Quelques semaines que j'étais revenu et si au départ j'avais imaginé que mon retour serait marqué par les retrouvailles avec Isy, bien vite cette option avait disparu car, c'est une tout autre rencontre que j'avais faites. La maison de Bayside avait été vendu afin de me dégager de l'argent pour pouvoir quitter l'Australie et me rendre en Corée du sud afin de rendre le corps du coréen qui avait partagé une infime partie de ma vie. Puis, j'avais prétexté profiter de l'argent pour découvrir d'autre pays, les cures sont chers et il me fallait un maximum de trésorerie pour ça. Tant est que, en revenant j'avais pris la décision de louer un petit appartement dans West End, curieuse ironie tout de même. Lors de mon arrivé pour l'état des lieux, j'avais rencontrée mon propriétaire qui m'avait tout de suite mise à l'aise et qui m'avait même offert de passer vers dix neuf heures pour prendre un verre et faire connaissance avec sa femme. J'avais trouvé l'invitation super sympa et sans rien attendre de cette soirée, je m'y étais rendu. Une nouvelle ironie m'avait sauté au visage en découvrant l'adresse dans mon ancien quartier, redécouvrant par la même occasion mon ancienne maison en passant devant. Tout un tas de souvenirs avaient refait surface avant que je m'arrête devant la dites maison et que je découvre, un autre homme que mon propriétaire. Finalement, la soirée avait été super sympa, bien que j'avais été mise dans un beau traquenard pour faire connaissance avec cet homme.

Après cet soirée on s'était revu faisant un peu plus connaissance et ce soir alors que j'arrive sur le pas de la porte de cette grande maison pour la deuxième fois, je me demande bien à quoi m'attendre. Ulysse m'avait proposé de passer, m'offrant le plaisir de pouvoir goûter à sa cuisine, passion qu'il affectionnait tout comme l'océan, un point commun qu'on s'était rapidement découvert. Mon sac à main entre les doigts, j'hésitais un instant avant d'appuyer sur le bouton de la sonnette. J'aimais bien passer du temps avec lui, mais je ne savais pas exactement que tout ça pouvait signifier. Est-ce qu'il fallait s'attendre à autre chose qu'une simple relation amicale ? Et si s'était le cas, comment j'allais réagir ? Et lui ? Qu'est-ce qui pourrait bien le pousser à vouloir avoir une femme comme moi à ses côtés ?

Je secouais un peu la tête pour chasser mes pensées parasites qui ne servaient strictement à rien et je me tournais légèrement vers la rue du quartier. Je regardais un instant des enfants un peu plus loin qui jouaient tranquillement à la balle. L'air marin venait envahir le quartier et il avait un côté apaisant sur moi. Il ne me fallait pas longtemps pour me souvenir pourquoi j'avais choisi ce quartier lorsque j'avais quittée Laidley. J'aurais donné n'importe quoi pour pouvoir retrouver une maison à Bayside, mais je ne pouvais plus me le permettre à présent.

Je me retournais en entendant la porte s'ouvrir et un sourire se dessina sur mes lèvres légèrement rougit par mon rouge à lèvres, "Bonsoir ! Tu vas bien ?" J'entrais dans la maison qui n'avait pas changé depuis la dernière fois et je remarquais une délicate odeur, "Et bien...ça sent très bon !" Je ne savais pas ce qu'il avait mijoté pour cette soirée mais, au vu de l'odeur, je ne doutais pas que ça soit délicieux. "Tu as travaillé à l'hôpital aujourd'hui ?" C'était drôle de voir que Ulysse travaillait dans le même hôpital que Isy et en plus dans la même unité, à croire que la vie faisait exprès de jouer d'ironie ? Mais celle là, était plutôt agréable et drôle.

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Parfois, la vie était des plus surprenantes. Parfois, lorsque l’on commence à s’habituer à une certaine forme de médiocrité, et que l’on s’enfonce dans une routine solitaire dans laquelle on rêve d’une présence quotidienne, que l’on se persuade que l’on finira seul… La vie, vous montre soudainement que vous méritez autre chose. Et ainsi se présente dans votre vie, votre demeure, sur votre perron, une personne que l’on attendait peut-être depuis longtemps.

Car, depuis combien de temps Ulysse n’avait-il pas rencontré qui que ce soit ? Depuis combien de temps n’avait-il point eut de rancards ? N’avait-il point été séduit, d’une certaine manière ? Ou tenté de séduire quelqu’un d’autre ? Ah… Josh, son ami, avait bien préparé son piège lorsqu’il fit venir une de ses nouvelles locataires à la soirée d’Ulysse. De ce que le médecin en eut compris ce soir-là, elle était toute aussi piégée que lui… Mais, s’il le masqua au début, cette intention de la part de son ami le toucha particulièrement.

Il aurait pu, pourtant, continuer à profiter d’un Ulysse offrant certaines largesses financières et festives, qui contrait la solitude en invitant toujours plein d’amis, en organisant repas, barbecues et fêtes finissant tard les soirs, afin de ne point demeurer seul. Mais, à la place, comprenant – en fait Ulysse n’avait jamais été silencieux à ce sujet – qu’il était seul, Josh avait piégé Ulysse avec la présence d’une douce et jolie jeune femme… Et ainsi se reverrait-il une troisième fois, aujourd’hui.

Aussi avait-il mis les bouchées doubles. Quittant tard le travail – comme tous les soirs en ce moment – il était rentré et fut satisfait de voir que sa femme de ménage avait fait un travail remarquable, comme d’ordinaire. Lui offrant alors un « tips » tout à fait correct, il entreprit de cuisiner, et de préparer ce qui prendrait du temps à préparer justement le temps que se présente la douce demoiselle. Il avait également dressé la table du salon de jardin : une assiette évasée, profonde, pour recueillir soit une salade soit une soupe ; une assiette plus large, et moins profonde, pour un plat principal, sur laquelle se trouvait la première. Des couverts en argent, gravés des initiales d’un artisan auquel Ulysse avait passé bien des commandes pour équiper sa cuisine comme celle d’un restaurant étoilé. Des verres : d’eau, de champagne, de vin rouge et de vin blanc ; quelques serviettes de cotons ; du pain frais ; et un apéritif. Tout était fin prêt… Oui, tout à fait prêt !

Lorsque la sonnette d’entrée retentit dans une mélodie personnalisée – car le luxe vous permet de vous affranchir de la traditionnelle sonnette qui vous arrache les oreilles – Ulysse se dirige vers l’entrée, toujours engoncé dans un tablier tartans majoritairement beige, aux traits noirs, gris, rouges et verts. D’une des poches pend un torchon humidifié par ses nombreux lavages de mains. Oh, il reste bien habillé, avec son pantalon de costume, ses chaussures de villes et sa belle chemise blanche aux boutons de manchettes argentés et à la cravate piquée d’une barrette gravée des initiales d’une marque de vêtements de luxe. Lorsqu’il ouvre, c’est avec un grand sourire et une attitude légèrement gênée. Son dernier rancard datant d’âges anciens à la terre – oui, j’abuse un petit peu – il… Fait une révérence, et invite ainsi Phoebe à entrer… Bien qu’il ait un peu honte de cette manière gênant d’affronter son stress qui augmente.

« Bonsoir ! On-ne-peut-mieux ! Et toi ? Comment te portes-tu ? » Lui dit-il, alors qu’elle entre, vraisemblablement plus intéressée par l’architecture et l’odeur que par la révérence gênante d’un Ulysse qui ne sait déjà plus où se mettre. « J’espère que le plat sera aussi alléchant que l’odeur ! » Ajoutait-il, espérant avoir réussi son plat, comme tous les jours. « Oui, oui ! J’étais au travail aujourd’hui, mais pas de garde ce soir ! Par contre, je reste l’administrateur d’astreinte… Bon, il faudrait un attentat ou… Un cataclysme, pour qu’ils m’appellent, mais voilà si j’ai un coup de téléphone, ne t’inquiète pas. » Lui expliquait-il, cherchant déjà à s’excuser en cas d’appel professionnel au cours de cette soirée personnelle. « Et toi, ta journée ? »

Alors qu’il s’apprêtait à l’écouter, Ulysse ouvrit le bras droit en direction du grand salon principal, au milieu de la carrée. Il proposa alors de lui prendre son sac à main, afin de le placer sur un meuble prévu à cet effet, avant que la porte ne se referme automatiquement, avec le nouveau système de sécurité digitale. Il pouvait l’ouvrir avec l’empreinte de son pouce, et la porte, et les ouvrants extérieurs – fenêtres du rez-de-chaussée, garage et portes de jardins, se verrouillaient automatiquement dès qu’elles se refermaient par exemple. Une sécurité indispensable pour Ulysse.

La sonnette avait informé le propriétaire des lieux que j’étais arrivée et il ne fallut pas attendre longtemps pour que la porte s’ouvre. Un sourire se dessina à la vue de Ulysse habillé très élégamment sous son tablier. Je le saluais tout en lui demandant si tout allait bien et d’après ses dires c’était effectivement le cas, avant de l’entendre me retourner la question.  « Très bien également ! Je suis très heureuse de passer la soirée en ta compagnie ! » Notre première rencontre avait été totalement par hasard et certainement un joli coup monté par mon propriétaire et ami de Ulysse. Cependant, je ne pouvais pas en tenir rigueur à mon propriétaire car, il m’avait fait découvrir une personne avec qui j’avais des points communs et notamment l’amour de l’océan.

L’odeur qui s’échappait de la cuisine ouverte me donnait l’eau à la bouche et je ne pouvais m’empêcher de le faire remarquer au brun. Je souriais à nouveau face à sa remarque, « Personnellement je n’en doute pas du tout ! Il n’y a pas de raison que tu es loupé ! » Je remarquais alors qu’il m’invitait à passer au salon et je lui confiais mon sac tout en lui demandant si, il avait travailler aujourd’hui. Et je découvrais que le personnel des urgences étaient réellement dévoués, comme Isy il avait travaillé avant cette soirée et il était d’astreinte, je hochais la tête alors qu’il semblait s’excuser pour les potentiels appels qui était susceptible de recevoir ce soir. « Ne t’inquiète pas ! J’ai fini par prendre l’habitude avec mon frère, il arrivait même qu’il quitte la table pour filer aux urgences. » Je savais à quel point il était parfois compliqué de jongler entre vie pro et perso quand on était à l’hôpital.

Je prenais place sur un des canapé du carré central, « Et bien j’ai fais quelques devis pour des clientes…Je suis contente de voir que la boutique retrouve de sa splendeur d’antan. J’ai bon espoir de pouvoir booker mon planning pour l’année. Je suis aussi entrain de réfléchir à proposer un service de retouche pour les costumes homme…j’avais pensé me lancer sur la conception, mais j’ai peur que ça soit trop prenant… » Je haussais un peu les épaules, « Par contre j’ai quelques modèles de robes de mariée qui traînent dans des housses, je pense que je vais faire une vente aux enchères au profit de l’association marine…Enfin voilà tout ça pour te dire que je ne me suis pas ennuyé aujourd’hui ! » Je riais légèrement, « Au faites, tu veux que je t’aide à faire quelque chose en cuisine ? »

Plutôt que de jouer l’invité, je pouvais aussi mettre la main à la patte et puis j’aimais cuisiner aussi. Un autre point commun que nous avions. Je me redressais du canapé pour revenir vers lui afin d’aller dans la cuisine, « J’avoue que c’est aussi pour jouer ma curieuse ! » Je riais tout en essayant d’atteindre la cuisine, persuadée que de toute façon, il allait me rattraper avant même que je pose le pied dans la pièce centrale de la villa. Je ne pourrais pas lui en tenir rigueur, car moi-même je n’aimais pas qu’on m’aide lorsque j’invitais du monde à dîner. Il fallait que je garde le contrôle au maximum et une petite voix me laissait croire que Ulysse était pareil.

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Une des choses qui fait qu’un adulte en arrive à perdre sa candeur émotionnelle, est la conviction selon laquelle, le coup de foudre n’existe pas. Ou du moins, qu’il n’existe plus, une fois un certain âge dépassé. Sans doute l’âge de la jeunesse, candide justement, mais sans doute plus sincère d’une certaine manière. Lorsque l’on possède tous les traits d’un être jeune, frais, en forme et disponible, avant que n’arrive doucement les rides des visages expressifs, tirés ou épuisés ; que n’arrive la fatigue inhérente aux adultes qui doivent œuvrer pour vivre, vivre pour œuvrer. Lorsque cet âge est franchi, et que l’on a toujours pas trouvé « chaussure à son pied »… L’amour devient davantage une sélection de traits, de qualités que l’on souhaite avoir avec soi et de défauts que l’on pourrait tolérer, qu’une pulsion forte, irrésistible, qui fait autant perdre la tête que ses propres moyens.

Mais quelque-chose chez cette femme faisait parfois battre un peu plus fort le cœur du médecin : son sourire. Ce timbre de voix, si doux. Cette attitude générale, qui fait que l’on se sent bien à son contact. Et le cartésien et scientifique ne savait expliquer cela autrement que par une attirance, et une envie sincère. « Très heureux d’être avec toi ce soir également ! » lui dit-il, avant de répondre à sa sollicitude quant à son plat forcément réussi. « Il n’y a jamais de raisons de manquer un plat… Mais il en arrive toujours une ou deux de temps en temps ! Haha ! »

Un petit rire jaune, que tous les cuisiniers connaissent tôt ou tard – ou plus régulièrement qu’ils ne sauraient l’avouer – quand il s’agit d’avoir confiance en eux, lorsque des invités s’attendent à un plat de qualité. Sans doute la pression est-elle plus grande pour un repas… En duo, plutôt que dans un restaurant. Satisfaire un client est autrement différent que satisfaire un parent, un enfant, un ami… Une… Copine ?

Fort heureusement donc, en ce qui concerne l’aspect professionnel, Phoebe était d’ores-et-déjà habituée aux aléas des professionnels de santés et leurs vies interrompues abruptement pour telle ou telle urgence. Un sourire d’Ulysse en dit pourtant long : d’une certaine manière, il la remercie et est soulagé d’une telle réponse de la part de Phoebe. D’ailleurs, la discussion avance ensuite sur la journée de la jeune femme. Auto-entrepreneuse dans le prêt-à-porter dans nuptial, elle œuvre donc dans un domaine aux antipodes du travail d’Ulysse… Un monde qui lui est par conséquent totalement inconnu, surtout lorsque l’on sait qu’Ulysse n’a jamais ne serait-ce qu’approcher les fiançailles… Mais, à défaut d’avoir un jour pu approximer le mariage, Ulysse possédait quelques costumes et des retouches pouvaient être… Intéressantes. « Eh bien… Si tu te lances, compte-moi parmi tes premiers clients ! J’ai quelques costumes qui mériteraient des retouches d’une spécialiste ! Je pourrais te les montrer, si tu veux ? »

Puis vient la question ! Proposant son aide dans la cuisine, Ulysse se trouve… Interdit. Ses yeux s’arrondissent, tels des billes, alors qu’il ne sait ni quoi dire, ni quoi faire… La cuisine était sa passion, et il appréciait recevoir et tout gérer de A à Z ! Mais il était aussi conscient que cette façon de tout contrôler, et qui lui réussissait dans la vie professionnelle, lui nuisait jadis dans sa vie personnelle. Les femmes n’apprécient que très rarement un homme incapable de se détendre, de lâcher prise, et qui peut se montrer, parfois, carrément autoritaire. Mais avait-elle lu dans son esprit ? Ou avait-il était aussi lisible qu’un livre grand ouvert ? Car aussitôt, elle exprime surtout une curiosité grandissante ! « Eh bien… Si tu le souhaites, je peux déjà te faire un tour du proprio ? Tout est en train de mijoter pour encore une petite heure, je n’ai besoin que de faire griller le filet de poisson alors… On a un peu de temps devant nous ! »

Connaissant parfaitement le planning des urgences et surtout la dévotion des équipes de soins, je comprenais parfaitement que Ulysse puisse être d’astreinte. Je savais que quoiqu’il arrivait ça serait plus fort que lui de répondre et d’intervenir si le téléphone se mettait à sonner. Bien entendu, je ne m’offusquerais pas si par malheurs nous devions remettre à plus tard notre soirée suite à une urgence à l’hôpital. Enfin, pour l’heure il n’en était pas question et c’était tant mieux. J’avais envie de passer la soirée avec le médecin et faire honneur à son plat également. Un sourire se dessina un peu plus sur les lèvres tandis qu’il avouait à son tour être heureux de passer la soirée avec moi. Je pouvais presque le rose monter sur mes joues et j’avais pendant quelques secondes, l’impression de redevenir une adolescente timide en proie à différents sentiments dans son cœur.

Ce serait un mensonge de dire que l’homme ne me plaisait pas, autant physiquement que mentalement. Je riais alors qu’il expliquait que parfois on pouvait avoir des surprises qui viennent nous rater nos plats, « C’est vrai qu’une occupation sur autre chose peut venir bouleverser le repas qu’on avait prévu…mais promis, je ne dirais rien si c’est loupé ! » Je lui lançais un clin d’œil avant de rire légèrement. Le sourire restait marqué sur mon visage alors qu’il s’intéressait à ma journée, un changement notable par rapport aux autres hommes qui avaient partagés ma vie, enfin seulement deux. Après nous n’étions pas ensemble, peut-être que c’était là toute la différence ? « Avec plaisir ! Je pourrais regarder ce qu’il faudrait faire. » Du plus loin que je me souviens, j’avais toujours aimé la couture et j’avais appris seule et quand je regardais mon parcours, j’étais plutôt fière de moi.

Naturellement pour moi, je lui proposais mon aide pour la cuisine, sachant parfaitement comment pouvait être reçu ma proposition. Mais à mon sens c’était une marque de politesse et puis être dans le rôle de l’invitée me mettait un peu mal à l’aise. Enfin, de tout évidence, Ulysse n’avait plus vraiment besoin d’intervenir sur son repas et le proposait plutôt de faire le tour de la maison. « Ok ! Comme ça tu pourras me montrer tes costumes par la même occasion… » Je le suivais donc pour visiter cette immense maison, « Cette maison est vraiment impressionnante ! J’ai habité dans ce quartier il y a quelque temps et j’ai toujours été curieuse de découvrir son intérieur…En plus de la vue qu’elle possède ! J’en serais presque jalouse. » Je me mettais à rire, il fallait dire que c’était bien plus agréable que mon petit appartement dans West End avec une vue incroyable sur l’appartement d’en face. « J’aurais presque envie d’aller me baigner…Je suppose que tu dois y aller régulièrement ? Étant juste à côté l’appel doit être grand. » Nous avions ce point commun et je ne doutais pas qu’un de ces quatre, je lui proposerais d’aller plonger ensemble pour admirer la faune marine.

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S’il fut légèrement désarçonné au début par la proposition de Phoebe, il avait su retomber sur ses pattes. L’habitude des urgences, sans doute, de garder son sang-froid en tout temps, et tous lieux. Y compris pour les petites choses qui ne sont en réalité pas des urgences… « Le tour du proprio, donc ! »

Il réfléchissait, alors qu’il se souvenait que c’était leur troisième… Rendez-vous ? Enfin, le premier chez lui, mais deux autres dehors, au restaurant notamment. Elle était pourtant venue une première fois encore avant cela, lors d’une des soirées organisées par Ulysse, comme il avait souvent l’habitude d’en faire. Elle avait donc pu profiter du jardin, de la piscine, du jacuzzi, du salon extérieur et de l’espace de cuisine et barbecue sur la terrasse. Elle avait aussi pu bénéficier, si elle l’avait voulu – et il ne lui avait pas posé la question – de la salle de cinéma, et de la salle de jeu dans le grand salon. Mais, dans le doute, il allait tout lui remontrer.

C’est alors qu’elle parle de son point de vue. Par le passé, elle était donc passée plusieurs fois devant la maison. Depuis la rue, sans doute, puisqu’elle habitait jadis dans le quartier ; depuis la plage, sans doute, puisque la demeure possédait une sortie particulière du jardin vers la plage, qu’il ne possédait malheureusement pas. D’ailleurs, la jeune femme voulait se baigner ! Cela aurait été une bonne idée mais Ulysse n’était pas sereins à l’idée de laisser la cuisine aussi loin de lui, sans réelle surveillance. « Nous pourrons nous baigner après le repas si tu le veux ! Nous avons toute la soirée, après tout ! Mais, je l’avoue… Bien que la cuisine soit entièrement sécurisée, je n’ai pas très… Envie, de laisser le four et les casseroles sans surveillance. Tu ne m’en veux pas ? »

Ce faisant, attendant une réponse qu’il considérait importante pour la suite, il se dirigea tout doucement vers la cuisine justement, première pièce qu’il faisait généralement visiter – car il en était très fier.

Il était plus qu’évident que Ulysse ne souhaitait pas de coup de main en cuisine et dans le fond je pouvais parfaitement le comprendre. Moi-même je n’aimais pas spécialement lorsqu’on voulait rentrer dans cette pièce de la maison, surtout lorsqu’on était invité. J’acceptais donc de faire le tour de la villa, après tout je n’avais pas spécialement fait ma curieuse les autres fois où j’avais eu l’occasion de venir dans la demeure. Il fallait dire que je ne me voyais pas faire ma propre visite alors que le propriétaire était entrain de faire autre chose. Je m’apprêtais donc à suivre Ulysse avant de lui faire remarquer que la vue était magnifique et que ça donnait envie de se baigner. Il était certains que si, je possédais une telle maison avec un accès à la plage, je profiterais de mes moments de pauses pour aller glisser mon corps dans l’océan ou admirer les espèces marines qui peuplait cet océan.

J’entendais alors le médecin proposer une baignade après le repas, ne souhaitant pas laisser son repas sans surveillance. Je secouais la tété légèrement, « Oh bien sur ! Je comprends parfaitement ! On est pas obligé même après le repas, c’était juste une façon de dire que j’étais jalouse de la vue ! » Je riais légèrement avant de le suivre pour le tour du propriétaire, en plus je n’avais pas mon maillot de bain pour ce genre bain et je n’étais pas certaine que ce soit un réelle bonne idée de se mettre en dessous dans l’eau salée. Bien que j’avais déjà pu le faire avec des copines à quelque rares occasions, mais il avait tout de même une sacrée différence entre les copines et un homme pour qui dans le fond, on en pinçait.

D’ailleurs, je n’étais même pas certaine que ça soit une réelle bonne idée d’avoir des sentiments naissant pour Ulysse. J’étais pas sûr de pouvoir encore être en mesure de vivre pleinement une relation sans derrière m’inquiéter en permanence pour la personne et puis franchement, il méritait mieux qu’une ancienne alcoolique, divorcé et mère de famille. Je n’étais pas le meilleur parti dans cette ville, sans doute qu’il trouvait une meilleure chaussure à mettre à son pied.

Je sortais soudainement de mes pensées en remarquant que nous étions dans la cuisine et j’admirais un instant la décoration tout aussi majestueuse que la villa. Elle était très bien équipée et je ne doutais pas qu’avec ce genre de cuisine on devait aimer passer du temps. « C’est la pièce que tu préfère ? » Je le fixais un instant en souriant sincèrement heureuse de pouvoir découvrir son univers et cette maison qui l’accueillait lorsqu’il était en repos. Je glissais un peu mes doigts sur le plan de travail, « ça doit être super pour faire de la pâtisserie ! Tu ne dois pas avoir de variations de températures… » Je me sentais un peu ridicule de parler de ce genre de sujet et je réalisais que dans le fond, j’étais pas très à l’aise avec ce rendez-vous. J’avais le sentiment que j’allais faire une bourde, comme j’avais souvent l’habitude d’en faire, mais je ne voulais pas non plus le mettre mal à l’aise. Je riais un peu essayant de me détendre, « Pardon ! C’est ridicule comme question…Je sais même pas pourquoi je te demande ça. » Je lui souriais une nouvelle fois, le perdant un instant dans son regard et sentant un doux frisson courir le long de mon échine.

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Décidément, Pheobe avait un cœur pur, et une âme bienveillante. Sans cesse dans la compréhension, la retenue et le calme, elle offrait sourires aux mots parfois maladroits d’Ulysse, et se montrait douce et patiente, alors que le médecin, bien que confiant dans tous les aspects de sa vie, ressemblait parfois à un petit enfant prit dans les phares d’une voiture beaucoup trop rapide pour lui. Il lui sourit alors, sincèrement et doucement, alors qu’elle exprime en fait une sorte de jalousie face à cette maison, quand, en fait, elle déguisait cela en discutant d’un bain d’eau salée.

Ainsi débuta la visite. Tout d’abord, Ulysse l’amena dans la pièce qui, dans un premier temps, servirait d’élément central dans la soirée de ce soir. Tout bon repas se doit d’être correctement cuisiné, et Ulysse, comme Phoebe l’avait deviné, adorait cette pièce qui n’était point une pièce à vivre mais qui était une pièce importante pour le passionné de cuisine. Son sourire s’était fait plus éclatant encore, alors qu’elle savait pertinemment qu’il adorait la cuisine autant que l’océan – ou sans doute un peu plus que l’océan encore. Elle l’avait deviné, mais elle avait tout de même offert l’opportunité au médecin de pouvoir le lui dire lui-même, et donc, d’ouvrir une porte sur une discussion passionnée, voir, une passion partagée. Peut-être ? Elle glissait ses doigts sur l’ameublement, sur les plans de travails, sur les encastrables… Puis, un petit rire gêné : une question ridicule selon elle ? Non, non, absolument pas.

« Non, ce n’est pas une question ridicule, tu sais. A vrai dire… Je suis passionné de cuisine, et de vins. Je… Je n’apprécie pas particulièrement pâtisser, mais j’adore cuisiner et trouver les meilleures liqueurs et vins en fonction de ce que je cuisine à mes invités. Pour cela, il me fallait une pièce qui permettait de garder une certaine température… Bien qu’ouverte sur les autres pièces. » Expliquait-il, montrant donc l’ouverture de ladite pièce sur la parte salle-à-manger du grand salon. Ainsi, l’ensemble cuisine, salle-à-manger et grand salon, faisaient une sorte de « U » ce qui compliqua la tâche de l’architecte et des travaux, pour maintenir une température constante dans cette pièce. « C’est pour cela qu’il n’y a pas de fenêtres dans cette pièce, et que le sol et les murs sont en marbre. Il fait toujours frais ici… Et ainsi, j’ai pu faire du mur opposé aux plans de travails, une cave à vins et à liqueurs. » Expliquait-il, montrant alors les armoires électriques qui s’étendaient tout du long du mur de marbre, où se trouvaient vins rouges, rosés et blancs, de partout dans le monde, et des liqueurs et autres vins forts. « Mais, oui : j’adore cette pièce. A dire vrai… Elle m’a coûté le quart de la demeure à elle seule, pratiquement… »

Il n’aimait pas trop parler argent. Il savait pertinemment que, de ses propres efforts et de son propre travail, il n’était pas millionnaire. Il l’était uniquement grâce aux efforts de papa et de maman. Lui était un ingénieur visionnaire versé dans le monde biomédical, et aura fait fortune en déposant de multiples brevets qui lui rapportèrent ensuite de juteux pourcentages sur leurs utilisations par des firmes internationales. Elle, était une médecin immunologiste versée dans la recherche sur les pathologies rares et incurables, et qui, à une ou deux reprises, avait fait des découvertes révolutionnaires dans le traitements de tumeurs cancéreuses peu agressives, et ouvert la voie sur la « reverse spécialization » des cellules humaines. Bien qu’il ait toujours travaillé les étés, et durant ses vacances, car ses parents ne voulaient qu’aucun de leurs enfants ne soient de fieffés salops trop gâtés, une fois devenus adultes, chaque enfant Norrington reçut un package d’actions dans l’entreprise paternelle… Et donc, un joli pécule de départ.

« Hum… Ensuite, pour la visite, je peux te montrer l’étage ? »

Détendu, c'est le mot qui me venait immédiatement quand je réfléchissais au sentiment qui m'avait absorbé depuis que j'étais entrée dans la villa. Il avait bien longtemps d'ailleurs, que je n'avais pas connu ce sentiment, toujours en proie à mes vieux démons qui m'accompagnent sans cesse sur mes épaules, mais ils semblaient enfin se taire un peu ce soir. Je ne doutais pas que la présence du médecin y était pour quelque chose, ayant déjà pu constater, lors de nos autres rendez-vous, qu'il arrivait à faire la part belle à mes satanés démons. Alors naturellement, j'étais plus souriante et ça me faisait un bien fou, j'avais l'impression d'enfin pouvoir revoir celle que j'étais avant tout les drames et ma chute aux enfers. Bien entendu, je ne disais pas un mot de tout ceci à Ulysse, ne voulant certainement pas lui faire peur et également, ne pas rentrer dans des détails qui seraient bien gênant. Je savais qu'il était médecin et surement compréhensif, mais difficile tout de même d'entendre une personne parler de son passé lorsque ça comportait des moments d'alcoolisme. Je savais qu'à tout jamais j'allais devoir traîner ce boulet à mes pieds, mais j'avais au moins la chance d'en parler ou non. Pour l'heure, rien n'était obligatoire et quand bien même il avait prévu une boisson alcoolisé, je pourrais simplement avouer que je ne buvais pas d'alcool n'étant pas fan ? Ou bien, ça serait l'occasion de le dire, enfin pour le moment, je préférais vider mon esprit avec la visite de la villa. J'étais curieuse de découvrir tout ce que cette maison pouvait offrir.

Naturellement, la visite commença par la magnifique cuisine et je ne pouvais m'empêcher de glisser mes doigts sur le marbre du plan de travail. La pièce était agréable et fraîche, juste ce qu'il fallait pour cuisiner en toute quiétude. Et puis, curieusement je posais une question, certainement idiote mais tant pis, je voulais connaître la réponse. Je ne tardais pas à découvrir que Ulysse aimait cuisiner, mais moins la pâtisserie. En revanche, il semblait avoir une véritable passion pour les vins et liqueurs. Quelques années en arrière et j'aurais pu l'épouser juste pour ça, moi qui raffolait des différents vins qu'on pouvait trouver. Seulement, j'avais fini par me perdre dans les bras du dieu Dyonisius en abusant allégrement sur le vin et les différentes folies qu'il pouvait offrir. Je souriais tout de même légèrement, me contentant d'admirer les étiquettes sur les bouteilles et d'admirer leur couleur différentes. Je reportais mon attention sur le Norrington, préférant ne pas me noyer dans la couleur verte des bouteilles et les teintes de rouge que ça pouvait offrir en les ouvrant. Je hochais la tête alors qu'il avouait que cette pièce lui avait sans doute coûté une belle partie de la somme de la villa. "J'imagine...Après tout, c'est des matériaux très nobles...Mais je retiens qu'on peut se compléter dans cette cuisine, j'adore faire la cuisine moi aussi et j'avoue avoir un penchant pour la pâtisserie !" Je souriais à nouveau, "Peut-être qu'un jour on pourrait s'offrir le luxe de cuisiner ensemble..." Ou pas, après tout je ne savais pas vraiment où on allait tout les deux et je préférais laisser le temps au temps.

Je hochais une nouvelle fois la tête, alors qu'il me proposait de voir l'étage, "Avec plaisir !" A tout les coups, les pièces devaient être formidable, comme le reste de la maison. Je me stoppais néanmoins un instant dans l'escalier, hésitante sur ce que je devais dire ou non. Après tout, il avait parlé de vin et liqueur, est-ce que je devais sincèrement justifier les choses tout de suite ? N'allait il pas proposer justement d'ouvrir une bouteille ? Prise entre deux feux, je préférais tout de même être la plus transparente possible, "Je...Tu as une belle collection de vins..." Je montrais rapidement le bas de l'escalier comme pour nous ramener dans la cuisine devant la cave à vin. "C'est un peu délicat à dire..." Je jouais un peu nerveusement avec une mèche de mes cheveux, combien de personnes étaient réellement au courant de ça ? Très peu. "...Tu es médecin et tu dois en voir régulièrement je suppose..." Je baissais un peu la tête honteuse de ce tragique passé qui était le mien, "...Je suis sobre depuis sept mois maintenant..." Je faisais une légère moue, prête à recevoir une pluie de question ou même une demande de quitter la villa. Ce n'était pas une maladie contagieuse, mais j'avais pu noter dans mon parcours de soin que beaucoup d'ancien alcoolique, se voyaient refouler par des proches. Leur vie sociable était mise en difficulté lorsqu'ils avouaient cette partie de leur histoire.

Seulement, dans une société régit par les Lobbies de l'alcool, il était compliqué d'y faire face sereinement et certains ne voulant rien dévoilés, se retrouvés à replonger tragiquement dans leur travers. Je ne voulais pas que ça m'arrive, je voulais être forte et enfin sortir la tête de l'eau. Pouvoir regarder ma fille dans les yeux et voir la fierté dans son regard, d'avoir une mère suffisamment forte pour mettre un terme à cette mauvaise habitude, bien qu'une part de moi savait qu'elle allait me le reprocher tôt ou tard. Après tout, je l'avais abandonner pendant presque un an. Elle avait dû continuer de se construire sans moi et j'avais loupé des moments important dans sa vie, j'avais manqué des appels, trop bourrée pour arriver à décrocher mon portable ou trop morte de honte. Comme à cet instant où je venais d'avouer ma triste réalité à Ulysse et que j'attendais que le couperet tombe.

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Phoebe se projetait dans cette cuisine, peut-être malgré elle. Mais, quelque-part, cela rassurait Ulysse qui, du haut de sa presque quarantaine… Commençait à douter de pouvoir un jour construire une famille et de rencontrer la femme qui l’aiderait dans cette tâche. Il ne croyait plus au grand amour, depuis longtemps d’ailleurs… Mais il croyait au moins à l’existence d’un amour sincère, qui pourrait ensuite entrevoir quelque chose de constructif et… D’ambitieux, d’une certaine manière. Cette candeur qu’elle dégageait, cette façon d’appréhender les choses de sorte à s’approprier ce qui arrive devant elle et d’en faire quelque-chose… D’unique ? De commun ? Enfin… Quelque-chose de touchant, cela, c’était certain.

« Oh oui ! Si tu veux, la prochaine fois on… » Il se coupe, pendant deux petites secondes de pause, réfléchissant lui-même à ce qu’il allait répondre tout de go. Finalement, il décida de se faire confiance. « La prochaine fois, nous pourrions préparer le repas ensemble ? Toi à la pâtisserie, tu pourras me surprendre ; moi au repas, je pourrais tenter de te surprendre aussi. Non ? »

La proposition était sincère, mais sans doute un peu pataude. Il avait beau être un médecin sûr de lui, d’être ce genre de professionnel de santé qui pouvait assurer les pires gardes et les moments les plus difficiles… Dans ces moments-là, il était davantage un enfant ne sachant pas quoi faire ni que dire, tâtonnant, apeuré à l’idée de faire le moindre faux pas, aussi petit soit-il. Et d’ailleurs, il ne tarderait point à en faire un en parlant des vins et en lui montrant l’une de ses fiertés : sa magnifique collection de vins, de spiritueux et d’alcools forts… Et les mots, le partage et le témoignage de confiance de la jeune femme, égratignèrent son cœur petit à petit. Jamais ô grand jamais il ne se pardonnerait de briser un tel vœu et de tels efforts que ceux fournis par quelqu’un désirant se soustraire à ses addictions. Il se sentit soudainement comme… La pire des merdes. Comme quelqu’un de si orgueilleux qu’il fut tel le diable soumettant l’autre à la tentation de ses vices. Une insulte… Un comportement inadapté… Une violence, même, d’une certaine manière…

« Je… Je te présente mes excuses. Je ne le savais pas… Si je l’avais su, je te promets que je ne t’aurais jamais proposé quoi que ce soit en rapport avec l’alcool. Je… Attend ! » Soudainement, il eut une idée ! L’avantage de tout ce luxe, c’est que tout peut s’adapter aux besoins de l’habitant qui paie une fortune pour avoir ce luxe, justement. Ni une, ni deux, Ulysse appuya sur un petit bouton situé sur le côté des caves électriques, dissimulé entre deux rainures ressemblant aux traits du marbre, mais qui n’en était en réalité point. Aussitôt, un film opacifiant s’activa de derrière les vitres rendant invisible les bouteilles à l’intérieur, protégées ainsi de la lumière extérieure pour leur maturation. « Est-ce que… Enfin, est-ce que c’est mieux ? Est-ce que je peux faire autre chose ? »

Il avait une certaine fluidité lorsque je discutais avec Ulysse, peut-être que c’était pour cette raison que j’avais naturellement proposé qu’on cuisine ensemble un jour. Je n’avais pas d’idée derrière la tête, simplement de passer un bon moment en sa compagnie. Car j’avais découvert un homme avec qui je partageais quelques points communs en plus, du fait qu’il venait d’entrer dans mon univers de connaissance et qu’il ne me laissait pas indifférente. Bien que j’étais très loin d’imaginer être la femme parfaite ou qu’on puisse réellement s’intéresser à moi dans ce sens. Je n’avais rien d’attrayant, ancienne femme mariée, qui avait fini dans l’alcool et mère d’une adolescente, le tableau était bien sombre pour quelqu’un qui voulait trouver sa princesse. Cependant, ça n’empêchait en rien d’être amis et de partager des instants agréable tout les deux. Je souriais alors que je sentais une certaine hésitation chez lui, une hésitation qui ne dura pas longtemps et une réflexion qui sonna presque comme un défi à mes oreilles. Ce surprendre l’un l’autre dans sa cuisine de prédilection était une bonne idée que j’accepterais bien volontiers de relever.

Puis vint le tour de l’immense cave à vins et le sentiment étrange d’être une imposteur. J’avais apprécié les bons vins, j’avais aimé passer des soirées avec un verre à la main pour aucune occasion particulière, à part le plaisir de déguster le liquide rouge. Mais tout ceci, c’était soldé par un état dangereux dont j’avais dû mettre un terme. Je ne pouvais m’empêcher de glisser les yeux sur les étiquettes, les noms, chacun d’entre eux me donnant furieusement envie de m’y replonger. Mais je connaissais les conséquences, je savais que si je succombais à cette tentation, tout mes efforts et ma vie seraient foutus. L’alcool n’était pas un ami bien au contraire, c’était le pire ennemi qu’on puisse avoir dans son entourage. Hésitante, je préférais jouer l’honnêteté avec Ulysse, c’était bien plus qu’avec mon frère car, je n’avais pas fais preuve de mensonges envers lui pour expliquer mon absence de Brisbane.

Je posais les mots calmement essayant d’oublier l’idée qu’il puisse me juger, me trouver ennuyante ou pire, une mauvaise personne dans sa vie. Mais il était indéniable que tôt ou tard j’aurais à lui parler de ce détail insignifiant, certes, mais tellement important pour la suite de notre amitié ? Relation ? Je pouvais voir le malaise dans son regard et si au départ, je pensais qu’il était orienté vers moi, bien vite je comprenais qu’il était tourné vers lui. Je le regardais se déplacer essayant de trouver des mots pour le rassurer, je ne voulais pas qu’il pense que je lui jetais la pierre pour sa collection, le problème n’était nullement de lui mais, de moi. Et puis, je le voyais appuyer sur un bouton et immédiatement les vitres s’opacifièrent, cachant les bouteilles. Mon regard se reposa sur lui et je hochais la tête machinalement, qu’est-ce que j’aurais pu demander de plus ?

« …Merci…Mais…je ne veux pas que tu te sens coupable de quoi que ce soit. Tu ne pouvais pas le deviner, normalement ça n’est pas écrit sur mon visage et tant mieux… » La vie serait plus délicate sinon, « Je suis désolé de t’avoir mis dans l’embarras…ça n’était vraiment pas dans cet intérêt si, je te l’ai dis….et d’ailleurs, je comprendrais si…ça te déplaît ou que tu n’es plus envie qu’on passe du temps ensemble… » J’avais rencontré bien des profils à l’hôpital et je savais à quel point être une ancienne alcoolique pouvait me mettre dans une case de la société. Beaucoup de monde avait perdu des amis pour ce genre d’aveux, alors je comprenais que Ulysse n’est pas envie de s’encombrer avec ce genre de profil autour de lui. Il avait certainement suffisamment à faire avec ses patients au quotidien pour avoir envie d’être tranquille dans son cercle d’amis.

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