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@Megan Williams  
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« Nous avons vos résultats, mademoiselle Biggs. Asseyez-vous », le bras tendu, la main désigne la chaise face au bureau en bois massif (selon l’expertise de molly). Elle obéit, Molly. Car, elle a toujours su obéir à ceux qui portent une blouse blanche – aucune idée de l’origine de cette obéissance. Elle pose les mains sur ses genoux, frotte doucement ces derniers en attendant que ce bonhomme lui parle de ces fameux résultats. Elle avait perdu trop de kilos. Ça a commencé comme ça … et ça s’est suivi du reste, la fatigue avec l’incapacité de dormir (tout comme l’incapacité de se rouler un joint – une promesse est une promesse !), la pâleur, les nausées, les crampes,... Elle avait cru que c´était son corps qui s’habituait doucement à cette vie saine … ou plus ou moins saine qu’elle essayait d’avoir. Elle avait même parlé au médecin du fait qu’elle était clean depuis plusieurs mois maintenant et qu’elle traînait ses symptômes depuis tout autant de mois … sans doute une grossière erreur. Le médecin commence par poser tout un tas de questions … avant de finalement mettre le diagnostic sur la table. « Nous parlons dans ce cas, d’insuffisance rénale terminale. » Elle lève un sourcil. « Normalement, quand il y a le mot terminal dedans, c’est pas une bonne nouvelle, pas vrai ? » Il acquiesce et lui tend une petite brochure … Ah ouais, la nouvelle est pas vraiment bonne. Dialyse. Greffe.

Quand elle sort de ce rendez-vous, elle est un peu sonnée, Molly.
Elle sort une clope de son sac pour se l’allumer. Elle mérite bien une clope. Un coup d’œil à sa montre et elle se rend compte que d’ici quelques minutes, elle va avoir rendez-vous avec son potentiel rein … euh sa sœur jumelle, pardon ! Elle tire sur la cigarette tout en se demandant ce que cela signifie vraiment. Première dialyse est dans deux jours. Trois fois par semaine, qu’il lui a dit le doc … elle a cru qu’il voulait lui donner un rencard et elle avait presque envie de lui préciser qu’elle préférait les femmes mais non, c’était bien sérieux. Son petit corps maigrelet était en train de lui brandir son majeur. Un fait. Comme un zombie, elle débarque au point de rendez-vous donné à Megan. Comme un zombie, elle fixe et scrolle son écran sans vraiment rechercher des informations … et quand elle voit apparaître la silhouette de Megan, elle referme son portable et se lève pour l’accueillir avec un large sourire.

« Hi.» Une brève étreinte pudique et prudente en guise de bonjour. « Je t’ai attendu avant de commander un truc à boire, ...» lance-t-elle sans perdre son sourire et en s’installant un peu plus confortablement sur sa chaise. « t’as plutôt bonne mine.» Elle acquiesce ses propos d’un signe de tête.

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/fadeintoyou

Molly n’a pas une idée derrière la tête à chaque fois qu’elle me sollicite pour que nous nous voyions, ce serait malhonnête que de le prétendre. Disons qu’elle a souvent une idée derrière la tête, qu’elle quémande ma présence ou pas et que, avec elle, mon mode automatique est d’être sur la défensive. Toutefois, ces derniers mois m’ont – un peu – adoucie. J’ai perdu l’une de mes amies les plus proches, fait une fausse couche et Damon a perdu son père. J’ai eu mon lot de coups du sort et je crois qu’ils m’ont pour l’instant privée de toute combativité. Je n’ai pas forcément envie de construire quelque chose avec ma jumelle, mais je n’ai plus envie de me battre.

Depuis quand ne l’ai-je pas vue ?

C’est la question que je me pose alors que, entrant dans le bar qu’elle a choisi – il n’aurait pas été le miens, de choix, mais je ne suis pas devenue snob au point de protester à ce sujet – mon regard la trouve. Je la trouve amaigrie, son visage semble avoir perdu des couleurs et mêmes ses cheveux me semblent plus raides et fins. Concernant ses derniers, certainement est-ce à cause du peu de soin qu’elle leur apporte en les colorant et décolorant en fonction de ses humeurs mais, pour le reste, je reste tout de même surprise. Interloquée. Je m’avance jusqu’à sa table – elle me fait de grands signes et, comme toujours, je suis gênée par son exubérance – et je m’installe à côté d’elle en la couvant d’un regard soupçonneux. « Hi. Je t’ai attendu avant de commander un truc à boire. » - « Qu’est-ce que tu as demandé ? » Comme toujours, si cela ne me convient pas, j’y trouverais quelque chose à redire. Je suis apaisée, par radicalement transformée non plus. « Hello. » Je lui adresse un sourire. La dernière fois que nous nous sommes quittés c’était encore une fois dans les reproches et les exagérations de Molly mais je tente malgré tout de faire preuve de bonne volonté. Par message, elle m’a donné l’air prête à faire des efforts. « T’as plutôt bonne mine. » J’ai toujours une bonne mine. Enfin, pour toute personne ne m’ayant pas côtoyée après le décès de Charlie et après que j’ai perdu un bébé, mais puisque je n’ai offert ce spectacle qu’à de rares privilégiés… Et bien j’ai toujours bonne mine. « Merci. On est pas encore partis en vacances pourtant cette année. » Lorsqu’il l’hiver s’installe en Australie, Damon et moi aimons gagner l’Europe, plus particulièrement l’Italie, pays d’origine de mon époux. « Je voudrais pouvoir te retourner le compliment mais… » Je ne mens que lorsque cela m’arrange ou que j’ai quelque chose à y gagner. « T’as une mine affreuse. » De près c’est encore pire. Est-ce l’effet du manque ? Est-elle encore supposée en souffrir si elle a arrêté de consommer de la drogue depuis autant de temps qu’elle dit l’avoir fait ? « T’es sûre que ça va ? » Je l’observe de biais, un sourcil levé en signe interrogateur.

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« Qu’est-ce que tu as demandé ? » « Rien, j’ai vraiment pas voulu prendre de risques. Tu choisiras comme une grande. » Elle lui décoche même un clin d’œil. Elle a appris ses leçons, Molly. Reprenant place, elle essaie de se concentrer sur cet instant, sur Megan et non sur cette ribambelle de mots dont elle ne connaissait pas la signification qui lui avaient été dits un peu plus tôt.

Qu’est-ce qui marche toujours ? Ah tiens, dire des compliments. Megan, elle aime bien les compliments alors elle se lance. Une vraie professionnelle !

« Merci. On est pas encore partis en vacances pourtant cette année. » Molly ne peut pas s’empêcher de sourire, amusée et essaie vainement de le dissimuler derrière ses doigts. « Tu précises ça pour que je comprenne que ta « bonne mine », c’est la moyenne « bonne mine » et que ça sera encore mieux après votre escapade en Europe ? », réplique-t-elle d’une voix rieuse. Molly parle d’Europe et non d’Italie même si elle stalke suffisamment sa sœur jumelle pour savoir que c’est la destination préférée du couple. Enfin, on dit stalke mais elle poste de manière complétement volontaire et consciente toutes ces photos qui se retrouvent sur le net. « Je voudrais pouvoir te retourner le compliment mais… » « Mais ? » Molly lève un sourcil, attendant de voir comment elle va pouvoir finir cette phrase plutôt mal commencée … « T’as une mine affreuse. » Évidemment, il s’agit de Megan, elle n’est pas du genre à prendre des pincettes ou arrondir les angles. Pas avec Molly tout du moins. « T’es sûre que ça va ? » « Putain ! Tu sais mettre les chances à l’aise ! », lâche-t-elle dans un éclat de rire – bien trop bruyant pour correspondre à Megan mais c’est un vrai éclat de rire sincère alors elle ne va pas se retenir. « J’ai jamais dit que ça allait », qu’elle dit en cherchant du regard le serveur, « mais ça va, ouais, j’ai juste une sale gueule. » Elle repose son regard sur Megan et hausse les épaules avec désinvolture.

« Tu sais que ça pourrait me blesser et me vexer ce genre de propos ? », qu’elle demande en plissant les yeux, mais son ton est bien trop amusé pour être sincère. L’égo surdimensionné de la Biggs était dur comme du titane. « T’as de la chance que j’ai un sacré égo, ça aurait pu me blesser. » Un serveur débarque et elle hésite à se prendre une bière avant de se souvenir les propos du type en blouse blanche alors, elle opte pour un thé glacé avant de laisser sa sœur prendre sa commande.

« Vous avez prévu des vacances alors avec Damon ? », qu’elle demande pour rebondir sur sa remarque précédente. Et pour savoir où pourrait se trouver son rein dans les prochaines semaines, mois à venir.

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/fadeintoyou

Je remercie la jeune femme de m’avoir attendue d’un signe de tête, même si je ne peux pas m’empêcher d’esquisser un sourire et de la taquiner d’une pique innocente. « Dis plutôt que t’étais pas sûre que je vienne et que tu voulais pas te retrouver seule avec ton verre, hein ? » Dans les faits, je n’aurais pas pu lui en vouloir de prendre ce genre de précaution. Notre relation n’a jamais été au beau fixe et on ne peut pas nier que rien n’est fait pour que la confiance soit de mise. Toutefois, à mes yeux, elle est la coupable de tout ça : moi, j’ai surtout subi ses décisions hasardeuses et son inconsistance.

« Tu précises ça pour que je comprenne que ta « bonne mine », c’est la moyenne « bonne mine » et que ça sera encore mieux après votre escapade en Europe ? » Je conserve mon sourire de façade – pour l’instant je n’ai toutefois pas vraiment besoin de le forcer, la brune n’a pas encore disjoncté au point de rendre la situation désagréable et malaisante comme elle seule en a le secret – avant de hausser les épaules. « Oui, après les vacances tout court en vrai. Avec les cours, je n’ai pas vraiment eu le temps de faire des bains de soleil. Pas autant que je le voudrais en tout cas. » Je dois admettre que j’ai un teint doré, travailler au bord de la piscine de notre nouvelle maison, qu’elle doit envier. Elle est pâle d’ordinaire, Molly, mais aujourd’hui cela me semble pire encore. « On pourra pas partir aussi longtemps que j’aurais voulu cela dit, avec mes partiels de rentrée. Mais on se rattraper en fin d’année. » Lorsque mon année de cours sera terminée et, je l’espère, que je l’aurais décrochée. « T’as déjà été en Europe ? » Je soupçonne qu’elle n’ait jamais quitté l’Australie, mais je pose tout de même la question.

Avant d’en amorcer une autre. Si elle parle de mon teint, le sien est maladif et elle me semble encore plus flotter dans son grand t-shirt noir qu’elle le fait d’habitude. Etonnamment, (non) elle prend la mouche comme si je l’avais accusée d’être à l’origine de la faim dans le monde. « Putain ! Tu sais mettre les chances à l’aise ! » Je lève les yeux au ciel, signe que je considère qu’elle en fait des tonnes pour pas grand-chose. « J’ai jamais dit que ça allait… » Cette fois, elle a le droit à des sourcils froncés. Sous-entend-t-elle réellement quelque chose ou se complait-elle à être au sens de l’attention ? « Mais ça va, ouais, j’ai juste une sale gueule. » Je voudrais lui répondre "ça pour avoir une sale gueule…" mais elle a déjà pris la mouche pour si peu. « Tu sais que ça pourrait me blesser et me vexer ce genre de propos ? » Je crois les bras sous ma poitrine, lui adressant un regard qui signifie clairement "arrête ton char Molly." « T’as de la chance que j’ai un sacré égo, ça aurait pu me blesser. » - « Oh c’est bon arrête d’en faire des caisses. » Nouveau roulement d’yeux. « On dirait que je t’ai insultée. Je t’ai juste dit que tu avais sale mine. » Et c’est vrai, de tout évidence. « Je t’ai pas non plus insultée de tous les noms. Pour ce que ça vaut, t’as vraiment l’air crevée. » Je ne demanderai donc pas si elle est en manque ou en pleine privation. Il ne manquerait plus qu’elle fasse une scène en plein milieu du bar. « Vous avez prévu des vacances alors avec Damon ? » Je hèle un serveur qui passe par là pour qu’il vienne prendre notre commande, avant de me retourner vers ma jumelle. « Pas encore, on sait pas trop, ces derniers temps on a pas vraiment eu la tête à faire des plans tous les deux. » Moi à cause de la mort de Charlie et de ma fausse couche, lui à cause du décès de son père. Tous les deux parce que nous avons aussi un nouveau projet : celui d’avoir un premier enfant, et qu’il supplante tous les autres. « On a acheté la maison en début d’année en plus, on a encore pas mal de déco à faire et on aime bien profiter du jardin et de la piscine. » Chauffée, bien que les températures soient plus de clémentes même en hiver dans notre pays, mais pour pouvoir en profiter toute l’année. « Tu pourras passer à l’occasion. » Je prononce ces mots à reculons, consciente que ma sœur est une sangsue, mais dans une preuve indéniable de bonne volonté envers elle, pour une fois.  

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« Dis plutôt que t’étais pas sûre que je vienne et que tu voulais pas te retrouver seule avec ton verre, hein ? » Molly ne réplique que par un regard qui signifie : « abuse pas, j’essaie d’être vraiment sympa », avec un sourire amusé car franchement, ça l’amuse pas mal et sa sœur n’a pas totalement tort.

« Oui, après les vacances tout court en vrai. Avec les cours, je n’ai pas vraiment eu le temps de faire des bains de soleil. Pas autant que je le voudrais en tout cas. On pourra pas partir aussi longtemps que j’aurais voulu cela dit, avec mes partiels de rentrée. Mais on se rattraper en fin d’année. » Molly l’écoute avec attention, se demandant une seule seconde si elle a conscience de combien sa vie est aux antipodes de la sienne. Megan doit avoir une pièce juste pour ses godasses alors que Molly en a trois paires, des godasses … et une d’entre elles, c’est juste une paire de tongs. Elle décrit une vie rêvée, une vie que Molly n’espère même pas effleurer du bout des doigts – après tout, elle est trop douée pour se saboter. Silencieuse, elle acquiesce et se retient de prendre ça comme un déballage outrancier. « T’as déjà été en Europe ? » OK, là, elle ne peut pas s’empêcher de laisser un éclat de rire. Mais en voyant que Megan lui pose la question et attend une réponse, elle réplique d’une voix toujours aussi rieuse : « bien sûr que non --- j’ai même pas les thunes pour passer un weekend à Dreamworld. Un jour, peut-être --- », qu’elle dit en levant les épaules, quasiment convaincue qu’elle ne foutra jamais les pieds en Europe mais l’idée de le prononcer à voix haute, ce « peut-être », ça lui donne le sentiment de ne pas être totalement une ratée. Quoique.

« Oh c’est bon arrête d’en faire des caisses. On dirait que je t’ai insultée. Je t’ai juste dit que tu avais sale mine. Je t’ai pas non plus insultée de tous les noms. Pour ce que ça vaut, t’as vraiment l’air crevée. » Manque cruel de répondant. Elle a l’air crevée. Elle est crevée. Ses nuits sont courtes. Ses journées sont longues. Et elle a le sentiment que son cœur lui brandit son majeur dès qu’elle lui demande quelque chose … la brochure dans son sac est la réponse à cette grève menée par son cœur. Elle y jettera un coup d’œil tout à l’heure, chez elle, avec Bernard. Alors, elle change de sujet. Mieux ne vaut pas parler tout de suite des raisons de sa gueule de zombie. « Vous avez prévu des vacances alors avec Damon ? » « Pas encore, on sait pas trop, ces derniers temps on a pas vraiment eu la tête à faire des plans tous les deux. » Un « oh » sincèrement surpris s’échappe de ses lèvres et vient tout droit de son estomac. A ses yeux, barbie et ken forment le couple parfait alors les imaginer ne pas avoir la tête à faire des plans … ça n’a rien de positif. « On a acheté la maison en début d’année en plus, on a encore pas mal de déco à faire et on aime bien profiter du jardin et de la piscine. Tu pourras passer à l’occasion. » Molly tique. Elle se fige presque en entendant cette invitation … car c’est une invitation, non ? Sa sœur est en train de l’inviter … de son propre chef. Son cœur tambourine dans sa poitrine et elle relève la tête pour la fixer, attendant qu’elle plaisante, qu’elle rit en lui disant « plutôt crevée ». Mais non, rien. Elle vient donc de l’inviter à venir dans son nouveau chez eux, dans cette maison sans doute outrancière, dans cette piscine … quelle drôle d’idée ! Molly se voit déjà posée dans un transat, un cocktail à la main, lunettes de soleil de luxe – qu’elle aurait emprunté à sa sœur – sur le nez, elle s’imagine vivre un peu sa vie … et un sourire nait sur ses lèvres à cette simple pensée. Reste calme, Molly. Ne t’emballe pas, Molly.

« Woh --- euh --- ouais, pourquoi pas », qu’elle dit en essayant de dissimuler – mal ! – son enthousiasme. « Ce serait avec plaisir même, je vais être pas mal prise dans les prochaines semaines », mois ?, années ?, « mais il faut que je vois votre nouveau palace de mes propres yeux. » Elle essaie vraiment de dissimuler son enthousiasme … mais sans doute que ses yeux se mettent à pétiller comme une gamine devant les cadeaux sous le sapin.

« Pour ce que ça vaut, j’essaie vraiment de me tenir à carreaux --- », elle esquisse un sourire comme si cette invitation était une autoroute des confidences – faut toujours qu’elle exagère ! - , « je sais que j’ai pas mal merdé et il se pourrait que tu m’aies un peu ouvert les yeux, ok ok, ne t’emballe pas, je suis pas en train de te dire que je vais m’inscrire à la fac et que je vais changer ma vie du tout au tout », elle sourit, « mais j’essaie de la maîtriser. Et je m’en sors pas mal, je dirais. » Même que ça faisait plus d’un mois qu’elle n’avait pas gueulé sur un client du cinéma. C’est que ça voulait dire quelque chose … non ? C’est con mais cette invitation, ça lui donnait surtout envie de montrer à sa sœur qu’elle n’était pas si pourrie que ça … ça lui donnait envie d’être aimée, encore plus, toujours plus. Cette invitation, c’était le signe qu’elle pouvait s’accrocher comme une sangsue à sa victime … être le boulet que Megan trainerait toute sa vie, qu’elle le veuille ou non.

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« Bien sûr que non… J’ai même pas les thunes pour passer un weekend à Dreamworld. Un jour, peut-être… » L’Europe n’est pas à la portée de toutes les bourses et je ne suis pas assez déconnectée de la réalité de la majorité du genre humain pour prétendre que je l’ignore. Jusqu’à il y a peu, je n’avais presque jamais quitté le territoire Australien non plus, ou uniquement à pour bosser et avec la promesse tacite de capturer au bout du compte une photo qui me rapporterait gros. « Les Williams ont des maisons de famille en Italie et en Espagne. C’est sûr que c’est une chance. » Difficile de dire ce genre de chose en tout modestie, mais je m’y emploie réellement. En tout cas, je fais de mon mieux. C’est autant une chance que ma maison au prix à sept chiffres, ma garde-robe qui contient des pièces de créateur, le petit bateau offert à notre mariage et tant d’autres choses. J’ai conscience de ne plus avoir les problèmes qui subit le commun des mortels. « Oh. » - « Tout va bien. » Je ne veux pas qu’elle s’imagine qu’il y a de l’eau dans le gaz entre mon époux et moi. Elle serait capable de s’en servir contre moi. « On a juste eu pas mal de choses à gérer, et avec le film, mes études. » Reprises à la rentrée en janvier. « On profitera de la maison de Grenade une autre année, c’est tout. » Il y a des problèmes dont je ne parlerai pas à Molly. Dans un moment de faiblesse je me suis confiée à elle à propos de Charlie, mais ma fausse-couche est hors limite.

« Who, euh, ouais, pourquoi pas. » Molly semble sur le point de se mettre à chialer et, comme à chaque fois qu’elle me donne le sentiment d’être prête à faire mille pas d’un coup dans ma direction, trop vite, de façon trop intense, elle me donne envie de reculer d’autant. Mais maintenant que j’ai proposé je ne peux plus faire marche arrière : j’aurais l’impression de retirer une sucette des mains d’une enfant. « Ce serait avec plaisir même, je vais être pas mal prise dans les prochaines semaines. » J’ai assez joué à la hard to get quand il n’en était rien pour ne pas reconnaître ce genre de manœuvre. « Mais il faut que je vois votre nouveau palace de mes propres yeux. » - « Préviens moi avant de passer. Que j’ai un peu le temps de préparer Damon. » Il me faudra au moins ça. Le ton se veut humoristique mais, quand bien même, elle serait malhonnête de s’offusquer : elle a fait plus de crasses que je ne peux les comptes à l’Italien lorsque nous l’hébergions. Toutefois, je sais qu’il n’est pas capable de me refuser ce genre de chose – il ne me refuse rien, de toute façon – il est bien trop gentil et concilient pour ça.

« Pour ce que ça vaut, j’essaie vraiment de me tenir à carreaux. » Elle aborde un angle d’attaque qui ne me surprend pas réellement. Ce qui pourrait le faire, c’est qu’elle soit sincère, qu’elle tente réellement de devenir quelqu’un d’un peu moins minable que celle que j’ai rencontrée. « Je sais que j’ai pas mal merdé et il se pourrait que tu m’aies un peu ouvert les yeux, ok ok, ne t’emballe pas, je suis pas en train de te dire que je vais m’inscrire à la fac et que je vais changer ma vie du tout au tout. Mais j’essaie de la maîtriser. Et je m’en sors pas mal, je dirais. » - « Si tu t’étais inscrite à la fac, j’aurais vu une tentative de ta part de faire en sorte - » Une fois de plus. « De devenir une pale copie de moi. » Je n’y vais pas de main morte : je ne suis pas du genre à verser dans la langue de bois. « C’est bien. Si t’es sincère, c’est vraiment bien. » Je ne remets pas vraiment sa parole en doute. Je demande simplement à voir. « Et ça va prendre quelle forme ? C’est quoi ton plan ? »

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« Les Williams ont des maisons de famille en Italie et en Espagne. C’est sûr que c’est une chance. » Une chance, oui. Molly essaie de dissimuler combien c’est une chance, une bénédiction même. L’argent, les biens matériels, c’est ce qui lui permet d’être sure, d’avoir un avenir certain et elle en est jalouse. Oh oui, jalouse. Alors, bon, on ne va pas se mentir, elle a presque espéré qu’il y a ait un hic dans le paysage bien trop parfait de sa vie mais Megan la rassure avec un « Tout va bien. » Merde, ce n’est pas aujourd’hui qu’elle pourra se moquer et parler sur le dos de son Ken. Elle attend encore un peu avec ses répliques bien huilées, préparées depuis longtemps maintenant. «On a juste eu pas mal de choses à gérer, et avec le film, mes études. » Évidemment. « On profitera de la maison de Grenade une autre année, c’est tout. » Grenade, une ville qu’elle était incapable de placer sur une carte et pourtant, elle hoche de la tête comme si elle savait de quoi elle parlait.

«Préviens moi avant de passer. Que j’ai un peu le temps de préparer Damon. » Molly prend ça à la légère et laisse échapper un éclat de rire en agitant la main comme pour faire comme si tout irait pour le mieux. Non, la dernière fois qu’elle avait vu Damon … oups. Elle sourit. «Bien sûr ! », qu’elle réplique, brave et disciplinée la Molls. D’ailleurs en parlant de brave et disciplinée, elle continue sur cette voie. «Si tu t’étais inscrite à la fac, j’aurais vu une tentative de ta part de faire en sorte - De devenir une pale copie de moi. » Elle fait mine d’étouffer un éclat de rire, pas vraiment amusée ni même convaincue. «Ah ah, très drôle » et elle lui montre son majeur pour une seconde. Une seconde de trop surement mais on ne change pas une équipe qui gagne. « C’est bien. Si t’es sincère, c’est vraiment bien. Et ça va prendre quelle forme ? C’est quoi ton plan ? » Le vraiment bien a l’effet d’une étreinte pour son petit cœur malmené, elle sourit et baisse même la tête tout en se massant la nuque. Ravie. Elle prend ça comme la fierté de sa sœur – oui elle se permet d’interpréter à sa sauce. Ne faites pas chier. « Je suis sincère. J’ai coupé les ponts avec quelques personnes, qui disons … étaient un peu trop comme moi », sourire timide, «je suis en train de me chercher un autre boulot. Tu vas te foutre de ma gueule, surement, mais une pote est fleuriste et il se pourrait que la clientèle de sa boutique soit bien moins reloud que celle du Twelve … », elle enfonce la tête entre ses épaules et a un petit air candide. « Après, il se pourrait que ça soit un peu plus compliqué --- j’ai --- j’ai une petite couille en ce moment qui vient de me tomber au coin de la tronche, rien de grave, rien d’illégal, promis ! » Tu parles !

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/fadeintoyou

Je propose à Molly de voir un jour la maison, je l’invite à me prévenir lorsqu’elle voudra le faire, je fais toutes ces choses mais, pourtant, je ne lui donne pas l’adresse. Je ne suis pas une idiote : ma jumelle est capable du pire genre de surprise. Alors, si ma proposition était bel et bien sincère, j’ai toutefois à cœur de garder le contrôle sur la situation. Et cela implique ne pas dévoiler à la brunette – c’est ce qu’elle est en ce moment, tout du moins – l’endroit exact où j’ai déménagé au risque de la voir débarquer la bouche en cœur exactement comme elle l’a fait à notre ancien appartement.

Ceci-dit, il lui reste toutefois encore la possibilité de se pointer comme une fleur à l’université, j’y pense un tout petit peu trop tard et regrette presque instantanément d’avoir abordé le sujet des études. Toutefois, il faut bien que nous nous disions quelque chose : nous ne pouvons nous regarder dans le blanc des yeux pendant plusieurs heures et de, toute évidence, il n’existe aucun sujet sur lequel je ne nourrirais pas de suspicion à l’égard de ma sœur. «  Ah ah, très drôle. » - « Avoue que j’ai raison. Tu crois que tu trompais qui que ce soit avec ton blond décoloré ? » C’est autant une pique vouée à passer pour un simple plaisanterie qu’une attaque bénigne dissimulée. Ma grande spécialité, j’en conviens aisément. « Je plaisante, c’est bon. » Je lève les yeux au ciel, anticipant déjà une réaction disproportionnée de sa part. A ma décharge, elle m’a habituée à ces dernières.

« Je suis sincère. J’ai coupé les ponts avec quelques personnes, qui disons… étaient un peu trop comme moi. » - « C’est bien. J’espère que c’était personne de trop proche. » Je suis douée pour prétendre que je me soucie du malheur d’autrui. Je suis empathique, je crois que ce trait de caractère aide mais, généralement, je suis assez hermétique à ce que peux ressentir Molly : elle m’a trop habituée à en faire des tonnes pour que cela ne soit pas le cas. « Mais de toute façon, ça peut qu’être une tentation. T’as bien fait. » Je sais qu’il est facile de dévier du chemin initial à cause de ses fréquentations : Molly ne serait pas la première à le faire, pas plus que la dernière. « Je suis en train de me chercher un autre boulot. Tu vas te foutre de ma gueule, surement, mais une pote est fleuriste et il se pourrait que la clientèle de sa boutique soit bien moins relou que celle du Twelve… » - « Qu’est ce qui ne va pas avec le Twelve ? » Je fronce les sourcils, consciente que je devrais rester en dehors de ça mais ne pouvant pas m’empêcher de creuser à ce sujet. Après tout, je lui ai trouvé ce boulot, et le cinéma tient énormément à cœur à Maisie. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir envie de défendre l’endroit sans même savoir de quoi il en retourne. « J’ai du mal à t’imaginer en train de faire des bouquets de fleurs. Ou en contact avec le genre de personne qui achète des bouquets de fleur. » Tout comme j’ai du mal à l’imaginer avoir une pote fleuriste. Je ne peux m’empêcher d’être suspicieuse lorsqu’il est question d’elle, alors que je suis pourtant consciente qu’elle ne dissimule pas le fait d’être entrée dans un dangereux gang derrière une façade de fleuriste.

« Après, il se pourrait que ça soit un peu plus compliqué --- j’ai --- j’ai une petite couille en ce moment qui vient de me tomber au coin de la tronche, rien de grave, rien d’illégal, promis !  » On y vient, donc. Immédiatement, je me renfrogne. « Bah tiens. Et je suis sûre que ça n’a rien à voir avec le fait que tu m’aies proposé qu’on se voit. » L’ironie dans ma voix ne laisse que peu de doute quant au fait que je soupçonne le contraire. La jeune femme a toujours une idée derrière la tête ; pourquoi les choses auraient-elles été différentes cette fois ? « T’es pas croyable quand même. Laisse-moi deviner, t’as besoin d’argent ? » Bien sûr que c’est ça, ma première théorie.  

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« Avoue que j’ai raison. Tu crois que tu trompais qui que ce soit avec ton blond décoloré ? Je plaisante, c’est bon. » Et, le peu d’ego qu’elle possède fait en sorte qu’elle ne réplique pas… elle ne pourrait que maigrement se justifier de ce choix capillaire un poil bancal.

« C’est bien. J’espère que c’était personne de trop proche. » Molly lève une épaule en laissant ses bras pendre le long de son corps, les mains posées sur ses genoux. Évidemment qu’il s’agit de personnes avec qui elle avait été proche … il n’y avait que des cas sociaux, des projets sociaux dans son entourage mais elle savait que s’en détacher pourrait être une bonne idée afin d’aller de l’avant. Il paraît que c’était important pour rester dans l’entourage de la blonde. « Mais de toute façon, ça peut qu’être une tentation. T’as bien fait. » Elle relève la tête avec un sourire. Elle a bien fait. Sa sœur lui dit qu’elle a bien fait. C’est un compliment non ? Son cœur se gonfle et elle a presque les joues qui rosissent. Elle s’accroche un peu plus à l’idée que sa sœur puisse la voir comme quelqu’un qui vaille la peine. On leur apporte leurs boissons et sans trinquer – elles n'ont plus l’âge de prétendre – elle porte son verre à ses lèvres pour en boire une gorgée. Boisson sans alcool. Limonade. Un nouveau progrès ou encore le coup dur de l’information reçue quelques minutes plus tôt…

« Qu’est ce qui ne va pas avec le Twelve ? » « Rien, c’est juste pas mon truc --- les gens sont débiles et les clients sont cradingues, ça me saoule un peu --- et j’ai pas envie de passer mes journées à me dire être au mauvais endroit. » En soi, une remarque plutôt mature --- « J’ai du mal à t’imaginer en train de faire des bouquets de fleurs. Ou en contact avec le genre de personne qui achète des bouquets de fleur. » « Ça, c’est sans doute parce que tu ne me connais pas vraiment... », pas un reproche, juste un constat. Molly est du genre à apprécier les poissons rouges, les plantes vertes, les trucs qui ne parlent pas… alors quand son amie lui avait parlé de lui donner un coup de main pour un mini-job, elle avait sauté sur l’occasion.

« Bah tiens. Et je suis sûre que ça n’a rien à voir avec le fait que tu m’aies proposé qu’on se voit. T’es pas croyable quand même. Laisse-moi deviner, t’as besoin d’argent ? » Molly fronce les sourcils, confuse. Elle se redresse et secoue les mains au-dessus de la table tout en accompagnant son geste de : « Quoi ? Non non non --- pas du tout. Enfin bien sûr que j’ai besoin d’argent, on a toujours tout le temps besoin d’argent », un rire nerveux car à vrai dire, elle allait avoir aussi besoin d’argent pour les traitements mais ça, c’était un problème pour la Molly du futur, « mais, ce n’est pas ça. Je voulais vraiment te voir… J’ai besoin de rien. T’as pas besoin de faire quoique ce soit… juste être là, ça me va. » Elle hausse les épaules et vient poser les mains sur son verre.

« J’ai pas encore tout compris --- pour être honnête --- », le regard se pose sur ses doigts qui jouent avec son verre. Non, elle n’a pas tout compris car elle a la concentration d’un poisson rouge – pas pour rien qu’elle les aime bien – et qu’elle n’a pas osé interrompre le médecin pour lui demander des détails … elle avait un rendez-vous avec Megan et n’avait pas voulu lui manquer.

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/fadeintoyou

Reprendre sa vie en main me semble d’abord incompatible avec l’idée de quitter la seule chose stable dans sa vie, à savoir également le job que je lui ai trouvé lorsqu’elle est entrée dans la mienne. Toutefois, ce serait mentir que de prétendre que mon indignation – elle est légère malgré tout – n’a pas tout à voir avec ce fait, que je lui a décroché ce job et qu’elle ne l’a eu que parce que je suis amie avec Maisie et que cette dernière n’a jamais su me refuser la moindre faveur. « Rien, c’est juste pas mon truc. Les gens sont débiles et les clients sont cradingues, ça me saoule un peu, et j’ai pas envie de passer mes journées à me dire être au mauvais endroit. » Je suis toujours un peu dubitative, évidemment, rien de tout ça ne colle au cadre dans lequel j’imagine Maisie bosser, rien à voir avec ce que j’ai découvert non plus lors de l’avant-première du film. J’ai du mal à admettre que ma réalité et la sienne puissent être aussi différent et que pour autant personne ne soit dans le tort, mais je suis rassurée parce qu’elle affirme ensuite : elle a trouvé un autre boulot.

Un qui me semble certes surprenant, mais qui ne consiste pas à vendre de la cocaïne à la sauvette. A moins que… Minutes, n’est-elle pas en train de tenter de me mener en bateau pour dissimuler le fait qu’elle va vendre de la cocaïne à la sauvette ? « Ça, c’est sans doute parce que tu ne me connais pas vraiment... » La remarque de Molly est étrangement pertinente et, plus surprenant encore, elle fait mouche. Je prends un air songeur un instant, avant d’écarquiller un peu mes grands yeux et de hausser les épaules. « Je suppose que t’as raison. » Personne ne peut être que négatif. Molly a certainement des qualités que je n’ai jamais pris la peine de chercher. Des passions qui la rendent un peu plus humaine, un peu moins junkie, aussi. « Je suis désolée. » Les excuses me brûlent la gorge – je n’aime pas admettre que j’ai eu tort – mais elles n’en sont pas moins sincères pour autant. « T’aimes vraiment ça ? T’occuper des fleurs et des plantes vertes ? » C’est étrange de lui poser ce genre de question, d’une part parce qu’il est étrange de verser dans l’art du smalltalk avec ma jumelle étant donnée notre relation conflictuelle, d’autres parce que, je le maintiens, la couverture n’est pas assortie au livre. Il faut dire que pendant la courte période où elle squattait chez moi, elle ne m’a pas particulièrement donné l’impression d’avoir la main verte.

Mes efforts menacent d’être réduit à néant quand je crois comprendre que je ne suis ici que parce que Molly a besoin de mon aide, d’argent, ou des deux. Je me mets sur la défensive dès qu’elle admet avoir des problèmes. Elle reste volontairement évasive sur leur nature et, immédiatement, je pense dettes et argent. « Quoi ? Non non non, pas du tout. Enfin bien sûr que j’ai besoin d’argent, on a toujours tout le temps besoin d’argent. » Je croise mes bras sous ma poitrine et l’observe sévèrement. Elle dément mais ne me donne pas tout à fait l’impression de ne pas en avoir après la fortune des Williams. «  Mais, ce n’est pas ça. Je voulais vraiment te voir… J’ai besoin de rien. T’as pas besoin de faire quoique ce soit… Juste être là, ça me va. »  - « Okay. Je suppose ? » Je fais des efforts pour ne pas trop montrer que je doute de sa sincérité. Elle a pourtant réellement l’air de l’être, à présent, mais mes murs de défenses sont érigés en permanence lorsqu’elle est dans les environs. « J’ai pas encore tout compris, pour être honnête. » - « Pourquoi t’arrêterais pas de tourner autour du pot pour me dire de quoi il en retourne ? » Elle a l’air mal à l’aise, et j’interprète à tort sa nervosité comme la crainte de ma réaction lorsqu’elle me dira enfin ce qu’elle a derrière la tête – parce qu’elle a forcément quelque chose derrière la tête. « Qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce que t’as pas compris ? »

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@Megan Williams  
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«Je suppose que t’as raison. » Elle lève à son tour les épaules, l’air de dis : « bah oui ». « Je suis désolée. » OK, à ces excuses, elle ne s’y attend pas et ça se voit à ses traits qui se figent et ses sourcils qui se froncent légèrement. Est-ce qu’elle vient vraiment de s’excuser ? de lui dire qu’elle est désolée ? Molly dissimule un sourire et agite la main l’air de dire que ce n’est rien alors que son cœur se gonfle un peu plus dans sa poitrine. Une petite victoire dans une guerre qu’elle menait seule. « T’aimes vraiment ça ? T’occuper des fleurs et des plantes vertes ? » Molly, dans son monde, elle ne parvient pas à comprendre pourquoi est-ce que c’est si surprenant. Elle n’aime pas les gens, elle a un problème avec l’être humain … pour elle, les plantes vertes, les animaux, c’est bien plus facile à gérer. « Je m’en sors bien mieux qu’avec des hipsters dans un cinéma --- crois moi », oh, ça ce n’est pas si compliqué à imaginer. « Ça me détend pas mal --- je sais que tu m’imagines dans un tas de rave mais non, j’aime bien le silence de sa boutique --- », les plantes, ça ne raconte rien de sa vie. C’est apaisant.

Plus apaisant que la manière dont la situation se renverse en un rien de temps … toujours la même chose avec le genre humain. Trop d’émotions. Si Megan croise les bras, Molly, elle la fixe et essaie de se débrouiller du mieux qu’elle peut. « Okay. Je suppose ? » Fébrilement, elle hoche d’un signe de tête. « Pourquoi t’arrêterais pas de tourner autour du pot pour me dire de quoi il en retourne ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce que t’as pas compris ? » A la base, elle veut juste boire un verre, manger un snack avec sa sœur, avoir le sentiment de pouvoir participer à son univers, son fantasme immortel d’avoir une famille … mais putain, faut que sa sœur décide de creuser là où elle n’a toujours pas digéré le problème. « Ce que le doc’ a dit, » elle commence et se penche vers son sac pour en sortir un flyer en plutôt mauvais état – elle a toujours tendance à fourrer les documents importants comme ça dans son sac ou dans un tiroir, « ils parlent d’insuffisance rénale. Pas que je vais crever d’ici quelques jours, mais je vais devoir passer sous dialyse … là … », elle désigne du doigt la machine représentée sur le flyer et elle hausse les épaules en s’emparant de son verre.

« Et non, ma consommation passée n’a rien à voir avec le fait que mon corps me dise d’aller me faire foutre », verre en main, elle lève l’index, « j’ai demandé. » Sourire angélique et elle prend une gorgée de son verre. Elle ne pense pas une seule seconde que sa sœur est plus intelligente qu’elle et comprend ce que ca signifie. Potentiellement génétique et potentiellement une donneuse.

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/fadeintoyou

« Je m’en sors bien mieux qu’avec des hipsters dans un cinéma, crois moi. » Je suis tentée de lui signaler qu’elle s’en sortait terriblement - dans le sens premier du terme - avec tous les êtres humains qui soient, qu’ils aiment bouffer du quinoa, porter la moustache et se brosser la barbe ou pas. « Pour ce que ça vaut, je t’avais mis en contact avec le twelve parce que Maisie m’avait bien précisé que t’aurais pas trop à être en contact avec les clients. » C’est ma façon de lui dire presque la même chose, au fond. Et dans cette démarche, ce n’est pas Molly que je cherchais à épargner, loin de là, plutôt les potentiels clients en question. « Ça me détend pas mal, je sais que tu m’imagines dans un tas de rave mais non, j’aime bien le silence de sa boutique… » - « Bon bein c’est chouette pour toi dans ce cas. C’est une bonne chose. » Jusqu’à quand la situation lui conviendra, ça c’est une toute autre histoire et je crois que, celle-là, elle ne me concerne pas le moins du monde. Pire, je choisis de ne pas m’y intéresser, je décide que je ne m’impliquerai plus d’une quelconque façon. J’ai eu l’impression d’avoir le cul entre deux chaises à chaque fois que Maisie se plaignait de ma jumelle, comme si nous avions quoi que ce soit en commun, alors cette fois, c’est terminé.

« Ce que le doc’ a dit. » Je fronce les sourcils, croyant comprendre où elle veut en venir. « T’es malade ? » Pour qu’elle semble inquiète, si nerveuse, et qu’elle agisse de la sorte, il ne peut pas s’agir d’une petite grippe. Du reste, je suis persuadée que Molly ne va chez le médecin qu’en cas d’extrême urgence, elle ne doit pas vraiment aimer ce qu’ils ont à lui dire là plupart du temps. « Ils parlent d’insuffisance rénale. Pas que je vais crever d’ici quelques jours, mais je vais devoir passer sous dialyse… Là… » - « Oh. » Je n’y pas grand-chose à ce qu’est une dialyse, mais je sais toutefois que cela signifie que c’est grave. N’est-ce pas généralement l’étape proposée dans l’attente d’une greffe ? En est-elle là Molly ? Oh non, est-ce pour ça qu’elle a tenu à maintenir le rendez-vous qu’elle m’a proposé ? A me voir quand-même ? Si on lui a parlé de greffe, je doute qu’elle ait pensé à quelqu’un d’autre que moi et, pour tout un tas de raisons et mes projets avec Damon en tête de file, ce n’est pas une option à mes yeux. Toutefois, elle devra me le demander, si c’est ce qu’elle veut, parce que je ne risque pas d’être la première à m’aventurer sur cette pente-là. Tant qu’il reste une chance pour que la possibilité ne soit pas sur la table - soit parce qu’elle n’y a pas pensé soit parce que la greffe n’est pas encore envisagée - je compte garder mes lèvres bien serrées. « Et non, ma consommation passée n’a rien à voir avec le fait que mon corps me dise d’aller me faire foutre, j’ai demandé. » Je ne l’ai pas pensé. Ou en tout cas, je ne l’avais pas encore pensé et, face à cette information, je me contente de hocher la tête. « Merde, tu sais jusqu’à quand tu vas devoir faire ça ? » J’imagine un processus long, douloureux, et quasi quotidien. Est-ce simplement une vision déformée par des informations erronées ? « Il sait… Pourquoi t’as ça ? » Est-ce génétique ? Devrais-je m’inquiéter ? « On t’a expliqué comment ça allait se passer ? » Les séances dureront-elles des heures ? Est-ce que ce sera douloureux ? Sera-t-elle simplement en état de l’assurer, son nouveau boulot ?

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@Megan Williams  
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« T’es malade ? » La question est sans doute posée trop rapidement. Après tout, elle digère elle-même l’information. Est-ce que c’est ce qu’elle est ? Malade ? Est-ce qu’elle va toujours avoir cette gueule de zombie, la peau perforée par les piqûres et un parfum d’aseptisant sur la peau pour le restant de ses jours ? Est-ce que c’est ce qu’elle est ? Putain, elle qui pensait crever dans les toilettes d’un bar en train de vomir ou mieux, dans un canapé avec un carton de pizza sur les cuisses après un bon fixe, ou encore simplement dans son lit avec ses quinze chats. Elle ne s’était jamais imaginée être malade. Même un rhume, ça ne lui arrivait jamais. Que pouvait-elle donc répondre à ça. Ouais, elle l’était alors elle balance les informations à la Molly, parlant d’insuffisance rénale car c’est ce que le docteur avait commencé par dire avant qu’elle ne se mette en mode automatique. « Merde, tu sais jusqu’à quand tu vas devoir faire ça? » Verre entre les mains, buvant une nouvelle gorgée, elle est surprise par la question de sa jumelle. Megan lui pose une question. Une question personnelle … et elle a même l’air intéressée par la réponse. Non mais stop ! Attendez ! Mettez-tout sur pause là. Est-ce que ça veut dire que Megan va s’intéresser à elle si jamais elle est malade, vraiment malade ? C’était ça la solution, en fin de compte ? Dans l’esprit – tordu – de Molly, c’est une fanfare qui est en train de se promener. Megan s’intéresse. Elle repose son verre. « Apparemment, jusqu’à ce que je trouve un donneur… », qu’elle dit en haussant les épaules. Elle avait cru comprendre qu’elle allait devoir commencer par la dialyse, se taper une série de tests et ensuite on pourra l’enregistrer sur la liste des donneurs et elle veillera à ne pas replonger – on ne donne pas d’organes à des toxics, ça, elle avait compris.

« Il sait… Pourquoi t’as ça ? On t’a expliqué comment ça allait se passer ? » « Bah dis donc, ça t’intéresse --- », elle glousse et on pourrait prendre ce rire pour un rire nerveux alors que c’est un rire enthousiaste mais ça, chut, « j’ai pas tout compris, pour être honnête, j’crois qu’il m’a lâché en cours de chemin --- c’est pas mon truc, les mecs en blouse blanche qui utilise des mots à rallonge pour t’entourlouper. J’ai rendez-vous cette semaine pour la première dialyse, et c’est trois fois par semaine, je crois --- la liste des effets secondaires a duré cinq minutes », nouveau rire, « ah mais peut-être que c’est génétique, c’est pour ça que tu demandes ? » Elle se tape le front du plat de la main. « Je pourrais lui demander si tu veux » … et il faudra qu’elle lui fasse confiance.

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« Apparemment, jusqu’à ce que je trouve un donneur… » Un donneur. Les fils se connectent dans mon esprit et je comprends ce que je fais là, ce que je fais certainement là. Je suis le donneur potentiel, je suis le génome qui est potentiellement le plus proche du sien – elle doit certainement regretter que nous ne soyons que des fausses jumelles – je suis la personne la plus susceptible de lui venir en aide. Je suis immédiatement refroidie, persuadée j’ai mis le doigt sur la raison derrière sa proposition, réussi à la débusquer pour ce qu’elle est : intéressée, comme toujours. Mon visage se mue en une moue déçue. « Bah dis donc, ça t’intéresse… » Ce qui m’intéresse vraiment c’est de voir si t’auras le cran de me demander de te filer un rein en me regardant dans ls yeux. Voilà ce que je pense tout bas sans le formuler à voix haute, me contentant de hausser les épaules. J’ignore comment interpréter son rire.

« J’ai pas tout compris, pour être honnête, j’crois qu’il m’a lâché en cours de chemin --- c’est pas mon truc, les mecs en blouse blanche qui utilise des mots à rallonge pour t’entourlouper. J’ai rendez-vous cette semaine pour la première dialyse, et c’est trois fois par semaine, je crois --- la liste des effets secondaires a duré cinq minutes. » Cela sera douloureux dans ce cas, que ce soit avant ou après. Dans une autre fratrie, une autre relation fraternelle, je lui proposerais de l’accompagner et de lui tenir la main tout du long. Mais même si mes études ne passaient pas en priorité, je n’aurais pas été cette personne-là pour elle. Elle l’a elle-même dit : nous nous connaissons à peine. Alors, je me contente de demander « T’as quelqu’un qui t’accompagnera ? C’est important d’être entouré dans des moments comme celui-là. » S’est-elle rabibochée avec son père, mon géniteur ? Elle a besoin d’une vraie famille dans un moment comme celui-ci, et je ne suis pas cette personne pour elle. S’est-elle mise en tête que c’était le cas ? Est-ce aussi pour ça qu’elle me confie toute ces choses ? « Ah mais peut-être que c’est génétique, c’est pour ça que tu demandes ? Je pourrais lui demander si tu veux. » - « Ouais. » Ce n’est pas que pour ça dans les faits, je ne porte pas la brune dans mon cœur et elle ne fait pas partie de mon cercle restreint, mais je ne lui souhaite pas du mal pour autant et je n’ai pas envie de la voir souffrir non plus. « T’as pas posé la question ? T’as pas demandé comment c’était possible que t’aies développé ça ? » Si c’est à moi que c’était arrivé, j’aurais voulu savoir. J’aurais voulu comprendre pourquoi à à peine vingt-cinq ans on me détecte une maladie synonyme de condamnation pour certains. « T’as une bonne couverture santé ? T’as les moyens de te payer tous les frais que ça va entraîner ? » Pour ça et si elle me le demandait, je l’aiderais. Je l’aiderais en trainant des pieds, mais je le ferais tout de même parce que la dépense ne représenterait certainement pas grand-chose aux yeux de Damon et qu’il a la main sur le cœur. Il ne permettrait pas que ma jumelle soit laissée sans soin par manque de moyens financiers.

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@Megan Williams  
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« t’as quelqu’un qui t’accompagnera ? c’est important d’être entouré dans des moments comme celui-là. » molly lève un sourcil, et a une grimace à cette remarque. et, elle secoue la tête. « non. j’pense pas que j’aurais besoin d’un accompagnateur pour ce genre de trucs --- en plus, qui a envie de se faire chier dans un hôpital ? sérieusement ? j’espère que mes potes sont suffisamment malins pour comprendre que c’est un plan foireux … », qu’elle dit en esquissant un sourire vraiment amusé. a vrai dire, elle n’y avait pas vraiment pensé mais l’idée d’avoir une victime entièrement dédiée à elle … qui la regarderait avec pitié, oh putain ! c’était presque intéressant. elle y penserait si jamais elle en avait besoin. il devrait bien y avoir quelqu’un qui aura envie de l’accompagner. les gens aiment bien jouer aux super héros. question de karma.

« t’as pas posé la question ? t’as pas demandé comment c’était possible que t’aies développé ça ? » elle avale une nouvelle gorgée de sa boisson et repose son attention sur sa sœur alors qu’elle dépose son verre sur la table et s’installe plus confortablement sur sa chaise. comment fait-elle pour que chaque question soit prononcée comme un reproche ? « pourquoi est-ce que ta question sonne comme un : est-ce que t’es conne ou tu le fais exprès, molly ? », demande-t-elle calmement en la fixant. elle hausse les épaules. « j’avais pas préparé une liste de questions à poser, megan. j’en sais rien. j’en ai même rien à foutre du pourquoi, du comment … que je le sache ou non cette putain de raison, ça ne change rien au fait que c’est ma situation … », elle n’est pas du genre à vouloir comprendre. pas très cérébrale. leurs différences. molly est du genre à accepter son sort, à changer deux trois trucs pour s’adapter et continuer à avancer. réfléchir ? prendre du recul ? analyser ? pas vraiment son truc.

« t’as une bonne couverture santé ? t’as les moyens de te payer tous les frais que ça va entraîner ? » elle soupire lourdement. « on est pas obligées de parler de ça ... tu veux ? », son regard s’accroche à celui de megan. à la base, elle voulait la voir. « je préfère quand tu me parles de ta vie parfaite, de tes voyages en europe et de ta nouvelle paire de lunettes --- on parlera de ça plus tard --- », fuir la réalité : son hobby. surtout quand la réalité commençait sérieusement à puer. « j’ai pas prévu de creuver --- ni de te demander un rein (menteuse !) --- ni de te demander de payer une facture --- détends-toi », elle rit.