make confessions and we're begging for forgiveness

@ambrose constantine

lieu: logements, bayside.
(c): maneskinss (gif), luleaby (codage).

***
C’était quelque-chose qu’il aurait du faire depuis quelques semaines déjà, mais qu’il avait repoussé encore et encore de façon infinie parce-qu’il savait très bien que l’équilibre de sa vie était déjà assez fragile et que cette conversation avait le pouvoir de l’abimer encore plus. Il savait qu’Ambrose ne ferait rien pour intentionnellement le ruiner, mais s’il décidait que cette nouvelle mise en avant était trop importante et qu’il se devait de quitter son entourage à son tour… Ruben ne savait pas s’il était prêt à entendre une nouvelle de cette sorte. Nina mettait un point d’honneur à faire comme s’il n’existait pas - ce qui était mérité, mais tout de même -, et Mavis avait mis de son coin toute son énergie pour lui briser le coeur. Si Rose s’ajoutait à l’équation, il n’était pas sur de réussir à s’en relever. Ce n’était pas là dans les habitudes de Ben de se laisser abattre de cette sorte, mais même pour lui cela faisait beaucoup ces derniers temps. Même s’il n’était pas directement et autant engagé dans cette révélation que pouvait l’être la deuxième blonde dans sa vie, le jeune homme serait tout de même impacté un jour ou l’autre par ce nouveau paramètre à prendre en compte; alors il était temps pour le neurochirurgien de mettre au courant Ambrose des derniers retournements de situation.

La maison de Scarlett était à peu près le seul endroit où il se sentait en sécurité en ce moment, alors ce fut l’adresse qu’il donna à Rose pour qu’il puisse le rejoindre. Pour être sur que ce dernier n’ait pas envie de faire demi-tour, il ne lui indiqua pas la raison pour laquelle il voulait le voir aujourd’hui - il espérait simplement qu’après tant de temps à s’être montré évasif et absent de son entourage, restant clairement volontairement à l’écart pour éviter les interactions qui pourraient lui porter préjudice, Ambrose aurait assez envie de le revoir pour ne pas poser de question et le rejoindre à l’adresse et l’heure indiquée sans rechigner. C’était un brin osé de la part de Ben de jouer sur les sentiments qu’il connaissait à son égard de la part du brun pour savoir qu’il serait sur place comme demandé, mais c’était là la seule manière qu’il avait de se raccrocher à une réalité bien plus stable que celle des derniers temps qui avait un jour était sienne. Réarrangeant rapidement les mèches les plus rebelles de ses cheveux en sortant de la douche, il se laissa finalement tomber dans le canapé du salon pour attendre l’arrivée du jeune homme. S’il était tout à fait honnête, Ruben était quelque-peu nerveux quant à la discussion qui les attendait, mais il ne pouvait plus reculer ou faire demi-tour maintenant - autant parce-que la sonnette retentit dans la maison que parce-que c’était là le minimum qu’il devait à Ambrose. Se levant dans un mouvement souple du canapé, il avança d’un pas rapide jusque cette dernière pour l’ouvrir. « Salut. » Ce fut avec un petit sourire bien moins convainquant que tous ceux qu’il aurait voulu lui offrir qu’il ouvrit la porte, se décalant quelque-peu. « C’est pas chez moi, comme tu peux t’en douter, mais t’as le droit de faire comme chez toi. Entre. » Il se décala quelque peu pour laisser la place à Ambrose de se réfugier au sein de la maison; il avait peut-être prévu de lui déposer un baiser sur la joue, presque timide, lorsqu’il serait enfin arrivé à sa hauteur.

Il sait à quel point le simple fait de ne pas avoir hésité longtemps avant de répondre positivement à l’invitation de Ruben est particulièrement pathétique mais il sait aussi qu’il s’est depuis longtemps fait à cette idée et qu’il n’a aucune raison de lutter contre cette dernière désormais. Ruben fait de lui un homme dans l’éterelle expectative d’un mot de sa part, mais il fait aussi de lui un homme particulièrement heureux et comblé, ce qu’il ne saurait nier. Alors, quand Ruben l’appelle, il se présente, peu importe à quel point ce dernier n’a pas daigné répondre au moindre de ses messages depuis des semaines. Il pourrait lui dire qu’il s’est tapé Mavis pour compenser mais il ne le fera pas, parce que ça n’avait rien d’une compensation et parce que ce qu’il se passe entre la blonde et lui n’a pas à être rapporté. « Salut. » L’appartement est immense, luxueux, et certainement pas le nouveau chez-lui de Ruben. Ambrose murmure des salutations à son tour, son regard pourtant posé tout autour d’eux alors qu’il essaie de comprendre chez qui il vient de lui donner rendez-vous. « C’est pas chez moi, comme tu peux t’en douter, mais t’as le droit de faire comme chez toi. Entre. » Ruben se décale et le brun fait un premier pas à l’intérieur de l’appartement, avant de continuer. Passer à la hauteur du chirurgien lui fait gagner un simple baiser contre la joue là où Ambrose tuerait pour plutôt se lover entre ses bras et ne plus en réchapper. Personne n’en fait rien.

« On est où ? » Est-ce que c’est ici qu’il se planque depuis toutes ces semaines, Ruben ? Il range ses mains dans ses poches pour les forcer à ne pas quémander d’attention ni d’affection, préférant se concentrer sur les véritables questions qu’il se pose avec légitimité. « Tu comptes me dire que c’est fini et que ça aurait jamais dû exister ? » Son regard le fuyait au début de sa phrase mais il se pose dans le sien une fois ses mots parfaitement formulés. Ce n’est pas une idée qu’Ambrose aime, et bien loin de là, mais il est conscient qu’elle n’en reste pas moins une possibilité. L’avantage, avec le temps, c’est qu’il a bien souvent pensé à cette éventualité pour avoir essayé de s’y préparer ; sans pour autant y arriver avec beaucoup de brio. « Je préfère qu’on arrache le pansement, Ben. » S’il doit lui annoncer une nouvelle semblable, alors autant qu’il commence par là. Cela ne rendra pas le reste plus facile, mais cela évitera au moins à Ambrose de continuer à se torturer l’esprit en se demandant ce qu’il a bien pu faire de mal pour ne plus être légitime pour gagner l’attention de Ruben. Cela lui évitera aussi de perdre du temps à se demander comment est-ce qu’ils pourraient reprendre leur liaison là où ils l’ont laissée, comme si de rien n’était, comme s’ils étaient dans leur droit.

make confessions and we're begging for forgiveness

@ambrose constantine

lieu: logements, bayside.
(c): maneskinss (gif), luleaby (codage).

***
Il voyait bien le regard d’Ambroise qui naviguait déjà ici et là, autour d’eux alors qu’il avait encore un pied à l’extérieur de la maison. Ruben ne pouvait le blâmer sur cette partie là: il lui avait simplement donné une adresse sans la moindre autre explication et il était quand même venu. C’était d’ailleurs parce-qu’il savait pertinemment qu’il le ferait qu’il ne s’était pas encore donné la peine d’étendre son discours pour le moment - il aurait tout le temps de le faire ensuite, une fois que la porte se serait refermée sur eux et sur la sécurité que le procurait l’endroit où ils se tenaient. Profitant de la proximité du jeune homme lorsqu’il passa à sa hauteur, il lui déposa un baiser sur la joue parce-que pour le moment, pour aujourd’hui surement, c’était la seule chose qui lui semblait adaptée de faire. « On est où ? » La question était légitime; il termina de passer un tour de clef dans la serrure, pour glisser ses mains dans ses poches alors qu’il avançait à son tour dans l’espace de l’entrée, puis du salon où il s’assit sur le rebord du dossier du canapé. « Chez une amie. Une vraie, amie. » Il insista sur cette partie là puisqu’ils savaient tous les deux en quoi pouvait se traduire ce mot là dans le langage du quotidien de Ruben. Pour une fois, la propriétaire des lieux n’était véritablement qu’une amie. « Elle m’a prêté une clef et une chambre ici. » Comme s’il s’agissait là d’un simple hôtel - et c’était surement de cette façon là que les choses pouvaient être perçues du point de vue d’Ambrose, tant il lui manquait une bonne partie des dernières semaines et surtout la raison qui avait poussé Ben à avoir besoin d’une chambre ailleurs que chez lui. Et que celles des autres qu’il pouvait déjà squatter en temps normal.

S’il ne comptait pas tourner autour du pot pendant mille et une années, il ne s’attendait pas à être coupé si rapidement dans son élan par une question de la part du brun qui le laissa quelque peu surpris. « Tu comptes me dire que c’est fini et que ça aurait jamais dû exister ? » Son regard s’accrocha au sien, et il fronça quelque peu les sourcils. « Je préfère qu’on arrache le pansement, Ben. » Le pire ? C’était que ce n’était absolument pas ce qu’il comptait lui dire aujourd’hui - bien sur Scarlett l’ait mis en garde de ce genre de situation, bien que Mavis lui ait soufflé la véritable démarche à suivre. Ruben n’en était pas à prendre des décisions de la sorte, tant qu’il en était surtout à les subir. Allait-ce être encore une fois une de ces discussions où il pensait avoir la barre de direction entre les doigts et où finalement quelqu’un d’autre prenait les commandes à sa place ? Gardant ses sourcils froncés, le regard rivé sur Rose et le silence pour lui encore un instant, il finit par soupirer quelque peu. « Tu formules pas tes pensées ou tes paroles comme ça d’habitude. » Il n’aurait pas été aussi direct, même, si ce qu’il pourrait attendre et craindre - il n’osait penser espérer - la manière dont une situation pouvait tourner. « Je t’ai pas donné la raison pour laquelle je t’ai demandé de venir ici, et pourtant tu penses que c’est pour le pire. » Parce-qu’entre eux, c’était exactement ce que les paroles du jeune homme décrivaient: la pire chose qui pourrait arriver. Cela ne faisait pas vraiment de sens; certes, il avait été aux abonnés absents ces derniers temps, mais mille et une raisons pourrait expliquer ce comportement, notamment le fait qu’il avait une femme et une maitresse, en parallèle d’un travail extrêmement prenant - tableau auquel se rajoutait Ambrose. « Pourquoi est-ce que tu penses que je vais te dire que tout est fini et que ça n’aurait jamais du exister, Rose ? » Les pensées et les méninges de Ruben travaillaient à plein régime, tant il n’appréciait pas se retrouver dans le flou dans une situation qu’il pensait initialement maitriser. La question qu’il posa ensuite, c’était plus une de celles où prêcher le faux pour connaitre le vrai s’appliquait; mais il doutait se tromper dans son raisonnement. « T’as discuté avec qui ? Mavis ou Nina ? » En dehors de Scarlett en qui il avait une confiance aveugle - elle récoltait le sel mais ne s’amuserait pas à le diluer ici et là, préférant le garder jalousement pour l’apprécier à sa volonté -, elles étaient les deux seules personnes qui étaient au courant. « Mavis, non ? » Ce serait la réponse logique - lui briser le coeur n’aurait donc pas suffi ? Ruben secoua quelque peu son visage de gauche à droite, quelque peu exaspéré de ce que cela signifiait: elle comptait insuffler son poison partout où cela pouvait l’atteindre.

S’il n’avait pas une confiance aveugle envers Ruben, il se serait senti au piège dans cette maison qu’il ne connaît pas, face à cette porte d’entrée désormais fermée à clé. Et si tout ceci s’était passé il y a quelques mois à peine, il aurait fendu sur les lèvres du chirurgien sans y réfléchir à deux fois, au contraire infiniment rassuré à l’idée que la porte soit close et leur secret parfaitement protégé. Aujourd’hui, il navigue entre deux eaux et se contente de questionner l’appartenance de cette maison pour se faire son propre avis sur les réactions à avoir. « Chez une amie. Une vraie, amie. » Il projette plus longuement son regard sur la silhouette du brun, sans remettre en question qu’elle soit une vraie amie, et de ce fait seulement une amie. Il n’a pas envie de penser davantage à l’autre possibilité, l’idée que Ruben se sente obligé de préciser ses mots d’emblée suffisant déjà à rendre Ambrose terriblement triste de la situation. « Elle m’a prêté une clef et une chambre ici. » Il marmonne en guise de réponse, simplement pour qu’il sache qu’il a compris et entendu mais qu’il n’a rien à en dire de plus. Après tout, il sait très bien pourquoi il est à nouveau persona non grata de son propre domicile.

Au lieu de l’interroger sur cette amie dont il n’a même pas le prénom, Ambrose pose plutôt des questions sur ce qui l’intéresse aussi sincèrement qu’égoïstement: lui-même, eux. « Tu formules pas tes pensées ou tes paroles comme ça d’habitude. » D’habitude, il est invité dans des lieux qui hurlent qu’ils vont coucher ensemble dans les minues ou les heures à venir. Ici, c’est différent et Ruben ne peut pas le nier. « Je t’ai pas donné la raison pour laquelle je t’ai demandé de venir ici, et pourtant tu penses que c’est pour le pire. » - « Donne moi tort, je t’en prie. » Et il le prie réellement, plus que jamais. Sa voix ne porte pas l’empreinte de l’ironie ou de la rancune. Il veut avoir tort, il veut que Ruben lui dise que sa convocation n’a rien de négative et qu’il aurait simplement dû être un peu moins avare en explications. Le pire, ce n’est pas ce qu’il désire, évidemment que non. « Pourquoi est-ce que tu penses que je vais te dire que tout est fini et que ça n’aurait jamais du exister, Rose ? » Il ouvre la bouche sans qu’aucun mot n’arrive à en sortir, tristement incapable de savoir où commencer son explication tant elle pourrait être longue sur ce sujet. « T’as discuté avec qui ? Mavis ou Nina ? » Cette fois-ci, ce sont ses propres sourcils qui se froncent, d’incompréhension d’abord. « Mavis, non ? » De colère ensuite. « Tu te fous de ma gueule ? » Il le demande calmement. Pas aussi calmement qu’il l’aurait voulu, mais tout de même. Une fois de plus, il marque avec évidence l’attente d’une réponse: est-ce que oui ou non Ruben Hartfield se fout de sa gueule et est en train de lui faire une farce ? « T’as pas l’impression que y’a des indices de ça partout ? T’es obligé de croire que ça vient d’elles ? » Il ne veut pas porter la faute sur ses épaules, évidemment, et au fond cela ne surprend pas Ambrose le moins du monde.

Il pourrait répondre avec ironie qu’il a parlé aux deux et qu’en plus de parler à Mavis, il l’a sauté, tel le plus grand cauchemar de Ruben devenu réalité: ses jouets préférés réfléchissant selon leurs propres désirs et non plus les siens uniquement. « Je sais que Nina sait. » Il avoue finalement, son regard ancré dans celui de Ruben, attendant plus que jamais de recevoir sa colère. « Et que tu la choisiras toujours. » Il ne va pas jusqu’à ajouter un “parce que” ; justement parce qu’il n’en sait rien et qu’il n’y comprend rien. Mais elle est l’épouse, la tête d’affiche, l’Elue. Il était là avant et n’a pas suffi ; Nina est arrivée et a chamboulé toute son existence, pas au point d’être suffisante mais au moins au point de vouloir lui offrir une bague.

make confessions and we're begging for forgiveness

@ambrose constantine

lieu: logements, bayside.
(c): maneskinss (gif), luleaby (codage).

***
Rien que de préciser qu’ils étaient chez une amie à lui, et que cette dernière lui avait prêté une clef et une chambre ici était un énorme indice sur la façon dont Ruben menait sa vie dernièrement - loin de son épouse, assez pour ne pas être chez lui en tous cas. Ce n’était pas de cette façon là qu’il souhaitait avancer les choses à Rose aujourd’hui, mais de lui avoir proposé de passer dans un endroit inconnu était un bon début de conversation pour lui donner les dernières nouvelles.

Sauf que le brun l’avait devancé, avançant des idées que Ruben n’avait pas prévu de rendre réelles ni de mettre en évidences tant ce n’étaient pas là des choses sur lesquelles ses réflexions s’étaient malheureusement concentrées ces derniers jours; le déni était toujours une préférence de paramètres chez lui. Ambrose semblait de son côté cependant bien déterminé quant à l’issue de cette discussion, ou au moins ce sur quoi elle allait porter; ce qui étonna quelque-peu Ruben. D’ordinaire, il ne lui aurait pas demandé si les choses étaient terminées et si elles n’auraient jamais du exister: il l’aurait supplié de lui dire que ce n’était pas le cas. C’était peut-être là un détail, mais c’en était un assez conséquent pour qu’il soit surement le plus important aux yeux de Ben. « Donne moi tort, je t’en prie. » Il voudrait donner sans aucune hésitation tort à Ambrose, parce-qu’il savait que ce serait là quelque-chose qui ferait plaisir au jeune homme - et il n’avait jamais eu vocation à lui faire aucun mal. Le problème n’étant pas tant ce dernier, mais davantage le fait que ce serait lui donner de faux espoirs que d’affirmer ça avec aplomb aujourd’hui, surtout qu’il s’apprêtait à lui annoncer que sa femme était au courant de ses activités hors-mariage avec Mavis. Rien que le fait qu’il mette plus d’une seconde à répondre était déjà une réponse en soi - le regard toujours ancré dans celui du brun qui n’attendait que ça, qu’il lui donne tort, pour une fois. « C’est pas à moi de décider ça. » Pour la partie où c’était terminé au moins, qu’il finit par murmurer; parce-que ce serait davantage selon comme le tableau général serait peint en fin de la discussion qu’ils auraient. « Mais jamais je dirais que ça aurait jamais du exister par contre, parce-que je le pense pas. » Il s’en mordait les doigts, mais il ne regrettait pas. C’était au moins un point important à mettre en avant.

La partie presque - presque - agréable de cette conversation fut malheureusement rapidement balayée, Ruben le vit au moment où face à lui les sourcils de Rose commencèrent à se froncer. « Tu te fous de ma gueule ? » Il secoua quelque peu sa tête, calme de son côté. « Non, c’est une vraie question. » Parce-que s’il commençait la conversation comme ça, c’était qu’il avait discuté avec l’une des deux forcément - et il pariait sur la plus jeune, de part la proximité qu’il avait avec cette dernière plutôt qu’avec Nina. « T’as pas l’impression que y’a des indices de ça partout ? T’es obligé de croire que ça vient d’elles ? » Pinçant quelque peu ses lèvres, le regard de Ben parcourut la pièce autour de lui. Certes, maintenant qu’ils étaient à l’intérieur d’un salon qui n’était pas l’un des leurs, cela semblait évident. « T’avais déjà ta question en tête avant même d’arriver ici, Rose, c’est pas les nouveaux indices qui te font poser cette question. » Avait-il oublié qu’il avait oublié d’être complètement idiot ? Et qu’il savait observer assez rapidement et tirer les informations nécessaires de la situation pour comprendre cette dernière ? Ruben faisait souvent le petit malin, parce-qu’il était réellement malin. « Je sais que Nina sait. » Ca, en revanche, il ne l’avait pas vu venir avant qu’il ne se mette à parler quelques instants plus tôt; il l’avait compris avec ses tournures de phrase mais il ne pensait pas que Rose serait au courant avant de mettre les pieds ici puisqu’il avait prévu de lui en parler maintenant. « Et que tu la choisiras toujours. » Croisant les bras sur son torse, il fronça quelque peu à son tour les sourcils. « C’est ma femme Rose, c’est pas un surprise. » Ou si c’en était une, il avait côtoyé de trop proche un déni que trop prenant. « Maintenant, s’il te plait réponds à ma question: pourquoi est-ce que Mavis t’en a parlé ? » Il avait évité de répondre à cette partie là des interrogations de Ben la minute précédente pour annoncer qu’il savait que Nina savait - et puisque pour Ruben, il était évident que c’était la jeune femme qui lui en avait parlé, il aimerait comprendre pourquoi elle l’avait fait.  Son regard, à l’instar de celui d’Ambrose, ne lâchait pas le sien. « Pourquoi vous en avez parlé ensemble, même ? » Pas qu’il n’appréciait pas qu’ils parlent de lui ensemble, mais ils avaient surement d’autres sujets à aborder que Ruben se faisait attraper la main dans le sac.

Ruben n’est même pas capable de lui donner tort et cela éveille une rancœur toute particulière chez Ambrose. Il la contient seulement parce qu’il s’agit de Ruben et qu’il ne sait pas se montrer juste et objectif à son égard, mais au fond de lui il n’en pense pas moins, la coupe étant pleine depuis bien longtemps. « C’est pas à moi de décider ça. » Le plus jeune en rigole avec amertume, bien conscient qu’il ne fait que gagner du temps et, surtout, qu’il refuse de se montrer autrement que sous son meilleur jour. Ils ne sont que deux à discuter, et si Ambrose ne peut pas avoir le mot final alors il ne reste bien que Ruben pour ça. « Mais jamais je dirais que ça aurait jamais du exister par contre, parce-que je le pense pas. » - « Et qu’est-ce que tu penses de l’idée que ça s’arrête ? » S’il ne peut pas obtenir sa réponse d’une première façon, alors il essayera une seconde parce qu’il a appris à ne jamais abandonner - ou pas si vite, du moins.

« T’avais déjà ta question en tête avant même d’arriver ici, Rose, c’est pas les nouveaux indices qui te font poser cette question. »
« Tu m’invites dans la maison d’une inconnue après des semaines de silence, Ben, tu crois pas que c’étaient déjà ça les indices ? »

Il ne défendra pas Nina corps et âme parce qu’elle n’est personne pour lui, mais il défendra au moins Mavis, dont l’affect qu’il lui porte l’emporte justement à son tour sur l’objectivité qu’il peut avoir quant à ses actions et décisions. Elle n’est pas parfaite mais a tout pour le sembler ; il aspire aux mêmes idéaux. Malgré tout, face à Ruben, il ne joue pas davantage la comédie et lui avoue rapidement qu’il sait que sa femme est au courant des tromperies. « C’est ma femme Rose, c’est pas un surprise. » Il lève une main pour lui faire comprendre qu’il connaît déjà bien assez le discours pour ne pas vouloir le retrouver. Elle est sa femme et bla bla bla ; elle n’était rien pour lui à l’époque où ils se sont connus, mais c’est un pan de l’histoire qu’il semble avoir bien moins à coeur de raconter. Ce n’est de toute façon pas sur ce point qu’il veut argumenter avec le Hartfield. « Maintenant, s’il te plait réponds à ma question: pourquoi est-ce que Mavis t’en a parlé ? » Le quiproquo tire un sourire amusé à Ambrose, qui en profite pour dévier son regard de ses yeux pour plutôt se poser sur toute la décoration luxueuse de l’endroit. Du vrai luxe ; rien de duppe, rien de démodé, rien de mauvais goût. Ruben sait bien s’entourer, même quand il ne cherche pour une fois pas à baisser son pantalon. « Pourquoi vous en avez parlé ensemble, même ? » En plus de lui tourner le dos, il arpente désormais l’endroit, bien décidé à assouvir sa curiosité avant que la discussion ne dégénère invariablement et que revenir en ces lieux devienne proscrit. « J’ai pas parlé à Mavis de toi. » Il apporte la nuance, bien décidé à lui faire comprendre qu’il parle bel et bien à Mavis. Simplement, il ne le fait pas en faisant de Ruben le centre de l’attention, et la nuance a son importance. « J’ai parlé à Nina. » Et enfin, éloigné de quelques pas supplémentaires, il repose à nouveau son regard sur Ruben. « Et je me suis excusé d’avoir participé à ruiner sa vie. » Ca aussi, il l’avoue sans quitter l’homme du regard, pourtant bien conscient de ce qu’il vient d’avouer et ses conséquences. « Elle savait, de toute façon. » Il n’a pas trahi leur secret, il n’a pas trahi Ruben. Tout ce qu’il a fait, c’est se montrer humain envers une autre personne qui n’est pas lui, et ça aussi il anticipe déjà que cela ne lui fera pas plaisir le moins du monde. « Pourquoi je suis ici ? » L’interrogatoire est venu dans un second temps, alors qu’est-ce qu’il pouvait bien avoir à l’esprit dans un premier temps ? « Si c’est pas pour me dire que tout est terminé, c’est pour baiser ? » Il n’y a jamais eu d’entre-deux et il ne lui fera pas croire qu’aujourd’hui sera différent de toutes les années écoulées.

make confessions and we're begging for forgiveness

@ambrose constantine

lieu: logements, bayside.
(c): maneskinss (gif), luleaby (codage).

***
« Et qu’est-ce que tu penses de l’idée que ça s’arrête ? » Il serra les mâchoires davantage, à entendre Ambrose insister. Il ne pouvait lui en vouloir: il avait une question qu’il ne souhaitait pas voir rester sans réponse, alors il faisait en sorte d’obtenir cette dernière. Ca n’arrangeait pas Ruben, mais il ne pouvait pas lui en vouloir - pas sur un point où il aurait agi exactement de la même manière que lui, avec bien moins de subtilité même. « Elle m’enchante pas. » L’idée de tout voir s’arrêter; mais ce n’était pas quelque-chose qu’il avait essayé de cacher une seule fois, ça, que l’idée ne l’en chantait pas: il avait toujours été clair sur ça. Il savait aussi que tout n’était pas compatible, et c’était sur cette partie là qu’il oubliait sciemment de se pencher là où ce serait peut-être bien de le faire de temps à autres. « Tu m’invites dans la maison d’une inconnue après des semaines de silence, Ben, tu crois pas que c’étaient déjà ça les indices ? » - « Tu nies pas que t’avais déjà la question en tête, je me trompe ? » Il haussa quelque peu l’un de ses sourcils; ce n’était pas parce-qu’il existait effectivement des indices probants maintenant que la question était venue à son esprit tout d’un coup. Non, il était venu parce-qu’il voulait obtenir une réponse, parce-qu’il n’appréciait pas être mis de côté aussi surement dans un silence imposé par Ruben pendant tout ce temps. Il avait toutes ses cartes de prêtes, il savait dans quel ordre il comptait les abattre, et les éléments qu’il attrapaient au vol n’étaient que des preuves supplémentaires qu’il devait aller au bout de son idée.

Il était prévu qu’à l’issue de cette journée, Ambrose soit au courant qu’une partie du secret n’en était plus un et que désormais, sa femme avait un peu trop de connaissances sur ses activités annexes des deux dernières années. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’était que le brun lui dise avant même qu’il n’en parle qu’il était au courant - le plan était clair dans son esprit et venait d’être envoyé aux oubliettes sans préavis. Ruben étant Ruben, il garda pour le moment une certaine contenance pour continuer à avancer dans cette discussion, puisque ce premier aveu amenait une questionnement qu’il ne pensait pas avoir ici: pourquoi Mavis et Rose en étaient venus à discuter de Ruben, de Nina, et du fait que cette dernière savait désormais que leur couple n’était qu’un écran de fumée tant son cher et tendre s’adonnait au plaisir de la chair ailleurs quand bon lui semblait ? Le fait que Rose commence sa réponse par lui tourner le dos pour apporter son attention partout ailleurs dans la pièce autour d’eux plutôt que sur lui n’était pas une bonne chose; autant parce-que cela était un prémisse d’une réponse qui n’allait pas lui plaire que parce-qu’il préférait quad il le regardait lui. « J’ai pas parlé à Mavis de toi. » Un rire en rien amusé lui échappa, soufflé par le nez, à cette réponse là: à d’autres, bien sur qu’il avait parlé de lui avec Mavis. Si ce n’était pas à ce sujet là, c’était à propos d’un autre, mais il savait que ce n’était pas là l’entière vérité. Ambrose restait néanmoins au courant de l’affaire et s’il n’en avait pas parlé avec Mavis, que ce n’était pas elle qui l’avait mis au courant… « J’ai parlé à Nina. » Les bras lui en tombèrent littéralement, alors qu’il les décroisa avec lenteur de sur son torse, ses yeux et tout son visage semblant réussir à s’écarquiller doucement mais surement. La surprise était de mise, et elle n’était en rien agréable. « Tu as quoi ? » Ce n’était pas possible. « Et je me suis excusé d’avoir participé à ruiner sa vie. » Un instant, Ruben oublia de respirer. Il n’était pas sérieux, il ne pouvait pas l’être. Ce n’était pas possible, il se jouait de lui. Ambrose avait décidé à son tour de se venger et de piétiner l’existence du docteur comme le faisait déjà avec grand plaisir Mavis depuis des semaines, là était la seule explication logique. Il ne pouvait pas - non, voyons, c’était absurde. « Elle savait, de toute façon. » L’une de ses mains s’était quelque peu levée devant lui sans qu’il s’n aperçoive; il finit par fermer les doigts en un poing, par le ramener à hauteur de son visage pour apposer à plat sa paume sur ce dernier, les yeux fermés, retenant son souffle et le soupir qui souhaitait se faire entendre. Il formait présentement une statue presque parfaite, l’expression de désespoir transpirant par tous les pores de sa peau.

Un instant encore, le silence fut de mise, avant qu’Ambrose ne reprenne la parole - Ruben était trop pris de cours et sonné pour répliquer de son côté pour le moment. « Pourquoi je suis ici ? Si c’est pas pour me dire que tout est terminé, c’est pour baiser ? » - « Pour te dire que Nina était au courant mais qu’elle savait pas pour toi. » Il retira la main de son visage pour laisser son regard empli de désespoir plonger dans celui du jeune homme. Ce dernier ne pouvait se rendre compte d’à quel point il venait d’assener le dernier coup de marteau sur une station que Ben n’arrivait pas à gérer initialement - ça allait être de pire en pire. Le rire soupiré qu’il eut dans la foulée de ses paroles fut sans amusement, à ne pas en douter, alors qu’il secouait quelque peu sa tête de gauche à droite en postant ses mains sur se hanches. « J’allais te dire qu’elle avait découvert que je la trompais, qu’elle savait que c’était avec une femme mais qu’elle savait pas qui c’était. Et qu’elle savait pas pour toi. » Parce-que ce n’était pas là la chose la plus intelligente qu’il ait fait dans cette histoire, de garder une portion de son secret encore secret lorsque ce dernier avait été mis en lumière, mais qu’au moins ça lui permettait de mettre au courant Ambrose avait de le faire avec Nina - parce-que d’après de super conseils reçus, c’était mieux qu’il le fasse tout de même, alors peut-être qu’il songeait vraiment à le faire. Apparemment, ce n’était plus la peine de se demander comment, puisque c’était chose faite. « Qu’est-ce que t’as fait Ambrose, sérieux, bon Dieu… » Se pinçant l’arête du nez d’une main, il se mit à arpenter à son tour le salon de long en large comme si ça allait résoudre le moindre problème - c’était plutôt comme étaler ceux qui étaient déjà de mise, alors que lentement il se rendait compte à quel point cette nouvelle information collectée allait être une véritable épine dans le pied pour lui. « Si j’avais la moindre chance de sauver mon mariage, par je ne sais quel miracle, tu viens d’y mettre le feu définitivement là. C’est pas possible… » Secouant la tête, il finit par ouvrir la baie vitrée donnant sur l’extérieur côté jardin, pour prendre une bolée d’air frais et se remettre les idées en place. Dans n’importe quelle situation, Ruben aurait fait en sorte de garder au moins un contact visuel avec Ambrose, parce-qu’il ne savait pas l’avoir si loin de son sillage lorsqu’ils se trouvaient dans la même pièce; aujourd’hui, pour la première fois surement depuis qu’ils se connaissaient, il n’avait pas spécialement envie de le garder non loin.

Mais Ruben étant Ruben, ne sachant laisser une situation réellement tranquille et au repos dans un coin, bien sur qu’il se tourna - toujours les mains sur les hanches - pour toiser du regard le brun qui était à quelques mètres de lui désormais depuis le bord de la baie vitrée. « Pourquoi ? » Pourquoi beaucoup de choses, mais le pourquoi initial était plutôt évident - comme Rose semblait manquer de matière grise fonctionnelle apparement, ce qui n’était pas quelque-chose qu’il aurait soupçonné un jour, il se permit la précision. « Pourquoi tu lui as parlé ? Qu’est-ce qui s’est passé dans ton esprit, pour que tu te dises que c’était une bonne idée ? Sérieusement, Ambrose, explique moi parce-que là j’ai l’impression de pas suivre ton raisonnement. »

« Tu as quoi ? » Il esquisse un pas de recul, non par peur mais bien par surprise de la réaction de Ruben face à un sujet qu’ils ont pourtant effleuré tant de fois. Son mariage est désormais connu d’Ambrose, il n’y a rien de nouveau et il n’y a même plus rien de particulièrement scandaleux dans leur aventure - rien qu’ils ne cherchent à qualifier comme tel, du moins. Piqué au vif, Ambrose n’en tremble pourtant pas, son regard plongeant dans celui de Ruben alors que ce dernier semble passer par toutes les phases possibles et imaginables de la consternation. Le plus jeune n’a rien à dire de plus, notamment parce qu’il craint maintenant d’aggraver son cas, surtout alors qu’il ne comprend pas sa faute. Il finit par faire ce qu’il sait demander de mieux, c’est-à-dire si sa présence n’est finalement que le fruit d’un désir primaire que Ruben chercherait à assouvir en sa présence. « Pour te dire que Nina était au courant mais qu’elle savait pas pour toi. » De toute évidence, la réponse est négative. Du moins, il n’y a pas que ça. A son tour, c’est Ambrose qui comprend toute l’ampleur de la discussion et, avec elle, l’idée que coucher l’un avec l’autre devient bien le cadet de ses soucis. Maintenant, oui, il comprend ce qui lui est reproché - et pourtant il refuse de s’en vouloir plus que de raison, parce qu’ils ont joué avec le feu et qu’ils ont toujours su que le jour viendrait où ils se brûleraient. Ruben le premier, à avoir tenu à jouer sur tous les tableaux et surtout à briller dans chacun d’eux. Toute personne dans la lumière se retrouve exposée.

« J’allais te dire qu’elle avait découvert que je la trompais, qu’elle savait que c’était avec une femme mais qu’elle savait pas qui c’était. Et qu’elle savait pas pour toi. Qu’est-ce que t’as fait Ambrose, sérieux, bon Dieu… » Constantine se mure dans son silence, hésitant entre colère et regrets. La colère l’emporte, celle qu’il nourrit toujours un peu plus à l’égard de Ruben alors qu’il aligne les reproches à son égard - un fait dont il n’est que peu habitué, pour ne pas dire pas. « Si j’avais la moindre chance de sauver mon mariage, par je ne sais quel miracle, tu viens d’y mettre le feu définitivement là. C’est pas possible… » - « Tu comptais vraiment sauver ton mariage ? » Il ne peut s’empêcher de s’esclaffer en lui posant la question, qui n’en est pas moins sincère. Au fond, il ne comprend pas comment cela peut encore et toujours être le désir de Ruben, ni même comment il peut en faire sa priorité. Il comprend au moins la raison de son silence depuis les dernières semaines mais ne l’accepte pas, incapable de concevoir qu’il vient de passer au seconde plan après une femme qu’il a plutôt préféré faire cocue avec le tout Brisbane.

« Pourquoi ? » Il le toise, attend qu’il précise sa question. Il a déjà assez donné dans les quiproquos. « Pourquoi tu lui as parlé ? Qu’est-ce qui s’est passé dans ton esprit, pour que tu te dises que c’était une bonne idée ? Sérieusement, Ambrose, explique moi parce-que là j’ai l’impression de pas suivre ton raisonnement. » - « Si t’es en train d’insinuer que je suis le débile de cette situation alors que tu t’es tapé le moindre minot de ton entourage et maintenant tu joues l’etonné face à la colère de ta femme, Ben, je te jure que… » Que quoi il ne le sait pas, si bien qu’il retrouve rapidement le silence, sa colère ayant au moins pu être actée. Ce n’est pas juste qu’il lui en veuille à lui alors qu’il a toujours préservé leur secret, leur horrible petit secret qu’il aime tant à son tour. « Je voulais oser lui parler en face et la regarder droit dans les yeux, parce qu’à sa place c’est le minimum que j’aurais pu attendre. » Il l’a regardée droit dans les yeux, comme il le fait maintenant avec Ruben, lui tirant un discours semblable malgré le contexte différent. Il comprend pourquoi elle ne l’a pas quitté comme il le mérite, parce qu’il est bien le dernier capable de tourner le dos à Hartfield autre que dans le contexte de positions sexuelles. « Tu savais qu’elle finirait par l’apprendre. » Il redescend d’un ton, retrouve son pragmatisme. Il n’aurait pas pu anticiper qu’elle apprendrait pour Mavis et Ambrose dans la même foulée, certes, mais il aurait pu prévoir l’idée générale. Il aurait même dû. « Ça a déjà duré assez longtemps, Ben, tu peux pas continuer comme ça. » Et ça aussi, il aurait dû l’anticiper. Les pas d’Ambrose le rapprochent de la baie vitrée où Ruben a cru bon de se réfugier pour un peu d’air frais. Contre le verre parfaitement nettoyé, il pose son épaule, les bras croisés. Son pouce malaxe sans retenue la peau de l’intérieur de son coude. « Tu comptes faire quoi ? » Pour Nina, pour lui. Pour tout et rien, la question se pose.

make confessions and we're begging for forgiveness

@ambrose constantine

lieu: logements, bayside.
(c): maneskinss (gif), luleaby (codage).

***
C’était d’une évidence à faire peur qu’Ambrose ne saisissait pas encore pour le moment l’impact que ses décisions allaient avoir, et avaient déjà surement sur son entourage - lire ici: Ruben et sa vie privée. Il ne pouvait pas le comprendre, puisqu’il n’avait pas eu à disposition toutes les informations nécessaires et qu’il avait plongé dans la gueule du loup sans se concerter avec qui que ce soit et encore moins le principal intéressé. Si ça avait été le cas, Ben aurait avancé les paroles qu’il comptait lui dire aujourd’hui de plusieurs jours, quelques semaines même s’il avait fallu: Nina était peut-être au courant d’une partie de la vérité, mais pas de la totalité de cette dernière et c’était cette nuance qui était importante.

Alors oui, Ambrose pouvait désormais maintenant lui faire les grands yeux en réalisant ce qu’il avait fait, ce ne serait pas suffisant puisque le mal était désormais établi et qu’il ne serait pas apte à le défaire. Le silence dont il fit preuve fut appréciable dans un premier temps - et si d’ordinaire Ruben adorait l’entendre le briser, aujourd’hui était une toute autre paire de manches. « Tu comptais vraiment sauver ton mariage ? » Il releva un regard noir dans sa direction. « T’es vraiment étonné que ce soit le cas ? » Ce n’était pas comme s’il s’était caché que ce serait sa priorité, à un moment donné; certes il ne l’avait pas montré de la manière qu’il aurait du le faire, mais il avait toujours été très clair qu’en cas de choix à faire ce serait toujours en direction de Nina qu’il s’en irait. Dans le cas où elle désirait encore de lui, ce qui serait désormais d’autant plus compromis avec les nouvelles informations qu’elle avait reçu, merci Ambrose. « Je sais que ça étonne, mais oui, je compte sauver mon mariage. » Les détails seraient à voir plus tard lorsqu’il aurait réussi à calmer les feux qui se déclaraient ici et là en permanence ces dernières semaines.

« Si t’es en train d’insinuer que je suis le débile de cette situation alors que tu t’es tapé le moindre minot de ton entourage et maintenant tu joues l’étonné face à la colère de ta femme, Ben, je te jure que… » - « Que quoi, Rose, tu me jures que quoi, tu vas pas lui en parler ? Trop tard, tu l’as déjà fait, t’as plus qu’à trouver une meilleure idée. » Secouant sa tête de gauche à droite, il ne lâchait pour autant plus désormais son regard accroché à sa silhouette, à quelques mètres de là. « Je te demande juste à quel moment tu t’es sérieusement dit que ce serait une bonne idée. » Et surtout: à quel moment il s’était dit qu’en parler à Nina sans lui en parler à lui avant était une bonne idée - oh, s’il prêtait assez attention, Ambrose serait apte à lire entre les lignes et à comprendre que c’était là de quoi il s’agissait réellement. Ruben n’aimait pas être passé au second plan, surtout sur des sujets où il était normalement maitre de la situation; lorsque c’était l’un des minots de son entourage, comme il pouvait le lui dire, c’était même d’autant pire puisqu’il avait toute sa jalousie et sa possessivité qui se mettaient à rugir à l’intérieur de lui. « Je voulais oser lui parler en face et la regarder droit dans les yeux, parce qu’à sa place c’est le minimum que j’aurais pu attendre. » - « Tu veux une médaille pour ta bonne action ? » Ou peut-être une récompense d’un autre genre puisque c’était ce qu’il semblait venir chercher initialement lorsqu’il s’était précipité pour se rendre à l’adresse que Ben lui avait donné sans contexte ou excuse pour s’y retrouver.

« Tu savais qu’elle finirait par l’apprendre. » - « J’avais surtout prévu de maitriser la manière dont elle l’apprendrait. »

Tout le problème résidait ici, dans cette situation: Ruben n’était plus maitre de rien du tout. Et c’était ce qui le dérangeait, ce qui l’empêchait de dormir la nuit parfois désormais. S’il n’avait pas la main mise sur la façon dont les choses se déroulaient, cela voulait aussi dire que la vérité pouvait être entendue, répétée, amplifiée par n’importe qui en dehors de son cercle restreint de personnes déjà dans la confidence - et c’était là l’une de ses pires peur, que de se retrouver à être exposé et ses péchés mis en lumière sans son accord. « Ça a déjà duré assez longtemps, Ben, tu peux pas continuer comme ça. » La voix d’Ambrose qui approchait était bien plus calme, bien plus posée, comme s’il avait déjà réussi à évacuer la colère qu’il avait ressenti - et que lui avait pu voir dans son regard - quelques instants plus tôt. Et bien que cela réussit à apaiser une partie de Ben, mais pas assez pour qu’il en arrive à relâcher ses muscles et à desserrer les mâchoires. Les doigts de sa main gauche jouaient entre eux alors qu’il apposait la droite contre l’encadrement de la baie vitrée, le regard vers l’extérieur désormais et de biais par rapport au jeune homme qui se posait à portée de main de lui. Dans n’importe quel autre contexte, il aurait tendu la main pour l’approcher de lui dès que l’instant se serait proposé, et il aurait surtout fait en sorte de le faire arrêter de jouer avec sa peau de la sorte - il ne supportait pas le voir faire ce genre de geste. Aujourd’hui, il n’en fut rien. « J’aurais pu continuer si ça me chantait. » Non, il n’aurait pas pu, et ils étaient tous lucides sur la question sauf lui. « Tu comptes faire quoi ? » Il rit sans amusement, en secouant quelque peu sa tête de droite à gauche. « Me trouver un bon avocat ? Est-ce que j’ai l’air de savoir ce que je compte faire ? » Et rien que de le dire à haute voix lui brisa le coeur - si fort qu’il était à peu près sur que Rose pouvait l’avoir entendu. Il déglutit avec peine, laissant son regard se baisser pour regarder en direction du sol désormais. « J’en sais rien. » S’il était toujours en colère contre ce qu’avait fait Rose, son ton s’était adouci à son tour; comme s’il n’avait pas la force de garder en attitude frontale cette agacement évident alors qu’il lui faisait tant de peine à endosser. « Je compte pas te baiser ce soir c’est la chose dont je suis sûr. Tu peux repartir si c’est ce que t’attends. » Et c’était peut-être la nuance contrairement à n’importe quelle autre situation, où d’ordinaire il aurait saisi l’occasion pour le faire et surtout souligné à quel point il n’avait pas envie qu’il parte. « Pour le reste, étant donné que Nina n’accepte déjà pas mes excuses pour la première partie - » Mavis, en l’occurence, pour recontextualiser. « - alors qu’elle sait même pas qui c’est, je sais pas dans quel monde elle les acceptera cette fois-ci alors qu’elle sait qui toi, tu es. » Elle avait toujours su qui était Ambrose, il ne lui avait jamais caché et pire encore: il la prévenait quand il passait du temps avec lui depuis qu’ils avaient renoué. Pour des raisons variées, mais elle avait été mise au courant dès le début.

« Tu veux que je te dise quoi, à toi ? » Que Ruben finit par murmurer du bout des lèvres, tournant son regard vers Ambrose. Il n’y avait plus colère, il n’y avait plus rancune en cet instant dans ses mots ou dans sa voix: il lui demandait sincèrement ce qu’il attendait de lui, et ce dont il avait besoin de sa part dans la configuration actuelle. Des excuses ? Il les formulerait avec une sincérité qu’il lui connaissait malgré tout. Un au-revoir ? Il lui accorderait aussi, même si ce n’était pas ce qu’il désirait parce-que vivre dans le déni qu’il côtoyait depuis quelques temps désormais lui permettait de se dire que c’était pas quelque-chose qui était supposée arriver - pas aujourd’hui, pas demain, pas dans les plans initiaux. « Puisque je fais tout de travers en ce moment, peut-être que demander avant fonctionnera mieux. » Ambrose pourrait le prendre en exemple, pour une fois, ça lui ferait pas de mal.

« T’es vraiment étonné que ce soit le cas ? »
« Non, c’est vrai. »

Ce n’est pas le regard noir de Ruben qui le fait revenir sur ses pensées mais bien le simple fait qu’à bien y réfléchir, il n’est pas étonné qu’il cherche à sauver son mariage. Il n’accepte pas les échecs, c’est plutôt évident, et il saurait encore moins accepter que quelqu’un décide de le plaquer lui. « Je sais que ça étonne, mais oui, je compte sauver mon mariage. » Il ne veut pas le sauver par amour pour Nina ; il veut le sauver par amour pour sa propre personne et surtout son image. De ça, Ambrose restera persuadé, bien assez pour ne pas chercher à en faire un débat avec Ruben. « Que quoi, Rose, tu me jures que quoi, tu vas pas lui en parler ? Trop tard, tu l’as déjà fait, t’as plus qu’à trouver une meilleure idée. » Il ne le retrouve pas dans ces mots, à voir la pire chose qui pourrait lui arriver dans la découverte de Nina de leur histoire. Il pourrait perdre bien plus et il ne semble pas le réaliser, comme si elle était réellement l’amour de sa vie. Tout le monde serait pourtant d’accord dans l’idée qu’on ne trompe pas l’amour de sa vie, pas vrai ? Tout le monde sauf Ruben, vraisemblablement. « Je te demande juste à quel moment tu t’es sérieusement dit que ce serait une bonne idée. » - « C’était pas une question de bonne ou mauvaise idée. » Et ce n’est pas non plus un fait sur lequel il attend l’avis et encore moins l’approbation de Ruben. Il savait d’avance qu’il détesterait l’idée mais, pour une fois, il n’a pas agi selon ce qui lui ferait plaisir ou le ferait bien voir. « Tu veux une médaille pour ta bonne action ? » Il remet une pièce dans la machine, une idée qui finit par agacer particulièrement Ambrose. « Oh ta gueule. » Il n’est pas tout blanc et il lui tient des reproches justement parce que sa propre femme vient d’apprendre qu’elle n’a pas marié un ange, alors il se retrouve mal placé pour faire la morale à Ambrose d’une quelconque manière.

Sans doute qu’insulter Ruben se trouve être assez satisfaisant pour qu’Ambrose puisse passer à autre chose, comme le prouve le ton plus bas et plus calme qu’il prend ensuite. Il se rapproche même de lui doucement, jusqu’où cette baie vitrée où il semble s’être réfugié pour un peu d’air. « J’aurais pu continuer si ça me chantait. » Non, il n’aurait pas pu. Qu’il continue de le penser accable encore un peu plus Ambrose. « Me trouver un bon avocat ? Est-ce que j’ai l’air de savoir ce que je compte faire ? » Non, et c’est justement ce qui insuiète Rose. Il sait toujours quoi faire, il sait toujours comment rebondir. Il a toujours su, du moins. « J’en sais rien. Je compte pas te baiser ce soir c’est la chose dont je suis sûr. Tu peux repartir si c’est ce que t’attends. » Ce n’est pas si grave, il n’aura qu’à baiser Mavis à son tour et ce sera réglé, non ? Il garde la remarque pour lui et, face à Ruben, se contente d’un long soupir sans chercher la moindre répartie. Il y a une différence entre savoir qu’il est son gigolo et vouloir en parler en long, en large et en travers. Puisqu’il ne part pas et n’y réfléchit même pas une seconde, il tente au moins de faire comprendre à Ruben qu’il est là pour lui malgré toutes choses. « Pour le reste, étant donné que Nina n’accepte déjà pas mes excuses pour la première partie alors qu’elle sait même pas qui c’est, je sais pas dans quel monde elle les acceptera cette fois-ci alors qu’elle sait qui toi, tu es. » Pour ce que ça vaut, il doute réellement que son identité puisse changer quoi que ce soit face à la non-identité de Mavis. Être trompée est une information bien assez humiliante pour qu’elle puisse chercher à obtenir le divorce, et elle l’était déjà quand elle pensait être faite cocue par une seule amante.

« Tu veux que je te dise quoi, à toi ? » Beaucoup de choses ; aucune qui ne risque de se réaliser. « Puisque je fais tout de travers en ce moment, peut-être que demander avant fonctionnera mieux. » Puisqu’il lui paraît plus vulnérable que jamais, Ambrose gomme les derniers mètres entre eux pour simplement nouer ses bras à la hauteur de ses épaules, sa main revenant se poser contre sa nuque qu’il caresse doucement. « On est dans la même équipe, Ben. » Quoi qu’il ait pu penser, quoi qu’il ait pu le pousser à douter. Il ne s’excusera pas d’avoir parlé à Nina, ça non, mais il continuera de dire qu’il n’a pas cherché à nuire à Ruben. Il trouve son couple ironique, il n’en pense pas moins, mais il n’aurait pas cherché à le détruire pour autant. « Comment tu vas ? » Il veut qu’il lui dise ça, il veut qu’il lui explique ce qu’il se passe dans son esprit qui ne connaît jamais aucune pause. Il veut savoir avec quoi il doit jongler dans l’esprit et le coeur de Ruben. « Elle savait, ton amie ? Pour Mavis, ou pour moi ? » Sa voix est calme et posée, signe que la question n’est pas piégeuse. Il cherche simplement à comprendre un peu mieux la situation qui, de son point de vue, est un véritable fromage formé de trous plus qu’autre chose.

make confessions and we're begging for forgiveness

@ambrose constantine

lieu: logements, bayside.
(c): maneskinss (gif), luleaby (codage).

***
« C’était pas une question de bonne ou mauvaise idée. » - « Je vais quand même répondre à la question: c'était une mauvaise idée. » - « Oh ta gueule. » Pinçant ses lèvres l’une contre l’autre, Ruben opina du chef: ça avait au moins le mérite d'être clair comme réponse et de savoir où Ambrose se tenait à cet instant là dans la conversation. Il savait que ce n’était pas là des répliques qui lui plaisaient et qu’il appréciait entendre, mais il ne se retiendrait pas pour autant de les dires; parce-que ça lui faisait du bien et qu’en plus, peut-être que le jeune homme méritait quelques répliques de la sorte pour tout ce qu’il pensait avoir bien fait qui n’en était rien en réalité. Sauf que lui demander de la fermer, c’était à peu près le niveau maximum qu’Ambrose pouvait atteindre, alors qu’il se rabattait rapidement sur l’idée de s’adoucir et de reprendre une voix bien plus calme aux côtés de Ben. Ce dernier s’était réfugié pour le moment à distance, près de la baie vitrée, comme pour être près de la sortie aussi comme s'il avait besoin d’échapper à la situation - alors que c’était lui qui avait initialement provoqué cette discussion en invitant Rose ici aujourd’hui.

Lorsque ce dernier le rejoint, se rapprocha de lui, il ne s’enfuit pas pour autant. Ruben n’était juste pas habitué à se retrouver énervé contre Ambrose, là où d’ordinaire il faisait partie des rares personnes qui ne l’énervaient pas - pas autant, en tous cas. Il avait cependant dépassé une ligne en allant parler avec sa femme, là où cela ne lui avait pas été demandé, et ça blessait le chirurgien. Il savait dans le fond que ce n’était pas pour cette raison là qu’il l’avait fait - il espérait, et surtout le jeune homme n’était pas Mavis donc il se doutait que ce n’était pas pour cette raison qu’il l’avait fait -, mais il n’empêchait que c’était tout de même de mise et il peinait à recentrer ses émotions pour ne pas les laisser le déborder. Ce qui lui permit d’y arriver, un minimum et tous cas assez pour ne pas fuir la scène se déroulant entre eux, ce fut qu’Ambrose ne le fit pas non plus lorsqu’il lui donna l’occasion de partir; certes, d’ordinaire il y avait entre eux un moment de tendresse qui scellait leurs échanges, mais ce n’était pas ce que cherchait Ruben aujourd’hui. Qu’il ne soit pas déjà sorti de la maison montrait que ce n’était pas, au moins, exclusivement pour ça que Rose était venu aujourd’hui et cela soulagea son esprit.

Alors, lorsqu’il releva son regard vers lui en lui demandant ce qu’il attendait désormais qu’il fasse de son côté, afin de ne pas faire un pas de travers de nouveau, c’était sous sa forme fragile que se montrait Ben. Il n’aimait pas ça, mais savait que parfois se cacher derrière des sourires ou autres n’était pas la meilleure technique et qu’un brin d’authenticité ne faisait pas de mal. Et surtout promis, pour une fois il ne le faisait pas pour avoir le beau rôle dans la situation ou pour mieux s’en sortir dans cette dernière: il était véritablement sincère. Ambrose dut le voir, car la seconde suivant il rognait la distance entre eux pour passer ses bras autour de son cou, pour poser sa main contre sa nuque où la sensation de son épiderme sur le sien souffla une chaleur particulière sur le coeur de Ruben. « On est dans la même équipe, Ben. » Fermant les yeux mais restant de marbre encore un instant, il serra légèrement les mâchoires avant de prendre la parole. « J’ai pas l’impression pourtant. » Il savait pourtant parfaitement que Rose serait toujours dans son équipe à lui - ou en tous cas, il en était persuadé en cet instant parce-que les informations qui lui avaient été données jusqu’alors pointaient dans cette direction là. « Comment tu vas ? » Ce furent ces paroles là qu’il eurent raison des dernières réticences et barrières de Ruben pour aujourd’hui, alors qu’il soupirait lourdement comme si un poids venait d’être retiré de ses épaules et qu’il passait ses bras autour du corps d’Ambrose, nichant son nez dans le creux de son cou. Que ça faisait du bien d’effectuer un geste qui lui avait paru tant naturel pendant si longtemps et qui lui procurait un soulagement aujourd’hui. « C’est pas la forme. » Qu’il lui accorda en guise de réponse - il devait s’attendre à ce qu’elle soit de cet acabit là. « Je me sens seul, et c’est pas quelque-chose dont j’ai l’habitude. Et j’aime pas ça. » Inconsciemment, il resserra quelque peu sa prise autour de lui, comme s’il voulait le garder contre lui à jamais. « Tout le monde m’abandonne et me tourne le dos. Je sais que c’est de ma faute, mais c’est pas pour autant que c’est plus facile à supporter. »  Tout le monde se composant de trois personnes, il était un brin dramatique. Et les personnes qui ne le faisaient pas ces derniers temps étaient rares, ou parce-qu’elles n’étaient surtout pas au courant de l’enflure qu’il pouvait être - principalement parce-qu’il les évitait, aussi, il fallait dire qu’il s’isolait pas mal pour éviter les répercutions de ses actions.

« Elle savait, ton amie ? Pour Mavis, ou pour moi ? » A cette question là, Ben laissa un petit rire amusé s’échapper par les narines, soufflant de l’air chaud contre le cou de Rose. « Quand je lui ai appris qu’on était déjà sortis ensemble, elle m’a dit et je cite: il est plus sexy que toi et tu l’as quitté et elle était choquée que ce soit le cas. » En y repensant, c’était peut-être la meilleure réaction qu’il aurait pu obtenir de n’importe qui face à cette information - et c’était peut-être parce-qu’elle lui apportait un semblant de normalité dans son quotidien chamboulé ces derniers temps qu’il arrivait autant à faire confiance à Scarlett et à lui avouer tous ses péchés. S’il l’amusement fut de mise dans le ton et les paroles un instant, une certaine mélancolie s’installa cependant de nouveau rapidement chez Ben. « Elle est au courant, oui. Je… J’ai eu besoin d’en parler à quelqu’un, à un moment. » Reculant son visage et lâchant un brin le corps d’Ambrose pour prendre de la distance, sans pour autant défaire ses bras en totalité, il laissa son regard accrocher ses prunelles. « Elle sait que t’es là aujourd’hui, aussi. » Il esquissa une petite moue. « Je serais pas étonné qu’elle rentre plus tôt exprès pour te croiser, d’ailleurs. »

« J’ai pas l’impression pourtant. » Et Ambrose de serrer un peu plus son étreinte autour des épaules de son aîné, parce qu’il ne veut pas tomber dans le besoin d’arguments pour lui faire accepter cette idée qui semble pourtant être une évidence à ses yeux. Ils sont dans la même équipe malgré leurs différences d’opinions. Ils resteront dans la même équipe, quoiqu’il arrive, et il veut croire que le simple fait que Ruben engage à son tour une étreinte en est une preuve. « C’est pas la forme. » Ce n’est pas une surprise. Si Ruben prend le temps de le statuer, cela constitue une véritable indication qu’il se porte mal. « Je me sens seul, et c’est pas quelque-chose dont j’ai l’habitude. Et j’aime pas ça. Tout le monde m’abandonne et me tourne le dos. Je sais que c’est de ma faute, mais c’est pas pour autant que c’est plus facile à supporter. » Il ne reviendra pas sur cette dernière idée, partisan à son tour de l’idée que Ruben l’a plutôt bien cherché et qu’à trop jouer avec le feu, il s’est brûlé. « Tout le monde t’abandonne pas. » Lui ne l’abandonne pas. Il sait qu’il n’est pas suffisant, il ne reviendra pas une énième fois sur cette discussion, mais il tente tout de même de lui faire comprendre qu’il ne sera jamais complètement seul. Il a sûrement d’autres amis, d’autres proches en dehors d’Ambrose, mais quand bien même ils venaient tous à disparaître, lui sera toujours présent pour Ruben, avec son éternelle même absence d’objectivité à son égard. « Tu seras jamais tout seul. » Il l’acte par un autre baiser posé contre sa tempe, fait de ses paupières fermées. « On fait tous des erreurs. » Pas tout le monde trompe sa femme avec la Terre entière, mais ce n’est sans doute pas le bon moment pour le lui souligner. Il le sait, de toute façon.

Le souffle de Ruben contre son cou lui provoque un apaisement certain, même si c’était bien loin d’être un thème présent dans la question posée initialement. « Quand je lui ai appris qu’on était déjà sortis ensemble, elle m’a dit et je cite: il est plus sexy que toi et tu l’as quitté et elle était choquée que ce soit le cas. » A son tour, Ambrose en rigole avec décomplexion. Il sait que ce ne sont pas des mots qui seraient la traduction d’une tentative de reconquête de la part de Ruben, autant parce qu’il n’en a pas besoin que parce que devenir à nouveau un couple est parfaitement inenvisageable. « Quelqu’un de bien. » Il ironise sans amertume. « Elle est au courant, oui. Je… J’ai eu besoin d’en parler à quelqu’un, à un moment. » Lorsque Ruben fait un pas en arrière, Ambrose range à nouveau le long de son corps ses doigts ayant pris pour habitude de se faufiler entre ses mèches brunes pour le calmer et l’apaiser. « T’en avais le droit. » Quand bien même garder cette liaison la plus secrète possible est ce qu’il y a de mieux à faire, Ambrose ne peut pas lui en vouloir d’avoir voulu la révéler à une personne et une seule. Si elle continue de l’héberger malgré cette révélation, cela prouve au moins qu’elle est définitivement du côté de Ruben malgré ses erreurs. « Elle sait que t’es là aujourd’hui, aussi. Je serais pas étonné qu’elle rentre plus tôt exprès pour te croiser, d’ailleurs. » Il pouffe une fois de plus, son regard se posant un instant sur le sol tel un enfant incapable de savoir comment jongler avec des compliments, ou tout du moins ce qui s’en rapproche à ses yeux. « Je suis plus ton vilain petit secret, alors ? » Il demande avec un sourire en coin infiniment moins affirmé que ceux qui l’avaient précédé mais qui a au moins le mérite d’exister. Si, bien sûr qu’il est toujours son vilain petit secret. « Tu restes combien de temps ici ? » Nina ne va jamais le reprendre dans sa vie, est-ce qu’il en a conscience ? « Je la connais, cette amie ? » Elle a entendu parler de lui, mais est-ce que le contraire est tout aussi vrai ?

make confessions and we're begging for forgiveness

@ambrose constantine

lieu: logements, bayside.
(c): maneskinss (gif), luleaby (codage).

***
« Tout le monde t’abandonne pas. » Il souffla un petit rire chaud par le nez: ce n’était pas l’impression que ça donnait ces derniers temps, là où il tentait de regagner du terrain sur certaines relations en particulier et où ces dernières lui tournaient le dos - Ambrose savait de quoi il parlait. « Tu seras jamais tout seul. » Ce fut le baiser appuyé contre sa tempe de la part du jeune homme qui eut raison des dernières vagues de colère qui le composaient en cet instant; il n’oubliait pas la raison pour laquelle il lui en voulait, mais il pouvait se permettre de la mettre de côté un instant pour profiter de la proximité qu’il lui offrait au moins un instant. « On fait tous des erreurs. » Nichant d’autant plus son nez dans le cou de Rose, il respira son odeur avant de soupirer une nouvelle fois. « Les miennes me coutent cher. » Et il n’était pas utile de préciser entre eux que s’il en venait à avouer et admettre de telles choses, c’était qu’il se trouvait dans une positon qui lui faisait vraiment du mal; sinon, Ruben n’admettait pas ses échecs.

« Quelqu’un de bien. » - « Lui répète pas, elle risquerait de prendre la grosse tête. » Se reculant quelque peu, aborder le sujet de Scarlett en cet instant lui fit presque du bien - c’était facile, ils pouvaient se permettre une certaine touche d’humour, et cela ne rajoutait pas de couche à l’histoire principale qui causait du tort à tous les deux. C’était d’ailleurs pour ces raisons là, ou en tous cas des similaires, qu’il passait tant de temps entre les murs de cette maison qui lui apportaient un certain calme et un réconfort à ne pas négliger; au moins ici, il se sentait protégé. « T’en avais le droit. » Il haussa quelque peu les épaules: il ne savait plus ce dont il avait réellement le droit ou non, à force, avec toutes les erreurs qu’il ne cessait malencontreusement de faire. Ce qu’il savait, c’était qu’à en avoir parlé une fois à Scarlett, il se permettait maintenant de lui en parler dès que cela lui chantait - et c’était d’ailleurs parce-qu’elle connaissait l’histoire et les avancées récentes de cette dernière qu’il restait ici et utilisait sa maison à elle comme refuge. « Je suis plus ton vilain petit secret, alors ? » Avec un sourire malgré tout attendri, il pencha quelque peu sa tête sur le côté. « Y’a plus grand chose de secret maintenant. » Ceux qui ne devaient pas l’être été au courant, alors. « Mais je trouve que le surnom te va bien. »

« Tu restes combien de temps ici ? » Ben haussa de nouveau les épaules. « Je vais, je viens. Ca dépend de si j’ai envie de rester seul chez moi, parce-que Nina y met pas les pieds de toute manière. » Elle faisait tout ce qui était possible pour l’éloigner d’elle, et cela fonctionnait: ils ne s’étaient pas retrouvés sous le même toit plus d’une poignée de minutes, et en plus cela n’était plus près d’arriver désormais avec ce que Ambrose lui avait avoué. « Mais je t’ai dit: j’aime pas me sentir seul. » Lui qui avait toujours vécu entouré vivait mal de n’avoir personne vers qui se tourner lorsqu’il se trouvait quelque part. Il n’était donc pas assez souvent chez lui, surement, là était la réponse. Il n’avait pas prévu de rester le reste de sa vie ici - Scarlett le mettrait dehors bien avant de toute manière -, mais tant qu'il pouvait combler de temps à autres la solitude qu’il ressentait lorsqu’il était chez lui en sachant que personne ne venait compléter le foyer, il saisissait l’opportunité.

« Je la connais, cette amie ? » Ruben fronça quelque peu les sourcils. « C’est possible, oui. » Il pencha sa tête sur le côté. « Je pense pas que tu la connaisses personnellement, mais t’as peut-être déjà entendu son nom. » S’il y avait bien une qualité qui ne pouvait être retiré à Ben, c’était qu’il savait s’entourer et que ses connaissances étaient rarement des personnes qui n’étaient pas importantes d’une manière ou d’une autre. Il eut à peine terminé sa phrase qu’un bruit dans l’allée se fit entendre: celui des pneus de la voiture de Scarlett. Il leva quelque peu les yeux au ciel. « Et quand on parle du loup… » On en voyait la queue, ou plutôt on l’entendait ouvrir la porte d’entrée. Faisant un pas et un autre en avant, se retrouvant juste à hauteur d’Ambrose, il plongea son regard dans le sien. « Je suis toujours en colère que t’aies parlé à Nina. » Ce n’était pas parce-que la conversation s’était adoucie entre eux que ce n’était pas le cas: il décidait juste de mettre ça de coté pour le moment. Parce-que le plus important était ça: se penchant, il déposa un baiser sur la joue de Rose, à la commissure de ses lèvres, tout en lui glissant un merci murmuré avant de se tenir de nouveau droit comme un piquet. « Et si elle te demande ton numéro, refuse s’il te plait. » Relevant son regard vers les pas qui arrivaient vers eux, il étira un petit sourire un brin forcé. « On est là, on t’entend. » A l’intention de la jeune femme.

Le téléphone sonne dans le vide, et Scarlett pousse un soupir avant de raccrocher et de pincer l'arête de son nez entre son pouce et son index. Tant pis, décide-t-elle, mettant le contact de sa tesla qui vombrit d’un ronronnement calme, connectant immédiatement son téléphone et son Apple Music, qui reprend la dernière chanson qu’elle a écoutée. La voix de Victoria Monet remplit l’habitacle, et Scarlett monte le son, replace ses lunettes de soleil sur ses yeux, et démarre, direction chez elle. Tant pis pour Ruben, qui a décidé que répondre à son téléphone ou ses textos n'étaient apparemment pas utiles.

Il y a eu un changement de plan dans sa journée, et elle doit repasser chez elle récupérer des documents importants sur lequel elle a travaillé le week-end dernier. Elle a hésité un instant, ne voulant pas débarquer au milieu d’une situation comme Ruben sait en créer, puis elle s’est rappelée qu’il s’agit tout de même de SA maison, et qu’elle ne va pas s’empêcher d’aller chez elle parce que Docteur Hartfield est possiblement en train de confesser sa flamme à une énième personne trop jeune pour lui, ou se faire plaquer, au choix. Tant qu’il n’est pas en train de coucher avec quelqu’un sur son canapé, elle se fiche du reste. Elle est partagée entre être amusée à l’idée de l’interrompre en plein moment dramatique et être agacée de devoir prévenir quelqu’un qu’elle rentre chez elle, son chez elle (!), indépendante comme elle sait être. Depuis qu’elle a quitté Londres, elle a vécu seule, et elle n’est pas habituée à devoir rendre des comptes à qui que ce soit. Et si Scarlett respecte la vie privée des autres, muée elle-même par une pudeur maladive, une petite part d’elle est curieuse de débarquer au milieu des bêtises de Ruben.

Elle glisse la clef dans la porte et appuie son épaule contre dans un bruit sec pour alerter de son entrée, espérant que le crissement des pneus sur les graviers de l'allée auront suffi à Ruben et sa compagnie d’entendre qu’ils n’allaient plus être seuls. Elle prend le temps de poser ses clefs dans le vide poche de l’entrée, de poser son sac et sa veste sur le porte-manteau, et elle s’avance dans le salon, ses talons claquant contre le sol. Ruben et Ambrose sont bien là, proches physiquement, note Scarlett - pas de rupture, donc, ou elle vient de l’interrompre ? - et elle relève aussi le regard brillant d’Ambrose qui semble être aimanté à Ruben. Elle a envie de rire et de soupirer en même temps, mais à la place, elle secoue ses long cheveux rouges et adresse un sourire cordial aux deux amants. « J’ai essayé de t’appeler », elle fait remarquer à Ruben, pour justifier de sa présence. Elle s’avance vers eux, évite soigneusement Ruben pour qu’il ne lui colle pas un baiser sur la joue comme il sait si bien le faire, et choisit plutôt de tendre sa main à Ambrose. « Scarlett Bridgers », elle se présente, sa voix ferme habituelle, « c’est moi qui héberge cet énergumène », elle fait un signe de la tête vers Ruben, dont le visage crie déjà au scandale. Puis, parce qu’elle ne peut pas résister à la tentation, elle reporte son attention sur Ambrose, son regard pétillant. Le jeune homme est définitivement tout à fait charmant - un look un peu atypique, mais qui accroche l’oeil, et un charisme qui irradie dans la pièce. « Bravo pour tes articles et tes prises de position contre Saül Williams, j’avais suivi ça de près à l’époque, c’était impressionnant », elle le complimente, sincère. Si elle n’est pas vraiment alignée avec Ambrose politiquement, et qu’elle a pu conseiller d’autres personnalités politiques que lui, elle n’a jamais défendu aucun agresseur, elle y tient, et ne peut pas s’empêcher de complimenter Ambrose sur le sujet Saül. « Je ne vais pas vous interrompre plus longtemps, je passais juste récupérer quelques documents », elle explique avec un sourire poli. « Tu dînes là ? » Elle demande à Ruben, avec la sale impression d’être vraiment devenue officiellement sa colocataire.

@Ambrose Constantine & @Ruben Hartfield

Il laisse Ruben se blottir contre lui, évidemment. Il ne lui crache pas ses erreurs au visage, il lui cache encore moins ses propres reproches. Il a besoin de se sentir épaulé et soutenu et, pour une fois, Rose remplit ce rôle plutôt que d’être celui à le quémander de la part du chirurgien. « Les miennes me coûtent cher. » Sans doute parce qu’elles sont trop nombreuses, réfléchies et répétées pour qu’on puisse lui accorder le moindre bénéfice du doute, et ça Ambrose ne peut en tenir rigueur à Nina ou à qui que ce soit d’autre. Il sait que Ruben n’est pas une aussi blanche colombe qu’il veut le croire, et peu importe à quel point la couleur pourrait varier, il continuera d’être de son côté. Il le soutient d’autant plus en cet instant alors qu’il le connaît, justement, et qu’il sait à quel point admettre ses échecs et ses craintes représente un exercice particulièrement difficile, même face à Ambrose en qui il sait pouvoir avoir confiance.

« Lui répète pas, elle risquerait de prendre la grosse tête. » Le commentaire sur cette fameuse amie fait rire Ambrose et il est à peu près certain que la légèreté de ces mots apporte quelque chose à Ruben aussi. Cela ne lui fait en rien oublier tout le reste, mais ça l’aide à son niveau. « Qui se ressemble s’assemble, vous vous êtes bien trouvés. » Au niveau d’Ambrose, il est au moins soulagé de ne pas avoir à mentir face à cette amie au sujet de ce qu’il pense réellement de Ruben - et quand bien même elle n’est pas présente avec eux, cette simple idée lui suffit largement. Dans son propre quotidien, peu savent qui est réellement Ruben pour lui, si tant est qu’ils arrivent même à savoir qu’il existe un Ruben dans son quotidien, justement. « Y’a plus grand chose de secret maintenant. » Il y aura toujours quelque chose. Ambrose ne se battra pas sur ce point aujourd’hui, mais tous deux savent que tout ne sera jamais totalement publique - Ambrose le premier ne veut pas être un amant de notoriété publique et encore moins celui qui participer à briser des couples mariés. « Mais je trouve que le surnom te va bien. » - « Je pourrais accepter de te laisser l’utiliser. » Quand ils sont tous les deux, juste tous les deux, il pourrait trouver à ces mots un charme certain.

Ici, il va et vient. Ambrose hoche la tête et prend mentalement note de ces informations, lui qui pouvait effectivement se douter que Nina n’avait pas envie de croiser son mari d’une quelconque façon à la suite des dernières révélations. De ça, personne ne peut lui tenir rigueur. « Mais je t’ai dit: j’aime pas me sentir seul. » Il n’avait pas besoin d’en faire une confession à part entière pour qu’Ambrose le sache. Il est fait du même bois sur ce point et le fait d’avoir grandi dans une grande fratrie n’a pas aidé à tarir ce sentiment. L’omniprésence de Ruben à ses côtés dès qu’il en a besoin non plus. « Tu l’es pas. » Parce qu’il a son amie pour l’héberger, certes, mais aussi parce qu’il y aura toujours Ambrose, évidemment. « Tu sais où aller si tu veux changer d’air. » Sa porte lui reste ouverte aussi, même s’il anticipe une version toute particulière de la fin du monde si sa venue venait à se superposer avec celles de Mavis. Pour l’heure, ce n’est pas un problème auquel il veut penser, refusant de fermer sa porte à Ruben uniquement parce que tout n’est pas en sa faveur. Il trouvera une solution s’ils en ont besoin d’une.

« C’est possible, oui. » La réponse de Ruben soulève bien plus de questions que de réponses, de toute évidente, et le regard qu’il tend à son ami lui fait assez comprendre pour que ce dernier précise ses mots. « Je pense pas que tu la connaisses personnellement, mais t’as peut-être déjà entendu son nom. » Ruben a toujours su bien s’entourer, si bien que d’apprendre que son entourage comprendre une personnalité publique ne serait en rien une surprise pour Ambrose. Simplement, il préfère encore que personne de trop publique ne soit au courant pour sa liaison avec le chirurgien. Un secret bien gardé est un secret qui commence par ne pas s’ébruiter et, depuis quelque temps, ils pèchent sur ce point en particulier. Le grincement des pneus sur le gravier donne raison à toute notion de suspens et un sourire improvisé s’affiche sur le visage d’Ambrose dont les lèvres s’étirent. « Je suis toujours en colère que t’aies parlé à Nina. » Il le sait, tout comme il sait que cette colère ne risque pas de s’éclipser en un rien de temps. Il ne dit rien, relâche l’étreinte qu’était leur et fait un pas en arrière. Son amie en sait assez pour qu’ils ne rajoutent pas de l’huile sur le feu. Le baiser contre sa joue, il l’accueille avec toute la bienveillance du monde, même s’il aurait évidemment préféré ne pas devoir se contenter de si peu. « Et si elle te demande ton numéro, refuse s’il te plait. » Il acceptera si elle le lui donne, évidemment. Ruben le sait déjà, lui aussi.

L’instant suivant, elle s’impose dans l’espace avec simplicité et naturel. Un compliment rare selon le point de vue d’Ambrose. « J’ai essayé de t’appeler » Les reproches sont pour Ruben, la main tendue avec un sérieux absolu est pour Ambrose. « Scarlett Bridgers. C’est moi qui héberge cet énergumène » Il tend sa propre main à son tour, loin d’être pris de court par le geste. « Ambrose Constantine. Mais ce n’est pas une nouvelle. » Elle a entendu parler de lui et elle a eu le droit à son prénom, si bien qu’elle n’apprend rien par cette identité qu’il décline à son tour par pure politesse et absolument rien d’autre. Il veut qu’ils soient sur un pied d’égalité sur ce simple aspect parce que Ruben avait raison sur le reste: l’identité de la jeune femme ne lui est effectivement pas inconnue. Leurs deux mondes ne sont pas semblables mais ils connaissent évidemment l’existence de l’un l’autre. « Bravo pour tes articles et tes prises de position contre Saül Williams, j’avais suivi ça de près à l’époque, c’était impressionnant » Elle a donc entendu parler de lui en dehors de ses coucheries avec Ruben, ce qui est techniquement une bonne nouvelle. Cela ne l’empêche pourtant pas de dégager son regard en direction du chirurgien pour l’interroger silencieusement pour savoir s’il est celui qui a donné cette information ou si elle a fait la recherche par elle-même. « Il fallait que quelqu’un le fasse. » Il répond sobrement, ayant désormais envie de conjuguer ce chapitre de son existence au passé, même si les mots de Scarlett font leur effet. L’instant suivant, déjà, il se décale pour la laisser se déplacer chez elle comme elle le désire - il s’agit de la moindre des choses. « Tu dînes là ? » Ambrose passe machinalement son pouce contre ses lèvres, sans objectif particulier. Il observe à son tour Ruben, l’excuse étant parfaite pour perpétuer une habitude vieille comme le monde. « Et toi ? Il est mortifié à l’idée qu’on discute plus de cinq minutes. » Il annonce dans un sourire, preuve que c’est une idée qui semble bien loin de le mortifier à son tour. S’il a bien appris une chose de toutes ces années passées auprès de Ruben, c’est que tous ses proches aiment un minimum le tourmenter. « J’ai suivi quelques-uns de tes travaux. C’est admirable. » Et peut-être bien que Ruben aura un jour besoin d’elle en dehors de sa qualité d’amie, au train où il consume la corde par les deux bouts et s’attire le monde entier à dos.