Cette amitié avec Catarina était arrivée dans ta vie à un moment où tu en avais le plus besoin. Le soir du nouvel an, tu te sentais seule, une âme abandonnée alors que tout le monde fêtait avec ami et famille l'arrivée de la nouvelle année. Lorsque tu t’étais levé pour aller donner un coup de main à cette inconnue, tu ne te doutais pas du tout qu’elle prendrait cette importance dans ta vie. Catarina était maintenant cette amie qui savait à peu près tout de toi, qui était présente peu importe ce que tu avais à lui dire. Cette amitié te donnait un souffle nouveau, une bouée à laquelle te rattacher pour pouvoir avancer et te détacher un peu de tes frères avec qui tu avais eût de gros différents depuis le début 2024. Certes, tu ne la voyais pas aussi souvent que tu le voulais avec ton nouveau boulot, mais elle était là et tu étais là pour elle. C’était l’important. Tu avais tellement rêvé longtemps de cette amitié forte et indestructible que tu ferais tout pour la préserver.
Suite à votre échange de SMS du week-end dernier où elle te parlait d’une après-midi à enseigner l’équitation à un ancien camarade d’école, vous aviez décidé de vous voir en ce mercredi soir. Clarence n’avait pas besoin de toi pour rester avec Emilia et tu savais que ton amie fermait son salon de thé vers 18 heures. Lorsque ce dernier arriva à la maison, tu pris le temps de revêtir des vêtements un peu moins ample quoique encore confortable et de donner ton bisou à la jeune fille qui ne voulait pas vraiment te laisser partir. Tu avais de la difficulté à la laisser lorsque tu avais une journée ou deux de congé, mais tu essayais tout de même de prendre du temps pour toi. Ça te permettais de revenir pleine d’énergie et d’idées nouvelles pour des activités les plus intéressantes les unes que les autres. Il fallait que tu passe du temps avec Jonathan également. Ça ne faisait pas longtemps que vous étiez officiellement en couple et tu voulais sincèrement faire des efforts pour que ça fonctionne avec lui. Tu arrivas donc au salon de thé un peu plus tard que tu l’aurais voulu et ton amie en fit rapidement la remarque. « C’est à cette heure-ci qu’on arrive ? » Tu te mis à rire. Tu savais que la ponctualité n’était toutefois pas ta force principale. On te le faisais souvent remarquer. « Tu sais bien que j’aime me faire désirer. » Tu terminas ta phrase avec un petit clin d’oeil. Tu avais bien hâte d’avoir plus d’informations sur comment c’était passé l’après-midi avec le fameux Winston, mais tu avais la décence d’attendre que les clients soient tous partis. Puis, le temps sembla se mettre en mode accéléré. Tu vis Catarina devenir sérieuse en regardant dehors. Tu tourna ton regard vers la scène qui s’y déroulait et n’eût pas le temps de réagir que ton amie attrapa un bâton de baseball et sortit à l’extérieur en furie. Le temps de comprendre ce qu’elle faisait, tu sortis dehors rapidement, mais elle avait déjà la batte dans les airs, prête à frapper l’homme. « Dégages espèce de connard ! Tu te prends pour qui ? Parce que t’es un gros dur tu crois que tu peux taper sur qui tu veux ? » Tu ne reconnais pas ton amie. Elle avait une tellement rage dans les yeux que tu avais peur d’elle, de ce qu’elle pouvait faire. « Cat’ qu’est-ce que tu fais ?! Arrête ! » Tu avais surtout peur pour sa sécurité. L’homme, qui était beaucoup plus grand et plus baraqué que toi et Catarina réunis s’approchait de ton amie. Tu ne serais pas capable de la défendre si jamais il venait à la frapper. « Barres-toi où je te casse cette batte sur la gueule !! » Tu sortis ton téléphone portable, composa le 000 et montra l’écran à l’homme qui continuait de crier et d’être menaçant. « Tu pars immédiatement ou j’appelle la police. Il ne me reste qu’à appuyer sur signaler. » À ton grand soulagement, l’homme décida de quitter sans en demander plus. Tu ne t’en étais pas rendu compte, mais ton coeur allait à toute allure dans ta poitrine. Tu avais vraiment eût peur pour ta meilleure amie. Tu te retourna vers elle, encore sur l’adrénaline de ce que tu venais de vivre. « Tu peux me dire à quoi tu as pensé ?! Le mec faisait trois fois ta grandeur, il aurait pu te blesser sérieusement Cat’. » Tu étais en colère que ton amie se soit mit dans une situation qui était extrêmement dangereuse pour elle.

Lorsque tu avais vu ton amie sortir sa batte de baseball pour aller défendre la femme qui semblait être dans le pétrin, tu fus témoin d’un côté d’elle que tu ne connaissais pas. Ce petit bout de femme enjouée, toujours prête pour la rigolade semble tout d’un coup prise d’une colère et d’une envie de justice que tu n’avais jamais vu venant d’elle. Tu avais été prise de peur que l’homme se retourne contre elle ou même contre toi puisque tu étais présente près d’eux. Il avait l’air pris d’une colère impitoyable. Toutefois, tes menaces semblèrent fonctionner. Lorsque tu lui montra ton téléphone avec le numéro de la police de signalé, il décida de quitter les lieux. Tu effaças le numéro sur ton portable, porta ta main à ton coeur. Tu ne t’en étais pas rendue compte, mais tu étais essoufflée et ton coeur battait à tout rompre. « Je sais pas. Je sais pas… » Catarina se dirigea vers le salon de thé. Tu ne bougeas pas immédiatement, étant encore figé par l’adrénaline qui avait monté en toi lorsque tu avais compris ce qui était en train de se passer. Elle dût te faire signe de la main de la suivre pour que tu te décide enfin de bouger et d’entrain dans la boutique également. « Je suis désolée Ethel… » Tu la regarda, ne dit pas un mot avant de te diriger dans la cuisine du salon de thé. Tu avais besoin de décompresser un peu avant de discuter de l’événement. Il fallait que tu rassembles tes idées pour pouvoir en parler avec Catarina sans la blesser. Tu entrepris de faire chauffer de l’eau dans la bouilloire, attrapas deux poches de tisane que tu mis dans des tasses et fit couler l’eau chaude par dessus. Depuis le nouvel an, tu étais passé plusieurs fois dans le salon et tu te sentais pratiquement comme chez toi. Tu te permettais donc de fouiller dans les choses de ton amie pour vous préparer un breuvage réconfortant. Tu retournas la rejoindre dans la salle à manger, lui tendis sa tasse. « Catarina… Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi t’a un bâton de baseball dans ton café ? » Tu n’avais aucun jugement dans le ton de ta voix. Tout ce que tu voulais, c’est comprendre pourquoi elle s’était mis dans un tel état. Tu comprenais qu’il fallait faire quelque chose pour protéger la femme qui semblait être dans une fâcheuse position, mais quand même pas au détriment de sa propre sécurité. « Tu sais que tu peux me parler hein ? »

Alors que tu interrogeais Catarina sur ce qui s’était passé quelques instants auparavant, tu pris la liberté de t’asseoir sur une table qui était face à elle. Elle tremblait et semblait dans tous ses états. Tu voulais lui laisser le temps pour se remettre de ses émotions, mais tu demandais quand même des comptes. Ce n’était pas ton genre d’agir comme ça normalement, mais elle s’était mise en danger ainsi que toi-même, tu estimais que tu avais le droit de savoir les raisons de ses agissements. « La batte c’est pour me protéger… » Tu te frottas le visage avec tes mains. Tu ne comprenais pas que ton amie sente le besoin d’avoir un batte de baseball dans son salon de thé alors que le taux de criminalité n’était pas très haut à Brisbane. Il y avait bien quelques vols ici et là, mais rien qui pouvait justifier d’avoir ce genre d’objet contondant dans son commerce. « On est à Brisbane ici, pas au Venezuela. Tu sais que le taux de criminalité n’est pas vraiment élevé ? » Ça ne te ressemblais pas de minimiser le ressenti des gens, mais tu étais encore sous le choc de l’événement toi aussi. Tu ne comprenais toujours pas ce qui avait amené Catarina à vouloir utiliser son bâton contre l’inconnu alors que si elle avait vraiment voulu se protéger elle-même, elle aurait barré la porte du salon de thé et aurait appelé la police. « J’ai cru qu’il allait la frapper et ça m’a… Je pouvais pas le laisser faire… » Tu sentais qu’elle essayait vraiment de t’expliquer ses agissements du mieux qu’elle le pouvait, mais que ce n’était pas facile pour elle. Tu gardais le silence, lui laissant le temps de rassembler ses idées sans la bousculer. « J’aurais aimé que quelqu’un soit là pour moi, j’pouvais pas la regarder subir sans rien faire… » Tu te raidis en entendant ses mots. Et tout d’un coup, tout devint clair. Elle ne cherchait pas de petit ami pas parce qu’elle était bien seule, mais parce qu’elle avait vécu une relation toxique. Elle venait de te larguer une bombe et tu ne t’attendais pas du tout à cette révélation. Ton amie avait été frappée par son ex et personne ne l’avait aidée. Tu ne savais pas encore toute l’ampleur de ce qu’elle avait vécu, mais tu te leva et alla prendre Catarina dans tes bras. Tu la serrais de toutes tes maigres forces. Tu n’avais plus peur qu’elle constate que tu étais trop maigre, tout ce que tu voulais, c’était qu’elle sente que maintenant, elle n’était plus seule et que jamais tu laisserais quelqu’un lui faire du mal. Tu ne ressentais pas de la pitié pour Catarina, non. Tu ressentais seulement une colère vive contre celui qui avait osé s’en prendre à cette femme qui avait maintenant tant d’importance dans ta vie. « Je m’excuse d’avoir réagi si fort. Je ne savais pas. »

Catarina, tu la connaissais seulement depuis janvier. Tu avais toutefois l’impression que vous vous connaissiez depuis beaucoup plus longtemps, à vous envoyer des SMS comme des gamines, à vous dire à peu près tout et à passer du temps ensemble sans avoir nécessairement des activités de prévues. C’était simple avec elle, tu avais été immédiatement à l’aise et tu avais l’impression que peu importe ce qui se passerait, tu pouvais compter sur elle et l’inverse était plus que vrai. Toutefois, tu te rendais compte que ce n’était pas le cas. Tu ne la connaissais pas sous toutes ses coutures et l’inverse était également vrai puisqu’elle n’était pas au courant pour ton trouble alimentaire. « Tu pouvais pas savoir… » Tu ne pouvais pas savoir, mais tu regrettais ta réaction trop forte. Ce n’était pas ton genre d’agir de cette manière sans avoir toutes les cartes en main et tu venais de te prouver encore une fois qu’il fallait que tu fasses attention pour ne pas blesser personne. « Mon ex… Mon ex m’a étranglé… Il a posé ses mains sur mon cou et il a serré… » Tu ne savais pas quoi faire de cette information. Une colère sourde montait graduellement en toi et même si tu n’avais jamais été violente, tu avais une soudaine envie de retrouver cet homme et de lui donner la raclée de sa vie. En fait, tu ne pouvais pas l’appeler un homme puisque s’il en était un, il n’aurait pas touché à une femme. C’était un lâche, une ordure, un faible… Tu étais sans mot. Tu avais serré les poings, essayant de reprendre le contrôle tranquillement pour te concentrer sur Catarina. Le fait qu’elle ait porté ses propres mains à sa gorge avait accentué ses paroles. « Ça a pas duré longtemps, mais j’ai eu si peur Ethel, j’ai cru que j’allais mourir dans notre appartement parce que je lui avais demandé de mettre ses slips dans la panière… » Peu importe la raison pour laquelle il avait perdu patience, qu’il avait osé violenter sa petite amie, il n’avait pas le droit de faire ça. Il n’avait pas le droit de tenter d’exercer ce contrôle sur elle, de la réduire à un statut de servante. Ça dépassait tout entendement. « Et le pire c’est que je m’en veux encore aujourd’hui, j’arrête pas de me dire que si je lui avais pas demandé, il aurait jamais fait ça… » Tu releva les yeux vers elle, passa ta main derrière son dos pour tenter de la rassurer, d’apaiser ses larmes qui te faisaient si mal. « Mais ce n’est tellement pas ta faute Catarina. S’il a posé ce geste pour une demande banale comme celle-là, il l’aurait fait un jour où l’autre. » Tu essayais de choisir des mots qui ne blaisseraient pas ton amie, qui ferait en sorte qu’elle ne se sentirait pas jugé, mais Ethel avait de la difficulté à comprendre pourquoi elle se sentait si coupable. « Personne n’a le droit d’être violent avec les autres pour quelques raisons qui soit. Et ce verbalement ou physiquement Cat’. Personne au monde ne devrait se donner le droit d’écraser quelqu’un d’autre. »

Même si les révélations de Catarina te faisaient mal et te mettaient en colère, tu te sentais choyé qu’elle te fasse suffisamment confiance pour te révéler les détails de ce qu’elle avait vécu. Elle aurait pu simplement choisir d’inventer une histoire pour justifier sa réaction ainsi qu’un bâton de baseball dans son salon de thé et tu savais pertinemment que, un coup la peur redescendue, tu l’aurais cru sans demander plus de détail. Toutefois, sa franchise te faisait chaud au coeur et te confirmait à quel point tu pouvais compter désormais sur son amitié sans limite. « On s’est pris la tête, parce que ça n’arrêtait pas à ce moment-là, la moindre petite chose le rendait fou et j’ai pas pu garder cette réflexion pour moi… » Tu avais de la difficulté à comprendre pourquoi les gens en venaient à s’en prendre physiquement à d’autre. Tu n’avais jamais vraiment eu à gérer de grosses crises lorsque tu étais en couple puisque tu n’avais jamais vraiment eu de petit ami sérieux. Lorsque quelque chose ne faisait pas ton affaire, tu étais rapidement à jeter l’éponge, préférant finalement être seule que devoir faire des efforts sans bon sens pour plaire à l’autre et au final changer ta personne du tout au tout. Une chose était sûre, c’était que le respect était une valeur importante pour toi et peu importait ce qui pouvait se passer entre deux personnes, jamais tu n’accepterais que quelqu'un te fasse du mal. « Je lui ai tout de suite dit que c’était terminé entre nous et j’ai cherché un nouvel appartement… Mais je l’ai revu, parce que j’étais tellement amoureuse Ethel… Je pensais qu’on allait se marier, qu’on aurait des enfants, qu’on ouvrirait notre cabinet de vétérinaire ensemble, c’était l’amour de ma vie… » Tu avais l’impression qu’elle était honteuse, qu’elle avait peur de t’avouer qu’elle avait revue son ex-petit-ami après qu’il l’ait étranglé et que tu puisses la juger. Toutefois, tu ne pouvais pas le faire, t'étais qui toi pour décider comment quelqu’un devait réagir suite à une tragédie de la sorte ? Tu avais beau dire que tu n’accepterais jamais que personne ne te fasses du mal, mais tu ne pouvais pas en être sûre tant que tu ne l’avais pas vécu. « J’aimerais te dire que je te comprends, mais tout ce que je peux faire, c’est t’offrir mon support pour t’aider à guérir. Tu es forte Catarina et peu importe que tu l’ais revu ou non après. L’important c’est que tu ais décidé de te mettre en sécurité. » Tu espérais seulement qu’elle n’avait pas en tête de retourner avec lui. Tu ne pourrais jamais dormir en paix si tu savais que ton amie s’était remise en couple avec son bourreau. Tout d’un coup, tout ce que te disais Catarina par SMS quand tu la charriais avec Winston te revint en tête. Tu comprennais maintenant pourquoi elle te disait être bien seule et ne pas avoir besoin de personne pour faire quoi que ce soit.

Tu étais une pacifique. Tu détestais la violence physique autant que verbale. Pour toi, il n’y avait aucune raison de faire du mal à des gens. Pourtant, tu acceptais trop souvent des remarques blessantes que ton frère aîné pouvait avoir envers toi sans en être vraiment conscient. Toutefois, tu n’acceptais pas que tes proches soient victimes d’une quelconque forme de maltraitance. L’ex de Catarina avait de la chance que tu n’ais pas été dans sa vie lorsqu’ils étaient en couple puisque tu lui aurais certainement dit ta manière de penser. Tu n’aurais pas supporter de savoir que ton amie supportait des choses comme ça de sa part et savoir qu’elle n’avait pas eût personne pour l’aider dans cette période de donnait la nausée. Tu essayais de rester calme, de contenir tes paroles. Tu ne connaissais pas l’ex de Catarina, tu ne voulais pas qu’elle se sente coupable non plus de s’être confiée. Soudainement, elle vint se blottir dans tes bras. Tu la serra le plus fort que tu le pouvais contre ta maigre cage thoracique. Tu voulais qu’elle sente au travers de cette étreinte le support que tu voulais lui apporter, le réconfort que tu essayais d’être pour elle depuis qu’elle t’avait confié son secret. Tu étais frêle, maigre, mais tu voulais être cette épaule où elle pouvait se reposer lorsqu’elle ressentait le besoin de le faire. Tu restais là, avec ton amie dans tes bras sans bouger ni parler, jusqu’à ce qu’elle bouge par elle-même et qu’elle casse le silence en continuant de se confier. « J’ai cru que d’enfouir ça me permettrait d’aller mieux, mais j’avais tort. » Tu avais le goût de lui dire que tu comprenais parfaitement. Que même si ce n’était pas la même chose, tu avais également essayer d’enfouir la détresse dans laquelle tu étais plongée depuis la mort de Jackson, que tu avais essayé de cacher ton trouble alimentaire à tout le monde en te disant que ça passerait tout seul, mais au final, rien n’était réglé. C’était difficile de mettre un genou au sol, d’avouer aux autres que l’on avait besoin d’aide… « Si j’ai personne depuis deux ans c’est pas juste parce que je suis bien toute seule… J’y arrive pas… Un baiser ça va, une caresse aussi, mais dès que c’est plus, c’est une torture… » Tu aurais tellement voulu aider ton amie à se défaire de ce traumatisme que lui avait infligé son ex. Toutefois, tu n’étais pas thérapeute… Et tu détestais penser que c’était le seul moyen pour elle de guérir puisque tu avais toi-même refusé plus d’une fois d’en consulter un. Tu ne savais pas comment apporter l’idée pour qu’elle ne la rejette pas en bloc comme tu avais fait quand Nina t’avait mentionné que tu devais le faire pour ta propre santé. « Est-ce que tu as déjà pensé à l’éventualité d’aller voir un spécialiste ? Je ne veux pas que tu crois que je te pense folle ou quoi que ce soit. Je sais seulement qu’il y a des gens formés pour apporter de l’aide à ceux qui ont des histoires semblables à la tienne… » C’était dit… Il ne te restait plus qu’à espérer qu’elle ne t'envoie pas promener…

Tu n’avais jamais été face à quelqu’un qui avait vécu de la violence. C’était difficile pour toi de savoir quoi dire, quoi faire pour ne pas blesser Catarina, mais en même temps, elle voulait tellement l’aider. Tu l’écoutais, la serrais dans tes bras, essayais de voir qu’est-ce que Catarina avait vraiment besoin à ce moment-là pour passer au travers de ses confessions. Toutefois, tu n’étais pas une thérapeute et tu savais que ce que tu pouvais faire pour elle était limité. C’est donc en marchant sur des oeufs que tu lui fis part de ton idée. « J’y ai pensé, mais ça voulait dire qu’il y avait un problème et je voulais pas le voir… Je vais essayer de voir si je trouve quelqu’un pour m’aider face à ça… » À ton plus grand étonnement, Catarina n’opposa aucune résistance à ton idée. Tu avais toi-même pratiquement hurlé au visage de Nina lorsqu’elle t’avait proposé d’aller consulter un professionnel pour ton anorexie. Il était évident que ton amie comprenait très bien ses difficultés et qu’elle venait de faire comprendre qu’elle ne pourrait pas vivre toute sa vie sans aller chercher de l’aide. « Peut-être que Clarence connaît quelqu’un ? Si tu me donne la permission, je pourrais lui demander en préservant ton anonymat bien sûr. » C’était important pour toi que Catarina ne se sente pas bousculée par ton offre. Si elle ne désirait pas que tu en parles à ton patron qui était maintenant également un ami, tu ne le ferais pas. Tu voulais garder sa confiance, mais en même temps, tu te doutais que la première personne qui sortirait sur google en tapant thérapeute pour victime de violence conjugale ne serait peut-être pas la plus qualifiée pour l’aider. Tu voulais t’assurer qu’elle ait quelqu’un qui saurait vraiment comment faire pour l’aider et non pas un charlatan qui se contenterait d’encaisser son argent. Peut-être même que par la suite, de voir que ton amie prenait sa vie en main te pousserait à faire de même. Tu pourrais peut-être également te mettre à consulter ? Tu savais très bien que tu avais plus d’un côté à travailler. Il y avait bien ton anorexie, mais tu savais qu’il faudrait que tu creuse beaucoup plus profond si tu souhaitais vraiment t’en sortir. Peut-être même devrait tu en parler à Cat ? Mais ce n’était pas le moment. Elle venait de te confier son secret, tu ne voulais pas l'importuner avec le tien. « Après toutes ces émotions, tu as le goût qu’on ait prendre un verre quelque part ou qu’on ait mangé une bouchée ? » Après tout, tu pouvais bien faire cet effort pour elle.