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@Asher Thornhill -  crédit/chrissiewatts

(juillet 2024) — C’est une véritable tempête sentimentale qui a soufflé un vent d’indécence amoureuse dans l’appartement du musicien, sitôt que les deux amants réunis en ont passé le seuil. Tenu trop longtemps éloigné de son compagnon, il l’a dévoré de baisers et de caresses en lui soufflant des mots d’amour que l’anglais est bien le seul à pouvoir entendre, en essayant de compenser l’absence éprouvée durant leur rupture ; il lui fallait se nourrir de sa peau, de son odeur et de son corps duquel ses mains ne pouvaient se tenir éloignées, comme s’il craignait que Ash lui échappe de nouveau. Les draps se sont froissés sous leurs étreintes passionnées, mais leurs coeurs se sont peut-être un peu réparés dans la bataille suave de leurs corps, si bien que, après mille aveux amoureux répétés entre deux baisers, les deux amoureux se sont endormis l’un contre l’autre, dans un méli-mélo de jambes, bras et mains entremêlés puisqu’il fallait, coûte que coûte, sentir la présence de l’autre contre soi.

Et même s’ils ne remettent pas officiellement l’étiquette du « couple » sur leur relation, c’est en tenant la main de son guitariste que le pianiste quitte son appartement en début d’après-midi, ses doigts libres se glissant dans ses boucles brunes tandis qu’il l’interpelle, entre l’attendrissement et l’amusement ’’Tu vas le revoir d’ici quelques heures, tu sais ? Tout se passera bien, ne t’inquiète pas, on fait vite.’’ après avoir fait six fois le tour de leur logement pour s’assurer que le chaton ne risquait rien, c’est en direction du centre commercial qu’ils se dirigent, avec une liste longue comme le bras pour satisfaire les besoins du nouveau venu dans leur famille ; heureusement que la cohabitation avec Luna et Sol se passent plutôt bien pour l’instant, même si l’une le considère déjà comme son enfant et le deuxième le toise avec mépris - ceci dit, rien de surprenant de la part du chat qui est aussi capricieux que son maître. ’’Il est trop petit pour ça, non ?’’ puisque le jouet qu’il tend en direction de l’anglais est plus gros que le gabarit du félin, probablement que oui : il le réalise suffisamment tôt pour le reposer en faisant une petite moue déçue, puisque cette peluche en forme de taupe est drôlement attendrissante. ’’C’est toi qui as pris la liste, rassure-moi ?’’ il faut le rassurer parce qu’il n’y a pas penser, mais nul doute qu’il va râler sans honte si Asher l’a également oublié. Mordillant finalement le coin de sa lèvre, il balaye les rayons du magasin animalier d’un regard ennuyé, puisque son esprit a une tout autre idée en tête, et il ne tarde pas à frotter l’arrière de sa nuque en disant, l’air de rien, comme s’il venait tout à coup de s’en rappeler alors qu’il y a pensé durant tout le trajet en voiture (peut-être même avant, d’ailleurs) ’’Il y a une boutique de bonbons ici, je vais juste voir si elle est encore là !’’ pour adoucir son départ - et le fait qu’il laisse son peut-être-futur-nouveau-petit-ami gérer la liste seul, il englobe son beau visage entre ses paumes pour déposer un baiser sur ses lèvres, souriant contre celles-ci lorsqu’il lui lance un regard complice sans encore s’éloigner. ’’Je reviens.’’ qu’il prononce d’un ton plus calme avant de s’éloigner, ne pouvant résister à l’appel des sucreries qui, quelques étages plus haut, crient son nom. Et si, c’est vrai, faut juste tendre l’oreille pour les entendre !

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(juillet 2024) — À les voir déambuler ainsi dans les rayons de peluches et autres babioles destinées aux animaux, difficile d’imaginer que les deux amoureux qui se tiennent la main pour obtenir un lien concret et physique entre leurs deux corps, qui se chamaillent sur le choix des jouets et qui se dévorent des yeux avec tendresse, étaient encore en guerre il y a moins de 24h. Les rancoeurs et difficultés n’ont pas été balayées sous le tapis avec l’intention d’être ignorés jusqu’à la fin des temps mais, après deux mois passés loin l’un de l’autre, la trêve amoureuse leur permet de souffler l’ère de l’apaisement ; ils auront tout le temps d’aborder les sujets qui fâchent, qui blessent et qui ternissent encore la relation qu’ils tentent de reconstruire, et dont les nouvelles fondations ont été érigées la veille. ’’J’y compte bien.’’ il lui répond par la promesse d’un sourire amoureux avant de s’éloigner d’un pas léger et tranquille, puisque l’insouciance orne ses traits en cet instant ; qu’est-ce qui pourrait leur arriver ?

En ce début d’après-midi, le centre commercial est largement peuplé, principalement par des familles qui déambulent en tenant la main des enfants qui se pressent devant les vitrines affichant des bibelots et oursons qui, parfois, font le double de leurs tailles, en les montrant du doigt pour réclamer la peluche aux parents qui, le nez dans leurs emplettes, détournent l’attention des bambins en les pressant dans les allées. Lui, glissant ses mains dans les poches de son sweat blanc, traverse la galerie en accélérant le pas pour rejoindre la boutique de confiseries, dans laquelle des cris d’enfants résonnent lorsqu’ils tentent de négocier un sachet plus gros, souvent concédé par les adultes dépassés par les caprices. Laissant un léger sourire amusé prendre possession de ses lèvres, il commence son périple gourmand en prenant un petit réceptacle qui se retrouve rapidement garni de bonbons en tous genres, bien que principalement piquants et acidulés, sans véritablement faire attention à ce qu’il se passe dans son environnement proche, si bien que lorsqu’un sifflement strident traverse son oreille droite en lui fronçant froncer les sourcils, aucune pensée ne peut se greffer à ce qu’il entend : ce n’est d’abord qu’un grondement sourd et presque lointain, l’oscillation anormale des murs qui se mettent à trembler en immobilisant ceux qui sont vivants. À l’intérieur de la boutique, le temps s’est figé et suspendu, les mains, les phrases, les idées, et avant même qu’il ne puisse battre des cils, la déflagration se produit avec un vacarme assourdissant : le mur derrière la caisse gondole puis éclate, et les flammes envahissent la pièce en même temps que la fumée épaisse et noire. Mais personne n’a eu le temps de voir l’explosion provoquée par une machine située dans l’arrière-boutique, puisque l’onde a forcé tous les corps à plier sous sa force. Sous l’assaut, les récipients en verre, lourds des confiseries à porter, ont quitté leurs étagères pour s’écraser sur le carrelage, en tombant parfois sur les clients pris au piège. Il ne sait pas combien de ces bocaux en verre lui sont tombés dessus mais, quand il se redresse péniblement en prenant appui avec ses deux mains tremblantes et écorchées, il comprend bien qu’il doit avoir une plaie quelque part au visage puisque sa vue est obstruée par un liquide épais qu’il identifie rapidement comme du sang, mais ce n’est clairement pas ce qui l’inquiète le plus sur le moment. Le nuage de poussière, épaisse fumée noire qui ne permet guère d’identifier ce qui se trouve devant lui, l’oblige à agiter machinalement l’une de ses mains devant son visage tandis que l’autre essaye d’essuyer le sang qui dégouline de ses longs cils, et c’est ainsi qu’il réalise, avec tout l’effroi qui vient saisir son ventre en se mêlant à la peur primitive, qu’il a des morceaux de verres flanqués dans la peau - pas dans l’oeil, heureusement, mais toucher ces épines pointues qui ont pénétré sa chair est suffisamment douloureux pour qu’il entende son propre hurlement à travers ceux des autres, alors que ses oreilles bourdonnent d’un tambour assourdissant. ’’Ahhh… Putain…’’ sa voix n’est pas suffisamment forte pour être entendue par autrui mais, alors qu’il s’immobilise en apportant ses deux mains sur son front, il tente de définir les contours de sa blessure, sans trop savoir pourquoi il a le besoin irrépressible et instinctif d’en avoir une image mentale tout de suite ; de ce qu’il sent sous ses doigts tremblants, les morceaux sont incrustés dans sa tempe et s’érigent vers son crâne. Rien de grave, en somme, mais la douleur l’oblige à refermer son oeil puisque sa peau tiraille fortement, et comme il constate que ses mains sont couvertes de sang, il imagine que son visage est dans le même état déplorable. Mais il n’a pas tellement le temps de s’en formaliser puisque, le bourdonnement dans ses oreilles s’estompent et il entend enfin, comme si on l’avait reposé dans sa réalité, les pleurs terrifiés des enfants, les cris des blessés, le silence de ceux qui ne bougent pas. ’’Allez…’’ malgré la pénombre étouffante, puisque la fumée toxique vient brûler ses poumons en le faisant tousser d’une manière tout à fait incontrôlable, l’australien attrape le bras de quelqu’un qu’il discerne à peine dans l’obscurité, mais qui accroche sa main et son sweat en donnant l’impression de le supplier de lui venir en aide avec son regard larmoyant ; il s’y emploie, Izan, même si cela lui demande un effort inconsidérable puisqu’il peine à voir où il marche et éprouve une sensation de morsure particulièrement douloureuse dans sa cage thoracique, mais puisqu’il croit discerner la sortie, il soutient la personne blessée avec la force qu’il lui reste, en se dirigeant vers celle-ci mais… L’incendie a envahi tout l’avant de la boutique, et les deux portes sont bloquées par un mur de flammes qui lèchent jusqu’au plafond déjà noirci, en envahissant leurs oreilles de crépitements macabres, comme des dents menaçant de les mordre eux aussi, et de les réduire en cendres. ’’Ça va aller…’’ Il y a un cap très net, dans la panique qui se saisit de lui, au moment où il comprend qu’il est piégé dans l’incendie qui ne cesse de gagner du terrain, comme un conquérant qui terrassent tous les obstacles qui osent se dresser sur son chemin. Mais il n’est pas capable de réfléchir, comme si son cerveau, privé de l’oxygène nécessaire à sa survie, ne répondait plus correctement, de la même façon que si quelqu’un l’avait débranché. À cet instant précis, les notions du temps et de l’espace semblent s’être envolées, abolies au profit de l’horreur du moment : ici, maintenant, tout ce qu’il voit, tout ce qu’il sent, c’est la chaleur étouffante des flammes qui se rapprochent, et il devrait penser à sa propre survie, puisque l’instinct voudrait que sa soif de vie soit plus forte que le reste mais, c’est vers l’homme qu’il aime que ses pensées voguent. Une absurdité amoureuse qui ne le fait pas vraiment réagir, mais qui ne l’aide pas non plus à échapper au brasier qui se propage en camouflant désormais le monde extérieur.
La personne qu’il tient partant presque à la renverse, il est entraîné dans la chute sans possibilité de s’y soustraire, et tente d’amortir le choc en tombant sur ses genoux, étant pris d’une quinte de toux qui lui donne l’impression, l’espace d’un instant, que le feu a réussi à atteindre ses poumons. La boutique n’est plus qu’une carcasse fumante, la stèle des larmes, des cris et de la peur. Tout est consumé par les flammes mais, alors qu’il lutte pour ne pas se laisser submergé par la sensation de brûlure dans sa gorge, si bien que même avaler sa salive est rendu douloureux, il aperçoit des mouvement et des lumières au-delà du mur rougeoyant…

Le musicien n’avait jamais été l’un des protagonistes forcés du théâtre d’un incendie : aussitôt extirpé de la boutique poussiéreuse, dans laquelle les murs menacent de s’effondrer tant ils ont été fragilisés par les flammes, il est saisi par la désolation environnante du centre commercial déserté. Dans la galerie vide, les vitrines sont toujours illuminées avec les oursons réclamés par les enfants et les murs sont toujours propres et blancs, comme si l’horreur avait été contenu à un seul endroit, mais le silence ne trompe pas l’odeur suffocante de brûlé qui emplit ses narines. Mais si la sensation d’irradiation dans le haut de son torse n’est guère soulagée, étant même plutôt aggravée par l’air qui s’engouffre dans sa gorge en lui donnant l’impression d’une flambée sur une lésion à vif, il tâtonne dans les poches de son sweat pour en sortir son téléphone avec urgence, n’ayant qu’une seule idée en tête : entendre la voix de Ash ; malheureusement pour lui, l’état du portable ne lui donne aucunement la possibilité de s’en servir. Et comme cette frustration mêlée à l’inquiétude ne lui convient guère, il commence déjà à s’éloigner de l’unité de soin mis en place en catastrophe sur le parking du centre commercial, ignorant les débris de verre dans sa peau, la douleur ressentie sur tout un côté de son crâne, en tâchant de faire quelques pas pour tenter de retrouver son homme, une main appliquée sur son torse endolori et l’autre refermée en poing contre ses lèvres sèches, qui retiennent quelques toussotements rauques. Ash a sans nul doute été évacué bien avant lui - et heureusement, mais où est-il à présent ?

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(juillet 2024) — ‘’Vous allez où comme ça ?’’ c’est une excellente question sûrement pas très loin puisque son souffle trop court ne lui permet pas de s’éloigner à grande vitesse, et il ne trouve même pas la force de protester quand on l’entraîne en direction d’un brancard, le secouriste affichant la mine sérieuse des jours de grande tension. Puisqu’il est quand même soulagé de savoir qu’on va lui ôter ces débris de verre, Izan se laisse faire en fronçant ses sourcils avec une appréhension presque enfantine, puisqu’il redoute le moment où la morsure du verre ôtera ses dents aiguisées plantées dans son épiderme. Mais c’est finalement ses poumons qui sont l’objet des premières considérations, même si l’écoute au stéthoscope semble être plutôt rassurante, car le médecin ne se met pas à hurler en appelant du renfort. Rassurant, donc, mais pas au point de lui éviter le masque à oxygène pendant quelques minutes, afin de soulager ses poumons encombrés ; comprenant qu’il n’a pas vraiment le choix et qu’il lui faut obéir, le pianiste appuie l’arrière de son crâne contre le dossier du brancard, se pliant aux bons soins appliqués à sa tempe en luttant pour ne pas s’endormir avec la respiration mécanique qui allège considérablement la douleur irradiée dans le centre de son buste. Ses paupières s’alourdissent puisque l’adrénaline et l’angoisse mélangées l’ont considérablement épuisé, mais il ne ferme jamais les yeux plus de quelques secondes, jouissant néanmoins d’une somnolence suffisante pour ne pas sentir la pince qui vient, avec une précision chirurgicale, retirer chaque débris de verre qui a creusé une plaie dans sa peau tâchée de son propre sang. Le secouriste ne prend, d’ailleurs, pas vraiment la peine de nettoyer son visage plus que nécessaire : la compresse stérile à certes désinfecté la surface des plaies mais, le long de sa tempe, jusqu’à sa mâchoire, sur sa paupière, sa joue et même sa gorge, le liquide vermeil à sécher. Il a échappé au pire, il le sait, Izan, mais il ne parvient pas à se sentir totalement soulagé puisqu’une question demeure : où est Asher ?

Son sweat, originellement blanc, est désormais entravé par de larges traces noires de suie et de son propre sang, mais il ne pense même pas à le retirer lorsqu’on le libère enfin ; combien de temps a passé depuis sa sortie du brasier ? Il n’en a aucune idée tant son cerveau est fragmenté ; un côté fonctionne à toute vitesse tandis que l’autre tourne au ralenti. Les deux sont néanmoins d’accord sur le fait qu’il leur faut retrouver l’anglais et vite, mais la question est de savoir où chercher. On lui a précisé qu’il devait attendre à un endroit précis, puisqu’une ambulance allait venir le chercher pour le conduire à l’hôpital afin d’y subir des examens complémentaires mais, échappant à la vigilance des secouristes débordés, Izan rejoint la foule compacte rassemblée sur le parking, en tenant la bouteille d’eau qu’on lui a donné quelques minutes plus tôt. Il a essayé de l’ouvrir mais il manque cruellement de force,  et n’a pas la présence d’esprit de demander de l’aide puisque, sa seule idée est de rejoindre le véhicule avec lequel ils ont fait le déplacement ; le chemin à parcourir n’est pas bien long mais, exténué, il a l’impression que c’est un véritable périple et, de mémoire, il ne s’est jamais senti aussi fatigué qu’en cet instant. Il a l’impression d’avoir passé plusieurs semaines sans dormir, mais l’épuisement accablant ne l’empêche pas d’essayer de traverser la foule de curieux, sans véritablement se préoccuper de son état déplorable…La seule chose qu’il veut est le retrouver, lui.

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(juillet 2024) — Si des regards alarmés se tournent en sa direction, il n’en voit rien, Izan, bien trop occupé à progresser au milieu de la marée humaine pour véritablement se rendre compte qu’il a l’air de sortir d’un film d’horreur, puisque son cerveau n’a peut-être pas encore totalement refait le fil des derniers évènements en les superposant au calque de sa propre réalité. Il a conscience qu’il vient d’échapper à quelque chose de terrible, mais peut-être est-il encore trop assommé par le choc pour véritablement se rendre compte de tout ce que cela implique, autant physiquement que mentalement. Dans l’élaboration de ses priorités, il a d’abord vérifié l’état de ses mains tout en marchant vers leur stationnement de parking : elles sont écorchées, tâchées par le sang et la suie mais, puisqu’il arrive à replier ses doigts contre ses paumes sans en prouver la moindre douleur, il imagine que c’est la preuve qu’il sera toujours capable de jouer du piano avec éloquence - quand il lui sera de nouveau possible de faire chanter son instrument sans avoir la nausée, certes. Apercevant leur voiture de sa position, il se fraye un chemin à travers la foule qui se disperse petit à petit, quand une main déterminée l’oblige à pivoter sur ses pieds pour se retourner, sans qu’il n’oppose la moindre résistance. Il lui faut quelques secondes supplémentaires pour que le visage sous ses yeux trouve l’écho attendu dans son esprit et, après ce bref moment de latence, il espace ses lèvres dans un franc sourire soulagé, même s’il ne l’est sans doute pas le plus des deux ’’Tu es là…’’ qu’il souffle d’une voix qui déraille un peu, et cette prise de parole l’oblige à tousser ensuite quelque peu, en courbant son torse vers l’avant pour alléger le poids dans son thorax, juste avant d’être enlacé par l’homme qu’il recherchait dans toute cette horreur « Mon coeur, j’ai cru que je t’avais perdu… » il l’accueille avec bonheur entre ses bras, si bien que le contact de son corps contre le sien l’aide même à retrouver davantage le terrain de la réalité, mais c’est une préoccupation tout à fait risible qui survient dans la brume de ses pensées lorsqu’il murmure, presque avec inquiétude ’’Je vais te tâcher…’’ il le voit en baissant les yeux vers son propre sweat qui, devait être blanc jadis, mais qui est désormais recouvert de sang et de larges traces de fumée noire, puisque le tissu semble être brûlé à certains endroits. « qu’est-ce qui s’est passé? ça va? J’ai vu le magasin, tu as eu de la chance d’en sortir en presque un morceau! » Forcé de redresser son menton lorsque Ash vient saisir son visage entre ses mains câlines, il papillonne longuement de ses longs cils parfois collés entre eux par le sang séché, en donnant l’impression d’avoir du mal à se souvenir de ce qu’il s’est passé ; en réalité, les images sont pour l’instant trop mélangées mais il est sûr d’une chose ’’Je voulais des bonbons’’ mais il imagine que c’est un peu dérisoire, maintenant, alors il apporte plutôt l’une de ses mains sur ses yeux pour tenter d’enlever le sang qui gêne sa vision, en marmonnant de nouveau un ’’Je veux rentrer à la maison.’’ qui laisse déjà présager qu’il ne se laissera pas embarquer à l’hôpital, et il ne perd pas de temps pour commencer à s’éloigner en direction de la voiture. Il a juste besoin d’une douche, là, tout de suite.

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(juillet 2024) — « je ne pensais jamais que l’idée de vouloir des bonbons mettrait un jour ta vie en danger…. » il le regarde, au départ, comme s’il ne comprenait pas bien le rapport entre les deux, alors qu’il vient lui-même de l’énoncer : son cerveau peine grandement à reprendre le fil et, cette fois, ce n’est pas la fumée toxique venue envahir sa trachée qui en est responsable, mais bien la redescente de l’adrénaline qui l’accable soudainement d’une grande fatigue. Heureusement, Asher ne s’engage pas sur la voie de la protestation lorsqu’il formule son désir de rentrer chez eux, mais il reste pratiquement silencieux durant tout le trajet, ses mains écorchées passant cent fois sur les pansements appliqués contre sa tempe pour protéger les plaies, comme s’il oubliait à chaque fois leur existence. Maintenant qu’il est physiquement loin de l’urgence de la situation, il lui faut comprendre, assimiler et réaliser qu’il n’est plus prisonnier du mur de flammes qui l’empêchaient de sortir avant l’arrivée des secours, mais bien en sécurité auprès de l’homme qu’il aime. Mais même les murs de son propre appartement lui semblent être différents, et c’est sans éprouver ce sentiment rassurant qu’il suit son homme jusque dans la salle-de-bain, puisque la présence de l’anglais est bien la seule chose qui le réconforte et qui l’ancre dans la réalité : Izan sent bien que quelque chose n’est pas correctement remis sur les rails, en lui, mais puisque Asher est là, tout près, il se laisse porter en s’autorisant quelques secondes de répit, étant compatissant envers lui-même pour, peut-être, l’une des premières fois de sa vie. « viens… » les premières perles d’eau qui s’échouent sur ses boucles brunes et sur sa peau poussiéreuse emportent, avec elles, la coloration du sang et de la cendre mélangés sur son épiderme ; jetant machinalement une oeillade à l’eau qui disparaît dans le siphon,  il appuie l’arrière de son crâne contre le mur froid en basculant son menton vers Asher qui, avec une main grandement doucereuse, s’applique à faire disparaître le sang qui avait séché dans sa gorge et le long de sa tempe, dans des mouvements qui l’hypnotisent pendant quelques secondes « je t’aime… » c’est une caresse auditive, et l’australien courbe ses lèvres avec tendresse en plissant légèrement ses paupière aux longs cils humides à présent débarrassé du liquide rougeâtre, en réalisant combien son compagnon a dû être pétrifié par l’angoisse des dernières heures ’’Je t’aime aussi.’’ souffle-t-il en décollant son dos du mur pour se rapprocher de lui, courbant son torse en sa direction pour déposer ses lèvres contre celles de Ash, avec tout l’impératif de bonheur que la mort a ravivé chez lui ; il ne veut rien manquer de leur histoire, ne perdre aucun seconde, ne gâcher aucun instant, user ses lèvres sur ses lèvres et consummer son corps avec celui de son homme, sans jamais plus être séparé de lui ’’Je suis désolé que tu aies eu peur…’’ il le souffle en reprenant sa place initiale, sa nuque se collant contre le carrelage mural glacé mais, sitôt qu’il ferme les yeux pour soulage ses paupières devenues lourdes, son cerveau refait le film : l’explosion sourde, le mur qui éclate, les bruits de verre qui se cassent, la fumée, les cris, les pleurs, la peur, les flammes. Les mauvais souvenirs tendent ses épaules en même temps qu’il agite sa nuque en cherchant machinalement la main de Ash avec la sienne, ouvrant les yeux pour fixer un point invisible devant lui avant de marmonner, presque honteux : ’’J’ai eu peur aussi, tu sais…’’

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(juillet 2024) — « je vais avoir du mal à te laisser seul… » qui sonnerait presque comme une terrible menace si la perspective de passer les prochains jours ensemble ne constituait pas une idée aussi caressante que réjouissante, surtout remise dans le contexte d’une trop longue séparation. La nuque toujours appuyée contre le mur derrière lui, sa peau frissonne de la dissonance de températures entre le marbre froid dans son dos et l’eau chaude qui tombe en pluie légère sur ses cheveux et ses épaules, poursuivant leur course effrénée en perlant sur son torse musclé, sans qu’il ne semble réellement réagir à cette sensation pourtant désagréable, puisque ses yeux sont entièrement captivés par le visage de celui qui lui a tant manqué ces dernières semaines ; il l’a probablement avoué des dizaines de fois, déjà, mais aucune répétition ne sera suffisante, même à l’infini, pour retranscrire véritablement la douleur qu’était son absence ’’Vous pouvez rester ici autant que vous voulez…’’ il se doute qu’Eclipse n’aura pas franchement d’avis tranché sur la question mais il l’englobe quand même dans son annonce, pendant que ses yeux chutent de quelques degrés pour observer l’anneau qui entoure son index, et que son compagnon effleure lentement de ses doigts doucereux ’’Je ne t’ai rien donné, moi…’’ principalement parce qu’il n’a pas d’équivalent : ses parents ne comptent pas lui donner de quelconques bijoux, et à voir la façon dont ils s’acharnent sur lui dans la presse, il n’est guère prévu que les choses s’arrangent.
Bercé par le ricochet des gouttes qui frappent le sol de la douche sous un bruit régulier, il avoue, en ayant l’impression que sa voix est encore tamisée, qu’il a eu peur là-bas : ce n’est pas de lui de se montrer aussi vulnérable, aussi fragile, aussi chancelant face à la menace qui se dresse, puisque c’est davantage l’arme de colère qu’il brandit, plutôt que le bouclier de la crainte « quand tu sentiras le besoin de parler, je serai là… » il ne croit pas avoir besoin de dire autre chose, puisque c’est surtout la peur qu’il a éprouvé entre ces murs incendiés : il a cru qu’il allait mourir, et ses dernières pensées ont été pour lui. Lui qui, avec une douceur apaisante, caresse ses cheveux mouillés ; Lui qui tâche d’effacer les dernières traces de cet horrible épisode sur sa peau ; Lui qui s’emploie à veiller sur son esprit ébranlé en le conduisant dans la chambre pour qu’il puisse s’y reposer. Mais, c’est curieux. Il a l’impression que ses yeux luttent pour rester ouverts, quand son esprit tourne à trop grande vitesse pour accepter de s’immobiliser. « je reste avec toi. » il n’envisageait pas autre chose, Izan, et après avoir enfilé un bas de jogging sombre, il se glisse sous les draps en attirant son homme dans ses bras, l’entourant de ses mains en venant déposer un baiser sur le sommet de son crâne, son nez en profitant pour respirer l’odeur réconfortante de ses cheveux ’’Dis…’’ montrant qu’il ne dort toujours pas quelques minutes après leur arrivée dans la chambre, il grappille quelques centimètres sur l’oreiller d’Asher en se rapprochant davantage de lui, bien décidé à faire la discussion jusqu’à ce qu’ils s’endorment - en l’occurence, ce sujet, il veut l’aborder depuis le matin et, même si ce n’est sûrement pas le moment, il décide que ça l’est ’’Tu fais quoi en août ?’’ c’est vaste, il en convient, mais ce n’est que l’amorce pour ce qui suit.

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En formulant l’incitation à perdurer dans son appartement aussi luxueux que spacieux - bien que trop peu rangé malgré la femme de ménage qui doit s’arracher les cheveux chaque fois qu’elle passe, Izan réalise une maladresse dont il semble être le seul à prendre conscience : c’est ici même, entre ces murs, dans le lit où ils se sont amoureusement retrouvés la veille, qu’il a fauté avec Helen. Asher a décidé de faire l’impasse sur ce pan de l’histoire, ou peut-être n’a-t-il pas fait le rapprochement douloureux mais, le pianiste pince le coeur de sa lèvre en faisant un ping-pong avec ses yeux sur le décor face à lui, comme s’il s’attendait à ce que la grenade dégoupillée qu’il vient de lancer lui éclate au visage mais… « Eclipse a l’air de bien se faire à son frère et sa sœur. Je peux les appeler ainsi, n’est-ce pas? » il sent que, dans son coeur, l’inquiétude s’éteint aussi vite qu’elle s’est allumée, et c’est en affichant un sourire de soulagement qu’il se blottit davantage contre son homme, en murmurant avec tendresse ’’Évidemment.’’ pour le rassurer, en courbant sa nuque, sur laquelle les boucles de ses cheveux sombres se dessinent en arabesques, pour déposer un long baiser sur son épaule à la peau mouillée ’’Ce sont nos enfants, comme on avait dit.’’ avant que tout éclate et c’est encore suffisamment douloureux pour qu’il perde son sourire pendant quelques secondes, en sentant un goût amer lui remonter dans le fond de la gorge. Il est évident qu’ils ont renoué en sautant plusieurs étapes noueuses, écartant les discussions qui s’annoncent compliquées, mais qu’il n’a ni la force ni l’envie d’aborder pour l’instant. Il préfère plutôt plonger son regard dans celui de son anglais, ses pensées s’éparpillant avec légèreté sous cette contemplation ô combien admirative, qui l’apaise irrémédiablement dans une sensation qu’il n’avait plus éprouvé depuis des semaines « ce n’est pas grave, tu la portes, c’est tout ce qui compte à mes yeux. tu n’as rien à me donner. »  le baiser suave qu’ils partagent lui ferait presque oublier les dernières heures mais, comme la fatigue se rappelle à lui, il ne tarde pas à rejoindre les draps de son lit sans toutefois parvenir à y trouver le sommeil. De toute évidence, son cerveau fourmille de beaucoup trop d’idées et questionnements, même noués dans son inconscient, pour qu’il puisse s’endormir aussi facilement mais, il songe déjà à prendre un somnifère si jamais sa tête ne veut pas le laisser tranquille, même s’il souhaite obtenir une réponse d’abord « rien de particulier, pourquoi? » il ne sait pas trop pourquoi cette information le rassure, mais c’est peut-être le départ d’une fixation inconsciente qui commence à tisser sa toile sans qu’il ne s’en rende compte ; il réalise, à présent, qu’il a craint d’entendre le nom du meilleur-ami-ancien-amour être prononcé pour un quelconque projet estival et, même si le soupçon n’est pas totalement effacé, il formule sa réponse dans un sourire jovial, mais néanmoins teinté de fatigue ’’J’ai prévu de partir à Malte… J’ai loué un bateau avec un skipper, je te rassure, ce n’est pas moi qui vais le piloter.’’ parce que si l’on doit craindre sa conduite sur la terre ferme, inutile de préciser qu’en mer, c’est pire. Laissant cette précision amusée occuper la conversation par un petit silence qui se prolonge, il finit par se redresser sur son coude en demandant, d’une voix quelque peu hésitante mais que l’on sent dans l’attente d’une réponse positive : ‘’Tu veux venir avec moi ?’’ il pose la question par acquis de conscience mais, dans le sourire qui se forme sur ses lèvres, Asher doit déjà comprendre qu’il n’aura pas vraiment le choix...

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@Asher Thornhill -  crédit/chrissiewatts

Maintenant qu’il a réalisé que son appartement n’est pas le terrain neutre qu’il pensait être, l’idée du voyage en Europe est encore moins dénuée de sens que lorsqu’il souhaitait en parler le matin même, en dépit du fait que partir en vacances en amoureux semble un peu précipité dans le contexte des derniers bouleversements. Dans les faits, ils ne se sont retrouvés que depuis la veille et les gros dossiers sensibles n’ont même pas encore été posés sur la table, mais il tend à se dire que l’éloignement géographique — surtout dans un cadre aussi idyllique, serait un moyen parfait de reprendre leur histoire là où elle s’est arrêtée, les mensonges et les trahisons en moins. Seulement voilà, dans son esprit c’est aussi simple que lorsqu’il a dû apprendre l’indépendance des mains au piano : Asher va venir avec lui, et même s’il lui pose la question pour donner l’impression qu’il lui laisse le choix, en réalité, c’est davantage une obligation qu’une proposition, puisque le capricieux ne peut entendre qu’on n’accède pas à sa demande sitôt qu’il en formule le désir. « Oui, j’ai vraiment envie d’y aller avec toi, cela sonne comme un voyage de rêve, surtout ensemble, mais je ne sais pas si je peux me le permettre… » le privilégié qui a gagné des sommes astronomiques bien avant d’avoir l’âge d’en profiter papillonne des cils en ayant l’air d’être déjà perdu dans la négation qu’on ose lui soumettre, puisque de toute évidence, c’est une dimension qui lui échappe totalement et à laquelle il n’accorde aucune importance « disons que je n’ai pas gagné à la loterie dans les deux derniers mois… » - ’’Parce que tu joues ?’’ ce n’est pas le sujet principal, certes, mais c’est une information qu’il ignorait ! « si tu m’offres le billet, je ne pourrai pas te rembourser… du moins, pas tout de suite… » roulant ses billes vers le plafond puis le mur de son côté, il fait une petite moue ennuyée avant de regarder son compagnon, ayant depuis envahi davantage son oreiller, si bien que le pauvre guitariste a dû être contraint de reculer dans leur lit pour lui laisser de la place ’’Si les rôles étaient inversés, tu en penserais quoi, toi ?’’ qui est le premier axe de son plaidoyer, et même s’il n’est pas avocat et n’a pas le talent de Lincoln, il est clair qu’il n’a aucunement l’intention de battre en retraite et abandonner son idée de voyage à deux, si bien qu’il ne perd pas de temps et, lui laissant à peine la possibilité de réfléchir à sa question, il poursuit ’’En plus, l’argent de l’album te revient aussi, quand on y pense…’’ si, c’est même pas exagéré dans l’idée, mais il bascule quand même davantage vers son homme pour que ses lèvres puissent se déposer dans son cou, dans le renflement tendre sous son menton, là où sa mâchoire rejoint sa gorge, pour y déposer un baiser qui s’éternise peut-être un peu ’’…Parce que c’est toi qui me l’as inspiré.’’ et s’il doit déjà le savoir, Ash, cela semble devenir une arme d’attendrissement redoutable dans la voix du pianiste, dont les lèvres vagabondent toujours sur sa peau en semblant y écrire la plus voluptueuse des partitions, même si l’éclat de ses yeux brille un peu trop avec malice pour que l’on n’y devine pas une intention plus sensuelle ’’Je suis sûr que je peux te faire dire oui, tu sais…’’ et pour appuyer sa promesse, il fait courir le bout de ses doigts contre les côtes de son compagnon, effleurant sa peau de ses ongles coupés courts en redressant son visage pour le regarder, sans que ses lèvres ne cèdent à l’appel des siennes : si l’anglais tente de les embrasser, le menton du pianiste se lève pour leur échapper… Pas avant qu’il ait dit qu’il viendrait. Capricieux, on a dit.