dans kidney, y'a presque kindness
Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/ferrisbuellers

« Non. J’pense pas que j’aurais besoin d’un accompagnateur pour ce genre de trucs --- en plus, qui a envie de se faire chier dans un hôpital ? Sérieusement ? J’espère que mes potes sont suffisamment malins pour comprendre que c’est un plan foireux… » Je fronce les sourcils, me demandant si Molly prend réellement la chose de façon aussi légère ou si ce n’est qu’une façade pour se protéger, pour ne pas avoir à admettre qu’elle n’a personne à qui demander ou simplement qu’elle est terrifiée. « Tu pourras peut-être même pas conduire après, tu sais. Ou prendre les transports en commun. Ton père pourra peut-être… » Son père, pas le mien. Toutefois, face à son air mi-chien battu mi-revêche, une bouffée d’empathie monte en moi. Je ne les contrôle pas, elles vont et elles viennent et, bien souvent, elles me pourrissent un peu la vie. Cette fois, c’est l’image de Molly seule et reliée à des fils dans une chambre d’hôpital qui s’impose à moi et qui, je dois l’admettre me fait terriblement mal au cœur. « Si c’est parce que t’as personne, je pourrais peut-être parfois venir. J’ai les cours, mais on pourra peut-être s’arranger. Faut pas que tu fasses ça toute seule. » Et comme ça, je me passe la corde autour du cou toute seule comme une grande.

« Pourquoi est-ce que ta question sonne comme un : est-ce que t’es conne ou tu le fais exprès, Molly ? » Je secoue la tête, comme pour me défendre quand, dans les faits, je me dit souvent qu’elle ne semble pas vivre dans le même monde que les autres, Molly. Peut-être que je ne la juge pas idiote, mais je ne la comprends pas toujours, c’est un fait. « J’avais pas préparé une liste de questions à poser, Megan. J’en sais rien. J’en ai même rien à foutre du pourquoi, du comment… Que je le sache ou non cette putain de raison, ça ne change rien au fait que c’est ma situation… »  - « C’est pas ça… C’est juste que, je suis surprise, c’est tout. A ta place, je serais dans tous mes états. » Certes, ce n’est pas une condition qui la condamne automatiquement à mort. Mais ce n’est pas rien pour autant et sa santé risque de se dégrader de façon importante, c’est grave, j’en suis consciente même sans connaître tous les détails.

« On est pas obligées de parler de ça ... tu veux ? » J’écarquille mes grands yeux de biche effrayée. De quoi veut-elle que nous parlions ? De la pluie et du beau temps ? Juste après qu’elle m’ait balancé ce genre de truc ? « Je préfère quand tu me parles de ta vie parfaite, de tes voyages en Europe et de ta nouvelle paire de lunettes, on parlera de ça plus tard.  » - « Je… » Sa phrase me frappe de l’impression qu’elle me considère comme une poupée sans cervelle. Pense-t-elle que je n’ai pas de cœur et que je suis capable de garder à l’esprit des sujets aussi futiles que celui-là après son annonce ? Je suis certes égocentrée, mais je ne suis pas non plus complètement déconnectée de la réalité. « J’ai pas prévu de crever, ni de te demander un rein, ni de te demander de payer une facture. Détends-toi. » - « Je suis pas superficielle au point de te parler de ma nouvelle paire de lunette ou de je sais pas quel autre truc de merde après ce que tu viens de me dire. » Je l’observe, tentant de jauger si c’est ce qu’elle pense ou bien s’il s’agit d’une réaction sous le coup de l’émotion. « On est pas proches mais je suis un être humain quand même. » Autrement dit, je suis inquiète ou en tout cas un peu perturbée. « Je pourrais pas, tu sais. » Passant du coq à l’âne – mais pas tout à fait – comme si nous avions assez parlé d’elle et qu’il était temps à présent de passer à moi (je ne le pense pas, c’est promis, je tente simplement de lever tout malentendu) je poursuis. « Te donner un rein. » Je me mords la lèvre. Elle n’a rien demandé, elle a même affirmé le contraire et, même si je la soupçonne de mentir, je devrais me sentir libre d’affirmer que je ne serai pas sa donneuse étant données les circonstances. « On cherche à avoir un enfant, Damon et moi. C’est un peu plus compliqué que prévu, on a commencé les démarches pour se lancer dans une fécondation assistée. » Le termes de FIV ne sort pas de ma bouche ; il me donne trop l’impression d’être une riche américaine qui cherche à faire un enfant longtemps après sa date de péremption, pas une jeune fille d’une vingtaine d’année qui devrait être capable de tomber enceinte toute seule, merde. « Je pense pas que ça soit compatible. »

dans kidney, y'a presque kindness

@Megan Williams  
gif par unknown

« tu pourras peut-être même pas conduire après, tu sais. ou prendre les transports en commun. ton père pourra peut-être… » les sourcils de molly se froncent, à son tour, quand megan mentionne le paternel. elle n’a pas envie de lui annoncer la nouvelle, d’ailleurs est-ce que c’est le genre de nouvelles qu’on annonce ? elle ne l’appelle pas quand elle a une grippe donc pourquoi devrait-elle l’appeler ? il y a une solution à son problème, elle va devoir faire attention à elle et elle va gérer ça comme une pro, elle le sait, elle le sent. un petit éclat de rire s’échappe de ses lèvres comme si la mention du paternel était une blague et non une question sérieuse de la part de sa jumelle. « si c’est parce que t’as personne, je pourrais peut-être parfois venir. j’ai les cours, mais on pourra peut-être s’arranger. faut pas que tu fasses ça toute seule. » son regard pétille à l’idée de pouvoir avoir sa sœur à ses côtés, de passer plus de temps avec elle … elles seront ensemble et quelque chose hurle à molly que c’est la meilleure chose qui lui soit arrivé. « t’es pas obligée, même si ça me f’rait plaisir de passer un peu plus de temps avec toi, c’est certain --- et --- ouais, je te tiendrais au courant --- », elle boit une gorgée de sa limonade en agitant la main, comme si tout ça n’est qu’un détail. «c’est pas ça… c’est juste que, je suis surprise, c’est tout. a ta place, je serais dans tous mes états. » en guise de réponse ? un haussement d’épaules nonchalant.

« je suis pas superficielle au point de te parler de ma nouvelle paire de lunette ou de je sais pas quel autre truc de merde après ce que tu viens de me dire. » un soupir déçu car ça aurait été plus simple… pour elle. « on est pas proches mais je suis un être humain quand même. » « ok », qu’elle concède en guise de demi-excuse. « je pourrais pas, tu sais. te donner un rein. » elle relève la tête, la penche même sur le côté en observant megan, qui a désormais toute son attention. « on cherche à avoir un enfant, damon et moi. c’est un peu plus compliqué que prévu, on a commencé les démarches pour se lancer dans une fécondation assistée. je pense pas que ça soit compatible. » les lèvres de molly s’ouvrent, les yeux s’écarquillent, un sourire s’étire. « un enfant ? mais putain ! tu te fous de ma gueule ?! ça, c’est de la nouvelle ! de la vraie nouvelle !! », elle tend le bras pour poser sa main sur le bras de sa sœur. « c’est génial ! enfin, non, je suis désolée que vous ayez quelques petites difficultés mais c’est chouette --- un môme --- », elle a un air rêveur, « la gueule d’ange qu’il va se payer avec vos gênes. » un éclat de rire. elle est à une seconde de demander d’être la marraine, la tata préférée. Oh mon dieu ! molly va la stalker !

dans kidney, y'a presque kindness
Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/ferrisbuellers

« T’es pas obligée, même si ça me f’rait plaisir de passer un peu plus de temps avec toi, c’est certain… et… ouais, je te tiendrais au courant. » J’aurais dû me douter que Molly sauterait sur l’occasion de passer du temps en ma compagnie, la brune semble osciller entre l’envie de devenir ma meilleure amie – voire même de devenir moi – et celle de m’envoyer chier parce que je ne suis qu’une foutue riche pourrie gâtée, ou toutes les critiques qui peuvent aller avec ça. Elle ne se donne même plus la peine d’innover à ce sujet. Quoi qu’il en soit, j’ai proposé : c’est ma faute et, au fond, je suis tout de même rassurée si elle ne fait pas seule. Être reliée à des machines dans une salle d’hôpital pendant des heures ne doit rien avoir de fun, alors se retrouver livrée à elle-même dans ce genre de contexte me semble carrément déprimant. « Tu me diras. » Quand elle démarre tout et quand je devrai par la même occasion supporter sa mauvaise humeur – elle aura mal, elle sera crevée, elle sera forcément de mauvaise humeur.

« Un enfant ? Mais putain ! Tu te fous de ma gueule ?! Ça, c’est de la nouvelle ! De la vraie nouvelle ! » Je ne voulais pas ramener le sujet sur moi et ma petite vie merveilleuse : croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer. J’aurais pu le faire, dans un autre contexte, et si le sujet n’avait pas été si délicat puisque nous rencontrons des difficultés. « C’est génial ! Enfin, non, je suis désolée que vous ayez quelques petites difficultés mais c’est chouette, un môme. » J’esquisse un sourire gêné et pour cause : je n’ai pas envie de faire comme si c’était fait. Une sorte de superstition s’empare de moi tandis qu’elle me félicite déjà et j’imagine déjà que de m’avancer risque de nous porter malchance à Damon et moi dans cette aventure. « C’est pas encore fait… Notre spécialiste est optimiste, y’a une technique qui se prête bien au genre de problème qu’on a… » Je ne précise pas la nature du problème, tout comme je ne lui dit pas que Damon est celui qui est proche de l’infertilité, pas moi. Je n’ai pas envie de lui donner des armes supplémentaires pour railler mon mari. Je doute de toute façon qu’il apprécie que je confie ce genre de chose à Molly. « Mais c’est pas fait, quoi. J’ai pas envie de nous porter la poisse en disant que je serai enceinte bientôt. » Spoiler alert : cela ne sera pas le cas, même si je l’ignore encore. « J’aurais voulu être maman pour mon prochain anniversaire. » Le nôtre, mais le détail importe peu pour moi. « Maintenant, je me dis que si le bébé pouvait être là pour noël de l’an prochain, ce sera déjà un petit miracle. » Un miracle auquel je crois encore puisque j’essaie de rester optimiste et d’attirer les choses simplement en les manifestant. « La gueule d’ange qu’il va se payer avec vos gènes. » J’esquisse un sourire, faisant mine d’être touchée et gênée quand, dans les faits, bien sûr que j’ai déjà pensé à ça. J’imagine un petit ange blond qui court partout dans notre nouvelle maison et mon cœur est déjà conquis. « Tout ce que je veux, c’est surtout qu’il ou elle ait un peu plus de chance que nous deux dans la vie. » Surtout dans ses premières années. Et, pour la première fois, j’inclue Molly dans ce constat. Certes, elle n’a pas passé ses premières années de vie en foyer ou en famille d’accueil et elle n’a certainement pas souffert de sa situation comme j’ai souffert. Mais si elle n’a pas manqué de ses deux parents, elle a tout de même grandi sans mère et cela reste le genre de tragédie que je ne souhaite pas à mon enfant. Je veux qu’il ait l’enfance parfaite que je n’ai pas eue, sans aucun accroc. « Il fréquentera les meilleurs écoles, sera inscrit à toutes les activités extra-scolaires qu’il veut… Tu vois le topo. Je veux vraiment pouvoir lui donner le meilleur. » Et avec Damon à mes côtés, je sais déjà que j’y parviendrai sans que cela ne constitue un défi.

dans kidney, y'a presque kindness

@Megan Williams  
gif par unknown

« c’est pas encore fait… notre spécialiste est optimiste, y’a une technique qui se prête bien au genre de problème qu’on a… », et molly acquiesce silencieusement d’un signe de tête, comme si elle comprend tout ce que sa sœur lui dit, comme si elle comprend ce que cela signifie. Spoiler ! elle en a aucune putain d’idée. Elle ne sait pas quel est le souci du couple, elle ne sait pas non plus combien cette situation peut être compliquée. Elle n’en sait rien mais fait tout comme si. « c’est pas fait, quoi. j’ai pas envie de nous porter la poisse en disant que je serai enceinte bientôt. j’aurais voulu être maman pour mon prochain anniversaire. maintenant, je me dis que si le bébé pouvait être là pour noël de l’an prochain, ce sera déjà un petit miracle. » « je suppose que le principal, c’est qu’il vienne un moment ou un autre. noel serait un petit bonus. » attendez-là, molly vient de dire quelque chose de plutôt sympa et de sincère. Bon sang ! il va être temps de repartir en soirée et de retrouver sa normalité mais les mômes, ça fait toujours son petit effet sur elle. elle aime bien les enfants, c’est con mais c’est comme ça. elle doit être aussi irresponsables que les gamins. Elle les comprend. Ou alors simplement la candeur d’un être pas encore pourri par cette foutue vie ; choisis ton interprétation.

« tout ce que je veux, c’est surtout qu’il ou elle ait un peu plus de chance que nous deux dans la vie. » « c’est pas placer la barre bien haut », lance-t-elle avec ironie, un éclat de rire. pas comme si leurs parents avaient essayé de faire quoique ce soit … elle aime son père, molly… mais avec un peu de recul, elle se rend compte qu’elle s’est élevée seule … voilà le résultat. « il fréquentera les meilleurs écoles, sera inscrit à toutes les activités extra-scolaires qu’il veut… tu vois le topo. je veux vraiment pouvoir lui donner le meilleur. » « que vous soyez là pour lui sera déjà bien que ce qu’on a eu --- vous allez gérer ça, c’est sur --- », elle acquiesce d’un signe de tête, « et ça fera de moi la tata la plus cool du coup ? », son sourire s’élargit … et sans doute que les battements de cœur de megan s’accélèrent à l’idée d’avoir son bien le plus précieux auprès de molly … ouille.

dans kidney, y'a presque kindness
Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/ferrisbuellers

Je réalise que j’en dit trop, et pas uniquement parce que les détails n’intéressent pas ou risquent de ne pas être compris. Jo est en tournée et Shiloh est une éternelle optimiste, ce qui rend le fait de lui confier des difficultés un peu difficile. Je n’ai pas envie d’entendre un ça finira par marcher sans fondement autre que son besoin que tout finisse bien. Je l’aime de tout mon cœur, mais je me retrouve un peu seule avec la désillusion que je dois gérer par rapport à cette grossesse et, sans le réalise, je me suis épanchée auprès d’une Molly qui n’est pas ma confidente. Dans une autre vie, elle aurait pu l’être mais, dans celle-là, je n’ai pas entièrement confiance en elle. Dans ce contexte, je suis soulagée qu’elle ne relève pas, qu’elle se contente de hocher la tête comme si elle comprenait et de ne pas s’attarder sur les détails médicaux de notre situation. Si je devais confier mon ressenti par rapport à tout ça à quelqu’un, cela ne serait pas elle, cela ne doit pas être elle. « Je suppose que le principal, c’est qu’il vienne un moment ou un autre. Noël serait un petit bonus. » Je hoche la tête, avant d’ajouter. « Oui, c’est sûr, mais dans cette situation, mieux vaut tard que jamais, c’est un peu déprimant. » Parce que je veux un enfant maintenant, que je ne veux pas avoir à gérer des années de bataille pour réaliser ce nouveau rêve. Je suis consciente que certains couples se battent pendant parfois une décennie, mais je ne sais pas si Damon et moi aurions la force de le faire, si cela ne finirait pas par abîmer notre couple. J’ai confiance en lui et en nous. Mais nous avons déjà affronté assez d’épreuve pour une vie, non ? Tout le monde ne vit pas une tentative de meurtre du père/oncle du marié le jour de la cérémonie, cérémonie quasi factice de surcroît puisque le marié n’aimait alors pas encore la mariée.

« C’est pas placer la barre bien haut. » Elle sourit, elle rit même, mais elle est certainement loin de se douter de ce que cela implique d’avoir grandi avec Billie. Finalement elle a été la plus chanceuse des deux, si elle avait été à ma place, elle ne serait pas capable d’en plaisanter. Le sourire que je lui retourne en guise de seule réponse est pincé, mais je ne surréagis pas : je viens après tout de lui annoncer que même s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort, je ne lui donnerais pas l’un de mes reins. On m’a assez pris, je suis incapable de donner davantage désormais. « Que vous soyez là pour lui sera déjà bien que ce qu’on a eu… Vous allez gérer ça, c’est sûr. » - « Merci. Damon sera un papa génial. » De ça, je ne doute pas un seule instant. Moi, je suis au moins persuadée que je ferai de mon mieux. « Et ça fera de moi la tata la plus cool du coup ? » A nouveau, mon sourire se crispe un peu. « On ira doucement. » Je ne veux pas trop la brusquer, alors je choisis une semi-vérité. La vraie version, c’est qu’elle n’aura accès à mon enfant qu’après avoir fait ses preuves et, de son point de vue, ce n’est peut-être pas plus mal que la conception prenne plus de temps que prévu. Elle aura au moins besoin de ça pour me convaincre de l’accepter dans la vie de l’être qui deviendra le plus important au monde à mes yeux dès qu’il verra le jour. Elle a l’air en bonne voie, mais je ne suis pas prête à croire qu’elle a vraiment évolué sans en avoir les preuves. « Tu seras la seule, tu pars déjà avec un avantage. » J’ajoute dans un sourire, pour adoucir mes termes en enveloppant ça dans un manteau de mots mielleux. « Tu comprends, du coup ? » Je crois qu’en cet instant, je me soucie moins de ses sentiments que de conserver mon image de fille sympa et parfaite sous toutes ses coutures. « Pour le rein, si don il doit y avoir… Que je pourrais pas, dans ces conditions. » Ces conditions qui m’arrangent bien dans les faits, parce qu’elles me donnent une excuse pour refuser, ce que j’aurais fait dans tous les cas. Et si les miens venaient à cesser de fonctionner à leur tour ? Après tout, peut-être que c’est génétique, comme condition, et on est jamais trop prudent. (ou trop personnelle et égocentrée, dans le cas présent.)

dans kidney, y'a presque kindness

@Megan Williams  
gif par unknown

« on ira doucement. Tu seras la seule, tu pars déjà avec un avantage. » megan sourit et molly, elle, se contente de faire une petite moue même si elle est déçue. Déçue car elle s’imaginait (et espérait) que sa sœur soit en train de sauter au plafond en s’imaginant l’avoir comme alliée, comme potentielle baby-sitter. Elle essaie néanmoins de dissimuler sa frustration derrière une gorgée. Prétendre qu’elle n’a pas le moindre cœur --- pour ne pas montrer ses faiblesses. « tu comprends, du coup ? Pour le rein, si don il doit y avoir… que je pourrais pas, dans ces conditions. » molly repose son verre vide devant elle et plante son regard dans celui de sa sœur jumelle, celle qui pourrait être le parfait donneur soit dit en passant. Elle hausse les épaules, l’air de rien. Un non-événement. Elle n’a rien demandé mais on lui ferme déjà la porte au nez. L’histoire de sa vie --- et aussi la raison pour laquelle elle a appris à les défoncer les portes pour ne pas prendre le risque de se voir tourner le dos. « ouais, c’est bon, ne t’inquiète pas, j’ai compris --- je n'allais pas non plus te demander un rein, Megan. Je ne suis même pas sûre que tu m’apprécies vraiment alors de là à me donner un morceau de toi --- je suis peut-être débile aux yeux de beaucoup, pas débile au point de penser que tu me l’aurais offert sur un plateau d’argent. » Petit tour de passe-passe pour enfiler la casquette de victime. « Et, je ne compte pas crever de si-tôt --- encore moins maintenant que je sais que je vais peut-être devenir « auntie molly » », son sourire s’étire et elle vient poser une main sur le bras de sa sœur, brisant cette distance qu’elles ont pourtant maintenu depuis si longtemps. « Tu vois ? On peut se voir juste pour boire un verre sans se prendre la tête, sans s’arracher les yeux --- tout est possible. » Elle tapote doucement son bras du bout des doigts avant d’héler le serveur pour payer les consommations.