiré, et il sent encore les fibres nylon au creux de son poing furieux. Ah, s'il avait eu des lance-flammes dans les yeux, il aurait cramé tout l'immeuble. Jesse n'a de toutes évidences pas appelé la police, ils seraient déjà venus jusqu'à chez lui, et il n'exclut pas que l'information a filtré par son intermédiaire, peut-être de façon accidentelle ? Mais sa réaction était quand même celui d'un gars qui avait la rage. Mais il aurait avoué, il l'aurait dit, non ?

▬ Enfin j'ai rien fait de répréhensible, rassurez-vous, rectifie tout de suite Bran. Enfin rien de répréhensible, il a eu quelques petits soucis pour injures publiques il y a un moment, mais rien récemment, aucunes poursuites qui ont abouti à une condamnation, des rappels à la loi suffisant pour lui en raison de son repenti face aux autorités, en général. S'il s'est déjà battu une fois ou deux, ça n'a jamais été bien loin... il se refait la liste de ses maigres déboires, satisfait finalement de la vie somme toute assez rangée qu'il a menée jusqu'à présent. Il a quitté une soirée en ayant trop bu, comme presque tout le monde, mais a toujours eu la présence d'esprit de ne pas prendre le volant avec le verre de trop dans le sang... Il avale sa salive, et se lance finalement : Je suis streameur de jeux vidéos, sur internet, juge-t-il bon de préciser comme si son interlocuteur ne pouvait pas savoir de quoi il parle. Vous voyez, mon image, elle est très importante. Et un journal de merde – immédiatement l'animosité commence à gagner le timbre de sa voix – a publié un article énorme sur un prétendu coming-out que j'aurais fait, parle de moi comme ayant des rapports – là il est déjà prêt à s'étouffer dans la colère et commence à bafouiller – INTIMES avec un autre HOMME ! Il souffle brièvement, réalisant que la situation paraît certainement moins alarmante pour un étranger que pour quelqu'un de son milieu. Vous voyez, j'ai rien contre les gens comme ça mais moi, cette mauvaise blague, elle m'a fait perdre de l'argent. J'ai subi un gros préjudice. Il pince les lèvres et se balance en arrière, pour caler son dos contre le siège qui lui a été offert. Il déclare soudain plus froidement : Je veux que ce torchon sorte un encart avec des excuses, et je veux qu'ils me paient pour mon préjudice.

▬ En effet, je suis tenu par le secret professionnel. Par conséquent, tout ce qui est dit dans mon bureau, restera ici.

Parfait, se dit Bran. Il ne sait pas jusqu'où il doit spécialement raconter ce qui s'est passé, et ce qui s'est dit. Il ne sait pas jusqu'où Jesse a pu ouvrir sa grande gamelle. Enfin, il n'a malgré tout rien fait de mal, mais son regard se balade une seconde de plus autour de lui. Il passe la langue sur ses lèvres, il n'est pas obligé de raconter sa vie, de toute façon... Et puis en quoi ce serait diffamatoire, si Bran reconnaît avoir « rencontré » un garçon à un moment donné de sa vie ? Ils comprendraient tous de travers, penserait que c'est son truc, que c'est vrai. Alors que pas du tout ! Toutefois, malgré son absence de vigilance quant aux micro-expressions de ses interlocuteurs, il ne peut pas manquer de voir le regard de l'avocat changer quand il explique sa situation, mais pourquoi ?

▬ Les gens comme ça dites-vous ? Auriez-vous un problème avec le terme « homosexuel » car c’est de cette communauté que vous parlez je présume ?
▬ J'ai pas de probl... commence à répondre Bran, levant les yeux au ciel comme s'il devait changer pour la énième fois la même chanson que les gens ne parviennent toutefois pas à retenir. Il a pas de soucis avec « eux » directement, c'est juste qu'il se voit pas dans cette case qu'il se représente très clairement, et qu'il veut pas de problème non-plus. Ces gens-là, ils prennent les problèmes dans le package, et les attitudes qu'il n'aime pas. Cette sorte d'ode à la fragilité, à la sensibilité, au n'importe quoi, comme si plus aucune fichue règle ne compte ! Mais il n'a pas le temps de se défendre que l'avocat l'enchaîne !
▬ Vous savez que l’expression « les gens comme ça » est couramment utilisée pour désigner, souvent de manière péjorative ou condescendante, un groupe de personnes considérées comme ayant des caractéristiques ou des comportements spécifiques perçus négativement par le locuteur. Bran croise les bras, prêt à essayer de se défendre de l'accusation mais l'avocat lâche pas en lui faisant un cours sur les homosexuels et la façon correcte de les appeler. Il se renfrogne, comme saisi par l'injustice de la situation. On va pas passer la journée à défendre les gays, non plus ? Elle permet de généraliser et de stéréotyper un ensemble d'individus en les réduisant à une seule qualité ou comportement. De plus, j’aime à dire qu’il y a une part de vérité dans chaque mensonge énoncé. A bon entendeur !

QU... QUOI ? Bran écarte les bras face à ce commentaire merdique ! « Et si je te dis que t'es un connard, y'a quelle part de vrai ? ». Alors il dresse l'index d'avertissement entre lui et l'avocat et remet les choses à leur place :
▬ Alors d'abord, moi j'ai aucun problème à parler des homosexuels. J'ai même aucun problème avec eux. Alors quoi, je dois prétendre que je me tape des bonhommes pour être politiquement correct ? Il frotte son nez avec agacement puis pose finalement ses mains à plat sur le bord du bureau : Écoutez... Je suis pas vraiment homophobe, mais c'est juste que je suis pas comme... ces gens-là. Ils veulent mettre du maquillage, bouger leur cul sur un char, honnêtement, je m'en fous. D'accord ? Je m'en fous, mais moi j'ai une vie. J'ai une famille, j'ai une réputation, j'ai un travail. Ah merde, ça sonne carrément pas aussi bien que dans sa tête. Il se cale de nouveau dans le siège en passant la main sur son visage. Ça le dépasse, tous ces gens qui ont l'impression que ça ne change rien. Comme si c'était juste « je suis gay », ou bi, ou peu importe quelle nouveauté à la con et hop, on reprend le cours de sa vie.

▬ Pour en revenir à votre situation Mr. Ragsdale, dit l'avocat en revenant enfin au vrai problème dans cette histoire, il faut que vous compreniez bien une chose : la diffamation n’est pas quelque chose de simple à prouver car il faut que vous montriez les préjudices que vous avez eu quant aux propos diffamatoires et montrer qu’il y a bel et bien une corrélation entre les deux. Que par exemple si vous avez perdu des abonnés, des clients, cela soit du en l’occurrence aux propos de ce fameux magazine. Et non à un autre facteur. D’ailleurs, permettez moi de vous dire en tant qu’expert en relations publiques, car je crois que vous en avez également besoin, de surveiller vos propos. Car parler de la communauté LGBT en employant l’expression « les gens comme ça » va certainement vous faire perdre de l’argent également. Sans vouloir revenir sur vos propos bien évidemment.

Bran se redresse sensiblement et prend son téléphone pour lui montrer l'effet de la plaisanterie. D'ailleurs, l'avocat lui demande de pouvoir prouver la corrélation entre les deux événements. Le fait qu'il se fait déjà ghoster par quelques-uns de ses amis du net n'est clairement pas quantifiable, pas une preuve exploitable. Il se connecte sur son logiciel avec ses statistiques, croise les jambes en naviguant tranquillement. Il n'a clairement pas l'intention de se laisser faire. Cet avocat, aussi agaçant soit-il, est une façon de parvenir à revenir à la normale. Il ouvre enfin la bonne page. Se faisant, sans relever le regard sur Lincoln, il choisit d'être honnête avec lui :
▬ On est adultes tous les deux, alors on va être clairs. Financièrement, je préfère avoir un procès pour injure publique que me faire traiter de tap***. Il relève les yeux sur lui. Voilà, c'est assez limpide pour vous ? Il lève doucement le menton et pose son téléphone sur le bureau en le faisant glisser vers Lincoln. Voici quelque chose que vous devriez pouvoir comprendre. Jour 1 : pas d'article, tout va très bien. Jour 2 : article, déglingolade de mes stats, nombre de pouces down qui explose. Et vous savez ce qu'il va se passer ? Si mes stats remontent pas, je vais perdre des contrats publicitaires et donc ? Et donc ? De l'argent. Je vais aussi perdre des partenariats, et donc ? De l'argent. Faut endiguer la chose maintenant avant qu'une nouvelle révélation se pointe. Il porte la main à son front et tend le bras gauche pour rattraper son téléphone. Non mais vous imaginez si, en plus, c'était vrai ? J'aurais pu qu'à trouver un putain de carton pour dormir dedans ! Il souffle et cherche finalement le regard de l'avocat : Vous allez m'aider ou pas ?

▬ Que de préjugés. Vous savez, les préjugés sont les chaînes forgées par l'ignorance, et briser ces chaînes commence par reconnaître notre humanité commune. Méditez dessus, cela ne vous fera pas de mal je crois. Il lève les mains, prêt à avouer très sarcastiquement que oui, oui il est ignare et qu'il préfère le rester dans ce cas ! Il n'a pas envie de compléter sa connaissance de ces milieux, il n'a pas envie d'y mettre le nez dedans, pas envie de s'entendre dire que c'est la vie normale, car ça ne l'est certainement pas ! Peut-être qu'au départ, ce sont les concerné.e.s qui se sont répétés cela, en espérant secrètement que ça deviendrait vrai ! Peut-être même qu'ils ont réussi à convaincre les autres mais de temps à autres, oui il y a une brèche dans le vernis. Et c'est là, que ça devient dangereux, pas vrai ? Car franchement Mr. Ragsdale, croyez-vous que chaque homosexuel va se mettre du maquillage sur la figure et dandiner son popotin sur un char ? Sortez des clichés voyons. Qui propage les clichés sinon eux-mêmes ? Ils veulent avoir une vie normale et se heurtent à ce qu'on pourrait appeler la normalité, et plus justement les standards de cette société, à laquelle ils font partie ! Qu'ils le veuillent ou non ! Bran secoue la tête, contrarié que l'avocat puisse douter que malgré cela, il serait en mesure de douter de cette fameuse humanité commune. Lui, il ne leur veut pas de mal... Mais il y a un fossé, faire comme s'il n'existe pas ne pourra pas l'effacer. Bran tend la main vers Reddington pour essayer de l'arrêter et répond simplement d'un court « Ouais, ouais, j'ai compris, j'ai compris » en levant les yeux au ciel.

Néanmoins, la position de Bran concernant ce genre de presse est claire, et surtout elle lui paraît raisonnée et cohérente par rapport à sa trajectoire actuelle. Quitte à secouer l'avocat, il lui communique sa façon de voir les choses, jugeant qu'après tout, quelques plaintes pour quelques sensibilités blessées ne seront pas forcément nocives pour lui...

▬ … Voilà, c'est assez limpide pour vous ?
▬ Aussi limpides que l’eau. Mais ne sous-estimez pas les retombées d’un procès. Surtout pour une personne ayant une certaine réputation. Je peux vous citer le procès d’Amber Heard et de Johnny Depp. Au début, elle pensait gagner en surfant sur le mouvement #metoo, accusant l’acteur de violence. Mais finalement, cela s’est retourné contre elle, même dans l’opinion publique vu qu’on a appris qu’elle avait commis une tromperie et qu’elle avait menti. Alors, je serai vous, je ferai attention car la voie du procès n’est pas aussi extraordinaire que ce que l’on peut voir dans les films.

Le jeune streamer se mord la lèvre inférieure, interpellé par l'exemple fourni. C'est pas stupide ce qu'il dit. Mais alors qu'est-ce qu'il peut faire ? Il tapote du pied par terre en accordant son attention à son interlocuteur. Hé merde. Est-ce qu'il pourrait avoir plus de tort que de bénéfices si de nouveaux « éléments » viennent à sortir dans les semaines à venir, ou un beau jour ? Suffirait que Jesse ait un pet de travers pour qu'il divulgue des messages qu'il a envoyés un jour, des photos, des mots qu'il a écrit. Jusqu'à présent, il ne s'est jamais dit que ça pouvait arriver, il lui semblait que Jesse n'avait pas ce niveau de rancœur et lui, il a probablement empiré les choses. Il continue de passer la main dans sa nuque en écoutant l'avocat. Jesse nie les faits, ça veut dire qu'il a rien à obtenir. Est-ce que c'est vraiment le prix du karma ? Il se mord l'intérieur de la joue en rangeant son téléphone dans sa poche.

▬ Cela tient la route, à première vue. Mais sachez que la partie adverse va trouver quelque chose, un tweet, une phrase que vous avez pu dire pendant ce laps de temps entre le jour 1 et le jour 2 qui pourrait expliquer votre perte de pouces, comme vous dîtes. Car encore une fois, beaucoup de choses peuvent expliquer cela. Et c’est là-dessus que la défense va s’appuyer. Donc si vous allez jusqu’à un procès, il va falloir être irréprochable et être sûr que rien d’autre, je dis bien RIEN D’AUTRE peut expliquer votre perte. Compris ?

Il lève les yeux vers le plafond, essaie de réfléchir à ce qu'il aurait pu dire ou faire de différent de d'habitude. Il n'y avait rien de spécial. Il n'arrive pas à réfléchir de toute façon, tout amène à accuser un certain costumier. Il hoche finalement de la tête, optant pour jouer le jeu de l'avocat. Ça ne sert à rien de jouer à qui a raison avec ces gens-là, ça ne l'intéresse pas et au pire, ça ne fera que l'énerver, apparemment. Peut-être qu'il peut essayer de chercher si quelqu'un a fait un montage de ses vidéos, même les anciennes ? Est-ce que c'était une sorte de compil peu flatteuse de ses « écarts de conduire » qui ont pu énerver la communauté lgbt, ou Jesse ? Le regard de Bran s'éclaire, ça doit être quelque chose comme ça.

▬ Sachez que je ne suis pas d’accord avec votre mentalité primitive, mais je veux bien vous aider à poursuivre ce magasine pour diffamation. Mais je pose mes conditions. Et elles sont non-négociables. La première est que vous arrêtez de tenir de tels propos envers les homosexuels. C’était tellement pathétique et insultant. Cela peut se retourner contre vous et vous pouvez être condamné pour cela. C’est l’avocat qui vous le dit. Et la seconde condition, c’est que vous vous calmiez un peu. Vous êtes trop agité. Je peux comprendre que votre situation soit délicate, mais quand même, un peu de retenue. Alors partant ?

Bran s'offusque d'abord d'un « mais j'ai insulté personne ! » puis soupire lourdement puis lève de nouveau les mains comme en signe de bonne foi. Il joint ses mains entre ses genoux puis lâche simplement, sans vraiment répondre aux conditions posées :
▬ Et est-ce que je peux quand même obtenir... Nan laissez tomber. Il réfléchit, il réfléchit. Est-ce qu'il peut quand même obtenir qu'ils ferment leur gueule si vraiment ils disent la vérité ? Agacé, il décoince naturellement ses mains et consent : Bon d'accord, d'accord je me calme. Écoutez, ça fait dix jours maintenant. Je vais être honnête avec vous, j'aimerais clore tout ça avant qu'une suite sorte et me mette le coup de grâce.  Il passe la main sur son visage. Je ne... vous vexe pas et en échange, vous me trouvez une solution rapide. Bref silence. Si je les poursuis et qu'ils ont.. disons.. des sortes de preuves, je peux aller en prison, moi ?

@Lincoln Reddington

▬ Voulez-vous quelque chose à boire ? demande l'avocat en se dirigeant vers un petit frigo qu'il a dans un coin du bureau. Bran hausse des épaules puis accepte d'un simple « pourquoi pas ». À vrai dire, il n'a pas vraiment l'espoir que cela le détende et il fait un effort pour garder ses mains en place, se souvenant des difficultés de Jesse pour lui-même tenir en place, dans une plus forte proportion. Il se raidit sur le siège et suit l'avocat du regard, attendant de savoir les éléments de réponse qu'il aura à lui communiquer.

▬ Redescendez sur Terre, toujours très aimable. Bran se renfrogne à la remarque mais prend sur lui, jugeant qu'il n'a absolument aucune connaissance dans le domaine de la loi ou du juridique, donc que la question peut passer pour sotte aux oreilles de l'avocat... Comme quand la maman de Bran pense qu'en éteignant un écran d'un set up, elle éteint tout l'ordinateur... la prison est réservée pour les criminels – même si parfois des innocents sont emprisonnés, mais ça c’est une autre histoire. La réponse est non, vous n’irez pas en prison. Bran est tout de même soulagé. Il s'en voudrait de prendre une peine même minime pour atteinte à la liberté de la presse, ou dépôt de plainte calomnieux ou quelque chose du genre...

▬ Dans un premier temps, je vais vous expliquer notre approche dans votre affaire. Nous allons porter plainte contre ce magazine pour atteinte à la vie privée. Là, Bran arque un sourcil en se demandant si on peut considérer qu'il y a atteinte à sa vie privée s'il dément les propos qui y sont tenus ? Est-ce que ça ne va pas fragiliser sa position selon laquelle c'est de la merde et qu'il n'y a aucun fond de vérité dans ce qui est dit ? Il prend le verre servi par l'avocat et en boit une gorgée en continuant de l'écouter avec attention. En 2002, Jennifer Aniston a poursuivi le magazine "Celebrity Skin" après qu'ils aient publié des photos prises illégalement de l'actrice alors qu'elle bronzait topless chez elle. Elle a gagné le procès et a reçu des dommages-intérêts pour atteinte à la vie privée. A peu près la même histoire pour Kate Middleton en 2012 contre Closer où elle a obtenu gain de cause. Plus récemment, en 2019, Emily Ratajkowski a gagné un procès contre une agence de paparazzi qui avait publié des photos d'elle sans autorisation. Elle a obtenu des dommages-intérêts pour atteinte à la vie privée et l'utilisation non autorisée de son image. Et ça va être notre angle d’attaque Mr Ragsdale. Vous n’avez pas donné votre autorisation pour ce qu’il y a dans cet article ? A en juger à votre réaction de tout à l’heure, je dirai que non. Par conséquent, le magazine n’avait aucun droit à poster des photos ou autre vous concernant. Et je peux vous dire qu’ils vont vous verser des dommages -intérêts.
▬ Mais... dans votre exemple, tout était vrai ? Aniston ne peut pas dire qu'elle ne s'est jamais déshabillée dans son jardin ou peu importe l'endroit où elle était... Est-ce que c'est pas risqué ? Est-ce qu'on va pas croire que finalement tout ce qu'ils disent est vrai et que ça me fait juste chier qu'ils l'aient dit ? Finalement, l'avocat semble plutôt sûr de lui. Bran se met à balader le bout de son index contre le bord du verre en serrant les dents, inquiet par la tournure que prennent les choses, inquiet qu'il s'agisse là d'une sorte d'aveu de culpabilité.


▬ C’est une stratégie qui va payer. Cependant, si vous voulez qu’elle paie un maximum, évitez de parler aux paparazzis ou aux journalistes car j’ai bien peur que vous fassiez une bourde en disant quelque chose qui se retournera contre vous.

À nouveau, il lève les yeux au ciel puis esquisse un sourire avant de faire remarquer qu'il sait se tenir. Bon, certaines fois moins bien que d'autres... nul n'est parfait ! Quoiqu'il en soit, il n'est pas là à avoir des paparazzis devant sa porte. Ce serait certainement flatteur mais il n'est pas Kate  Middleton, lui.

▬ Notre attaque donc, c’est l’atteinte à la vie privée. Et ce qui en a découlé par la suite. Pas autre chose, vous avez compris ?
▬ Vous êtes sûr ? …
▬ De plus, j’aimerais revenir sur ce que vous avez dit plutôt. Vous me parliez de preuves à votre encontre c’est exact ? Des preuves de quoi ? Il entrouvre les lèvres pour répondre. Oh et avant que vous me répondiez et que me sortiez un mensonge aussi énorme que Tante Marge dans le troisième volet des aventures d’Harry Potter après qu'elle ait reçu un sortilège informulé -je ne sais pas si vous connaissez ou pas, mais là n’est pas le sujet – je suis votre avocat. Par conséquent, ce qui se dit ici reste ici. Et croyez moi bien que je ne risquerai pas mon droit d’exercer ainsi que mon cabinet et ma réputation pour vos batifolages nocturnes avec Dieu je ne sais qui. Honnêteté compris ?
▬ Ça va, ça va, c'est pas « mes batifolages nocturnes » ! Il prend son verre de coca pour en reboire une gorgée. C'est que cet avocat est à deux doigts de lui dire que c'est une pute ou quoi ? Il repose le verre en prenant son temps. Et encore, c'était trop rapide. C'est pas important, je risque quelque chose si je poursuis et que quelque chose d'autre sort ? Enfin j'ai rien fait de... commence-t-il à se justifier, secouant une main même. Je veux dire que j'ai pas une double-vie, vous voyez ? Sincère mais embêté par la précision à apporter, il ajoute tout de même : Je vous le dis honnêtement.

@Lincoln Reddington

▬ Dans le cas de l’affaire opposant Aniston au magazine Celebrity Skin, elle n’avait aucune raison de dire que c’était faux. Il y avait des preuves. Difficile de réfuter des photos, surtout à l’époque où il n’y avait pas autant de technologies pour trafiquer les photos. Ce qui n’est plus le cas malheureusement de nos jours. Mais ça, c’est une autre histoire. Ce que je veux dire par là, c’est qu’elle a choisi l’angle d’attaque où elle savait qu’elle allait gagner et montrer également à l’opinion publique qu’une célébrité a le droit à sa vie privée.

Peut-être que c'est ce qu'il doit faire. Anticiper que des « choses » sortent. Il ne peut décemment pas se rendre chez Jesse pour exiger de lui qu'il efface deux ans et demi de sa vie, et c'est sans doute même déjà le cas. Celui qui conserve le plus de « preuves à charge », c'est certainement Bran lui-même. Il passe la main contre sa nuque, une fois encore, en écoutant l'avocat qui semble bien maîtriser son sujet. Alors sa stratégie lui permettrait de couvrir et court-circuiter ce qui pourrait arriver ensuite. Il est allé chez Jesse directement le menacer, souffler sur des braises qui avaient dû à peine briller quelques secondes de colère – de bêtise – avant de s'éteindre à nouveau. Il relève finalement les yeux sur l'avocat et acquiesce, comprenant bien que ça semble une position qui sera à 100% payante, mais après il va falloir expliquer que c'est un souhait que rien ne sorte sur sa vie privée, rien, qu'il s'agisse de mensonges ou de faits réels, comme si son intimité était véritablement un temple dans lequel on ne pénètre pas. Enfin sa vie privée n'a rien de bien palpitant dernièrement en réalité. Il cale son dos sur le siège en inspirant doucement par le nez.

▬ Je vais être honnête avec vous Mr Ragsdale.

Ah ça, vu l'air pète-sec qu'il a employé quelques minutes auparavant, Bran ne doute pas une seule seconde de l'intention de l'avocat de se montrer sincère et franc envers lui. Même s'il peut apprécier cette qualité, il n'aime pas vraiment qu'on ait le dernier mot sur lui. Enfin... s'il peut apprécier qu'on lui tienne tête, avoir raison demeure tout de même un plaisir qui se place un cran au-dessus. Il bascule la tête sur le côté, à la manière d'un adolescent qui se prépare à écouter un sermon dont il se passerait bien. Intéressé par les aspects juridiques de la conversation, il n'a à l'inverse pas besoin qu'on lui dicte ce qu'il faut dire ou ne pas dire, ce qu'il faut aujourd'hui penser pour être dans la vague ou politiquement correct, il sait très bien qu'elles sont les mœurs dont « on » veut leur faire croire qu'elles sont cools et acceptables et ne sont ni acceptables ni acceptées. Il offre un vague geste de la main et encourage d'un simple « Oui allez-y »

▬ … Je pense qu’il y a une part d’honnêteté dans ce que vous me dîtes. Et pour répondre à votre question, vous n’allez pas être poursuivi si vous veniez à attaquer ce magazine pour diffamation alors qu’une autre information sortait sur vous.

Il se redresse un peu dans son siège, sentant que ça va répondre aux questions qu'il se pose. Il doit essayer de prévoir ce qui peut arriver ensuite. Il a très mal joué la partie avec Jesse. Bon, il était en colère, et il avait raison de l'être. Et il ignore encore si l'autre homme était dans cet état de par sa simple visite matinale, il semblait... il semble en furie. Pas dans sa petite crise de mécontentement comme il a pu en manifester dans le passé. Bran ne juge pas très pertinent ni utile de préciser qu'il a craché dans le drapeau lgbt d'un type et qu'il redoute notamment pour ça une escalade... c'est pas nécessaire de lui préciser, sauf s'il souhaite que l'avocat le foute dehors.

▬ … Cependant, et ce que je vais vous dire, je vais le dire avec une très grande ouverture d’esprit, prenez bien cela en compte.

Il écarquille sensiblement les yeux. On le prévient lui qu'on va faire preuve d'ouverture d'esprit ? Ah bah c'est bien la meilleure ça. Il attrape le verre qu'il termine avant de le garder entre ses mains, les faisant glisser contre le verre froid et humide des gouttelettes de condensation apparue lorsque le coca frais a rencontré le verre.

▬ … Cependant, si vous attaquez ce magazine pour diffamation et que les informations que vous niez sont en réalité vraies, cela va poser problème.

Hé merde. Il pince les lèvres serre davantage le verre entre ses mains et écarte les jambes pour jouer avec le verre à l'abri du regard de l'avocat. Il hoche de la tête en l'écoutant, son regard posé désormais sur trois gouttes noirâtres qui tournent au fond du verre au gré des mouvements de ce dernier.

▬ … Et ce, sur deux points. Tu m'en diras tant. Le premier est que le magazine va pouvoir également porter plainte contre vous. Et voilà ! Voilà ce qu'il voulait éviter ! De plus, que croyez-vous que les gens vont se dire en apprenant que vous avez menti ? Il l'écoute, faisant tourner une fois encore les trois gouttes. Je ne suis pas là pour juger votre vie Mr Ragsdale, même si j’ai des principes et des valeurs. Il a la désagréable sensation que la situation s'est renversée. De se retrouver face à lui-même ; je n'ai rien contre vous, mais j'ai des principes. Il déteste ça. Il fronce les sourcils et relève enfin le regard sur l'avocat avant de poser le verre sans trop de délicatesse sur le bureau en face de lui. Et que parfois, il m’arrive de refuser un client pour les respecter. Mais ce n’est pas le cas ici. Quoiqu’il en soit, comme je le disais, je ne suis pas ici pour vous juger. Vous êtes libre d’aimer, de sortir avec qui vous voulez. Mais je vous remets en garde contre le fait d’attaquer pour diffamation un magazine si finalement les propos diffamatoires sont vrais.

Reddington n'a pas simplifié, pas ramené ça à des « batifolages nocturnes » comme s'il s'adressait à la putain du quartier, Bran apprécie. Au moins, il accepte de s'occuper de son dossier. Putain, ça va lui coûter la peau du cul. Moins cher que sortir avec Nieves, mais les deux semblent nécessaires malgré tout. La plainte pour diffamation était plus logique d'un point de vue communication mais c'est une position qui est juridiquement très fragile, Bran n'est pas assez stupide pour passer à côté de l'explication de son interlocuteur...

▬ Je comprends, oui... confirme-t-il simplement, préférant ne pas revenir ce qu'il s'est dit juste avant. Il n'a de toutes façons rien à dire. Il a déjà clairement expliqué qu'il n'a pas de double vie et qu'il n'est pas comme « eux ».

▬ … C’est pour cela que je vous invite à plaider l’atteinte à la vie privée. Car même si ces propos s’avèrent vrais et encore une fois, je ne dis pas que c’est le cas, mais comprenez bien que je suis obligé de penser à toutes les options. Donc je disais, si ces propos s’avèrent vrais, on ne pourra pas vous reprocher d’avoir menti. Ce magazine n’avait pas le droit de publier ces informations sur votre vie privée sans votre consentement. Écoutez. Je l’admets que mon approche peut en effet permettre à ce que les gens pensent que ce qui est dans cet article est vrai. Et si tout ceci est réellement faux, alors, nous allons devoir contrer cela en termes de relations publiques. Et vous avez de la chance car notre cabinet a une branche qui se spécialise dans ce domaine dont je fais partie également.
▬ Donc d'un point de vue... purement relations publiques donc, je peux dire que je refuse qu'on aborde ma vie privée, qu'il s'agisse de mensonges, de faits réels ou de rumeurs ? Ou c'est... Enfin, vous sembliez dire qu'on pourrait travailler là-dessus même si on attaque pour atteinte à la vie privée et pas pour diffamation ? Bran prend son téléphone entre ses mains, le déverrouille sans spécialement regarder quelles sont les dernières notifications qui demandent à être lues, et le verrouille à nouveau dans la foulée.

▬ Mais entre vous et moi, toute cette histoire découle bien de quelque chose non ? Ces informations viennent bien d’une personne que vous connaissez et avec qui il a dû se passer quelque chose non ? Je ne dis pas quelque chose de l’ordre de l’intime, mais si cette personne a inventé tout cela -ou pas d'ailleurs-, c’est qu’elle vous en veut non ?

Il se passe quelques instants. Il a bien envie de lui dire, de lui cracher au visage qu'avec tous les efforts qu'il a fait depuis des mois et des mois, il ne devrait pas traverser ça ! Ça a été compliqué depuis le moment où il a fallu qu'il prenne les décisions qui s'imposaient pour lui, et pour Jesse. Et physiquement, il a été affecté par cette parenthèse. Il en paie actuellement le prix, coincé entre la nécessité d'un traitement humiliant et pénible pour pouvoir être un homme, un vrai, et la contrainte de ne même pas pouvoir prendre correctement son pied avec tout cela. L'année dernière, il a passé deux mois « au vert » pour essayer de faire passer des maux de tête qui s'installaient et une certaine intolérance visuelle à la lumière. Tout ça, c'est pas pour s'entendre dire la bouche en cœur qu'il est homosexuel, sur aucun fondement ! Il a pas consenti à tout ça pour s'écrouler maintenant !

▬ Je... commence-t-il a dire tout en réfléchissant à ce qu'il va dire. Il devrait essayer de réfléchir avant de l'ouvrir, ou avant d'agir, tiens. Ça lui éviterait peut-être des problèmes à l'avenir. Le soucis, c'est qu'il a tout de même du mal à porter ce bagage auquel on rajouté quelques charges. Il n'y arrive pas. C'est trop pour lui. Il lève l'index vers l'avocat, pas franchement enclin à glisser des menaces entre les lignes mais il comprendra, après tout : Vous avez dit que vous pouviez perdre votre droit d'exercer si vous divulguez ce qui se dit ici. Pour l'avocat, ça ne représente sans doute pas grand chose, les histoires de cul d'un streamer de jeux vidéos, pour les gens qui lisent ces pages de merde,  ça ne représente sans doute pas grand chose, les histoires de cul d'un streamer de jeux vidéos, mais lui, c'est sa vie. Je ne fréquente pas d'hommes, d'accord ? juge-t-il bon de préciser avant toute chose, à deux doigts même d'ajouter très clairement qu'il est hétérosexuel, au cas où ça ne serait pas CLAIR. « Il y a quelqu'un. » Ce sont les mots qu'il aurait dû dire, à un moment donné. Quand sa famille demandait quand il présenterait sa « petite copine », il disait que c'était compliqué, la distance, le travail, les emplois du temps...

Il fronce les sourcils. Il passe subitement la main dans ses cheveux puis annonce sèchement :
▬ J'ignore totalement qui a pu l'avoir l'idée abrutie de diffuser ces rumeurs, ni pourquoi. On va faire ce que vous avez dit, on va dire que quelle que soit la – il mime des guillemets – révélation annoncée, je veux pas lire mon nom dans ces torchons. Vous... êtes d'accord avec ça ?

▬ Dans ce que vous venez de dire, il y a plusieurs informations qu’il faut que vous devez essayer de séparer. Je m’explique. Déjà, je vois que vous avez bien compris la différence entre atteinte à la vie privée et diffamation. Donc, dans le cas d’une atteinte à la vie privée, l’axe majeur sur lequel nous irons sera le fait que des informations vous concernant ont été divulguées sans votre accord. Des informations à caractère sensible car cela relève purement et simplement de votre vie privée. Dans cette optique-là, il ne faudra pas perdre de vue que notre stratégie se basera sur le non-consentement de l’exposition des informations. Alors après, est-ce que vous pourrez également réfuter ces informations ? Vous le pourrez. Mais vous ne devrez pas le fait systématiquement car cela ne sera pas notre axe majeur.

Bran hoche de la tête, écoutant la solution miraculeuse qui va peut-être lui sauver le cul dans les prochains jours. Oui oui oui ça va, il a compris la différence. À deux doigts de dire que c'est pas parce qu'il bosse sur internet qu'il est complètement abruti mais l'avocat a l'air de déjà le prendre pour une sorte de nerveux qui ne tient ni en place ni sa langue alors il se contente de croiser décroiser les bras en essayant de paraître à l'aise en écoutant les propos de son interlocuteur. Bon, il a compris qu'il ne faut pas miser sur le fait de dire que c'est faux, en tout cas pas principalement. Bon, il dira juste qu'il veut rien savoir de ce qu'il se dit, et qu'on n'aborde simplement pas sa vie privée, comme ça la question sera définitivement réglée. S'il obtenir gain de cause, rien ne pourra se rajouter, aucun torchon ne prendra le risque d'une amende salée pour ses fesses...

▬ Si vous décidez finalement de choisir d’attaquer le magazine en diffamation, alors oui l’axe majeur sera de réfuter les informations transmises par le magazine, mais d’un point de vue relations publiques, je pense sincèrement, mais peut-être que je me trompe, que cela va diviser l’opinion publique et que peut-être, cela entachera votre image et donc votre business dans les jeux vidéo.

Oui, il y a aussi... Sincèrement à cet instant, il a juste envie d'enterrer tout ça dans un coin et de ne plus en entendre parler. Ça ne l'aide pas dans sa propre gestion de sa vie privée, et ça réveille les instants débiles de ceux qui ont trop de temps libre... Il avait des propos parfois, enfin il a des propos parfois un peu virulents, il s'est toujours dit que ce n'est pas dit de façon directement agressive et que les queer et compagnie ne sont pas vraiment son public... Il a d'ailleurs levé le pied sur la période où il était avec Jesse, même si certains commentaires peut-être un peu déplacés ont pu filtrer malgré tout... Effectivement, il ne veut pas se court-circuiter professionnellement non-plus... Il acquiesce, comme un peu à regret malgré tout.

▬ Je sais que vous avez envie de dire au monde entier que tout ceci est faux. Et c’est normal. Lorsqu’on publie de fausses informations à votre sujet, la première chose à faire, c’est de les démentir avec passion, avec conviction. Mais parfois, cela peut faire plus de mal que de bien car nous parlons davantage avec notre colère et c’est jamais très bon, croyez-moi. Bouarf... ça fait des années que Bran laisse sortir sans que ça affecte son image ni sa santé... Il pince les lèvres discrètement en levant les sourcils, comme un peu septique sur cette leçon de vie qui ne s'applique pas à lui de toute évidence...

▬ C’est pour cela que porter plainte contre atteinte à la vie privée tout en glissant le fait est que ces informations sont fausses, me parait être une bonne alternative. Voyez-vous ?
▬ Oui... Non mais oui, vous avez raison... Si je peux ne pas me mettre toute ma commu à dos en les divisant entre – il mime avec les mains – ceux qui se disent que je suis p*** et ceux qui se disent que je suis le dernier des connards, ce serait bien. Il passe une main dans ses cheveux, cherche le regard de Lincoln et affiche une sorte de brève grimace contrariée. Ce que je veux dire, c'est que j'ai une ligne directrice sur mes chaînes qui est... – le choix de mots de la dernière chance pour essayer de rattraper le « p*** » qu'il vient de lâcher – enfin qui est... vous voyez... un peu virile, quoi. Vous comprenez ? Bien sûr qu'il comprend pas. Mais vous avez raison... je peux pas non-plus passer mon temps à basher les gays et tout ça pour essayer de rattraper la situation... C'était pas juste, humainement... et pas intelligent non-plus.

▬ Etant mon idée de départ, je suis forcément d’accord avec cela. Mais comme je vous l’ai dit précédemment, je ne veux pas vous empêcher de vous défendre quant à ces informations exprimées contre vous. Juste, soyez courtois dans votre manière de réponse et n’en parlez pas trop.

Ils se mettent donc d'accord. Bran se balance en arrière contre le siège, un peu rassuré par la tournure que prennent les choses. C'est bon, tout va s'arranger. Il a juste à la fermer finalement, et laisser l'avocat mener la danse. Ça va probablement lui coûter la peau du cul cette histoire, sauf s'il obtient gain de cause et que de fait, le journal soit obligé de prendre en charge ses frais de justice. Ce serait absolument tout benef ! Il tend la main comme en signe d'apaisement et assure à l'avocat qu'il fera attention.

▬ D’ailleurs, si vous le voulez, je peux vous fournir quelques conseils en termes de relations publiques à ce sujet-là. Si vous avez quelques minutes devant vous bien évidemment. De plus, je vais devoir vous expliquer la procédure à suivre quant au fait d’engager des poursuites à l’encontre du magazine. Il hoche de la tête. Il a tout le temps qu'il faut devant lui, assure-t-il. Avant qu'ils n'abordent un dernier point. Mais avant cela, je souhaite revenir sur un détail. Un détail, apparemment. Vous dites ignorer la personne ou les personnes à l’origine de ces rumeurs. Si vous le désirez, je peux m’employer à trouver cette information ?

Hé merde. Bran écarquille spontanément les yeux sur cette question. Il peut pas donner carte blanche pour une enquête potentiellement stérile ou qui envoie directement sur Jesse – parce qu'il reste persuadé que ça vient de lui ! Et il va pas lui attirer de problèmes quand même, même s'il le mérite. Si cet avocat se retrouve face à Jesse, qu'est-ce que ce dernier ira raconter ? Il esquisse une sorte de sourire grimacé avant de se rasseoir sur le bord du siège finalement, comme s'il apprêtait à parler sur le ton de la confidence avec l'avocat – donc naturellement, plus près.
▬ Oui alors... Putain. de. Merde. En fait bon... Par rapport à ça... Il se sent comme un gosse pris en train de piquer dans une boutique de bonbecs. Comment vous dire pour que vous compreniez ? Voilà, c'est comme ça qu'il faut le tourner, pour gagner le temps de réfléchir quelques secondes de plus. J'ai pensé à une « personne » qui aurait été susceptible de... d'être à l'origine de mon problème. Bien joué, formule neutre, lisse. Bravo Bran. Donc je suis allé voir « la personne » en question... Je l'ai accusé et il a rien lâché, manquerait-il de dire … qui dit ne pas être à l'origine de la rumeur. Et pourtant, j'ai insisté, vous voyez. Il croise les bras, pas certain de la réponse qu'il doit apporter sur cette idée de l'avocat... il a pas envie qu'on pose des questions sur sa vie privée autour de lui... Un peu résigné, il pose finalement son regard sur un coin du bureau : Je vois pas qui d'autre ferait ça. Et cette « personne » n'a apparemment aucunes raisons de faire ça, maintenant. Vous pensez que ça peut servir une sorte de lobby lgbt qu'à un moment donné, j'apparaisse comme faisant partie de cette... communauté ?

▬ Si vous ne voulez pas diviser votre communauté, à l’avenir, je vous invite à éviter de dire p*** par exemple.
▬ Oui, soupire-t-il, simplement. Il pose les mains contre ses genoux, sans ajouter de commentaire. Bon, il le sait que son vocabulaire n'est pas adapté, et d'autant plus face à un avocat. Oui d'accord. Il essaie de garder quelques secondes de plus les doigts fixés sur les genoux, son regard se baladant sur le bureau dont il commence à retenir certains détails insignifiants, par ailleurs. Ce même avocat qui émet un commentaire un peu curieux pour faire suite à cette explication autour du ton qu'il emploie. Au départ, c'était sans doute plus un personnage qu'autre chose, puis bon progressivement, il s'est certainement retrouvé dans cette image-là... Il fronce les sourcils quand Reddington lui affirme sans le moindre doute que :
▬ Sachez, Mr Ragsdale, que les hétérosexuels n’ont pas le monopole de la virilité. Bran esquisse une sorte de sourire en coin, essaie de retrouver dans son cercle proche de qui il aurait pu se dire un jour « oh bah lui, on n'y aurait pas pensé » mais personne ne lui vient à l'idée, confirmant son idée première. Il ne sait pas trop, dans son idée, si c'est le fait de se découvrir un jour une orientation sexuelle différente qui pousse les gens à changer de personnalité, de comportement ou si c'est leur comportement d'origine qui les pousse à essayer de « nouvelles expériences ». Il n'a pas vraiment envie de savoir. Il a jamais posé la question à qui que ce soit, après tout … Je vais peut-être vous surprendre, mais il existe de la virilité dans les autres orientations sexuelles dont l’homosexualité.
▬ Bien entendu, qu'il répond d'un air quelque peu suffisant, levant les yeux au ciel. Il n'a pas envie de rentrer dans ce débat avec lui, et puis M. Reddington n'est pas prêt à y entrer quoi qu'il en soit. Il passe la langue sur sa lèvre inférieure deux secondes, se disant qu'il prendrait bien une cigarette mais on ne fume pas en rendez-vous, alors il pousse un très léger soupir en tâtant sa poche de veste derrière lui, discrètement. Toutefois, Reddington entend que son image, c'est son gagne-pain, grossièrement. Bran ne se voit pas changer du tout au tout, ce n'est pas possible. Ni pour lui parce qu'il ne peut pas remettre en question « ce qu'il est » et ce n'est pas possible vis à vis de ses partenaires financiers, ou de ses followers.

Concernant celui qui a donné l'information, c'est un peu plus délicat. Bon, Bran se doutait bien que Lincoln s'agacerait d'entendre de nouvelles données s'ajouter en cours de route mais le streamer ne peut pas se permettre de lui laisser prendre cette initiative, vraiment excellente mais de toute évidence faussée par l'absence de cartes entre les mains de l'avocat. Maintenant, il n'a plus qu'à subir l'agacement de son interlocuteur, en essayant de lui expliquer pourquoi ce sont des choses bien différentes, certes liées mais dans lesquelles il ne faut pas aller mettre le nez...
▬ Vous pensiez me le dire quand, que vous aviez une personne en tête qui aurait pu être la source de vos problèmes et que vous êtes allé la voir ? Vous vous rendez compte que si c’est réellement cette personne, son avocat peut très bien vous accusez d’avoir voulu le faire taire en allant le voir ?
▬ Il ne prendra pas d'avocat, rétorque Bran en reprenant le pronom personnel adéquate, sentant bien que le ridicule d'appuyer sur « la personne » ne le fait pas du tout. Et bon, il ne peut pas dire que c'est une femme dont il s'agit. Enfin, je ne crois pas, dit-il en haussant des épaules. Déjà, il n'a pas appelé la police, pourquoi prendrait-il un avocat ? Il se redresse subitement et tend la main vers Lincoln, montant un peu la voix : Oh oh oh, on se calme, je ne suis pas allé là-bas pour « le faire taire », d'accord ? Je voulais qu'il répare la merde qu'il a foutue surtout !
▬ Vous savez combien j’en ai vu des choses apparentes qui ne le sont pas finalement ? Bref.
▬ Mais ce n'est pas...
▬ Je vous conseille de ne plus approcher cette personne tant qu’on ne sait pas la fin de l’histoire. J’aimerais avoir son nom et prénom également. Et pour répondre à votre question, cela serait surprenant que ce soit un lobby lgbt qui soit derrière cela car pourquoi ? Pourquoi vous ferait-il cela ? J’ai la conviction que c’est davantage personnel. C’est pour cela que je vous propose mon aide pour dénicher la personne ou les personnes derrière cela.

Bran perd l'espoir de garder ses mains en place et, lançant un regard de reproches à l'avocat, il croise les doigts dans sa nuque :
▬ Je suis pas sûr qu'il veuille que je « l'approche », vous savez... Il passe les pouce et index sur ses paupières en soupirant. C'est en passe d'être la pire discussion de la semaine, ça. Sauf votre respect, « Maîîître », reprend-il finalement, c'est hors de question. Il marque un court silence. Non, navré, mais non. Réflexion. Non, non... non. Il ne peut tout de même pas donner le bâton pour se faire battre. Ce n'est pas possible. Lui aussi, il crève d'envie d'avoir la certitude de savoir si c'est Jesse qui a fait n'importe quoi, même en discutant avec un ami qui s'est dit que ça ferait une rumeur amusante, ou une bonne revanche sur ce connard d'Hades... mais ce n'est juste pas possible.

▬ Sinon, petite parenthèse sur les relations publiques Mr Ragsdale. Toute relation, quelle qu’elle soit, peut être compliquée. Ne jamais prendre pour acquis une relation, que ce soit en amour, en amitié ou bien avec vos abonné.e.s dans votre cas. C’est une erreur à ne jamais faire car il vous suffit d’un seul mot pour détruire une relation. Ses épaules s'affaissent sensiblement. Il s'excuse et se lève pour faire simplement quelques pas sans vraiment s'éloigner de la chaise. C’est pour cela que je vous invite fortement à ne rien dire sur la communauté lgbtqia+ car au vu de notre conversation, j’ai bien peur que vous dérapiez. Et franchement, je vous le dis pour vous, pas pour moi. Pour ce faire, évitez les phrases trop longues et à trop parler. Lorsque l’on parle trop, on a tendance à commettre des erreurs car on dit finalement beaucoup de choses. Sois synthétique dans vos réponses. Dites simplement que vous avez une vie privée comme toute personne peuplant cette Terre et que vous le droit qu’on la respecte. De plus, si vous souhaitez quand même démentir les accusations qui sont faîtes à votre encontre, dites simplement qu’il n’est jamais bon d’écouter les rumeurs. Soyez neutre pour éviter de heurter qui que ce soit. Vous comprenez ?

Un moment sur la défensive, manquant de lui rétorquer, quand il dit de ne pas de phrases longues, qu'il le prend décidément pour un abruti, l'explication semble correcte. Ne pas heurter. Il peut consentir l'effort. Il pense. Il croise les bras et marmonne qu'il doit pouvoir y arriver. Résumons ; L'avocat gère la plainte, et lui il a juste à la fermer, c'est fortement jouable. En plus, il a quand même l'air de prendre ça au sérieux.
▬ Écoutez... je sais bien que je suis pas un homme politique, ou un acteur, ou une célébrité... et que vous vous dites que bon... passer pour hétéro ou... gay, on s'en fout dans la société d'aujourd'hui. Mais c'est important pour moi, vous comprenez ? Il pose les mains sur ses hanches, souffle un coup. Vous pouvez savoir, vous, si y'a une action en cours contre moi ? J'ai peut-être, enfin... si j'ai juste gueulé dans un couloir et abîmé un bout de tissu, il peut porter plainte, vous croyez ? Vous avez moyen de savoir ça, vous ?