prise d'informations - lincoln

Une nouvelle donnée rentra dans la situation que connaissait Mr Ragsdale, une donnée qui ne semblait pas plaire l’avocat qui se posa quelques questions quant à cette fameuse personne que son client était allé voir. Prenant un ton légèrement grave, Lincoln exposa la problématique à laquelle il faisait face. Et plus il écoutant son interlocuteur et plus l’avocat avait l’impression qu’il y avait comme anguille sous roche. A quel niveau ? Il l’ignorait pour le moment, mais il comptait bien tenter de le découvrir car Bran semblait confiant quant à ses affirmations sur cette fameuse personne comme le fait qu’il n’allait pas prendre d’avocat, avant de se reprendre presque immédiatement pour nuancer l’aspect affirmatif de ses propos. Puis le voilà en train de dire que s’il était allé le voir, c’était pour que monsieur X répare la « merde qu’il avait foutu ». Une nouvelle certitude donc qui ne laissa pas Lincoln sans question à lui poser. « Mr Ragsdale, je n’ai pas dit que c’était pour aller le faire taire, mais je vous ai dit qu’on pouvait vous accuser d’avoir tenté de le faire. D’où le fait qu’il ne faut plus avoir de contact avec cette personne tant qu’on n’est pas sûr que ce ne soit pas elle qui soit derrière cela. » Expliqua-t-il dans un premier temps avant de reprendre la parole après une courte pause de silence. « De plus, vous pensiez au départ que c’était lui donc il est normal que je puisse le rencontrer. Car si la partie adverse est au courant de votre lien – et ne me dites pas que c’est impossible – il pourrait le mentionner et l’interroger. Donc il vaut mieux qu’il soit de notre côté que du leur, vous ne croyez pas ? » Tenta-t-il d’expliquer pour convaincre son client de fournir le nom de cette fameuse personne. Cependant, il semblait être fermé quant à dévoiler l’identité de monsieur X, ce qui ne comptait pas refreiner le jeune avocat qui ne comptait pas laisser se faire surprendre. « Et pourquoi n’est-ce pas possible ? Comment voulez-vous que je vous défende correctement si je n’ai pas tous les éléments ? » Demanda-t-il vu que Bran semblait pouvoir se défendre tout seul finalement -ironiquement parlant.

Cependant, l’avocat avait également une autre tâche à faire qui était de faire comprendre comment marcher les relations publiques à Mr Ragsdale. Lui faisant alors un exposé sur la question, Lincoln avait vraiment l’impression de soit parler dans un mur, soit de faire un pas avant de reculer de deux. Ce qui commençait légèrement à lui taper sur le haricot car la discussion avançait, mais peut-être pas dans le bon sens. Mais faisant preuve de professionnalisme, il but une gorgée de son verre de coca tout en gardant son sang-froid, répondant alors à l’interrogation de son client. « On peut porter plainte pour beaucoup de choses de nos jours. Donc la réponse est oui. Après est-ce que cela sera recevable ? J’en doute. Cependant, le fait que vous ayez fait ça peut poser question. Car on ne s’énerve pas et on ne déchire pas un « bout de tissu » sans raison. Et encore une fois, cela montre que vous cachez quelque chose car ça vous affecte. Donc, je comprends bien Mr Ragsdale que c’est important pour vous qu’on ne vous met pas l’étiquette d’homosexuel sur votre front, mais écoutez-vous ? Vous vous enfoncez tout seul. Plus on vous écoute et plus on se pose des questions. » Conclut-il en voulant être le plus honnête possible. Car cette discussion allait pouvoir avancer qu’avec une part d’honnêteté dans les propos des deux parties. Et Lincoln trouvait ça important de faire part de ses ressentis et interrogations à son interlocuteur pour qu’il comprenne que son plus grand danger était finalement lui-même. L’avocat en vint alors à l’aspect plus juridique de l’affaire, expliquant à Bran la procédure qu’ils allaient suivre. Autant faire avancer la conversation pour qu’elle soit la plus productive possible. « Sinon, je vais vous expliquer les prochaines étapes quant à la procédure pour déposer plainte contre une atteinte à la vie privée. Sachez que je vais rédiger une lettre de mise en demeure adressée au magazine, demandant le retrait de l'article, des excuses publiques, et/ou une indemnisation. Je fixerai un délai de réponse sous 10 jours. Si cela vous convient. Si cette lettre demeure sans réponse, nous saisirons alors le tribunal. Après quoi, nous entamerons une période de médiation pour essayer de discuter et trouver un accord qui vous satisfera au mieux. Si un accord ne peut pas être trouvé, alors nous saisirons le tribunal qui statuera sur notre affaire. Voilà, comment les choses vont se passer. Avez-vous des questions peut-être ? » Lincoln avait exposé la procédure avec des termes juridiques, mais des termes facilement à comprendre. Approche qu’il faisait avec chacun de ses clients pour une meilleure compréhension. Lincoln s’enfonça davantage dans son fauteuil, attendant alors la réponse de son interlocuteur.

@Bran Ragsdale

Ne pleurez pas votre passé car il s'est enfui à jamais. Ne craignez pas votre avenir car il n'existe pas encore. Vivez votre présent et rendez le magnifique pour vous en souvenir à jamais.

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▬ Mr Ragsdale, je n’ai pas dit que c’était pour aller le faire taire, mais je vous ai dit qu’on pouvait vous accuser d’avoir tenté de le faire. D’où le fait qu’il ne faut plus avoir de contact avec cette personne tant qu’on n’est pas sûr que ce ne soit pas elle qui soit derrière cela.

Bran croise les bras sur son torse. Il n'avait pas prévu de lui en reparler de toute façon... si c'est pour que Jesse appelle la police non merci. Par contre il avait tout de même songé à y retourner pour peut-être regarder s'il ne trouve rien dans tout le bazar du costumier, après tout, il a toujours la clef de chez lui... ou un message d'excuse aurait été le bienvenu s'il était au moins sûr que ce n'est pas lui qui a décidé de lui jouer ce tour.

Non mais il ne va pas parler de la clef, parce que l'avocat va lui jeter une étagère sur le crâne. Et puis, il n'a pas retenu l'idée pour l'instant, il préfère explorer les autres options. Il souffle doucement par le nez en écoutant le conseil certes gratuit mais malgré tout avisé...

▬ De plus, vous pensiez au départ que c’était lui donc il est normal que je puisse le rencontrer. Car si la partie adverse est au courant de votre lien – et ne me dites pas que c’est impossible – il pourrait le mentionner et l’interroger. Donc il vaut mieux qu’il soit de notre côté que du leur, vous ne croyez pas ?

Le rencontrer ? Oui... si le journal a eu un contact avec Jesse, ils peuvent forcément retourner le voir mais qu'est-ce que la visite de M. Reddington changera à ça ? Il passe la main contre son front, Bran. Être de leur côté, peut-être pas après la sortie qu'il a faite à leur dernière rencontre, qui elle-même a succédé deux ans de silence où ils n'avaient jamais cherché l'un ou l'autre à reprendre contact...

▬ Et pourquoi n’est-ce pas possible ? Comment voulez-vous que je vous défende correctement si je n’ai pas tous les éléments ?

Pourquoi ? Vraiment, pourquoi ce n'est pas possible ? Le streamer perd quelques secondes son regard dans le vide, essaie de se concentrer sur les faits, ceux qui comptent. Il pose la question pour le drapeau et réalise qu'effectivement, il est probablement le pire client possible. Quand il s'agit juste de se débrouiller tout seul en pleine nature, il peut se débrouiller. Mais de toutes évidences, il est NUL en rapports humains.

▬ On peut porter plainte pour beaucoup de choses de nos jours. Donc la réponse est oui. Après est-ce que cela sera recevable ? J’en doute. Cependant, le fait que vous ayez fait ça peut poser question. Car on ne s’énerve pas et on ne déchire pas un « bout de tissu » sans raison. Et encore une fois, cela montre que vous cachez quelque chose car ça vous affecte. Donc, je comprends bien Mr Ragsdale que c’est important pour vous qu’on ne vous met pas l’étiquette d’homosexuel sur votre front, mais écoutez-vous ? Vous vous enfoncez tout seul. Plus on vous écoute et plus on se pose des questions.

Cacher quelque chose, cacher quelque chose... Faut le dire vite ! « Plus on vous écoute et plus on se pose des questions. » Des questions ? Bordel, il va avoir envie de vomir. Force est de constater qu'il ne tiendrait pas longtemps face à un procureur en cas de meurtre, il ferait un très mauvais criminel. Monte en lui l'envie de se casser d'ici, de dire qu'il se débrouillera – c'est faux – et qu'il gérera lui-même mais il a besoin de cet avocat. Est-ce que finalement il vaut mieux qu'un avocat qui a prêté serment en sache plus sur lui, ou que Jesse envoie une photo de lui en train de dormir dans son lit ? Il repasse la main contre son visage, il ne se sent pas prêt à prendre la décision. Il ne se sent pas prêt à se retrouver face à tout ça. Pas prêt de s'entendre dire à voix haut le nom de Jesse, pas prêt à s'entendre dire ce qu'il s'est passé, pas prêt à s'entendre dire que c'est vrai, et qu'il vit juste dans la honte que ça se sache un jour.

Lui, il est fort. Il a de la force de caractère, il a su remonter la pente. Il a su avancer depuis deux ans, il a su contrôler cette sorte de part de lui-même qui faisait n'importe quoi. Il est fort, il n'est pas de de ceux qui punissent leur corps, de ceux qui écrivent le récit de leurs souffrances d'une encre écarlate sur le parchemin sur leur peau, de ceux qui s'abandonnent dans des plaisirs poudreux ou artificiels. Il ne fait pas tout ça, lui. Il est plus fort que ça.

▬ Sinon, je vais vous expliquer les prochaines étapes quant à la procédure pour déposer plainte contre une atteinte à la vie privée. Sachez que je vais rédiger une lettre de mise en demeure adressée au magazine, demandant le retrait de l'article, des excuses publiques, et/ou une indemnisation. Je fixerai un délai de réponse sous 10 jours. Si cela vous convient. Si cette lettre demeure sans réponse, nous saisirons alors le tribunal. Après quoi, nous entamerons une période de médiation pour essayer de discuter et trouver un accord qui vous satisfera au mieux. Si un accord ne peut pas être trouvé, alors nous saisirons le tribunal qui statuera sur notre affaire. Voilà, comment les choses vont se passer. Avez-vous des questions peut-être ?

Il lance un regard sur la porte, à peu près discrètement. Reprend correctement place dans le fauteuil et reprend le verre vide entre ses mains, l'y faisant rouler dans une direction, puis son opposée, et ainsi de lui.
▬ J'aimerais que vous n'alliez pas vous entretenir avec lui, requiert-il simplement, brisant de sa voix monocorde le silence précaire qui vient de s'installer. Quelques secondes supplémentaires. S'il vous plaît. L'heure est grave ! Nous ne nous sommes pas quittés ni en bons ni en mauvais termes... il était simplement lui, j'étais moi. C'était il y a deux ans, déjà. Quelque peu gêné par ce qu'il doit annoncer, son corps s'est progressivement figé. Le voici presque tassé sur lui-même dans son siège, ne remuant simplement que les mains autour du verre vide. Je ne peux pas m'empêcher de penser que personne d'autre ne pourrait avancer une chose pareille, à mon sujet. Il n'y a eu que Jesse, enfin comme ça... Puis bon, ce n'était pas comme si Jesse était un « vrai mec » s'est dit Bran longtemps, dans le sens d'un... vrai mec. Il met du vernis, a une sorte d'affinités pour des activités ou des objets féminins. Il s'est longtemps dit que c'était comme sortir avec une femme, finalement.

Puis, les mois passants, à un moment donné, si Bran prenait le temps de regarder Jesse en face de lui, il ne voyait pas vraiment un homme, pas une femme, c'était un peu... en quelque sorte... « juste le sien ». Mais le costumier a déjà fait son coming-out, il a des envies, des attentes, des projets que Bran ne pouvait pas réaliser... Et en même temps, il a dit que ce n'est pas lui. Il se mord la lèvre supérieure une seconde : Si ce canular prend de l'ampleur, je n'ai plus qu'à me foutre en l'air, vous comprenez ? Ce n'est pas possible, pour moi. Quelques instants. On va faire tout ce que vous avez dit, votre lettre, la médiation, le tribunal, tout ça... Combien je vous verse pour lancer la procédure ?

« J'aimerais que vous n'alliez pas vous entretenir avec lui. » Au moins, ça avait le mérite d’être clair de sa part. Lincoln voyait que cette discussion semblait de plus en plus gênée son interlocuteur qui faisait en sorte que l’avocat ne rencontre pas cette mystérieuse personne. Mais il allait falloir plus que des mots pour le contraindre à ne pas même envisager de faire appel à un détective privé pour découvrir l’identité de cette fameuse personne. Alors oui, cela allait à l’encontre des directives de son client, mais Lincoln voulait suivre son intention et celle-ci lui disait de rencontrer monsieur X, même si ce n’était pas lui derrière les révélations du magazine. Mais il manquait une partie du puzzle que constituait Mr Ragsdale et pour le défendre au mieux, l’avocat devait avoir cette partie manquante. Après, allait-il vraiment faire ces recherches ? Possible, mais pas encore certain. C’était une idée qu’elle voulait garder dans un coin de sa tête, une carte à jouer au cas où. Quant à cette histoire de s’être quitté ni en bons ni en mauvais termes, cela semblait passer au-dessus de la tête de l’avocat qui trouvait cette position plus que flou et ne voulant pas dire grand-chose finalement. Se quitter avec une neutralité absolue ? Possible, mais franchement peu probable. En tout cas, c’était le sentiment de Lincoln au vu de sa discussion avec son client. « Croyez-vous que cela me rassure que vous vous êtes quittés ni en bons ni en mauvais termes, en reprenant vos mots bien sûr. Surtout que vous venez de me faire comprendre, précédemment, et je vous cite, que vous avez « gueulé dans un couloir et abîmé un bout de tissu ». Alors permettez moi de douter quant au fait que vous vous soyez quittés ni en bons ni en mauvais termes. » Le fait de se montrer contradictoire montrait que d’une part qu’il n’était pas à l’aise et d’autre part, qu’il y avait une part de vérité, mais également de mensonge. Ou en tout cas, il ne disait pas toute la vérité sans vouloir être dans le mensonge total. « Ecoutez, je vais être honnête avec vous Mr Ragsdale. Je ne suis pas assez stupide pour ne pas voir que ce sujet vous gêne. Mais je ne fais que mon travail. Si vous voulez un avocat docile qui va vous obéir, vous pouvez alors sortir de mon bureau. Je suis là pour vous défendre et vos intérêts sont ma priorité. Par conséquent, je mettrai tout en œuvre pour vous défendre. » Et par tout en œuvre, il voulait dire fouiller un peu dans la vie de son client pour découvrir monsieur X. Sauf si son interlocuteur décida de lui livrer cette information et de lui faire enfin confiance. Quant au fait qu’il ne pensait pas qu’une autre personne puisse s’attaquer à lui était également révélateur pour l’avocat car s’il avait parlé de cette mystérieuse personne, c’était qu’il avait une raison finalement non ?

L’avocat paraissait quelque peu, non pas déboussolé, mais perplexe quant au comportement de son client qui se montra flou, contradictoire et naïf à cet instant précis. Parce qu’une personne lui disait quelque chose, c’était forcément la vérité ? En voilà une philosophie naïve et dangereuse. Ou peut-être était-il aveuglé ? L’amitié pouvait aveuglé, tout comme l’amour. On avait du mal à se dire qu’un ami pouvait nous trahir, nous faire du mal par exemple. « Oh, il a dit que ce n’était pas lui. Me voilà rassuré Mr Ragsdale ! » Dit-il en surjouant un peu dans le ton de sa voix et en écartant grand ses bras avant de reprendre son sérieux. « Votre naïveté est touchante, sincèrement. Mais désolé de ne pas forcément croire la parole d’une personne du premier venu. Vous savez, il peut très bien mentir. Le mensonge fait partie de l’être humain. Heureusement ou malheureusement, cela dépend du cas dans lequel nous nous trouvons. » Essaya-t-il de faire comprendre à son interlocuteur, qui se montra conscilient quant au plan que proposa l’avocat, l’acceptant. Ce qui en soit était une petite victoire pour Lincoln qui comprit que ce dossier n’allait pas être si simple au vu du comportement de son client. Mais il était toujours prêt à relever un défi après tout. « Personne va se foutre en l’air compris ? Ca ne sert à rien de dire ces choses-là, ça ne fera pas avancer votre affaire. » Lincoln se montra quelque peu désespéré dans le ton qu’il prit, n’acceptant pas une telle réaction. La vie était bien trop précieuse pour dire de telles choses. Surtout que la situation dans laquelle se trouvait son client était réversible et il y avait des maux bien plus douloureux en ce monde. Même si ce n’était pas pour autant qu’il voulait minimiser les problèmes de Mr Ragsdale. Il voyait qu’il en souffrait. Mais pas au point de foutre sa vie en l’air. « Quoiqu’il en soit, je suis heureux de voir qu’on a pu trouver un terrain d’entente quant à la marche à suivre. Pour ce qui est de la tarification, la séance d’aujourd’hui vous coûtera 300 AUD. Quant à la suite, cela va dépendre de la durée de cette affaire. Mais au vu des éléments que j’ai en ma possession, cela ne devrait pas forcément durer très longtemps. Après tout, la rapidité semble importante, autant pour vous que pour moi. Donc je pencherai à quelques milliers d’AUD, entre 5 000 et 6 000 AUD. » Finit-il par dire en esquissant un petit sourire. La séance semblait toucher à sa fin. Mais Lincoln n’aimait pas finir une entrevue sur une discussion budgétaire. « Et sinon, simple curiosité, pourquoi avoir choisi les jeux vidéo pour en faire votre métier ? » Cette question allait peut-être permettre de mieux cerner son client de ne le rendre un peu moins froid, distant. Et c’était toujours appréciable de converser avec des discussions que l’on pouvait avoir au quotidien.

@Bran Ragsdale

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▬ Croyez-vous que cela me rassure que vous vous êtes quittés ni en bons ni en mauvais termes, en reprenant vos mots bien sûr. Surtout que vous venez de me faire comprendre, précédemment, et je vous cite, que vous avez « gueulé dans un couloir et abîmé un bout de tissu ». Alors permettez moi de douter quant au fait que vous vous soyez quittés ni en bons ni en mauvais termes.

Oh ça, pourrait-il répondre, ce n'est pas l'état de nos relations mais simplement mon caractère de merde, mon sentiment de haute trahison et mon envie que la situation se résolve d'un claquement de doigt. Le pire c'est que Jesse a raison sur un point : pourquoi est-ce qu'il aurait lâché ça deux ans après ? M'enfin, si on veut, on peut sans doute trouver des dizaines de raison... Finalement, n'importe quelle conversation aurait pu mettre le feu aux poudres, rappeler un mauvais souvenir, donner la mauvaise idée au mauvais moment...

Le costumier n'est pas une personne influençable, à faire tout ce qu'on lui dit de faire, d'ailleurs il aime plutôt mener les choses. Quand il est dans son domaine de compétences, il sait ce qu'il a à faire. Donc maintenant ? Après Bran reconnaît facilement que s'il avait eu un mec comme lui en face, il aurait aussi plaidé coupable. Il ne sait même pas ce qu'il aurait fait si Jesse avait simplement dit : oui oui, c'est moi, qu'est-ce que tu vas faire ? Il n'y avait même pas pensé. Demandé de tout annuler, en espérant que ce soit possible. Et voilà. Et voilà...

▬ Écoutez, je vais être honnête avec vous Mr Ragsdale. Je ne suis pas assez stupide pour ne pas voir que ce sujet vous gêne. Mais je ne fais que mon travail. Si vous voulez un avocat docile qui va vous obéir, vous pouvez alors sortir de mon bureau. Je suis là pour vous défendre et vos intérêts sont ma priorité. Par conséquent, je mettrai tout en œuvre pour vous défendre.
▬ Ouais... Avocat docile qui obéit, c'était une bonne idée ça, par contre. Il se gratte le cou en levant les yeux sur le plafond. Au moins, il possède toutes les qualités requises pour régler son problème. Si le prix de tout ça, c'est juste raconter quelques événements passés qui n'influencent ni son présent, ni sa situation actuelle, ni ce qu'il est... Parce que c'est ce que c'est, pas vrai ? Des événements isolés. C'est juste que... il n'a parlé de cet épisode à littéralement personne. Pour le moment, il ne s'imagine même pas se l'entendre dire. C'était comme s'il avait passé deux ans à rendre cette relation fictive et qu'il devait désormais rouvrir la malle pour la rendre réelle à nouveau ? Oui, voilà, c'est un peu délicat. Et puis, il a la sensation d'avoir dit tout ce qui est nécessaire à ce sujet. Ce qui compte désormais, c'est le journal. Il se racle la gorge pendant quelques secondes.

L'avocat se montre plus piquant quand, sarcastique, il semble s'étonner de la confiance de son client à croire la parole de l'ex en question. Bran affiche une sorte de grimace avant de ricaner nerveusement quand on lui fait remarquer qu'il est « naïf » ? Lui, il est naïf ? Quel culot !

▬ Votre naïveté est touchante, sincèrement. Mais désolé de ne pas forcément croire la parole d’une personne du premier venu. Vous savez, il peut très bien mentir. Le mensonge fait partie de l’être humain. Heureusement ou malheureusement, cela dépend du cas dans lequel nous nous trouvons.
▬ C'est pas « le premier venu » comme vous dites. Lui, il était homosexuel, vous voyez ? Et donc, il aurait pu, comment dire ça – se met-il à réfléchir à voix haute –, peut-être tenir ces propos-là ? C'est fou l'énergie que Bran déploie à essayer de tourner les choses correctement. Il cherche ses mots, cherche la bonne formulation, cherche comment ses phrases seront perçues. C'est moins compliqué quand il s'agit de rager sur des PNJ – virtuels ou joueurs –, carrément ! Peut-être avec nostalgie, peut-être avec une sorte d'amertume, il complète pour que l'avocat comprenne bien pourquoi il a pensé à lui tout de suite : C'est le seul qui pourrait songer à dire ça, vous voyez ?

Il croise les bras, ayant apporté toutes les informations nécessaires cette fois. Pressé d'en finir pour sortir de là, il s'intéresse rapidement à la question de l'argent et attrape sa veste pour en fouiller les poches intérieures à la recherche de son portefeuille. Il ne manque pas d'écouter attentivement l'avocat, qui semble relativement optimiste. C'est bon, c'est bon, c'est bon, c'est bientôt terminé se répète-t-il comme une sorte de mantra. À l'estimation finale, il se contente de hocher de la tête, c'est plus que correct. Et même s'il n'a pas souvent eu à consulter des avocats, ça lui semble dans les clous de ce qu'il s'était grossièrement imaginé.

▬ Parfait, conclut-il sobrement.
▬ Et sinon, simple curiosité, pourquoi avoir choisi les jeux vidéo pour en faire votre métier ?

Un peu surpris, Bran repose le regard sur l'homme en face de lui et annonce sur le ton de la plaisanterie qu'il n'avait pas d'assez bonnes notes pour devenir avocat et conseiller en relations publiques. Plus détendu, il rajoute :
▬ Pour le coup, ce sont plutôt eux qui m'ont choisi. Je m'intéressais à l'informatique, aux jeux, j'aimais bien le stream et voilà... Vous savez, j'ai bien entendu ce que vous m'avez dit. Mais cet univers-là – dit-il en joignant ses doigts comme pour mimer un espace sphérique avec les mains – il est tout petit, et surtout il est fragile. Vous voyez, si je perds cette fameuse personne pour mon travail et ma communauté, et qu'ensuite je perds mon travail et ma communauté, qu'est-ce qui reste ? Il passe une main dans ses cheveux et cale à nouveau son dos dans le fond du siège, un peu plus assuré. Mais vous avez compris que c'est important. C'est appréciable quand des gens d'autres domaines, d'autres professions, ne sont pas ignorants ou méprisants vis-à-vis de ce milieu-là. Il jette une oeillade à sa montre, relativement plus à l'aise depuis que l'évocation de Jesse est passée. Bon, je compte sur vous, M. Reddington. Et sur votre discrétion aussi, évidemment.

« C'est le seul qui pourrait songer à dire ça, vous voyez ? Un soupir s’échappa de la bouche de l’avocat qui paraissait désespéré quant aux propos qu’il venait d’entendre. Mr Ragsdale, c’était quelque chose. Devait-il en rire ? Ou peut-être en pleurer ? Une chose était sûre : le travail important que Lincoln allait devoir mener dans les relations publiques pour rattraper les bourdes certaines de son client. « Parce qu’il est homosexuel, c’est le seul qui pourrait songer à dire cela ? Croyez-vous réellement qu’il faille être un homosexuel pour faire courir des rumeurs concernant l’homosexualité d’un homme ? Vos raccourcis sont très raccourcis Mr Ragsdale. » Dit-il en haussant les épaules avant de reprendre la parole. « Je pense sincèrement que je vais vous donner quelques cours quant à la communication car désolé de vous dire ça, vous enchaînez les bourdes… » Finit-il par dire, désolé par l’attitude de son interlocuteur. Encore une personne qui devrait tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler. Mais un autre sujet attendait l’avocat qui estima le coût de l’affaire à quelques milliers de dollars australiens, un prix qui semblait convenir à son client et fort heureusement car avec le travail qu’il allait devoir fournir, Lincoln ne comptait pas négocier à la baisse ses honoraires.

L’entrevue semblait prendre fin et ce fut par une question plus personnelle qu’il semblait se conclure. Une question venant de l’avocat lui-même qui demanda à son client pourquoi les jeux vidéo ? Ce à quoi son interlocuteur lui répondit que les jeux vidéo l’avaient trouvé finalement et que de fil en aiguille, une relation s’était installée entre eux et qu’il finit par devenir streamer dans le domaine des jeux vidéo. Un parcours classique certes, mais néanmoins intéressant car cela se voyait qu’il avait une passion sincère pour ce qu’il faisait. Il y tenait et rappela à Lincoln l’importance de ce travail, de sa communauté et donc de faire en sorte que cette affaire devienne un souvenir appartement au passé. Appréciable que Lincoln, qui ne venait pas du tout du monde des jeux vidéo, ne soit pas méprisant ? En voilà un compliment qui fait sourire l’avocat qui échappa même un léger rire quant à la remarque de son client. « Ce n’est pas parce que l’on ne comprend pas un univers, qu’on ne s’y intéresse pas, qu’il faut être méprisant. Et pour tout vous dire, même si je ne suis pas un gamer, il m’arrive de jouer parfois à la console. Ca permet de me détendre. Et je dois même vous avouer que je suis heureux que le jeu vidéo se démocratise autant. Mais ça s’est une autre discussion que l’on pourra avoir si vous le voulez dans un cadre un peu moins formel. » Dit-il en finissant son verre de coca, marquant également la fin de ce rendez-vous. « En tout cas, vous pouvez compter sur ma discrétion ainsi que ma persévérance quant au fait de vous sortir de là. » Une phrase qui sonnait comme une belle conclusion de cette entrevue qui n’avait pas forcément bien commencé, à cause des propos de Mr Ragsdale, mais qui semblait bien se terminer finalement. Il semblait avoir compris l’importance de renvoyer une bonne image et de ne pas froisser les personnes, que ce soit celles qui le suivaient ou non d’ailleurs. Après, il semblait avoir compris. C’était pourquoi Lincoln comptait rester sur ses gardes et avancer prudemment car il n’était pas à l’abri d’une bourde de la part de son client, une bourde qu’il allait devoir rattraper par la suite. Et au vu des propos qu’il avait pu tenir auparavant, l’avocat savait que si cette bourde arrivait, il allait devoir sortir l’artillerie lourde. Enfin façon de parler. « Je pense que nous avons fait le tour de la question et que, par conséquent, nous pouvons clore ce rendez-vous. » Dit-il avant de reprendre aussitôt la parole pour ne pas oublier un dernier petit détail, qui avait son importance. « D’ailleurs, pour ce rendez-vous, je vous enverrai la facture par courrier. » Car oui, même si aider les autres paraissait être une quête primordiale pour l’avocat, il ne pouvait pas faire tenir la boutique sans avoir de rentrées d’argent. Puis, comme on disait, les bons comptes faisaient les bons amis non ? « Quoiqu’il en soit, je vous tiendrais au courant des possibles avancées de notre affaire. » Finit-il par conclure en se levant de son fauteuil et tendant la main à son client, marquant ainsi la fin de ce rendez-vous et aussi le début d’une pause pour Lincoln qui l’avait bien mérité. Entre ce rendez-vous haut en couleur et l’enquêtrice américaine juste avant qui était venue lui parler de son frère, il fallait se l’avouer, l’avocat avait besoin de souffler un peu autour d’un bon repas tout en étant tranquille. Advienne que pourra.

@"Bran Ragsdale"

FIN DU RP !

Ne pleurez pas votre passé car il s'est enfui à jamais. Ne craignez pas votre avenir car il n'existe pas encore. Vivez votre présent et rendez le magnifique pour vous en souvenir à jamais.

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